Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Benjamin Fontaine et Renaud Dély.
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00:00Et bienvenue dans Les Informés du matin, on décrypte l'actualité ensemble jusqu'à 9h30.
00:10Bonjour Renaud Delis.
00:11Bonjour Benjamin.
00:12Avec nous ce matin Victoria Coussat, journaliste au service politique de France Info.
00:15Bonjour.
00:16Et Sylvain Courage, directeur adjoint du Nouvel Obs.
00:18Bonjour à vous.
00:19Bonjour.
00:20Avant de parler du plan de Gérald Darmanin pour les prisons françaises, Renaud, notre
00:23premier débat du jour, les négociations en cours entre François Bayrou et la gauche
00:28pour construire un budget.
00:29Oui, parce que ce budget a été adopté hier par le Sénat où la majorité est à droite,
00:35mais l'ensemble de la gauche et notamment les sénateurs socialistes ont voté contre
00:38ce budget.
00:39Rappelons que le gouvernement affiche l'objectif de ramener le déficit de 6,1% du PIB fin 2024
00:44à 5,4% fin 2025.
00:47Il table sur 32 milliards d'économies et 21 milliards de recettes supplémentaires.
00:52Il y a donc un certain nombre de coupes budgétaires dans un certain nombre de secteurs, par exemple
00:56l'éducation, l'environnement, la culture, que les socialistes rejettent.
01:00Ils veulent rétablir ces crédits et alors qu'il est, les socialistes vont savoir qu'ils
01:04pourraient d'ailleurs voter une motion de censure à l'Assemblée nationale si celle-ci
01:09était présentée à l'issue d'un rendez-vous capital la semaine prochaine, jeudi prochain,
01:13la réunion de la commission mixte paritaire décisive, sept députés, sept sénateurs
01:17qui vont donc tenter d'établir un compromis.
01:20Comment vont se passer ces négociations dans les jours qui viennent, dans les heures qui
01:23viennent avec la gauche, en particulier donc avec les socialistes ? Si les socialistes
01:28font monter la pression du côté du gouvernement, on se veut plutôt rassurant, c'est ce que
01:32disait il y a quelques minutes sur ce plateau la ministre en charge des comptes publics,
01:36Amélie de Montchalin.
01:37Les gens ne rentrent plus dans la pièce en disant, c'est ça où je pars.
01:40Ils rentrent dans la pièce en disant, j'ai des priorités.
01:42Le coût du compromis qui rentre dans le cadre, au fond c'est le contrat qu'on a posé,
01:47des 5,4 % de déficit, il est infiniment inférieur, ce coût du compromis, au coût
01:54de la censure.
01:55Et les socialistes resteront dans l'opposition, simplement qu'aujourd'hui, ils ont, et de
02:00manière tout à fait sincère, compris et surtout ils se sont engagés pour que nous
02:05ayons un budget parce que ce qui coûte le plus cher, c'est que nous soyons dans cette
02:08instabilité.
02:09Alors ils se sont engagés certes à ne pas semer le chaos politique et financier des
02:14socialistes mais pas pour autant à approuver le budget du gouvernement et pas pour autant
02:17d'ailleurs à ne pas voter une éventuelle motion de censure.
02:20Donc on entend l'optimisme d'Amélie de Montchalin mais est-ce que ça veut dire que le gouvernement
02:25est prêt à céder sur un certain nombre de points stratégiques et importants aux
02:29yeux des socialistes pour éviter la censure ?
02:31Puisqu'on parle de ces points stratégiques, Victoria Koussa, qu'est-ce qu'ils réclament
02:35encore les socialistes aujourd'hui ?
02:36Ils réclament déjà de récupérer le deal qu'ils ont conclu avec le gouvernement qui
02:40a été en partie supprimé par les sénateurs.
02:42Il n'y a rien d'étonnant dans tout ça.
02:44Par exemple, revenir sur la suppression des 4000 postes d'enseignants.
02:48Les sénateurs ont supprimé cet amendement.
02:51Là, l'enjeu sera déjà de revenir sur ce point-là.
02:56Et puis tous les coups de rabot, Renaud en parlait, l'éducation, l'environnement aussi.
03:02Là, les socialistes commencent vraiment à mettre la pression là-dessus.
03:04Peut-être avec une stratégie derrière d'embarquer avec eux les écologistes parce que s'ils
03:09obtiennent par exemple des garanties sur l'environnement avec peut-être une suppression
03:14moins importante du budget, peut-être qu'ils réussiraient à embarquer des députés écologistes
03:20dans la non-censure, ce qui est difficile à croire pour l'instant.
03:24En tout cas, il y a beaucoup de négociations, les échanges sont continus entre les socialistes,
03:29les figures socialistes et les membres du gouvernement, notamment Aversy, certainement
03:34avec une réunion la semaine prochaine avant cette commission mixte paritaire dans pile une semaine
03:39qui sera cruciale pour la suite, pour le budget et politiquement pour les socialistes.
03:43S'il vous encourage, on a entendu Amélie de Montchalin il y a quelques minutes sur ce plateau nous dire
03:47tout va se jouer en commission mixte paritaire, ce sera entre les mains des sénateurs, des députés.
03:52En réalité, il y a quand même beaucoup de choses qui vont jouer aussi dans les six prochains jours, non ?
03:55Bien sûr, c'est ce qu'on appelle le money time dans les sports américains.
04:00En fait, François Bayrou avait annoncé que l'effort budgétaire serait de 50 milliards.
04:04Le budget, tel qu'il ressort du vote du Sénat, il est à 53 milliards.
04:08Donc ça veut dire qu'il y a 3 milliards, si mon compte est bon, il y a 3 milliards à négocier,
04:12ce serait le prix finalement de l'abstention socialiste au moment de la censure.
04:17Donc effectivement, c'est des tractations qui engagent les groupes parlementaires,
04:20mais le gouvernement a un rôle essentiel puisque la commission mixte paritaire,
04:23c'est une première manière de réintroduire des mesures qui ont déjà été promises aux socialistes,
04:27notamment ces postes d'enseignants.
04:30Mais une fois que la commission paritaire se sera prononcée, si elle adopte ce budget,
04:34le gouvernement peut encore repasser des changements,
04:38ensuite faire adopter le budget en engageant la responsabilité du gouvernement.
04:4249-3, censure, c'est à peu près ça le calendrier.
04:45Et donc dans la semaine qui vient et jusqu'au début de la semaine prochaine,
04:48là vraiment, on est dans la fin de la négociation.
04:50Donc tout le monde y va de son coup de bluff.
04:53Mais il faut savoir que la censure aurait des conséquences pour le gouvernement,
04:55mais aussi pour les socialistes.
04:57Pour eux, ce serait quand même un renoncement.
05:00Faire volte-face à ce moment-là, ça aurait des conséquences sans doute graves pour eux
05:03vis-à-vis de leur partenaire, enfin, ex-partenaire du NFP, et puis vis-à-vis de l'opinion.
05:08Toujours partenaire, Victoria Koussa, pour l'instant ?
05:10Alors, toujours partenaire, mais encore une fois, et je le répète à chaque fois,
05:14mais le Nouveau Front Populaire, c'est pas la nupe.
05:16C'est vraiment une alliance électorale qui a été conclue
05:19dans un contexte très particulier pour lutter contre l'extrême droite.
05:22Et personne n'a la main sur le NFP.
05:24Donc quand Jean-Luc Mélenchon dit que si le PS ne vote pas la censure,
05:29ils ne feront plus partie du NFP, ça ne veut rien dire,
05:32puisque le NFP n'existe pas vraiment.
05:34Et donc c'est un coup de pression, et donc ils restent partenaires,
05:37ou du moins, ils restent dans l'opposition à l'Assemblée.
05:40C'est vrai que c'est leur point en commun à gauche.
05:42Mais oui, le NFP continue de rester une alliance électorale.
05:47Renaud ?
05:48Voilà, juste sur ce point-là, le NFP, c'est juste un cartel électoral d'opportunités.
05:51Donc ça se traduira, il n'y a pas de fonds, il n'y a rien en commun,
05:54il n'y a plus rien en commun d'ailleurs, pas grand-chose entre les insoumis et les socialistes.
05:58Ce qui actera définitivement l'enterrement du NFP,
06:02c'est au moment où il y aura à nouveau plusieurs candidats de gauche
06:04au premier tour de diverses élections, par exemple.
06:06Ce n'est pas encore le cas pour les élections législatives partielles, on l'a vu.
06:09Mais ça devrait normalement arriver à un moment ou un autre,
06:12au vu de l'importance des dissensions, et puis évidemment les municipales.
06:16En fait, ce à quoi on assiste, clairement, sur le budget, c'est un remake.
06:19C'est exactement ce qu'on a vu au moment du discours de politique générale,
06:22c'est-à-dire une discussion entre le gouvernement et le bloc central avec les socialistes,
06:28avec un intérêt convergent, c'est du côté de François Bayrou et du bloc central
06:32de se sortir des griffes, j'allais dire, du RN,
06:36et donc de ne plus dépendre du bon vouloir de Marine Le Pen,
06:39et puis pour les socialistes, d'essayer de ressusciter cette gauche dite de gouvernement
06:44qui, au nom de la responsabilité, veut essayer de négocier pour arracher des concessions
06:49en faveur des Français, ça c'est la prise de position des socialistes.
06:52Et normalement, il y a une logique à ce que ce à quoi on assistait se renouvelle au moment du budget,
06:59parce qu'effectivement, comme le disait Sylvain Courage,
07:02il y aurait des conséquences extrêmement lourdes si jamais le budget a été de nouveau rejeté,
07:07ce fut le cas avec la chute du gouvernement Barnier,
07:10il y aurait des conséquences extrêmement lourdes d'un point de vue politique bien sûr,
07:13mais aussi financier, la réaction des marchés et autres,
07:16et ça compliquerait quand même considérablement la situation du pays,
07:19et puis ça pourrait aussi avoir des conséquences pour les socialistes que de rechanger de stratégie,
07:24et justement de revenir en quelque sorte à la maison NFP pour se prendre des coups de règle de Jean-Luc Mélenchon.
07:29Ça deviendrait illisible, mais évidemment ça ne peut fonctionner que si le gouvernement accorde,
07:35comme François Bayrou l'avait fait au moment du discours de politique générale,
07:39un certain nombre d'éléments concrets aux socialistes,
07:42un certain nombre de concessions et d'avancées qui permettent aux socialistes de justifier leur non-censure.
07:46Une nouvelle censure coûterait effectivement cher aux socialistes, ils le savent,
07:50sauf qu'il y a un signal qui inquiète des macronistes, et ils ont raison,
07:53c'est qu'il y a 8 députés socialistes qui ont voté la dernière fois la censure,
07:578, alors que beaucoup d'autres hésitaient à la voter,
08:00et il suffirait de 21 voix de socialistes pour que le gouvernement de François Bayrou puisse être renversé.
08:0721 voix sur 66, c'est-à-dire que le gros morceau qui s'oppose à la censure
08:13peut très bien décider d'être dans la non-censure,
08:17sauf que s'il y a 21 députés qui votent la censure,
08:21le gouvernement de Bayrou pourrait tomber derrière,
08:23et c'est l'opinion qu'il rapporte d'ailleurs ce matin,
08:26qu'il y a un groupe WhatsApp qui a été créé,
08:29un groupe WhatsApp avec notamment plus d'une vingtaine de parlementaires dessus,
08:34qui sont en train d'essayer de pousser les uns les autres,
08:37d'entraîner les uns les autres à voter cette censure,
08:40et on voit surtout qu'il y a une fracture générationnelle au sein de ces parlementaires,
08:43avec la jeune génération pro-censure,
08:46et les autres qui savent que ça peut leur coûter très cher.
08:50C'est une nouvelle menace sur ce gouvernement Bayrou,
08:52ce groupe WhatsApp finalement, ça vient d'un peu partout.
08:54Merci Victoria, merci Sylvain Courage,
08:56on vous retrouve dans quelques instants pour la suite
08:58désinformée sur France Info,
09:00après le Fil Info à 9h15 avec Magali Oumou.
09:04Le retour de Serge Hatlaoui en France,
09:06le 4 février annonce le gouvernement de l'Indonésie,
09:09où ce Mosélande 61 ans est incarcéré,
09:11condamné à mort il y a 17 ans pour trafic de drogue.
09:15Les conducteurs de bus à Marseille ont repris le travail ce matin,
09:19ils ont exercé leur droit de retrait hier soir,
09:21après la violente agression de l'un de leurs collègues,
09:24la RTM a porté plainte.
09:26Le tout premier déplacement de Donald Trump en tant que président des Etats-Unis,
09:30attendu aujourd'hui en Caroline du Nord, frappé par l'ouragan Hélène en octobre.
09:34Puis il se rendra en Californie, notamment à Los Angeles,
09:38ravagé par les incendies.
09:40Le climato-sceptique républicain menace de couper les aides fédérales à cet Etat démocrate.
09:44En France, 20 000 fumeurs ou anciens fumeurs de tabac
09:48vont participer à un programme pilote de dépistage du cancer du poumon.
09:52D'ici la fin de l'année, il doit permettre ce programme
09:54d'aboutir à un dépistage généralisé sur tout le territoire
09:58de cette maladie qui fait 30 000 morts chaque année dans le pays.
10:02Il n'ira pas plus loin cette fois.
10:04Novak Djokovic, 10 fois vainqueur de l'Open d'Australie,
10:07a dû abandonner ce matin en demi-finale face au numéro 2 mondial Alexander Zverev.
10:12Le tennisman serbe souffre d'une déchirure musculaire.
10:19France Info
10:22Les informés
10:24Renaud Delis
10:25Benjamin Fontaine
10:28La suite des informés également avec Victoria Koussa
10:30du service politique de France Info
10:32et Sylvain Courage, directeur adjoint du Nouvel Obs.
10:34Sylvain Courage, on évoquait il y a un instant la position du Parti Socialiste.
10:38Est-ce qu'il peut changer de stratégie finalement ce PS,
10:41voter la censure après avoir refusé de le faire sur le discours de politique générale ?
10:46Ça aurait du sens ?
10:47Il n'y a pas intérêt, mais comme vient de le rappeler Victoria Koussa,
10:50il y a un risque chez les socialistes, c'est le démon des frondeurs.
10:54On a déjà vu pendant un quinquennat à quel point sous François Hollande
10:59la discipline de vote n'était pas le fort des socialistes.
11:03Et là, il y a de nouveau un risque.
11:06Chaque député est libre de son suffrage.
11:08Et certains se sentent exposés par cette stratégie dans leur circonscription.
11:14Parce que la menace des insoumis de placer des candidats face à eux les met en difficulté.
11:21Certains sont tentés, au-delà de leur position idéologique
11:25ou de leur position à un budget qu'ils considèrent comme trop rigoureux,
11:29on craigne pour leur siège.
11:30Et ça, c'est un puissant moteur pour un député.
11:33Mais on voit bien aussi, on l'a entendu dans la bouche d'Amélie de Montchalin tout à l'heure,
11:36ils peuvent être aussi accusés de semer le chaos politique dans le pays une nouvelle fois.
11:40Mais le problème des frondeurs, c'est qu'ils n'assumeront pas forcément leur responsabilité.
11:43Ce sera le chef de file du groupe socialiste, Boris Vallaud,
11:47le premier secrétaire Olivier Faure,
11:49qui devront assumer la responsabilité du virage.
11:53Et ceux qui l'auront imposée, même minoritaire en fait,
11:57ben eux finalement n'en rendront pas de compte.
12:00Renaud Delis.
12:01Effectivement, ce qui peut aller quand même dans le sens d'un renouvellement
12:03de ce qu'on a vu lors du discours de politique générale,
12:05c'est aussi qu'il y a des échéances internes.
12:06On sait qu'il y a un congrès du Parti socialiste qui est programmé
12:09et qui serait difficile pour Olivier Faure,
12:11qui visiblement aspire à se succéder à lui-même,
12:14de changer de stratégie chaque mois,
12:16et donc de ne pas voter la censure une fois et de la voter ensuite sur le budget.
12:20D'ailleurs, politiquement, les conséquences d'un vote de la censure sur le budget
12:23seraient probablement plus importantes qu'elles ne l'auraient été
12:25sur le discours de politique générale.
12:27Sylvain Courage a raison d'évoquer la crainte de certains socialistes
12:31que les Insoumis mettent des candidats pour les faire battre.
12:34C'est effectivement un chiffon rouge qui est agité de longue date,
12:36déjà par Jean-Luc Mélenchon.
12:38Il y a quand même un argument qui va dans le sens inverse justement,
12:41c'est que le poids de l'opinion semble plutôt penché dans l'autre sens.
12:43Quand on regarde les deux élections législatives partielles
12:45qui se sont déroulées récemment, l'une en décembre,
12:47d'ailleurs au moment du débat et du vote de la censure du gouvernement Barnier,
12:50et puis l'autre la semaine dernière à Grenoble, dans l'ISER,
12:53on voit à chaque fois que ce sont deux candidats macronistes qui l'ont emporté.
12:57La première fois face au Rassemblement National dans les Ardennes,
12:59ce qui était complètement inattendu,
13:01au moment où Marine Le Pen et le RN décidaient de voter la censure,
13:04et puis la semaine dernière dans l'ISER, une très lourde défaite
13:08subie par le candidat insoumis qui était porté par l'ensemble du Nouveau Front Populaire,
13:13alors que cette circonscription, c'était un insoumis qui était un sortant.
13:17Et l'écart a été considérable, comme s'il y avait une forme d'une part
13:21de barrage qui s'était fait contre un candidat étiqueté insoumis,
13:24et donc ça, ça renvoie à la stratégie de radicalisation de Jean-Luc Mélenchon,
13:28qui semble quand même être majoritairement rejetée dans le pays de façon assez nette,
13:32et puis d'autre part, comme s'il y avait un coût politique justement
13:36payé par ceux qui sont accusés de vouloir bloquer le système politique,
13:41et comme si, effectivement, une majorité de l'opinion aspirait plutôt
13:44à une forme de stabilité, en tout cas pour un certain temps.
13:47Victoria Koussa, pour terminer sur ce débat, sur cette discussion,
13:50est-ce que le gouvernement, finalement, n'est pas condamné à céder aux socialistes,
13:54notamment dès lors que le coût politique, notamment, est plus important
13:58que le coût financier, si je puis dire, de ce que vont coûter toutes ces concessions ?
14:02Ce qui est sûr, c'est que ça a été très mal vécu de dépendre du Rassemblement National,
14:06et on a vu ce que ça a donné, c'est une censure du gouvernement Michel Barnier
14:11qui a traumatisé tout le monde, et donc il y a effectivement cette notion de
14:15on n'a pas vraiment le choix que de satisfaire les socialistes.
14:19Maintenant, jusqu'où vont-ils aller ? Les socialistes savent aussi,
14:24en tout cas à la tête du PS, on pense que la stratégie NUP à l'époque,
14:29NFP ensuite, leur a permis de se réancrer à gauche,
14:33et donc, là, ils peuvent un peu mettre de l'eau dans leur vin,
14:37édulcorer un peu les choses, en se montrant partis de responsabilité,
14:41en se montrant capables aussi de négocier avec le gouvernement,
14:44et puis le résultat, c'est que ça fait deux semaines, trois semaines,
14:47qu'on ne parle que du PS, et ça, ils le vivent, mais comme une renaissance,
14:52les socialistes, et donc il y a vraiment cette notion-là qui fait que
14:56ils ont capitalisé sur l'électorat de gauche grâce au NFP et à la NUP,
15:00et maintenant, ils sont en train d'aller un peu chercher tous les centristes de gauche,
15:04parce que c'est aussi à l'électorat qu'ils parlent dans la séquence.
15:08Prochain grand rendez-vous, en tout cas jeudi, cette commission mixte paritaire,
15:117 sénateurs, 7 députés qui vont discuter, trouver un compromis,
15:15en tout cas essayer sur ce budget 2025.
15:17On en vient à notre deuxième sujet du jour, Renaud,
15:19le plan de Gérald Darmanin pour les prisons françaises,
15:21ce plan est-il à la hauteur de la situation ?
15:24En tout cas, le garde des Sceaux était en déplacement hier à Agen,
15:27à l'école nationale d'administration pénitentiaire,
15:29pour dévoiler une batterie de mesures pour les prisons françaises.
15:33Il a notamment confirmé, il l'avait déjà annoncé,
15:36que les 100 plus gros narcotrafiquants seront regroupés,
15:39ce sera à partir du 31 juillet, dans un même établissement,
15:42réputé inviolable, où il sera absolument impossible, dit-il,
15:45de se faire livrer téléphone, drogue, bref, que les narcotrafiquants
15:48continuent justement depuis leur lieu de détention.
15:52Il a annoncé un certain nombre de mesures,
15:54et notamment ce qu'il appelle une révolution,
15:56qui concerne le personnel pénitentiaire.
15:59Je veux vous annoncer une deuxième révolution,
16:02la création enfin d'une police pénitentiaire,
16:05pour faire de votre administration
16:08la troisième force de sécurité intérieure de notre pays.
16:11Cette police pénitentiaire évaluera les missions de sécurité,
16:15de contrôle, de surveillance,
16:20m'aidera également les courageux agents des SPIP,
16:23qui posent des brasses électroniques dans des quartiers
16:25où pas grand monde ose aller.
16:27Alors créer une nouvelle police pénitentiaire,
16:29mais aussi doubler le nombre de places en semi-liberté d'ici 2027,
16:33davantage de crédits, davantage de moyens,
16:36au regard d'un état des prisons que le garde des Sceaux lui-même,
16:39Gérald Darmanin, considérait hier comme n'étant, je cite,
16:42pas digne d'un pays comme la France.
16:44Il a évoqué, Gérald Darmanin, 4 000 matelas par terre,
16:47des détenus mélangés dans des conditions effectivement invivables.
16:51On connaît cette situation, cette surpopulation carcérale.
16:54Alors est-ce que, y compris dans le contexte budgétaire,
16:56d'ailleurs qu'on évoquait à l'instant,
16:58la France a enfin les moyens de suffisamment investir
17:02pour restaurer des prisons qui soient vivables pour les détenus ?
17:06Et préparer la réinsertion, bien sûr.
17:084 millions d'euros pour cette prison ?
17:104 millions d'euros, c'est le budget pour le futur établissement
17:13qui doit regrouper l'ensemble des 100 plus gros narcotrafiquants.
17:17Sujet d'ailleurs qui pose d'autres questions aussi en termes de personnel.
17:20Parce que quel sera le personnel qui sera mobilisé ?
17:22On sait en plus que pour garder les narcotrafiquants les plus importants,
17:26il faut un personnel extrêmement abondant,
17:28de façon à ce que ce personnel tourne, puisse échapper aux menaces,
17:31aux pressions, voire aux tentatives de corruption dont ils sont souvent l'objet.
17:35Sylvain Courage, un seul établissement pour regrouper
17:37les 100 plus gros narcotrafiquants, en quoi c'est une bonne idée ?
17:40En tout cas selon Gérald Darmanin.
17:41Du point de vue du ministre, c'est une bonne idée
17:43parce qu'on va pouvoir les surveiller de plus près,
17:45avec les limites que vient d'indiquer Renaud Delis,
17:47c'est-à-dire qu'il faut avoir les moyens de le faire.
17:49Alors je pense que l'établissement, il l'est choisi.
17:51Dans les milieux pénitentiaires, on sait un peu où ça va être.
17:55Donc probablement, il va faire ce qu'il a dit, ouvrir ce premier centre.
17:59Ensuite, il faut qu'il trouve les personnels, les recruter.
18:01Je pense qu'il y a vraiment une limite là.
18:03Et puis après, on peut douter plus largement de l'allocation des moyens.
18:07Est-ce que le plus important, c'est de surveiller ces trafiquants
18:11qui sont des trafiquants endurcis ?
18:13C'est-à-dire que depuis la prison, et grâce au téléphone,
18:16grâce à la mauvaise surveillance qu'on exerce,
18:21on continue à gérer le trafic.
18:23Mais est-ce qu'il ne vaut pas mieux faire du renseignement,
18:26avoir une police puce qui essaie d'infiltrer les réseaux,
18:29pour faire tomber les réseaux, démanteler les filières
18:32qui sont internationales, que de concentrer 100 personnages,
18:36qui sont très dangereux et très malfaisants,
18:38mais qui finalement n'empêchent pas le trafic de ce...
18:44On peut se dire qu'il faut les deux.
18:45Il faut les deux.
18:46Mais pour l'instant, Darmanin ne parle que de pénitentiaire.
18:49Il s'attaque à la pénitentiaire parce qu'il n'a pas besoin de loi.
18:52Et puis il s'attaque à un problème endémique de la République.
18:55Tout ce qu'il dit est vrai.
18:56La surpopulation est insupportable.
18:58Mais il faut beaucoup de moyens.
19:00En termes de nombre de places,
19:02le précédent gouvernement prévoyait d'en construire 18 000.
19:05On n'y est pas encore.
19:06Alors justement, à propos du nombre de places,
19:08Victoria Cousse a doublé le nombre de places de semi-libertés d'ici 2027.
19:11Ça suffit ?
19:12C'est en tout cas l'une des solutions que propose le ministre,
19:16le nouveau garde des Sceaux Gérald Darmanin,
19:19qui a deux obsessions.
19:20C'est être omniprésent.
19:22On le voit depuis Noël.
19:23Et obtenir des résultats.
19:25Et je rebondis sur ce que disait Sylvain.
19:27Effectivement, il n'a pas besoin de loi.
19:29Il a des leviers d'action quasi immédiats.
19:31Cette prison de haute sécurité,
19:34il en parle là pour la fin juillet.
19:37Donc il sait qu'il peut obtenir des résultats.
19:39Et il sait que ça peut se voir.
19:41Il cherche à répondre à des inquiétudes.
19:43De nouvelles inquiétudes qu'ont les Français face à ces images,
19:45il faut le dire, hallucinantes,
19:47qu'on voit ces derniers temps.
19:49L'évasion, souvenez-vous, au péage de l'heure de Mohamed Amra.
19:53Toujours partouré.
19:55Voilà.
19:56Bruno Rotailleau, le ministre de l'Intérieur,
19:58qui parle de mexicanisation de la France.
20:00Donc il y a quand même des nouveaux mots, des nouveaux termes
20:02qui apparaissent dans le débat public
20:04et qui inquiètent aussi forcément
20:06toutes les personnes qui assistent à ça derrière leur télévision.
20:08Et donc Gérald Darmanin, là,
20:10montre qu'il entame le bras de fer
20:12face à ces narcotrafiquants.
20:14Est-ce que ça payera ?
20:15Maintenant, il va falloir des résultats.
20:16Bruno ?
20:17Le problème qui est...
20:18Effectivement, vous pointez quelque chose de très juste.
20:19Le problème est souvent le même
20:21dans la façon dont les ministres de la justice successifs gèrent
20:23les défis qui se posent justement
20:27à la pénitentiaire et aux prisons françaises.
20:29Il y a les images qui légitimement peuvent inquiéter
20:31et qui nécessitent, effectivement,
20:33davantage de moyens.
20:34Vous évoquiez l'évasion de Mohamed Amra,
20:35évasion sanglante, il faut le rappeler.
20:37La corporation du personnel pénitentiaire
20:39a été lourdement endeuillée à cette occasion.
20:41Donc davantage de moyens aussi pour
20:43encadrer les plus gros narcotrafiquants,
20:47les empêcher de sévir depuis leur lieu d'étention, etc.
20:50Tout ça est légitime, bien sûr.
20:51Et puis il y a les images qu'on ne voit pas.
20:53C'est-à-dire, c'est l'état même des prisons,
20:55c'est-à-dire des détenus
20:57qui sont parfois en préventif, simplement,
20:59qui sont détenus pour de petits délits
21:01et qui se retrouvent dans des conditions absolument
21:03exécrables, qui sont d'abord indignes
21:06d'un point de vue purement simplement
21:08de la décence et de l'humanité.
21:10Et puis ensuite, qui évidemment,
21:12y compris d'ailleurs avec le mélange de détenus
21:14qui ont commis des actes extrêmement différents
21:17et de nature ou d'ordre absolument différent.
21:19Évidemment, tout ça nuit à l'objectif
21:21qui est quand même la réinsertion.
21:22À un moment, à un jour, à un autre,
21:24un détenu a vocation à ressortir de son lieu de détention
21:27et à être réinsert dans la société.
21:29Et ces images-là, on les voit beaucoup moins, évidemment.
21:32Et malheureusement, souvent, les gardes des sons
21:34ont tendance à gérer, et c'est aussi d'ailleurs,
21:37je pense, ce qui pèse dans l'annonce
21:39à ces loups de com' aussi, cette idée de regrouper
21:41les 100 plus gros narcotrafiquants dans le même établissement.
21:43Il y a une dimension de communication politique évidente.
21:45Et on se soucie parfois un peu moins
21:48lorsqu'on gère la pénitentiaire
21:50des images qu'on voit moins.
21:52Merci Renaud. C'est la fin.
21:55Merci Victoria Coussa, journaliste politique France Info.
21:58Sylvain Courage, directeur adjoint du Nouvelle Ops.
22:00Le Nouvelle Ops qui s'intéresse à Parcoursup.
22:02Cette semaine, c'est la une du Nouvelle Ops.
22:04Merci Renaud. Les informés reviennent ce soir à 20h
22:07avec Victor Mathé.
22:08Bonne journée. L'info continue sur France Info.