• le mois dernier
Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Ravie de vous retrouver pour les informer, on est ensemble en direct jusqu'à 9h30 avec Renaud Dely.
00:04Bonjour Renaud !
00:04Bonjour Salia !
00:05Et bonjour à nos informés autour de la table aujourd'hui.
00:07Aurélie Herbemont, chef adjoint du service politique de France Info.
00:10Bonjour Aurélie !
00:11Bonjour !
00:11Et à vos côtés Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
00:14Bonjour Étienne !
00:15Bonjour Salia !
00:16Renaud Dely, sur l'immigration, Bruno Retailleau veut s'inspirer de ce qui se passe chez nos voisins européens.
00:20Et oui, on le sait, le gouvernement a annoncé une nouvelle loi sur l'immigration pour le début de l'année 2025,
00:25à peine un an après celle qui avait été portée par Gérald Darmanin et adoptée en décembre 2023.
00:32Dans cette loi, le gouvernement envisage de durcir tout un arsenal pour lutter contre l'immigration illégale,
00:38un sujet qui est d'ailleurs aussi au menu du Conseil européen qui s'ouvre aujourd'hui et pour deux jours à Bruxelles.
00:44Et voilà donc que Bruno Retailleau regarde avec envie un certain nombre de mesures qui ont été prises par Giorgia Meloni,
00:51la présidente du Conseil d'extrême droite italienne, et qu'il pourrait effectivement s'en inspirer.
00:56Voici ce qu'en disait Bruno Retailleau, cet État ventière sur France 2.
01:01L'Union européenne avec l'Égypte, avec la Tunisie, ont conclu des accords bilatéraux.
01:06Et c'est à la suite de ces accords que l'Italie est parvenue à réduire de 64% les flux de la migration irrégulière vers l'Italie.
01:15Et je pense qu'il faut qu'on s'en inspire.
01:17L'Europe partage cette conviction que j'ai, qu'il faut absolument reprendre le contrôle sur les flux migratoires et notamment sur l'immigration irrégulière.
01:25Deux mesures en particulier semblent intéresser le ministre de l'Intérieur français.
01:29D'une part, par exemple, l'accord passé par l'Italie avec l'Albanie qui consiste à faire étudier les demandes d'asile à l'extérieur de l'Italie, en l'occurrence en Albanie.
01:38Puis il y a aussi la question du renvoi éventuel de migrants illégaux vers des pays tiers.
01:43Et du côté du ministre de l'Intérieur, on évoque des discussions qui pourraient commencer avec un certain nombre de pays.
01:49Est-ce que la politique migratoire de Giorgia Minolini en Italie peut inspirer, d'une part, la France, Brune Rotaio et cette future loi ?
01:57Et puis au-delà, d'ailleurs, est-ce qu'elle n'est pas en train d'inspirer l'ensemble de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,
02:03évoquant elle-même, c'était lundi soir, des solutions innovantes pour lutter, dit-elle, contre l'immigration illégale ?
02:11Ce qui est intéressant à noter, c'est qu'effectivement, aujourd'hui, jusqu'à la tête de la Commission européenne,
02:17on regarde avec intérêt cette disposition d'envoyer les demandeurs d'asile en Albanie, semble bien perçu.
02:26Il faut souvenir, il y a quand même quelques mois, de ce que voulait faire le Royaume-Uni d'envoyer au Rwanda les migrants.
02:35Ça avait suscité un tollé à l'échelle internationale. Et là, on voit que ce que met en place Giorgia Minolini,
02:41qui est un peu différent, mais on est quand même dans la même philosophie, un pays tiers pour gérer la question migratoire,
02:47c'est regarder avec beaucoup plus de bienveillance de la part de partenaires, même si Giorgia Minolini est effectivement l'extrême droite italienne.
02:55On voit qu'il y a eu une espèce de glissement, alors qu'il est peut-être aussi dû au fait que les extrêmes droites progressent en Europe.
03:03On l'a vu pendant les élections européennes. On l'a vu aussi dans des élections localement, par exemple, il y a quelques semaines,
03:08dans les Länder, dans les régions en Allemagne. Donc on voit que cette question migratoire reste en tête de l'agenda et des priorités de plusieurs gouvernements.
03:21Mais c'est vrai que là, c'est un petit peu dispersé. Chacun fait un peu ce qu'il veut. Giorgia Minolini s'organise avec l'Albanie de son côté.
03:26On a vu l'Allemagne qui a décidé unilatéralement de remettre des contrôles aux frontières.
03:32Donc on voit bien que les Européens font un peu chacun de leur côté. Et ça va être la difficulté, peut-être un des enjeux de ce sommet européen, d'essayer de mettre un peu d'ordre.
03:41Parce que vous avez des pays comme la Grèce qui disent que c'est une décision unilatérale. Ce n'est pas possible de fonctionner comme ça.
03:46La Grèce étant aussi une porte d'entrée. Et en même temps, vous avez effectivement le nombre d'entrées irrégulières en Italie qui a diminué depuis que Giorgia Minolini est là.
03:54Sauf qu'en Espagne, ça augmente, puisque les gens qui veulent venir en Europe, ils se disent « je vais prendre un autre chemin ».
04:01L'Europe, c'est vaste et on peut effectivement emprunter notre voie migratoire. Donc gérer ça chacun de son côté, ce n'est pas une solution viable à l'échelle du continent européen.
04:10Chacun fait comme il veut. Et la présidente de la Commission européenne, Étienne Girard, a évoqué lundi le besoin de solutions innovantes sur la question de l'immigration.
04:17Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il n'y a plus de tabou ?
04:19On peut vraiment se poser la question. Effectivement, le dernier tabou étant ce déplacement des migrants dans un pays tiers.
04:28L'Italie le fait. Quinze pays de l'Union européenne ont demandé à la Commission européenne de réfléchir à un dispositif de ce type.
04:38Pas que des petits pays. Autriche, Pologne, on n'est pas tellement surpris. Danemark également. Pays bas. Donc une majorité de pays européens.
04:47La question étant quand même, il faut la poser, celle de la régularité d'un tel déplacement au regard des droits fondamentaux.
04:54En 2018, la Commission européenne, devant de premières demandes ou de premiers questionnements, elle a plutôt dit non, c'est attentatoire aux droits fondamentaux.
05:04Parce qu'on va déplacer des gens dans un pays dans lequel ils ne sont jamais passés et dans lequel ils ne veulent pas vivre.
05:11Donc la question se pose réellement. Elle se posera au regard du droit européen, de la Convention européenne des droits de l'homme et de toute façon au regard du droit français.
05:23Bruno Retailleau se dit intéressé, sans tabou, sur ces questions-là. Il y a quand même cette dernière question très importante des droits fondamentaux des migrants.
05:35Même s'ils ne sont pas désirés dans un pays, ça ne veut pas dire automatiquement, à mon sens, qu'on peut les déplacer où on veut sans leur accord.
05:41Les droits fondamentaux, les dirigeants qu'a évoqué Etienne, ils en tiennent compte ?
05:47Même si le même Bruno Retailleau, rappelons-le, il dit il y a quelques jours, je le cite, que l'état de droit, à ses yeux, n'était ni sacré ni intangible.
05:53Alors il a corrigé le tir ensuite en expliquant qu'évidemment, en gros, il évoquait plutôt l'état du droit qui, effectivement, est réformable et modifiable.
06:00Enfin, on voit bien dans une certaine propension, on va dire, chez le ministre de l'Intérieur, à vouloir bousculer les cadres établis, y compris donc potentiellement remettre en cause l'état de droit.
06:12C'est exactement dans le droit fil de la démonstration que vient de faire un instant Etienne Girard.
06:16C'est-à-dire que, de toute façon, il y a un certain nombre, effectivement, de protections juridiques, constitutionnelles, soit à l'échelle européenne, soit à l'échelle nationale,
06:22qui peuvent remettre en cause ce type de décision ou d'éventualité.
06:26Il n'empêche que, quand on regarde l'évolution de ce dossier depuis deux ans, ce qui est frappant, c'est à quel point, lorsqu'elle est arrivée au pouvoir en Italie,
06:33en septembre 2022, si je ne me trompe pas, ou en 2023, en tout cas, quand elle est arrivée au pouvoir en 2022, elle était en quelque sorte persona non grata à l'échelle européenne.
06:44Et à quel point, aujourd'hui, elle donne le ton sur ce sujet-là, sur le sujet migratoire.
06:48Effectivement, elles ont affiché une forme de complicité avec Ursula von der Leyen.
06:51Il y a un certain nombre de déplacements communs hors des frontières européennes, d'accords qui ont été passés avec des pays, notamment en Afrique du Nord.
06:57On peut penser à la Tunisie. Et finalement, cet accord aussi passé avec l'Albanie, qui semble inspirer, d'une part, certains pays, en tout cas.
07:07Et puis, d'autre part, la Commission européenne elle-même. Pourquoi ?
07:09Parce qu'Ursula von der Leyen, elle court après le train, en quelque sorte, qui menace de partir sans elle.
07:14Effectivement, il y a un certain nombre de pays en Europe qui menacent, qui souhaitent s'affranchir des règles communes pour prendre leur propre disposition,
07:23indépendamment d'une éventuelle politique commune migratoire.
07:26Donc, la Commission européenne essaye de les rattraper par la manche, finalement, en cédant peu ou pro à ces pressions.
07:33Pourquoi ? Parce qu'il y a une pression politique terrible, qui est effectivement illustrée par la poussée de l'extrême droite dans les urnes un peu partout.
07:39On l'a vu lors d'une série d'élections régionales dans différents Länder en Allemagne ou lors des récentes élections législatives en Autriche, par exemple.
07:46Et donc, ça amène effectivement un certain nombre de pays à se rallier à ces solutions.
07:49Et puis, l'autre raison, c'est que sur l'année qui vient de s'écouler, en Italie, en tout cas, un certain nombre de mesures prises par Giorgia Meloni ont porté leurs fruits sur le plan arithmétique.
07:58C'est-à-dire que les entrées illégales en Italie ont considérablement chuté, même si, vous le faisiez remarquer, effectivement, les routes migratoires changent.
08:06L'idée de Giorgia Meloni, c'était de faire appel à un pays tiers pour étudier les dossiers des demandeurs de titres réguliers.
08:15Il y a aussi la volonté, et c'est ce qui a été fait aussi en Italie, de négocier avec les pays d'origine, que ce soit l'Égypte ou la Tunisie.
08:22Là aussi, ça a marché. C'est ce qu'on peut faire, nous aussi, en France.
08:25Ça, c'est moins attentatoire aux droits fondamentaux. Oui, les migrants ont un rapport avec leurs pays d'origine.
08:33Qu'on négocie avec les pays d'origine pour qu'ils prennent leur part dans le traitement de ces cas-là, il y a quelque chose de plus légitime, de plus naturel.
08:42Donc, c'est la solution naturelle. Avec un certain nombre de pays, c'est très compliqué. En France, on sait que nous, on a ce contentieux...
08:49Il n'y a pas eu un peu de tension, là, depuis l'arrivée de Bruno Retailleau et son discours très ferme, notamment sur les OQTF.
08:55Ça va être difficile avec, par exemple, les pays du Maghreb, qui sont les premiers visés.
08:59C'est la question, est-ce que ça marche de hausser le ton ?
09:03Gérald Darmanin avait plutôt expliqué, dans la deuxième partie de son passage au ministère de l'Intérieur, que ça ne marchait pas tant que ça.
09:10Il l'avait essayé. Et puis, on s'est rendu compte, au ministère de l'Intérieur, qu'on avait moins de renseignements sur l'islamisme, sur le djihadisme, pour plein de raisons.
09:19Il était meilleur et, finalement, plus productif d'avoir un dialogue avec un rapport de force, évidemment, mais pas seulement dans les médias.
09:30C'est la limite du discours médiatique. Et on a vu, je ne sais pas si vous aviez suivi, la réaction du président algérien après les prénoms...
09:39Les propos de Bruno Rotaïo. C'est une fin de non-recevoir absolue.
09:43Et Bruno Rotaïo hausse le ton, le président algérien hausse le ton également en rappelant les méfaits de la colonisation, en revenant sur le conflit latin entre son pays et le nôtre.
09:55Et là aussi, juste un point, c'est vrai que ce n'est pas du tout la méthode qu'a choisie Tordja Meloni.
09:57On peut penser à l'accord signé entre l'Italie et la Tunisie, qui est d'ailleurs grandement à la source de la chute des entrées illégales en Italie.
10:05Et là, c'est plutôt un accord, effectivement, de coopération financière aussi.
10:08Et on sait ce qu'on peut penser du régime tunisien actuel et du président tunisien réélu récemment dans les conditions qu'on connaît.
10:16Voilà, c'est-à-dire que l'Italie a préféré, effectivement, coopérer, y compris financièrement, avec un régime peu fréquentable, pour essayer de limiter les entrées sur son territoire.
10:25Dans un instant, on va évoquer la grogne des enseignants depuis l'annonce de suppression de postes.
10:29Mais d'abord, à 9h16, c'est l'heure du Fil info de Maureen Suynard.
10:3413 départements de la moitié sud de la France sont placés en vigilance orange pour pluies, inondations, orages ou crues.
10:41Le trafic ferroviaire est mis à l'arrêt toute la journée près de Toulouse.
10:44Dans le Gard, les transports scolaires sont, eux, annulés sur la moitié nord du département.
10:49La CGT souhaite que les salariés puissent peser dans le choix de Sanofi.
10:52Le syndicat demande à ce qu'il y ait au moins 30% de salariés au conseil d'administration.
10:57Demande puisque l'inquiétude grimpe.
10:59Le groupe pharmaceutique veut vendre sa filiale qui produit du Doliprane, un fonds d'investissement américain.
11:05L'Etat hébreu assure que les casques bleus au Liban ne sont pas des cibles.
11:09La finule, la force de l'ONU déployée dans le pays, affirme pourtant qu'un char israélien a tiré sur une de ses positions dans le sud du PIR.
11:17Des tirs directs et délibérés.
11:19L'ONU et les Etats-Unis qui mettent par ailleurs en garde Israël contre l'utilisation de la famine comme arme de guerre à Gaza.
11:27Le dépôt de plaintes en ligne est maintenant possible partout en France sur la plateforme MaSécurité.
11:32Les dispositifs permettent de porter plainte sans se déplacer quand l'auteur n'a pas été identifié en cas de dégradation ou bien de vol de biens.
11:40« France Info »
11:46Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia.
11:51Les informés continuent avec Aurélie Herbemont, chef adjoint du service politique de France Info, avec Etienne Girard, aussi rédacteur en chef à L'Express.
11:59Renaud Dely, la ministre de l'Éducation nationale, essaie de calmer les profs qui sont en colère.
12:03Et oui, la ministre de l'Éducation, Anne Gentay, qui a reçu hier l'intersyndicat, l'ensemble des syndicats enseignants,
12:08lesquels, on le sait, ont déposé lundi une alerte sociale préalable à un préavis de grève.
12:14Ils sont en colère en particulier contre l'annonce de la suppression de 4000 postes d'enseignants dans le prochain budget, dans le budget 2025.
12:21Un chiffre qui, d'ailleurs, laisse entendre la ministre, pourrait évoluer au fil de la discussion parlementaire.
12:26Comment la ministre de l'Éducation, Anne Gentay, justifie ce chiffre de 4000 suppressions de postes ?
12:32Voici ce qu'elle en disait, ce matin, chez nos confrères d'OTF1.
12:36Pour bien comprendre ce chiffre, parce que le chiffre impressionne énormément, mais prendre un tout petit peu de recul,
12:41on est aussi dans un contexte dans lequel on a une baisse démographique considérable.
12:44On a perdu 80 000 élèves à cette rentrée. On en perdra 100 000, presque 100 000, à la rentrée prochaine.
12:48Derrière, on a convenu, il a été convenu, de rouvrir un dialogue social.
12:52On va avancer sur les bas salaires, sur les conditions de travail, sur les progressions de carrière.
12:56La ministre, pour essayer de faire avaler la pilule, en quelque sorte, de ces suppressions de postes,
13:02envisage de rouvrir le chantier de la revalorisation d'un certain nombre de rémunérations,
13:07notamment les bas salaires ou les fins de carrière, ou les milieux de carrière, d'ailleurs,
13:12au moment où stagnent souvent les revenus des enseignants.
13:15Est-ce que, finalement, l'État et le gouvernement peuvent redonner d'une main les économies, en quelque sorte, qu'ils essayent de faire de l'autre ?
13:23Et puis, d'ailleurs, est-ce que ce chiffre de 4 000 postes pourrait évoluer et changer au fil de la discussion parlementaire ?
13:28Aurélie Herbemont.
13:29En tout cas, Anne Jeuneté, ce n'est pas la première fois qu'elle dit que les 4 000 ne sont pas intangibles
13:35et que ça peut évoluer pendant la discussion parlementaire, ce qui est intéressant.
13:38Ce que me racontait hier un député de la majorité du Bloc central, il disait qu'il y a des ministres,
13:44notamment Anne Jeuneté ou Didier Migaud, qui viennent nous dire qu'il faudra m'aider pendant le budget,
13:48pendant l'examen, à gratter un peu plus, en fait.
13:52Donc, évidemment.
13:53Parce qu'ils n'ont pas gagné les arbitrages, oui.
13:54Mais voilà. Ils ont essayé, via la discussion parlementaire, d'avoir un peu plus que ce que le grand méchant de Bercy leur a donné.
14:03Donc ça va être intéressant à suivre de qui va réussir à convaincre les députés de lui donner un petit peu plus,
14:09même si ce cadre de la majorité me disait « mais si tout le monde fait ça, on ne va jamais arriver aux 60 milliards d'efforts ».
14:14Donc voilà, les ministres essayent, via les députés, de revenir par la fenêtre,
14:19après s'être fait claquer la porte au nez quand on leur dit « il faut faire des économies et les 4000 postes seront supprimés ».
14:26Donc voilà, ça, ça peut évoluer, effectivement, pendant la discussion budgétaire.
14:29Quand la ministre dit « bon, déjà, ça justifie parce que la démographie, elle baisse,
14:34et puis on va voir ce qu'on va faire sur les revalorisations salariales et tout ça », qu'est-ce qu'elle fait ?
14:37Elle enfume tout le monde ou alors elle dit vrai et elle va pouvoir essayer de faire quelque chose ?
14:43Ce qui est sûr, c'est que ces 4000 postes, comme dans tout ministère, c'est une base de discussion.
14:48Il a été choisi de taper assez fort au démarrage pour pouvoir, dans la discussion parlementaire, lâcher des petites choses ici ou là.
14:58Mais la question des enseignants, c'est une question qui est particulière.
15:03C'est un peu ça le problème dans ce débat-là, c'est que la question des enseignants a été traitée parmi toutes les autres.
15:11Or, on pensait avoir compris qu'il s'agissait du domaine réservé du président de la République
15:18et qu'il y allait y avoir une réelle prise de conscience sur ce qu'est devenu l'éducation nationale dans notre pays.
15:25Alors évidemment, Mammouth, premier poste de dépense dans le budget de l'État.
15:31Mais il faut aussi regarder le niveau des élèves baisse.
15:35Plus personne ne veut être enseignant, au point que Michel Barnier demande à ce qu'on demande à des enseignants retraités de revenir.
15:43Il y a un vrai problème d'attractivité.
15:46Et ça, dans un certain nombre de secteurs, le gouvernement, depuis sept ans, le comprend très bien.
15:52Il comprend très bien que l'attractivité, ça ne se trouve pas tout seul.
15:56Il faut donner des conditions.
15:58Ces conditions, elles sont esquissées par la ministre Anne Geneté, mais sans engagement concret.
16:05Oui, me semble-t-il, il faut une réflexion et plus qu'une réflexion sur les niveaux de rémunération à partir du moment où,
16:12en France, on est au niveau, et même un peu plus bas que l'Italie ou le Portugal,
16:17où le niveau de vie et le coût de la vie est beaucoup moins important.
16:22Ce que ça veut dire, c'est qu'en France, on ne valorise pas tellement ce métier aujourd'hui par rapport à ce qu'il est d'enseignant.
16:29Et tout particulièrement, d'ailleurs, c'est un tout petit peu plus vrai au collège et au lycée.
16:34Là, on ne valorise vraiment pas.
16:36C'est tout ce qui est maternel, primaire, où là, les niveaux de rémunération sont très, très bas.
16:42Si on veut qu'il y ait des enseignants, il faut les payer.
16:44Il faut les payer bien.
16:45Le fait est qu'il y a deux arguments, effectivement, et il y a deux dimensions dans ce dossier.
16:49Il y a la question des effectifs globaux quantitatifs, des suppressions de postes.
16:53Et là, l'argument sur l'évolution démographique, il est réel.
16:55Il ne faut pas se voiler la face.
16:56C'est vrai qu'il y a une vraie chute du nombre d'effectifs d'élèves.
17:00C'est vrai, de l'ordre de 100 000 quasiment l'année prochaine.
17:03Ce n'est pas compliqué.
17:04Le fameux baby-boom des années 2000-2001, ces bébés de l'époque, ils ont fini.
17:10Ils sont grands, ils ont fini leurs études et on voit qu'on n'est qu'au début, d'ailleurs,
17:13de cette évolution démographique.
17:14Le taux de natalité chute en France, recule en France en tout cas de façon moins spectaculaire
17:19que d'autres pays européens.
17:20On parlait de l'Italie tout à l'heure, qui est entrée dans un véritable hiver démographique.
17:23Un million et demi de moins d'Italiens en à peine plus de cinq ans.
17:27Et ce n'est que le début de cette évolution, ce qui d'ailleurs renvoie à la question migratoire
17:30qu'on abordait tout à l'heure, ce qui justifie évidemment une frange d'immigrés,
17:35bien sûr, dans ce pays.
17:36Mais globalement, cette question de l'hiver démographique se pose à l'ensemble de l'Europe.
17:39Et donc, évidemment, il est logique que la France en tire comme conclusion
17:43à un moment qu'il faut réduire le nombre de profs.
17:46Le ministère avance le nombre moyen de 22 élèves par classe.
17:51Le problème, on le sait, c'est que ce chiffre-là recouvre des réalités extrêmement différentes.
17:56Ça dépend évidemment des quartiers, des régions, de l'identité de ces élèves, bien sûr,
18:04de l'hétérogénéité des classes ou pas.
18:09Pardon, je vous coupe deux secondes, Renaud, si on prend l'exemple de la Seine-Saint-Denis,
18:12qui se plaint à chaque rentrée scolaire de manquer de profs, on ne comprend pas.
18:17Oui, et qui bénéficie déjà aussi de régimes d'exception.
18:19C'est-à-dire que c'est aussi des zones d'éducation prioritaires dans lesquelles il y a davantage,
18:22et c'est bien légitime, au regard des difficultés sociales de ce département,
18:24davantage de moyens, davantage d'enseignants normalement.
18:27Et pour autant, effectivement, il n'y a pas d'enseignants volontaires.
18:30Enfin, il y en a, mais insuffisamment d'enseignants volontaires pour aller enseigner
18:34dans un département comme celui que vous venez de citer.
18:36Et c'est là que ça renvoie au deuxième sujet qu'évoquait Etienne Girard à l'instant,
18:39c'est effectivement l'indispensable revalorisation d'un certain nombre de strates,
18:45en quelque sorte, du métier d'enseignant.
18:47Ça a été engagé par le gouvernement précédemment,
18:49mais il faut aller évidemment beaucoup plus loin et de façon beaucoup plus durable
18:51pour justement renforcer l'attractivité de ce métier.
18:54Et c'est vrai que les enseignants ont raison de considérer
18:57qu'ils ne sont pas suffisamment considérés précisément dans l'échelle sociale
19:01au regard d'un certain nombre d'autres professions,
19:02et que ça, ça s'est dégradé au fil du temps.
19:05Donc, je pense que la question quantitative du nombre d'enseignants
19:09n'est pas le véritable enjeu.
19:11Les syndicats brandissent ça en disant pas touche,
19:13même s'il faut rappeler en plus qu'il y a,
19:15ce qui est évidemment une très bonne chose dans le projet de budget,
19:18normalement envisagé la création de 2000 nouveaux postes d'AESH,
19:21c'est-à-dire d'assistants, d'accompagnants d'élèves en situation de handicap.
19:25Et là, on sait qu'il y a évidemment un besoin urgent.
19:28Mais au-delà de la question quantitative globale du nombre d'enseignants,
19:32effectivement, c'est bien la question de la revalorisation qui se pose.
19:35Mais sur le long terme, et c'est là où, évidemment,
19:37les deux dimensions de ce problème se croissent.
19:39Est-ce que les économies espérées au regard de la situation budgétaire,
19:44d'un côté avec la suppression de postes, vont pas être annulées
19:47et ne devraient pas d'ailleurs, de fait, être annulées
19:49par l'indispensable revalorisation des enseignants de l'autre ?
19:52La question de la revalorisation des professeurs, des enseignants,
19:55mais qui se cogne aussi à ce qu'avait annoncé Emmanuel Macron,
19:58même mis en œuvre avec Gabriel Attal,
20:00cette idée de « il faut travailler plus pour gagner plus ».
20:03Voilà, vous tenez aux enseignants, vous faites des remplacements.
20:05Si vous êtes des volontaires pour faire des remplacements,
20:07pour être professeur principal, des groupes de soutien, etc.,
20:11vous avez une rallonge, voilà.
20:13Donc c'est vrai que c'était ça qu'ils avaient commencé à mettre en place
20:18à la rentrée 2023, même si, effectivement,
20:21ils avaient quand même aussi revalorisé, je crois que c'était
20:23au minimum 125 euros sur les salaires d'enseignants.
20:27Mais là, effectivement, on a encore, Étienne le disait tout à l'heure,
20:31en dessous de la moyenne de certains de nos voisins.
20:33Donc c'est vrai que quand on dit que c'est la mer des batailles
20:35et c'est pour former les générations de demain,
20:37c'est pas totalement délirant de se dire qu'il faut des enseignants
20:41qui soient motivés pour faire ce travail,
20:44parce qu'il y a une vraie vocation à le faire,
20:45mais il faut aussi que ça puisse vous permettre de vivre correctement.
20:49Après voilà, ce que vous enlevez d'un côté,
20:51si vous enlevez des postes et ça permet de revaloriser
20:55des enseignants actuels, bon, ça peut le faire,
20:58mais il faut que Michel Barnier aurait tendance à vous dire
21:01qu'il faut que ça reste dans l'enveloppe globale.
21:03Il ne faut pas que l'équilibre file en plus cher.
21:04C'est ça, il y a un peu la police budgétaire qui va surveiller
21:08que ça ne fait pas déraper les comptes qui ont déjà pas mal gagné.
21:11En filigrane, il y a une espèce de mot d'ordre un peu implicite,
21:13de philosophie un peu implicite qui était
21:16moins de profs, mais des profs mieux payés.
21:17On se souvient que ça, c'était ce qu'essayait d'évoquer
21:20Nicolas Sarkozy en son temps.
21:22Sauf qu'à l'époque, lui, il se heurtait au contraire.
21:25Il se pensait que ça avait été une catastrophe
21:27à l'évolution démographique des classes.
21:30Là, on était entre 2007 et 2012 et là, il y avait beaucoup,
21:32il y avait besoin de beaucoup, beaucoup d'enseignants
21:34parce que, justement, il y avait beaucoup,
21:37beaucoup d'élèves de plus en plus d'année en année.
21:39Effectivement, il y a une inversion de cette courbe démographique,
21:42mais la question de la revalorisation et que ces enseignants
21:44soient mieux payés, elle demeure, elle, et il faut y répondre urgentement.
21:48On va suivre les débats parlementaires,
21:51notamment sur la question de l'éducation nationale.
21:53Merci à tous les trois.
21:54Aurélie Herbement, chef adjointe du service politique de France Info.
21:57Merci à vous, Etienne Girard, rédacteur en chef à l'Express.
22:00L'Express qui fait sa une.
22:01À partir d'aujourd'hui, on va la regarder tout de suite
22:03sur les défis de l'Occident.
22:0515 témoins indispensables pour comprendre le monde.
22:08À lire cette semaine, Etienne.
22:09Un numéro exceptionnel avec Bill Gates,
22:11Yova, Noah Harari, Tony Estanguet.
22:15Plus que jamais, il faut courir l'acheter
22:18dans tous vos bons kiosques partout où vous habitez.
22:22Il y a le numérique, je le rappelle tout le temps.
22:24Évidemment, l'express.fr, c'est vrai que ça va plus vite.
22:27Il n'y a pas la courte cartonnée.
22:29Exactement, il n'y a pas le papier glacé particulier à ce numéro
22:33qui restera comme un numéro de garde, comme on aime dire.
22:37Je ne sais plus quoi dire.
22:39Merci Renaud.
22:40Vous n'avez pas une mobilette aussi à vendre éventuellement ?
22:43Je reviendrai pour ça.
22:44Les informés du soir, c'est à 20h avec Jean-Rémi Beaudot et Agathe Lambret.

Recommandations