• il y a 6 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour
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Transcription
00:00En tout cas, moi je voulais également qu'on parle de Paul Auster parce que pour ma part, et c'est le cas de Nicolas Caro aussi, à deux époques différentes, on l'a connu et il est venu encore il n'y a pas très longtemps à Europe 1 pour parler de 4 3 2 1 qui, selon la critique, est sans doute le roman de sa vie.
00:17Il y a eu Monsieur Vertigo, il y a eu Le Voyage d'Anna Bloom, il y a eu la trilogie de New Yorkais, il y a eu Léviathan, Léviathan 1992, si vous n'avez pas lu Léviathan, lisez-le !
00:27C'est quelque chose où vous ne pouvez pas quitter ce livre sans l'avoir terminé. Paul Auster était un sismographe des émotions, il était celui qui allait piocher dans le cerveau de son personnage avec un passé, une zone d'ombre qui était terrible.
00:45Il avait cette facilité d'écrire quelques phrases en français qui facilitaient ensuite la traduction. Je vous propose de l'écouter, je suis allé le voir chez lui à Brooklyn, c'était en 2010, il habitait cette maison de ville en plein centre de Brooklyn avec Sirius Vette, sa femme.
01:04Il y avait donc cette maison, il y avait un petit jardin et au bout du jardin il y avait une espèce de cabane et c'est là où il écrivait et c'est là où on a fait cette interview. On écoute Paul Auster.
01:12Oui mais ça c'est la vie, on marche avec le passé sur nos dos et c'est nous, c'est la définition d'une personne, c'est d'avoir un passé.
01:26Voilà, c'est ce que je lui demandais, je lui demandais pourquoi il y a toujours ce passé qui est trimbalé par tous ces personnages, qu'ils soient de tous les romans. La France, qu'il écrivait en français, on l'écoute sur justement la langue française versus la langue américaine.
01:43Mon français n'est pas aussi bon de vraiment pénétrer les nuances, les différences comme ça. J'ai lu quelque chose qui disait Yves Bonnefoy sur la différence des deux langues, c'était très exact. Il a dit que l'anglais c'est un miroir et que le français c'est une sphère et je trouve qu'il a raison.
02:08Ça vous fait rire Paul Melun ?
02:10Oui ça me fait rire, à la fois la justesse de son propos reflète une oeuvre qui est extrêmement complète et ce n'est pas si courant, c'est une oeuvre littéraire fabuleuse, il y a en lui du Edgar Allan Poe, du Kafka, quelque chose de l'ordre de la quête de soi.
02:26Et puis quelque chose aussi qui me réconcilierait avec la littérature américaine puisqu'il arrive par la destinée qu'il offre à ses personnages à mettre en regard des choses comme le hasard, le destin, l'errance, la quête de soi.
02:39Et c'est pour ça que je trouve qu'on aime les romans, c'est la grande singularité du roman sur l'autobiographie, sur l'essai, c'est que le roman peut permettre d'embarquer le lecteur autour de tout cela.
02:50C'était la tradition des contes philosophiques et je trouve qu'il est un immense auteur et qu'il y a beaucoup de cela dans tout ce qu'il a pu écrire, la trilogie new-yorkaise vous en parliez, j'ai beaucoup aimé.
03:02C'est assez amusant comme son image a changé au fil des années parce que quand vous disiez en 1987 ou 1990 qui sont les sorties de la trilogie new-yorkaise Edmund Pallas, je lis Paul Auster, on vous regardait, c'était des romans de gare.
03:17Et puis il est devenu au même titre que Philippe Roth, que Brett Easton Ellis, un écrivain contemporain extrêmement connu et remarqué.
03:29Est-ce que les éditeurs vont ressortir prioritairement ?
03:32Je ne peux pas le dire, l'oeuvre est considérable mais ce qui est vrai c'est qu'il y a une immense injustice envers les romanciers, envers les écrivains parfois et que l'image qu'on donne de vous, vous savez c'est un peu comme les acteurs de cinéma,
03:43quand on fait cette grande rétrospective et qu'on reparle de De Funès aujourd'hui, tout le monde aime bien De Funès mais à l'époque c'était l'acteur qui faisait marrer mais ce n'était pas le grand acteur très chic.
03:52Il y a un peu de ça aussi chez Paul Auster, il y a certains auteurs, allez savoir pourquoi, de leur vivant ou quand ils publient une partie de leur oeuvre, la critique est très ingrate, très injuste et cette histoire de romans de gare colle à certains auteurs qui sont rejugés à titre posthume parfois, c'est malheureux mais c'est ainsi,
04:09et c'est les lecteurs qui jugent au fin de compte et le succès qu'il a eu immense et la trace et l'empreinte qu'il a sur la littérature américaine est bien plus immense finalement que les quelques critiques qu'il aura pu essuyer dans les années 80.
04:22Merci Paul Melun, merci Jean-Claude Dacier.

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