• il y a 21 heures
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Générique
00:08Quel plaisir de vous retrouver pour les informer, je suis ravie de vous retrouver Renaud Delis, bonjour !
00:12Si, ça y est, bonjour !
00:14Petite semaine un peu compliquée mais je reviens en forme, je suis ravie de vous voir.
00:18Ah, me voilà soulagé !
00:19Pour décrypter l'actualité aujourd'hui avec nous ce matin, deux invités, Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP, bonjour !
00:24Bonjour !
00:24Et à vos côtés Aurélien Viers, journaliste éditorialiste, bienvenue Aurélien !
00:29Renaud Delis, on commence tout de suite avec ce grand sommet international sur l'IA.
00:33Et oui, aujourd'hui et demain donc à Paris, au Grand Palais, à l'Elysée, un sommet international sur l'intelligence artificielle.
00:41Un sommet qui rassemble de très nombreux dirigeants mondiaux, un millier de chercheurs, d'ENG, d'entreprises, de nombreux investisseurs, les poids lourds américains seront présents.
00:53Un sommet pour l'action, sous l'île de l'Elysée, pour l'action en matière d'intelligence artificielle, co-présidé par le Premier ministre indien Narendra Modi et par Emmanuel Macron.
01:02Emmanuel Macron qui, hier soir, chez nos confrères de France 2, annonçait un effort considérable selon lui de la France en matière d'investissement pour l'IA.
01:12On vit une révolution technologique et scientifique comme on en a peu connu.
01:16L'Europe va accélérer, la France va accélérer et donc pour nous la France, on annonce demain à ce sommet,
01:22109 milliards d'euros d'investissement dans l'intelligence artificielle sur les prochaines années.
01:28C'est exactement l'équivalent, pour la France, de ce que les États-Unis ont annoncé avec Stargate, c'est 500 milliards.
01:34Et on le voit avec l'argumentaire du Président de la République donc essayer de se caler au niveau, proportionnellement évidemment, à la puissance des pays respectifs des États-Unis.
01:43Avec cet investissement massif de 500 milliards de dollars, on sait aussi que la Chine investit aussi massivement en matière d'IA
01:51et que finalement, les deux mastodontes se font face.
01:54Comment est-ce que l'Europe en général, la France en particulier, peuvent essayer de rattraper, de combler, peu ou prou, leur retard justement ?
02:01Et est-ce que ces deux journées de sommet international y contribueront ?
02:06Stéphanie Despierre, déjà sur le sommet organisé, grand rout international avec les grands noms de l'intelligence artificielle.
02:12Tous les noms de l'intelligence artificielle et on a bien vu que le Président de la République essaye d'utiliser ce sommet pour ses, entre guillemets, « premiers amours ».
02:21C'est le retour un peu de la Startup Nation et il compte bien jouer un rôle de premier plan.
02:26Tous les chefs d'État importants du monde entier, les chefs d'État européens vont défiler.
02:31Le Premier ministre français sera demain et on voit bien qu'Emmanuel Macron a décidé de prendre le sujet à bras-le-corps.
02:37Il veut incarner ce que peut faire la France et là aussi il veut incarner ce que peut faire l'Europe, la voie de l'Europe.
02:43109 milliards d'euros d'investissement, c'est énorme, c'est l'équivalent proportionnellement aux 500 milliards des États-Unis.
02:49C'est un bon moyen de rattraper notre retard, Aurélie Envers ?
02:52Oui, c'est l'argent et le nerf de la guerre. Alors c'est la première fois que j'entends ça, c'est 100 milliards égale 500 milliards, c'est un peu original, on est comme les États-Unis.
02:59Alors après on entend proportionnellement, donc il faut faire des calculs, mais effectivement à ne pas reproduire, attention.
03:06Mais 109 milliards c'est beaucoup, on a l'impression qu'il y a une pluie d'or qui tombe sur le Grand Palais actuellement.
03:11Alors c'est des investissements privés, parce qu'on dit à longueur de journée qu'on n'a plus d'argent en France, là c'est les investissements privés.
03:17Alors il faut voir, il faut voir s'ils sont là, c'est 109 milliards exactement.
03:20On a un problème d'investissement privé en France, on a des banques qui sont quand même assez frileuses,
03:25on manque d'investisseurs privés, donc c'est plutôt une bonne nouvelle, il faut être un peu patriote de temps en temps.
03:30C'est vrai que quand on regarde la tribune de Sam Altman, il dit qu'on a toutes les chances pour réussir en France,
03:34c'est un Américain, c'est le patron d'OpenAI, il dit mais vous avez quand même plein d'atouts,
03:37et ce qui nous manque souvent pour avoir des licornes, pour avoir des boîtes qui valent un milliard d'euros,
03:44c'est des financements privés, donc c'est quand même une aubaine.
03:46Alors on avait les deux invités tout à l'heure dans l'8.30, on avait Thomas Clausell de la société Hawking et Thierry Coulon de l'Institut Polytechnique qui disait
03:55non mais en France, on est plutôt bien placé en fait, on est dans la course mondiale à l'IA,
03:59on s'en sort plutôt bien, et puis on a les talents, c'est ça qui est important, ils sont formés chez nous.
04:04C'est vrai qu'on a les talents, les fameux cerveaux, qui sont formés et produits par le monde universitaire français,
04:13l'ensemble du monde de la recherche, donc certains d'entre eux ont eu justement tendance à s'expatrier ces dernières années,
04:18donc tout l'enjeu c'est aussi pour la France de les conserver, et de ne pas les voir partir en particulier aux Etats-Unis.
04:24Ce qui est clair, c'est qu'il y a un environnement lui aussi proportionnel, pour reprendre ce terme-là, à la puissance de la France,
04:31qui est plutôt favorable pour attirer les investissements étrangers, c'est là-dessus que joue d'ailleurs Emmanuel Macron avec ce sommet.
04:37C'est-à-dire que s'il y a des investisseurs privés et puis des investissements étrangers, notamment issus des Emirats Arabes Unis en particulier et d'autres,
04:45c'est bien qu'il y a un certain nombre d'atouts qui peuvent plaire et attirer ces investisseurs en France,
04:52en termes d'infrastructures, en termes de formation, effectivement, de personnel, de cerveau, en quelque sorte.
04:58Après il y a des questions qui se posent aussi, évidemment, et de nombreuses questions qui nous concernent tous dans notre vie de citoyen,
05:03mais aussi de salarié d'ailleurs, enfin notre vie professionnelle, notre vie aussi de citoyen.
05:07Il y a de nombreux enjeux, de nombreuses questions qui se posent quant aux conséquences de l'IA.
05:12La première question toute prosaïque que se posent beaucoup de gens, quel que soit leur domaine d'activité d'ailleurs,
05:17c'est est-ce que l'intelligence artificielle va me piquer mon boulot, en quelque sorte ?
05:21Et puis il y a d'autres interrogations environnementales, quant au coût environnemental du développement de l'IA,
05:26ou des interrogations aussi purement éthiques, d'ailleurs, qu'Emmanuel Macron lui-même a soulevé hier à travers, sur son compte, sur ses réseaux sociaux,
05:35les fameuses deepfakes d'Emmanuel Macron pour essayer de montrer effectivement ce qu'on sait maintenant, ce qu'on apprend.
05:41Beaucoup de communication politique.
05:43Donc tous ces enjeux-là, ils ne seront pas résolus par ce sommet, et d'ailleurs il y a un décalage entre la volonté d'être extrêmement pragmatique
05:51et de, en quelque sorte, de ramasser de l'argent, beaucoup d'investissement pour justement combler une partie de notre retard,
05:58mais en jouant des atouts de la France, et puis les engagements éthiques, environnementaux ou autres,
06:03renvoyer à une déclaration finale sur laquelle finalement l'Elysée ne mise pas énormément, qui semble secondaire au regard des enjeux de ce sommet.
06:10C'est ça, il y a un côté excitant avec ce sommet, mais derrière il y a quand même des questions sérieuses qui se posent,
06:15notamment au niveau de la régulation européenne. C'est important d'en parler, ça aussi.
06:21C'est important parce qu'il y a les risques. Hier, les journalistes posent la question au président de la République,
06:25est-ce que ça peut être un danger pour la démocratie ? Il répond oui, et on le voit avec de plus en plus de deepfakes, etc.
06:31On est obligé de vérifier tout le temps. Nous, les journalistes, on sera peut-être les premiers, entre guillemets,
06:35remplacés peut-être, les premiers visés par l'intelligence artificielle, donc il faut mettre des gardes fous.
06:39Il y a toute une philosophie des droits d'auteur qui est très européenne, très française même.
06:44La France a construit toute une doctrine pour protéger les créateurs, les artistes, les journalistes.
06:49Et bien là, qu'est-ce qu'on fait avec l'IA ? Comment on protège ? Vous avez entendu, on entend des voix, la chanson d'Angèle, enfin...
06:55Oui, avec la voix qui est dupliquée, qui est éclatée.
06:57La production, c'est la même, donc il y a vraiment des gardes fous à mettre pour ne pas que ce soit un danger pour la création, pour la démocratie.
07:03Et là, ça peut devenir problématique, Aurélien Viers, parce qu'on voit bien qu'aux Etats-Unis ou en Chine, ils ne prennent pas ces précautions-là.
07:09Ils sont dans une logique libertarienne, et là, en fait, il n'y a pas de frein chez eux.
07:12C'est vrai, et puis on dit souvent que les Américains innovent, les Chinois copient, les Européens régulent.
07:16Là, c'est un peu le cas. Alors, les Américains disent qu'il ne faut pas réguler.
07:19D'ailleurs, la tribune de Sam Altman qui disait « Vous faites tout bien en France », ça se termine en disant « Attention à ne pas trop réguler ».
07:25Les entrepreneurs aussi sont sur le frein, sauf que l'Europe, c'est un peu ça. L'Europe, c'est l'État de droit.
07:31Nous, on régule parce qu'on veut mettre des gardes fous. On a des lois, et il en faut davantage.
07:37Il en faut actuellement des lois. Il y a déjà eu un Intelligence Artificial Act, et il en faut d'autres.
07:43Rien n'est réglé. On est à un moment en charnière où tout peut se décider, soit la liberté totale en pillant le copyright,
07:50en piquant en gel toutes les œuvres de fiction actuelles, le cinéma, la littérature, la presse,
07:56ou alors on pose des règles dès maintenant. Donc, c'est très important.
07:59Mais nous, si on pose des règles européennes et que les États-Unis ne suivent pas,
08:02on ne risque pas justement d'être ralenti dans cette révolution numérique ?
08:05De toute façon, cette tension, elle existe. Elle va prendre encore de l'ampleur dans les mois et les années qui viennent
08:10parce qu'il suffit de voir aussi, non seulement il y a des philosophies qui peuvent être différentes,
08:14une philosophie plus régulatrice, sans aucun doute, du côté européen par rapport à l'autre côté de l'Atlantique,
08:20mais il y a aussi des personnages, des individus extrêmement puissants qui interviennent de façon de plus en plus spéculaire.
08:26Et quand on voit aujourd'hui l'intervention de quelqu'un comme Elon Musk dans tous les domaines,
08:30et notamment Madya India, qui d'ailleurs, sans foi ni loi, c'est-à-dire qui effectivement respire des données un petit peu partout,
08:38qui fait preuve d'une volonté de puissance extrêmement spectaculaire,
08:41et qui a aussi évidemment des intentions idéologiques qui sont contestables, et c'est un euphémisme,
08:47il y a besoin de conforter une forme d'état de droit, en tout cas ne serait-ce que pour protéger aussi en partie l'Europe,
08:56de dérives éventuelles liées à l'irruption de ce type de personnage.
08:59Effectivement, vous avez raison, ça peut nuire, ralentir on va dire, le développement économique en tant que tel.
09:07Maintenant, est-ce qu'il faut aussi peut-être donner du sens au développement indispensable de l'IA,
09:13et pas simplement effectivement accumuler les milliards sans s'interroger sur la finalité ?
09:19Journée spéciale sur France Info à l'occasion de ce sommet à Paris.
09:22On en parle toute la journée, l'impact de l'IA, de l'intelligence artificielle sur notre quotidien, sur le futur de notre quotidien.
09:30On en parle toute la journée. En attendant, il est 9h15, c'est l'heure du Fil Info de Maureen Swiniard.
09:35L'Union européenne répliquera au nouveau droit de douane annoncé par Donald Trump,
09:39promesse du ministre français des Affaires étrangères.
09:41Ce matin, le président américain vient d'annoncer son intention de taxer les importations d'acier et d'aluminium,
09:47une mesure similaire à celle qu'il avait mise en place en 2018.
09:52Après le meurtre de Louis, ce week-end en essaune un dispositif de sécurité mis en place sur les trajets des collèges de longs jumeaux,
09:59annonce de la municipalité ce matin sans plus de précision.
10:02La mairie encourage aussi les parents à accompagner leurs enfants jusqu'au collège,
10:06le ou les meurtriers de la jeune fille de 11 ans n'ont pas encore été retrouvés.
10:10Emmanuel Macron doit proposer un non ce soir pour succéder à Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel.
10:16L'ancien président de l'Assemblée, Richard Ferrand, est pressenti mais jugé trop proche d'Emmanuel Macron par certains.
10:22Le Conseil est le garant de la Constitution, de la bonne tenue des élections et des droits et des libertés.
10:27Le PSG suivi de l'OM et de l'OGC Nice.
10:30Voici le classement de la Ligue 1 après la 21ème journée.
10:33Marseille qui prend de l'avance sur ses poursuivants grâce à sa victoire 2-0 hier face à Angers.
10:50Et les informés continuent avec Stéphanie Despierre, journaliste politique LCP avec Aurélien Viers, journaliste et éditorialiste.
10:57L'autre actualité de ces informés, Renaud Delis, c'est la volonté de François Bayrou d'ouvrir un débat sur l'immigration.
11:03Un large débat sur l'immigration dans toutes ses dimensions, politique, économique, sociale, culturelle.
11:08Et pas seulement justement sur la question du droit du sol.
11:11On sait que cette question du droit du sol a été mise en avant en particulier par Bruno Retailleau et Gérald Darmanin
11:16qui au-delà du cas particulier de Mayotte veulent réformer, en tout cas ouvrir un débat sur le droit du sol
11:22pour probablement limiter la portée sur le reste du territoire national.
11:26François Bayrou veut donc élargir ce débat, pourquoi ?
11:29Parce qu'il y a aussi de nombreuses voix au sein du gouvernement qui sont hostiles à toute réforme éventuelle du droit du sol.
11:35Par exemple la ministre de l'éducation, Elisabeth Borne, ou le ministre de l'économie, Éric Lombard.
11:40Je propose d'écouter justement ces deux sons de cloche au sein même du gouvernement par ordre d'apparition.
11:45D'abord le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, puis le ministre de l'économie, Éric Lombard.
11:49J'ai dit qu'il fallait un débat.
11:51C'est très important de savoir ce qu'est un pays, comment on est citoyen, à quoi sert cette citoyenneté.
11:56Et je pense que c'est un acte de respect que de dire que rien n'est automatique dans la citoyenneté
11:59et c'est une demande qu'on doit faire.
12:00En tout cas, ce qui est sûr, c'est que dans deux ans, à l'élection présidentielle, on tranchera cette question.
12:05Il me semble que le dispositif législatif actuel est tout à fait satisfaisant.
12:09Je pense qu'en matière de politique publique, il faut répondre aux problèmes qui se posent
12:12et il me semble que ça, ce n'est pas un problème qui se pose.
12:14En revanche, le problème qui se pose au sein du gouvernement,
12:16c'est qu'il y a une certaine cacophonie qui règne sur ce sujet.
12:19Alors, pourquoi François Bayrou veut-il rouvrir un débat sur un sujet politiquement aussi explosif maintenant ?
12:26Est-ce un risque pour la majorité et le gouvernement lui-même ?
12:29Quelle sera la surenchère de Marine Le Pen et du Rassemblement national ?
12:33Il faut rappeler que depuis 40 ans, des débats sur l'immigration et de nouvelles législations,
12:37on en a eu un certain nombre, avec une certaine difficulté à poser justement un débat serein et apaisé.
12:42Je le disais, ça fait 40 ans que ça dure.
12:45A l'époque, il n'y avait même pas encore l'IA, on en était encore au Minitel.
12:50Vous vous souvenez, ça, l'IA ?
12:52J'étais toute petite.
12:53Aurélien Viers, le débat sur le droit du sol, sur l'immigration qui s'invite à nouveau dans le débat public.
12:59Oui, on sent François Bayrou un peu submergé par sa propre allusion
13:03au sentiment de vague migratoire qui s'abattrait sur la France.
13:08On sent effectivement le gouvernement gêné.
13:10Éric Lombard, on n'a pas passé toute la citation, mais à un moment, il évoque le mot de démission.
13:14Alors, il ne dit pas que je vais démissionner, mais il parle quand même de démission.
13:17On sent le gouvernement extrêmement divisé sur cette question-là.
13:21Et effectivement, comme l'a rappelé Renaud, ça date.
13:24La plus grande référence récente, c'est quand même Nicolas Sarkozy
13:29qui lance l'idée d'un grand ministère de l'identité et de l'immigration.
13:33Et ça, il le lance en mars 2007, pendant sa campagne,
13:37juste le lendemain d'un sondage qu'il place à égalité avec François Bayrou.
13:42Et c'est un peu pour lui couper l'herbe sous le pied qu'il lança à droitiser sa campagne
13:45et puis avoir le lead sur la campagne à imposer son propre tempo.
13:49Donc, c'est assez savoureux de voir que c'est François Bayrou qui se met dedans tout seul
13:53en tout d'un coup mettant un coup de barre à droite.
13:55Puisque quand on parle d'identité nationale et qu'on la colle au mot immigration, forcément, c'est explosif.
14:00Alors justement, Stéphanie, comment on peut justifier le fait que François Bayrou veuille en parler maintenant ?
14:07Surtout après ce qui s'est passé sur le sentiment de submersion migratoire où il a mal vécu la séquence.
14:12Alors après cette séquence, il n'a cessé de répéter quand même qu'il était persuadé
14:16que c'était une question qui intéressait les Français, qui posait la question, qu'il ne fallait pas évacuer le débat.
14:20Il en parle aussi parce qu'il y a une pression en interne dans son gouvernement.
14:23On a vu les déclarations de Gérald Darmanin.
14:25Je vous rappelle que le débat est parti jeudi parce qu'il y avait une proposition de loi débattue à l'Assemblée
14:31sur le droit du sol à Mayotte et que certains, notamment l'ERN, les Républicains,
14:35voudraient étendre le débat et supprimer le droit du sol sur tout le territoire français.
14:41Donc Gérald Darmanin a voulu ouvrir le débat là-dessus.
14:44Et François Bayrou sait que Bruno Retailleau est sur cette même ligne,
14:49mais qu'Éric Lambart ce n'est pas le cas, qu'Élisabeth Borne ce n'est pas le cas.
14:52Donc il s'est dit que peut-être c'était le moment de s'emparer lui-même du débat pour...
14:56Et il dit je ne veux pas un débat sur le droit du sol, je veux un débat plus large sur qu'est-ce qu'être français.
15:00Voilà, donc c'est peut-être une manière aussi de ménager la chèvre et le chou au sein de son gouvernement.
15:07La façon dont a démarré effectivement ce vrai faux débat depuis quelques jours,
15:12ça illustre la difficulté de conduire justement des échanges sereins, apaisés et précis sur cette question.
15:17Parce que je pense qu'il faut distinguer les choses.
15:19D'un côté le fait que la question des flux migratoires intéresse les Français
15:22et que ce soit un enjeu indéniablement sur le plan politique,
15:25notamment ça serait suicidaire politiquement que de ne pas regarder ce défi en face.
15:31Effectivement il y a sans aucun doute des mesures à prendre en termes de régulation,
15:35pas simplement à l'échelle nationale, d'ailleurs à l'échelle européenne.
15:38Donc que ce débat ait lieu et qui puisse éventuellement d'ailleurs susciter des modifications législatives, pourquoi pas.
15:45La question du droit du sol c'est une autre question et c'est ça qui est paradoxal.
15:48C'est une forme de symbole de chiffon rouge qui est agité de façon régulière par l'extrême droite,
15:52même si en son temps, il faut s'en souvenir, en 1986 la droite l'avait dans son programme
15:58lorsque Jacques Chirac est devenu Premier ministre de cohabitation.
16:02Sauf qu'elle avait très rapidement abandonné cette promesse de supprimer à l'époque le droit du sol.
16:07D'abord parce que ça crée un enchevêtrement administratif terrible pour les enfants nés de parents étrangers sur le sol français.
16:16Ça aurait conduit à créer un nouveau fichier pour essayer de remonter l'affiliation des personnes concernées.
16:23Donc c'était absolument infaisable.
16:26D'autre part, ça n'a pas grand rapport avec l'évolution des flux migratoires.
16:31La contradiction apparaît immédiatement parce que si vous supprimez le droit du sol,
16:36qui est un principe, qui est entre guillemets une machine à fabriquer des français en quelque sorte,
16:41automatiquement il y a proportionnellement plus d'étrangers en France.
16:46Donc c'est même exactement l'inverse.
16:48Et puis il y a un certain nombre d'idées reçues autour de cette question du droit du sol
16:52et on les voit refleurir à nouveau, y compris dans la bouche de Gérald Darmanin,
16:56d'ailleurs le garde des Sceaux, qui dit être français ça ne doit pas être automatique,
16:58ça ne doit pas être par hasard, ce qui est effectivement une formule utilisée depuis des décennies par l'extrême droite.
17:04Sauf que ce n'est pas le cas déjà aujourd'hui.
17:06C'est-à-dire que ça n'est pas automatique, il faut qu'un enfant né de parents étrangers en France fasse une demande,
17:11alors ses parents à l'âge de 13 ans, puis une seconde demande à l'âge de 16 ans,
17:13et même si jamais ça devient automatique après 18 ans,
17:15pour obtenir un certificat de nationalité, il faut qu'il fasse une démarche volontaire aussi pour l'obtenir.
17:20Déjà, ce qui n'est pas le cas aux Etats-Unis, aux Etats-Unis c'est automatique
17:24et on sait que Donald Trump justement veut supprimer le droit du sol.
17:26Et puis il faut rappeler que ça concerne à peu près 30 000 personnes par an.
17:3032 000 en 2023 pour être précis, c'est-à-dire enfants nés de parents étrangers en France
17:35qui finalement accèdent plus tard à la nationalité française.
17:3832 000 sur 68 millions d'habitants, et c'est même moins que la moyenne annuelle de naturalisation.
17:45Il y a à peu près 40 000 naturalisations en France.
17:47Donc, vouloir réguler, voire limiter, voire réduire les flux migratoires,
17:53c'est une position politique qui peut être défendue comme elle peut être combattue.
17:57Mais supprimer le droit du sol pensant que ça va servir ce but-là, j'en doute fortement.
18:03Alors du coup, il joue à quoi ? Parce que là, on a entendu les faits avec Renaud Delis.
18:06Effectivement, 30 000 obtentions de la nationalité française via le droit du sol.
18:12On a vu que ce n'était pas automatique aussi.
18:14Il joue à quoi Bruno Retailleau ? Il joue à quoi Gérald Darmanin
18:17quand ils remettent le droit du sol, hop, sur la table ?
18:20Ils essaient d'être plus à droite que la droite, et je pense faire des appels du pied à leur électorat
18:26et les ressouder autour de cette cause.
18:29Mais enfin, on sait que dans ces cas-là, c'est plutôt le Rassemblement national qui tire la marron du feu.
18:33Donc, il n'y a pas d'intérêt.
18:35On va faire l'original à la copie.
18:35Voilà, alors en revanche, si le but c'était de faire encore fracturer la gauche un peu plus,
18:39là, en tout cas, c'est réussi.
18:41On a eu droit à une nouvelle passe d'armes entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon, ce week-end notamment.
18:47Donc ça, en revanche, c'est réussi.
18:48La gauche est vraiment en train d'encore un peu plus exploser avec la proposition de François Bayrou.
18:53Et Stéphanie ?
18:54Est-ce qu'il y a une visée ?
18:56Parce qu'on fait attention à ceux qui s'expriment.
18:58Il y a Bruno Retailleau, il y a Gérald Darmanin, il y a aussi Laurent Wauquiez chez les LR.
19:01Bizarrement, ces trois personnes-là ont une visée politique, on la connaît, une ambition.
19:05Bizarrement, il y a une visée quand même de 2027.
19:07Et Gérald Darmanin, hier, le reconnaît en disant
19:11« Bon, si jamais on ne peut pas ouvrir le débat maintenant,
19:13c'est un débat qu'il faudra avoir dans la perspective de la présidentielle.
19:16Et si ce n'est pas un débat pour maintenant, ce sera un débat pour la campagne. »
19:19Oui, bien sûr, c'est exactement ça.
19:21Il me semble-t-il presque le plus important dans ce qu'a dit Gérald Darmanin hier,
19:23c'est qu'en fait, c'est déjà, et ils sont plusieurs sur ce créneau,
19:26Gérald Darmanin, Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez, vous le disiez,
19:29et quelques autres, à construire leur programme d'une éventuelle candidature présidentielle
19:34en disant « de toute façon, la situation politique aujourd'hui ne permet pas de se saisir de ce débat,
19:37mais qui devrait être tranchée à l'occasion de la présidentielle. »
19:39Donc je pense qu'entretenir ce débat avec tous les risques politiques que ça comporte
19:45et qu'on a évoqués à l'instant, ça a une visée, évidemment, qui vise à étouffer plutôt le Rassemble national.
19:49On voit qu'aujourd'hui, Bruno Retailleau est un vrai problème pour Marine Le Pen,
19:52et on voit que la base lepéniste est assez séduite.
19:55Il est trop populaire, c'est ça ?
19:56Elle est assez séduite, la base lepéniste.
19:58On le voit dans les sondages, on l'a vu aussi dans un certain nombre d'élections partielles
20:00qui n'ont pas été très bonnes pour le RN ces dernières semaines.
20:02On voit que Bruno Retailleau parle à une frange électorale lepéniste aujourd'hui,
20:06et donc il y a une façon d'entretenir, en quelque sorte, ce discours pour gêner Marine Le Pen.
20:12Mais c'est vrai que tout est renvoyé de fait, y compris par les candidats potentiels pour 2027,
20:17à cette échéance présidentielle.
20:19Mais ça permet évidemment à Marine Le Pen de répéter ce qu'elle répète toujours,
20:22c'est-à-dire qu'elle veut un référendum pour supprimer le droit du sol,
20:25pour imposer ce qu'elle appelle la préférence nationale,
20:28donc qui vise à réserver emploi, logement, aide sociale aux sols nationaux
20:31et en privé, en tout cas à faire passer les étrangers ensuite.
20:34Référendum impossible en l'état actuel de la Constitution.
20:37Référendum anti-constitutionnel de toute façon, puisque le champ du référendum
20:41est limité de fait à la ratification des traités, l'organisation des pouvoirs publics
20:45et puis les sujets économiques, sociaux et environnementaux.
20:49Alors, on a dit que les trois personnages qui en parlaient le plus aujourd'hui,
20:51ils avaient une visée, une ambition particulière pour 2027.
20:54Il y a le Premier ministre qui dit, bah, on peut quand même en parler, c'est pas mal et on ouvre le champ.
20:59Et puis hier, la question a été posée aussi au Président de la République sur le droit du sol,
21:03et lui, il a plutôt esquivé.
21:04Il ne peut plus parler de ces sujets-là en fait, ces sujets qui irissent.
21:08Il ne peut plus. C'est terminé.
21:09Il essaie, de toute façon, il n'a plus la main, donc il essaie de se mettre dans une position de surplomb.
21:14De rassembleur ?
21:15De rassembleur. Je pense que là, il n'a pas intérêt à aller sur ce terrain-là.
21:20Ce qu'il lui reste de troupes au Palais Bourbon est encore un peu divisé,
21:24même si ce n'est plus du tout la même chose qu'au moment du vote de la loi immigration.
21:27La plupart des députés macronistes, historiques, qui étaient contre tous ces débats-là
21:32et surtout contre une remise en cause du droit de sol, ont quitté le groupe.
21:35D'autres ont perdu, mais il y a quand même des débats en interne.
21:38On a vu qu'il y a un député qui a quitté le groupe ensemble pour la réplique vendredi, Elkir Beladade,
21:41parce qu'il ne veut pas entendre parler de ce débat-là.
21:44Il estime qu'on reprend les thématiques du Rassemblement National.
21:47Donc Emmanuel Macron a tout intérêt à se poser en surplomb.
21:50Aurélien ?
21:51Oui, c'est un peu explosif pour le Président.
21:53La loi immigration a laissé des séquelles énormes.
21:56Je pense qu'il ne veut pas se remettre là-dedans
21:58et qu'il a tout intérêt à botter en touche et à parler beaucoup d'IA.
22:01Merci. Merci beaucoup à tous les trois d'en parler, de l'IA toute la journée.
22:05Merci à tous les trois. Stéphanie Dépierre, journaliste politique à LCP.
22:08On en profite pour annoncer l'invité de l'Indice Politique.
22:12C'est l'émission en partenariat avec France Info.
22:14Oui, c'est à 19h30 sur LCP. C'est Pierre Moscovici ce soir, Président de la Cour des Comptes.
22:18Le Président de la Cour des Comptes ce soir invité.
22:20Aurélien Viers, merci beaucoup. Journaliste et éditorialiste, vous revenez quand vous voulez.
22:23Merci à vous, Renaud.
22:24Merci, Sadia.
22:24On se retrouve demain avec grand plaisir.
22:26Les informés du soir, c'est à partir de 20h avec Aurélien Herbemont et Jean-Rémi Baudot.

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