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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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00:00Europe Un Soir.
00:0219h21, Pierre De Villeneuve.
00:05Et nous accueillons les chroniqueurs du soir. Bonsoir Vincent Roy.
00:09Bonsoir.
00:10Écrivain, journaliste, bonsoir Philippe Guivert.
00:12Bonsoir Pierre.
00:13Chroniqueur politique et nous allons accueillir le rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire.
00:17Bonsoir Arnaud Benedetti.
00:19Bonsoir à vous.
00:20Et merci d'être avec nous. Cette nomination, si elle intervient au poste de Premier ministre, pour Thierry Baudet, l'actuel président du CESE.
00:28Qu'est-ce que pour vous cela signifie Arnaud Benedetti ?
00:31C'est une idée assez surprenante sur le fond parce que si vous voulez, au moment où le régime se reparlementarise, au moment où il va falloir faire preuve d'un art parlementaire tout particulier,
00:45aller chercher une personnalité qui n'est pas parlementaire, qui n'a pas l'expérience du Parlement, ça ne répond pas forcément aux enjeux du moment.
00:55Vous savez, sous la troisième et la quatrième républiques, qui étaient des régimes où les combinaisons politiques parlementaires étaient la règle,
01:02on avait des présidents du conseil qui étaient tous des parlementaires expérimentés.
01:09Donc ça, c'est déjà une première observation.
01:13D'ailleurs, je crois que Mme Delga, qui a été interrogée, elle aussi s'est étonnée, tout en saluant bien évidemment les compétences du président du Conseil économique et social environnemental de son absence d'expérience dans ce domaine.
01:24Ensuite, si vous voulez, c'est une autre perception qui se dégage de cette idée.
01:31C'est qu'on a un président de la République et d'ailleurs des proches du président de la République qui nous disent que, de fait, ils n'ont pas gagné les élections,
01:41qu'il faudra nommer quelqu'un qui soit bien évidemment en dehors de la majorité des faits.
01:48Là, en l'occurrence, on a le sentiment qu'à travers ce choix, le président de la République cherche une personnalité sur laquelle il pourra quand même conserver la main.
01:56Comme si le président de la République ne souhaitait pas finalement rentrer dans une logique de cohabitation.
02:02Donc ce n'est pas forcément, si vous voulez, un signal qui est un signal facilitant pour ensuite bâtir des compromis parlementaires.
02:09Ce que vous dites, en gros, c'est que s'il avait pu nommer quelqu'un de chez McKenzie, il l'aurait fait.
02:14Non, je ne dis pas exactement cela, parce que le président du Conseil économique et social, d'abord, est dans l'ordre protocolaire et doit être à peu près le dixième personnage de l'État,
02:23qu'il est à la tête de la troisième assemblée du pays, même si c'est une assemblée qui exprime les forces vives du pays et pas une assemblée élue en tant que telle.
02:36Donc c'est quelqu'un qui, en plus, de par son parcours, a indéniablement des qualités, certainement, de négociateur.
02:44Mais manifestement, ce n'est pas quelqu'un qui dispose d'un capital politique tel qu'il puisse véritablement s'imposer par rapport au président de la République.
02:53Après, ce n'est peut-être pas étonnant de la part d'un président de la République qui, lui-même, n'est pas issu du Parlement, d'autant qu'il n'a jamais été élu nulle part.
03:01– Et puis, d'un autre côté, et c'est aussi la question qu'on peut se poser, je me fais un peu l'avocat du diable, Arnaud Bénédetti, c'est qui voulez-vous prendre au Parlement ?
03:09– Ce n'est pas forcément quelqu'un qui soit élu aujourd'hui, c'est quelqu'un qui ait une expérience parlementaire.
03:18Il est clair que quand on annonce les noms de M. Cazeneuve ou de M. Bertrand, c'est des personnalités politiques qui ont exercé des mandats parlementaires
03:27et qui ont exercé d'autres mandats politiques, d'ailleurs, et qui savent ce que c'est que négocier dans une situation complexe sur le plan politique.
03:37– C'est le cas du président du CESE qui sait aussi bien parler au MEDEF qu'à la CGT.
03:44– Certainement, mais ce n'est pas la même chose sur le plan parlementaire.
03:47Les négociations sur le plan parlementaire sont très différentes des négociations qui peuvent exister au Conseil économique et social.
03:53– Ça demande un knowledge, comme on dit en bon français, particulier.
03:57– Ça demande en tout cas un savoir-faire, une pratique et une reconnaissance de par ses pairs.
04:02Et en outre, l'autre aspect, c'est qu'il est clair que quand vous décidez éventuellement d'opter pour une personnalité comme M. Cazeneuve,
04:10vous envoyez quand même un signal qui est un signal, oui je suis prêt d'une certaine manière, en tout cas c'est le signal qui est envoyé,
04:17prêt éventuellement à partager le pouvoir politique.
04:20Là, en l'occurrence, ce n'est pas le signal premier qui est envoyé par cette idée-là.
04:24– Et c'est peut-être aussi dérangeant, merci beaucoup Arnaud Bénédetti, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire Philippe Guybert.
04:30Il a raison Arnaud Bénédetti, dans le sens où ça n'est pas quelqu'un qui est dans la famille politique et qui ne saura peut-être pas faire.
04:39Néanmoins, je vous repose la question, qu'avait-il comme autre choix ?
04:45Même si encore une fois les noms de Bernard Cazeneuve et d'Xavier Bertrand ne sont pas complètement éludés.
04:50– Je vais prolonger l'analyse d'Arnaud Bénédetti que je partage largement en ajoutant quand même deux choses.
04:58Bernard Cazeneuve a cet intérêt pour le président de pouvoir éloigner une motion de censure dans la mesure où on peut imaginer et penser
05:07qu'une trentaine de députés, une vingtaine, trentaine de députés socialistes peuvent ne pas vouloir le censurer.
05:13Ce qui peut être tout à fait stratégique dans le cas d'une motion de censure dans la mesure où il faut éviter qu'il y ait plus de 289 députés qui votent la censure.
05:23Ça c'est un atout majeur. Xavier Bertrand dans une moindre auposyre peut aussi avoir ce type d'atout.
05:28Le président du César et qui est un homme parfaitement respectable, c'est pas la question, n'a pas cet atout par reconnaissance de ses pairs.
05:36Si Emmanuel Macron prend une telle décision, ça envoie deux messages.
05:40Oui mais c'est peut-être un des problèmes. Ça envoie deux messages.
05:44Premièrement c'est de dire à la classe politique et à la classe parlementaire finalement vous n'êtes pas capable de gouverner.
05:50Et moi je vous contourne en nommant quelqu'un qui vient des forces économiques et sociales.
05:56Je ne vais pas chercher dans les forces politiques.
05:58Et tout le rêve macroniste qui consistait à élargir au modéré de gauche et de droite son camp pour essayer de former une alliance qui puisse un peu tenir, on le laisse tomber.
06:08Et puis le deuxième message qu'il envoie, c'est que le nom du directeur de cabinet potentiel de M. Baudet a fuité.
06:16C'est quelqu'un là aussi très estimable, un préfet de la région nord.
06:20Mais ça veut dire que c'est l'Elysée qui est derrière la main.
06:22Parce que si vous faites fuiter le nom du directeur de cabinet qui joue un rôle tout à fait central.
06:27Faire fuiter ça veut dire que pour vous c'est à dessein. Vous avez été directeur du CIC donc vous savez comment ça marche.
06:31Parfaitement. Le directeur de cabinet d'un premier ministre c'est un poste stratégique.
06:34Le faire fuiter c'est dire que c'est toujours nous qui décidons, on ne lâche pas le pouvoir.
06:38Le sigle, le service d'information du gouvernement. Vincent Roy, votre analyse ?
06:42Je la partage avec Philippe. En fait une bonne partie des choses repose sur les socialistes.
06:50Si vous avez une motion de censure contre M. Baudet, vous avez le RN qui vote la motion, vous avez les communistes qui votent la motion.
06:59Non, non, le RN a dit qu'on n'utilise pas, on a entendu le jour de 19h. La motion de censure ce n'est pas un joujou, on ne l'utilise pas comme ça.
07:06Mais dans l'absolu, si vous avez le RN qui vote la motion, que vous avez les communistes qui votent la motion,
07:11les écologistes qui votent la motion et les filles qui votent la motion, vous voyez bien que tout repose sur le parti socialiste.
07:20Or, dans le parti socialiste, il y a 62-3 sièges. Là-dessus, il y en a qui vont être très reconnaissants d'avoir eu leur siège grâce à LFI,
07:31donc ils seront fidèles à LFI et vous en avez une trentaine qui sont susceptibles de s'abstenir.
07:38Vous vous dressez le portrait robot du parti socialiste actuel. Il y a une frange forte et puis l'autre...
07:45Et dans ce cas-là, on se demande quel est le calcul de M. Macron, parce que le calcul le plus sûr, c'est quand même M. Cazeneuve.
07:50Parce que M. Cazeneuve, d'abord, il a la pratique parlementaire qui s'impose, et puis il a quand même la reconnaissance de ses pairs dans cette matière.
07:59Donc on comprend mal pourquoi, sauf à imaginer qu'effectivement, Emmanuel Macron veuille rester le maître absolu.
08:07Et c'est ce que dit Arnaud Benedetti.
08:09Oui, d'autant plus que l'ORN a effectivement déclaré qu'il ne ferait pas une censure a priori.
08:15Mais l'ORN, vis-à-vis de son électorat, ne pourra pas approuver un gouvernement qui mènerait une politique qui serait contraire à ses options politiques fondamentales.
08:25Donc ils ne veulent pas jouer la crise a priori. Mais l'enjeu, ce n'est pas simplement de savoir si un Premier ministre va tenir plus d'une semaine.
08:33Ça, c'était l'enjeu pour Lucie Castet. Mais c'est aussi de savoir s'il va réussir...
08:37Il faut vraiment arrêter de l'appeler Castet, elle s'appelle Castet.
08:39Castet, excusez-moi. C'est mon mauvais esprit qui a...
08:44Et donc l'enjeu est de savoir si le Premier ministre qui va être nommé par Emmanuel Macron est capable de faire voter un budget.
08:50Parce que je voudrais juste dire, si ça échoue, qui est derrière le dernier rempart ?
08:56C'est Emmanuel Macron, et à ce moment-là, c'est la question de sa démission qui est posée.
09:00Si ça ne marche pas.
09:01On en parlera dans quelques instants. 19h26, vous restez bien avec nous dans Europe 1 Soir.
09:06Dans un instant, le rappel des titres de l'actualité.
09:08Et juste après, nous recevons le président du cabinet de conseil en communication stratégique, Tilder, Mathias Léridon.
09:16Qui, en l'occurrence, connaît très bien Thierry Baudet.
09:18Donc il nous parlera de cet homme qui est encore très inconnu du public.
09:22A tout de suite sur Europe 1 Soir.
09:23Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
09:27Jusqu'à 20h avec Vincent Roy, écrivain, journaliste, Philippe Guibert, chroniqueur politique pour se diriger.
09:34Essayer de savoir qui, finalement, va remporter la donne de ce prestigieux, évidemment en poste, qui est celui de Premier ministre à Matignon.
09:42J'accueille le président du cabinet de conseil en communication stratégique, Tilder.
09:46Bonsoir, Mathias Léridon.
09:47Bonsoir, Pierre de Villeneuve.
09:49Merci d'être avec nous.
09:50Il se trouve que vous connaissez bien Thierry Baudet.
09:52C'est le dernier nom qui circule très très fortement avec celui de Bernard Cazeneuve.
09:57C'est quelqu'un qui n'est pas très connu du public.
10:01Il est le président du conseil économique, social et environnemental.
10:05Mais à part ça, qui est-il exactement ?
10:08Je crois que Thierry Baudet, c'est avant tout un grand serviteur de l'intérêt général.
10:13C'est un homme qui écoute beaucoup.
10:15C'est un homme qui crée du dialogue.
10:18Il dit souvent qu'il est toujours obnubilé par la notion de créer du consensus, mais du consensus exigeant.
10:25Pas du consensus mou, mais du consensus exigeant.
10:28Et puis surtout, lorsqu'on voit ce qu'il a fait au sein de cette présidence du conseil économique, social et environnemental,
10:35on s'aperçoit que depuis maintenant deux ans et demi,
10:37cette troisième assemblée de la constitution de la Ve République a retrouvé une nouvelle institutionnalité.
10:44Il était invité, comme Gérard Larcher et Yael Brune-Pivet, aux rencontres de samedi par Emmanuel Macron
10:50avec l'ensemble des présidents de partis politiques.
10:53Il dialogue avec l'ensemble des composantes de ce qu'il appelle la société civile agissante.
10:59C'est quelqu'un qui, en fait, est capable de dialoguer avec tout le monde.
11:02Et je pense que cette capacité de dialogue avec tout le monde, il l'a eue parce que son parcours précédent,
11:07donc il a été le créateur du groupe VIVE,
11:09cette immense mutuelle organisée autour de l'AMGEN, la Mutuelle de l'Éducation Nationale.
11:15C'est quelqu'un qui est un vrai produit de la méritocratie républicaine.
11:20Il est instituteur, il a grimpé tous les échelons à l'AMGEN,
11:23et puis il est devenu le président du groupe VIVE et il a été élu président du Conseil économique, social et environnemental.
11:28— B.Larrideau, qu'est-ce que vous répondriez à Arnaud Benedetti qui disait
11:32« Mais enfin, il y a quand même un obstacle majeur, c'est que ça n'est pas un parlementaire ».
11:36— D'abord, tous les premiers ministres de la Ve République n'ont pas été des parlementaires.
11:40On a eu une sociologie des premiers ministres qui était très large au sein de la Ve République.
11:46La deuxième chose, c'est que même s'il n'a jamais été un élu dans le domaine politique,
11:52il a été élu au sein d'une mutuelle.
11:54On commence un petit échelon local, puis ensuite, en fonction de ses mérites,
11:59en fonction de son engagement, on est capable de grimper.
12:02Je ne sais pas, d'abord, personne ne sait s'il sera nommé ou pas nommé,
12:05puisqu'il y a beaucoup de débats aujourd'hui, mais la seule...
12:08— On l'a déjà remarqué aussi.
12:10— C'est celle du président de la République qui décidera ou non de nommer une personnalité.
12:14Ce qui est sûr, c'est qu'en tout cas, c'est une personnalité qui est peu connue du grand public
12:18parce qu'il préfère agir que parler, donc il a donné peu d'interviews.
12:24Ce n'est pas quelqu'un qui est un habitué des médias,
12:26mais c'est quelqu'un qui est capable de positions très courageuses.
12:29On l'a vu sur la fin de vie, où il a vraiment pris position sur la loi sur la fin de vie.
12:33— Qui n'est pas forcément la même position que celle du président de la République.
12:37— Absolument. On l'a vu sur la loi sur l'immigration, où il a aussi pris des positions courageuses.
12:42C'est quelqu'un qui est à la fois capable de prendre des positions très courageuses
12:47sur des sujets de société, comme on l'a vu dans les derniers mois,
12:50et en même temps, c'est quelqu'un qui est capable de faire travailler au sein du CESE,
12:55la CGT avec le MEDEF, FO avec la CPME,
12:58les organisations environnementales avec d'autres associations familiales,
13:03et donc c'est quelqu'un qui est capable de faire dialoguer la société civile dans son ensemble.
13:07— Est-ce que vous diriez que, parce qu'il vient du CESE,
13:10que c'est l'économie, le social, qu'aujourd'hui, l'une des grandes priorités des Français, c'est le pouvoir d'achat,
13:17l'autre grand, non pas un obstacle, mais en tout cas un enjeu majeur de la France, c'est de réduire sa dette,
13:23est-ce que par la paix sociale et la connaissance de la paix sociale, Thierry Baudet serait un bon candidat ?
13:30— Je crois que lorsqu'on a été président d'une très grande mutuelle,
13:34dans laquelle on est obligé en fait d'intégrer à la fois les sujets sociaux,
13:38donc la vie quotidienne des Français, au sens le plus social du terme,
13:42et les grands équilibres économiques, parce que lorsqu'on est une mutuelle, c'est une entreprise,
13:46et donc il faut en même temps faire en sorte d'avoir une stratégie d'entreprise,
13:50en tout cas c'est quelqu'un qui est capable de maîtriser les deux sujets,
13:53c'est-à-dire la dimension sociale et les enjeux sociaux qui peuvent exister dans une société,
13:58et les contraintes économiques qui existent lorsqu'on est dans la vie économique,
14:03parce qu'une mutuelle, c'est une entité économique qui a sa stratégie, ses équilibres économiques, ses équilibres budgétaires.
14:10Donc c'est quelqu'un qui en tout cas maîtrise ces deux environnements-là.
14:14— Merci beaucoup de vos précisions concernant Thierry Baudet et Mathias Léridon,
14:18je rappelle que vous êtes président du cabinet de conseil en communication stratégique Tildeur.
14:22Voilà, on connaît un petit peu plus de la personnalité de cet homme de 62 ans,
14:28qu'est-ce que ça vous inspire, Philippe Guybert ? Je vous ai regardé, vous écoutiez attentivement ce qu'il s'était dit.
14:34— Oui, mais je crois sur parole Mathias Léridon sur le fait que Thierry Baudet soit un homme de dialogue,
14:40forcément, parce que dans sa fonction, il connaît tout le monde, et son rôle est de les faire dialoguer.
14:45Et donc je ne doute pas un instant de ses qualités. Le problème, c'est qu'on est dans une période
14:51où le Parlement a retrouvé un rôle par l'absence même de majorité.
14:55Et donc on ne peut pas court-tourner le Parlement et que la première négociation...
14:59— Alors on ne court-tourne pas, et puis il y a eu d'autres premiers ministres, en effet, qui...
15:02— Oui, mais pas dans un contexte, Pierre, pas dans un contexte où il n'y avait pas de majorité,
15:07et où le premier enjeu de négociation, c'est avec le Parlement.
15:11Vous auriez une majorité claire et nette à l'Assemblée nationale, le Président de la République...
15:18— On n'est pas dans le contexte de Georges Pompidou, qui est remarqué pour ses talents, ça c'est sûr que...
15:24— Oui, et quand Georges Pompidou, qui est le dernier premier ministre à avoir été renversé,
15:28De Gaulle a dit sourd, organisait un référendum sur l'élection du Président, mais lui a gagné, De Gaulle, en 62.
15:33Et donc il a renommé Georges Pompidou en disant, vous êtes gentil, moi j'ai gagné les élections,
15:39qui est ensuite devenu un parlementaire, un homme de parlement remarquable.
15:42— Mais qui a connu aussi le monde de la banque...
15:44— Oui, mais là, à partir du moment où vous avez une Assemblée qui est à peu près d'accord sur rien,
15:48il faut d'abord trouver un chemin à l'Assemblée.
15:51Et j'ajoute un point, c'est que derrière ce débat sur des personnes,
15:55c'est un débat sur la conception des institutions et du rôle de Matignon.
15:59C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron oscille entre deux possibilités,
16:04soit il considère que finalement, Matignon n'est pas le vrai poste politique,
16:08le poste politique, c'est Président, c'est l'Élysée,
16:11et à ce moment-là, avec le risque que la personne qu'il nomme soit renversée par l'Assemblée,
16:16soit il considère que Matignon, c'est le point d'entrée pour le Parlement,
16:21à ce moment-là, qu'il faut qu'il nomme un politique.
16:23— On va s'en revoir, en tout cas, les choses s'accélèrent.
16:26Le fait même que Gabriel Attal soit à l'Élysée en ce moment,
16:30ce que disait Arthur Delaborde en entame du journal de 19h,
16:34qui que ce soit, que ce soit Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve ou Thierry Baudet,
16:42j'ai l'impression que le processus est un peu plus...
16:46— Il a même intérêt de s'accélérer, parce qu'il ne vous saura pas échapper
16:49qu'il y a quand même un budget à faire tenir debout.
16:51— Sachant qu'Emmanuel Macron, d'après les informations qu'on avait à la mi-journée,
16:56a essayé de retarder le budget.
16:58— C'est inscrit dans la Constitution, le calendrier, ça ne va pas être facile à bouger.
17:02— Il y a une chose, vous savez, qui est très frappante,
17:04lorsqu'on regarde tout ça avec un peu de recul, me semble-t-il,
17:08c'est que quand Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir,
17:11il a prophétisé, d'une certaine façon, que le clivage droite-gauche était totalement dépassé
17:16et que nous étions dans autre chose.
17:18Mais regardez là, regardez ce qui se passe.
17:20Il a complètement les mains dans le cambouis avec le clivage droite-gauche
17:25qui n'a jamais été aussi...
17:27— Qui revient au galop.
17:29— Qui revient au galop, en tous les cas.
17:31Donc, il s'est absolument, philosophiquement, trompé ce clivage.
17:36Il est plus vivant que jamais.
17:38— Ou en tout cas, il faut qu'il compose et avec la gauche et avec la droite
17:42pour trouver une solution, là.
17:44— En tout cas, en ce qui concerne les autres candidats
17:46et celui qu'on cite encore beaucoup, Bernard Cazeneuve,
17:50écoutez ce que disait Olivier Faure ce matin chez nos confrères de BFM TV
17:54à propos de l'ancien Premier ministre.
17:57— La question n'est pas une question de casting.
17:59La question, c'est pourquoi faire ?
18:01Les Français n'ont pas voté simplement pour voir une espèce de balle
18:05avec des gens qui, chaque jour, se présentent pour dire
18:08qu'ils seraient effectivement meilleurs que le voisin.
18:10La réalité, c'est qu'ils ont demandé du changement,
18:13des ruptures avec la politique qui était conduite pendant sept ans
18:16par Emmanuel Macron et son équipe.
18:18Et donc, nous censurons toute forme de continuité avec le macronisme.
18:22— Bernard Cazeneuve est socialiste. Vous censureriez Bernard Cazeneuve ?
18:25— Il l'a été. Il est aujourd'hui à la tête d'un mouvement
18:28qui s'appelle la Convention.
18:29Moi, je ne sais pas au nom de quoi Bernard Cazeneuve
18:32va aller parler avec le chef de l'État.
18:33— Voilà. Donc, pour Olivier Faure, c'est clair.
18:35Bernard Cazeneuve, il n'est plus socialiste.
18:37Il est dans un nouveau parti.
18:40Et puis, il dit, nous censurons toute forme de continuité du macronisme.
18:46Donc, ça vaut pour Cazeneuve, ça vaut pour Bodeh aussi.
18:48— Voilà. Alors, c'est là où ça devient intéressant.
18:50Parce qu'en fait, ce qui est très intéressant, c'est d'avoir, si j'ose dire,
18:53et si c'est possible, un coup d'avance sur le président de la République.
18:56En admettant qu'il nomme M. Bodeh. D'accord ?
18:59Eh bien, M. Bodeh va présenter la confiance de son gouvernement, etc.
19:04Et il ne l'a pas. Alors là, que se passe-t-il ?
19:07— Eh bien, ce qui se passe, c'est que la question de la démission
19:10du président de la République sera posée.
19:12À partir du moment où, si vous faites un choix d'une personnalité politique,
19:16vous installez une forme de cohabitation,
19:19si vous vous nommez Bernard Cazeneuve ou Xavier Bertrand,
19:23Emmanuel Macron ne s'engage pas autant derrière Cazeneuve et Bertrand.
19:28Si vous nommez une personnalité extra-politique,
19:31c'est un choix personnel d'Emmanuel Macron.
19:34Et donc si, dans l'hypothèse que vous évoquez...
19:37— C'est une hypothèse possible.
19:39— C'est évidemment une hypothèse possible.
19:41Derrière, que peut faire Emmanuel Macron ?
19:43Repartir dans des consultations pour renommer ce qu'il n'aurait pas fait ?
19:48Dans un premier temps, c'est-à-dire de nommer un politique.
19:50Mais je pense que la crédibilité et la légitimité d'Emmanuel Macron
19:55commenceront à être sérieusement mis en doute.
19:59— Alors qu'il avait une marge de manœuvre,
20:01s'il avait nommé Mme Castey, là, il avait une marge de manœuvre.
20:05C'est-à-dire qu'on pouvait revenir.
20:07Il se débarrassait absolument.
20:09— Oui, il y a un risque, et beaucoup d'observateurs le disent,
20:12c'est que même si vous donnez le pouvoir à Mme Castey,
20:15il n'y a pas la possibilité, par décret, tout de suite,
20:17de faire quelque chose d'irréparable aux yeux du chef de l'État,
20:23que ce soit un SMIC à 1600, ou abolir la loi des retraites...
20:27— Oui, c'était sa frayeur avant le 1er octobre.
20:29— C'est une frayeur légitime, Vincent Roy !
20:31— Non, mais bien sûr...
20:33Vous ne pouvez pas faire de la politique à l'économie.
20:37C'est-à-dire que vous ne pouvez pas vous mettre à avoir peur
20:40à chaque fois qu'il se passe quelque chose.
20:42— Mais ce n'est pas une question d'avoir peur !
20:45— Mais Pierre, dans ce cas-là, il ne fallait pas dissoudre !
20:47— Ah oui, mais il ne fallait pas...
20:49Moi, je veux bien qu'on refasse tous les épisodes précédents,
20:53mais dans ce cas-là, ce n'est pas deux heures d'émission dont j'ai besoin.
20:56Donc, vous allez être gentil, on va appeler la direction,
20:58puis on va savoir si on peut rester jusqu'à deux heures du journal.
21:05— Avec le chronomètre qui s'est un peu affolé,
21:08comme ça, en fin de journée, avec ce nom sur lequel on insiste
21:12un peu plus que d'habitude, Thierry Baudet,
21:14président du Conseil économique, social et environnemental,
21:18serait-ce lui qui aurait été désigné à Matignon ?
21:22On ne le sait pas encore.
21:23Bernard Cazeneuve, comment dirais-je...
21:26Xavier Bertrand, François Bayrou seraient à l'Élysée.
21:30En ce moment, Gabriel Attal a été également convoqué à l'Élysée
21:35en cette fin de journée.
21:37Gabriel Attal qui, ce matin, était en visite
21:39dans une école primaire d'ici les Moulineaux
21:42avec des questions parfois inattendues des élèves.
21:45— Est-ce que vous savez qui sera le premier ministre ?
21:48— Eh bien, ma réponse est non.
21:52Mais c'est une vraie question que beaucoup de Français se posent.
21:56Et je n'ai pas la réponse, puisque vous savez qu'en France,
22:00c'est le président de la République qui choisit le premier ministre.
22:04— C'est en fonction des élections législatives.
22:08— C'est ça, il tient compte du résultat des élections,
22:12de la situation au Parlement, de plein de choses.
22:15Il va choisir son premier ministre.
22:17— Bon, en tout cas, Gabriel Attal est rompu à l'exercice
22:21du porte-parole du gouvernement.
22:24Donc, il sait faire.
22:25Mais c'est vrai que quand on vous dit
22:26« C'est qui le prochain premier ministre ? »
22:28D'abord, ce n'est pas très agréable.
22:30Puis ensuite, après, il faut quand même fournir une réponse, Philippe Guybert.
22:32— Oui, quitte au succès.
22:33C'est vrai que ce n'est jamais très agréable
22:36d'avoir à répondre à ce genre de questions.
22:38Mais il s'exposait, mais il n'y est pour rien.
22:40Gabriel Attal, ce n'est pas lui qui maîtrise le tableau.
22:43— Il n'y est pour rien, je ne suis pas si sûr.
22:45Parce qu'après avoir dissous...
22:48— Il n'y est pour rien non plus.
22:50— Et là, pour le coup, dissous, c'est cher, puisqu'on le voit.
22:52— Oui, c'est...
22:53— Je veux dire, mot moyen, mais il fallait le placer.
22:56À mon avis, Emmanuel Macron voulait nommer Jordan Bardella
23:01comme premier ministre et l'user pendant deux ans.
23:03Et c'est le même Attal qui ne lui a dit surtout pas fonds républicains.
23:08Voilà, c'est comme ça que je lis l'histoire.
23:10Je ne suis pas le seul à la lire ainsi, donc...
23:12Il n'y est pour rien sur la dissolution, on est d'accord ?
23:14— C'est tout à fait plausible comme histoire.
23:16— Et dans ce cas-là, ça aurait été politiquement un coup savoureux.
23:20— Oui, mais Gabriel Attal, en tout cas,
23:23étant froid personnel et politique avec Emmanuel Macron
23:26depuis le 9 juin, au soir,
23:29depuis l'annonce de la dissolution,
23:31certains disent même que les relations s'étaient enfroidies auparavant,
23:34en fait, depuis qu'il avait été nommé premier ministre.
23:36Ce qui rejoint notre discussion d'aujourd'hui, Pierre,
23:38c'est de savoir, est-ce que Emmanuel Macron supporte l'idée
23:42qu'à Matignon, il y a une personnalité politique
23:45qui prenne de l'ampleur au Parlement, dans l'opinion,
23:48ou pas ?
23:49C'est ça la vraie question.
23:50— Quel président de la République ?
23:52Souvenez-vous quand même d'un autre président de la République
23:56qui désignait son prochain ministre de collaborateur ?
24:01Bon, ça n'a jamais été toujours très facile.
24:05Il y a eu de nombreux ouvrages sur ce duo
24:09des premiers ministres et des présidents
24:11qui ont été faits d'ailleurs par des confrères
24:14qui parlaient des mésententes entre les uns et les autres.
24:17Et puis, souvent, ça commence par une lune de miel
24:19et ça finit par un divorce sanglant.
24:21C'est souvent comme ça.
24:23— Absolument.
24:24— Pierre, Emmanuel Macron est sans doute le président
24:26qui est allé le plus loin dans le fait de nommer des inconnus
24:29du grand public, je parle.
24:30Pas des gens qui sortent de nulle part,
24:33mais des gens qui n'avaient pas de poids politique particulier.
24:36Édouard Philippe était peu connu
24:38et n'était pas une personnalité de premier plan en 2017.
24:41— Jean Castex.
24:42— Jean Castex était encore moins.
24:43— Elisabeth Borne.
24:44— Elisabeth Borne non plus.
24:45Et on sent bien chez Emmanuel Macron,
24:48finalement, après avoir dissous le Parlement,
24:50enfin l'Assemblée,
24:51est-ce qu'il ne veut pas dissous de Matignon ?
24:53— Non, mais ça c'est évident.
24:54Pour moi, Emmanuel Macron, c'est la formule de Churchill.
24:57La démocratie, c'est bien quand on est deux à décider
24:59et que l'autre est malade.
25:00— Oui, c'est ça.
25:01— C'est exactement ce qu'il pense.
25:02C'est-à-dire qu'il voudrait décider de tout seul
25:05et finalement, le premier ministre,
25:07c'est ce qu'il ferait avec M. Baudet.
25:09C'est-à-dire avoir quelqu'un à sa solde.
25:11Il aurait beaucoup plus de mal avec M. Cazeneuve.
25:16— Non, mais Vincent, jusqu'au jour où Thierry Baudet
25:20soit claque la porte,
25:21comme l'a fait et a fini par le faire Édouard Philippe,
25:26soit en prenant des décisions
25:28qui contreviennent à la volonté du président Macron.
25:31— Ça n'est pas possible avec le caractère d'Emmanuel Macron.
25:36Je ne vois pas comment c'est possible.
25:38Et dans ce cas-là, on rejaillit sur la théorie de Philippe
25:44qui dit que dans ce cas-là, il saute.
25:46Vraiment, je ne vois pas comment c'est possible.
25:49— Oui, mais est-ce que c'est quelque chose qu'on dit depuis plusieurs jours déjà ?
25:52Est-ce que de toute façon, on ne rentre pas dans un cycle
25:56où il va y avoir un Premier ministre tous les deux mois ?
25:59Est-ce qu'on ne rentre pas dans une séquence qui est pire ?
26:03— Si vous avez raison, ce qui est fort possible,
26:06ce n'est pas la même chose si c'est un choix personnel du président
26:10ou si le Premier ministre est une personnalité politique
26:13qui a son autonomie.
26:15Exemple concret, si dans deux mois,
26:18Bernard Cazeneuve, après avoir été nommé,
26:20demain, est renversé,
26:22Emmanuel Macron n'est pas touché de la même façon
26:24que si c'est Thierry Baudet
26:26qui est un homme qui, politiquement, n'existait pas auparavant
26:30et qui est un choix personnel d'Emmanuel Macron.
26:32— Non mais est-ce qu'on ne rentre pas dans une boîte de fusibles ?
26:34— Alors à ce moment-là, il faut nommer des fusibles.
26:36Thierry Baudet n'est pas un fusible pour Emmanuel Macron.
26:39C'est ce que je pense.
26:40Il n'est pas, n'existant pas politiquement,
26:42n'ayant pas une personnalité politique forte,
26:44ce qui n'enlève, encore une fois,
26:46ce n'est pas une question de qualité personnelle,
26:48n'ayant pas de personnalité politique forte
26:50auprès des Français, auprès du Parlement,
26:52il expose, il surexpose Emmanuel Macron.
26:54— La censure de Baudet
26:57rejaillit très directement sur le Président de la République.
27:00Alors que la censure d'une Lucie Casté
27:02n'aurait absolument pas le même effet
27:04et la censure d'un Cazeneuve n'aura pas le même effet.
27:06— Mais Lucie Casté, on l'a dit tout à l'heure,
27:08il y avait cette frayeur, appelez-la comme vous voulez,
27:10ou en tout cas, cette crainte,
27:12plutôt qu'une frayeur, cette crainte de voir
27:14certains textes, quand même, assez vite adoptés.
27:16— Pierre Hussuzizet convoquait
27:18une session extraordinaire du Parlement
27:20et si la première ministre
27:22dans cette hypothèse-là avait pris
27:24une décision contestée par le Parlement,
27:26elle aurait été inversée.
27:27— Bon, en attendant, il est 19h54,
27:29on n'a toujours pas de Premier ministre,
27:31on glousse sur des noms qui sont, pour l'instant,
27:33encore au stade de l'hypothétique.
27:35Bon, voilà, écoutez,
27:37on verra ce qu'il en est.

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