Tous les vendredi, les informés débattent de l'actualité autour d'Hadrien Becq et Renaud Dély.
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00:00Ravis de vous retrouver pour les informer, votre demi-heure de décryptage de l'actualité politique.
00:06Actualité politique très chargée, bonjour Renaud Dely.
00:09– Allons bon, bonjour Adrien.
00:11– Puisque les choses semblent se préciser, j'ai l'impression
00:14que nous allons peut-être avoir un Premier ministre.
00:16– Effectivement, avec une nomination imminente visiblement,
00:19puisque François Bayrou est à l'heure qu'il est dans le bureau d'Emmanuel Macron.
00:23– Et on en parle Renaud avec nos deux informés.
00:25Bonjour Victoria Coussin, journaliste au service politique de France Info.
00:29On vous retrouve tous les matins dans le Brief politique à 7h24.
00:32Et bonjour Sylvain Courage, vous êtes directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
00:37Donc Renaud, effectivement, nous sommes au cœur du sujet, je crois.
00:41– Voilà, un nouveau locataire pour Matignon.
00:43Cette fois-ci, la fumée blanche approche.
00:45En tout cas, on n'a jamais été aussi proche de Noël d'une part,
00:48mais aussi de la nomination d'un nouveau Premier ministre à Matignon.
00:51François Bayrou qui est l'un des favoris, voire le favori,
00:54est de retour pour la troisième fois en quelques jours d'ailleurs,
00:57dans le bureau d'Emmanuel Macron depuis un peu plus d'une demi-heure.
01:01Donc évidemment, la nomination de François Bayrou semble envisageable, envisagée,
01:07même si on ne sait pas encore ce qu'Emmanuel Macron est en train de lui dire.
01:11Hier, une fonne journée de name dropping,
01:13comme on en a connu souvent avec des noms qui ont circulé un petit peu dans tous les sens.
01:17Est-ce que François Bayrou pourrait correspondre à la donne politique ?
01:21Thomas Cazenave, l'ancien ministre du budget qui était votre invité il y a quelques minutes,
01:25et qui est un fidèle macroniste, considère qu'effectivement,
01:27François Bayrou pourrait être le bon choix au regard de la nécessité
01:32de rassembler au centre, un peu à gauche, un peu à droite.
01:36Ce n'est pas tout à fait la position, ce n'est même pas la position d'ailleurs de la gauche,
01:40qui réclame un Premier ministre de gauche.
01:42C'était encore ce que faisait d'ailleurs une autre invitée de France Info ce matin,
01:45Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie.
01:49Je continue à dire que pour être fidèle au vote des Français,
01:52il faut qu'il y ait un Premier ministre de gauche.
01:55Si le président de la République en décide autrement, c'est son pouvoir,
02:00nous devrons examiner la feuille de route,
02:04mais objectivement, je ne vois pas pourquoi un soutien d'Emmanuel Macron depuis 7 ans
02:10va d'un seul coup présenter une politique de gauche
02:13et renier tout ce qui a été fait et qui l'a soutenu pendant 7 ans.
02:16Alors ce ne serait effectivement pas le premier choix de la gauche,
02:19la gauche veut un Premier ministre de gauche,
02:21toutefois, Carole Delga, comme les autres socialistes,
02:24évoque l'hypothèse de discuter de la feuille de route,
02:28d'une éventuelle plateforme de gouvernement minimale.
02:31Bref, est-ce que l'hypothèse Bayrou peut se concrétiser
02:36dans les minutes ou dans les heures qui viennent
02:38et quelle sera la nouvelle donne politique à l'issue ?
02:40Et est-ce qu'on peut d'ailleurs imaginer, Adrien, je vous pose la question,
02:44qu'Emmanuel Macron reçoive ce matin François Bayrou à l'Élysée à 8h30
02:48pour lui dire que finalement, ce ne sera pas lui ?
02:50Vous savez quoi, je vais prendre le ballon et je vais le passer à Victoria Coussin.
02:53C'est la question que j'allais vous poser justement.
02:56Est-ce qu'on a des hypothèses ?
02:58C'est quoi les hypothèses de cet accueil et de cette rencontre
03:01avec François Bayrou ce matin, Victoria ?
03:03Tout peut se passer dans leurs entourages,
03:05dans l'entourage du chef de l'État et dans l'entourage de François Bayrou.
03:08On ne nous dit pas quel est le but de cette consultation.
03:11Il n'y a pas d'ordre du jour.
03:13On ne sait pas ce que sont en train de se dire les deux hommes.
03:16Et effectivement, les deux options sont possibles,
03:19même si la deuxième, c'est-à-dire le recalage de François Bayrou,
03:24serait très mal vécu, notamment dans la famille Modem.
03:28Il y a pas mal de députés notamment qui sont en train de s'activer pour dire
03:33s'il n'est pas nommé, ce serait une humiliation.
03:35S'il n'est pas nommé, ça va tanguer.
03:37Donc si c'est le cas à la fin, ce sera vraiment très compliqué pour Emmanuel Macron.
03:41Tout est possible.
03:42Et n'oubliez pas aussi la jurisprudence Catherine Vautrin.
03:45Souvenez-vous, elle avait même visité Matignon, Catherine Vautrin, en 2022.
03:51Et finalement, à la toute dernière minute,
03:53Emmanuel Macron avait décidé de nommer Élisabeth Borne.
03:56Donc tout est possible encore.
03:58Il y avait eu, comme on dit, un tir de barrage pendant le week-end
04:01qui fait qu'elle n'avait pas été nommée.
04:03Sylvain Courage, vous, est-ce que vous vous dites comme Victoria,
04:06il y a un côté difficile aujourd'hui,
04:10tant Emmanuel Macron s'est avancé avec François Bayrou.
04:13On a pu lire ça, et là, d'ailleurs, François Bayrou était lui-même déjà très heureux
04:16avant même d'être nommé.
04:17Oui, si le président ait conduit François Bayrou ce matin,
04:20ça sera vraiment de la téléréalité.
04:22On sera plus dans Bachelor où on vous montre comment sont répudiés
04:26les prétendants ou les prétendantes par le maître des lieux.
04:31Donc je pense que la voiture qui rentre dans la cour,
04:34la mise en scène de l'arrivée de Bayrou, ça rend difficile son rejet.
04:40Mais on a tout vu, et surtout, ça fait des semaines qu'on attend,
04:44et donc il y a une espèce d'irrationnalité qui peut aussi s'emparer du président.
04:50Victoria Coussin.
04:52Sans oublier juste que ces derniers jours,
04:55ce qui a peut-être repoussé l'annonce,
04:57c'est parce qu'il y a un certain Nicolas Sarkozy qui est très influent au président
05:01et qui fait passer des messages et notamment rappelle que François Bayrou
05:05ne l'a pas soutenu en 2007 et a soutenu aussi François Hollande en 2012.
05:09Et l'ancien président de la République lui tient rigueur de ça,
05:12il le rappelle et c'est aussi peut-être ça qui bloque.
05:15Renaud.
05:15Même si en l'occurrence, le président de la République, Nicolas Sarkozy,
05:17a d'autres soucis en tête puisqu'il va avoir un début d'année 2025
05:20extrêmement compliqué sur le plan judiciaire
05:22avec la décision de l'accord de cassation concernant sa condamnation définitive
05:25dans l'affaire Aziber et puis la première instance du procès du financement libyen,
05:31donc du supposé financement libyen de sa campagne de 2007.
05:35Donc on peut supposer aussi que la voix de Nicolas Sarkozy pèse quand même de moins en moins,
05:39y compris au regard de ces échanges judiciaires assez lourdes qui l'attendent.
05:42Juste pour revenir sur le moment qu'on est en train de vivre,
05:45évidemment tout est possible, vous avez raison.
05:47Ensuite, le fait d'éconduire au dernier moment un prétendant à Matignon, c'est possible,
05:52mais en général ça se fait soit par téléphone,
05:55soit on lui demande de venir à l'Élysée, le chef d'État lui demande de venir discrètement.
06:00Mais là on parle de François Bayrou, le rapport avec Emmanuel Macron est différent.
06:04Oui mais l'humiliation serait bien pire, c'est-à-dire de faire savoir à 8h30,
06:08comme l'a fait l'Élysée, que François Bayrou serait reçu à 8h30,
06:11que toutes les caméras suivent la voiture de François Bayrou de son domicile jusqu'à l'Élysée,
06:16pour lui dire finalement qu'il nomme Bernard Cazeneuve ou un autre.
06:19Je pense que là ce serait quand même une humiliation gigantesque,
06:23c'est assez peu imaginable.
06:25Juste un dernier point, en toute humilité,
06:27je reconnais qu'ici même, sur ce plateau, le 9 juin dernier, à 20h55,
06:31quand on m'a demandé si Emmanuel Macron allait dissoudre l'Assemblée nationale,
06:35j'ai dû à peu près tenir les mêmes propos.
06:37Ça me paraissait politiquement assez suicidaire, ce fut le cas d'ailleurs, mais il l'a fait.
06:41Donc il ne va peut-être pas dissoudre l'Assemblée nationale ce matin ?
06:43Non, ça il ne peut pas.
06:45C'était évidemment une plaisanterie, je le dis d'emblée.
06:48Sylvain Courage, François Bayrou, est-ce que c'est potentiellement le Premier ministre non censurable ?
06:54Alors il occupe une position centrale sur l'échiquier politique français depuis déjà plusieurs décennies.
07:00Et c'est vrai qu'il a souvent tendu la main à la gauche,
07:03il s'est souvent fait mordre la main d'ailleurs, ça n'a pas toujours été très concluant.
07:07Mais souvenez-vous de son rapprochement avec Ségolène Royal,
07:10entre les deux tours de la présidentielle de 2007.
07:12Il a voté, comme on le sait, pour François Hollande en 2012.
07:18Donc c'est vraiment quelqu'un qui peut avoir,
07:21enfin qui a une prédisposition à une ouverture vers la gauche.
07:25On sait que les modems ont soutenu des amendements
07:27lors du dernier débat budgétaire des amendements de la gauche.
07:29Et puis c'est quand même un homme qui vient de la droite,
07:31qui a été ministre dans des gouvernements de droite.
07:33Alors il est détesté à droite par une partie de l'ex-UMP,
07:38enfin les sarcosistes.
07:39– Notamment les sarcosistes, j'ai l'impression.
07:41– Mais le temps quand même a fait son œuvre.
07:43Et puis il a un troisième avantage, c'est qu'il a toujours été correct avec Marine Le Pen,
07:48en tout cas c'est ce que Marine Le Pen pense,
07:50puisqu'il l'a aidée à avoir des signatures,
07:52à présenter sa candidature au nom de la démocratie.
07:55Donc voilà son profil politique qui est intéressant.
07:59Le désavantage évidemment c'est qu'il va être difficile de satisfaire la gauche et la droite,
08:05ça reste quand même une gageur.
08:07– Victoria Koussa, quelle marge de manœuvre il peut avoir justement ?
08:10Sylvain l'évoquait, bon, il faut satisfaire tout le monde, c'est pas simple.
08:14– Oui, il faut satisfaire tout le monde, très certainement notamment les socialistes
08:19qui très vite, très rapidement,
08:21dès que le nom de François Bayrou a commencé à circuler,
08:25ont dit, notamment en off, en coulisses,
08:29pourquoi pas si c'est François Bayrou, on pourrait ne pas voter la censure.
08:33Ce qui ne veut pas dire qu'on entrerait dans un gouvernement François Bayrou,
08:36mais en tout cas la piste d'un accord de non-censure
08:40est bien plus probable avec un François Bayrou au gouvernement
08:43qu'un Bruno Rotailleau ou qu'un personnage de droite.
08:47Et donc on sent quand même une volonté de co-construire avec lui,
08:51du côté des socialistes.
08:53Et si les socialistes ne le censurent pas,
08:55et si les écologistes aussi qui se sont montrés constructifs
08:58en allant autour de la table avec Emmanuel Macron ne le censurent pas,
09:01il aura certainement des chances de rester au moins quelques temps, quelques mois,
09:06s'ils respectent le deal de l'accord de non-censure.
09:08– On va continuer à explorer cette hypothèse Bayrou,
09:12alors que le patron du Modem est toujours à l'Élysée avec Emmanuel Macron.
09:17Il était attendu ce matin à 8h30.
09:19D'abord le Fil info, 9h15, Marine Clete.
09:23– Une discussion depuis 45 minutes maintenant dans un bureau de l'Élysée.
09:26François Bayrou est reçu en ce moment par Emmanuel Macron.
09:29Le président lui explique-t-il les raisons de sa nomination
09:32ou celles de son éviction ?
09:34Le nom du prochain Premier ministre doit en tout cas être annoncé ce matin.
09:38Mayotte en alerte orange avant le passage d'un cyclone tropical.
09:42Une centaine de secours sont partis en renfort depuis l'Hexagone.
09:45Les écoles de l'archipel sont fermées.
09:47Plusieurs centres d'hébergement d'urgence ont été mis en place.
09:50L'alerte rouge sera probablement déclenchée à partir de demain matin.
09:544 sauvetages hier dans les eaux de la Manche.
09:56Le temps calme a favorisé les tentatives de traversée, précise la préfecture.
10:00120 migrants ont été ramenés au port de Dunkerque et de Calais.
10:04Le verdict est attendu aujourd'hui à Bordeaux
10:06au procès des 5 anciens rugbymen de Grenoble
10:09accusés du viol en réunion d'une étudiante ou de non-empêchement de crime.
10:13Les faits ont eu lieu en 2017 après un match.
10:15Hier, le parquet a requis des peines allant de 2 à 14 ans de prison.
10:19Enfin, l'équipe de France de football masculine,
10:21fixée sur son sort tout à l'heure à midi.
10:23Ce sera le tirage au sort des qualifications pour la Coupe du monde 2026.
10:27Les matchs, eux, se joueront en mars.
10:40Et toujours avec Victoria Koussa, service politique de France Info.
10:44Et Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Ops.
10:48Sylvain, on l'entendait dans les titres avec Marine Clet,
10:5245 minutes de rencontre.
10:54On ne va pas jouer au devin ni au mar de café ce matin,
10:58mais pour dire vous ne serez pas Premier ministre,
11:00c'est long 45 minutes.
11:02Ou alors ça veut dire que ça a tourné au psychodrame.
11:05Peut-être que François Bayrou ne veut pas sortir du bureau.
11:08Peut-être qu'il s'accroche à la table.
11:10Non, je pense qu'effectivement c'est probablement le signe
11:13que les choses se préparent.
11:17Voilà, maintenant je ne peux pas vous le confirmer évidemment.
11:20C'était pour avoir votre sentiment parce qu'on vit effectivement
11:22ce matin sur France Info les choses un petit peu en direct.
11:25Et ça tombe bien puisqu'on est bien entouré pour les vivre avec vous.
11:28On parlait du profil de François Bayrou-Renaud avec Victoria.
11:32Sur l'aspect, voilà, il va falloir qu'il contente tout le monde.
11:35Bon, François Bayrou, c'est quand même un habitué de ces choses-là, peut-être.
11:38Alors, il y a son positionnement politique,
11:40ce positionnement centriste, effectivement.
11:42C'est lui qui a autonomisé le centre,
11:44qui l'a détaché d'ailleurs de la droite il y a déjà de nombreuses années
11:48et qui préside le modem en ce sens depuis longtemps.
11:52Il a été en quelque sorte effectivement faiseur de roi,
11:55François Bayrou, faiseur de roi de François Hollande en 2012.
11:58On s'en souvient.
11:59Il a appelé à voter pour François Hollande,
12:01ce qui a effectivement fâché Nicolas Sarkozy à l'époque,
12:03et toujours d'ailleurs.
12:04Effectivement, il y a un certain ressentiment de sa part.
12:06Il faut souvenir que c'est aussi le faiseur de roi d'Emmanuel Macron en 2017.
12:10C'est-à-dire que c'est en retirant sa candidature qui était éventuelle
12:14durant la campagne présidentielle de 2017, au début de 2017,
12:18que dans les sondages, Emmanuel Macron automatiquement,
12:21juste à ce moment-là, est passé devant François Fillon.
12:24Il a gagné, dès qu'on a retiré dans les sondages d'intention de vote
12:27la candidature potentielle de François Bayrou.
12:30Emmanuel Macron a immédiatement gagné 4 à 5 points,
12:32ce qui l'a fait faire ensuite la course en tête à partir du mois de février 2017.
12:37Il y a eu un accord entre les deux hommes à ce moment-là.
12:39Et puis sur le fond, c'est vrai que le profil politique de François Bayrou,
12:43outre son positionnement, l'a plutôt conduit au fil de sa carrière,
12:48déjà longue, rappelons qu'il a été pour la première fois ministre
12:50il y a 30 ans dans le gouvernement d'Édouard Balladur,
12:52à l'époque ministre de l'Éducation.
12:54C'est justement là qu'il a un peu entamé cette carrière de conciliateur.
12:58Alors ses contempteurs, ses critiques diront de ce prophète de l'immobilisme,
13:03en quelque sorte, c'est-à-dire qu'il a eu tendance plutôt
13:05à souvent enterrer les sujets qui fâchent.
13:08C'était le cas, c'est comme ça qu'il avait apaisé
13:10le monde de l'éducation nationale à l'époque.
13:13Certains disaient en co-gérant quasiment le ministère avec les syndicats,
13:16ce qui lui a donné une bonne cote, évidemment, auprès des syndicats enseignants.
13:19Il y était resté quatre ans d'ailleurs.
13:21Là aussi, on voyait sa capacité à franchir les régimes,
13:23parce qu'il a été nommé dans le gouvernement d'Édouard Balladur
13:26et il a survécu, entre guillemets, à l'élection de Jacques Chirac,
13:30et on se souvient dans quel contexte, contre Balladur,
13:32pour rester ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement d'Alain Juppé.
13:35Et c'est vrai qu'il a cette réputation, alors qui fâche parfois un peu,
13:39notamment les macronistes avides de réformes,
13:41y compris le chef de l'État lui-même,
13:43de pouvoir enterrer un peu les sujets.
13:45Et on sait qu'au vu des marges de manœuvre à venir,
13:48qui sont extrêmement étroites,
13:50et de cette plateforme minimale, programmatique,
13:54à essayer de négocier avec le centre, la gauche, la droite,
13:58il y a des cactus, des lignes rouges, dit-on.
14:00La fameuse réforme des retraites dont la gauche veut la brogation,
14:04mais qu'elle pourrait peut-être se contenter d'une conférence sociale
14:07pour en discuter avec les syndicats.
14:09De l'autre côté, il y a la loi immigration,
14:11à laquelle François Bayrou n'a jamais été favorable,
14:14à une nouvelle loi, une énième loi.
14:16C'est un peu l'homme qui est susceptible de débrancher ces sujets-là.
14:20Rappelons d'ailleurs, à propos de la réforme des retraites,
14:22que François Bayrou était hostile à la réforme de 2010,
14:24portée à l'époque par le Premier ministre François Fillon.
14:26Pas tant au report à l'âge de 62 ans,
14:29mais qu'un certain nombre de mesures qu'il considérait injustes,
14:31notamment le fait que la retraite à taux plein, sans décote,
14:36quand on était entré sur le marché du travail tardivement,
14:39ne pouvait se faire qu'à 67 ans.
14:41Ça, il avait fermement combattu.
14:42Les Sarkozy s'en souviennent aussi, cette réforme, à l'époque.
14:44– Alors que François Bayrou, effectivement, est toujours à l'Élysée.
14:47Ceux qui nous regardent à la télévision le voient sur les images de l'Élysée,
14:52où la voiture de François Bayrou est toujours,
14:56à peu plus de 50 minutes d'entretien avec Emmanuel Macron, Victoria Coussin.
15:03Renaud disait la capacité, on va dire, de François Bayrou à enterrer les choses.
15:09Moi, ce que j'ai du mal à comprendre,
15:11et on avait Thomas Cazenave ce matin au 8h30,
15:13et ce n'était pas forcément évident là non plus
15:15de comprendre vraiment ce qu'il voulait,
15:17c'est les lignes rouges des uns et des autres.
15:20Si François Bayrou est nommé,
15:22comment faire coexister ceux qui ne veulent plus de la réforme des retraites,
15:26donc la gauche, le PS y compris, même s'il met un petit peu d'eau dans son vin,
15:30et les macronistes ?
15:31Thomas Cazenave nous le disait encore ce matin,
15:33nous, on ne met pas cette réforme en pause.
15:35– Il faut bien rappeler que le Premier ministre change,
15:37mais pas l'Assemblée nationale.
15:39Les équilibres vont rester les mêmes,
15:41la situation va rester aussi compliquée,
15:43et donc ça va être à François Bayrou, ou à un autre,
15:46de construire un accord en fonction,
15:50vous parliez des lignes rouges des uns et des autres,
15:53et finalement Emmanuel Macron voulait que le quoi passe avant le qui,
15:57mais finalement c'est le qui qui va d'abord passer avant le quoi,
15:59et le quoi, la prochaine étape, ça va être la plus compliquée,
16:02parce qu'on était à celle des discussions,
16:05des prises de température des uns et des autres,
16:07mais là il va falloir négocier,
16:09et si la gauche est prête à un accord de non-censure,
16:13ce ne sera pas à n'importe quelle condition,
16:15et justement la gauche n'a gagné que des victoires,
16:19et des victoires symboliques,
16:20puisque la question n'est pas d'intégrer un gouvernement,
16:22ils sont à l'idée que ce ne sera certainement pas un Premier ministre de gauche,
16:26mais là ça va être d'obtenir des victoires concrètes pour leurs électeurs,
16:30notamment plus de lois immigration, plus de textes immigration,
16:34pourquoi pas aussi un engagement à ne pas utiliser,
16:37à ne pas avoir recours au 49-3,
16:39qui pourrait forcer les uns et les autres à trouver de vrais compromis à l'Assemblée,
16:43et la réforme des retraites,
16:45ils sont prêts à oublier le mot abrogation,
16:48et à garder le mot gel de la réforme des retraites,
16:51donc une suspension d'ici 2027,
16:54donc c'est là que tout s'engage, et c'est là que le plusieurs commence.
16:57– Sylvain Courage.
16:58– Le modèle politique de François Bayrou, c'est Henri IV,
17:00c'est ce roi qui a…
17:02– Non, c'est l'anniversaire je crois aujourd'hui.
17:03– Voilà, il lui a consacré une biographie,
17:05c'est ce roi qui a apaisé la querelle religieuse en France,
17:07à une époque où catholiques et protestants s'égorgeaient dans les rues,
17:10et c'est vraiment son modèle, il le vit…
17:12– Ça n'a pas très bien fini pour…
17:14– Ça n'a pas très bien fini,
17:15mais il a proclamé l'édite d'Ante,
17:18qui a été un moment d'apaisement dans les querelles religieuses françaises
17:21qui sont peut-être la matrice de nos luttes politiques.
17:24– Renaud ?
17:25– C'est possible, effectivement.
17:27Non, effectivement, il a écrit, il a beaucoup écrit sur Henri IV,
17:30et il y a parmi les atouts de François Bayrou,
17:33si c'est lui qui est nommé, ce qui n'est pas le cas à l'heure où on parle,
17:36il y a tout ce qu'on évoquait, son positionnement politique,
17:38sa capacité à apaiser les choses, dirons les uns,
17:40à enterrer les dossiers qui fâchent, dirons les autres.
17:44Il y a aussi, il faut rappeler, un sujet qui va venir dans la discussion politique,
17:47qui est déjà, c'est la proportionnelle.
17:49C'est une question de longue date des centristes,
17:51c'est que les socialistes regardent ça maintenant plutôt avec intérêt,
17:53parce que ça leur permettrait de se dégager de l'alliance avec les insoumis
17:56s'il y a de futures élections législatives,
17:58et il y en aura de toute façon plus tard, en 2027, même après, si jamais…
18:06– Sauf en cas de dissolution.
18:08– Forcément en 2027.
18:10Il y a parmi les handicaps de François Bayrou, il faut quand même en évoquer un autre,
18:14si jamais c'est lui qui est nommé, c'est le cactus de la justice,
18:17puisqu'il a été jugé dans l'affaire des assistants supposés fictifs du Modem.
18:22Alors il faut rappeler que c'est un vrai faux handicap pour François Bayrou.
18:25Pourquoi ? D'abord parce qu'il a été relaxé en première instance.
18:28Alors il y a une procédure d'appel, le parquet a fait appel,
18:30mais il a été relaxé en première instance.
18:33Ensuite, il faut rappeler que les faits ne sont pas ni de la même nature,
18:37ni de la même ampleur que ceux qui se reprochaient à Marine Le Pen
18:39dans l'affaire du R.N.
18:40En l'occurrence, l'affaire du Modem concerne 11 contrats pour un montant de 350 000 euros au total.
18:45Et donc si François Bayrou a été relaxé, c'est qu'il n'a absolument pas démontré
18:49qu'il était au centre de ce système, qu'il y avait même un système
18:52et qu'il a été décisionnaire, contrairement en tout cas aux accusations
18:55qui pèsent sur Marine Le Pen.
18:57Et puis le tout dernier point, il faut rappeler qu'Emmanuel Macron
18:59a enterré depuis bien longtemps ce qu'on appelait en son temps
19:02la jurisprudence Bérégovoy-Baladur, c'est-à-dire le fait qu'un ministre
19:07mis en examen démissionne automatiquement de ses fonctions.
19:10Non seulement plusieurs ministres depuis sept ans qu'Emmanuel Macron est à l'Elysée
19:14sont restés en poste tout au long de leur mise en examen,
19:16mais parfois même tout au long d'un procès éventuel.
19:19On se souvient par exemple qu'Alain Griset, qui était chargé des PME,
19:22n'avait fini par démissionner il y a trois ans qu'à l'issue de sa condamnation.
19:26Donc ce sujet qui peut apparaître dans les jours qui viennent,
19:30qui apparaît effectivement comme un handicap pour François Bayrou,
19:35je pense que politiquement il n'est pas très compliqué de le gérer pour lui et pour Emmanuel Macron,
19:39si jamais François Bayrou est nommé à Métignanon.
19:41Et puis il va y avoir un autre sujet quand même pour François Bayrou,
19:45ou en tout cas celui qui sera nommé Premier ministre, on rappelle que c'est quand même ce matin,
19:49et on rappelle que François Bayrou est toujours aux dernières nouvelles à l'Elysée.
19:53Depuis presque une heure.
19:54Depuis bientôt une heure maintenant.
19:56C'est quand même la nomination accessoirement, et je le dis avec le sourire, mais d'un gouvernement.
20:01Oui, d'un gouvernement, effectivement.
20:02Il va falloir nommer un gouvernement,
20:04il va falloir s'assurer une majorité qui puisse tenir quelques mois à l'Assemblée,
20:09puisque là on passe la loi spéciale sur le budget,
20:12mais il va falloir construire un nouveau budget à la rentrée,
20:14et donc vraiment ça va être aussi une nouvelle épreuve.
20:17Et dernière chose, dernier point,
20:19ce qui peut peut-être aussi expliquer l'hétergiversation d'Emmanuel Macron ces derniers jours,
20:23c'est qu'il y a aussi un enjeu pour le Président.
20:26Il ne peut plus vraiment se permettre qu'un nouveau gouvernement soit renversé.
20:29Pourquoi ?
20:30Parce qu'il y a les filles qui font monter cette petite musique, vous savez, de sa démission.
20:33Et ce message est en train d'infuser.
20:36On entend notamment chez nous Jean-François Copé,
20:39qui n'est pas vraiment insoumis, mais a l'air de mot,
20:42commencer à évoquer la démission.
20:44Donc le message peut aussi s'imprimer au sein de la droite,
20:49et pourquoi pas aussi au sein des troupes d'Emmanuel Macron progressivement.
20:53Et là, ce sera de plus en plus compliqué pour lui.
20:55S'il l'encourage, il y a aussi quand même le sujet, effectivement,
20:57qui va être le tout premier, qui va être le sujet du budget.
21:00Bah oui, parce qu'on voit bien que là...
21:02Et ça, ça va, pardon, que ce soit François Bayrou ou un autre,
21:05occuper déjà les premiers jours, les premières semaines,
21:08et même les premiers mois de ce futur Premier ministre ?
21:10C'est le principal obstacle.
21:11Une fois que cet obstacle sera franchi,
21:12je pense que les lois qui seront proposées à l'Assemblée,
21:15quel que soit le Premier ministre,
21:16risquent d'être beaucoup plus... sont des débats plus consensuels.
21:19Enfin, quoique l'agriculture, c'est compliqué,
21:21la fin de vie aussi, la réindustrialisation.
21:24Mais enfin, le budget, ça va être la bataille.
21:26La première bataille et le premier obstacle à franchir.
21:29Surtout si le nouveau Premier ministre s'engage à ne pas utiliser le 49.3,
21:32parce que là, il faut aboutir à un compromis parlementaire.
21:35Un tout petit mot, Renaud.
21:36Ça, a priori, le refus...
21:37Enfin, l'engagement à ne pas utiliser le 49.3, c'est dans la corbeille.
21:40Je veux dire, c'est dans la corbeille de l'accord de non-censure.
21:42C'est à cette condition qu'il peut, effectivement, obtenir
21:44de ne pas être censuré, en particulier par la gauche,
21:48par les socialistes et peut-être par les écologistes et les communistes.
21:50Merci à vous, Renaud.
21:52On suivra ça, bien évidemment, sur France Info,
21:55cette hypothèse Bayrou qui se confirme ou pas.
21:59On verra ça, en tout cas, sans doute, dans les prochaines minutes.
22:01Merci, Victoria Koussa, journaliste au service politique de France Info.
22:04Merci.
22:05Et on vous retrouve au Brief politique, tous les matins, 7h24.
22:07Et merci, Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Ops.
22:12L'information se poursuit, bien sûr, sur France Info.