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Tous les jours, les informés débattent de l'actualité, ce vendredi autour d'Hadrien Bect et de Renaud Dély

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00:00Ravis de vous retrouver pour les informer, votre demi-heure de décryptage de l'actualité
00:10comme chaque matin sur France Info et comme chaque matin avec vous, Renaud Dely.
00:14Bonjour.
00:15Vous allez bien ?
00:16Très bien et vous ?
00:17C'est parfait.
00:18Moi, ça va.
00:19Bonjour Paul Barcelone.
00:20Vous êtes l'un de nos deux informés ce matin, journaliste politique à France Info
00:23et bonjour à vous Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24.
00:28Renaud Dely, notre premier sujet ce matin nous amène évidemment au cœur de l'actualité.
00:33On reparle de cet effort de réarmement avec toujours cette question, comment le financer,
00:37qui va payer ?
00:38Qui va payer ? Comment financer cet effort de réarmement ? En effet, le ministre de
00:41l'Économie et des Finances, Éric Lombard, recevait hier à Bercy à cette fin des investisseurs,
00:46des entreprises de défense pour essayer de réfléchir aux meilleurs moyens de financer
00:50cet effort de réarmement.
00:51Selon Bercy d'ailleurs, les entreprises de défense ont besoin au total d'environ
00:555 milliards d'euros de fonds propres, de capitaux nouveaux.
00:59Et à cette fin, Éric Lombard a donc annoncé hier la création d'un fonds dans lequel
01:04les Français pourront investir sur la base du volontariat, bien sûr.
01:08Voici la déclaration de ministre de l'Économie et des Finances hier.
01:12L'État ne fera jamais main basse sur l'épargne des Français dont ils doivent disposer librement,
01:18c'est une évidence.
01:19En revanche, il faut être incitatif, et je salue l'initiative de BPI France, cher
01:23Nicolas Dufourc, qui a décidé de la mise en place d'un fonds de détail pour le grand
01:29public, pour les industries de défense et de souveraineté, où les Français pourront
01:33investir à partir de 500 euros directement, ou via les contrats d'assurance vie, ce fonds
01:39ouvert à tous, à une cible de 450 millions d'euros.
01:43Au passage, vous l'avez entendu, Éric Lombard évidemment tord le coup à cette rumeur propagée
01:48parfois sur laquelle l'État va s'emparer de l'épargne des Français, il ne s'agit
01:52pas de ça, comme l'a dit le ministre de l'Économie et des Finances, mais sur la base
01:58du volontariat de créer un nouveau fonds et d'inciter les Français, s'ils le souhaitent,
02:04à financer ce fonds avec une somme minimale de 500 euros, des fonds qui seraient bloqués
02:12sur une durée de 2-5 ans.
02:14Est-ce que cette piste de l'épargne populaire, sans compter d'autres produits qui seraient
02:19fléchés dans cette direction, à partir de l'assurance vie par exemple, ou d'autres
02:22produits d'épargne, est-ce que cette piste de l'épargne populaire peut être efficace,
02:26voire suffisante pour financer l'effort de défense ? Et comment éviter, au regard
02:30de la situation des finances publiques, que l'État ne s'endette davantage encore ?
02:35Rappelons qu'il y a quelques jours, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy
02:39de Gallo, rappelait qu'il n'était pas question d'en revenir au quoi qu'il en coûte pour
02:44financer cet effort de défense.
02:46Alors, sans jeu de mots aucun, Roselyne Fèvre, est-ce qu'à vos yeux, la manière dont le
02:50gouvernement porte ce sujet, la manière dont il le vend, le fond même du produit proposé,
02:58est-ce que c'est, selon vous, la bonne recette ?
02:59Ils n'ont pas vraiment le choix parce que, justement, ils ne veulent pas faire de choix.
03:04Donc, il faut doubler la dépense actuelle, c'est-à-dire il faut trouver 40 milliards.
03:09Donc, on est très loin du compte, puisqu'Emmanuel Macron a dit qu'il voulait passer de 2% du
03:14PIB à plus de 3%.
03:17Donc, la somme est absolument gigantesque et on est loin du compte.
03:20Et comme la France est paralysée budgétairement et que, dans le fond, on ne veut pas toucher,
03:26le gouvernement ne veut pas toucher à l'État Providence, il y a trois sources d'alimentation,
03:30c'est l'argent des entreprises, c'est Bruxelles et l'épargne des Français.
03:33Et comme vous l'avez dit, le gouvernement ne va pas toucher au livret A parce que la
03:37somme fait rêver, évidemment, ces 400 milliards d'euros.
03:40Mais qui s'est réservée pour le logement social.
03:41Voilà, pour le logement social.
03:43Donc, ce livret A, ce n'est pas grand-chose par rapport à l'effort qu'il va falloir soutenir.
03:48450 millions, c'est bien, mais c'est une goutte d'eau dans la mer.
03:54Et il va falloir trouver, donc le gouvernement trouve des mini-solutions pour ne pas toucher
04:00au social parce qu'il n'y a pas de choix budgétaire.
04:02Et la crainte, c'est que les Allemands, eux, ne vont pas se gêner, c'est qu'ils vont investir
04:08des centaines de milliards dans l'industrie de la défense et qu'ils vont nous damer le
04:14pion en quelque sorte.
04:15Et ils vont faire, les Allemands ne vont pas se gêner, ils vont faire la Mercedes de la défense.
04:21Paul Barcelone, est-ce que vous partagez ce que dit Roselyne Fèvre au sens où, si je
04:25reprends ce que dit Roselyne, c'est une forme presque de pisaler, le gouvernement fait ce
04:29qu'il peut avec ce qu'il a.
04:30Effectivement, la somme n'est pas colossale.
04:32En tout cas, on voit bien qu'il est pris entre deux feux, celui de garder les finances publiques
04:37à flot et de l'autre côté, mobiliser l'opinion publique.
04:41Quand on se tourne vers l'épargne des Français, c'est directement au portefeuille, presque
04:44au badlane des Français que l'on se tourne.
04:47La question aussi pour le gouvernement, c'est celle de réussir à convaincre les Français
04:52que l'investissement dans la défense, dans l'armement, n'est plus sale, comme disait
04:57Sébastien Lecornu hier, et qu'il devient un investissement éthique, responsable et
05:02soutenable.
05:03Et là, il y a évidemment un enjeu de pédagogie pour l'exécutif.
05:06Mais au fond, ça concerne qui, Renaud Delis ?
05:08Ça ne se dresse pas non plus à grand monde.
05:09Il y a une double difficulté.
05:10Il y a celle que vient de souligner Paul Barcelone, d'inciter les Français à financer l'effort
05:15de défense.
05:16Ce n'est pas forcément, au premier abord, un réflexe qui peut être celui des épargnants.
05:20Et puis, évidemment, pour l'État, c'est en fait une façon de s'endetter d'une autre
05:24façon.
05:25Parce que pour inciter les Français à financer cet effort, il ne suffira pas de miser sur
05:29leur patriotisme.
05:30Il faut aussi que les taux soient attractifs.
05:32En l'occurrence, Éric Lombard a annoncé hier, a précisé qu'il n'y aura pas de rendement
05:36fixe, comme justement pour le livret A.
05:38Oui, ils investissent dans une entreprise.
05:39Voilà.
05:40Donc, je ne sais pas combien ça peut rapporter, mais la part de risque est réelle.
05:44Voilà.
05:45Comme un investissement boursier.
05:46Exactement.
05:47Évidemment, cette part de risque, ce rendement dépend des résultats des entreprises de
05:52défense en question.
05:53Ces grands groupes Dassault Aviation, Thalès, quelques autres, etc.
05:57Donc, il y a aussi une part de risque qui peut également freiner les épargnants.
06:02Donc, on voit que la piste est compliquée.
06:06Après, c'est vrai qu'il y avait peu d'autres marges de manœuvre pour le gouvernement au
06:10regard d'abord de la situation des finances publiques, ce qui est la grosse différence
06:13avec l'Allemagne.
06:14D'une part, parce que l'Allemagne fait en ce moment une sorte de révolution en s'autorisant
06:18effectivement à s'endetter pour financer cet effort de défense et elle prend les décisions
06:24politiques qui vont dans cette direction-là, ce qui est radicalement nouveau au regard
06:28de l'orthodoxie budgétaire en la matière.
06:31En tout cas, sur le plan des comptes publics.
06:34Et puis, la situation aujourd'hui des finances publiques en Allemagne est beaucoup plus saine
06:38que la France.
06:39Évidemment, les résultats ne sont pas les mêmes.
06:41Donc, les marges de manœuvre de l'État sont beaucoup plus étroites en France.
06:44Paul Barcelone.
06:45Pardon, Adrien.
06:46L'autre argument qui est avancé par l'exécutif, c'est que tout cela relèverait d'une même
06:50stratégie en disant vous investissez dans la défense, naturellement, ça crée des
06:53emplois, ça profite à des régions.
06:55J'étais hier avec Sébastien Lecornu et Éric Lombard, hier après-midi, en Dordogne,
06:59sur le site Rinco, qui est une entreprise qui fabrique des explosifs et de la poudre.
07:03Toute la démonstration que font les deux ministres, c'est de dire il faut investir
07:06dans ces entreprises, il faut que l'État investisse dans ces entreprises et que les
07:09investisseurs privés nous rejoignent pour faire rayonner.
07:13Éric Lombard dit même qu'il y a un espèce d'élan d'entraînement avec des plans logement
07:17autour des sites, des formations pour les salariés, du recrutement, des opérations
07:22tout autour du site, que le site soit porteur.
07:25Donc, c'est aussi l'argument qui est mis en avant par l'exécutif de dire on va créer
07:28des emplois, on va créer des bassins industriels, on va réindustrialiser et donc il va se passer
07:32quelque chose dans l'économie.
07:33Sauf qu'on en revient à notre sujet initial, c'est bon, 400-500 millions, c'est bien,
07:40mais c'est pas assez.
07:41S'endetter, c'est compliqué, alors Emmanuel Macron, il pense peut-être avoir une forme
07:45de martingale avec le retour de l'emprunt européen aussi.
07:49Oui, le retour européen, l'emprunt européen, bien sûr, les fameux emprunts patriotiques.
07:55Mais l'emprunt européen, je crois que c'est les 800 milliards.
07:59Mais on ne veut pas les Pays-Bas, par exemple.
08:00Voilà, mais je ne pense pas que la France va pouvoir taper dans cet emprunt européen.
08:08En tout cas, la chose qui est importante, c'est qu'il va falloir modifier et faire
08:12cette révolution quelque part copernicienne, comme il se passe aussi en Allemagne, et lever
08:17ce que disait Paul Barcelone, c'est lever aussi les interdits moraux sur les investissements,
08:23sur les banques, les entreprises, que c'est plus que l'armement, c'est sale, etc.
08:29On a encore vu récemment le CAC 40, le Ronex, vouloir enlever du CAC 40 un certain nombre
08:35d'entreprises de défense.
08:36C'est le gouvernement qui est intervenu pour les ramener finalement.
08:40Et pour que ça marche aussi, il faut que, alors il n'y aura pas les 27 qui feront tous
08:45la même chose, mais peut-être un petit club qui sera d'accord pour investir aussi dans
08:51sa propre défense.
08:52La difficulté, c'est qu'il y a un certain nombre de pays dits frugaux, comme on dit
08:55traditionnellement, qui sont réticents ou même complètement hostiles.
08:58Pays bas notamment.
08:59L'Allemagne.
09:00Ce sont souvent les mêmes.
09:01L'Allemagne, moi, et de surcroît, c'est vrai que l'Allemagne avait déjà là aussi
09:05enclenché une certaine forme de révolution, on s'en souvient, au moment de la sortie
09:08du Covid, en participant à cet emprunt, en acceptant l'endettement au niveau européen,
09:13une mutualisation d'un endettement européen pour sortir du Covid.
09:16C'est un peu le même mécanisme qu'a en tête Emmanuel Macron.
09:20Ça va être plus compliqué dans ce cas précis.
09:22Tout dépend là aussi, en grande partie, de l'ampleur et de la façon dont est perçue
09:27la menace russe.
09:28C'est aussi la politique, l'impérialisme du Kremlin qui suscite cette réaction-là
09:34et qui, en quelque sorte, peut faire la pédagogie de la nécessité de ce financement.
09:36Un tout dernier point, ça a aussi une répercussion immédiate, et on l'a déjà vu ces derniers
09:40jours, depuis déjà plusieurs semaines, dans le débat politique intérieur, sur la question
09:44du modèle social, puisque les oppositions, la gauche en particulier, très clairement,
09:50redoutent, accusent l'exécutif de vouloir instrumentaliser cette situation pour remettre
09:56en cause un certain nombre de dépenses sociales.
09:57On a vu ce débat poindre, en particulier cette semaine, à propos du retour de l'âge
10:02de la retraite à 62 ans, enterré par François Bayrou.
10:04Figurez-vous qu'on va en dire deux mots, même si vous avez déjà commencé mon cher
10:07Renaud, on va en dire deux mots après votre fil info de 9h16, Marine Clete.
10:13Le gouvernement menace de priver de RSA certains bénéficiaires, ce qui manque aux contrats
10:17d'engagement, en ratant une formation ou un atelier, par exemple, une suspension des
10:22aides jusqu'à 100% pendant un à deux mois.
10:25Le collectif des victimes de Notre-Dame de Bétarame recense au moins 180 plaintes, désormais,
10:31pour violences physiques et sexuelles, annonce lors de son audition hier, par la commission
10:35d'enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires.
10:3927 des 450 jeunes migrants qui occupaient la gaieté lyrique à Paris sont maintenant
10:44sous obligation de quitter le territoire français, annonce de la préfecture de police.
10:48Les autorités remettent en cause le fait qu'ils soient mineurs.
10:51La salle de spectacle a été évacuée mardi.
10:54Deux personnes âgées de 86 et 96 ans sont décédées du chikungunya à la Réunion.
11:00Les fortes pluies favorisent en ce moment la présence de moustiques et l'épidémie
11:03s'intensifie sur l'île avec près de 3000 cas en seulement une semaine.
11:08Au Proche-Orient, première riposte du Hamas depuis la fin du cessez-le-feu.
11:11Des roquettes ont été tirées sur Tel Aviv, selon Israël.
11:14L'opération terrestre, elle, s'étend désormais à Rafah, au sud de la bande de Gaza.
11:19Et puis Gisèle Pellicot va publier un livre, annonce de son éditeur britannique.
11:23Elle souhaite raconter son histoire avec ses mots.
11:27La sortie est prévue fin janvier.
11:28Il sera traduit dans une vingtaine de langues.
11:33France Info.
11:35Les informés.
11:36Adrien Becq.
11:37Renaud Dely.
11:39Et toujours avec Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24,
11:43et Paul Barcelone, journaliste politique à France Info.
11:47Paul, justement, nous en parlions avec Renaud juste avant le fil info,
11:51la question de l'âge de la retraite, du modèle social,
11:56dont la gauche dit que le gouvernement voudrait le remettre en cause
12:00pour financer l'effort de défense.
12:03Est-ce qu'aujourd'hui, vous qui êtes journaliste politique,
12:06qui fréquentez les politiques, qui les interrogez,
12:08certains disent il faut remettre ce modèle social pour ça.
12:11Je n'ai pas l'impression de l'entendre immédiatement.
12:13Non, non, effectivement, vous avez raison,
12:15on n'a pas l'impression de l'entendre tout de suite.
12:17Mais effectivement, la question va être de savoir jusqu'où on pousse le curseur.
12:21Et on voit bien que la gauche tente d'enfoncer un coin là-dessus.
12:24Et on fait une stratégie en disant ce qui va financer la défense aujourd'hui,
12:28là où on va faire des efforts, ça va être inévitablement
12:31sur les politiques sociales, les politiques écologiques.
12:34Il n'y en a pas d'indices aujourd'hui que ce soit le cas ?
12:37De mon point de vue, pas au sein du gouvernement aujourd'hui
12:39d'indices suffisamment tangibles.
12:41Or, effectivement, Renaud, il faisait allusion,
12:43les 62 ans qui ont été enterrés sur ce plateau même par François Bayrou,
12:47d'un simple nom.
12:49Alors, effectivement, c'est intéressant ce que vous dites.
12:51C'est la thèse de Bercy qui dit,
12:53mais en fait, le retour à 62 ans, il n'a presque jamais été envisagé.
12:56Un mot peut-être, Roselyne, aussi sur l'opinion, vous vouliez en parler.
13:00Oui, l'état de l'opinion, les études d'opinion montrent
13:04que les Français ont une forte adhésion, parce qu'ils sont inquiets,
13:09à s'investir dans l'effort de guerre,
13:13dans une armée européenne, pour une armée européenne forte.
13:18Mais à mon avis, il y a une chose quand même qu'il faut expliquer,
13:21c'est, aux Français, la finalité de cet engagement, en quelque sorte.
13:24Parce qu'est-ce qu'on se prémunit contre la menace russe,
13:29on imagine bien que les chars russes ne vont pas arriver à Paris très vite,
13:33ou pas du tout, est-ce qu'on prépare la guerre,
13:37ou, dans le fond, on prépare un rapport de force,
13:40en fonction des périls qui pourraient...
13:43Voilà, c'est une prise de conscience,
13:45qui n'est peut-être pas forcément liée non plus directement à la Russie,
13:50qui le déclenche, bien évidemment, puisque le risque est là,
13:54mais que d'autres périls peuvent arriver.
13:57Et puis, le temps que l'Europe se réveille sur cette fameuse armée européenne,
14:05qui est quand même un serpent de mer depuis des lustres.
14:08Il y a la dimension géopolitique, évidemment,
14:11et cette menace, jusqu'où, comment, comment est-elle perçue, etc.
14:15Et puis, il y a presque une révolution des mentalités à faire,
14:18y compris dans le débat public et dans l'action publique.
14:20En tout cas, c'est ce qui essaie d'enclencher l'exécutif,
14:22parce que c'est une réalité, la menace militaire,
14:25la nécessité de financer un effort de armement, etc.
14:28C'est une dimension qui avait totalement disparu du débat public
14:31depuis même des décennies.
14:33Et alors, certes, sous François Hollande et sous Emmanuel Macron,
14:37notamment avec la dernière loi de programmation militaire
14:39qui vient d'être adoptée il y a un effort déjà de financement
14:43qui a été enclenché, mais sous Jacques Chirac et sous Nicolas Sarkozy,
14:46on avait pris exactement le chemin inverse.
14:48On se souvient que Nicolas Sarkozy considérait qu'en grande partie,
14:50la défense, selon lui, à l'époque, je résume,
14:53ça coûtait quand même très cher et que ce n'était pas forcément extrêmement utile.
14:56On va passer, Renaud, si vous le voulez bien, à notre deuxième sujet.
14:59On parle de l'affaire Notre-Dame de Bétarame
15:02avec la commission d'enquête parlementaire qui a commencé ses travaux.
15:05Elle a commencé ses auditions hier à l'Assemblée nationale
15:09en recevant huit collectifs de victimes
15:11issus de différents établissements.
15:13Des collectifs de victimes dont les représentants ont répondu aux questions.
15:17Un des deux rapporteurs, Violette Spilbou,
15:20du groupe Ensemble pour la République et Paul Vannier de la France Insoumise.
15:24Et l'un des tout premiers à s'exprimer hier
15:26était le porte-parole des victimes de Notre-Dame de Bétarame,
15:30Alain Esquerre, qui a dénoncé,
15:33comme il le fait inlassablement depuis plusieurs semaines,
15:36l'omerta, le pas de vague, dit-il,
15:38qui continue, selon lui, en grande partie,
15:41d'obérer la révélation de ces affaires
15:44au nom de la préservation, de la défense de ces institutions.
15:49Voici ce qu'en disait Alain Esquerre hier à l'Assemblée nationale.
15:52Il y a un trou dans la raquette.
15:54Les dispositifs d'alerte ne marchent pas.
15:57La preuve en en est à créer des pauvres pages Facebook.
16:01C'est-à-dire que s'il n'y a pas des citoyens
16:04qui prennent le taureau par les cordes,
16:07le système est bien huilé.
16:10Tout continue à tourner.
16:13Et le pas de vague est toujours là en 2025.
16:17Il ne faut pas faire de vagues.
16:19On protège l'institution.
16:21Est-ce que l'institution est de fait protégée
16:23par un certain nombre de comportements,
16:25d'inertie collective de l'État, de l'Église catholique ?
16:29Est-ce que le choc provoqué par cette affaire Notre-Dame de Bétarame,
16:32où on en est à près de 200 plaintes aujourd'hui
16:34sur lesquelles enquête la justice,
16:36peut contribuer à libérer la parole des victimes ?
16:39Et est-ce que cette commission d'enquête peut y contribuer ?
16:43A quoi peut-elle servir ?
16:45Il y a une représentante du collectif qui a dit
16:48que c'est le Me Too de l'Église, de l'enseignement catholique.
16:51C'est tout à fait parlant et c'est très vrai.
16:54On ne découvre pas la lune quand même.
16:57Un, à Bétarame, parce qu'il y a eu en 1996 une plainte.
17:02Et surtout, il y a eu le rapport de la commission Sauvé
17:06en 2019, qui dans son rapport de 2500 pages
17:11avait relaté des abus sexuels
17:14et 300 000 personnes depuis les années 50.
17:17Donc, on ne découvre pas quoi que ce soit.
17:20En revanche, il y a deux responsabilités à mon avis.
17:23C'est un, la responsabilité de l'Église,
17:26qui un, s'auto-contrôle comme tout le monde le sait,
17:29et deux, la responsabilité de l'État et des pouvoirs publics.
17:32Pourquoi ? Parce que ces institutions sont sous contrat.
17:38Et donc, l'État a son droit de regard,
17:42un droit de surveillance pour savoir ce qui s'y passe.
17:45Et d'autre part, on sait très bien que Bétarame
17:48était un endroit extrêmement sévère, extrêmement,
17:51une mise au pas, avec une tolérance de cette mise au pas justement,
17:55et qu'il pouvait s'y passer des choses pas très catholiques.
17:58Si on peut dire.
18:01Donc voilà, c'est un scandale absolu.
18:04Et espérons que ça coupera net à toutes les autres dérives
18:09pédocriminelles dans l'Église et dans ces institutions catholiques.
18:13Pour Paul Barcelone, il était nécessaire que le politique s'en saisisse.
18:16On se souvient qu'au début, c'était plus une polémique politique.
18:19Maintenant, on est dans autre chose.
18:20Ça a démarré effectivement, si on monte la chronologie,
18:23par la polémique politique, l'angle d'attaque de la France insoumise
18:26qui se saisit des révélations de Mediapart pour attaquer directement
18:29le Premier ministre François Bayrou.
18:31La question était de savoir, là aussi, si j'ose dire,
18:34ce qu'il savait et ce qu'il ne savait pas,
18:37et depuis, il l'a mis dans une espèce de tourmente, là aussi politique.
18:41Et c'est probablement une affaire qui fait aussi la lumière
18:45sur sa manière de gérer aujourd'hui Matignon,
18:48ou en tout cas, elle est emblématique de son passage à Matignon.
18:51Non, simplement, en deux mots, pour compléter ce que disait Roselyne,
18:55ce qu'on observe et ce qui est frappant à écouter
18:58au début des auditions hier, c'est évidemment la manière
19:01dont la parole se libère et dont les affaires se multiplient.
19:04Quand Roselyne dit qu'on ne découvre pas la lune, c'est effectivement un peu ça.
19:07Plus on avance, plus on cherche, plus il y a des affaires,
19:11plus il y a des témoignages, plus on s'aperçoit
19:14qu'il y a des décennies de silence.
19:16Aujourd'hui, la question, c'est celle des contrôles.
19:18Que peut faire l'État ? Comment va répondre
19:20le ministère de l'Éducation nationale ?
19:22On va le savoir dans les prochaines semaines.
19:24Renaud Delis.
19:25Ce qui est frappant, c'est les différences d'attitudes,
19:28on va dire, ou de prise de conscience selon les institutions.
19:31L'État, il y a des retards ou des dysfonctionnements manifestes,
19:36spectaculaires, auxquels il faut remédier.
19:38Roselyne Pfeffre évoquait cette inspection de 1996
19:42qui ne portait pas à l'époque sur une plainte
19:45pour sévice sexuel, mais pour violence.
19:47Mais France Info avait diffusé d'ailleurs,
19:51avait donné la parole à l'inspecteur qui avait mené cette inspection à l'époque
19:54et on avait mesuré l'inanité, la vacuité de cette procédure.
19:59Il n'avait même pas passé une journée dans l'établissement,
20:02il n'avait quasiment pas de témoignages, il était reparti.
20:04Et son rapport n'avait rien signalé de particulier.
20:08Donc là, en 1996, l'État, peu à peu, remédie trop tard, tardivement.
20:13Il y a un devoir de contrôle qui doit être mieux exécuté
20:17et en ce sens-là, d'ailleurs, la commission d'enquête parlementaire
20:19devrait y contribuer.
20:21Et puis, il y a l'Église, et c'est vrai que l'Église catholique
20:26fait preuve quand même d'un silence, d'une discrétion,
20:30d'une pudeur de violette en l'occurrence, qui interroge une fois de plus.
20:33C'est-à-dire que l'institution a visiblement du mal à se remettre en cause.
20:37Il y a quand même eu une conférence de presse la semaine dernière.
20:39C'est vrai, mais il y a, en tout cas, au regard des victimes,
20:42je cite par exemple Bernard Laffitte, représentant des victimes
20:44du collège privé Notre-Dame du Sacré-Cœur,
20:46dit Cendrillon, ce collège qu'il témoignait hier
20:50devant les députés, devant cette commission d'enquête,
20:53et c'est lui qui dit qu'il juge inadmissible,
20:55je cite, qu'à l'heure actuelle, les autorités ecclésiastiques
20:57ne prennent pas suffisamment en compte notre malheureuse expérience
21:00pour agir, pour agir et pour tout changer.
21:02Alain Esquerre lui a rappelé qu'un surveillant de Notre-Dame de Bétarame
21:07qui était mis en cause pour six plaintes concernant notamment
21:11des sévices et des agressions sexuelles ou des viols,
21:13n'a été écarté qu'au mois de février dernier,
21:16il y a un peu plus d'un mois.
21:17C'est-à-dire qu'il y a une difficulté globalement de l'institution
21:22à effectivement regarder la vérité en face, aussi cruelle soit-elle,
21:26et à y remédier rapidement.
21:28On peut espérer que cette commission d'enquête et les auditions
21:32et les collectifs de victimes qui se mettent en mouvement
21:37contribuent justement à libérer la parole,
21:40ce qui est quand même spectaculaire aussi,
21:41c'est à quel point en quelques semaines,
21:42cette affaire Notre-Dame de Bétarame a déclenché
21:45un grand nombre d'autres affaires dans d'autres établissements
21:48du même type et que ces victimes-là sont en train d'unir leur force.
21:52Le Me Too de l'enseignement catholique, effectivement,
21:55comme on le disait.
21:56Merci à vous les informés, merci Renaud Delis bien évidemment,
22:00merci Paul Barcelone, journaliste au service politique de France Info,
22:04merci à vous Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24.
22:08Je présente votre livre, alors je ne sais pas si on va bien le voir à l'écran,
22:11ça s'appelle Le Pacte du Désert aux éditions du Rocher.
22:14Vous nous en dites un tout petit mot ?
22:17Vous avez tous vu le film Laurence d'Arabie,
22:19c'est la femme derrière Laurence d'Arabie,
22:20celle qui a demandé à tous les Bédouins de s'allier aux Anglais
22:25pour pouvoir mener la révolte arabe et créer la nation d'Irak.
22:29Ça m'a l'air très très intéressant.
22:31Merci à vous, les informés reviennent bien sûr ce soir sur France Info.

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