Quel est le bilan des incendies qui ont touché une partie du département de l'Hérault ?

  • le mois dernier
Avec Lieutenant Colonel Jérôme Bonnafoux, porte-parole de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers

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##C_EST_DANS_LACTU_1-2024-08-20##

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Transcript
00:00Les débats de l'été, Sud Radio.
00:03Oui, puisqu'ils sont de retour en France après un été qui a été jusqu'à présent plutôt calme.
00:07Les incendies ont frappé par deux fois le sud du pays en moins de 24 heures.
00:11À Canet-en-Roussillon, dans les Pyrénées-Orientales,
00:133000 vacanciers ont pu regagner leur camping hier après avoir été évacués dans la nuit.
00:17Et puis à Frontignan, dans l'Hérault, on en parlait dans les infos,
00:20les fermes qui ont ravagé plus de 350 hectares de Pinède,
00:24alors qu'on apprend ce matin un nouvel incendie s'est déclaré au nord de Perpignan.
00:27Pour en parler, je reçois le lieutenant-colonel Jérôme Bonafou.
00:30Bonjour.
00:31Bonjour.
00:32Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:34Vous êtes porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers.
00:37On va revenir sur les deux incendies du week-end.
00:41Incendie important, mais d'abord ce nouveau départ de feu.
00:44J'en parlais à l'instant du côté de Perpignan, au nord de Perpignan.
00:48Quelle est la situation actuellement sur place, Jérôme Bonafou ?
00:52Alors, moi, je n'ai pas les dernières informations,
00:54mais ce matin, j'avais l'information qu'il y avait un départ de feu,
00:57effectivement, sur Perpignan, avec un peu plus de 5 hectares de brûlés.
01:03Perpignan, donc les Pyrénées-Orientales sont comme Leroux et Legar en ce moment,
01:09donc soumis à un risque de feu torré assez élevé, d'une part par rapport à la sécheresse,
01:15mais également par rapport au vent, parce qu'on a un vent assez soutenu.
01:21Notamment dans Leroux, où on a eu le feu sur Frontignan.
01:25Donc on a des conditions météorologiques qui sont très défavorables en ce moment
01:28et qui sont propices, malheureusement, à l'éclosion des incendies.
01:32C'est-à-dire qu'aujourd'hui encore, grande prudence,
01:35et des massifs peut-être encore interdits d'accès, j'imagine, aujourd'hui, dans le sud de la France ?
01:41Alors, exactement, les massifs peuvent être interdits d'accès.
01:46Parce que vous savez que l'État, depuis maintenant un peu plus de deux ans,
01:49a mis nos cartes de vigilance des risques de feu torré, qui est accessible à tout public,
01:54et le préfet, lorsqu'il y a un risque assez marqué, donc interdit l'accès.
02:00Donc c'est très important, parce que c'est très bien que dans les massifs forestiers,
02:06notamment l'été, quand on recherche des coins à l'ombre,
02:08on peut avoir des randonneurs qui se promènent.
02:11Certains peuvent, malin contre dommage, jeter un mégot.
02:14D'autres peuvent faire des barbecues.
02:16Donc, comme on le dit, il y a mieux vaut prévenir que guérir.
02:20En plus, il y a une file éthique qui est mise en place maintenant
02:22pour informer le public qu'il y a un risque feu torré important.
02:26Donc, ce sont des mesures qui vont dans le bon sens.
02:29Parce que le plus important, c'est éviter que l'incendie n'éclose.
02:35C'est important, vous avez raison, Jérôme Balafou,
02:37de rappeler, de rabâcher ces conseils de prévention.
02:41Ils sont cruciaux, capitaux.
02:43C'est important de le rappeler aussi.
02:45Neuf incendies, feux de forêt sur dix, sont d'origine humaine.
02:50C'est un chiffre qu'il est capital de rappeler, effectivement, Jérôme Balafou.
02:54Tout à fait, 90%, vous l'avez bien dit, sont d'origine humaine.
02:57Donc, on a eu quelques départs de feux dernièrement,
03:02avec des travaux agricoles, parce qu'il faut bien que, malheureusement,
03:04les agriculteurs travaillent.
03:06Mais lorsqu'on a des conditions explosives,
03:10avec une sécheresse très avancée et du vent,
03:14ça peut vite dégénérer.
03:16Mais aussi, ça peut être, comme je disais tout à l'heure,
03:18personne qui va jeter son mégot,
03:20quelqu'un qui va faire un barbecue et qui va laisser partir l'incendie.
03:24Ou même, on a des feux aussi, suite à des feux de véhicules
03:28en bordure de route qui peuvent propager un incendie rapidement.
03:31Ce qui est très important dans cette période à risque,
03:33c'est, dès qu'on voit une fumée, qui est un peu suspecte,
03:37c'est de le signaler en composant le 18-72,
03:39parce que plus vite on aura l'alerte, plus vite on peut engager des secours,
03:43et moins le feu va se développer.
03:47Ce qui est important, c'est qu'en France,
03:49on a une stratégie de lutte contre les feux de forêt,
03:52qui est probablement unique dans le monde,
03:54c'est une attaque, ce qu'on appelle massive, d'essai de nuisances.
03:57C'est-à-dire que pour tout feu, on va envoyer,
03:59ça a été le cas de l'Alnéro,
04:01mais c'est aussi le cas ce matin sur le feu d'Espirale,
04:04dans le Perpignan,
04:06on engage des moyens terrestres et des moyens aériens,
04:08parce qu'on sait que plus vite on va maîtriser le feu,
04:11moins il va s'élargir, et moins on a de chance d'être attaqué.
04:14C'est ce qui a permis, notamment du côté de Frontignan,
04:16d'éviter le pire.
04:18C'est ce qui a permis d'éviter le pire,
04:20parce que, je vais vous donner un chiffre,
04:22sur Frontignan, il y a eu 160 largages de Canadair.
04:25Donc vous imaginez, c'est énorme.
04:28Il y avait la chance,
04:30il y avait un plan d'eau qui était à côté,
04:32mais ça veut dire que pendant un peu plus de 3 heures,
04:37toutes ces minutes, vous aviez un avion bombardier d'eau,
04:40un Canadair, qui déversait 6 tonnes d'eau.
04:43Ça, avec l'action au sol,
04:45ça a permis que le feu ne s'élargisse pas,
04:48et ça a permis de contenir le feu,
04:50et de l'arrêter sur les maisons aux portes de Frontignan.
04:54Aujourd'hui, la situation, là, ce matin,
04:56elle est maîtrisée, le feu est maîtrisé.
04:59Il y a quand même encore des pompiers qui restent sur place,
05:02avec des points chauds, peut-être, toujours présents ?
05:04Bien sûr, le feu est maîtrisé.
05:06Vous l'avez dit, la problématique de ces grands feux,
05:09c'est qu'on a toujours des points chauds,
05:11c'est-à-dire qu'on a ce qu'on appelle des points chauds
05:14qui sont souterrains souvent,
05:16et qu'il faut aller les détecter avec des caméras thermiques.
05:18Donc on utilise soit des caméras thermiques ou des drones.
05:21Et il faut aller gratter, parce qu'on sait
05:23que ce sont des points chauds qu'il y a sur l'interface
05:26entre la partie brûlée et non brûlée,
05:29et on sait que s'il y a du vent,
05:31ces points chauds peuvent se réactiver,
05:33et donc refaire partir l'incendie.
05:35Donc il y a toujours un dispositif sur le feu de Frontignan
05:38qui a une surveillance, et depuis hier,
05:40ils ont traité pas moins d'une dizaine de reprises,
05:43reprises de feu, ce sont des petites reprises,
05:45et ils ont traité un peu plus d'une soixantaine de points chauds.
05:48De nouveau, ce matin, au lever du jour,
05:50on a envoyé l'équipe drone des pompiers de l'Hérault
05:53pour voir s'il n'y avait pas de nouveaux points chauds.
05:56L'utilisation de ces drones, c'est une nouveauté
05:58depuis quelques années pour les pompiers,
06:00c'est une grande utilité ?
06:02C'est une très belle avancée technologique,
06:06parce que ça permet, d'une part,
06:10avant même de détecter les points chauds,
06:12si on n'a pas d'hélicoptère, de faire une reconnaissance aérienne,
06:15parce que c'est toujours plus intéressant
06:17d'avoir une vue du feu en hauteur,
06:20mais c'est surtout, comme on dit, après le feu,
06:22ça permet d'éviter les reprises.
06:24Beaucoup de départements sont maintenant équipés
06:27et l'utilisent systématiquement grâce à cette caméra thermique
06:30qui permet d'orienter les secours,
06:34puisqu'avant, on travaillait comme ça
06:36sans savoir exactement où il y avait les points chauds.
06:39Maintenant, on non seulement les identifie,
06:42mais ça permet de gagner du temps
06:44et de concentrer les moyens où il y en a besoin.
06:46Pour avoir une idée, on dispose, du côté des pompiers,
06:50de combien de drones, à peu près,
06:53pour vous aider dans vos missions ?
06:56Aujourd'hui, vous avez pratiquement tous les départements qui en disposent.
07:01Si vous prenez le département de l'Europe dans lequel j'exerce,
07:04nous, on a une dizaine de machines de drones.
07:07Ça dépend, parce que les drones ne nous servent pas que pour les feux,
07:12ils peuvent nous servir aussi pour des recherches de personnes,
07:15parce que vous avez des optiques
07:18avec une caméra de vision dite nocturne
07:22qui permet de retrouver des personnes qui seraient garées.
07:25Beaucoup de départements j'utilise.
07:29Après, chaque département en est équipé.
07:32Ça dépend aussi en fonction des risques des départements.
07:34Nous, par exemple, l'Euro, on a aussi bien la plaine, la mer que la montagne,
07:39donc on a pris une flotte un peu diversifiée.
07:42Mais on utilise pratiquement tous les mêmes machines
07:45et c'est rentré dans les murs.
07:47C'est d'ailleurs une technique qu'on a importée
07:50quand le premier détachement français est parti au Canada.
07:54Moi, j'ai eu la chance d'en repartir.
07:56On a emmené les drones et on a montré
08:00comment travailler auprès des Canadiens avec les drones.
08:02Notamment pour tout ce qui est détection de points chauds
08:06et relevés cartographiques du feu,
08:08parce que ça nous permet aussi de faire précisément le contour du feu.
08:11Il y a de nouvelles technologies qui sont de plus en plus présentes
08:14en matière de prévention d'incendies, de feux de forêt.
08:17Je crois que du côté de l'Euro, il y a un dispositif de caméra
08:20de surveillance très précis pour vous aider.
08:23Oui, ce sont les caméras numériques,
08:26de levée de route,
08:28qui nous permettent de faire des visées,
08:31elles quadrillent tout le département.
08:33Elles sont mises sur des points ronds.
08:36Elles ont l'avantage d'avoir immédiatement,
08:39lorsqu'on a l'appel 18,
08:41on a une salle dédiée à la gestion des feux de forêt,
08:43puisqu'on est le département qui est soumis aux risques de feu de forêt.
08:46Ça nous permet de faire une visée
08:48et de quantifier les moyens et de voir l'évolution du feu.
08:52Elles ont servi à Frontinion ?
08:54Oui, je peux vous dire qu'elles ont énormément servi à Frontinion.
08:57On a vu de suite que c'était un feu qui était baptisé par un mame assez fort.
09:03Il faut savoir que sur le feu de Frontinion,
09:05on a eu deux sortes de feux très importants.
09:07On a eu une vitesse de propagation sur certains endroits
09:10où le feu a dévoré 4 km par heure.
09:12Je ne sais pas si vous imaginez,
09:14mais il fait 4 km à une heure, ce qui est énorme.
09:16Nous, il faut qu'on adapte systématiquement dans notre dispositif.
09:20C'est compliqué quand vous déplacez.
09:23Souvent, on a des pistes avec des 4 cartes, etc.
09:26Ces caméras sont très utiles pour suivre l'évolution du feu.
09:31Gérald Darmanin était à Frontinion hier.
09:34Il a donné un chiffre, notamment 4 000 hectares brûlés cette année.
09:37C'est trois fois moins que l'an dernier.
09:39Comment on explique cela, Jérôme Bonafou,
09:41que la France soit un peu plus épargnée,
09:43en tout cas jusqu'à présent, du côté des incendies ?
09:45On l'explique parce qu'on a eu des pluies assez tardives.
09:49On a eu des pluies fin mai et même fin juin
09:53qui ont décalé un peu la saison.
09:57Quand on a des pluies, l'herbe n'est pas sèche.
10:01Par contre, c'est un peu une bombe à retardement maintenant
10:04parce qu'on commence à avoir les effets.
10:06Cette pluie a fait pousser une strata herbacée assez basse
10:11qui est maintenant en train de sécher.
10:14Quand il y a un feu, ça fait du potentiel calorifique supplémentaire,
10:18notamment pour les forêts.
10:20Le risque a été déplacé.
10:22Le pire est peut-être à venir.
10:24C'est ça ce que vous nous dites, Jérôme Bonafon ?
10:26Si ça continue comme ça, oui.
10:28On commence à avoir les réserves à eau qui baissent
10:30parce que c'est un tout.
10:32On a une sécheresse élevée.
10:34En France, il y a une règle qui est établie.
10:38Ça s'appelle la règle des 3,30.
10:40C'est-à-dire que lorsque vous avez plus de 30 km heure de vent,
10:42lorsque vous avez au sol une température supérieure à 30 degrés,
10:46et lorsque vous avez une hygrométrie, c'est-à-dire le taux d'humidité des végétaux
10:49qui est inférieur à 30 % au niveau de l'humidité en l'air,
10:52vous êtes sûr que ce sont des critères qui sont extrêmement favorables
10:56au développement des incendies.
10:58Généralement, quand on a ces critères-là,
11:02c'est là qu'on a un gros incendie,
11:04voire plusieurs, parce que la problématique,
11:06c'est le risque d'avoir plusieurs incendies
11:08en même temps dans le département.
11:10Bien sûr. Jérôme Bonafou, une question pour conclure.
11:14On en a parlé, les Canadaires, qui ont été très utiles,
11:17forcément, pour lutter contre l'incendie du côté de Fontignan,
11:20notamment, certains étaient cloués au sol récemment.
11:23Je ne sais pas où on en est aujourd'hui.
11:25Emmanuel Macron avait promis de renouveler
11:27la flotte de Canadaires françaises, de l'augmenter.
11:29On en est où aujourd'hui, très concrètement ?
11:31Nous, par exemple, sur le front de Fontignan,
11:33on a eu cinq Canadaires.
11:35Vous avez toujours des Canadaires qui sont en maintenance
11:37parce qu'ils sont des avions qui volent beaucoup.
11:39Quand vous prenez le feu de Fontignan,
11:41c'est un exemple parfait.
11:43Vous avez les avions qui ont volé pendant six heures.
11:46Vous imaginez la maintenance qu'il y a après.
11:48Aujourd'hui, l'État a quand même pris les devants
11:52puisqu'ils ont anticipé en louant des hélicoptères bombardiers d'eau.
11:57Là, pareil, sur Fontignan, on avait un hélicoptère,
11:59un Puma qui allarguait, qui est très utile.
12:04Vous avez des départements comme l'Hérault
12:06qui, aussi, louent leurs propres cellules d'avion.
12:09Nous, on a trois avions bombardiers d'eau
12:11qui larguent chacun 30 litres d'eau.
12:13Et puis, dernièrement, le gouvernement a annoncé
12:16qu'il avait fait l'acquisition des nouveaux Canadaires.
12:18La problématique, c'est que le nouveau Canadaire
12:21est bientôt fini sur place.
12:24Maintenant, il va falloir faire les essais.
12:26On sait très bien qu'il ne sortira pas d'usine
12:29d'ici, je crois, 2028-2029.
12:31Mais, là aussi, l'État a fait l'acquisition de gros porteurs.
12:35Les fameux DASH, les avions qui larguent Ticondo
12:39et qui, aussi, sur le feu de Fontignan,
12:42dont on a beaucoup parlé,
12:44on avait trois DASH qui sont assez efficaces.
12:47Bien sûr, c'est une problématique.
12:49Il ne faut pas oublier que la France est le pays
12:52qui a la plus grosse flotte des moyens aériens.
12:55Donc, bien sûr, ce n'est pas très bien
13:01d'avoir des avions qui sont disponibles,
13:05mais c'est tout simplement un manque de pièces.
13:07Mais tout ça est en train de s'organiser
13:09puisque la chaîne Canadair vient d'être rachetée
13:12et ça va se remettre en place.
13:14Merci beaucoup, lieutenant-colonel Jérôme Bonafou.
13:16Merci d'avoir été avec nous ce matin
13:18sur Sud Radio.
13:19Courte parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers.
13:22Bon courage d'ailleurs.
13:23On pense à l'ensemble des pompiers mobilisés,
13:25notamment dans la lutte contre ces incendies
13:27et notamment du côté du nord de Perpignan.
13:29On aura l'occasion de faire le point
13:32progressivement, heure par heure,
13:35on verra cela tout à l'heure,
13:36sur cet incendie.
13:37On vous dira tout.
13:38Allez, Sud Radio, à 10h17,
13:39dans un instant, l'international.
13:41On fait le point sur la guerre en Ukraine,
13:42l'offensive qui met à mal Vladimir Poutine
13:44et puis les espoirs de paix
13:46qui semblent s'amenuiser radicalement.
13:49C'est à suivre sur Sud Radio.
13:50A tout de suite.

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