• il y a 4 mois
Les débats de l'été avec Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français

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##C_EST_DANS_LACTU_2-2024-08-06##

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Transcription
00:00SUDRADIO, les débats de l'été, 10h-13h, Maxime Liédo.
00:06Ravie de passer le mois d'août en votre compagnie dans les grands débats de l'été sur SUDRADIO.
00:11On est ensemble jusqu'à 13h et après être parti du côté des Etats-Unis, on va revenir en France.
00:16On va partir du côté de la Corse où nous attend Fabien Roussel. Bonjour Fabien Roussel.
00:20Bonjour.
00:21Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes secrétaire national du Parti communiste français.
00:25J'aimerais qu'on parle avec vous d'une nouvelle qui n'a pas fait tant de bruit que ça.
00:28C'est le groupe pharmaceutique Sanofi qui a annoncé jeudi un investissement de 1,3 milliard d'euros
00:33sur son site de Franctor Fort qui va donc produire de l'insuline.
00:37C'est un succès pour Berlin qui récolte les fruits de sa nouvelle stratégie en faveur de ce secteur-là.
00:42Comment réagissez-vous une nouvelle fois quand une entreprise française ne choisit pas notre propre pays,
00:47son propre pays, pour développer ses activités ?
00:50C'est d'abord un sentiment de trahison que je ressens.
00:55Sanofi est un groupe international mais d'origine française.
01:01Il est de droit français et donc le minimum c'est que ce groupe fasse privilégier d'investir en France.
01:09C'est une question de préférence nationale, je le dis clairement en matière économique.
01:13Et donc nous devrions pouvoir peser sur les choix de ce groupe quand il a une telle importance
01:20pour que quand il a des investissements à le faire, et notamment là pour produire de l'insuline,
01:24il fasse le choix de la France d'abord.
01:27Et c'est ce que nous défendons, nous communistes et avec d'autres,
01:30c'est de produire en France pour d'abord servir les intérêts de la nation, de la population et nos besoins.
01:36Et on sait qu'en matière de médicaments, on en a vraiment beaucoup de besoin.
01:41Ce que je remarque c'est que l'Allemagne, elle, elle a une stratégie en matière de santé
01:46et que la France n'en a pas. Je la cherche.
01:49Elle est où la stratégie de la France en matière de production de médicaments ?
01:52C'est flou, c'est vague, c'est des investissements qu'on ne goûte.
01:55Et en tout cas, Sanofi, lui, le groupe national, international, mais français,
02:00a le choix d'investir ailleurs.
02:01Et alors comment on fait concrètement Fabien Roussel ?
02:04Parce que plus largement, Sanofi sur les dernières années, ce sont des chiffres
02:07qui sont d'un côté très encourageants, 43 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023,
02:114,4 milliards d'euros de dividendes qui ont été bien sûr reversés à leurs actionnaires.
02:15Mais c'est aussi la suppression 30% de ses effectifs entre 2008 et 2023.
02:20Comme vous l'avez mentionné, une pénurie de médicaments en France.
02:22Donc comment agir concrètement pour que les grands groupes,
02:25les grands acteurs pharmaceutiques ou de secteurs qui sont essentiels pour notre pays
02:31continuent à servir les intérêts français et se développent en France ?
02:35Comment on fait concrètement ? Est-ce qu'on nationalise ?
02:38D'abord, les chiffres que vous avez donnés sont tout à fait justes.
02:41C'est un groupe qui gagne de l'argent, qui en gagne beaucoup,
02:46qui a fait le choix de distribuer 4,4 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires
02:53en même temps qu'il supprimait des emplois en France,
02:56et notamment des emplois dans la recherche et développement,
02:59je pense notamment aux plus de 200 emplois qu'il a décidé de supprimer il y a quelques mois
03:04à Vitry-sur-Seine. Ce n'est pas acceptable.
03:07Mais il y a un chiffre que vous n'avez pas donné,
03:09c'est celui des centaines de millions d'euros que Sanofi perçoit.
03:14Tous les ans, d'aides publiques.
03:18En l'espace de dix ans, le groupe a perçu plus d'un milliard d'euros d'aides publiques
03:22de la part de l'État, c'est l'argent français,
03:25c'est l'argent des contribuables qui est versé à Sanofi.
03:28Eh bien, nous disons, nous, par exemple, première chose,
03:30c'est que ces aides publiques soient conditionnées.
03:33C'est-à-dire qu'il faut arrêter de verser de l'argent public à des groupes
03:36sans rien leur demander en contrepartie.
03:39Mais ça fait des années, excusez-moi Fabien Roussel,
03:41qu'on entend cet argument. Pourquoi ça ne fonctionne pas ?
03:44Et depuis Alstom, moi j'entends des arguments dans ce sens-là.
03:47Pourquoi ça ne marche pas ?
03:49Vous avez raison de parler d'Alstom parce que je vous rappelle
03:51que parmi les actionnaires, les membres, pas les actionnaires,
03:54les membres du conseil d'administration, vous avez Patrick Cron, par exemple,
03:58un de ceux qui est responsable de la chute d'Alstom il y a une dizaine d'années.
04:03Et puis à la tête du président, à la tête du conseil d'administration,
04:07vous avez le mari de la ministre des Sports, Madame Oudéa Castérat.
04:11Tout ça c'est une famille qui ne veut surtout pas que l'on se mêle de ses affaires.
04:15Et donc ils font barrage avec ceux qui gouvernent aujourd'hui,
04:19avec le président de la République, à ce qu'il y ait le moindre texte de loi
04:23qui vienne les empêcher de faire comme ils veulent.
04:27Les textes de loi ont été déposés à l'Assemblée nationale,
04:30de la part des groupes de gauche et écologistes,
04:32demandant à ce qu'il y ait une participation,
04:35à ce que la France, l'État français, rentre dans le capital de Sanofi
04:40pour pouvoir peser sur ses choix d'investissement
04:42et pour que l'on puisse construire enfin en France
04:45une véritable stratégie en matière de santé
04:47et notamment un pôle public de production de médicaments
04:51qui servent d'abord nos intérêts, les intérêts nationaux,
04:54et qui servent les intérêts de la santé publique.
04:57On a besoin d'un pôle public, on a besoin que l'État intervienne
05:01dans les choix de ces grands groupes car ils sont indispensables
05:04à la santé de nos concitoyens.
05:06On l'a vu pendant la pandémie où nous étions complètement dépendants
05:09des principes actifs, qui est le cœur de la composition des médicaments
05:12qui étaient produits en Chine, parce qu'on a tout laissé aller en Chine.
05:15Et donc il faut reprendre la main,
05:17reprendre la main sur ces grands groupes,
05:20ou en nationalisant, ou plus modestement,
05:23en rentrant dans le capital pour avoir un droit de décision.
05:28Pour pouvoir piloter les grandes décisions.
05:30Mais bien sûr, surtout quand on leur verse autant d'argent public,
05:32mais il n'y a pas que ça.
05:33Vous savez que Sanofi vit aussi sur le dos de la sécurité sociale
05:37parce qu'on est un des rares pays au monde à avoir un système de sécurité sociale
05:41où les gens cotisent et en retour ont des médicaments quasi gratuitement.
05:46Mais ces médicaments, ils sont achetés par la sécurité sociale
05:50auprès de ces grands groupes tels que Sanofi.
05:52Donc Sanofi se gave sur le dos de la sécurité sociale.
05:55Mais vous savez aussi que quand les grands groupes,
05:58comme c'est le cas pour Sanofi,
06:00quand ils ne s'installent pas en France,
06:01il y a quelques arguments qui reviennent sur la table,
06:02notamment l'argument de la compétitivité.
06:05Est-ce que vous ne pensez pas que les propositions du camp politique
06:07auquel vous appartenez puissent freiner par moment
06:09ces opportunités d'installation de grands groupes
06:12dans la continuité en France ?
06:14Écoutez, moi je ne vois pas en quoi aujourd'hui
06:19ils vont dire que c'est un problème de compétitivité
06:22parce que depuis sept ans que le président de la République
06:24est au gouvernement,
06:26il leur a fait des cadeaux comme jamais,
06:29baisse des impôts sur les dividendes versés,
06:33baisse des impôts de production.
06:37Ils ont eu des aides publiques comme jamais,
06:38donc ces groupes ont été gavés d'argent public.
06:42Résultat des courses, ils délocalisent quand même.
06:44Ils font quand même le choix d'investir là, en Allemagne.
06:47Donc vous voyez bien que ce discours sur la compétitivité...
06:50Il n'est pas crédible à vos yeux.
06:52Ils font ce qu'ils veulent.
06:54En revanche, ce que nous nous disons dans notre programme,
06:56c'est que si on augmentait les impôts sur les dividendes
07:00pour que justement ça contribue
07:02au financement de nos services publics par exemple,
07:04ils pourraient décider, ils décideraient à ce moment-là
07:07de verser moins de dividendes à leurs actionnaires,
07:10comme ça ils paieront moins d'impôts,
07:11et d'investir en France.
07:13Investir en France,
07:16un désinvestissement en France, ce n'est pas taxé.
07:18Par contre, distribuer des dividendes, c'est taxé.
07:20Donc le fait de taxer des dividendes,
07:22c'est une manière de peser sur les choix du groupe
07:26en disant arrêtez de verser des dividendes
07:28et investissez en France.
07:30Le fil rouge de notre discussion, Fabien Roussel,
07:32on parle beaucoup de réindustrialisation, d'emploi,
07:34les fameux bijoux français, le made in France.
07:36Vous avez passé beaucoup de temps
07:38avec votre camarade Léon Desfontaines
07:39pour les élections européennes
07:40à visiter des sites français menacés de fermeture
07:42ou de délocalisation.
07:44Qu'est-ce qu'on vous raconte
07:45quand vous allez sur place, concrètement ?
07:47Quand on rencontre des sites
07:49qui sont menacés de fermeture ou de délocalisation,
07:51c'est d'abord la colère qui domine.
07:53C'est un sentiment chez les Français,
07:55chez les ouvriers, les salariés,
07:57de se sentir trahis.
07:58C'est pour ça que j'ai commencé par ça.
07:59C'est un sentiment de trahison.
08:01On est français, on est citoyen, on est patriote
08:04et on a des actionnaires qui font le choix de nous vendre,
08:07de nous jeter comme des kleenex.
08:08Et on se retrouve à la rue
08:09alors que moi j'ai vu des gens,
08:11j'en ai des frissons quand j'en parle.
08:13Quand j'étais à Bridgestone,
08:14où le groupe a fait le choix de fermer brutalement
08:16pour aller s'installer en Hongrie,
08:18à quelques centaines de kilomètres de chez nous,
08:20tout simplement parce que la Commission européenne
08:22leur a donné des sous
08:23leur permettant de construire une usine là-bas.
08:25Donc vous imaginez, en plus,
08:27c'est financé par l'Europe.
08:29Mais les gens,
08:30ils ont construit leur famille autour de cette usine.
08:33Il y a des couples qui se sont connus dans cette usine.
08:35Et du jour au lendemain,
08:37c'est la fermeture, mais c'est la rage,
08:38c'est la colère qui domine.
08:39Mais quand je vous entends, Fabien Roussel,
08:42moi je suis toujours, objectivement,
08:43admiratif de votre discours
08:45parce que vous vous battez pour les entreprises françaises,
08:46pour le Made in France, pour les ouvriers,
08:48pour les employés de ces grandes usines
08:49qui font un travail toujours remarquable.
08:51Et pourtant, vous avez perdu,
08:53dans la 20ème circonscription du Nord,
08:54lors des dernières législatives,
08:56une terre qui était communiste depuis 1962,
08:59battue par le RN.
09:00Comment vous expliquez,
09:01alors que ces sujets sont sur la table,
09:04que ces terres, qui sont ouvrières,
09:05se tournent en masse vers le RN
09:07dans une indifférence pratiquement générale ?
09:10Mais d'abord parce que la colère est tellement forte,
09:13comme je viens de vous l'exprimer.
09:15Elle est tellement puissante
09:18dans le cœur de tous ces hommes et de ces femmes
09:20qu'à un moment donné, ils se disent
09:23c'est plus possible.
09:23Ils me l'ont dit,
09:24avec une petite tape sur l'épaule,
09:26en me disant écoute Fabien,
09:27c'est pas contre toi, mais on veut essayer.
09:29Et on veut vraiment que ça change radicalement,
09:31durement quelque part.
09:33Et ils ont voulu essayer avec ce bulletin de vote.
09:36Ils ont voté d'ailleurs pas pour le candidat de chez moi,
09:38ils ne le connaissent pas.
09:39Ils ont voté pour Bardella et Marine Le Pen,
09:41qui étaient sur les affiches comme partout en France.
09:43C'est un vote national qui s'est passé.
09:46Et ben voilà, ils ont fait ça.
09:48Je l'ai ressenti comme un immense coup de colère.
09:52Je ne leur en veux pas.
09:53Je n'insulterai jamais les électeurs
09:55qui ont fait ce choix-là.
09:56Au contraire, ils vont faire leur expérience d'abord,
09:59pour ceux qui ont un député Rassemblement national,
10:01comme chez moi.
10:02Moi, je continuerai toujours de me battre
10:04avec eux, à leur côté.
10:06Et puis, il faut que je puisse aussi,
10:08moi-même, dire que
10:09s'ils ont voté pour le Rassemblement national,
10:11c'est que la gauche, elle,
10:12n'a pas été en mesure d'être crédible
10:15et de représenter une alternative.
10:16Moi, je prends ma part dans cette défaite.
10:20Et donc, je vais être encore plus combatif à leur côté,
10:23pour défendre la dignité,
10:24la dignité ouvrière, la dignité humaine,
10:27pour faire en sorte que chacun ait un emploi
10:29et un vrai salaire pour pouvoir vivre,
10:31élever ses enfants, partir en vacances,
10:33la dignité au travail.
10:35Et c'est ce qu'Emmanuel Macron n'a pas compris.
10:37Emmanuel Macron, il parle de création d'emplois,
10:40de chômage de masse,
10:41mais il n'a pas compris qu'en France,
10:43le travail ne permet plus de vivre dignement.
10:46Parce que les salaires sont bas,
10:48parce que la précarité de l'emploi,
10:49parce que les temps partiels qui touchent principalement les femmes,
10:52pour toutes ces raisons,
10:53on ne peut plus vivre dignement de son travail.
10:55Je le disais en souriant en introduction, Fabien Roussel,
10:57vous nous appelez depuis un camping Corse
10:59dans lequel vous passez vos vacances.
11:00Vous suivez, vous, Légio,
11:02vous ne faites pas partie de cette gauche qui n'aime pas le sport.
11:05Ah non, moi j'adore.
11:06J'adore quand il y a des grandes compétitions internationales
11:09où la France est là pour défendre son drapeau.
11:11Et on est tous en train de vibrer devant les exploits sportifs,
11:14d'ailleurs, tous les athlètes,
11:16mais aussi des nôtres qui sont remarquables
11:19dans les sports individuels comme collectif.
11:21Et je suis fier.
11:23Voilà, on fait nation, c'est beau.
11:24Je souhaite que cette parenthèse ne soit pas qu'une parenthèse olympique
11:28et que ça puisse durer pour mon pays
11:30et que l'on puisse continuer à être fiers ensemble.
11:32Et que voilà ce qu'on ressent avec Légio,
11:34la fraternité, la fraternité humaine,
11:36quelles que soient nos origines, notre couleur de peau.
11:40Eh bien, nous soyons, nous restions tous unis
11:44et fiers de vivre ensemble.
11:46Et comme c'est le prochain débat qui va nous animer
11:49durant les prochaines minutes, Fabien Roussel,
11:51qu'est-ce que vous répondez comme ça à toute cette droite
11:54qui accuse la gauche de ne pas aimer le sport ?
11:57Bon, ce n'est pas vrai.
11:58Ce n'est pas vrai.
11:59Après, qu'il y ait des dirigeants
12:03qui n'expriment pas leur passion pour le sport,
12:05c'est leur problème.
12:06Mais ici, de gauche et de droite,
12:09dans le camping où je suis,
12:11on est devant nos écrans, la plage, le soir, autour de l'apéro,
12:14en train de regarder les compétitions.
12:16Et on est tous unis, quelle que soit notre couleur politique.
12:18Il n'y a pas de gauche qui n'aime pas le sport.
12:20Je ne pense pas, franchement.
12:21Merci beaucoup, Fabien Roussel, d'avoir été avec nous sur Sud Radio,
12:24d'avoir parlé vrai et d'avoir aussi passé, mine de rien,
12:26votre coup de gueule sur le choix de Sanofi
12:28d'aller investir en Allemagne.
12:30On se retrouve après une courte pause
12:31pour se parler vrai sur Sud Radio avec Vincent Baladie,
12:33Raphaël Abselem et Alexis Bachelet.
12:35A tout de suite.

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