• il y a 2 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Et bienvenue dans Les Informés, bonjour Renaud Dely.
00:10Bonjour Salia.
00:11Et avec nous aujourd'hui, autour de la table, Alix Bouillaguet, éditorialiste politique
00:15à France Info Télé.
00:16Bonjour Alix.
00:17Bonjour Salia.
00:18Et à vos côtés, Louis Ouzalter, journaliste au service politique du Figaro.
00:20Bonjour Louis.
00:21Bonjour Salia et Renaud.
00:22Renaud Dely, journée importante parce que c'est le jour J pour le grand oral de Michel
00:25Barnier.
00:26Et oui, le discours de politique générale du nouveau Premier ministre sera donc à
00:2815h cet après-midi à l'Assemblée Nationale, près d'un mois après sa nomination.
00:32Et un discours de politique générale dans un contexte politique extrêmement compliqué
00:36pour Michel Barnier qui n'a pas de fait de majorité, de majorité absolue derrière
00:40lui, qui se retrouve sous la surveillance, entre guillemets c'est le terme employé
00:43par les lépénistes, la surveillance du Rassemblement National qui ne devrait pas voter la motion
00:49de censure qui sera déposée par la gauche.
00:51Et puis aux prises avec des exigences contradictoires entre d'un côté LR et plus particulièrement
00:57l'aile droitière de LR qui insiste sur les questions de sécurité et d'immigration
01:01notamment par la voie du nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Rotaillot et puis les
01:06macronistes, les députés macronistes, le principal groupe qui soutient Michel Barnier
01:11qui ne veut surtout pas entendre parler d'une quelconque hausse d'impôts, une ligne rouge
01:17rappelée il y a quelques minutes sur ce plateau par l'ancienne ministre et députée Ensemble
01:21des Yvelines, Aurore Berger.
01:23Toute hausse d'impôts qui se ferait sur le dos des ménages, le dos des français, le
01:26dos des familles est évidemment pour moi, pour les députés de mon groupe, une ligne
01:31rouge.
01:32Toute hausse d'impôts qui serait hausse d'impôts sur les sociétés et donc un enjeu sur l'attractivité,
01:37un enjeu sur l'emploi est une ligne rouge.
01:39Il semble bien pourtant que pour commencer à essayer de résoudre la situation calamiteuse
01:44des finances publiques, Michel Barnier s'oriente à la fois vers des réductions de dépenses
01:48et vers des hausses d'impôts touchant sans doute les plus fortunés et puis les plus
01:53gros groupes, notamment ceux qui ont fait des profits considérables ou encore peut-être
01:57les énergéticiens.
01:58Bref, est-ce que Michel Barnier va réussir notamment sur la fiscalité et sur d'autres
02:03sujets à concilier les exigences contradictoires et les divisions qui sont déjà apparues
02:09ces dernières semaines et ces derniers jours au sein de sa vraie fausse majorité ?
02:12C'est vrai que c'est la question qu'on se pose, c'est jusqu'où doit aller la clarification
02:17parce que tout le monde demande une clarification.
02:19Alors Matignon dit que ce sera sobre, ce sera concret, ce sera court, alors court c'est
02:24déjà une première indication, court ça veut dire une heure, Gabriel Attal c'était
02:29une heure vingt, Elisabeth Borne une heure quasiment trente, court pourquoi ? Parce que
02:34ça peut éviter d'aller dans les détails qui peuvent éventuellement être trop irritants
02:37pour certains et puis ça peut aussi permettre de dire écoutez je vous donne les grandes
02:42orientations, les grandes lignes, le Parlement après pourra s'en saisir, faire des amendements
02:46donc ça serait une manière de redonner du pouvoir à ce Parlement.
02:50C'est vrai que sortir de l'ambiguïté ce sera forcément un petit peu à ses dépens
02:54parce que j'aime bien la définition de Laurent Fabius qui parle d'une multi-cohabitation.
02:59C'est vrai qu'il a soit des alliés de circonstance, soit une opposition totalement
03:05frontale et des injonctions contradictoires.
03:08Réformer l'État oui, on parle de cette choc fiscale, c'est le parisien qui révélait
03:12ça ce matin qu'il pourrait aller jusqu'à 18 milliards, sauf que la Macronie dit c'est
03:17une ligne rouge.
03:18L'immigration, on voit bien la ligne Bruno Rotaillot, est-ce qu'il va la suivre ? Est-ce
03:23qu'il va aller sur la ME ?
03:27Une ligne qui plaît au Rassemblement National.
03:29Exactement et qui plaît aussi à l'opinion publique, il faut le dire.
03:32La proportionnelle, il y a le modem qui pousse mais il y a l'air qu'ils n'en veulent pas.
03:36Donc en fait, chapeau pour réussir à faire la synthèse, c'est une quasi mission impossible.
03:42Il va jouer les équilibres, Louis, cet après-midi, le Premier ministre.
03:45Oui, alors déjà, rappelez qu'on est le 1er mardi d'octobre et normalement dans la Constitution,
03:48c'est la date à laquelle le budget doit être déposé.
03:50Bon, alors il y aura un délai, ce sera probablement la semaine prochaine, mais déjà ça montre
03:54que non seulement sur le canonnier, on est en retard par rapport à une période habituelle
03:57ou fixe, justement, quelles seront les économies, quelles sont les dépenses supplémentaires
04:01et quelles seront les impôts, les réformes de la fiscalité.
04:03Et non seulement le canonnier est serré, mais en plus, effectivement, la mission est
04:07quasiment impossible puisque Michel Barnier va devoir trouver une ligne de crête pour
04:11que ces hausses d'impôts soient acceptées, qu'elles passent les lignes rouges qui sont formulées.
04:15Et ce qui est paradoxal, c'est que c'est un Premier ministre de droite qui, la première
04:18chose qu'il arrive, quand il arrive au pouvoir, la première chose qu'il fait, il presse le
04:23levier fiscal pour augmenter les impôts, contre l'avis même de ses propres troupes.
04:27Parce qu'augmenter les impôts du côté du nouveau Front populaire, ça fait des années
04:30qu'il réclame que les plus riches soient plus taxés.
04:33Un petit geste fiscal sur les plus fortunés, ça ne dérangerait pas forcément l'électorat
04:36du Rassemblement national.
04:38Mais vraiment, le camp macroniste et la droite, les Républicains, c'étaient les plus opposés
04:42a priori aux hausses d'impôts.
04:43Je pense qu'il y a quand même une petite ligne de crête qui peut se dessiner, un, parce
04:47que la situation est grave, Michel Barnier l'a dit, non sans tacler d'ailleurs ses prédécesseurs,
04:52et qu'en finances publiques, c'est malheureux, mais le levier fiscal est toujours plus efficace
04:57que les économies.
04:58Parce que lever les impôts, l'administration fiscale est très efficace en France, c'est
05:02une des meilleures administrations, donc on est sûr que l'argent rentre.
05:06Faire des économies, ça prend du temps, il faut couper les crédits, il faut arbitrer
05:09où, tout le monde se bat, les ministres se battent, les administrations se battent.
05:13Donc si on veut que de l'argent frais rentre plus vite, effectivement le levier fiscal
05:17en France est le plus efficace.
05:19Maintenant, il va devoir trouver effectivement cette ligne de crête, pour pas que ça touche
05:23les ménages, les classes moyennes, les gens qui travaillent, et le sacro-saint bilan macroniste,
05:28celui auquel tient le président de la République, mais surtout sa majorité, qui est surtout
05:31l'imposition sur les entreprises, et cette fameuse flat tax, notamment sur les dividendes,
05:36sur les revenus du capital, qui a beaucoup réduit l'imposition auxquelles étaient
05:39soumis les détenteurs, justement, de capital et d'entreprises.
05:43Et qui selon les macronistes, a permis l'attractivité de la France.
05:46C'est ce qu'ils disent.
05:47Et politiquement, ce qui est compliqué aussi pour Michel Barnier, c'est qu'effectivement,
05:51d'abord c'est à rebours du bilan des sept dernières années, défendu par Emmanuel
05:55Macron, ou par Bougnon-Lemaire, pendant sept ans à Bercy, le fait de rompre avec ce tabou,
06:00et pour le justifier, y compris aux yeux de l'opinion, il n'a d'autre choix, Michel
06:05Barnier, que de surligner la situation calamiteuse, catastrophique des finances publiques, le
06:10déficit budgétaire, qui va dépasser 6% du PIB, ça c'est ce qu'a annoncé Laurent
06:14Saint-Martin la semaine dernière, donc on voit que les prévisions se dégradent quasiment
06:19de semaine en semaine, c'est-à-dire d'accabler son prédécesseur, Gabriel Attal, et le bilan
06:23donc de l'équipe sortante, laquelle équipe sortante, ce ne sont pas les mêmes, mais
06:27en tout cas une partie se retrouve de fait dans l'équipe entrante, si j'ose dire.
06:32Pour justifier les décisions difficiles qu'il aurait à prendre, que ce soit sur la situation
06:38des finances publiques, ou d'ailleurs en matière régalienne, sur des sujets, sur
06:41la sécurité, etc., Michel Barnier est obligé d'accabler Gabriel Attal et Gérald Darmanin,
06:47qui sont supposés être de fait ses principaux soutiens à l'Assemblée Nationale.
06:51Ce n'est pas très confortable pour les intéressés en particulier, on voit bien
06:53d'ailleurs que la participation à un gouvernement qui prendrait ce tour-là va devenir un vrai
06:59problème politique pour le groupe Ensemble pour la République, et on voit à quel point
07:03ça tire dans tous les sens déjà au sein de ce groupe.
07:06Il a entre guillemets une botte secrète, Michel Barnier, enfin qui n'est pas secrète
07:10du tout d'ailleurs, je ne vais rien vous révéler, je ne vais rien vous révéler, rassurez-vous,
07:15mais c'est, et il devrait je pense en jouer beaucoup aujourd'hui lors de sa déclaration
07:18de politique générale, c'est la méthode, c'est-à-dire le style et la méthode.
07:21Le style d'une part parce qu'il semblerait qu'une partie de la gauche, peut-être les
07:24Insoumis, veulent faire de l'Assemblée un chaudron, que ce soit extrêmement bouillonnant,
07:29ce n'est pas forcément pour déplaire à Michel Barnier, il risque d'être interrompu,
07:34ça risque d'être un chahut permanent, mais comme lui-même veut essayer d'imposer un
07:36style calme, courtois, posé, etc., dans ces cas-là évidemment ça peut se retourner
07:41contre les instigateurs d'un hypothétique désordre d'une part, et puis la méthode,
07:46c'est-à-dire la consultation, la négociation, la discussion, la négociation, le retour
07:50de M.Brexit, en quelque sorte, c'est une façon aussi de mettre un peu les sujets qui fâchent
07:54sous la table et de renvoyer ça à des consultations, soit politiques, soit avec les partenaires sociaux.
07:58Oui, c'est ça qui est intéressant, c'est cette fameuse méthode qu'on a déjà entrevue,
08:04c'est-à-dire que ce discours de politique générale, c'est quand même le secret le
08:07mieux gardé de la République.
08:09Ça ne filtre pas, j'ai demandé à Aurore Berger qui pourtant, vous l'avez dit, il y a des macronistes
08:14en gouvernement.
08:15Ça filtre pas, j'ai demandé à Aurore Berger qui pourtant, vous l'avez dit, il y a des macronistes
08:16en gouvernement.
08:17Bon, du côté de l'Elysée, effectivement, ils sont assez peu au courant, alors la tradition
08:23fait qu'Emmanuel Macron et Michel Barnier se sont rencontrés lundi, mais il a une copie
08:30de ce discours de politique générale, mais il n'en a rien changé, c'est-à-dire que
08:35c'est là où on sent quand même qu'on rentre dans une forme de, alors je parlais de multicohabitation
08:39tout à l'heure, mais qu'il y a un tel retrait du Président de la République qui est exaspéré
08:44sur plein de choses.
08:45Ce qui se passe en ce moment avec Bruno Retailleau, exaspérant, ce qui se passe sur les impôts,
08:50exaspérant, urtiquant, et il y a pas mal, paraît-il, d'amertume.
08:54Il peut rien dire.
08:55Il peut rien dire, il est coincé.
08:56Et c'est vrai que Michel Barnier, il a, c'est sa méthode, vous l'avez dit, vu tous les
09:02chefs de parti, vu les syndicats, vu Emmanuel Macron, et c'est la grande muette.
09:07Est-ce qu'il l'aura dit ?
09:08Est-ce qu'il l'exaspère, sûrement, le chef d'Etat, c'est qu'il se rend compte non seulement
09:12qu'il ne peut rien dire, mais qu'il ne peut rien faire ?
09:13Oui.
09:14Il est en train de se faire savoir qu'il ne peut rien faire, oui, c'est pas...
09:17C'est institutionnel.
09:18Bon, ben, il va falloir attendre 15 heures pour savoir ce qu'il y a vraiment dans la
09:22tête.
09:23Informé, pas si informé ce matin.
09:24Michel Barnier.
09:25La plus grande majorité, la grande majorité de la classe politique ne l'est pas aussi.
09:29Donc, 15 heures sur France Info, édition spéciale, justement, sur le discours de politique
09:34générale du Premier ministre.
09:35Dans un instant, on va évoquer l'état de droit en France, parce que le ministre de
09:39l'Intérieur considère qu'il n'est pas sacré.
09:40On va en parler, mais d'abord, un passage par le fil info à 9h15.
09:43Maureen Tulliard.
09:44L'armée israélienne fait état de violents combats dans le sud du Liban.
09:49C'est dans cette zone qu'elle mène des incursions pour, dit-elle, combattre le Hezbollah.
09:53Des troupes israéliennes au sol au Liban, cela n'était pas arrivé depuis 18 ans.
09:57Et c'est une information France Info.
09:59La France déploie un navire militaire par précaution en cas d'évacuation des ressortissants
10:04français.
10:05Il doit énoncer les chantiers prioritaires du nouveau gouvernement.
10:09Michel Barnier.
10:10Le Premier ministre va prendre la parole à partir de 15h, sa déclaration de politique
10:14générale.
10:15Le nouveau Front populaire a déjà fait savoir qu'il déposera une motion de censure.
10:19Invité du 830 France Info ce matin, l'ancienne ministre Aurore Berger annonce qu'elle a déposé
10:25plainte pour diffamation.
10:27Le journaliste Victor Castanet a accusé la ministre dans son dernier livre.
10:31Il affirme qu'elle a empêché la tenue d'une commission d'enquête parlementaire sur le
10:35dysfonctionnement des crèches privées.
10:37Deux clubs français en Ligue des champions de football ce soir à partir de 18h45.
10:41D'abord les Autrichiens de Salzbourg vont recevoir les Brestois et à partir de 21h,
10:47Arsenal-PSG, premier gros test européen pour les Parisiens.
11:02Les Informer continue avec Alix Bouillague, éditorialiste politique à France Info TV
11:06avec Louis Oselter, journaliste au service politique du Figaro.
11:09Renaud, le ministre de l'Intérieur Bruno Rotailleau fait polémique après sa remise
11:13en cause de l'état de droit.
11:14L'état de droit n'est ni sacré ni intangible, ça c'est ce qu'a affirmé le ministre de
11:18l'Intérieur Bruno Rotailleau, ajoutant que l'état de droit c'est un ensemble de règles
11:20et une hiérarchie des normes mais que la source de l'état de droit, je le cite, c'est
11:23la démocratie, c'est le peuple souverain.
11:25Ces propos effectivement ont fait polémique et puis ils ont fait grincer des dents pour
11:30le moins justement dans les rangs macronistes.
11:33Écoutons la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Broun-Pivet, c'était hier, sur France 2.
11:38J'ai été assez inquiète hier lorsque j'ai vu les déclarations du ministre de l'Intérieur.
11:42Moi je crois que lorsque la situation est tendue, lorsqu'il y a des crises, il ne faut
11:48surtout pas remettre en cause l'état de droit.
11:51L'état de droit c'est ce qui protège notre démocratie, c'est ce qui protège tous les
11:56citoyens de notre pays.
11:57Et ce matin sur France Info, Rémi Haïtz qui est procureur général près de la Cour
12:01de Cassation expliquait, je le cite, que s'il y a quelque chose de sacré, c'est bien l'état
12:05de droit justement qu'il faut le défendre, ce qui n'empêche pas évidemment l'évolution
12:09de la loi, de changer la loi.
12:11Est-ce que Bruno Retailleau n'a pas volontairement confondu d'ailleurs l'état de droit, cadre
12:16intangible, propre et évidemment indispensable au fonctionnement de la démocratie, et l'état
12:20du droit qui lui peut évoluer effectivement en fonction des majorités parlementaires.
12:25Bref, est-ce qu'un ministre de l'Intérieur peut vraiment dire ça, l'état de droit n'est
12:29pas sacré, et est-ce qu'il ne l'a pas fait exprès ?
12:31Vous avez bien posé le débat, en fait toute la question c'est de savoir ce qu'il a vraiment
12:35voulu dire.
12:36S'il a voulu dire l'état de droit, effectivement cette position est totalement contestable
12:42et mille fois contestable, parce que l'état de droit c'est l'ensemble des droits et des
12:47libertés des citoyens, c'est inscrit dans le préambule de la Constitution, donc oui
12:51l'état de droit c'est sacré, c'est intangible, on n'y touche pas.
12:56En revanche, l'état du droit, oui le droit est vivant, les lois évoluent, les règles
13:01évoluent en fonction de la société, et ça pour le coup c'est un phénomène qui est
13:07totalement légitime.
13:09C'est vrai que c'est compliqué de se dire est-ce que Bruno Retailleau a fait une petite
13:14provoque pour faire acte d'autorité, pour dire voilà, parce que si ce n'est pas l'état
13:18de droit, c'est l'état autoritaire.
13:22On change comment on veut.
13:24Oui, je vais peut-être être allée un peu foin, mais c'est une dictature, le contraire
13:30de l'état de droit c'est l'état où il n'y a pas de droit, où il y a un droit central,
13:34autoritaire, centralisé.
13:36Est-ce qu'il a voulu à travers cette petite, ce changement sémantique, induire ça pour
13:43dire voilà, moi je suis un homme d'ordre, de rigueur, de force et de fermeté, est-ce
13:48que c'est ça ou est-ce qu'il a réellement fourché sur cette phrase ?
13:52Vous croyez que ce n'est pas voulu, Louis ?
13:55Si, je pense qu'il sait très bien ce qu'il dit, mais en fait le problème de l'invocation
14:00de l'état de droit dans un sens comme l'autre, c'est que c'est vraiment une formule qui
14:03permet de masquer le fond.
14:04L'état de droit c'est quoi ? C'est le fait que les individus échappent à l'arbitraire.
14:10Sous la monarchie, le roi pouvait emprisonner qui il voulait, quand il voulait, sans qu'il
14:13y ait de procès, à son bout vouloir.
14:17L'état de droit vient du Parlement britannique, déjà, historiquement, et ça permet à tout
14:23le monde, y compris l'état, de se soumettre à la loi, ça oblige l'état et les individus
14:28à se soumettre à la loi.
14:29Ça veut dire que tout le monde est à égalité, l'état n'a pas de pouvoir supplémentaire
14:33aux individus lorsqu'il s'agit de les contraindre, lorsqu'il s'agit de prendre des mesures coercitives.
14:36Bon, une fois qu'on a dit ça, je pense que toute la classe politique sera assez d'accord.
14:40La question, en effet, la vraie question, et c'est pour ça que cette malheureuse formule
14:43sur l'état de droit, elle empêche d'avoir le débat de fond, c'est l'état du droit,
14:46c'est le Parlement.
14:47Est-ce que l'état de droit, ça veut dire que toutes les libertés fondamentales qui
14:51ont été proclamées, parfois pas par la loi, mais par la jurisprudence, par des juges,
14:55par la Cour européenne de droit de l'homme, est-ce que ça veut dire que tout ça est
14:57intangible et qu'on ne peut pas le toucher ? Non, déjà, parce que la jurisprudence,
15:00elle évolue, c'est d'ailleurs le sens même d'une jurisprudence, et que les juges font
15:03évoluer leurs arrêts, leurs décisions, en fonction des cas d'espèce et en fonction
15:07des évolutions de la loi et des textes fondamentaux, et puis ça veut dire aussi que le Parlement
15:11a le droit de légiférer.
15:13Là, en l'occurrence, si quand la jeune Philippine croise un violeur sous EQTF et qu'elle est
15:19tuée dans le bois de Boulogne, et si à ses proches on dit « désolé », il y a l'état
15:25de droit, on ne peut rien faire.
15:26Si la formule sur l'état de droit que prononçait Lebonde-Pivet, c'est en fait pour expliquer
15:29que « on ne peut rien faire, c'est comme ça, c'est malheureux, mais on ne peut pas
15:32changer le droit », ben non, en fait, on s'est aperçu, dans le cas d'espèce, que
15:36dans l'affaire Philippine, la faille juridique, elle est dans la durée de détention autorisée
15:40pour des détenus qui sont en centre de rétention administrative.
15:42Que le juge, en quelque sorte, a été obligé, quelque part, de libérer cet homme marocain
15:47sous EQTF, parce que la loi le prévoyait, il n'avait pas commis d'atteinte à l'ordre
15:51public dans le dernier délai qui courait entre deux instances judiciaires, et donc,
15:57par conséquent, le juge n'avait pas vraiment d'autre choix que de le libérer.
16:00Mais on est sur la loi, on n'est pas sur les textes fondamentaux.
16:01Voilà, on n'est pas sur les principes fondamentaux, on est sur une disposition du Code des étrangers
16:05qui peut être amendée, modifiée par un texte qui est voté par le Parlement souverain.
16:09Donc, il faut faire une différence, quand même, entre les grandes discussions sur l'état
16:13droit et les principes fondamentaux, et des lignes de règles qui, parfois, sont absurdes,
16:16et que l'on peut changer par un simple texte de loi.
16:19Il faut avoir ce débat, il ne faut pas se brandir dans tous les sens l'état droit,
16:23ça empêche d'avoir le débat.
16:24Et ça, personne ne le conteste, y compris à gauche.
16:26Tout le monde est prêt à discuter de la durée de rétention, on peut être favorable
16:28ou pas à l'allongement de la durée de rétention, et ces débats, ils sont récurrents.
16:31Le fait de changer la loi, par définition, ça dépend de la majorité parlementaire
16:34qui s'exprime à tel ou tel moment, personne ne le conteste.
16:36Bruno Rotailleau, il sait très bien ce qu'il fait, sa langue n'a pas fourché, lorsqu'il
16:40met en cause l'état de droit, et pas l'état du droit.
16:43Encore une fois, réformer, quand on a la majorité pour le faire, mais l'état de droit
16:47effectivement est sacré, comme l'a dit ce matin sur France Info, Rémi Yates, parce
16:50qu'il est intrinsèque, et Louis Eusselter vient de le démontrer, à l'exercice simplement
16:55au respect de la démocratie.
16:57Et Bruno Rotailleau, il sait très bien ce qu'il fait, parce que ça participe de cette
17:01logique qui consiste non pas simplement à dire, il faut être plus ferme sur le plan
17:04législatif sur tel ou tel sujet, notamment sur l'immigration, mais à remettre en cause
17:07en gros ce qu'il considère comme, on connaît la formule, le gouvernement des juges.
17:10Ça a commencé avec cette justice qui est forcément trop laxiste, ce qui là ne renvoie
17:16pas, il faut bien distinguer les choses, ça ne renvoie pas à la question des OQTF,
17:20à l'application des OQTF, et au fait qu'elle soit, parce que ça, ça renvoie, il y a largement
17:24une responsabilité administrative dans cette défaillance de l'état-là, on le sait.
17:29Donc on commence par dire, comme l'a fait Bruno Rotailleau, la justice est trop laxiste,
17:33on met en cause le gouvernement des juges, et ensuite on arrive à dire finalement, l'état
17:36de droit, ce n'est pas sacré.
17:37Il sait très bien ce qu'il fait, parce que c'est une façon de participer effectivement
17:42de ces clins d'œil d'une part au Rassemblement National, il y a une forme de démagogie populiste
17:46qui vise à dire finalement, la démocratie c'est bien joli, mais si on avait un pouvoir
17:50un peu plus autoritaire, je ne vais pas dire dictatorial bien sûr, mais ça serait peut-être
17:54plus efficace.
17:55Il y a un peu de Trumpisme dans cette déclaration quand même, on le connaît, y compris dans
17:59le cadre des États-Unis, ils ne sont pas sortis de la démocratie, mais dans les mots
18:02en tout cas, il y a un peu de ça, on bouscule les institutions de la démocratie et donc
18:11de l'état droit.
18:12Juste un dernier mot, ce qui est un peu surprenant, on va voir, je ne fais pas de procès d'intention,
18:14on va voir ce que le Premier ministre va dire cet après-midi, mais le Premier ministre
18:17avait recadré très rapidement son ministre de l'économie Antoine Armand la semaine
18:21dernière parce qu'il était coupable d'avoir osé juger, c'est un jugement personnel,
18:25avec lequel on peut être d'accord ou en désaccord, mais que l'Oration Nationale
18:27ne faisait pas partie, disait-il, de l'arc républicain.
18:29Là, un ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, n'est plus dans l'opposition, il a peut-être
18:34un peu de mal d'ailleurs à oublier qu'il n'est plus dans l'opposition, ça explique
18:36peut-être aussi cette sortie qui remet en cause l'état de droit, je serais curieux
18:39de savoir ce qu'en pense Michel Barnier.
18:41Oui, je pense qu'il a bien compris au contraire qu'il n'était plus dans l'opposition et
18:45qu'il est au gouvernement et qu'il est... non, il n'est pas numéro 2 du gouvernement,
18:50mais enfin...
18:51Non, c'est Didier Migaud, ministre de la Justice.
18:53Et cette déclaration, ça va aussi dans une montée en puissance, quand il dit que l'immigration
18:57n'est pas une chance, clairement, c'est pas anodin qu'il fasse ça la veille du discours
19:02de politique générale de Michel Barnier, ce qui est amusant, c'est qu'il fait vraiment
19:05du Macron, parce qu'en général, c'était toujours Macron qui s'appelait...
19:07Oui, les petites bombes avant le...
19:08Les petites bombes avant les discours de politique générale, c'était toujours Macron qui s'en
19:11chargeait, mais là, clairement, son objectif, c'est de dire à Michel Barnier, ordre, autorité,
19:17sécurité, immigration, c'est la ligne dure, c'est la ligne fermeté, ce n'est pas la
19:21ligne humanité, parce qu'on entend...
19:23Est-ce que ça veut dire, oui, c'est fermeté, humanité, d'ailleurs, c'est la position de
19:26Michel Barnier sur l'immigration, il l'a rappelé au 20h de TF1, Michel Barnier qui n'a pas
19:30recadré son ministre de l'Intérieur, il a raison de le souligner, Renaud Delis ?
19:33Il n'a pas recadré, mais effectivement, on va entendre son discours de politique générale
19:37cet après-midi, il y aura sans doute, on va voir s'il s'aligne sur la position Retailleau
19:42ou pas, mais c'est vrai que Bruno Retailleau, aujourd'hui, il cherche vraiment, d'une part,
19:48à prendre à témoin l'opinion publique qui est favorable à ce durcissement, et puis
19:55à s'inscrire dans un mouvement qui est bien plus large, qui est un mouvement européen
19:59où, tour à tour, tous les pays ferment la vis, resserrent, durcissent leurs conditions
20:05d'immigration.
20:06Lui, il veut s'inscrire là-dessus, et dernier point, ce n'est pas anodin que la seule personne
20:10qui soit venue le défendre s'appelle Nicolas Sarkozy, parce que c'est aujourd'hui le modèle
20:15de Bruno Retailleau, c'est-à-dire prendre à témoin l'opinion publique contre la fameuse
20:19bien-pensance des autres.
20:21Le RN l'applaudit aussi, et donc, Louis, de l'autre côté, du côté des macronistes,
20:25on sent un malaise.
20:26Oui, tout à fait.
20:27Pourtant, le malaise est dirigé vers Bruno Retailleau, parce qu'effectivement, Michel
20:30Barnier s'aligne, c'est humanité et fermeté, c'est exactement ce qu'a dit Emmanuel Macron
20:34pendant 7 ans.
20:35Michel Barnier qui avait promis des ruptures, sur ce plan-là, il n'est pas du tout dans
20:37la rupture.
20:38Je crois comprendre qu'il y aura un petit recadrage sur l'état de droit dans le discours
20:40de Politique Générale.
20:41Rien de personnel, mais de façon à cadrer un peu les choses.
20:44Mais je crois aussi que Bruno Retailleau, au-delà de tout ce qu'Alex a dit qui est
20:48vrai, effectivement, je pense qu'il cherche, avec cette formule choc, à répondre à l'opinion
20:55publique.
20:56Parce que quand l'opinion publique entend état de droit à chaque fois qu'il y a un
20:58drame du type de celui qui s'est passé la semaine dernière, je crois comprendre que
21:03ça ne lui suffit pas.
21:04Personne n'a dit ça.
21:05Ah si, si, je pense que c'est ça.
21:06Pas pour faire l'impuissance.
21:07Dans les médias, les interviews, les réactions de responsables politiques qu'on voit, quelques
21:13jours après la mort de Philippine, on a parlé d'état de droit pour, quelque part, justifier
21:17les choses, justifier le fait qu'il y a des trous dans la raquette.
21:20Ça n'empêche pas de combler les trous dans la raquette.
21:22Moi, je pense que Bruno Retailleau a voulu faire ça.
21:24Et d'ailleurs, si on regarde sa stratégie depuis le début, c'est une stratégie d'opinion
21:27publique, en réalité.
21:28Parce que le vrai problème de Bruno Retailleau, ce n'est pas qu'il ait parlé d'état de
21:30droit dans une interview, c'est est-ce qu'il va pouvoir faire ce qu'il dit ? Or, pour
21:34l'instant, la réponse est non.
21:35Il dit d'ailleurs lui-même, dans ses interviews, qu'il n'a pas de majorité, qu'il n'est que
21:39ministre de l'Intérieur, que son collègue de la justice n'est pas d'accord avec lui.
21:43Donc, je pense qu'effectivement, il prend simplement à témoin l'opinion publique qui
21:46sait lui-même que ce gouvernement est précaire, que sa propre situation est précaire, qu'il
21:50se construit une image d'homme politique parce qu'on ne le connaissait pas beaucoup avant,
21:53clair de rien, et qu'il veut avancer sur cette ligne de fermeté, tout en sachant très bien
21:57lui-même qu'il ne pourra pas mettre en oeuvre la plupart des choses qu'il dit.
21:59Mais ce qui est frappant, effectivement, c'est que si Bruno Retailleau est choqué et ne
22:02supporte pas la ligne de fermeté et humanité, qui est celle de Michel Barnier, je ne vois
22:06pas tellement l'alternative.
22:07Est-ce que c'est fermeté et inhumanité ?
22:08S'il veut incarner cette ligne-là sur l'immigration avec les propos qu'il tient, je ne suis pas
22:14persuadé que ce soit vraiment la voie à suivre, d'autant que, à force de vouloir
22:18prétendre en tout cas être l'homme du rétablissement de l'ordre dans la société, dans un premier
22:23temps, il sème plutôt le désordre au sein des soutiens du Premier ministre.
22:27Merci beaucoup.
22:28Merci à tous les trois, Alex Bouyague, éditorialiste politique, à France Info TV, je signale l'interview
22:33politique, chaque matin à 7h45, et oui, il faut regarder le canal 27, Louis Osalter,
22:40merci beaucoup, journaliste au service politique du Figaro, le Figaro qui fait sa une aujourd'hui
22:43évidemment, sur Michel Barnier, la fiscalité, l'immigration, l'heure des choix, avec le
22:48discours de politique générale à 15h, mais pour avoir quelques éléments avant, il faut
22:52lire le Figaro.
22:53Merci beaucoup Bruno.
22:54Merci, salut.
22:55Et les informations de retour ce soir à 20h, avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.
22:58Merci à tous.
22:59Au revoir.
23:00Salut.

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