Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:00Et bienvenue dans les informer, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info jusqu'à 9h30 en direct avec Renaud Delis.
00:15Bonjour Renaud. Bonjour Célia.
00:17Et autour de la table ce matin, Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France Info Télé. Bonjour Gilles.
00:21Bonjour Célia, bonjour à tous.
00:23A vos côtés, Audrey Tizon, journaliste au service politique de France Info. Bonjour Audrey. Bonjour.
00:27Et Christian Chenot, journaliste à la rédaction internationale de Radio France, de retour du Liban.
00:32Ce qui est précieux Renaud, car on commence tout de suite par l'offensive israélienne contre le Hezbollah libanais.
00:38Oui, Israël qui continue donc son offensive contre le Hezbollah.
00:41L'armée israélienne qui a ciblé hier plusieurs centaines de sites du Hezbollah dans plusieurs zones, dans plusieurs régions du Liban.
00:48Au total, le bilan s'élèverait à près de 500 morts.
00:51L'ONU dénonce une véritable escalade.
00:52La France a demandé une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
00:56Nous sommes au bord d'une guerre totale.
00:57C'est même inquiété cette nuit Joseph Borrell qui est le chef de la diplomatie européenne,
01:01depuis New York où s'ouvre l'Assemblée générale annuelle de l'ONU.
01:05Alors, une guerre totale, un embrasement de la région qui dépend éventuellement, évidemment, de la réaction de l'Iran
01:13puisque le Hezbollah est en quelque sorte sous tutelle de l'Iran.
01:17Quelle peut être l'attitude, la réaction du parrain du Hezbollah, le régime des mollahs de Téhéran ?
01:22La réponse ce matin d'Anthony Samrani qui était l'invité de France Info.
01:26Anthony Samrani est rédacteur en chef du quotidien libanais L'Orient le jour.
01:30Que le Hezbollah soit une émanation de l'Iran,
01:33les calculs des deux acteurs là peuvent être un peu différents.
01:36Parce que pour le Hezbollah, ce conflit peut devenir quasi existentiel
01:41s'il continue d'encaisser les coups à cette vitesse au quotidien.
01:45Pour l'Iran, non.
01:47La plus grande carte du Hezbollah, c'est ses missiles de haute précision.
01:51Est-ce que l'Iran donnera son feu vert à l'utilisation de ces missiles ?
01:54Est-ce qu'il les sacrifiera pour une guerre qui, pour le régime iranien, n'est pas du tout existentielle ?
02:00Alors, y a-t-il effectivement un risque de guerre totale ?
02:02Quelle sera la réaction de Téhéran et du régime iranien ?
02:05Et jusqu'où ira l'offensive israélienne ?
02:07Après les attaques, la semaine dernière, attribuées au service secret israélien
02:10contre les Bippers et contre les Tokievolkis en particulier,
02:13l'Israël se réjouit d'avoir éliminé de très nombreux cadres et dirigeants du Hezbollah.
02:20Jusqu'où peut aller cette offensive et quelles en seront les répercussions à l'échelle régionale ?
02:24Christian Cheneau, vous revenez du Liban, justement, vous y étiez la semaine dernière.
02:28Israël qui élargit donc son front.
02:30Oui, alors Israël élargit le front, ça a commencé par cette attaque aux Bippers et aux Tokievolkis.
02:36Moi, j'étais avec les militaires français qui me disaient qu'il y aura peut-être une deuxième phase.
02:39On ne savait pas quand, elle est venue très rapidement, donc des bombardements massifs,
02:43à la fois dans la proximité de la frontière, sous le fleuve Litany,
02:48et puis au-delà, l'Abeka, où sont stationnés les missiles du Hezbollah.
02:53Alors toute la question de savoir maintenant, c'est est-ce que ça va continuer ?
02:57Est-ce que ces frappes vont continuer très intensives, massives ?
03:00Et puis après, la question du biais, est-ce que les Israéliens vont aller au sol ?
03:03Et là, ça serait une bascule, parce que ça serait autre chose.
03:06Pour répondre à ces questions, il faut savoir quels sont les buts de guerre d'Israël.
03:09Exactement, et là, le but de guerre, on le sait,
03:12c'est de ramener les Israéliens, les habitants dans le nord,
03:14c'est-à-dire les villages qui ont été évacués,
03:16on parle de 60 000, 80 000, peut-être 100 000 personnes dans le nord d'Israël,
03:20donc toute la bande frontalière qui est la cible des tirs du Hezbollah.
03:24Nathaniel Wadi, il faut ramener ces gens chez eux.
03:28Sauf qu'en provoquant ce déluge de feu, ça n'en prend pas le chemin,
03:33parce qu'en face aussi, à un moment donné, on va riposter,
03:35le Hezbollah n'a pas utilisé tout son arsenal,
03:38pour l'instant, évidemment, il est désorganisé, il est un peu sous terre,
03:40parce qu'après cette attaque des Bipeurs, et puis cette attaque massive,
03:44mais dans le sud-liban, il faut savoir que 95% des apparitions du Hezbollah
03:48sont dans le sud-liban, vous avez des gens enterrés,
03:50vous avez des tunnels, vous avez des cages, etc.
03:53La frontière est longue, on n'est pas à Gaza, la frontière c'est 120 km,
03:57la ligne bleue c'est 120 km, donc on voit Gaza, ils bombardent,
04:01mais depuis un an, ils n'ont pas réussi à éradiquer le Hamas,
04:04là, pour l'instant, on est au début de cette phase très violente de la part d'Israël.
04:09Et en face, on se posait effectivement la question de la réaction du Hezbollah,
04:12le chef du Hezbollah s'est exprimé la semaine dernière, Hassan Nasrallah,
04:16après l'explosion des Bipeurs, des Taki-Welkis,
04:20on avait peur, on craignait l'escalade, et finalement, non, pas du côté du Hezbollah.
04:24C'est-à-dire que le Hezbollah, mais aussi l'Iran, sont un peu coincés,
04:27ils voudraient répliquer, riposter, mais pas trop,
04:30parce qu'ils savent que si, effectivement, ils ripostent trop,
04:32Israël pourra encore aller plus loin, et alors là, carrément vitrifier
04:35tout le sud-liban et aller plus loin encore.
04:37Et donc, ils sont sur une posture un peu gênée, et d'ailleurs Nasrallah l'a dit,
04:41on ripostera, le moment venu, en un lieu opportun, etc.
04:46Donc, il essaie de garder le flou, encore une fois, le Hezbollah a été secoué,
04:50ils sont dans une phase où ils courbent la tête,
04:53mais c'est pour se réorganiser, c'est pas pour capituler.
04:56Il ne faut pas croire qu'en bombardant le sud du Liban,
05:01le Hezbollah va sortir le drapeau blanc.
05:04Oui, mais le Hezbollah est très affaibli aujourd'hui,
05:06et Hassan Nasrallah l'a même dit.
05:08Le Hezbollah est dans la population, il a plus de 150 000 missiles,
05:11150 000 missiles, toutes ses forces n'ont pas été détruites,
05:15les cadres ont été détruits, il a encore, par exemple,
05:19un moyen de communication, c'est son réseau filaire,
05:21qui est enterré, qui est autonome, dans tout le Liban.
05:23Donc voilà, ça va continuer, pour l'instant on a une phase qui avantage Israël,
05:28mais avantage Israël qui boxe à distance.
05:31Pour l'instant, on tire des missiles, mais on ne s'aventure pas au sol.
05:34Et là, le sol, ça serait peut-être, pour le coup, une bascule.
05:37— Alors, face à ce qui se passe au Proche-Orient, les pays occidentaux,
05:41les pays de l'ONU se réunissent, réunion à New York.
05:47Qu'est-ce que peut faire la communauté internationale
05:49face à ce qui se passe au Proche-Orient, Gilles ?
05:50— Comme d'habitude, pas énormément de choses.
05:52Il peut y avoir des choses symboliques.
05:53Une réunion du Conseil de sécurité, par exemple,
05:55qu'a demandé Jean-Noël Barraud, notre nouveau ministre des Affaires étrangères.
05:58Alors, je n'ai pas vu s'il avait été accepté ou pas.
06:01De toute façon, combien même... — Elle va avoir lieu, de toute façon.
06:04— Comment elle va avoir lieu, puisqu'on est en approche de l'Assemblée générale de l'ONU ?
06:08Combien même il y aurait une réunion du Conseil de sécurité,
06:11je pense pas que ça va régler grand-chose sur le terrain.
06:14Il me semble qu'en tout cas, les parrains des deux belligérants,
06:17les États-Unis pour Israël, l'Iran pour le Liban, ne veulent pas une escalade.
06:23Donc la question, c'est évidemment quel est le risque d'escalade.
06:27Tant que les parrains ne le souhaitent pas, ça me paraît assez limité.
06:31Il pourrait y avoir l'intervention au sol israélienne, dont parlait Christian.
06:34Alors je ne suis pas spécialiste, mais Israël a-t-il les moyens
06:37à la fois de garder des forces à Gaza, donc au sud de son pays,
06:42et d'intervenir au nord ? On connaît la puissance de Tsaï.
06:45Mais enfin, sont-ils capables de faire les deux à la fois ? Je n'en sais rien.
06:48Et puis c'est vrai que les buts sont quand même assez différents.
06:50À Gaza, c'est l'éradication du Hamas dont on peut comprendre
06:53que ça soit compliqué, que ça dure longtemps, etc.
06:56Là, c'est faire revenir 60 000 civils, ce qui est assez compliqué.
06:59Et je ne sais pas si ce que fait Tsaï aujourd'hui est le meilleur moyen pour y arriver.
07:03Mais c'est vrai qu'on n'est quand même pas dans une opération de la même ampleur,
07:08ni par ses moyens, ni par ses buts, que celle que Tsaï mène à Gaza.
07:12Ce qui interroge évidemment, c'est l'attitude du Hezbollah, on le disait.
07:15C'est-à-dire qu'il faut rappeler que la riposte, elle existe déjà.
07:18Elle existe même depuis le 8 octobre, puisque le Hezbollah a commencé
07:22à bombarder de nouveau le nord d'Israël au lendemain du 7 octobre.
07:26Mais c'est vrai qu'au regard de l'arsenal dont dispose la militie libanaise,
07:30cet arsenal n'est pas déployé, il n'est pas utilisé aujourd'hui.
07:33Hier encore, le Hezbollah a envoyé des requêtes, il y a eu des alertes du côté du port d'Haïfa, etc.
07:39Et effectivement, il y a entre 60 000 et 100 000 Israéliens,
07:43population civile, qui ont été déplacés ces derniers mois.
07:47Donc tout ce qui interroge, c'est de savoir s'ils ont...
07:50D'abord, c'est le niveau de désorganisation et d'affaiblissement du Hezbollah
07:53au regard de la succession d'attaques subies depuis la semaine dernière.
07:58Et puis, évidemment, le Hezbollah n'est pas un mouvement indépendant.
08:03C'est un proxy, comme on dit, c'est un proxy téléran.
08:06Donc si jamais la riposte, pour l'instant, ne va pas au-delà de ce qu'elle est,
08:11c'est sans doute parce que l'Iran, de fait, n'a pas donné son feu vert à Saddam Hussein.
08:16Mais s'il le faisait, si Téhéran le fait, évidemment,
08:19le conflit prendrait une autre ampleur, une autre tournure.
08:21– Christian, est-ce que dans l'équation, les pays arabes ont leur mot à dire ?
08:24– Non, pas vraiment.
08:26Encore une fois, c'est surtout l'Iran,
08:27mais je voulais revenir un peu sur les buts de guerre israéliens,
08:29donc faire revenir la population, et aussi créer un nouvel ordre au sud du Liban,
08:34une sorte de zone tampon sur 30-40 kilomètres sans les gens du Hezbollah,
08:38d'où les bombardements massifs, et peut-être au plan diplomatique, refaire cette 17-01.
08:43En fait, là, on est un peu dans le match retour de 2006.
08:45– De la résolution du 17-01.
08:46– Voilà, où ils avaient fait match nul entre le Hezbollah et Israël.
08:50Une résolution était intervenue, d'ailleurs sous l'impulsion de Jacques Chirac,
08:54on avait mis une finule robuste, ça n'avait pas marché finalement,
08:57le Hezbollah était revenu sur ses terres,
09:00et là, les Israéliens aimeraient finalement refaire quelque chose d'encore plus robuste,
09:04mais ça ne résoudra pas le problème.
09:05– Il y a une question aussi sur le timing,
09:06parce qu'on approche les un an d'après le 7 octobre,
09:10on y est dans quelques jours,
09:12est-ce qu'il n'y a pas une volonté aussi pour Israël de dire,
09:14voilà, un an après, on a bombardé Gaza, on a essayé d'éradiquer le Hamas,
09:19et on s'attaque au Hezbollah,
09:21en fait on veut se montrer plus fort alors qu'ils ont voulu nous affaiblir ?
09:24– Il y a une démonstration de force,
09:26moi je crois plutôt aussi à l'élection américaine qui plane sur ces événements,
09:29c'est-à-dire que là, les Israéliens profitent de ce vide finalement,
09:33de la diplomatie américaine, qui est en pleine élection présidentielle,
09:36et donc Netanyahou pousse ses positions le plus loin possible,
09:42en sachant que peut-être il y aura un nouveau président,
09:43peut-être Trump ou Kamala Harris.
09:45– Ça change quelque chose d'ailleurs, que ce soit l'un ou l'autre ?
09:47– Moi je ne sais pas, peut-être qu'on sait que Trump et Netanyahou s'entendent bien,
09:52mais en tout cas il y a ce vide un petit peu diplomatique,
09:55et je pense que les Israéliens en profitent pour pousser leur pion.
09:57– Merci beaucoup Christian Cheneau pour votre décryptage de la situation
10:00au Proche-Orient, journaliste à la rédaction internationale de Radio France,
10:04je rappelle que vous étiez au Liban la semaine dernière,
10:07on y reviendra dans les prochaines minutes sur France Info,
10:09dans un instant on revient en France,
10:11pour parler du sujet préféré des Français, ou presque, les impôts !
10:15Mais d'abord, un passage par le fil info de Maureen Swiniard à 9h16.
10:19Les premières tensions au sein du nouveau gouvernement,
10:21alors que Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur,
10:23veut se pencher sur la suppression de l'aide médicale d'État,
10:27Agnès Pannier-Runacher juge que cela ne serait pas acceptable,
10:30la ministre de la Transition écologique estime que l'AME
10:33est un dispositif de santé publique.
10:35Des prélèvements ciblés sur les ménages les plus aisés
10:38et sur les entreprises sont à l'étude,
10:40confirme de son côté ce matin le ministre de l'Économie,
10:43Antoine Armand affirme que la France a un des pires déficits de son histoire,
10:48sur France Info, le patron du Medef confirme être prêt,
10:51exceptionnellement, temporairement,
10:53à une augmentation des impôts pour les grandes entreprises.
10:56Le sud du Liban, de nouveau frappé la nuit dernière,
10:59les bombardements de l'armée israélienne qui divisait le Hezbollah,
11:04près de 500 personnes sont mortes dans le pays hier,
11:06des milliers de civils ont dû fuir,
11:09la France veut une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
11:12Biogarant, Viatrice, Sanofi s'endosent,
11:14au total, ce sont 11 laboratoires qui sont sanctionnés
11:17par l'Agence de sécurité du médicament,
11:198 millions d'euros d'amende au total.
11:21Ces laboratoires n'ont pas fait les 4 mois de stock de sécurité obligatoire
11:25pour les médicaments jugés essentiels.
11:28France Info
11:32Les informés, Renaud Dely, Saliha Drakia
11:38Les informés continuent avec Gilles Bernstein,
11:41éditorialiste politique à France Info Télé,
11:44avec Audrey Thizon, journaliste au service politique de France Info et Renaud.
11:48Michel Barnier veut augmenter les impôts,
11:50mais attention, pas pour tout le monde.
11:51Alors solliciter les plus fortunés pour participer
11:54à l'effort de redressement des finances publiques,
11:56c'est une piste évoquée par le Premier ministre,
11:58notamment avant-hier soir, aux 20h de France 2.
12:01Et puis aussi solliciter certaines entreprises,
12:03certains groupes, certaines sociétés
12:05qui ont fait des profits exceptionnels
12:07avec un certain nombre de pistes.
12:09Elles aussi travaillent en ce moment
12:11sur des remises en cause ou pas,
12:13d'allègements de charges ou d'autres dispositifs.
12:15Est-ce que le gouvernement pourrait alourdir la pression fiscale
12:18sur les entreprises,
12:19et est-ce que surtout les chefs d'entreprises
12:21seraient d'accord pour y consentir ?
12:23Et bien, surprise, Patrick Martin,
12:25le président du Medef, qui était votre invité ce matin,
12:29sa lien n'y est pas totalement hostile.
12:31Ce ne seront pas les entreprises
12:33qui seront les variables d'ajustement,
12:35mais s'il le faut, exceptionnellement,
12:37temporairement, elles pourront apporter
12:39leurs contributions, mais dans des proportions faibles.
12:42Commençons par réguler la dépense publique.
12:44Sous cette réserve, sous réserve
12:46que les décisions prises en matière de fiscalité,
12:48charges sociales, n'affectent pas,
12:50n'altèrent pas fondamentalement la compétitivité française,
12:53je le redis, dans une conjoncture qui est très fragile,
12:55on est ouvert à la discussion.
12:57On est sous réserve, avec un certain nombre de conditions,
12:59il faut d'abord que l'État montre l'exemple
13:01en réduisant les dépenses publiques,
13:03mais il n'empêche que le président du Medef n'est pas hostile
13:05à l'ouverture de la discussion sur l'accroissement
13:07d'une certaine pression fiscale ciblée
13:09sur certaines entreprises,
13:11c'est assez nouveau comme ton,
13:13et est-ce que ça ne serait pas dû aussi au fait que
13:15le patronat, semble-t-il, a eu une grande peur,
13:17comme on a senti poindre tout à l'heure
13:19à travers l'entretien avec Patrick Martin,
13:21c'était redouté que le NFP
13:23arrive à Matignon, soulagé,
13:25il fait plutôt un bon accueil
13:27à Michel Barnier.
13:29Alors que la droite veuille augmenter les impôts,
13:31déjà c'était étonnant, mais que le Medef accepte
13:33de payer plus d'impôts, celle-là encore plus, Audrey Tizon.
13:35Oui, alors on a bien compris que c'était
13:37un oui-mais de la part du Medef,
13:39il y a quand même
13:41un certain nombre de conditions
13:43qui sont posées, d'abord le fait que
13:45l'État commence par soi-même,
13:47Charité bien ordonnée commence par soi-même,
13:49faites des économies au sein de l'État
13:51dans vos dépenses publiques, et puis nous,
13:53on mettra peut-être un petit peu la main à la poche
13:55du côté des entreprises.
13:57L'autre condition, c'est que ce soit
13:59une contribution qui reste
14:01exceptionnelle, temporaire,
14:03voilà ce qu'a dit
14:05Patrick Martin tout à l'heure,
14:07à l'image, par exemple, de ce qu'avait pu faire
14:09François Hollande, il y a quelques années,
14:11il avait demandé
14:13une contribution des entreprises
14:15les plus...
14:17celles qui étaient
14:19en meilleure santé, qui avaient
14:21des chiffres d'affaires supérieurs à
14:231 milliard d'euros, ça avait duré
14:25quelques années, et puis après ça avait
14:27disparu, donc peut-être que
14:29les entreprises peuvent consentir
14:31à cet impôt, bon, quelque part
14:33l'État n'a pas alors demandé
14:35l'autorisation, mais on
14:37se doute bien qu'il y aura des discussions
14:39assez resserrées, notamment entre
14:41Bercy et les entreprises, pour pouvoir
14:43trouver le meilleur étiage,
14:45et surtout le meilleur curseur sur lequel
14:47travailler, de manière à ce que ça ne touche pas
14:49par exemple les TPE, PME.
14:51Quel est le meilleur levier pour augmenter les impôts,
14:53parce qu'il y en a plusieurs évidemment,
14:55Patrick Martin qui voit Michel Barnier
14:57ce soir,
14:59est-ce que ça peut passer par l'impôt sur les sociétés,
15:01qui serait du coup un impôt plus pérenne
15:03que la contribution exceptionnelle évoquée ?
15:05Ce n'est pas totalement impossible, le taux de l'impôt sur
15:07les sociétés a été considérablement réduit
15:09en France depuis une dizaine d'années, je crois qu'il est à
15:1125 points maintenant, il était à 33
15:13il n'y a encore pas très longtemps, donc oui,
15:15c'est un des leviers possibles, mais il se passe quand même des choses
15:17bizarres. D'abord, je suis tout à fait d'accord avec Renaud, pour les
15:19patrons, un peu d'impôt c'est mieux que beaucoup
15:21de LFI, donc entre deux mots
15:23on choisit le moindre,
15:25et là,
15:27bon, une taxe,
15:29pour peu qu'elle soit temporaire, parce que des LFI
15:31au gouvernement ça peut durer longtemps, ça c'était pas
15:33terrible, il est quand même en train de se passer
15:35quelque chose, parce que mot des uns,
15:37mot des uns après mot des autres,
15:39les impôts vont augmenter en France,
15:41ce qui était le tabou ultime,
15:43absolu, qui était une des seules choses
15:45qu'Emmanuel Macron ne transgressait jamais,
15:47à savoir la hausse des impôts, ben on sent que ça
15:49va arriver, puisque là on n'est pas en train de se demander
15:51si ça va arriver,
15:53on est en train de se demander quels impôts,
15:55quels taux, etc.
15:57Est-ce qu'ils sont pas un peu en train de jouer sur les mots, parce que Michel Barnier lui-même
15:59pendant sa passation, disait
16:01vous ne trouverez pas de hausse
16:03d'impôts dans mes tiroirs,
16:05disait-il à son successeur,
16:07alors qu'on sait que
16:09les services ont travaillé dessus.
16:11Il y aura des hausses d'impôts, j'écoutais Antoine
16:13Armand sur France Inter
16:15avant de venir, qui lui aussi
16:17sans dire oui français, préparez-vous
16:19aux hausses d'impôts, disait oui,
16:21on y réfléchit, enfin commençait à rentrer quand même,
16:23petit à petit, on sent qu'au début c'était
16:25un ballon d'essai, puis on sent que petit à petit
16:27il rentre dedans, alors ce qui paraît acté
16:29c'est qu'il y en aura, ce qui paraît acté
16:31c'est qu'il y en aura sur les entreprises, est-ce que ça sera
16:33sur les rentes exceptionnelles, est-ce que ça sera sur l'IS,
16:35les rentes exceptionnelles c'est évidemment plus
16:37populaire, mais enfin une rente exceptionnelle
16:39comme on l'indique elle est exceptionnelle,
16:41donc même si ils arrivent à gratter
16:432 ou 3 milliards cette année, que c'est
16:45rétroactif comme on en parle, ça peut pas durer
16:47éternellement, alors que l'IS vous avez raison,
16:49c'est exceptionnel. Sur la baisse
16:51du barème, enfin sur la non-indexation,
16:53vous l'avez demandé à Patrick Martin, la non-indexation
16:55du barème de l'impôt sur le revenu,
16:57Patrick Armand a eu l'air, enfin moi
16:59en l'écoutant, Antoine Armand
17:01pardon, j'ai eu plutôt l'impression
17:03que c'était à l'économie, j'ai eu l'impression
17:05que c'était plutôt non, puisqu'il a redit c'est pas pour les Français
17:07qui travaillent, or l'impôt sur les revenus
17:09c'est les Français qui travaillent,
17:11alors sur les...
17:13Ça aurait été une augmentation d'impôt caché.
17:15Ça aurait été une augmentation d'impôt caché, donc sur
17:17les entreprises je crois que Patrick Martin
17:19va être content, il l'aura,
17:21son augmentation.
17:23Je sais pas ce qu'il a réclamé.
17:25Sur les hauts patrimoines,
17:27sur les hauts patrimoines, je pense que ça serait
17:29pas impossible non plus, sur le travail
17:31ça me paraîtrait
17:33étonnant. Et alors Renaud ?
17:35Ce qui me semble-t-il
17:37d'un point de vue politique assez
17:39symptomatique comme de la période, c'est que la perte est quand même
17:41assez rude pour Emmanuel Macron.
17:43Si j'ose dire, passer ma expression,
17:45c'est un peu le dernier coup de pelle sur le bilan du
17:47macronisme. D'un côté on a la fin
17:49du en même temps, la fin du dépassement
17:51du clivage droite-gauche, puisque le fait est
17:53que le gouvernement s'est calé à droite
17:55bien à droite, avec une forte contribution
17:57des macronistes, donc on voit
17:59que voilà, Didier Migaud
18:01lui seul ne
18:03ne perpétue pas le en même temps qui avait
18:05été effectivement à l'origine de l'élection
18:07d'Emmanuel Macron en 2017, d'un point de vue
18:09politique. Et puis sur le fond, comme le disait
18:11Gilles Bornstein excellemment à l'instant,
18:13effectivement c'était un tabou absolu
18:15d'évoquer, ne serait-ce
18:17que l'idée d'une hausse d'impôts,
18:19que ce soit pour les particuliers ou pour les
18:21entreprises d'ailleurs, depuis
18:232017. Et un tabou répété
18:25par Bruno Le Maire
18:27par exemple, pendant des années et des années.
18:29Et donc là c'est effectivement, d'un point de vue
18:31symbolique et d'un point de vue poétique, je pense que c'est
18:33un vrai virage.
18:35Après, dans les modalités,
18:37c'est pas acté.
18:39Parce que quand on passe en revue, et vous l'avez fait tout à l'heure
18:41avec Patrick Martin, des niches fiscales comme
18:43le crédit impôts recherche, une remise en cause éventuelle
18:45de l'aide à l'apprentissage, en tout cas sur certains
18:47sur un certain niveau.
18:49Il y a une
18:51foultitude, la question des allégements de charges
18:53ciblées, de façon
18:55peut-être d'ailleurs à participer
18:57à la désmicardisation qui avait été un objectif
18:59avancé par Grebel et Attal, et de relancer un certain
19:01nombre de hausses de salaire. Bon, tout ça on voit bien que pour l'instant
19:03le MEDEF évidemment n'y est pas favorable
19:05mais sauf qu'il a mis le doigt dans l'engrenage
19:07si j'ose dire, Patrick Martin, en disant on est prêts à discuter
19:09et effectivement il faut aussi, sous
19:11condition que le patronat
19:13mette la main à la poche, en tout cas fasse un effort pour
19:15redresser les finances publiques, je pense que le
19:17mécanisme est enclenché.
19:19D'autant qu'après le dernier coup de pelle, il y a un autre coup de pelle
19:21puisqu'il y a aussi les retraites et l'assurance
19:23chômage. Astrid Panossian-Bouvet a été nommée au
19:25ministère du Travail. Ses convictions
19:27à la fois sur la réforme de l'assurance
19:29chômage et sur les réformes des retraites étaient connues
19:31je suppose qu'ils avaient lu ces déclarations
19:33alors je ne sais pas si ça ira bien, non mais il n'y aura pas
19:35abrogation de la réforme.
19:37Il n'y aura pas abrogation de la réforme.
19:39Mais bien sûr, une ligne rouge c'est
19:4164 ans, comme il y a une ligne rouge c'est
19:43les impôts des français qui travaillent et des classes moyennes
19:45on peut écrire toutes les lignes rouges qu'on veut
19:47on peut
19:49écrire toutes les lignes rouges qu'on veut, ça va un peu
19:51bouger sur les retraites et ça aussi c'était
19:53un tabou et ça va bouger sur l'assurance chômage
19:55ce qui n'était peut-être pas énormément.
19:57Mais est-ce que ça va vraiment bouger sur l'assurance chômage ?
19:59Parce que la conviction de Patrick Martin qui était
20:01à ma place là, il y a quelques minutes, il dit
20:03elle a beau dire, Astrid Panossian-Bouvet
20:05qu'elle était contre la
20:07nouvelle réforme. C'est le premier ministre qui décide.
20:09C'est le premier ministre qui décide et puis maintenant elle est ministre
20:11donc il faut qu'elle suive la ligne du gouvernement
20:13elle ne peut plus choisir en fonction de ses
20:15envies. Elle est quand même ministre du Travail
20:17elle a relancé, elle a tout de suite dit qu'elle allait
20:19inviter les partenaires sociaux. J'ai entendu le même
20:21Antoine Hamon dire oui maintenant il faut relancer le dialogue
20:23social et quand il lui a été demandé
20:25est-ce que ces temps-ci il avait été
20:27maltraité, il n'a pas nié. Donc
20:29ça ne sera pas massif
20:31mais sur un certain nombre de choses
20:33des choses bougent.
20:35Ce qui est un petit peu
20:37cocasse entre guillemets c'est que la
20:39droite arrive plus
20:41ou moins au pouvoir. Alors d'aucuns diront
20:43que le gouvernement précédent d'Emmanuel Macron
20:45était déjà à droite, c'est un autre débat.
20:47Mais on a clairement un premier ministre
20:49de droite et c'est lui qui va
20:51être amené à assouplir
20:53la réforme des retraites, réformer la réforme
20:55comme il dit mais ce sera sans doute plutôt
20:57des aménagements et c'est lui
20:59qui va taxer davantage les entreprises.
21:01Je pense qu'il y en a certains à droite
21:03qui sont en train d'avaler leur chapeau.
21:05Lui et Patrick Martin.
21:07Michel Barnier et Patrick Martin, homme de gauche
21:09On a perdu tous les capteurs là.
21:11Je pense qu'il faut peut-être distinguer les deux dossiers
21:13entre la réforme des retraites et l'assurance-chômage parce que
21:15la réforme des retraites certes, le fait de se remettre
21:17autour de la table et de discuter d'éventuels aménagements
21:19liés par exemple
21:21à la situation des femmes,
21:23à l'emploi des seniors, à la pénibilité
21:25c'est un pas que ne faisait pas l'équipe
21:27précédente mais je pense que l'essentiel
21:29pour Emmanuel Macron c'est
21:31le fait d'avoir obtenu
21:33le report du départ de l'âge légal
21:35à 64 ans. En revanche
21:37sur l'assurance-chômage, je pense qu'il y a un moyen
21:39un outil qui va peut-être permettre
21:41au gouvernement de vraiment bouger, c'est tout simplement
21:43redonner la main aux partenaires sociaux. Il faut rappeler que si
21:45le gouvernement a légiféré
21:47enfin en tout cas a pris son décret pour
21:49modifier l'assurance-chômage,
21:51c'est parce que les partenaires sociaux ne s'étaient pas mis
21:53d'accord au préalable et là il semble bien
21:55qu'on s'oriente vers cette porte
21:57de sortie, c'est-à-dire de redonner la main
21:59aux partenaires sociaux pour qu'ils négocient
22:01une nouvelle convention de l'assurance-chômage.
22:03On va suivre le dossier. Merci beaucoup
22:05à tous les trois, à Gilles Bernstein, éditeur réaliste politique
22:07à France Info Télé. Merci d'être passé
22:09Gilles. Audrey Tizon, journaliste
22:11au service politique de France Info.
22:13Merci à vous Renan. On se retrouve
22:15demain. Les informés du soir reviennent donc ce soir
22:17à 20h avec Agathe Lambret et
22:19Jean-Rémi Baudot.