Émile : Une affaire trop médiatisée ? Me Caty Richard x Julie Rigoulet

  • il y a 5 mois
Avec Me Caty Richard, avocate pénaliste, Auteur de "Crimes, délits et vies brisées, (Albin Michel), a travaillé sur les procès du Violeur de la Sambre, Barbe Bleue de l’Essonne, l’affaire Daval et Julie Rigoulet, Rédactrice en chef de "Le nouveau Détective"

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2024-04-03##

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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06 Vérissure présente...
00:07 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 Il est 9h34, je sais que vous êtes...
00:17 beaucoup d'entre vous, parce que j'ai reçu beaucoup de coups de téléphone
00:21 ou beaucoup de messages d'auditrices et d'auditeurs qui disent
00:25 "l'affaire du petit Emile est trop médiatisée, elle est surmédiatisée".
00:29 Alors qu'en pensez-vous ? Appelez 0826 300 300.
00:33 Est-elle surmédiatisée ?
00:35 On va débattre avec Maître Cathy Richard qui est avocate pénaliste,
00:39 auteur de "Crime, délits et vies brisées" chez Albin Michel,
00:43 plongée au cœur de la justice et de la nature humaine.
00:46 Bonjour Maître.
00:47 - Bonjour. - Merci d'être avec nous.
00:49 Julie Rigoulet est aussi avec nous et c'est très intéressant,
00:52 rédactrice en chef du Nouveau Détective.
00:55 Le Nouveau Détective, bonjour.
00:57 - Bonjour. - Moi j'ai connu "Détective" évidemment,
00:59 quand j'étais jeune journaliste, c'était un vieux journal "Détective".
01:02 - 1928. - 1928 !
01:05 Et depuis 1928 vous travaillez sur "L'Effet d'hiver".
01:08 - C'est ça. - C'est le journal...
01:10 - Le seul magazine spécialisé dans "L'Effet d'hiver".
01:12 - Spécialisé dans "L'Effet d'hiver".
01:14 Bien. Alors, que se passe-t-il depuis samedi ?
01:19 Bon, il y a eu une forte médiatisation lorsqu'on a appris la disparition de l'enfant.
01:25 C'était en juillet dernier. Très bien.
01:28 Que se passe-t-il depuis samedi ?
01:29 Samedi, on a découvert les restes des ossements du petit Émile.
01:36 C'est vrai que ça fait...
01:37 Quand on dit les ossements du petit Émile, ça fait un peu mal au cœur,
01:40 mais bon, c'est comme ça. C'est la réalité, il faut regarder les choses en face, c'est la réalité.
01:44 On a découvert des ossements du petit Émile, très bien,
01:47 à proximité du Auvergnay, dans un endroit un peu difficile d'accès,
01:52 je ne vais pas entrer dans le détail, j'avais le maire du Auvergnay, François Bally,
01:55 qui nous disait tout hier matin, qui nous a expliqué la topographie des lieux.
01:59 Mais ce qui m'intéresse, c'est la réaction des médias.
02:03 Que s'est-il passé immédiatement ?
02:05 La nouvelle a été apprise dimanche matin, parce que les gendarmes se sont tués pendant une nuit,
02:13 le temps de vérifier si c'était effectivement les restes de l'enfant.
02:18 Il y a eu un déchaînement médiatique,
02:23 le comble a été BFMTV qui a cassé, renvoyé aux oubliettes son invité,
02:29 qui a changé son antenne et qui a fait 11h30 d'affilée sur le petit Émile
02:34 avec une seule page de pub, supprimant toutes les pages de pub, il fallait sauver l'audience.
02:38 Donc c'était une réaction.
02:41 Une surréaction, on dit beaucoup de gens,
02:44 il y a aussi des réactions sur d'autres chaînes de télévision,
02:47 et depuis on ne parle plus que de cela, beaucoup de cela, même si les Français s'y intéressent.
02:52 Finalement les médias répondent à une attente des Français, M. Cathy Richard, non ?
02:59 Oui, très clairement, j'ai accepté de venir ce matin,
03:03 justement parce qu'on allait parler de la médiatisation et pas de l'affaire du petit Émile.
03:06 Exactement, parce que je suis invitée depuis plusieurs jours pour parler de l'affaire du petit Émile,
03:12 et je refuse systématiquement de parler de dossiers qui ne sont pas les miens,
03:16 ou de problématiques qui m'intéresseraient directement.
03:19 Mais ça me paraît sain !
03:21 Alors justement, la question est que médiatise-t-on ?
03:24 Il faut savoir que depuis quelques années, même quelques dizaines d'années,
03:28 on part de la médiatisation des audiences,
03:32 avant on avait des chroniqueurs judiciaires,
03:34 et maintenant on va vers la médiatisation du fait divers,
03:39 et on est même parfois avant même qu'il y ait un fait divers,
03:42 puisque quand il s'agit d'une disparition, normalement on n'est pas sur un fait divers.
03:47 Ce qui est aspérant quand je regarde les chaînes info, ou quand je lis certains journaux,
03:52 c'est qu'on n'a aucune information, mais ça fait rien,
03:55 les bandeaux c'est pas d'information, mais pas d'information c'est une information !
03:59 Et on est dans la supputation permanente !
04:02 Mais qu'est-ce qu'on médiatise ? On médiatise l'inquiétude des Français,
04:06 on médiatise l'intérêt de l'audimat,
04:10 mais en réalité, le problème c'est qu'on part vers des endroits
04:17 où on n'a pas d'information véritable.
04:19 De toute façon c'est la question pour nous juristes,
04:23 et spécialement avocats, magistrats et policiers par exemple,
04:27 quand on nous interroge sur des affaires qui sont toujours en instruction,
04:31 il y a le secret de l'instruction, et c'est là où on en parle le plus !
04:34 - Les médias vous met en difficulté ? - Alors moi on ne me met pas souvent en difficulté...
04:38 - Parce que vous avez du caractère, de la personnalité et du métier !
04:41 - C'est un vrai problème, parce qu'il y a beaucoup d'affaires qui passionnent
04:46 au moment où on découvre des choses, où tout le monde vient de raconter tout et n'importe quoi,
04:50 soit violer un secret de l'instruction,
04:52 soit parler de choses qui ne sont pas dans l'instruction,
04:54 ça c'est un grand classique, on invente, on lit des choses...
04:57 Moi en ce moment je suis en train de découvrir un de mes dossiers dans la presse,
05:01 on essaye de m'en faire parler, j'en dis le moins possible, croyez-moi,
05:06 mais alors on lit des choses sur des marres de son qui sont inexistantes,
05:09 enfin c'est toujours un vrai bonheur, mais bon, c'est épouvantable !
05:13 Et en revanche, ce qui est assez incroyable,
05:15 c'est que parfois des affaires qui ont fait l'objet d'énormément de presse
05:19 au moment où ça sort, ne sont pas couvertes au moment du procès !
05:23 C'est-à-dire qu'on ne va pas aller...
05:27 On ne couvrira pas un non-lieu,
05:31 on ne couvrira pas un classement sans suite,
05:33 et on ne couvrira même pas le procès !
05:35 Même pas le procès !
05:36 Pourquoi ? Parce que je pense, et ça vous en parlerez mieux que moi...
05:40 - On va voir ce que va nous dire Julie Rigollet !
05:41 - Voilà ! Mais je pense que ça coûte plus cher de payer un chroniqueur judiciaire
05:46 qui assiste à l'intégralité des débats, d'audience...
05:49 C'est plus long, c'est plus...
05:51 Oui, mais enfin, c'est plus long, mais c'est plus rigoureux !
05:53 Et je rends hommage à Nouveau Détectif,
05:56 parce que vous faites partie de ceux qui envoient justement des journalistes
06:00 qui sont là tout le long du procès !
06:03 Mais sinon, on passe, on fait une heure de procès et on repart !
06:06 - Comment regardez-vous cette surmédiatisation-là
06:09 sur le cas du petit Émile Julie Rigollet ?
06:11 Vous qui dirigez la rédaction d'un journal spécialisé dans les faits divers !
06:17 - Alors moi je ne suis pas rédac'-chef de BFM TV,
06:19 donc je ne peux pas répondre à leur place,
06:20 mais moi, ce qui peut expliquer la surmédiatisation de cette affaire,
06:25 c'est l'immense émotion qu'a suscité la disparition de ce petit garçon.
06:28 Évidemment c'est ultra-identifiant,
06:30 un enfant de deux ans et demi qui disparaît dans des conditions pareilles.
06:33 Ça fait neuf mois qu'on le cherche, ça fait neuf mois de mystère,
06:36 et finalement ça tient les Français en haleine depuis neuf mois.
06:40 Et d'où cette surmédiatisation, je pense.
06:43 - Et ensuite, la surmédiatisation,
06:45 on découvre les ossements, évidemment c'est une information,
06:48 et ensuite, mais ensuite, même sans information nouvelle, on continue.
06:53 - Le problème c'est que ça fait neuf mois qu'on n'a aucun élément concret.
06:56 Pour la première fois depuis dimanche, on a quelque chose.
07:00 On sait maintenant malheureusement que l'enfant est mort.
07:03 Mais par contre, ça entraîne de nouvelles questions.
07:07 Donc c'est pour ça en fait, on commence à avoir quelques réponses.
07:10 - Le feuilleton est ouvert. - C'est ça.
07:12 D'où après ce déchaînement... - On feuilletonne.
07:14 - Je pense que tout le monde attend des réponses.
07:16 C'est vrai qu'on a tous les enfants, on aime tous les enfants,
07:19 on attend tous des réponses.
07:22 Je suis la première à me dire "ah tiens, il y a du nouveau".
07:24 - Comment se fixer des limites, et quelles limites doit-on se fixer ?
07:27 - La limite c'est l'équilibre entre la nécessité d'informer d'un côté,
07:31 et à la fois le secret de l'instruction,
07:34 le respect de la douleur des familles.
07:36 C'est un équilibre subtil qu'il faut nous...
07:38 - Oui parce qu'on oublie un peu les familles peut-être dans tout ça, non ?
07:43 - C'est toujours très compliqué pour les familles la médiatisation.
07:48 Vous savez, c'est un peu comme MeToo.
07:51 Je veux dire, parfois on y trouve un intérêt.
07:53 - Oui bien sûr. - Pour être très clair.
07:55 Les médias peuvent être utiles.
07:57 Les médias peuvent être utiles.
07:59 Moi je parle régulièrement de...
08:01 et j'ai parlé régulièrement de Cécile Valin qui avait disparu à Saint-Jean-de-Maurienne,
08:05 et je disais "quelque part quelqu'un sait, il ne faut pas l'oublier".
08:07 C'est sans doute d'ailleurs grâce à ça qu'on m'a parlé à moi
08:11 de ce qui s'était passé dans le procès de Monique Olivier,
08:13 et qu'aujourd'hui on est peut-être au bout de nos peines.
08:15 Donc c'est utile pour ne pas oublier des dossiers.
08:21 C'est utile pour faire passer une information.
08:23 C'est utile effectivement parfois quand on se sent seul,
08:27 de dire "on parle de quelque chose, de quelqu'un, et puis il y en a d'autres qui viennent se greffer".
08:33 Donc ça peut être utile, effectivement.
08:35 Là où il ne faut pas tomber dans le voyeurisme,
08:39 et puis surtout il ne faut pas parler de ce qu'on ne sait pas.
08:41 Enfin je veux dire là il y a...
08:43 - Ça me fait plaisir d'entendre ça.
08:45 Et d'ailleurs c'est une question que je vais vous poser juste après.
08:47 - C'est pour ça que je refuse de parler de dossiers qui ne sont pas les miens.
08:49 - Mais vous avez raison. - Enfin Palmade j'ai été invitée je ne sais pas combien de fois.
08:51 - Mais vous avez raison. - Je ne les calcule plus,
08:53 - Mais Palmade ça a été un feuilleton,
08:55 mais ça a duré 15 jours.
08:57 - On voyait des avocats spécialistes en circulation routière.
09:01 - Plus de 15 jours. - Ce n'est pas une spécialité.
09:03 - On érige en experts des gens qui ne connaissent absolument rien.
09:07 - On a des spécialistes en faux conneries,
09:11 qui nous ont expliqué le parcours d'un oiseau de proie
09:15 qui pourrait avoir soulevé l'enfant, je ne sais pas.
09:19 On tombe dans le délire le plus absolu.
09:21 - Mais c'est ça.
09:23 - Il faut nourrir la tête médiatique.
09:27 - Le problème c'est effectivement de donner la parole à des gens qui n'y connaissent rien,
09:33 qui ne sont pas au coeur de l'enquête,
09:35 et qui donc peuvent dire des conneries et fabriquer de l'information finalement.
09:39 - Et puis il y a l'attrait des médias, il faut reconnaître,
09:41 il y a l'attrait des médias pour ceux qui les regardent,
09:43 et puis il y a l'attrait des médias pour ceux qui s'y produisent.
09:45 Je veux dire moi, je vous dis franchement,
09:47 - Ça excite les journalistes.
09:49 - Et puis ça fait...
09:51 Moi je fais le mea culpa de notre profession aussi.
09:55 Moi quand je vois beaucoup de confrères qui se déplacent,
09:57 et qui vont parler de dossiers qui ne sont pas les leurs,
09:59 moi ça me met très en colère quand je vois des confrères qui parlent de mes dossiers,
10:03 et dans lesquels ils ne sont pas.
10:05 Je dis mais attendez, c'est quoi ?
10:07 Parce que justement, c'est dans un dossier où je n'ai pas parlé,
10:09 on est allé chercher quelqu'un d'autre.
10:11 C'est hallucinant.
10:13 J'ai une cliente qui a été en colère après moi,
10:15 parce qu'il est sorti un reportage dans lequel j'avais dit trois choses,
10:17 et comme je n'en avais pas dit assez,
10:19 je suis allé chercher une autre consœur,
10:21 qui n'est pas du tout dans le dossier, et qui a rempli tout le reportage.
10:23 Et ma cliente était en colère du traitement qui avait été fait du dossier.
10:29 Qu'est-ce que j'y pouvais ?
10:31 On voyait une autre consœur, on ne voyait pas moi.
10:33 - On va revenir avec Julie Rigoulet dans un instant sur cette médiatisation,
10:39 et avec Maître Catherichard à tout de suite.
10:41 9h45, désormais le quart si vous voulez intervenir, 0826 300 300.
10:47 Merci, à tout de suite.
10:49 - Vérissure, le numéro un des alarmes en France.
10:51 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
10:55 Vérissure présente...
10:57 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
11:01 - Bien, il est 9h49, Julie Rigoulet, soyons clairs,
11:05 depuis l'intervention du procureur hier dans l'affaire des Petits-Émiles,
11:09 il n'y a aucune nouvelle information, on est bien d'accord ?
11:13 - Ah oui, depuis le...
11:15 - De le préfet, de le procureur.
11:17 - Non, il n'y a pas de nouvelles informations.
11:19 Il y a de nouvelles questions qu'on se pose.
11:21 - Évidemment, parce qu'il a donné de nouveaux éléments.
11:23 - Exactement.
11:24 - Il y a de nouvelles questions qu'on se pose, que vous vous posez,
11:26 vous spécialiste de faits divers, sur...
11:30 Mais on ne va pas entrer dans les supputations, parce qu'on ne sait rien de plus.
11:34 - Non, non, on reste sur les mêmes hypothèses et supputations
11:37 qu'avant la découverte des ossements ou des vêtements du petit garçon.
11:41 - Bon, alors comment fait-on justement quand on est rédacteur en chef d'un journal comme le vôtre
11:46 et qu'on n'a pas de nouvelles informations ? On va dans les hypothèses.
11:50 - On ne va pas dans les hypothèses, d'abord on envoie un reporter sur place.
11:54 - Vous avez un journaliste sur place ?
11:56 - Bien sûr. Alors là il est reparti, parce que de toute façon le secteur est bouclé,
12:01 que tous les journalistes sont sur place,
12:05 donc faire son travail dans ces conditions ce n'est pas très agréable,
12:08 ça ne sert pas à grand chose, mais oui, depuis la disparition d'Emile en juillet,
12:12 Mathieu Fourquet, notre reporter, y est allé à maintes reprises.
12:16 Et donc on enquête, voilà, on fait ce qu'on fait tout le temps,
12:20 c'est-à-dire qu'on va à la rencontre des gens, des voisins, des gendarmes,
12:26 des avocats, des témoins, voilà, on fait notre travail d'enquêteur.
12:32 - Bon, vous faites votre travail d'enquêteur, logiquement.
12:36 Et vous, comment vous, journal spécialisé,
12:40 comment faites-vous face à toutes ces chaînes de radio ou de télévision
12:44 qui, à longueur de temps, parlent de l'affaire ?
12:47 Comment vous distinguez ?
12:49 - Comment on distingue quoi ?
12:50 - Comment vous distinguez par rapport à cette surmédiatisation ?
12:55 - C'est compliqué, c'est compliqué parce qu'à la fois on n'est pas dans la même temporalité,
12:59 nous on est un hebdomadaire, on sort tous les mercredis.
13:01 - Vous sortez tous les mercredis, donc oui.
13:04 - Voilà, je veux dire, on a des timings à respecter, des délais, des deadlines,
13:09 que eux n'ont pas, c'est des chaînes d'info en continu,
13:11 ils abreuvent d'informations ou de non-informations en continu,
13:16 ce que nous on ne peut pas faire.
13:17 Mais nous on essaye de creuser les affaires,
13:21 c'est-à-dire que, c'est ce que nous disent souvent nos lecteurs,
13:23 nos lecteurs nous disent "ah ben j'ai vu un entrefilé dans la presse régionale
13:27 et je sais que je vais avoir tous les détails dans Détective".
13:29 Nous on reste plusieurs jours, on rencontre tous les auteurs,
13:35 tous les témoins, tous les témoins clés.
13:37 - Sur quels critères est-ce que vous choisissez les faits divers que vous allez traiter ?
13:42 - Alors il y a plusieurs critères, il y a...
13:46 - Ça c'est intéressant, hein ?
13:48 - Bah écoutez après c'est...
13:49 - C'est quoi ? C'est quand la victime est jeune, c'est un enfant, c'est une jeune fille, c'est...
13:53 - Non, il n'y a pas que ça dans Détective.
13:55 - Non, je vous pose la question.
13:57 - Alors c'est un équilibre entre les affaires,
14:01 c'est souvent des choix du cœur aussi, c'est des histoires qui peuvent nous toucher,
14:04 et donc on a envie de creuser, c'est des histoires,
14:08 évidemment on ne passe pas à côté des histoires très médiatisées,
14:11 et puis on fait un équilibre hélas entre les féministes, les infanticides, les procès,
14:18 parce qu'effectivement on assiste à de nombreux procès toutes les semaines,
14:22 et donc on fait des compte-rendus d'une audience chaque semaine également.
14:25 - Bien. Maître Richard, vous, la médiatisation, vous vous en servez quand même parfois, hein ?
14:30 - Alors, moi j'allais vous dire, la médiatisation d'une affaire c'est un grand mystère.
14:34 C'est-à-dire qu'il y a des points effectivement qu'on retrouve,
14:37 mais il y a des dossiers qui seraient passionnants dont personne ne parle,
14:42 il y a des dossiers qui n'ont aucun intérêt dont tout le monde parle,
14:45 il y a quand même un côté mode, un effet de mode.
14:48 C'est-à-dire que dès que l'un parle d'un dossier, il faut que tous,
14:51 c'est pas forcément votre cas, mais il faut que tous en parlent.
14:53 Vous, vous parlez de dossiers dont les autres ne parlent pas, heureusement,
14:56 vous vous démarquez aussi comme ça, mais il faut savoir qu'il y a cet effet de mode
15:00 qui fait que si on allume une étincelle sur un truc, d'un seul coup,
15:04 tout le monde va en parler, tout le monde va en vouloir.
15:06 - Ça c'est le suivisme classique d'un journaliste.
15:09 - Et parfois, il y a des dossiers passionnants, mais il y a un journaliste qui va s'y intéresser,
15:14 donc avant un procès par exemple, j'ai déjà eu cette affaire,
15:19 un journaliste prend contact avec moi, voilà, je trouve que cette affaire est très intéressante,
15:22 j'ai vu que vous étiez dedans, etc., oui, on en parle,
15:25 et puis après il me rappelle, il me dit "bah finalement ça intéresse pas,
15:28 parce que c'est à tel endroit, et puis on y va pas, parce que voilà,
15:31 ça intéresse pas ma ligne éditoriale".
15:34 Bon bah, don't acte. En fait, je parle pas forcément pour vous,
15:37 mais au bon moment, clairement, c'est un grand mystère.
15:42 - En fait, il y a des histoires qui intéressent plus que d'autres,
15:45 d'abord parce qu'elles suscitent une émotion forte,
15:48 les féminicides et les infanticides, typiquement, ça suscite des émotions.
15:53 Il y a aussi, on en parlait, les histoires qui touchent les célébrités,
15:57 Pierre Palmade, on en a parlé, parlé et reparlé,
16:01 et puis, ce qui intéresse beaucoup, comme pour Émile par exemple,
16:05 ce sont les histoires qui ne sont pas élucidées.
16:08 - D'ailleurs, Pierre Palmade, on s'est beaucoup intéressé à Pierre Palmade,
16:10 et très peu aux victimes, au passage.
16:12 - Ah bah, pas chez nous.
16:14 - Pas chez vous, mais enfin, oui.
16:16 - On les a pas mal vus.
16:18 - Vous parliez de féminicides, par exemple.
16:20 - Oui.
16:21 - Dans le cadre du dossier d'Aval, parce qu'on dit que les féminicides,
16:24 ça nous intéresse, mais c'est pas vrai.
16:26 Ça intéresse de temps en temps, il y en a un qui intéresse,
16:28 mais quand on voit le nombre de féminicides en France,
16:30 tous ne sont pas couverts, bien évidemment.
16:32 Le dossier Palmade, qui est un de mes dossiers, que j'ai plaidé,
16:35 donc je peux en parler.
16:37 Si Jonathan... Le dossier d'Aval, pardon.
16:40 Si Jonathan d'Aval avait tué sa femme,
16:43 appelé les gendarmes immédiatement en disant "je viens de commettre l'irrémédiable",
16:48 personne n'en aurait jamais parlé.
16:50 Ce qui a fait qu'on a parlé du dossier d'Aval,
16:53 c'est que d'abord, c'était un mystère,
16:56 d'abord c'était une disparition de joggeuses,
16:58 donc il y a beaucoup de gens qui se sentent concernés,
17:02 parce qu'il y a beaucoup de gens qui courent,
17:04 et je le dis, moi vraiment, il y a beaucoup trop de gens qui courent,
17:07 qui courent sans prendre de précaution avec des trucs dans les oreilles,
17:10 on n'entend pas, c'est un vrai danger.
17:12 Bref, donc, il y a beaucoup de gens qui se sont identifiés à cette joggeuse
17:16 qui s'est fait enlever, agresser, tuer,
17:20 alors qu'elle faisait son jogging,
17:22 et puis ensuite, il y a le caractère de Jonathan d'Aval qui a été...
17:25 - Le cinéma qui nous a... - Voilà.
17:27 - C'est ça qui a fait accrocher le truc. - Et les parents ?
17:30 Les parents qui n'ont pas supporté.
17:33 Les parents qui n'ont pas supporté, d'une part,
17:36 le côté duplice de Jonathan d'Aval, et qui l'ont dénoncé,
17:40 et puis, après... - Parce qu'ils ne le savaient pas au départ.
17:42 - Bien sûr. - La duplicité de Jonathan d'Aval,
17:45 les parents ne le savaient pas au départ, pardon.
17:48 - Les parents, ils ont répondu aussi au micro qui leur était tendu,
17:53 ils n'ont pas recherché, c'est ça.
17:56 Après, on a reproché aussi à la famille d'Alexia d'avoir trop médiatisé,
18:00 mais ce n'est pas eux qui se sont médiatisés, il faut être clair.
18:02 - Ils ont accepté la médiatisation quand même.
18:04 - Ils ont accepté, mais ce n'est pas pareil, vous savez,
18:06 c'est extrêmement difficile. - Vous pouvez mettre un recharge, je veux bien.
18:09 - Et dire non aussi. - C'est extrêmement difficile
18:11 de ne pas avoir envie de se justifier.
18:13 Les policiers savent ça, les journalistes savent ça.
18:16 Quand on pose certaines questions, c'est extrêmement difficile de ne pas y répondre.
18:20 - Merci à toutes les deux d'être venues nous voir.
18:24 Maître Cathy Richard, "Crime, délit et vie brisée",
18:28 vous avez remarqué, je ne vous ai pas interrogé sur l'affaire
18:30 de la disparition du petit Emile, on est bien d'accord.
18:33 Et Julie Rigoulet, qui est rédactrice en chef du Nouveau Détective,
18:37 qui sort tous les mercredis.
18:39 Merci, 9h05, vous ne nous avez pas apporté d'ailleurs.
18:42 - Non. - Nous sommes mercredi, vous l'avez oublié.
18:44 - Oui c'est vrai, j'ai oublié. - Bon, c'est pas grave.
18:46 9h56, vous êtes sur Sud Radio, merci d'être avec nous.
18:50 Valérie Expergille, Gansement Drossoff, la journaliste Elis Lucet,
18:54 et le journaliste Mathieu Robert.
18:57 Sud Radio, Parlons Vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
19:03 Avec Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
19:07 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.

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