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Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Et bienvenue dans les informés, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info avec Renaud Delis, bonjour Renaud.
00:13Bonjour Salia.
00:13Et bonjour à nos informés autour de la table avec nous ce matin Audrey Tizon, journaliste au service politique de France Info, bonjour Audrey.
00:21Bonjour.
00:21Et Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info TV, bienvenue Gilles.
00:25Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:26Renaud Delis, on commence tout de suite par Gabriel Attal, l'ancien Premier ministre qui veut réformer la justice des mineurs.
00:32Oui, une proposition de loi de Gabriel Attal qui sera débattue ce soir à l'Assemblée nationale.
00:37Il s'agit pour l'ancien Premier ministre, je cite cette proposition de loi, de restaurer l'autorité de la justice à l'égard des mineurs délinquants et de leurs parents.
00:44Un texte dont l'ancien Premier ministre fait remonter la genèse aux émeutes de l'été 2023 et puis un certain nombre de drames, de tragédies qui se sont produites dans l'actualité ces derniers mois
00:54qui ont contribué évidemment à attiser ce débat.
00:56Est-ce que la délinquance des mineurs est vraiment en progression ?
01:00D'après Gabriel Attal, on peut comptabiliser un quasi doublement du nombre de mineurs mis en cause par les services de police et de gendarmerie par rapport aux années 90, donc en une trentaine d'années.
01:12Voici ce qu'en disait ce matin Muriel Aiglin, juge des enfants et présidente du tribunal pour enfants de Bobigny.
01:18C'était sur l'antenne de France Info.
01:20Au tribunal de Bobigny, nous constatons un développement de l'emprise de réseaux de trafic de stupéfiants sur des jeunes qui sont eux-mêmes victimes de violences importantes.
01:33Et l'usage des réseaux sociaux, notamment dans le cadre de RICS ou du trafic de stupéfiants, ce sont des phénomènes nouveaux auxquels il faudrait s'attaquer.
01:40Mais de là à dire que la genèse a fondamentalement changé, qu'il faudrait changer de paradigme législatif, je crois que ce n'est pas du tout la question.
01:49Alors, ce texte change-t-il de paradigme législatif ou prend-t-il en compte une évolution statistique qui, par certains aspects, peut être effectivement inquiétante ?
01:56On voit aussi l'usage des armes blanches et du port d'armes blanches qui, aujourd'hui, 35% des usages d'armes blanches concernent des mineurs.
02:07Ou aussi, d'ailleurs, un nombre de vols avec violence en progression ces dernières décennies.
02:12Sauf que la proposition de loi de Gabriel Attal a été largement vidé de sa substance en commission sur deux mesures en particulier.
02:18L'excuse dite de minorité et puis l'éventuelle comparution immédiate pour faits graves de mineurs de 16 ans que voulait aussi proposer Gabriel Attal.
02:25Donc, est-ce que ces débats vont réapparaître ? Est-ce que ces mesures vont réapparaître dans le débat à l'Assemblée nationale ce soir ?
02:31Et pourquoi l'ancien Premier ministre fait-il de ce sujet un sujet emblématique de son identité politique ?
02:36Tu casses, tu répares, tu salies, tu nettoies, tu défies l'autorité. On apprend à te la faire respecter.
02:41Ça vous fait marrer.
02:42Oui, mais parce que ça a été aussi détourné par de nombreux jeunes sur TikTok, par exemple.
02:48Pourquoi ce texte est hyper important pour l'ancien Premier ministre Gabriel Attal ?
02:52Parce que Gabriel Attal, il essaye de cronter deux choses.
02:55Il a décidé un matin d'être celui qui ne refuserait toute hausse d'impôts.
03:00Et ça s'est vu dans les débats sur le budget. Rien. Zéro hausse d'impôts.
03:04Et qu'il incarnait la fermeté et un certain nombre de principes républicains.
03:08Même si on peut estimer que la République ne s'est pas forcément sévérisé la justice sur les mineurs.
03:13Mais voilà, ministre de l'Éducation nationale, c'était pas sur la sécurité, c'était sur l'immigration.
03:18Il avait interdit la baïa. Premier ministre, il avait porté un certain nombre de mesures comme ça.
03:22Et il en a fait un marqueur de sa politique. On sait qu'il a des ambitions présidentielles.
03:27Il veut se différencier d'un certain nombre de ses concurrents dont il estime qu'ils changent d'avis un peu trop souvent.
03:31Lui, il veut incarner un certain nombre de choses dont ces deux choses-là.
03:37Manifestement, il n'en changera pas d'avis. Il fait le calcul que d'abord, effectivement,
03:43la société, qu'il y a un certain ensauvagement de la société, comme l'avait dit le président de la République.
03:49Il estime que c'est là-dessus que les quinquennats d'Emmanuel Macron ont été les plus efficaces
03:56sur la fiscalité et sur la sévérité. Et il n'en bougera pas.
04:02Et à la question de Renault, est-ce que le gouvernement va reprendre cette proposition ?
04:05Manifestement, oui, parce que le ministre de l'Intérieur vient de dire que ça allait dans le bon sens.
04:11Alors, sur les deux mesures qui ont été un peu vidées de leur substance en commission,
04:16Audrey Tizon, sur l'excuse de minorité qui a été un peu sabré en commission de...
04:24Il faut quand même expliquer un petit peu ce qui s'est passé en commission.
04:27Ça remonte à l'automne dernier. Ce texte qui est signé, présenté comme le texte de Gabriel Attal,
04:33déjà, il n'est pas défendu en personne par Gabriel Attal, mais par un spécialiste du dossier
04:38dans le groupe, Jean Terlier. Et donc, il va devant la commission pour défendre son texte.
04:43Et là, où sont les troupes Renaissance ? Où sont les troupes du socle commun ?
04:47En fait, ils sont là pour le début du texte. Mais après la pause du dîner, reprise à 21h, 21h30,
04:53en fait, il n'y a presque plus personne pour défendre ce texte. Ils ne sont pas revenus.
04:59Ça passait comme une lettre à la pince. Et du coup, la gauche se retrouve en majorité
05:05dans la salle de commission, détricote le texte, enlève tout ce qui ne la dérange.
05:12Et voilà comment on arrive à un texte détricoté. Mais bien sûr, Renaissance,
05:17le rapporteur du texte a bien l'intention de remettre ces mesures emblématiques à l'ordre du jour
05:24via des amendements ce soir en séance plénière. Un texte qui va être soutenu par Gérald Darmanin,
05:30le garde des Sceaux. C'est lui qui sera au banc ce soir. D'ailleurs, il est venu faire de la pédagogie
05:35auprès des députés Renaissance hier en réunion de groupe. Pendant une heure, il y a eu des échanges
05:40avec Gabriel Attal, le rapporteur du texte Jean Terlier, Gérald Darmanin.
05:45Ils sont venus convaincre le groupe Renaissance qu'il fallait se mobiliser sur le texte,
05:50que ce texte était important, qu'il n'était pas si sévère que cela.
05:59Il parlait notamment à l'aile gauche de Renaissance, qui a un certain nombre de réticences,
06:03puisqu'on était bien en train de parler des jeunes récidivistes et pas forcément des primo-délinquants.
06:09C'est en tout cas le discours qui a été développé hier.
06:11Il y a un troisième point important qui avait été aussi évacué en commission et qu'ils voudront peut-être remettre,
06:16c'est l'extension de la solidarité des parents. On se souvient qu'au moment des émeutes,
06:20le garde des Sceaux de l'époque, Éric Dupond-Moretti, qui n'était pas considéré comme l'aile droite
06:25de la majorité, avait dit, on se souvient de nombreuses déclarations, où il avait dit
06:30que ce n'était pas normal de laisser, puisque tout le monde avait constaté la jeunesse des émeutiers,
06:35que ce n'était pas normal que des gamins de 13, 14, 15 ans soient dans la rue.
06:39C'est aux parents de les garder à la maison. Et il y avait aussi dans le texte un moyen
06:45que les parents soient responsables pour la conduite de leurs enfants.
06:49Ça aussi, ça avait été expurgé du texte en commission.
06:53Et ça aussi, vraisemblablement, le gouvernement voudra le remettre.
06:56Vieux débat là aussi, d'ailleurs, c'est comment faire payer en quelque sorte les parents.
07:00C'est quelque chose qu'on voit réapparaître à chaque flambée de violence.
07:04C'est surtout la position de la droite, d'ailleurs.
07:06Oui, mais après, c'est un sujet qui dépasse les clivages partisans.
07:09Il y a deux façons qui, malheureusement, souvent s'additionnent, et c'est aussi un risque
07:13qu'on peut peut-être assister ce soir dans l'hémicycle.
07:16De mal appréhender ce sujet, c'est justement de verser dans une forme de surenchère démagogique
07:21en utilisant des mots, des formules, symboliquement extrêmement violents,
07:26voire des formules très brutales. Et puis, d'autre part, de nier la réalité
07:31parce qu'il y a un certain nombre de statistiques, effectivement, inquiétantes
07:33et qui, au-delà de la médiatisation de certains faits divers tragiques,
07:37parfois médiatisation excessive par certains canaux médiatiques,
07:40il y a une réalité d'une évolution, effectivement, de la délinquance des mineurs
07:44qui est liée aussi à l'évolution, d'ailleurs, des mineurs en question eux-mêmes.
07:48Et donc, c'est deux écueils qu'il faut éviter, soit le déni, soit, évidemment,
07:52la mise en scène spectaculaire à des fins démagogiques.
07:54Il faut juste rappeler qu'actuellement, dans la loi, il y a, outre le sujet qu'évoquait à l'instant Gilles,
08:00il y a donc deux mesures essentielles qui sont éventuellement remises en cause,
08:05modifiées, voire supprimées par le texte, si jamais ces amendements reviennent,
08:08comme c'est probable, en tout cas, dans le débat.
08:10L'excuse de minorité, aujourd'hui, c'est en quelque sorte une règle
08:13qui souffre parfois d'exception.
08:17Et Gabriel Attal voudrait faire l'inverse, c'est-à-dire en faire l'exception.
08:20L'excuse de minorité qui fait qu'un mineur ne peut pas être condamné
08:24à plus de la moitié d'une peine infligée à un majeur pour le même délit.
08:30Il faut dire que, parfois, les juges, en fonction du crime qui a été commis,
08:35reviennent sur cette règle-là.
08:37Cette règle souffre parfois d'exception.
08:39Aujourd'hui, Gabriel Attal voudrait en faire une exception, cette excuse de minorité.
08:43Et puis, d'autre part, le fait que les mineurs, aujourd'hui, sont soumis à une procédure en deux temps.
08:48Il y a d'abord une audience dite de culpabilité, en quelque sorte,
08:51pour déterminer si le mineur en question est coupable ou pas des faits qui lui sont reprochés.
08:55Et puis, dans un deuxième temps, plusieurs mois après,
08:58il y a une autre audience qui vise à déterminer la peine qui lui sera infligée,
09:02s'il a été reconnu coupable.
09:03Et entre les deux, pendant plusieurs mois, il est supposé y avoir des mesures
09:07d'encadrement, de rééducation, etc.
09:09Et pour les faits les plus graves, Gabriel Attal souhaiterait désormais
09:13qu'il y ait une possibilité de comparution immédiate pour des mineurs de 16 ans.
09:17Mais d'ailleurs, les magistrats ne sont pas forcément d'accord.
09:20On a entendu ce matin, sur France Info, la présidente du tribunal de Bobigny
09:25qui disait qu'il y a une première présentation devant la justice très rapide.
09:31Le jeune passe rapidement devant un procureur et devant un juge pour enfants.
09:37Et après, il y a des mesures éducatives qui doivent être mises en place
09:42avant le jugement définitif.
09:44Le problème, c'est qu'elle considère que la comparution immédiate existe déjà.
09:48En quelque sorte, ce n'est pas une véritable comparution.
09:50C'est un premier passage devant la justice.
09:52Le problème, c'est qu'il manque de moyens.
09:54Et notamment pour la protection de la jeunesse, afin d'accompagner de manière
09:58très resserrée ces jeunes pendant ces mois-là.
10:00Et ce qui fait que faute de moyens, faute d'encadrement,
10:02entre ces deux audiences, pendant des mois, il y a un certain nombre
10:05de jeunes délinquants qui, en quelque sorte, s'affichent dans leur quartier
10:10comme des modèles parce qu'ils ont fait un pied de nez à la justice.
10:15Donc, c'est aussi pour éviter cette période-là que cette hypothèse
10:19est mise dans le débat.
10:20Dans un instant, on va évoquer la défiance des Français envers les politiques.
10:24Mais d'abord, un passage par le fil info à 9h16.
10:26Maureen Swiniard.
10:28Les frappes sur Kiev montrent que Vladimir Poutine ne se prépare pas à la paix,
10:32affirmation ce matin du président ukrainien.
10:34Au moins un mort pendant la nuit après des frappes de missiles russes.
10:38Pour la première fois depuis le début du conflit, il y a presque trois ans,
10:41Volodymyr Zelensky a évoqué un possible échange de territoire avec Moscou.
10:46Bruno Retailleau est candidat à la présidence du parti Les Républicains.
10:50Le ministre de l'Intérieur l'annonce dans un courrier aux militants.
10:53Un bureau politique du parti est prévu lundi prochain.
10:56Réunion pour fixer la date d'un congrès.
10:59Les frais de notaire vont augmenter à Paris et passer de 4,5% à 5%
11:03à partir du 1er avril. Cela ne concernera pas les primo-accédants.
11:07Tous les départements peuvent augmenter cette taxe sur les transactions immobilières
11:11depuis l'adoption du budget la semaine dernière.
11:13Une mesure qui permet aux collectivités locales de compenser les baisses de dotations.
11:17Le principal diffuseur de la Ligue d'Azon menace de remettre en cause son contrat
11:22et de ne pas payer les droits télés pour la fin de la saison.
11:25Le conseil d'administration de la Ligue de Football Professionnel est convoqué en urgence aujourd'hui.
11:30La plateforme met en cause le piratage trop important.
11:33Il y a à terme un risque que la Ligue 1 ne soit plus diffusée ces prochains mois.
11:49Et les informer continue avec Audrey Tizon, journaliste au service politique de France Info
11:53avec Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info Télé.
11:56Et Renaud, on ne va pas parler de la Ligue 1, non, on va maintenant parler...
12:01Je vous voyais faire la tête pendant que Moritunière annonçait la nouvelle sur Dazone.
12:04Bon voilà, maintenant on va parler de cette enquête qui montre que les Français ne croient plus en la politique.
12:10Eh oui, Saliha, noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir.
12:13Ça c'était Johnny, vous vous en souvenez bien sûr.
12:16Il y a un noir c'est noir et il n'y a plus beaucoup d'espoir quand on observe justement
12:20les résultats de cette vaste enquête annuelle du Centre d'études de la vie politique française
12:24réalisée par l'Institut Opinion Ouais qui évalue donc l'état de santé de notre démocratie
12:28et puis la propension des Français à y adhérer ou pas.
12:32Eh bien, le diagnostic est très inquiétant.
12:35On observe un niveau de défiance record de l'opinion des Français moroses
12:38qui ne croient plus du tout ni en leur gouvernant, ni en la politique elle-même
12:42et pas davantage en l'avenir.
12:44Voici ce que disait hier sur France Inter Bruno Cotteres, chercheur au Cevipof,
12:49des résultats de cette enquête.
12:51C'est clairement une particularité de la France qui est véritablement aujourd'hui
12:55en dernière position en termes de confiance dans l'avenir,
12:59de confiance même en soi-même souvent, de confiance dans l'action publique,
13:02dans la politique.
13:04Cette confiance dans la politique qui aujourd'hui est devenue une véritable défiance,
13:07véritablement structurelle à un niveau cette année mesuré comme pratiquement jamais.
13:12Exception française au regard d'autres pays qui sont aussi étudiés dans cette enquête.
13:18Trois de nos voisins, l'Italie, l'Allemagne et les Pays-Bas.
13:20En France, tous ces marqueurs de défiance, de morosité, de grande fatigue démocratique
13:26sont beaucoup plus prononcés qu'ailleurs.
13:28Un seul exemple, par exemple, 78% des Français considèrent aujourd'hui
13:32que la situation politique est très grave depuis la dissolution.
13:37Alors il y a évidemment l'impact politique de cette décision
13:41mais on mesure aussi dans cette enquête à quel point ce grand malaise démocratique
13:45vient bien sûr de plus loin depuis plusieurs décennies et n'a fait que s'aggraver.
13:49On a aussi en souvenir, et on voit dans cette enquête,
13:51que ce mouvement continue de peser sur la conscience collective,
13:54le moment paroxystique que fut le mouvement des Gilets jaunes, évidemment, il y a six ans.
13:59Gilles, les Français sont fatigués, ils en ont marre de la politique.
14:02Oui, les Français sont fatigués, ils en ont marre de la politique,
14:05ils en ont plus marre de la politique que nos voisins européens.
14:07Alors il y a deux solutions, soit notre personnel politique est effectivement
14:10beaucoup plus mauvais que le personnel politique de l'autre côté des frontières.
14:13Bon, quand je regarde ce qui se passe ailleurs, j'ai pas l'impression...
14:16C'est compliqué aussi en Allemagne.
14:17C'est compliqué aussi en Allemagne, Olaf Scholz n'est pas non plus,
14:20le chancelier n'est pas non plus un personnage éminemment charismatique.
14:23Donc j'ai pas le sentiment que les autres, que le personnel politique ailleurs
14:27soit meilleur que le nôtre.
14:28Donc ça veut dire qu'il y a un...
14:29Enfin, face à la même réalité, les Français l'appréhendent différemment
14:33et l'appréhendent plus durement.
14:36Il y a 200, il y a vraiment énormément d'informations dans cette enquête,
14:40je vais pas toutes les citer.
14:42Deux choses, d'abord c'est vrai qu'ils pèsent vraisemblablement
14:46un certain nombre de choses.
14:48D'abord, le fait que les Français n'ont pas l'impression
14:51que quand ils votent, ça se...
14:53Ils soient entendus.
14:54Ils soient entendus, parce que, qu'on le veuille ou non,
14:56le RN a gagné les élections européennes
14:59et a gagné le premier tour des élections législatives
15:02et il ne gouverne rien du tout.
15:04Et qu'on le veuille ou non, le Nouveau Front Populaire a plutôt
15:07été en tête du deuxième tour des élections législatives,
15:09même si c'est compliqué de parler de victoire,
15:11et il ne gouverne pas.
15:12Puis par ailleurs, il y a des ministres battus au gouvernement.
15:15Donc, on peut comprendre que les Français se disent
15:17« Bon, ben finalement... »
15:18« On a voté pour rien. »
15:19« Voilà, on vote pour rien. »
15:21Et deuxième chose, alors là, pour le coup, qui m'a vraiment étonné,
15:24c'est l'appétence des Français pour plus de libéralisme.
15:28De dire « Oui, après tout, il faut un monde avec moins d'intervention,
15:33que le meilleur gagne, etc. »
15:34Alors, je ne dis pas que les Français pensent comme Donald Trump,
15:37mais enfin, on n'a pas arrêté de dire
15:39les Français ne sont pas libéraux,
15:41il n'y a pas de place pour du vrai libéralisme,
15:43enfin en France.
15:44Et c'est vrai que les vrais candidats libéraux,
15:46ceux qui représentent le libéralisme,
15:48comme, je ne sais pas, Alain Madelin,
15:50il y a longtemps, ou Xavier Lissnard aujourd'hui,
15:52David Lissnard aujourd'hui,
15:55on ne sent pas qu'ils sont...
15:57Oui, il n'y a pas non plus l'envie folle de David Lissnard aujourd'hui.
16:00Pour un peuple qu'on dit désireux de beaucoup plus de protection,
16:03beaucoup plus de services publics,
16:05eh bien, ils ont l'air dans un tel désarroi
16:07qu'aujourd'hui, ils seraient prêts à accepter des solutions plus libérales.
16:11Franchement, ça m'a beaucoup, beaucoup surpris.
16:13Cette enquête, elle interpelle aujourd'hui Audrey Tchison,
16:16mais il y a eu les gilets jaunes,
16:17et ça, c'était déjà un premier marqueur,
16:19voire un gros marqueur.
16:21Oui, clairement, ça a marqué une défiance
16:23envers cette démocratie représentative, en fait.
16:26Vous ne nous représentez pas,
16:28vous n'êtes pas le relais de nos préoccupations au quotidien,
16:31et ça avait été un mouvement très marqué,
16:34notamment dans les territoires ruraux,
16:36rappelez-vous tous ces ronds-points qui avaient été bloqués.
16:39Aujourd'hui, les Français nous disent que,
16:41ben non, ils n'ont toujours pas confiance dans la politique à 74%,
16:44mais quand même, on peut rentrer peut-être un petit peu
16:46dans le détail de cette confiance ou de cette méfiance,
16:50parce que selon le personnel politique
16:52et selon l'échelon,
16:55il n'y a pas exactement la même méfiance.
16:58Quand on demande dans quelles institutions avez-vous confiance,
17:02les Français interrogés dans cette enquête
17:05répondent d'abord dans leur maire, à plus de 50%.
17:10Il y a la proximité du maire.
17:11Voilà, il y a la proximité.
17:12Ensuite, il y a, d'ailleurs, derrière,
17:14conseil départemental, conseil régional.
17:16Donc, plus on est proche du terrain,
17:18plus les Français ont l'impression d'être représentés par ces personnes.
17:22Et puis, en bas de ce classement de la confiance,
17:24on trouve qui ?
17:25Le président de la République,
17:27ainsi que l'Assemblée nationale et le gouvernement,
17:30qui sont tous à moins de 30% de confiance.
17:33Donc, ça dit aussi peut-être quelque chose du pays
17:38et du fait que le Français de Creuse
17:41ne se sent peut-être pas représenté par ce qui se passe à Paris.
17:44C'est l'organisation politique.
17:46Ça, justement, je pense que ça explique la spécificité française
17:48au regard de la situation dans un certain nombre de pays voisins.
17:51Parce qu'il y a effectivement les deux possibilités évoquées par Gilles Bernstein tout à l'heure.
17:56Soit que nos politiques soient beaucoup plus nulles que les autres,
17:58ce qui n'est pas le cas.
17:59Soit que les Français soient vraiment un peuple totalement différent
18:02des Allemands, des Italiens et des autres,
18:04ce qui n'est pas le cas non plus.
18:05En revanche, je pense qu'on a un rapport au pouvoir
18:07qui est lié aussi à la nature du pouvoir d'une part de nos institutions
18:10et même au-delà d'ailleurs de l'histoire du pays,
18:12qui est extrêmement vertical et extrêmement dépendant.
18:15Et c'est dialectique.
18:16C'est-à-dire que la responsabilité est partagée
18:18entre ceux qui se présentent à l'élection présidentielle
18:20en faisant miroiter des projets extrêmement ambitieux,
18:26comme si du jour au lendemain leur élection allait changer la vie,
18:29comme on disait jadis,
18:30ça c'était au moment de l'élection de François Mitterrand,
18:32ce qui ne nous rajeunit pas.
18:34Soit, de la part des Français et des électeurs eux-mêmes,
18:36il y a une forme d'infantilisation effectivement
18:39où on croit, nous-mêmes électeurs,
18:41que c'est la personne qu'on va désigner
18:43qui va effectivement changer notre vie.
18:45On attend trop du président de la République, par exemple.
18:47C'est beaucoup plus compliqué que ça.
18:48Il y a effectivement une croyance dans l'homme providentiel
18:50qui se heurte à chaque fois au réel.
18:52Et ça, ça renvoie même au mode de fonctionnement,
18:55à l'organisation du pays,
18:56même bien avant d'ailleurs la Ve République.
18:58Mais c'est-à-dire qu'on est dans un pays
19:00où les corps intermédiaires en général sont assez faibles,
19:03on va dire,
19:04les syndicats, la démocratie participative.
19:08Et donc, ça explique aussi, me semble-t-il,
19:10cette perpétuelle insatisfaction.
19:13On élit des présidents
19:15qu'on déteste trois mois après.
19:17Ça, c'est quand même récurrent,
19:19quel que soit le cathédrale de l'Isée.
19:20Juste un autre point sur cette enquête,
19:23qui me semble assez nouveau, ce point-là.
19:26Effectivement, vous évoquiez la dimension,
19:28peut-être l'appétence pour un certain libéralisme
19:30dans cette enquête qui est plutôt inattendue.
19:32On observe presque une forme de sécession qui apparaît.
19:36C'est-à-dire que d'un côté, il y a effectivement le souhait
19:41qu'il y ait moins d'interventionnisme de l'État
19:43et donc moins de lois, moins de règles.
19:45Juste deux sujets abordés dans cette enquête.
19:49Deux Français sur trois estiment par exemple
19:52que les autorités publiques disent trop
19:54ce qu'on doit faire en matière d'environnement
19:56ou ce qu'on a le droit de dire en public.
19:58Et 45% des Français considèrent
20:01que ce n'est pas avec les élections
20:03qu'on pourra désormais changer les choses.
20:05Donc on voit que la crise est telle,
20:07le malaise démocrate qui est tel,
20:08que désormais ce sont les règles communes même
20:10et donc les règles mêmes de notre démocratie
20:12qui commencent à être contestées.
20:14Et c'est vrai que ça ressemble un peu au trumpisme.
20:16Là, c'est très bizarre parce que vous venez
20:17de donner ces chiffres-là,
20:18avec les appositions des Français,
20:20mais il y a quand même la tentation d'un pouvoir fort.
20:23Exactement.
20:24Donc c'est hyper traditoire.
20:26Ipsos fait le même genre d'enquête.
20:28Oui, ce n'est pas contradictoire,
20:30c'est la suite du malaise démocrate.
20:32Ipsos fait le même genre d'enquête tous les ans
20:34et Brice Naturier voit depuis longtemps
20:37monter la tentation d'un pouvoir fort
20:39et dit que depuis une dizaine d'années,
20:41c'est ça qui a changé.
20:42Il faut un vrai chef.
20:43C'est-à-dire que pour les Français,
20:45la démocratie ne fonctionne tellement pas.
20:47Avant, ils voulaient améliorer la démocratie.
20:49Maintenant, c'est comme si un certain nombre d'entre eux
20:51avaient fait le deuil de la démocratie
20:53et considéraient qu'on avait tout essayé
20:55et qu'il fallait un vrai chef.
20:58C'est ça qui est vraiment très inquiétant
21:00et c'est ça dont on doit tous s'emparer,
21:02corps intermédiaires, métiers, politiques, etc.
21:04Parce qu'il arrivera un moment
21:06où ce qui est censé tous nous rassembler
21:10ne sera plus considéré comme une valeur cardinale.
21:13C'est assez simple.
21:15C'est une crise du résultat de la politique.
21:18La politique n'arrive plus à délivrer.
21:20On a des présidents successifs
21:22qui sont élus pour appliquer une politique.
21:24Ils ne veulent pas ou ils n'arrivent pas à l'appliquer.
21:26A chacun de se faire une raison.
21:28Et puis, il y a le suivant qui n'y arrive pas tellement plus,
21:30qui a deux résultats.
21:32Après, les gens disent que la seule qu'on n'a pas essayé,
21:34c'est Marine Le Pen, donc on va l'essayer.
21:36Ou ceux qui vont encore plus loin en disant
21:38que ce n'est pas le choix des personnes
21:40qu'il faut remettre en cause,
21:42c'est le choix du modèle qu'il faut remettre en cause.
21:44Dans ce contexte,
21:46pour essayer de raccrocher l'intérêt des Français,
21:48Emmanuel Macron, on le sait,
21:50il a proposé des référendums
21:52sur les sujets déterminants.
21:54On ne sait pas encore lesquels.
21:56Il doit s'exprimer là-dessus.
21:58Histoire de réintéresser les Français à la politique
22:00pour qu'ils donnent leur avis.
22:02Merci beaucoup à tous les trois.
22:04Audrey Tizon, journaliste au service politique de France Info.
22:06Merci à vous.
22:08Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info TV.
22:10Renaud, on se retrouve demain.
22:12Les informés du soir, c'est à partir de 20h.
22:14Avec Aurélie Herbemont et Jean-Rémi Baudot.

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