Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Marc Fauvelle et Renaud Dély.
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00:00 - Les informés du matin, on est ensemble jusqu'à 9h30.
00:02 J'ai le plaisir d'accueillir Jean-Rémi Baudot, journaliste au service politique de France Info.
00:06 Bonjour et bienvenue. On vous retrouve chaque matin pour le brief à 7h23 sur l'antenne de...
00:12 - 7h24 précisément. - 7h24.
00:14 Merci pour cette précision sur l'antenne de France Info.
00:16 Virginie Rivas, journaliste au site d'Information Contexte. Bonjour.
00:19 - Bonjour. - Et bienvenue également.
00:21 On va parler tout d'abord de la dissolution du collectif des soulèvements de la terre,
00:25 puisqu'elle va être annoncée ce matin, Renaud Delis, lors du Conseil des ministres.
00:28 - Et oui, après un peu plus de deux mois d'attente, puisque c'est une éventualité,
00:32 une menace qui posait sur ce collectif depuis la fin du mois de mars,
00:35 à l'issue en particulier des affrontements qui s'étaient produits, on s'en souvient,
00:39 à Sainte-Soline autour du projet de méga-bassine.
00:42 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, avait dès l'époque annoncé
00:46 qu'il envisageait la dissolution de ce collectif.
00:49 Elle sera donc prononcée lors du Conseil des ministres de ce jour.
00:52 Le ministre de l'Intérieur a justifié hier cette décision,
00:55 lors des questions d'actualité au gouvernement,
00:58 empruntant le rôle de ce collectif, selon lui,
01:01 lors de la mobilisation du week-end dernier contre le projet de LGV Lyon-Turin.
01:05 - Deux jours d'affrontements, une autoroute occupée, une voie ferrée coupée,
01:10 et de nombreux personnels des services publics
01:13 qui sont effectivement devant la haine et la violence.
01:17 Alors oui, à la demande du président de la République et de la Première ministre,
01:21 demain matin je présenterai au Conseil des ministres
01:24 le décret de dissolution des soulèvements de la terre.
01:27 - Alors le collectif des soulèvements de la terre dénonce pour sa part, je cite,
01:30 "une dissolution très politique et particulièrement inquiétante
01:33 pour les libertés publiques", selon ce collectif.
01:36 Alors y a-t-il vraiment une menace d'une forme d'écologie radicale dans le pays,
01:41 et notamment à travers les actions de ce collectif ?
01:43 Est-ce que cette dissolution peut être justifiée d'un point de vue juridique ?
01:47 Et pourquoi est-ce que Gérald Darmanin prend cette décision ?
01:49 - Virginie Rivas.
01:51 - Alors, je réponds aux trois questions.
01:53 - Oui, on a jusqu'à Edy, vous y allez.
01:55 - Bah écoutez, oui, je pense que la menace, elle existe, elle est réelle,
01:57 effectivement, il y a une radicalité qui monte,
02:00 et il y a une forme de violence, effectivement, de ces formes de militance.
02:04 Maintenant, ma question c'est plus, est-ce que cette dissolution,
02:09 je pense qu'elle est légitime d'un point de vue du ministre de l'Intérieur,
02:12 vous l'avez rappelé, il y a Sainte-Soligne, il y a la dégradation de biens,
02:15 il y a des sabotages, elle est qualifiée juridiquement,
02:17 après on verra effectivement comment les instances juridiques la jugeront,
02:21 mais elle est qualifiée juridiquement,
02:23 il y a eu les affrontements Lyon-Turin également ce week-end,
02:26 il y a de la destruction d'agriculture biologique,
02:29 que la Première Ministre a rappelée hier sur Brut.
02:32 Maintenant, est-ce qu'une dissolution, c'est-à-dire une forte répression,
02:36 a une efficacité pour endiguer cette radicalité qui monte ?
02:39 Je ne suis pas sûre à 100%.
02:42 Ce qui est sûr, c'est que ça fait partie, selon moi,
02:44 c'est une décision du ministre de l'Intérieur,
02:46 qui doit protéger ses troupes, les policiers qui ont été agressés,
02:48 on s'en souvient, il y a eu des blessures terribles,
02:50 il y a eu des manifestants comme des policiers
02:52 qui sont retrouvés en urgence vitale à Sainte-Soligne.
02:54 C'est la décision du ministre de l'Intérieur,
02:56 je pense que c'est aussi, ça s'inscrit dans un dessin politique
02:59 beaucoup plus large de disqualification de cette forme de militance
03:03 pour affirmer et incarner une écologie productiviste,
03:07 qui est celle qu'Emmanuel Macron défend,
03:10 et d'ailleurs sur laquelle il est profondément accusé d'inaction.
03:13 Donc ça sert quand même un dessin plus global,
03:16 si on dézoome de Gérald Darmanin,
03:18 qui est cette écologie productiviste qu'on voit sur le projet de loi Industrie Verte,
03:22 et qui disqualifie cette forme de militance,
03:24 et qui en plus a l'avantage de mettre de manière très inconfortable
03:27 Europe Écologie Libère, qui doit se positionner
03:30 avec ce courant avec lequel il ne cesse de dialoguer,
03:34 mais dont Marine Tondelier, par exemple,
03:37 dénonçait la violence également.
03:40 Donc c'est une décision du ministre de l'Intérieur,
03:43 mais qui, à mon avis, sert aussi des dessins plus profonds.
03:46 Jean-Rémi Baudot.
03:47 La question que je trouve, ce qui se pose, c'est qu'il faut quand même rappeler
03:51 que ça fait plusieurs semaines que le ministère de l'Intérieur
03:54 travaille sur ce dossier, et que pendant plusieurs semaines,
03:57 on a l'impression qu'il ne savait pas tellement sur quel bouton appuyer
04:00 pour justifier cette dissolution.
04:02 Il faut rappeler qu'en fait, c'est un peu une nébuleuse,
04:05 il n'y a pas vraiment de statut juridique,
04:07 c'est un collectif, donc il y a un groupement de faits.
04:09 Donc c'est vrai que derrière ça, il y a la Confédération paysanne,
04:12 il y a Attaque, il y a des chercheurs, etc.
04:14 Donc d'une certaine manière, vous n'allez pas dissoudre
04:17 les idées soutenues par ces gens-là.
04:19 Après, vous allez effectivement rendre ces groupements interdits.
04:24 Je pense qu'honnêtement, ça va être compliqué d'un pur point de vue juridique
04:28 à rendre ça réellement applicable.
04:30 Après, il y a un point de vue politique qui interroge.
04:33 Derrière ça, il y a aussi, pour le gouvernement, l'idée de s'attaquer.
04:37 Virginie le disait très bien, c'est de s'attaquer aussi à une forme d'écologie.
04:41 Les soulèvements de la terre, pardon, pas les dissolutions de la terre,
04:47 les soulèvements de la terre, ils militent pour une écologie sans transition.
04:52 Et ça veut dire quand même quelque chose, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas prêts à dialoguer,
04:56 ils ne sont pas prêts à être dans la radicalité et dans l'urgence.
04:59 Dans l'urgence et dans la radicalité, sauf qu'en fait, la réalité au quotidien,
05:03 et chacun s'en rend compte d'un point de vue personnel,
05:05 c'est qu'en fait, l'écologie et cette transition écologique que la planète
05:09 essaie de mettre en place, peut-être pas assez vite, peut-être pas bien,
05:12 mais il y a une transition qui est nécessaire.
05:14 On ne passe pas du... Il n'y a pas de switch on/off.
05:19 Et donc en réalité, d'une certaine manière, le fond de ma pensée,
05:23 c'est aussi une forme d'échec, échec du dialogue,
05:26 échec de cette forme de militantisme qui n'appelle pas à des réelles réponses politiques
05:31 et qui appelle en fait uniquement à la radicalité.
05:33 - A l'heure 11, le Fil info avec Sophie Echelle et la suite des informés dans un instant.
05:36 - Alors que la France Insoumise insiste pour présenter une liste commune de la NUP
05:41 aux élections européennes l'année prochaine, le parti communiste va présenter sa propre liste.
05:45 C'est une information France Info, elle sera portée par le jeune porte-parole du parti,
05:49 Léon D. Fontaine.
05:50 Les femmes sont les premières victimes des violences sexuelles intrafamiliales.
05:54 13% ont déjà connu ce type de violence avant 18 ans, contre 5,5% pour les hommes.
05:59 Résultat d'une enquête de l'INED, l'Institut National d'Études Démographiques.
06:03 Une semaine après le naufrage qui a fait plus de 80 morts au large de la Grèce,
06:07 9 Égyptiens soupçonnés d'être des passeurs impliqués dans le drame ont été arrêtés.
06:11 Inculpés pour trafic illégal d'êtres humains, ils en courtent une peine de prison à vie.
06:15 C'est une déclaration qui risque de ne pas passer.
06:18 Alors que les tensions sont toujours vives entre les deux pays,
06:21 Joe Biden qualifie son homologue chinois, Xi Jinping, de dictateur.
06:24 Ça s'est passé hier soir lors d'une réception en Californie
06:27 avec des donateurs du Parti Démocrate.
06:29 Le président américain faisait référence au ballon chinois soupçonné d'espionnage
06:33 abattu en février alors qu'il survolait les Etats-Unis.
06:36 Toujours avec Virginie Rivard du site d'information Contexte,
06:48 avec Jean-Rémi Baudot de France Info et avec Renaud Delis
06:51 pour revenir à la question de départ, l'écologie radicale,
06:53 celle des soulèvements de la Terre, est-ce qu'elle constitue aujourd'hui une menace, Renaud ?
06:57 Je pense qu'il y a plusieurs niveaux de réponse à cette question,
07:00 il y en a au moins trois, rassurez-vous, je vais être bref, Marc.
07:03 D'abord, d'un point de vue juridique, vous le disiez, à juste titre,
07:07 c'est pas facile de dissoudre en général une association,
07:12 ce collectif-là encore plus pour les raisons évoquées par Jean-Rémi Baudot,
07:15 de structuration ou de déstructuration, si j'ose dire, de ce collectif.
07:19 Mais il faut savoir aussi qu'on ne dissout pas comme ça d'un trait de plume,
07:23 c'est-à-dire qu'il y a des recours, il y a des voies de recours,
07:25 les soulèvements de la Terre ont des avocats qui vont évidemment déposer des recours.
07:29 Donc d'un point de vue juridique, d'ailleurs, si le ministre de l'Intérieur a attendu deux mois,
07:33 c'est qu'il essayait de bétonner en quelque sorte le dossier.
07:35 Et puis on sait très bien aussi que quand on dissout un groupement, une association,
07:39 il y a toujours la possibilité de reconstituer,
07:41 d'où la fameuse expression de "reconstitution de l'igue dissoute".
07:44 Donc ça c'est d'un point de vue juridique.
07:47 - La possibilité de dissoudre ou pas un tel groupe ?
07:49 - D'un point de vue politique au sens électoral du terme, quasiment,
07:53 je pense qu'il y a la volonté de la part du gouvernement de montrer qu'effectivement
07:57 il incarne l'ordre dans ce pays face à un certain nombre de groupuscules
08:03 qui peuvent parfois recourir à la violence.
08:05 Celui-ci comme d'autres, il faut se souvenir il y a quelques semaines de la décision
08:09 de Gérald Darmanin d'interdire toutes les manifestations d'ultra-droite
08:13 à la suite de la fameuse manifestation du comité du 9 mai.
08:17 Donc que tous les groupuscules, quelles que soient leurs obédiences idéologiques,
08:22 qui participent d'une forme de violence, il y a la volonté du gouvernement
08:26 de taper du poing sur la table pour parler à son électorat d'une part,
08:30 et puis au-delà d'ailleurs, pour défendre les institutions face à ce qui
08:34 peuvent apparaître comme des menaces d'ordre, encore une fois, de nature
08:38 ou d'ordre et d'ampleur diverses.
08:41 Et tout dernier point, je pense que derrière il y a une question qui se pose
08:44 au-delà de même de soulèvement de la terre, de ce collectif,
08:47 c'est quand même l'enjeu de concilier la transition écologique,
08:52 indispensable, nécessaire, on le sait, et urgente, et la démocratie.
08:57 Et c'est vrai qu'il y a une frange, un noyau d'activistes écolos
09:02 qui ont parfois tendance à considérer que l'urgence environnementale
09:06 est telle qu'aujourd'hui il faudrait faire fi de la démocratie, des élections,
09:09 de la vie des électeurs, pour prendre des mesures radicales,
09:12 quitte à ce que parfois celles-ci mettent en cause notre fonctionnement démocratique.
09:16 Ça c'est un enjeu de fond et qui va demeurer bien sûr pour les années à venir.
09:19 Ce qui nous amène, Renaud, à une autre question, me semble-t-il,
09:22 que je vais poser à la fois à Jean-Rémi Baudot et à vous, Virginie Rivard.
09:24 Est-ce que ces militants radicaux écologistes font avancer la cause,
09:29 aujourd'hui, en imprégnant l'idée de l'urgence dans l'opinion publique,
09:32 ou est-ce qu'ils la freinent ?
09:33 Je pense que c'est les deux. Ils la font avancer parce qu'il y a des images
09:36 qui sont très symboliques, beaucoup plus fortes que les marches pour le climat,
09:39 par exemple, et je pense que ce mouvement est aussi né de cette lassitude-là
09:42 d'interpellation des opinions et qui fonctionne moyennement.
09:45 Ils la desserrent et je pense que, par exemple, l'action d'autres associations,
09:48 des voies plus juridiques, donc légales, sont beaucoup plus efficaces.
09:52 On pense au maire de Grande-Synthe qui fait une stratégie politique avec Corine Lepage,
09:56 qui fait condamner l'État au Conseil d'État pour une action climatique.
09:59 On pense à l'affaire du siècle pour la pollution de l'air.
10:02 C'est des combats qui portent puisque l'État a été condamné
10:05 et aussi la planification écologique voulue par Emmanuel Macron
10:08 est née de ces combats juridiques. Donc, en termes d'efficacité,
10:11 la voie de la légalité me semble quand même plus forte, mais symboliquement, ça porte.
10:14 Jean-Rémi Baudot ?
10:15 Après, politiquement, c'est quoi le débouché ?
10:17 Qu'est-ce qu'ils proposent réellement ? Effectivement, une radicalité,
10:19 une question d'urgence, il faut tout de suite faire les choses.
10:21 Sauf qu'aujourd'hui, ce ne sont pas eux qui, entre guillemets,
10:24 paient les conséquences politiques de ce qu'ils prônent.
10:26 Ce qui est intéressant, quand même, c'est que le soulèvement de la Terre,
10:29 c'est qu'on est sur les ruines, entre guillemets, de Notre-Dame-des-Landes
10:32 ou en tout cas dans cette ZAD.
10:34 Et ce que je trouve assez ironique, d'une certaine manière,
10:37 c'est qu'Emmanuel Macron arrête Notre-Dame-des-Landes
10:40 en ayant envie de lancer une main aux écologistes en disant
10:43 "Regardez, moi aussi, je sais faire des trucs écolos,
10:46 je ne fais pas Notre-Dame-des-Landes".
10:48 Et c'est là-dessus que naît un groupement qui, aujourd'hui,
10:51 s'en prend très directement à la politique d'Emmanuel Macron.
10:54 Et je trouve qu'il y a presque une morale dans cette histoire-là.
10:57 Aujourd'hui, les mouvements politiques qui soutiennent de près ou de loin
11:00 le soulèvement de la Terre et des actions, parfois violentes,
11:03 ou qui légitiment l'idée que sans la violence, finalement,
11:06 on n'en parlerait pas et donc, finalement, la cause n'avance pas.
11:09 Je pense que, typiquement, Europe Écologie-Les Verts,
11:11 si demain, Europe Écologie-Les Verts était au pouvoir,
11:13 ou n'importe quel président ou présidente écologiste,
11:16 les soulèvements de la Terre existeront encore.
11:18 Ils auront la même radicalité.
11:21 Et ce ne sera jamais assez bien, ce qui sera fait d'un point de vue politique,
11:24 ce ne sera jamais assez bien pour des activistes comme eux,
11:27 puisque la radicalité, enfin, derrière ça, il y a la question
11:31 de la réalité de la politique, l'acceptabilité politique des réformes.
11:34 On l'a bien vu, l'exemple le plus fort étant peut-être les Gilets jaunes,
11:37 mais quand on veut mettre en place l'écologie,
11:40 ce n'est pas populaire, en réalité.
11:42 Quand on veut mettre en place des choses difficiles,
11:45 aujourd'hui, ça va être les zones zéro émission dans les villes.
11:50 Demain, ça va être sur la question de l'habitat.
11:53 Il y a plein de choses qui sont nécessairement difficiles,
11:56 socialement et politiquement compliquées,
11:59 et des mouvements comme le soulèvement de la Terre
12:02 ne sont jamais comptables des propositions qu'ils prônent.
12:05 - C'est vrai, mais en même temps, je modulerai votre propos, Jean-Rémi Baudot,
12:10 parce qu'il n'y a pas d'échappatoire, il n'y a pas d'alternative à la démocratie.
12:13 C'est-à-dire que, de toute façon, même si les mesures indispensables
12:17 à prendre dès maintenant et puis à terme pour mettre en œuvre
12:21 la transition écologique peuvent parfois être douloureuses,
12:23 peuvent parfois être pénibles, il faut forcément les faire valider
12:25 par l'électorat à un moment ou à un autre,
12:27 quel que soit l'étiquette ou le parti qui les porte.
12:29 Ce n'est pas du tout l'idée de ce mouvement-là,
12:31 mais il ne faut pas à l'inverse penser,
12:33 il ne faut pas qu'une mouvance écologiste,
12:35 je ne parle pas de la désévolvement de la Terre,
12:37 mais au sens plus large, considère que de toute façon,
12:39 foutu pour foutu, on ne réussira jamais à convaincre les électeurs,
12:42 donc il faut recourir à d'autres moyens
12:44 pour imposer ces mesures qui sont effectivement nécessaires.
12:47 Il faut en faire la pédagogie et il faut gagner le cœur
12:50 et les bulletins des électeurs.
12:52 Et regardez, y compris le gouvernement actuel,
12:54 il a fait passer des mesures, des réformes,
12:57 qui ne sont pas toutes populaires.
12:59 La réforme de la retraite, on ne peut pas dire que ça a été couronné
13:01 par une grande popularité et on peut contester d'abord
13:05 la légitimité, l'objet de la réforme, y compris les moyens,
13:08 même s'ils sont parfaitement légaux,
13:10 qui ont été utilisés par le gouvernement pour la faire passer,
13:12 mais il l'a fait malgré l'impopularité de ces mesures.
13:14 Donc ce que je veux dire, c'est que demain aussi,
13:16 un pouvoir, quel qu'il soit,
13:18 peut être légitimé par les urnes pour porter des mesures,
13:21 y compris difficiles, pour mettre en œuvre la transition écologique.
13:24 - Jean-Rémi Baudot, un dernier mot là-dessus ?
13:26 - Un dernier mot, c'est que même dans l'entourage d'écologistes
13:28 jugés modérés comme Yannick Jadot,
13:30 même dans son entourage, au bout d'un moment,
13:32 tout le monde finit toujours par vous dire
13:34 "de toute façon, on n'y arrivera jamais sans la manière forte".
13:37 Et donc la manière forte, c'est quoi ?
13:39 C'est une forme de totalitarisme écologiste.
13:43 Et donc ce que je veux dire, c'est que
13:46 cette idée-là, elle est en germe dans une grande partie des militants écologistes.
13:50 - Jean-Rémi Baudot, Renaud d'Élite France Info, Virginie Rivade,
13:52 du site d'information Contexte, vous restez avec nous,
13:54 on évoquait la réforme des retraites.
13:56 Il y a quelques instants, on va parler dans une minute d'un homme qui la prend aujourd'hui.
13:59 Sa retraite, c'est Laurent Berger qui quitte la tête de la CFDT.
14:02 Il est 9h20, le Fil info avec Sophie Echennes.
14:05 - Ce sont quelques bruits qui redonnent espoir,
14:08 des cognements réguliers captés sous l'eau dans la zone de recherche du sous-marin
14:11 portés disparus depuis dimanche avec 5 passagers dans l'Atlantique.
14:15 Les opérations se poursuivent alors que les stocks d'oxygène diminuent d'or en or.
14:19 Il n'y a plus de départements en alerte orange aux orages.
14:21 Ce matin, hier, ils ont violemment frappé le sud-ouest.
14:24 Dans les Pyrénées-Atlantiques, la grêle a ravagé les champs de piments d'Espelette.
14:28 Certains producteurs ont perdu l'intégralité de leurs récoltes.
14:31 Et puis dans le Tarn-et-Garonne à Moissac, un homme est en urgence absolue,
14:34 victime de la chute d'un arbre.
14:36 La Première ministre confirme qu'à partir du 1er janvier prochain,
14:39 il sera possible de passer le permis et de conduire seul dès 17 ans.
14:43 Une mesure notamment pour les jeunes en apprentissage.
14:46 D'ailleurs, l'aide de 500 euros versée aux apprentis pour financer leur permis
14:49 sera élargie aux élèves des lycées professionnels.
14:52 Et puis l'OM semble avoir trouvé son nouvel entraîneur pour succéder à Igor Thudor.
14:56 Un accord vient d'être trouvé avec l'Espagnol Marcelino,
14:59 passé notamment par Bilbao, Valence ou encore Villareal.
15:03 [Musique]
15:05 France Info
15:07 [Musique]
15:08 Les informés Renaud Delis, Marc Fauvel
15:12 [Musique]
15:13 Une page se tourne à la CFDT Renaud Delis.
15:15 Et oui, après un peu plus de 10 ans de service à la tête du syndicat,
15:19 Laurent Berger abandonne son poste de secrétaire général de la CFDT.
15:23 Aujourd'hui, il va transmettre le témoin à sa numéro 2, Marie-Lise Léon.
15:27 Il quitte ses fonctions, Laurent Berger, nantie d'une popularité
15:30 qui fait des envieux, en particulier du côté de la gauche.
15:34 Alors peut-il vraiment se réjouir de son bilan à la tête de la CFDT ?
15:38 Et que va-t-il faire maintenant ?
15:41 La réponse de Laurent Berger, c'était dimanche sur France Info.
15:45 Je ne suis pas mécontent d'avoir fait la démonstration que le syndicalisme est de retour.
15:48 Le syndicalisme est de retour, parce que ces 6 derniers mois, il a montré quoi ?
15:51 Il a montré sa centralité sur le monde du travail.
15:53 Il a montré qu'on avait de l'écho.
15:54 Je ne veux pas du tout pantoufler, je veux occuper un emploi
15:56 où j'aurai un impact, où je serai utile.
15:59 Alors, être utile, c'est l'ambition de Laurent Berger.
16:02 Et certains à gauche, d'ailleurs, le verraient utile en politique,
16:05 comme un potentiel sauveur pour la gauche lors de la présidentielle de 2027.
16:10 Jusqu'à présent, il ne veut pas en entendre parler.
16:12 Il dit que ça ne l'intéresse pas, Laurent Berger.
16:13 Mais pourrait-il finalement devenir peut-être le messie de la gauche dans quatre ans ?
16:17 C'est votre cas, Virginie Riva.
16:18 Vous pensez que Laurent Berger rêve le matin de se lancer en politique en se rasant ?
16:23 Lui, il dit que non.
16:24 Lui, il dit qu'il veut aller dans le privé, d'ailleurs, et pas dans le public,
16:27 pour n'être redevable à personne de faveur.
16:30 C'est vrai que son nom circule.
16:32 Moi, je l'entends notamment pour…
16:34 On m'a parlé peut-être de liste aux élections européennes.
16:36 Certains rêvent de cette candidature, effectivement.
16:39 Dans quelle partie ?
16:40 Pour la…
16:41 Ah, pardon, vous en avez trop dit.
16:44 C'est plutôt du côté socialiste.
16:47 Mais tout dépend aussi s'il y avait une liste commune ou non.
16:49 Bon, ça a l'air mal parti côté NUPES, effectivement,
16:51 pour une liste commune aux européennes.
16:52 Mais c'est vrai que j'en ai entendu parler.
16:54 Lui s'en défend.
16:57 Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il est dans un moment de totale majesté.
17:00 C'est quand même impressionnant de voir que là, il s'en va.
17:03 Il laisse les rênes à quelqu'un qui incarne sa ligne, donc sa succession.
17:07 Il n'y a pas eu de guerre de succession, comme à la CGT.
17:09 Exactement, alors que c'est l'inverse à la CGT, effectivement.
17:12 Donc ça, c'est quand même une force énorme pour celui qui laisse les rênes.
17:15 Il laisse un mouvement où il y a…
17:18 Alors, il y a effectivement plus de 50 000 adhérents grâce au mouvement des retraites.
17:23 Et on était quand même sur une tendance dès 2022 d'augmentation des adhérents.
17:28 Il laisse un mouvement qui revient à la table des négociations avec force
17:32 pour construire un agenda social.
17:34 Donc, c'est vrai que la question peut légitimement se poser.
17:36 Et c'est normal qu'on se la pose, puisque c'est vraiment pour moi un départ en majesté.
17:39 Jean-Rémi Baudot.
17:41 C'est un départ en majesté, effectivement.
17:43 Je pense que la transition va se faire de manière assez simple.
17:45 J'en parlais l'autre jour avec Olivier Dussopt, le ministre du Travail,
17:48 qui va avoir à "dealer" très directement avec Marie-Lise Léon.
17:54 Et lui, il se dit qu'on se connaît bien, il n'y a pas de surprise.
17:56 Elle est vraiment sur la même ligne. Elle est très carrée.
17:58 En gros, tout le monde l'adore. C'est formidable.
18:00 Après, il va falloir aussi qu'elle prenne sa place médiatiquement,
18:04 parce qu'on le voit bien.
18:06 Laurent Berger, il s'en va, mais il fait la tournée de tous les plateaux.
18:09 Là, il était encore ce matin sur France 2.
18:12 Je pense que pour lui, ça va être difficile de se débrancher.
18:15 C'est le Elton John du syndicalisme.
18:17 Après, c'est assez carré aussi.
18:19 Marie-Lise Léon n'a pas commencé avant la date du 21 juin.
18:24 Là, c'est aussi le côté très carré de la CFDT.
18:26 Il va y avoir un enjeu pour elle de stabiliser aussi le succès de la CFDT
18:32 en termes d'adhésion, maintenir la base syndicale,
18:36 ce qui est en fait assez difficile.
18:39 Il faut bien se rendre compte que les ordonnances Macron de 2017
18:42 ont rendu le droit du travail beaucoup plus complexe
18:44 et que les syndicats ont un vrai rôle au sein des entreprises
18:47 pour essayer de soutenir les salariés et tout ça.
18:50 La CFDT, là, elle a un rôle très concret.
18:53 La CFDT va devoir accompagner ses troupes.
18:55 Au-delà des négociations dans les ministères, au-delà des médias,
18:59 il y a des trucs très concrets.
19:01 Il faut tenir aussi sa base et rester populaire aussi auprès de la base.
19:07 Mais quitte à savoir si Laurent Berger a de l'avenir politique,
19:11 ce que je trouve intéressant, c'est ce que disait Virginia Linstein,
19:13 c'est que certains rêvent, certains rêvent pour lui,
19:15 certains rêvent de récupérer son capital politique,
19:17 son capital sympathie auprès d'une partie de la population française.
19:21 Bon, ben lui, il répète qu'il n'en veut pas, j'ai envie de l'écouter.
19:25 – Et est-ce qu'il n'y a pas une forme d'ambiguïté, Renaud Delis,
19:27 pour expliquer la popularité d'aujourd'hui de Laurent Berger ?
19:29 C'est que chacun, finalement, il met ce qu'il veut y voir,
19:31 soit l'image du réformiste, soit l'image de l'homme
19:34 qui a durci sa position sur les retraites.
19:36 – Ça, c'est lié aussi au talent de Laurent Berger tout au long de son mandat,
19:38 de ses mandats d'ailleurs, et de ses 10 ans de présence à la tête de la CDT.
19:41 C'est-à-dire qu'il a parfois été accusé par certains d'être trop modéré,
19:44 on le surnommait aussi le ministre du Travail bis sous le quinquennat de François Hollande
19:47 parce qu'il négociait, il consultait beaucoup avec François Hollande
19:51 qui effectivement ne jurait que par Laurent Berger.
19:53 Et puis, peu à peu, au fil du premier mandat,
19:56 et puis de la première année du deuxième mandat d'Emmanuel Macron,
19:58 il s'est transformé en opposant Emmanuel Macron
20:00 qui lui a beaucoup contourné Laurent Berger.
20:02 Donc c'est vrai qu'il a rassemblé en quelque sorte des franges aussi plus radicales.
20:06 Et il quitte d'ailleurs son poste sur une position beaucoup plus ferme,
20:09 on l'a vu tout au long du conflit des retraites.
20:11 Après, c'est vrai que le passage du syndicalisme en politique,
20:13 ça s'est déjà vu par le passé.
20:15 Il y a des exemples, y compris les plus anciens se souviennent par exemple de Jacques Chérec,
20:19 le père de François Chérec, qui était élu aussi un leader de la CFDT,
20:22 qui a été ministre de François Mitterrand,
20:24 ou encore avant, au début du premier septennat de François Mitterrand,
20:28 André Henry, qui était un ancien syndicaliste de la FEN,
20:32 d'Éducation Nationale, qui a été ministre du Temps Libre.
20:35 Mais un leader syndical qui atteint un tel niveau de popularité,
20:39 un tel poids dans l'opinion aujourd'hui et dans le débat public que Laurent Berger,
20:43 c'est plus compliqué sans doute, parce que Laurent Berger redoute,
20:46 si jamais il faisait ce pas, rappelons qu'il répète qu'il n'en a pas envie,
20:50 c'est quand même le premier point.
20:51 Le deuxième, c'est que ça pourrait nuire à son organisation, à la CFDT,
20:55 et qu'il est soucieux de ne pas nuire justement à la CFDT.
20:58 Tout dernier point aussi, il est conscient un peu aussi de combler le vide.
21:01 C'est-à-dire que si aujourd'hui la gauche,
21:03 une bonne partie de la gauche le regarde avec les yeux de chimène,
21:05 c'est aussi parce qu'il n'y a pas grand monde en magasin, si j'ose dire,
21:08 et que la médiocrité de l'offre politique conduit la gauche,
21:10 y compris d'ailleurs, vous le disiez, pour les européennes,
21:12 à rêver d'une entrée en politique de Laurent Berger.
21:15 Merci à tous les trois, Renaud, Dely, Jean-Rémi Baudot, Virginie Rivain.
21:19 Un coup d'œil à votre site d'information Contexte, matin, qu'est-ce qu'on y trouve ?
21:23 On y trouve "Comment la majorité prépare l'après-100 jours"
21:25 et "Comment la Commission européenne bricole le budget pour tenir jusqu'en 2027".
21:29 Merci, bonne fête de la musique à tous.
21:30 Renaud Dely, vous vous produisez sur quelle scène ce soir ?
21:33 Je jouerai du triangle devant la maison de la radio.
21:35 C'est sans doute comme vous faites le mieux.
21:36 Entre 22h12 et 23h14.
21:38 Évitez le quartier si vous le pouvez. Merci, belle journée à tous.