• il y a 2 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Ravie de vous retrouver pour Les Informer, on est en direct ensemble jusqu'à 9h30 sur France Info Radio
00:11et sur le canal 27 de la TNT France Info Télé avec Renaud Delis, bonjour Renaud.
00:15Bonjour Sadia.
00:16Et bonjour à nos supers informés aujourd'hui, Myriam Mankawa, présentatrice de l'émission,
00:20ça vous regarde sur LCP du mardi au vendredi à 19h30 précisément, bonjour Myriam.
00:24Exactement, merci et bonjour à tous.
00:27Bonjour à Louis Oselter aussi, journaliste au service politique du Figaro, bienvenue.
00:31Bonjour, merci.
00:32Renaud Delis, on commence tout de suite par cette nouvelle loi sur l'immigration en 2025,
00:36c'est ce qu'a prévu le gouvernement.
00:37Effectivement, une annonce de la porte-parole du gouvernement Maude Bréjean hier confirmant
00:41donc que le gouvernement Barnier entend mettre en chantier une nouvelle loi sur l'immigration
00:46qui sera présentée au Parlement au début de l'année 2025, on sait que le nouveau
00:49ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau y tenait, ce sera donc le cas.
00:54Toute la majorité, tout le socle commun qui soutient le gouvernement Barnier ne semble
00:59pas aussi enthousiaste en vue de cette perspective, voici par exemple ce qu'en disait ce matin
01:05l'ancien Premier ministre et président du groupe Ensemble pour la République, Gabriel Attal.
01:10Avant de dire qu'il faut une nouvelle loi, il faut peut-être nous expliquer ce qu'il
01:14y aurait dans la loi en question, ce qui compte c'est moins de savoir si on fait ou pas une
01:18loi, ce qui compte c'est peut-être de savoir ce qu'on veut mettre dedans, faire une loi
01:21pour une loi ça n'a pas de sens.
01:23On partage un objectif, je crois là aussi, c'est de mieux maîtriser notre politique migratoire.
01:28On a adopté une loi il y a moins d'un an sur l'immigration avec des mesures dont
01:33certaines ne sont pas encore en vigueur puisque les décrets ne sont pas encore sortis.
01:36Alors effectivement la dernière loi immigration a été adoptée en décembre 2023, elle a
01:40été portée par Gérald Darmanin, plusieurs des dispositions de cette loi ont été censurées
01:44par le Conseil constitutionnel, pourquoi donc le gouvernement Barnier entend-il présenter
01:49une nouvelle loi sur l'immigration, qu'est-ce qu'il y aura dedans, sur quoi peut porter
01:54ce texte et puis peut-il trouver une majorité à l'Assemblée nationale pour le voter ? On
01:59voit que visiblement les députés macronistes ne sont pas enthousiastes à l'idée de débattre
02:04et d'adopter une nouvelle loi sur l'immigration.
02:06Oui, déjà pourquoi une nouvelle loi alors qu'effectivement les décrets d'application
02:09de l'ancienne loi, celle qui a été votée il y a moins d'un an, n'ont même pas tous
02:12été publiés ?
02:13Oui, c'est ce qu'a dit Gérald Darmanin encore hier, c'est une impulsion qui vient
02:18de Bruno Retailleau tout simplement, encore lui, parce que revenons un petit peu quelques
02:23mois en arrière, début de l'année, le Conseil constitutionnel censure une grande partie
02:28de cette fameuse loi immigration, donc la dernière qui a été adoptée, dans la douleur,
02:32puisqu'il a fallu transiger avec la droite, à l'époque dans l'opposition, elle ne participait
02:37pas à un gouvernement Barnier, de nombreuses mesures ont été ajoutées par la droite
02:40dans la version finale de cette loi, elle a été adoptée, mais Emmanuel Macron l'a
02:45soumise au Conseil constitutionnel en sachant très bien que de nombreuses mesures allaient
02:49sauter parce qu'elles n'avaient pas de rapport avec le sujet initial de la loi qui était
02:53d'améliorer les expulsions surtout, c'était quand même le principal but de ce projet
02:58de loi présenté par Gérald Darmanin à l'époque, or que dit Bruno Retailleau aujourd'hui ?
03:02Il dit que ces mesures elles existent, elles sont déjà prêtes, on les a déjà écrites
03:04dans une loi, elles ont juste été censurées, il suffit de les remettre dans un texte de
03:08loi qui pour cette fois aura un rapport avec le fonds qui est proposé et puis ça passera
03:13au Conseil constitutionnel et on peut les appliquer.
03:14Donc en fait Bruno Retailleau, de manière assez cohérente, arrive avec son programme
03:18initial, le programme DLR, et pas plus précisément DLR au Sénat, et dit bah voilà on peut faire
03:23voter ça.
03:24Problème, il n'y a pas de majorité, il le sait très bien, il l'a d'ailleurs admis
03:28lui-même, et c'est aussi un piège qui est tendu au point macroniste de ce fragile socle
03:35commun sur lequel s'appuie Michel Barnier, puisque les états d'âme, les tiraillements,
03:40les déchirements sur la loi immigration à la fin de l'an dernier et au début de
03:44cette année, et bien ils avaient d'abord touché le camp d'Emmanuel Macron, on se
03:50souvient de débats brûlants entre ses différents membres, et là on voit que ça recommence,
03:55il y a une pièce qui a été remise dans la machine, et Gabriel Attal pourquoi il tient
03:58cette position très loin d'être tranché, et pour le moins prudente, c'est parce qu'il
04:02sait que dans son groupe c'est un sujet inflammable.
04:03Mireille Mancawa, ce que dit Bruno Retailleau aujourd'hui, on peut reprendre les dispositions
04:07qui ont été censurées par le conseil constitutionnel dans la dernière loi, on peut les remettre
04:12dans cette nouvelle loi en 2025, c'est ce que dit aussi Marine Le Pen, elle a appelé
04:16à une nouvelle loi elle-même.
04:17Absolument.
04:18Sur le pourquoi, je vois deux raisons, une raison purement stratégique, donc Michel Barnier
04:24il est très politique, ceux qui croyaient que c'était un techno qui était parti à
04:29Bruxelles etc, pas du tout, c'est un grand politique, et il le dit, on va faire une loi,
04:33c'est Michel Barnier qui donne l'autorisation à Bruno Retailleau d'annoncer la loi via
04:37la porte-parole, on va la faire juste avant le budget, donc le calendrier c'est très
04:42important.
04:43Ça sort contre-feu, c'est ça ?
04:44On sait que Michel Barnier a besoin de la bienveillance, c'est-à-dire de l'absence
04:49de censure de Marine Le Pen sur ce budget, ce marathon budgétaire qui va tenir jusqu'à
04:54Noël, et on sait aussi, il n'y a qu'à écouter Marine Le Pen, qu'elle a demandé très clairement
04:58une loi immigration, condition de l'absence de censure sur le budget, on sait que si elle
05:03censure, le gouvernement Barnier tombe.
05:06Donc on est dans la pure stratégie.
05:08Donc il y a un changement de stratégie, on se souvient que Michel Barnier avait commencé
05:11par une interview, je crois que c'était chez nos confrères de TF1, par dire, on va
05:15faire beaucoup de choses par la voie réglementaire sur l'immigration, on peut faire des choses
05:19avec la circulaire Valls, encadrer les régularisations, on va demander au préfet d'appliquer les
05:24autres...
05:25C'est ce qui va être fait d'ailleurs, il a reçu les préfets à Bruno Retailleau.
05:26C'est fait, mais on change de stratégie complète, là on passe par la loi, la question c'est
05:30qu'est-ce qu'on met dans cette loi ? Moi je ne suis pas si certaine que tout ce qu'on
05:33a appelé les cavaliers législatifs, c'est-à-dire les mesures qui ont été censurées dans
05:37le premier texte en janvier Immigration pour des raisons de pure forme, soient véritablement
05:42pas constitutionnelles, pourquoi ? Parce qu'il y en a deux sur le fond qui ont été
05:47retoquées, il y en a une sur les empreintes, les empreintes génétiques.
05:51Si aujourd'hui par exemple on voulait mettre un bracelet électronique à une personne
05:55en situation irrégulière pour être sûre qu'elle ne se perd pas dans la nature, pardonnez-moi
05:58l'expression, parce qu'elle sort de sa rétention administrative, je ne pense pas que ce soit
06:03constitutionnel.
06:04Donc attention, il pourrait y avoir des problèmes quand même constitutionnels et puis les quotas
06:08d'immigration n'avaient pas été aussi reçus comme constitutionnels.
06:12Donc ça veut dire que toutes ces mesures, y compris la remise en cause, la préférence
06:17nationale sur les aides sociales, il faudra regarder à nouveau au fond.
06:21C'était un peu une façon de dire, le Conseil constitutionnel, voilà, ces mesures n'ont
06:26pas leur place dans ce texte de loi, attention à ce qu'il va y avoir.
06:30Donc il y a à la fois de la stratégie, mais il y a de la conviction aussi.
06:33On se souvient des positions de Michel Barnier, il y a longtemps au primaire, Michel Barnier
06:37il veut réduire l'immigration.
06:39La précédente loi, elle permettait de plus expulser les gens qui étaient en situation
06:44régulière sur le territoire.
06:45La nouvelle loi c'est autre chose, c'est dissuader de venir, ce n'est pas exactement
06:49la même philosophie.
06:50Sur le contexte tactique, tout le monde le voit, il s'achète, Michel Barnier, la prolongation
06:56de son séjour au moins jusqu'à la fin du premier trimestre et même probablement du
07:00premier semestre 2025.
07:01Dès lors qu'il va y avoir un texte sur l'immigration qui sera présenté au début de l'année
07:062025, c'est l'annonce qui a été faite au Parlement, ensuite il va y avoir un débat,
07:10une lecture, deux lectures, le Rassemblement national et Marine Le Pen ne pourront pas
07:13censurer le gouvernement pendant que ce débat aura lieu.
07:16Donc de toute façon, là il s'achète effectivement six mois ou neuf mois de tranquillité, en
07:21quelque sorte.
07:22Évidemment ça pèse, Marine Le Pen veut un nouveau texte, peut-être qu'à la fin elle
07:24ne sera pas satisfaite et peut-être que ça finira par une censure, mais en tout cas,
07:28ça veut dire des mois de débat sur l'immigration sans que l'extrême droite puisse censurer
07:32le gouvernement.
07:33Sur le fond, on voit aussi sur le plan tactique effectivement le souci que ça cause et que
07:37ça va causer terrible soucis au macronisme qui depuis 2017 se divise sur le sujet et
07:43a fortiori avec un texte porté par Bruno Retailleau, on peut imaginer que les divisions
07:47vont être encore plus profondes, donc c'est un piège politique aussi pour les macronistes.
07:51Sur le fond, je pense qu'il y a deux problèmes à terme qui peuvent se poser.
07:56D'une part, effectivement, il va y avoir la volonté de Bruno Retailleau d'exhumer
08:00un certain nombre de dispositions qui ont été censurées par le Conseil constitutionnel
08:03en janvier dernier, en décembre dernier, pas celles qui ont été censurées sur le
08:08fond, mais celles qui ont été censurées parce que c'était selon le Conseil des cavaliers
08:11législatifs, donc qui n'ont pas été étudiées sur le fond.
08:14Par exemple, effectivement, l'allongement de la durée de résidence des étrangers en
08:18situation régulière pour qu'ils puissent percevoir un certain nombre de prestations
08:22sociales ou la remise en cause de l'automaticité du droit du sol pour les enfants nés de parents
08:27étrangers en France.
08:28Si jamais Bruno Retailleau remet ça dans le texte et que cette fois-ci le Conseil constitutionnel
08:33étudie sur le fond ces dispositions, il est possible qu'il les censure sur le fond cette
08:38fois-ci et non pas en considérant que c'était des cavaliers législatifs comme ce fut le
08:42cas l'année dernière.
08:43Et si jamais il y avait une censure sur le fond d'un certain nombre de dispositions,
08:46ça ouvrirait probablement un autre débat qui a déjà été esquissé par Bruno Retailleau
08:49il y a quelques jours.
08:50C'est celui sur le fameux état de droit, l'état de droit qui ne permettrait pas tout, etc.
08:54Donc il y a une possibilité qu'à l'issue de ce débat, on en saura dans quelques mois,
08:58il y ait un affrontement entre la légitimité politique et parlementaire revendiquée par
09:01certains et puis la légitimité du Conseil constitutionnel.
09:04Ça c'est un premier danger.
09:05Le deuxième danger, qui est un danger de fond mais qu'on voit depuis des années, c'est
09:07que je pense qu'autant toute une frange de la classe politique plutôt à gauche, à
09:11tort, en grande partie, de dire non non il ne faut pas légiférer, l'immigration est
09:15un sujet entre guillemets dont il ne faut pas parler, etc.
09:19On voit bien que c'est une préoccupation pour une large frange de l'opinion.
09:22Autant l'inflation législative, une loi toutes les deux ans sur ce sujet-là, ça contribue
09:27aussi à illustrer l'impuissance des politiques, c'est-à-dire que les gouvernants pensant
09:30répondre aux attentes de l'opinion manifestent aussi une forme d'impuissance dès lors qu'ils
09:34sont obligés de reprendre leur copie quasiment tous les ans.
09:37C'est d'autant plus vrai qu'on peut faire des choses en réglementaire.
09:41C'est d'ailleurs ce qu'a dit Bruno Retailleau alors qu'on va voir ses résultats.
09:44Il sera surtout jugé là-dessus.
09:45Qui sait si Bruno Retailleau et ce gouvernement seront encore là quand on arrivera à ce
09:48débat sur une hypothétique loi immigration ? En fait, on n'en sait rien.
09:51Donc s'il veut avoir des résultats, il n'y a que par la voie réglementaire qu'il peut
09:54passer et par la voie des circulaires, ça veut dire mettre la pression sur les préfets
09:58par exemple pour l'exécution des fameuses OQTF, c'est effectivement revenir sur la
10:02circulaire Valls sur les régularisations, et puis c'est mettre une administration sous
10:05tension, c'est aussi mettre la diplomatie sous tension.
10:07On a l'éternel problème des laissés-passés consulaires qui ne sont pas accordés par
10:12les pays d'origine pour pouvoir expulser les personnes qui sont en situation irrégulière
10:18en France.
10:19C'est du ressort de la diplomatie.
10:20Or aujourd'hui, c'est le domaine réservé d'Emmanuel Macron.
10:22Donc on voit qu'avant d'enflammer le Parlement avec un nouveau projet de loi à l'utilité
10:28incertaine, il y a des outils que la politique, le politique n'a pas encore activé et pour
10:34lequel il va falloir dialoguer entre responsables parce que ça relève pas que du ministère
10:39de l'Intérieur.
10:40Donc on voit une énorme présence médiatique de Bruno Retailleau, mais en réalité l'immigration,
10:43ça irrigue énormément de compartiments ministériels, à commencer par la diplomatie.
10:47Dans un instant, on va parler du déficit, qui sont les responsables ? La question se
10:51pose ici, mais elle se pose aussi au Parlement, on y revient dans un instant après le passage
10:56du Fil-Info à 9h16, Maureen Suillard.
10:59Un an après la mort de Dominique Bernard à Arras, une minute de silence sera observée
11:04dans les collèges et les lycées de France.
11:07En hommage à Samuel Paty, les deux professeurs tués lors d'attaques djihadistes, hier déjà
11:12plus de 2000 personnes se sont réunies à Arras pour une cérémonie en hommage à Dominique
11:16Bernard qui enseignait dans la ville.
11:18Alors que le Mondial de l'Auto s'ouvre aujourd'hui, le patron de Stellantis s'oppose à un alourdissement
11:22des malus sur les voitures à essence et diesel, mesure prévue par le gouvernement Barnier.
11:27Carlos Tavares estime qu'il s'agit d'une erreur et il faut d'abord rendre les véhicules
11:32électriques abordables, dit-il.
11:34Les salariés de l'usine Sanofi de Lisieux dans le Calvado sont appelés à la grève
11:38aujourd'hui car Sanofi envisage de céder une part de sa filiale qui commercialise le
11:42Doliprane.
11:43« Mon engagement est que le Doliprane continue à être produit en France », promet le ministre
11:47de l'économie qui fait une visite à Lisieux justement ce matin, là où est produit le
11:52médicament.
11:53Le président taïwanais promet de protéger un Taïwan démocratique.
11:57La Chine a mené de nombreuses manœuvres militaires aujourd'hui autour de l'île.
12:01Depuis ces dernières heures donc, Pékin considère que Taïwan fait partie de son territoire.
12:17Les informer continue avec Myriam Ankawa, journaliste présentatrice sur LCP, avec Louis
12:21Oselter, journaliste au service politique du Figaro et Renaud Dely sur le déficit.
12:25La situation est tellement catastrophique que maintenant on se pose la question des
12:30responsabilités.
12:31Vous voyez un déficit du budget qui devra atteindre 6,1% du PIB à la fin de l'année
12:362024 contre 4,4% qui était prévu il y a pile un an.
12:39Ça fait un dérapage totalement inédit de 52 milliards d'euros, dérapage souligné
12:44par le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, qui était l'invité de
12:47France Info vendredi et qui était assez effaré en évoquant ces chiffres.
12:52Une erreur lourde qui évidemment justifie des explications et d'ailleurs le député
12:56insoumis Éric Coquerel propose de transformer la commission des finances de l'Assemblée
13:01qu'il préside en commission d'enquête sur ce dérapage du déficit budgétaire.
13:06Est-ce que la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Brown-Pivet, accèdera à
13:10sa demande ? La réponse d'Éric Coquerel.
13:13J'espère.
13:14Je ne vois pas pourquoi elle ne suivrait pas parce qu'elle aussi a l'envie de faire
13:18en sorte que l'Assemblée puisse jouer son rôle.
13:20Et dans le rôle de l'Assemblée, notamment vis-à-vis du budget, il y a un rôle de
13:23contrôle.
13:24Le meilleur moyen de contrôler, c'est de comprendre pourquoi on a des chiffres qu'on
13:26varie à ce point-là en un an.
13:28Les commissaires des finances ont invité à se prononcer à priori mercredi sur la
13:32transformation de cette commission des finances en commission d'enquête parlementaire sur
13:37les raisons de ce dérapage du déficit budgétaire.
13:39Pour l'heure d'ailleurs, le ministre de l'économie et des finances sortant, en quelque
13:44sorte, Bruno Le Maire, ne s'est pas exprimé et il a d'ailleurs répondu à un journaliste
13:48la semaine dernière par un SMS énigmatique, journaliste qui l'interrogeait justement
13:52sur l'ampleur de cette dérive du déficit budgétaire, je cite « Un jour, la vérité
13:56apparaîtra ». C'est précisément ce que demandent semble-t-il Éric Coquerel et d'autres
14:01parlementaires.
14:02Faut-il donc une commission d'enquête pour connaître les ressorts de ce dérapage budgétaire ?
14:06Il n'y a rien à manquer à voir.
14:07Oui, il est totalement dans son rôle, Éric Coquerel, et pas simplement parce qu'il
14:10est dans l'opposition.
14:11Il faut que cette commission d'enquête ait lieu et je pense que Yael Brown PV doit
14:17et va accéder à cette demande dans ce nouvel hémicycle si fracturé, si fragmenté, avec
14:22trois forces que tout oppose.
14:24Il est inconcevable que la présidente de l'Assemblée ne puisse pas accepter cette
14:28commission d'enquête parce que tous les Français, et c'est une question démocratique,
14:32doivent savoir, doivent se poser la question de qui a creusé le trou et pourquoi, c'est
14:36surtout ça cette question, pourquoi ça a mis tant de temps à devenir la priorité
14:41de l'agenda politique.
14:43Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que maintenant, il y a une très bonne enquête
14:47dans les échos déjà, et puis beaucoup de journalistes économiques travaillent sur
14:51le grand récit depuis le mois de mars et même avant février, des centaines de milliards.
14:57C'est pourquoi on n'a pas eu de projet de loi de finances rectificatives ? C'est
15:02un peu barbare, mais quand vous avez un dérapage budgétaire de cette ampleur-là, on peut
15:06corriger en revenant devant les députés pour dire, voilà, la copie budgétaire n'est
15:11pas celle des prévisions initiales de l'automne d'avant, puisqu'on a le budget, là, c'est
15:15toujours quelques mois avant le début de l'année budgétaire en cours, et donc il
15:20faut corriger.
15:21Et ça, il faut le reconnaître, Bruno Le Maire, il a demandé à un collectif budgétaire
15:25un projet de loi de finances rectificatives, et c'est Gabriel Attal, d'après les premières
15:28enquêtes, et Emmanuel Macron qui lui ont refusé.
15:31Il y a un calendrier électoral aussi qui est venu percuter tout ça, les élections
15:35européennes et puis la dissolution des élections législatives anticipées que l'on connaît.
15:39Donc il faut comprendre véritablement pourquoi, au fond, cette inaction.
15:45Moi, je pense que c'est ça le principal problème.
15:46On a un peu compris maintenant que c'était les estimations de recettes fiscales qui n'ont
15:51pas été à la hauteur des prévisions, c'est-à-dire que les recettes en elles-mêmes n'ont pas
15:56bougé, c'est les mêmes recettes fiscales, simplement, les modèles de Bercy, les supercalculateurs,
16:02les polytechniciens à la direction du Trésor à Bercy, avaient tablé sur un modèle économique
16:08avec des prévisions plus optimistes et donc davantage de recettes fiscales.
16:11Le problème, c'est qu'ils se sont trompés sur les recettes fiscales, mais ils se sont
16:13trompés aussi sur les prévisions de croissance, ils se sont trompés sur les prévisions de
16:18déficit.
16:19C'est une combinaison qui fait qu'on a un trou de plusieurs milliards qui n'était pas prévu.
16:22Mais il faut savoir si, voilà, on aurait pu faire quelque chose.
16:25Avant, il y a quelques députés, je pense à Charles de Courson, qui commencent à parler
16:28d'une dissimulation volontaire.
16:30Alors, il n'est pas suivi par Éric Coquerel, insoumis, Charles de Courson qui est le rapporteur
16:34du budget, qui est l'IOT, ce petit groupe centre-droite-centre-gauche, selon les moments.
16:40Donc, on voit déjà que, si on n'a pas d'enquête, ce sera aussi l'objet de tous les fantasmes
16:47et de toutes les attaques.
16:48Donc, c'est très important, démocratiquement, qu'on sache.
16:50Le SMS de Bruno Le Maire qui dit « la vérité apparaîtra », c'est quand même incroyable
16:55d'envoyer ça à un journaliste.
16:56On a déjà des éléments, quand même, sur la vérité et ce qui s'est passé au Figaro
16:59aussi.
17:00On a travaillé là-dessus, pas seulement depuis un an, avec ce dérapage de 50 milliards qui
17:04est lié à une erreur de prévision, tout simplement.
17:06On pensait qu'il y aurait plus de recettes, elles ne sont pas venues.
17:08On pensait aussi qu'il y aurait moins de dépenses, mais en fait, la dépense a quand
17:11même augmenté.
17:12Mais il faut aussi raconter l'histoire depuis 2017.
17:14Comment se fait-il qu'Emmanuel Macron, qui était crédité d'un sérieux sur le plan
17:19des sujets économiques et financiers…
17:21Le Mozart de la finance.
17:22Voilà.
17:23Et maintenant, il est rayé.
17:24Cet argument est utilisé notamment par Marine Le Pen et par ses opposants en ayant maintenant
17:27le Mozart de la finance.
17:28Comment ça se fait que, depuis 2017, il y a plus de 1 000 milliards de dettes ?
17:31Alors, il y a une partie, une petite moitié, qui est liée aux crises, au Covid.
17:34Ça, tous les pays ont engagé des dépenses exceptionnelles pour faire face à une situation
17:37exceptionnelle.
17:38Mais ça n'explique pas tout.
17:39Ça n'explique pas tout, mais ça n'explique pas la majorité de ce montant de 1 000 milliards
17:44de creusement de la dette entre 2017 et 2023.
17:47En fait, parmi les éléments, ce serait très long à détailler, et peut-être qu'effectivement
17:50une commission d'enquête parlementaire le fera, mais il y a aussi un…
17:52À suivre en direct.
17:53À suivre sur LCP et sur Le Figaro, il y a un élément qui est important.
17:57Au début de sa politique économique, en 2017, Emmanuel Macron fait des baisses d'impôts,
18:01on s'en souvient.
18:02Pour les particuliers, c'est la taxe d'habitation, pour les entreprises et leurs actionnaires,
18:05c'est l'impôt sur les sociétés, c'est la fameuse flat tax sur les dividendes.
18:08Il coupe aussi dans des… Il engage aussi, pardon, des dépenses d'investissement.
18:13Alors, c'est pour l'armée, c'est pour la justice, c'est pour la sécurité, c'est
18:16pour l'éducation.
18:17C'est vraiment pour des services publics, en fait.
18:19C'est attendu par les Français.
18:20Sauf que tout ça, c'est des dépenses.
18:21Vous avez des impôts en moins et des dépenses d'investissement en plus.
18:24Or, ça n'a pas été financé, en réalité.
18:27C'est-à-dire qu'en face, il n'y a pas eu, par exemple, une réforme des administrations
18:30pour aller couper tel comité Théodule, tel nombre de postes qui ne servent pas tellement.
18:35Il n'y a pas eu cette volonté d'équilibrer les investissements et les baisses d'impôts
18:39engagés par des coupes suffisantes dans les budgets des administrations publiques.
18:43Pourquoi ? Parce qu'Emmanuel Macron a toujours pensé qu'il n'y avait que des coûts à
18:46prendre à faire cette chasse aux dépenses et il pensait qu'en relançant l'activité,
18:50ça allait créer de la croissance, ça allait agrandir le gâteau et que, du coup, les recettes
18:54fiscales allaient augmenter mécaniquement.
18:56Voilà le raisonnement, sans doute de bonne foi, qu'il a fait.
18:59Or, ça n'a pas marché parce qu'il y a eu les crises, déjà, ça a percuté l'économie
19:03française et ensuite parce que la croissance est à peu près résistante.
19:07Mais ce n'est pas une folle relance de la croissance qui a eu lieu sous le septenat
19:13d'Emmanuel Macron.
19:14Par conséquent, le calcul qu'il a fait en agrandissant la taille du gâteau, l'État
19:18va pouvoir en prendre sa part et ça va résoudre le problème des finances publiques.
19:21Pour l'instant, ça n'a pas marché, ce raisonnement.
19:22Pour être tout à fait précis, chronologiquement, ça a marché au début, ça a marché jusqu'au
19:26Covid.
19:27Voilà, ça a marché jusqu'au Covid.
19:28Et d'ailleurs, Édouard Philippe, qui était à l'époque à Matignon, n'est pas le dernier
19:30à rappeler aujourd'hui que lorsqu'il était à Matignon, lui avait redressé les comptes
19:34publics et réduit les déficits.
19:36Donc, c'est vrai que jusqu'au Covid, cette logique, cette politique économique, dite
19:40politique de l'offre, qui avait d'ailleurs été initiée par son prédécesseur, c'est
19:43François Hollande, le premier qui, avec le pacte de compétitivité, infléchit la politique
19:47dans ce sens-là, elle fonctionne jusqu'au Covid.
19:49Et ensuite, il y a le quoi qu'il en coûte, et le fait qu'effectivement, l'État n'en
19:54sort pas, le gouvernement n'en sort jamais.
19:56Ça a duré trop longtemps.
19:57Et ce qui est vrai, c'est que tout ça repose sur une forme de diétantisme d'Emmanuel
20:00Macron vis-à-vis de la situation des comptes publics, de très longue date d'ailleurs,
20:03parce que certains racontent que lorsqu'il était secrétaire général adjoint à l'Élysée
20:06déjà, et qu'il y avait des réunions sous le mandat de François Hollande qui se tenaient
20:09sur la situation des comptes publics, Emmanuel Macron n'était pas celui qui disait qu'il
20:15faut réduire ou qu'au contraire, il faut augmenter les impôts.
20:18Il faisait des additions sur un coin de table pour expliquer au président de la République
20:20de l'époque que ça passerait les fourches codines de Bruxelles, en clair.
20:23Donc, ça n'a jamais été son principal souci de préoccupation, ça, les comptes publics,
20:26je suis absolument d'accord.
20:27Ensuite, c'est comme dans un crash d'avion, il y a une succession d'erreurs qui expliquent
20:31la situation calamiteuse dans laquelle on se retrouve aujourd'hui et qui justifie totalement
20:34évidemment une commission d'enquête parlementaire et sans doute au-delà.
20:37Il faut évidemment des explications au vu de l'ampleur des rimpages parce qu'il y a
20:41une succession d'erreurs.
20:42Depuis en tout cas un peu plus d'un an, c'est vrai qu'il y a des alertes qui sont restées
20:45sans réponse de la part du politique, que ce soit parce que Bruno Le Maire prêchait
20:50dans le désert, y compris auprès de Gabriel Attal ou d'Emmanuel Macron sur un collectif
20:53budgétaire.
20:54Pourquoi n'a-t-il pas d'ailleurs mis sa démission dans la balance à ce moment-là ? Pourquoi
20:57n'est-il pas parti dès lors qu'il était désavoué sur un sujet aussi important ?
21:01Donc, il y a une responsabilité politique à quel niveau ? Et ça, ce sera justement
21:06aux enquêtes qui vont s'ouvrir de le déterminer.
21:09Mais il y a aussi effectivement des erreurs de prévisionnistes, de modèles de Bercy
21:14à différents niveaux là aussi, qui sont extrêmement spectaculaires.
21:17Et invoquer par exemple le fait que l'inflation a baissé plus vite, a ralenti plus vite qu'attendu,
21:23ce qui a finalement donc généré moins de recettes de TVA.
21:27Je ne suis pas économiste, mais ça s'anticipe, c'est-à-dire que dès lors qu'on voit effectivement
21:31que l'inflation baisse, on peut se douter a priori, et j'imagine qu'il y a des esprits
21:36bien plus spécialistes que moi à Bercy, qui auraient pu anticiper dès lors que la
21:39recette de TVA allait effectivement être moins importante que prévu.
21:43Bref, on voit qu'il y a une succession d'erreurs, de tous niveaux, et qui évidemment nécessitent,
21:48et c'est une exigence démocratique, des explications sur le fond.
21:51– On attend la réponse de la Présidente de l'Assemblée Nationale, donc Yael Broun-Pivet,
21:55sur la création de cette commission d'enquête.
21:58Merci beaucoup à tous les trois.
21:59– Merci.
22:00– Merci Myriam Mankawa, présentatrice de l'émission « Ça vous regarde » à 19h30
22:03sur LCP, du mardi au vendredi.
22:05Merci à vous aussi Louis Osalter, journaliste au service politique du Figaro, on en profite
22:09pour jeter un coup d'œil à la une du jour.
22:11– On parle de la bascule vers l'électrique, qui déstabilise le monde de l'auto,
22:17c'est cette semaine le mondial de l'auto, et donc voilà, c'est compliqué, on va dire
22:22l'électrique peine à démarrer.
22:23– On l'a entendu avec votre invitée.
22:24– Effectivement, Luc Châtel.
22:26Merci à vous, Renaud Delis, on se retrouve demain.
22:28Les informés du soir, c'est à partir de 20h, avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.

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