«1981 n’aurait pas dû exister» : la veuve d’Eric Cormyn remet-elle en cause la peine de mort ?

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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
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00:00Et avant d'accueillir Catherine Vincent Roy et Jean-Yves Lebrun, je voudrais qu'on réécoute
00:09l'intégralité de cette prise de parole de la veuve du gendarme tué.
00:14Voici ce que disait tout à l'heure en public Harmonie Comines.
00:17Tout d'abord je demande à ce que mes propos ne soient pas utilisés à des fins politiques
00:22et que vous médias ici présents ne transformiez pas mes dires, s'il vous plaît soyez honnêtes.
00:27Je remercie monsieur le maire d'avoir organisé un hommage à mon tendre et regretté époux.
00:33Choc terrible numéro un, décédé brutalement lors de ses fonctions et sans agressivité.
00:40A la vue de ses camarades, amis de longue date, mon mari était un homme attentionné,
00:49un papa merveilleux, juste et aimant.
00:52De notre amour qui a décaressé sa vingtième année, il m'a laissé deux beaux enfants
00:58intelligents, gentils et taquins à l'image de leur papa.
01:02Choc terrible numéro deux, je tiens à remercier les médias qui ont su donner l'identité
01:10de mon mari sans accord de notre part, sans accord de notre part, au premier heure de
01:18son décès.
01:20Heureusement que les gendarmes et les pompiers sont venus à mon domicile m'annoncer la
01:24triste nouvelle.
01:25Imaginez l'effroi si mes enfants ou moi-même regardions la télévision à ce moment-là.
01:31Je remercie les pompiers et la gendarmerie parce qu'ils ont été exceptionnels encore
01:37aujourd'hui.
01:38Où s'arrête votre violence ? Avez-vous un tant soit peu de pudeur ?
01:45Choc terrible numéro trois, je remercie notre France d'avoir tué mon tendre époux,
01:54que j'aime tant, le père de nos enfants.
01:57Attention, je ne parle pas d'étrangers mais de récidivistes.
02:00Je l'affirme haut et fort, la France a tué mon mari.
02:07La France a tué mon mari, le père de mes enfants.
02:13La France a tué mon mari par son insuffisance, son axis et son excès de tolérance.
02:19La France a tué mon mari.
02:22Comment, pourquoi, pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ? Quand
02:32est-ce que nos législatifs ouvriront réellement les yeux ? Faut-il qu'il soit touché directement
02:37pour agir ? Combien de morts avant que ces assassins soient vraiment punis ? Banni, expulsion,
02:46retrait des droits octroyés par une procédure tellement bien faite et j'en passe.
02:501981 n'aurait jamais dû exister.
02:551981 n'aurait jamais dû exister.
03:00Quelle est la suite pour ce meurtrier ? Déferrement immédiat, en attente de jugement.
03:06Trois repas chauds par jour, aide sociale dans les geôles, là où les retraités qui ont cotisé
03:13toute leur vie de leurs travailleurs doivent potentiellement retravailler pour avoir trois
03:18repas chauds par jour. Puis réduction de la peine pour bonne conduite, liberté, ils recommencent.
03:26Et nous alors ? Plus de fils pour mes beaux-parents, qui aussi ont retraité la gendarmerie.
03:35Plus de frères, parce qu'il a une sœur qui l'aimait et qu'elle aime aussi.
03:40Plus de papa, plus de mari, mais nous par contre on a pris la perpétuité.
03:45Voilà donc pour l'intégralité de cette prise de parole évidemment très poignante,
03:58très difficile à entendre d'une certaine manière et pourtant très très forte.
04:01Bonsoir à vous Catherine Ney, merci d'être avec nous. Grande Voix d'Europe 1, merci également à
04:07Vincent Roy d'être présent. Et bonsoir Maître Leborgne. Maître Leborgne, deux choses. D'une
04:16manière générale d'abord je voudrais savoir comment est-ce que vous appréciez cette prise
04:21de parole dans la douleur de cette veuve qui on le sent est bien sûr encore sous le choc. Et puis
04:29même si elle le dit en avant-propos, il ne faut pas interpréter les choses de façon politique,
04:34il y a fatalement une référence à une date clé de l'histoire judiciaire de France en 1981.
04:40Écoutez, il y a d'abord le discours des victimes que l'on connaît, que quelqu'un qui fréquente les
04:49prétoires connaît bien. Il est normal qu'il y ait de l'esprit de vengeance, qu'il y ait une sorte
04:57de violente colère et que la mesure ne soit pas dans un discours de victime. C'est la raison pour
05:04laquelle d'ailleurs la justice appartient à des juges qui font la part des choses et optent pour
05:12la peine équilibrée qui convient. Maintenant vous faites allusion à ce propos un peu si bilingue,
05:191981 n'aurait jamais dû exister. Est-ce une référence à l'esprit de la gourde, de la tolérance,
05:30de la compréhension, de l'excuse, de la faute à ce laxisme dont aussi parle cette dame ou est-ce
05:37la suppression de la peine de mort ? Je n'en sais rien. Dans les deux cas, ce discours est un discours
05:46qui est conduit, si j'ose dire, motorisé par la souffrance. Mais il y a un vrai problème derrière
05:53tout cela. C'est que la justice n'a pas d'autre moyen que de décider une peine en quelque sorte
06:02pour compenser ou équivaloir à la faute qui a été commise. Mais il reste un autre problème qui peut
06:12être d'ailleurs ne dépend pas de l'autorité judiciaire, c'est celui de la sécurité publique.
06:19Et peut-être faut-il que nous réfléchissions ensemble avec les considérations humanistes qui
06:28sont celles de notre république pour qu'un certain nombre d'individus qui peuvent présenter
06:34une dangerosité importante ne soient pas laissés en prison dans des années sans que cela ait un
06:43sens par rapport à ce qu'ils ont fait, mais qu'on puisse néanmoins trouver une formule qui les mette
06:50à l'écart de la société et ne permette pas des situations intolérables comme celle qu'a vécue
06:58cette malheureuse femme. On entend votre point de vue. Je voulais juste, quand elle dit 1981 n'aurait
07:06jamais dû exister, quand elle dit bagne, expulsion, retrait des droits octroyés par une procédure
07:12tellement bien faite et j'en passe. Et elle met ça en comparaison avec la situation d'aujourd'hui.
07:20Déferrement immédiat en attente de jugement, trois repas chauds par jour, aide sociale dans
07:25les geôles, là où les retraités qui ont cotisé toute leur vie de travailleurs doivent potentiellement
07:29retravailler pour avoir trois repas par jour. Et puis réduction de la peine pour bonne conduite,
07:34liberté et nous alors plus de fils, plus de frères, plus de papa, plus de mari. Est-ce qu'il y a une
07:40comparaison, un parallèle avec la justice d'avant 1981 et la justice d'après 1981 ? Et je profite,
07:47pardonnez-moi Jean-Yves Le Bonne, sans vouloir dévoiler votre longue carrière que vous avez
07:53connu l'avant et l'après. Oui, j'ai connu la période, j'étais un jeune avocat bien sûr,
07:59la période où l'on requerrait et renonçait encore la peine de mort. Vous savez, lorsque l'on sait
08:07ce qu'est la justice, on ne peut que conclure comme Robert Badinter qu'on ne veut pas d'une
08:14justice qui tue. En revanche, il y avait dans la peine de mort une exclusion sociale sanglante,
08:22abominable, affreuse. Mais la notion d'exclusion sociale peut être quelque chose à quoi l'on peut
08:31réfléchir sans pour autant vouloir immédiatement opter, sous le coup de la colère et de la violence
08:38qu'un drame comme celui-ci suscite, pour une restauration au demeurant juridiquement presque
08:46impossible, de la peine de mort. Je crois que certains individus doivent être mis en retrait
08:51de la justice. Mais cette mise en retrait ne peut se concevoir que dans un contexte qui respecte la
09:00personne humaine. C'est une discussion qui mériterait qu'on y passe des heures, et dans le propos qui
09:08nous lie aujourd'hui, je ne peux que lancer l'idée, après sur les modalités, il faudrait en parler
09:15longuement. Merci beaucoup en tout cas à Jean-Yves Lebrun d'avoir réagi à cette prise de parole de
09:20l'aveuve de l'adjudant Comines, qui a donc trouvé la mort dans ces 25 000 refus d'obtempérer qui
09:28sont réporteriés chaque année en France. 19h26, on va marquer une pause. On va se retrouver sur ce
09:33plateau dans quelques instants avec Vincent Roy, Catherine Ney, pour continuer à parler de ce sujet,
09:38et bien sûr de la politique, puisque les consultations continuent à l'Elysée. Pour l'instant, on n'y voit
09:46pas très clair. A tout de suite sur Europe 1.
09:47Europe 1 soir, 19h21, Pierre De Villeneuve.
09:52Et nous sommes avec Catherine Ney, grande voix d'Europe 1, Vincent Roy, écrivain et journaliste,
09:56pour commenter l'actualité du jour, marquée bien sûr par cette déclaration, même si,
10:01elle l'a dit en préambule, ça n'est pas à des fins politiques, mais bien sûr cette déclaration
10:06d'Harmonie Comines, la veuve de l'adjudant de gendarmerie qui a été fauchée mortellement lundi
10:12soir à la sortie de l'autoroute A8 du côté de Mougins, et dont aujourd'hui, évidemment,
10:18il a fait l'objet d'un hommage de ses camarades, puisqu'on ne dit pas des collègues dans la
10:23gendarmerie, ce sont des camarades, ce sont des militaires. Hommage également, on l'a entendu
10:28tout à l'heure, de David Lysnard, qui a demandé à ce qu'effectivement, il se passe quelque chose
10:35au niveau de la justice. Tout à l'heure, alors que nous parlions avec Jean-Yves Leborgne,
10:41Marion Maréchal, sur BFMTV, disait qu'il y avait une surdélinquance étrangère avérée. Il y a
10:50beaucoup de problèmes qui sont posés sur la table. Il y a d'abord cette référence à la peine de mort,
10:53il y a aussi le fait que, peut-être que si cette veuve aujourd'hui, dans cette terrible douleur
11:03qu'on peut comprendre, demande à ce qu'on s'interroge, c'est peut-être parce qu'elle
11:08demande un choc sécuritaire. Et puis, à la situation aussi de ce Cap-Verdien de 39 ans,
11:15Marion Maréchal disait, à l'instant, son permis de séjour n'aurait pas dû être renouvelé. Alors,
11:23peut-être commençons par cette référence à 1981. Catherine Ney, au moment du vote de cette
11:30abolition de la loi sur la peine de mort en 1981 par Robert Badinter et François Mitterrand,
11:36ça a été évidemment une date historique, mais le pays était assez controversé sur ce sujet.
11:42Le pays était assez divisé et Valéry Giscard d'Estaing avait dit que s'il avait été réélu,
11:49il ne l'aurait pas fait adopter. Mais je crois que Valéry Giscard d'Estaing lui-même,
11:56des années après, a dit qu'en tous les cas, il ne serait jamais revenu sur cette mesure et qu'on
12:02n'y reviendra jamais. Et moi, je peux vous dire que j'ai le souvenir du jour où Buffet et Bontemps
12:12ont été guillotinés, alors que l'un, Buffet, on pensait qu'il était vraiment coupable et l'autre
12:20était un accompagnateur et n'avait pas tué. Mais c'est une journée que j'ai très très mal vécue.
12:26Est-ce que c'était la guillotine ?
12:29Comment ? Parce que c'était la guillotine et la peine de mort, c'était la guillotine.
12:34Parce qu'il y a des méthodes différentes aux Etats-Unis.
12:36Oui, mais là, la France, c'était la guillotine. Et là, la plaidoirie de Maître Badinter était
12:45très éloquente et lui seul pouvait faire passer cette réforme. Parce que lorsque François
12:50Mitterrand, qui avait dit qu'il la supprimerait, a nommé comme premier garde des Sceaux Maurice
12:55Faure, qui lui aussi était sûrement, mais c'était un homme tellement joyeux, avec un accent,
12:59vous avez du lot. Il n'avait pas la faconde de Badinter, sa passion, sa rage pour faire passer
13:06cette loi définitive. Et tant mieux. Et je crois qu'il ne faut pas le regretter. Non,
13:16mais ce qui est regrettable, c'est que les peines dont ont frappé les criminels, parce que ce garçon
13:23est aussi un criminel, ne sont jamais... Dix condamnations à son casier et pas que des
13:28infractions routières, mais aussi des atteintes à la personne. Oui, donc c'est incroyable qu'il
13:32soit toujours en vadrouille et que ne soit pas... Voilà, il a été déféré. Bon, mais d'accord.
13:36Mais on ne sait pas comment. Voilà, et puis c'est ce que dit Mme Comines. Elle dit,
13:41ben voilà, après il sera dans une prison chauffée, après réduction de la peine pour bonne conduite,
13:47liberté et il recommencera. Et alors, qu'est-ce qu'on fait, Vincent Roy ? Oui, parce qu'en réalité,
13:52évidemment, elle cite 81... Comme un marqueur. Oui, mue par la colère, par le malheur. Le
14:00malheur, la douleur, c'est une vie brisée. Absolument. Je veux dire, on voit la tête de
14:05cet homme, son mari. On savait que tout le monde disait que c'est un type humainement épatant.
14:10Bon, il s'assoyait sur le visage. C'était un très bon gendarme. Et donc, c'est vrai,
14:15c'est... On a tous envie de pleurer avec elle. C'est quand même une horreur qui vous tombe
14:20dessus. C'est vrai, on a tous envie de pleurer avec elle. Et quand elle dit, quand elle parle de
14:2481 et qu'elle dit que, d'une certaine manière, tous nos mots viendraient de là, elle veut
14:29simplement dire que depuis 81, enfin, c'est à tout le moins ainsi que je le comprends, qu'à
14:35partir de 81, les choses se sont délitées et qu'on a un laxisme judiciaire à l'œuvre qui
14:42est patant. Il suffit de regarder le pédigré et par conséquent le parcours de l'individu qui a
14:48fauché son mari pour voir que, bon, qu'est-ce que vous voulez ? Ce garçon ne devrait pas se
14:53retrouver au volant d'une voiture, qu'il n'aurait jamais dû se trouver là à ce moment-là. Et ça
14:58pose un certain nombre de problèmes. Moi, j'ai le sentiment, effectivement, que depuis bien des
15:03années maintenant, la justice française vit sous une espèce de jurisprudence tobira permanente.
15:09Oui, mais qui avait commencé avec Robert Badinter, qui avait des lois pour dire que les plus grands
15:13délits, c'étaient les patrons qui traitaient mal les ouvriers et qui avaient quand même un certain
15:19laxisme et que ceux qui se conduisaient mal, volaient, c'étaient des victimes de la société.
15:25Il y a quand même une vision. C'est là que ça a commencé, avant même Christiane Tobira.
15:30Oui, qui en a rajouté. Mais enfin, c'était vraiment dans l'idéologie de la gauche.
15:34Alors, je voudrais qu'on écoute aussi ce qu'en pensent les forces de l'ordre. Écoutez,
15:38Jean-Christophe Couville, il est secrétaire national Unité. Il était cet après-midi dans
15:42On marche sur la tête sur Europe 1. D'un côté, on durcit la législation quelque part,
15:47puisque là, par exemple, sur le refus d'obtempérer, il y a eu une réforme qui a été faite. Et de
15:51l'autre côté, on fait un aménagement de peine. C'est un peu schizophrène. D'un côté, on dit
15:54voilà, on va muscler le jeu. On sait très bien qu'on a un problème. Le législateur s'empare du
15:59problème. Dormez tranquille, français, regardez, on a musclé. Et de l'autre côté, effectivement,
16:02on fait une note aussi, notamment avec Mme Belloubet, il faut dire ce qui est aussi,
16:07en disant la prison, c'est l'exception. Il faut trouver des peines alternatives de la prison
16:12parce que la prison, ça crée justement de la surdélinquance. Donc, il ne faut pas. Moi,
16:16je pense que justement, il faut arrêter et stopper l'idéologie anti-prison. La prison,
16:20les petites courtes peines doivent être faites dans de très bonnes conditions, par contre,
16:24parce que pour l'instant, effectivement, on n'est pas au rendez-vous non plus. Mais en fait,
16:27la prison, ça doit vous servir aussi à réfléchir sur vos actes, de pourquoi vous avez fait ça. Vous
16:31devez être seul dans une cellule, réfléchir et on doit préparer votre sortie pour ne plus réitérer.
16:35Jean-Christophe Kouvi, dans On marche sur la tête, 16h-18h tous les jours avec Cyril Hanouna,
16:40ses chroniqueurs sur Europe 1. C'est vrai qu'il y a deux doctrines. Il y a ceux qui disent qu'il
16:44faut la prison pour tout le monde, que ça ne soit pas une exception même des courtes peines parce
16:48que ça marque les gens et après, il ne recommence plus. Et puis, il y a ceux qui disent surtout pas
16:52la prison parce que finalement, ça n'est pas une solution. Oui, mais alors, si pas la prison,
16:57quoi ? Vincent Roy. Comment voulez-vous faire ? C'est-à-dire qu'il y a des individus et tout à
17:02l'heure, Monsieur Leborgne l'a dit très clairement, il y a quand même des individus qu'il faut mettre
17:07à part, qu'il faut mettre les isolés de la société parce que sans quoi, ça peut engendrer
17:15un certain nombre de crimes. Bon, alors ceux-là, s'il ne s'agit pas de prison, qu'est-ce qu'on en
17:20fait ? Alors, c'est une prison spéciale. Alors, je suis bien d'accord pour reconnaître effectivement
17:23qu'actuellement, mettre des gens en prison, les conditions dans lesquelles on les met en prison,
17:26la peine de privatif de liberté n'est en tant rien une peine privative de dignité et encore
17:31moins une peine privative d'intimité puisqu'on entasse les gens dans des... Bon, ça, d'accord,
17:35c'est une chose. On n'a pas de politique là-dessus. L'Espagne s'en sort très bien. Nous, on est à la
17:41ramasse, si j'ose dire, sur ces questions. Mais surtout en ce moment. J'étais à vous remarquer
17:44depuis le 8 juillet. Surtout en ce moment. Donc, d'accord, mais il faut bien trouver une solution
17:50et tout ce qui avait été dans le sens probable d'une certaine fermeté, je pense par exemple aux
17:57peines planchées, imaginez, enfin, souvenez-vous des cris d'orfraie de la gauche, les peines planchées,
18:03en fait, rien n'est possible dans ce pays au bout d'un moment. Rien n'est possible. Mais les crimes
18:08se commettent. Oui, oui, puis vous avez raison de dire, dans les prisons, quand 8 personnes sont
18:14amassées autour de latrines au milieu et tout ça, ces gens, lorsqu'ils sortent, sont des bêtes
18:19sauvages. Exactement. C'est pas un lieu où on a le temps de réfléchir, où on peut se poser la
18:22question, se dire... De réfléchir sur ce qu'on a fait. Sur ce qu'on a fait. Donc, les conditions
18:28de détention font que les hommes qui en sortent ne sont pas prêts à devenir de bons garçons.
18:34Mais tous les ministres de la justice vous disent que c'est un problème d'argent.
18:37Eh bien, bien sûr, et je veux dire, depuis Jacques Chirac, depuis la 86, où un programme avait été
18:46lancé de 15 000 places, avec difficulté d'ailleurs, j'avais bien suivi le problème.
18:51Je sais pourquoi. Est-ce qu'on peut citer M. Chalandon ?
18:54Oui, oui. Et d'ailleurs, il avait dû se battre avec Alain Juppé, le ministre du budget,
18:59enfin voilà, pour obtenir ces 15 000 places. Et depuis, on n'en a pratiquement pas construite.
19:05Voilà. Je crois qu'il y en a 2000, par-ci, depuis. Mais très peu.
19:08On est à, je crois, 80 000 places et c'est largement insuffisant par rapport à la population carcérale.
19:14Il y a peut-être un problème d'argent, moi je veux bien, et vous avez totalement raison de le dire,
19:19mais il y a aussi un problème de volonté politique. Est-ce qu'on veut... Pourquoi...
19:23Parce qu'il y a deux doctrines qui s'affrontent, on l'a dit. Il y a ceux qui disent la prison à
19:28Hubert Halles, pour parler en bon français, et puis il y a ceux qui vous disent, bah non,
19:32surtout pas, parce que finalement ça ne résout rien. Et comme il y a ces deux doctrines qui,
19:36et Mme Belloubet en fait partie, et s'il y a ces deux doctrines qui s'affrontent,
19:40bah du coup on se dit, peut-être d'un coup, peut-être d'un autre moment, on n'avance pas.
19:42Non mais il n'y a pas de... Attendez, moi je veux bien entendre que la prison n'offre pas
19:49toutes les garanties de... D'accord, je veux bien entendre ça.
19:52Mais les gens sont désinhibis, pour certains jeunes, ils se disent,
19:54bah de toute façon au pire j'irai 15 jours à un mois en prison, puis je ressortirai.
19:57Non mais d'accord, je veux bien entendre, je veux bien...
19:58Vous et moi, Vincent Roy, si on part en prison, c'est la fin du monde. On a un
20:03truc à se créer au casier de judiciaire, on ne peut plus prendre de crédit immobilier,
20:07enfin c'est la fin du monde. C'est la fin du monde, on est bien d'accord.
20:09Mais il y a une désinhibition dans une partie de la société qui fait que aujourd'hui ça n'est
20:14plus pareil. Non mais que la prison ne soit pas la panacée, ça s'entend. Que
20:19deuxième solution, bah dans ce cas-là, effectivement, on fait comme on fait
20:23aujourd'hui, c'est-à-dire que peu de peine, ou pas appliquée, ou mal appliquée.
20:27Et puis la troisième solution, c'est quoi ? Parce que si tout de suite on dit,
20:32bah non la prison, il n'y a pas de troisième solution. L'éloignement dont parlait M. Le
20:35Banque, ça consiste en quoi ? En quoi ? Bah oui. Et il a dit,
20:37on peut en parler pendant deux heures, donc la prochaine fois on l'invitera.
20:39Et puis s'il a des idées, il nous le dira. L'éloignement, c'est les envoyés en Guyane,
20:43dans un centre ouvert, aéré. C'est ça, on bagne. C'est ce que dit
20:47Mme Comine, accessoirement. Mais le Banque, c'est la même chose, il faut les surveillants.
20:50Le retrait des droits octroyés par une procédure. Oui, alors le retrait des droits octroyés,
20:55ce sont des pistes qui ont été d'ailleurs mises sur la table aux dernières européennes,
21:00à chaque scrutin, par certains partis. On a fait ça récemment, je crois que c'est
21:04cette semaine, quelque chose a été tenté pour les dealers, pour les gens qui vendent de la
21:09drogue, je crois, dans le sud du pays. Enfin attendez, un type qui gagne 30 000 euros par
21:13jour quand on lui enlève 1200 euros d'allocations par mois, qu'est-ce qu'il en a à faire ?
21:18Non mais ça, c'est rien, ça n'existe pas.
21:23Il faut qu'on tape plus fort.
21:24Bah évidemment, il faut qu'on tape plus fort.
21:26Peut-être que dans sa douleur, peut-être que dans sa colère, peut-être que dans sa tristesse,
21:32Mme Comine, aujourd'hui, avec ce discours public de trois minutes que nous avons, nous,
21:38européens, décidés de passer dans son intégralité, peut-être que c'est un marqueur aussi à sa façon
21:44de dire qu'il faut un choc sécuritaire, il faut un choc judiciaire et j'espère qu'effectivement,
21:50il sera entendu. 19h43.
21:53Mais que peut faire un gouvernement des missionnaires ?
21:55Eh bien justement, voilà une belle transition pour la suite de notre programme, chère Catherine.
21:59A tout de suite sur Europe 1.

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