Avec Evelyne Sire-Marin, magistrate honoraire et membre du bureau de la Ligue des droits de l'Homme et Réda Belhaj, Porte-Parole Unité SGP Police Ile-de-France
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00:00 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - Le trafic de stupéfiants tue, tue ceux qui trafiquent,
00:10 règlement de compte qui se multiplie, Marseille en a né à 39 morts je crois,
00:15 depuis le début de l'année, sur toute l'année dernière c'était 31,
00:19 mais il n'y a pas qu'à Marseille, dans d'autres villes, on l'a vu à Nîmes,
00:22 on l'a vu à Béziers, on le voit ailleurs, il y a des victimes de ces trafics.
00:27 Et je pose la question, et je ne suis pas le seul,
00:32 de nombreux responsables politiques, mais aussi le public, les auditeurs,
00:37 l'opinion publique, se demandent si les consommateurs
00:42 ne pourraient pas être plus sévèrement sanctionnés,
00:45 sont-ils co-responsables de l'amplification des trafics ?
00:49 Pour en parler avec nous, Evelyne Sirmarin, qui est magistrate honoraire,
00:53 membre du bureau de la Ligue des Trois L'Homme, bonjour,
00:55 merci d'être avec nous, et Reda Bellage, qui est porte-parole unité LGP Police,
00:59 Île-de-France, bonjour, merci d'être là tous les deux.
01:03 Alors, d'abord, est-ce que le consommateur est co-responsable de la situation ?
01:08 - Moi je pense qu'il y a un problème de santé publique,
01:11 c'est-à-dire que le consommateur, comme celui qui consomme de l'alcool,
01:15 ou comme celui qui consomme du tabac, je pense que, bien sûr,
01:19 c'est un produit qui est complètement illégal, bien sûr.
01:22 Le problème, c'est que le consommateur, lui,
01:26 c'est quelqu'un qui, comme on dit, est accro à son produit,
01:30 et qui, je pense, doit être soigné, et en cela,
01:34 la France, à mon avis, est vraiment la lanterne rouge en Europe.
01:38 - Mais oui, mais, madame... - Je finis.
01:40 Il y a 12 pays en Europe qui ont légalisé la consommation des stupéfiants.
01:46 Et la France, elle, prend le chemin de la pénalisation,
01:51 continue à pénaliser, notamment par des amendes forfaitaires.
01:54 - 200 euros. - Voilà, 150 euros si vous payez en 15 jours,
01:58 et 450 euros si... - 45 jours.
02:01 - Voilà, c'est ça. Alors, le problème que ça pose,
02:04 c'est que ça n'a aucun effet sur la récidive, la prévention,
02:08 parce que vous avez les moyens, vous les payez, les 150 euros,
02:12 et les gens le disent, ils refument un joint après, et puis c'est fini.
02:16 Donc, la question, c'est de savoir si on fait comme dans d'autres pays d'Europe,
02:21 et à mon avis, on y viendra de toute façon, c'est-à-dire,
02:24 la consommation de petites quantités, la possession de petites quantités,
02:28 comme l'Allemagne, comme la Belgique, les Pays-Bas,
02:30 tous les pays qui entourent la France, sauf l'Angleterre,
02:33 ont légalisé, en quelque sorte, c'est-à-dire que la possession d'une petite quantité
02:40 n'est pas pénalisée. En France, c'est un an de prison,
02:43 et 3 750 euros d'amende, si on ne paye pas l'amende forfaitaire.
02:47 Et si vous voulez, pour finir, la question, c'est est-ce que c'est efficace de pénaliser ?
02:54 C'est ça la question. Il y a un problème moral, d'accord, c'est très mal de fumer,
02:58 mais du cannabis, du tabac, de boire de l'alcool, c'est très mal.
03:01 - Mais attendez, il n'y a pas que le cannabis, aujourd'hui, il y a d'autres drogues.
03:06 Et vous n'avez pas le problème, c'est que la prévention, c'est bien beau,
03:10 il faut accentuer la prévention, mais je vous pose une question,
03:13 est-ce qu'il y a une recrudescence du nombre de consommateurs ?
03:18 - Vous avez raison. - Vous les mettez tous sous prévention,
03:21 tous sous contrôle médical, sous suivi médical.
03:24 - Non, non, non, mais écoutez, vous posez exactement le problème.
03:25 Est-ce que ça sert à quelque chose de réprimer, et de réprimer de plus en plus ?
03:29 Puisque la consommation, elle augmente. On a, en France,
03:33 un million de personnes qui fument tous les jours du cannabis.
03:37 Donc, on est depuis 50 ans, il y a plein de rapports parlementaires qui le disent,
03:42 on est depuis 50 ans dans une politique de répression,
03:45 et la consommation, elle augmente tout le temps.
03:47 - Alors vous dites, allonger les amendes ne servira à rien.
03:49 - Mais oui, moi je dis qu'il faut soigner les gens.
03:51 - Vous êtes d'accord ou pas ?
03:52 - Alors, j'aime bien discuter avec les collègues de terrain, avant de faire un plateau,
03:56 j'ai eu un collègue qui est chef d'un groupe Stup,
03:59 il m'a dit qu'il faisait ça déjà pour aider ceux qui consomment.
04:02 Alors, on a l'impression, et il adore son métier, il adore traiter les affaires de Stup et tout.
04:06 Mais, la problématique, c'est que si vous n'avez pas de demande,
04:10 vous avez forcément moins d'offres.
04:12 - C'est-à-dire ?
04:13 - C'est-à-dire que si vous arrivez à limiter le nombre de consommateurs,
04:17 forcément, vous aurez moins de vendeurs.
04:19 - Ça limite le trafic, évidemment.
04:21 - Exactement. Et on l'a vu, alors on ne va pas à l'extrême,
04:24 mais on l'a vu avec le Covid.
04:26 Le prix au kilo de la résine de cannabis,
04:29 il est passé, en moyenne, il est actuellement à 2200-2000 euros,
04:33 à l'époque du Covid, et il était à 3000 euros.
04:36 Vous voyez ce que je veux dire ?
04:37 Et du coup, il y avait moins de consommation,
04:39 il y avait moins de trafic, forcément.
04:40 - Ben, moins de trafic, les gens ne sortaient pas.
04:42 - Exactement.
04:43 - Moins de consommation, moins de trafic, moins de consommateurs.
04:45 - Les frontières, alors, ce n'est pas du tout une rendication,
04:48 mais les frontières étaient fermées.
04:50 Et du coup, il faut qu'aujourd'hui, on s'adapte.
04:52 Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Mme la magistrate,
04:55 mais je pense que la France n'est pas prête pour une légalisation,
04:59 même si je suis pour la prévention,
05:02 et je pense qu'il n'y en a peut-être pas assez,
05:04 mais là, si on parle des homicides,
05:07 c'est un problème sur la voie publique.
05:09 - Alors, est-ce qu'alourdir, moi, la question que je repose,
05:12 est-ce qu'alourdir les sanctions contre les consommateurs
05:15 serait efficace ou pas ?
05:17 - De mon point de vue, non.
05:20 De mon point de vue, non.
05:22 Un meilleur traitement, je pense que ce serait bien mieux.
05:24 - C'est-à-dire, ça veut dire quoi, un meilleur traitement ?
05:26 - C'est-à-dire que, par exemple, aujourd'hui, Mme la magistrate
05:28 ne nous le redira pas.
05:29 - Donc, pas question d'alourdir les sanctions ?
05:31 - En tout cas, pas légaliser, ça c'est sûr.
05:33 Mais alourdir, ça ne changera pas grand-chose, en fait.
05:36 - Ça ne changera rien ?
05:37 - Ça ne changera pas grand-chose.
05:38 Ce qui va changer, c'est si vous alourdissez,
05:40 enfin, si déjà, vous respectez,
05:42 c'est-à-dire que quand vous interpellez un trafiquant de drogue,
05:45 il prend une peine, excusez-moi, Mme la magistrate,
05:48 pas maximale, mais vraiment très élevée.
05:50 - Ne vous excusez pas.
05:51 - Une peine vraiment très élevée, ce que prévoit le Code pénal.
05:54 Là, déjà, il y aurait une grosse différence.
05:56 Vous voyez ce que je veux dire ?
05:57 - C'est-à-dire, sanctionner plus durement les trafiquants ?
05:59 - Exactement, mais là, on a un vrai problème,
06:01 même si ce n'est pas vraiment dans le sujet,
06:03 j'en ai parlé avec mon collègue, c'est les mineurs.
06:05 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les trafiquants,
06:07 ils utilisent beaucoup les mineurs,
06:08 et les mineurs, ils ne peuvent pas être poursuivis,
06:10 ils sont poursuivis pénalement,
06:12 mais c'est-à-dire que c'est très malheureux,
06:14 enfin, c'est prévu, mais c'est très, très...
06:16 Et ils utilisent de plus en plus les mineurs,
06:18 et c'est ça la problématique.
06:19 - Oui, madame ?
06:20 - Oui, en fait, là, on confond le trafic et la consommation.
06:26 - Oui, je veux justement qu'on travaille sur la consommation,
06:30 qu'on réfléchisse sur la consommation.
06:31 - C'est bien, mais si vous voulez,
06:33 les trafiquants, c'est une chose,
06:35 ils sont réprimés par les tribunaux,
06:37 on est d'accord, on n'est pas d'accord avec les peines,
06:40 c'est toujours des peines d'emprisonnement,
06:42 souvent des peines d'emprisonnement fermes,
06:44 quand on a un trafic, c'est autre chose.
06:46 Et là, la justice sanctionne les trafiquants.
06:50 Le problème, c'est que sur les efforts,
06:54 l'énergie qu'on consacre à la lutte contre la toxicomanie
06:59 et contre le trafic,
07:00 beaucoup, beaucoup de moyens sont consacrés
07:03 à la répression des consommateurs.
07:06 Et un certain nombre de personnes,
07:08 je pense notamment des parlementaires,
07:11 on a un rapport Houillon, par exemple,
07:13 qui nous disait en 2020,
07:17 que M. Houillon est un député LR.
07:25 On a un autre rapport en 2021,
07:28 avec un député Renaissance
07:31 et un député LR également.
07:34 Bref, tous les rapports parlementaires,
07:36 y compris les personnes classées à droite,
07:38 nous disent que ce qu'il faut en réalité,
07:41 c'est mettre le maximum de moyens sur le trafic,
07:44 parce que c'est là qu'il y a un enrichissement considérable.
07:48 - Non mais les deux...
07:50 - Et diminuer en fait...
07:52 - Alors comment fait-on pour faire baisser la consommation ?
07:57 - La consommation, c'est un problème de santé publique.
07:59 C'est-à-dire qu'il y a un certain temps...
08:02 - Puisqu'elle augmente.
08:03 - Oui, justement.
08:04 Vous voyez bien que la répression n'est pas efficace.
08:06 Il y a un certain temps,
08:08 il y avait quand même des injonctions thérapeutiques.
08:10 On traitait les consommateurs, si vous voulez,
08:12 pas uniquement par l'aspect financier.
08:14 Maintenant, le consommateur,
08:16 il paie une amende forfaitaire ou il ne la paie pas,
08:18 mais de toute façon, il va être essentiellement
08:20 sanctionné du point de vue financier.
08:22 Et on pense,
08:24 enfin, beaucoup de personnes pensent,
08:26 et notamment les magistrats du parquet,
08:28 qui ne sont quand même pas spécialement des gens
08:30 qui ne sont pas répressifs.
08:32 Un certain nombre de policiers, de polices judiciaires,
08:34 avec qui moi je discute,
08:36 pensent que ce qu'il faut, en fait,
08:38 pour la consommation,
08:40 c'est essentiellement le problème
08:42 du soin. Et que
08:44 donner des amendes,
08:46 infliger des amendes,
08:48 ce n'est pas efficace, parce que
08:50 vous payez, et puis ensuite,
08:52 c'est fini, c'est terminé. - Mais les deux ?
08:54 - Mais il n'y a pas le deux. - Pourquoi ne pas combiner les deux ?
08:56 - Non, mais oui, ça serait bien, mais on n'a pas les moyens,
08:58 si vous voulez. Tout l'argent
09:00 qui est dépensé... - Mais l'argent des amendes pourrait servir
09:02 à la prévention. - Alors, les amendes sont très mal recouvrées.
09:04 Ça, pour que vous sachiez ça. - Oui, elles sont très mal recouvrées.
09:06 - Très, très mal, parce qu'elles sont recouvrées
09:08 à un taux à peine de 35%.
09:10 C'est-à-dire qu'il y a presque 70%
09:12 des personnes qui ont des amendes et qui ne les payent pas.
09:14 Et oui, donc, vous n'allez quand même
09:16 pas. Je sais bien que la loi le prévoit
09:18 un an d'emprisonnement pour de l'usage
09:20 de stup'. Quand vous voyez les gens,
09:22 et ça, vraiment, monsieur, vous ne me
09:24 contredirez pas, quand on voit
09:26 l'état dans lequel sont les consommateurs,
09:28 notamment de crack, etc.,
09:30 très bien, on peut les mettre à fleurir.
09:32 On peut les incarcérer. Mais franchement,
09:34 ça ne sert à rien. - Oui, je suis d'accord
09:36 avec vous, mais
09:38 ce que disait mon collègue
09:40 des stups ce matin, c'est qu'il me disait,
09:42 en fait, vous allez avoir le consommateur,
09:44 le parquet ou le juge d'instruction, va dire
09:46 "voilà, injonction thérapeutique",
09:48 mais après, derrière, il n'y a pas de
09:50 réelle suivi. - Il n'y a pas de service. - Exactement.
09:52 Et derrière, aujourd'hui, que ce soit
09:54 la police ou les grands frères
09:56 ou... voilà, c'est...
09:58 c'est un problème sociétal.
10:00 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il n'y a pas de prévention.
10:02 On ne va pas dans les collèges pour dire
10:04 "ça, c'est pas bon, ça, c'est pas bon", montrer des photos
10:06 d'un toxico. J'expliquais à Mme
10:08 Lamagistrate, avant l'émission, que moi, j'ai vu
10:10 un gars qui prend du crack, il me disait
10:12 "je prends... quand je prenais de l'héro,
10:14 j'ai mon subutex, tout va bien,
10:16 par contre, le crack, le gars,
10:18 il cambriolait sa propre grand-mère une fois
10:20 par semaine. Et il disait "le crack, j'y arrive pas".
10:22 Et moi, c'est ce qui me fait peur, quand on
10:24 parlait de la légalisation, je ne pense pas que ce soit
10:26 bon, parce que derrière,
10:28 les trafiquants, au lieu de se mettre
10:30 de vente de cannabis, ils vont vendre des drogues
10:32 plus dures. Et aujourd'hui,
10:34 ils ont les outils. Ces trafiquants-là,
10:36 ils sont très bien organisés,
10:38 on l'a vu ces derniers temps, et avec
10:40 les messageries cryptées, ils font des
10:42 spots publicitaires, et malheureusement,
10:44 les jeunes, parce qu'il y a aussi un problème
10:46 d'éducation, ils peuvent vite tomber
10:48 dans les drogues dures.
10:50 - 9h45,
10:52 10h moins le quart, à tout de suite,
10:54 on continue dans "Poil à pub".
10:56 - Sud Radio,
10:58 parlons vrai chez Bourdin,
11:00 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
11:02 - Bien, et vous me confirmez,
11:04 Réda Bellage,
11:06 nouvel homicide à Marseille, dans la nuit, là, tiens.
11:08 Je parlais de l'homicide d'hier,
11:10 mais cette nuit, il y en a eu encore un.
11:12 Encore un, tué par balle.
11:14 - C'est un sujet qui est très médiatisé.
11:16 - C'était des micro-couliers. - Exactement.
11:18 - C'est un sujet qui est très médiatisé, c'est-à-dire que les gars, ils se disent
11:20 "bon, là, on va faire un peu profil bas".
11:22 Non, non, je veux dire, les enjeux, ils sont tellement
11:24 importants, les guerres de
11:26 territoire, et c'est une lutte
11:28 très difficile pour nous, parce que dès que vous
11:30 vous démantelez, vous vous en prenez à un point stup',
11:32 l'autre réseau en profite,
11:34 les autres en profite moins. - J'ai l'impression, en écoutant
11:36 tant d'intervenants
11:38 sur cette question de la
11:40 consommation, du trafic,
11:42 j'imagine que personne n'a la bonne réponse.
11:44 Non, mais je vous jure, je me mets
11:46 à la place de l'opinion publique,
11:48 qui se dit "mais, pfff, parce que même les politiques,
11:50 les politiques disent tout, un peu n'importe quoi,
11:52 sans savoir exactement
11:54 personne qui a la réponse".
11:56 Alors, comment responsabiliser
11:58 les consommateurs ? - Mais le problème, c'est que
12:00 c'est une économie parallèle,
12:02 et une économie importante.
12:04 Donc, vous dites, quand vous dites "oui,
12:06 on va légaliser sur le cannabis,
12:08 ça se reportera sur autre chose,
12:10 sur d'autres drogues, etc." Oui, c'est vrai,
12:12 on ne peut pas le nier.
12:14 Maintenant, la question, c'est que
12:16 la frontière entre le légal et l'illégal,
12:18 dans la consommation, il n'y en a plus.
12:20 Qu'on le veuille ou non,
12:22 entre 15 ans
12:24 et, on va dire,
12:26 50 ans, dans ces générations-là,
12:28 quand on fait la fête,
12:30 on fume des joints.
12:32 Donc ça, vous n'empêcherez pas, c'est un phénomène
12:34 de société, et c'est pour ça qu'il y a
12:36 12 pays européens qui ont légalisé
12:38 purement la consommation de cannabis,
12:40 pour essayer de mettre
12:42 l'argent disponible
12:44 sur la lutte contre le trafic, parce que c'est
12:46 ça qui est important, poursuivre
12:48 les trafiquants... - Est-ce que ça a fait
12:50 baisser les trafics ? - Mais évidemment,
12:52 bien sûr, qu'à partir du moment
12:54 où vous avez, en Uruguay
12:56 ou dans d'autres pays,
12:58 la possibilité, dans d'autres
13:00 États, des États-Unis, etc.,
13:02 la possibilité que
13:04 ce soit un monopole de l'État,
13:06 comme le tabac, comme l'alcool,
13:08 le fait qu'on puisse
13:10 produire, au niveau de l'État,
13:12 notamment du cannabis,
13:14 et ensuite contrôler
13:16 la vente, et surtout
13:18 renforcer la police judiciaire.
13:20 On a un gouvernement
13:22 qui, en début 2003,
13:24 a démantelé.
13:26 - 2003, c'est pas le gouvernement actuel,
13:28 je ne veux pas le défendre.
13:30 - Pardon, je me suis trompée, en 2023.
13:32 - Ah bon d'accord. - Pardonnez-moi.
13:34 C'est la LOPMI, une loi
13:36 qui fait que la police judiciaire
13:38 est, en quelque sorte,
13:40 intégrée à la police,
13:42 de voie publique, etc.,
13:44 sous l'autorité du directeur départemental
13:46 de la police. Et ça,
13:48 les policiers l'ont dénoncé.
13:50 Bon, les...
13:52 Il y a même une
13:54 association... - Les policiers, ils se plaignent surtout,
13:56 ils se disent surtout, nous, les trafiquants
13:58 et les petites mains, nous les interpellons
14:00 et le lendemain, les juges les libèrent.
14:02 J'entends ça sans arrêt. - Non, il faut renforcer
14:04 la police judiciaire. - Vous entendez, c'est pas vrai.
14:06 - C'est ça le problème. - Je suis d'accord avec vous,
14:08 M. Bondam, je suis d'accord avec Mme la magistrate
14:10 aussi, je pense qu'il faut...
14:12 Cette réforme, elle a été pas
14:14 spécialement bénéfique. - En plus de moyens.
14:16 - Je parlais encore avec mon collègue des STUB ce matin, il me dit
14:18 "On a fait un gars avec une plaquette,
14:20 derrière, on a interpellé 6
14:22 individus en go-fast, en flag,
14:24 mais par contre, c'est 8 mois d'enquête.
14:26 8 mois d'enquête, il faut avoir des effectifs
14:28 pour les faire." - Bien sûr, mais il n'y en a pas.
14:30 - Donc, il faut avoir un apport en effectifs
14:32 sur le terrain pour la visibilité
14:34 parce que, c'est clair, si on est
14:36 dans toutes les cités, en police de proximité
14:38 comme on le faisait avant, dans les années
14:40 2000, les acheteurs
14:42 ils viennent pas acheter. Les vendeurs,
14:44 ils ont du mal à vendre aussi. Vous voyez ce que je veux dire ?
14:46 - Vous empêchez les acheteurs
14:48 de venir acheter. - Exactement.
14:50 - On est tout à fait d'accord, c'est-à-dire la structure de la police...
14:52 - Et au niveau judiciaire, il faut
14:54 simplifier tout ce qui est écoute téléphonique,
14:56 les réseaux sociaux, on dit pas qu'il faut qu'on ait
14:58 la main sur la porte. - Je sais pas si la Ligue des Droits de l'Homme va être d'accord
15:00 avec la simplification des écoutes téléphoniques.
15:02 - Non mais au niveau de la procédure,
15:04 une garde à vue, ce que j'ai expliqué à madame la magistrate,
15:06 avant c'était une page et demie, maintenant c'est
15:08 trois pages. Vous voyez ce que je veux dire ?
15:10 On a complexifié la chose et ça va pas...
15:12 - Par exemple, pour écouter des trafiquants,
15:14 les conversations téléphoniques
15:16 de trafiquants, c'est très compliqué ?
15:18 - Bah il faut une autorisation du juge
15:20 des libertés. - Exactement. - C'est tout.
15:22 Il faut une ordonnance du juge des libertés.
15:24 - Et ça s'obtient facilement ou pas ?
15:26 - Oui, ça s'obtient très facilement, mais bon...
15:28 - Mais c'est beaucoup de procédures.
15:30 - C'est beaucoup de procédures.
15:32 - Oui, c'est beaucoup de procédures. Mais ça, c'est...
15:34 - Mais pourquoi ne pas donner plus de liberté à la police ?
15:36 - Mais parce que c'est la Cour européenne des droits d'hommes...
15:38 - Pour mener ses enquêtes.
15:40 Liberté encadrée, évidemment.
15:42 - Mais ça, c'est parce qu'on est
15:44 dans une structure européenne
15:46 qui fait qu'il faut préserver
15:48 aussi les libertés. Qu'est-ce que vous voulez ?
15:50 Si vous commencez à pouvoir être écouté... - Vous défendez ça, vous.
15:52 - Mais évidemment, bien sûr. - Bah évidemment.
15:54 - Mais si vous commencez à pouvoir écouter
15:56 une personne sans autorisation d'un juge,
15:58 c'est toute notre procédure,
16:00 c'est tout notre système judiciaire
16:02 qui tombe, quoi. Et ça, c'est vraiment pas possible.
16:04 - Les policiers le demandent ?
16:06 - Oui, les policiers, non, ils ne demandent pas ça.
16:08 Ils demandent que tout soit simplifié.
16:10 Par exemple, vous êtes sur Paris, vous faites un gars
16:12 avec deux... certains endroits dans Paris,
16:14 vous faites un gars avec deux, trois barrettes,
16:16 vous avez un préformulaire à remplir.
16:18 Donc vous pouvez interpeller...
16:20 - Vous faites un gars, vous interpellez...
16:22 - Par contre, si vous... - Attends, soyons concrets.
16:24 Vous interpellez un revendeur
16:26 avec deux barrettes, trois barrettes.
16:28 - Déjà, c'est compli... c'est... il faut pouvoir arriver à prouver
16:30 que c'est un revendeur. - Oui, d'accord.
16:32 - Donc au début, il va tout de suite vous dire "oui, moi, c'est pour mon usage personnel".
16:34 Donc déjà, d'après ses dires, vous êtes
16:36 obligés de le traiter
16:38 en usage et pas du tout en trafic. - Ah, en usage.
16:40 Donc une amende. - Non, ça, c'est
16:42 l'arbitrage du policier. Attention, ça c'est important.
16:44 C'est-à-dire que le policier, il peut décider
16:46 soit de faire une amende forfaitaire délectuelle,
16:48 soit de le traiter en délectuel.
16:50 Mais à Paris, par exemple, dans certains endroits de Paris,
16:52 on a une procédure simplifiée, ce qui est bien,
16:54 parce que vous avez beaucoup plus de consommateurs.
16:56 Mais en banlieue, par exemple,
16:58 vous avez une procédure. Donc déjà, il faut
17:00 que le collègue fasse un procès verbal d'interpellation,
17:02 il faut qu'il fasse tel nombre
17:04 de pages. - Alors, c'est le policier qui...
17:06 - Voilà. Ça veut dire qu'il va rester au commissariat
17:08 au moins deux heures pour rédiger sa procédure.
17:10 Si vous êtes sur une circonscription,
17:12 comme vous avez connu, madame la magistrate Créteil,
17:14 c'est à peu près 100 000 habitants.
17:16 - Mais alors, comment faire ?
17:18 - Et c'est un véhicule de police. - Mais il pourrait améliorer ça, non ?
17:20 - Mais oui, mais il faut renforcer la police judiciaire.
17:22 - Exactement. La police judiciaire et la police de voie publique,
17:24 que chaque... que les BAC fassent du boulot de BAC,
17:26 que les brigades territoriales de contact
17:28 fassent du contact
17:30 avec les commerçants, les gens qui ont droit
17:32 à un service public, même dans les quartiers,
17:34 et que les collègues de la police secours
17:36 arrêtent d'aller faire des gardes-hôpitals,
17:38 qui ne sont pas le boulot de...
17:40 On l'a vu avec l'affaire Palmade.
17:42 On a monopolisé un véhicule, 130 000 habitants,
17:44 on a mobilisé un véhicule avec 4 fonctionnaires
17:46 pour Pierre Palmade, parce qu'il était à l'hôpital.
17:48 - Je suis d'accord. - J'ai rien contre lui.
17:50 - Mais non, mais oui, c'est ridicule. - Mais l'hôpital du CAB,
17:52 les policiers, c'est pas une mission de police,
17:54 c'est des gens qui sont mis à la disposition
17:56 excusez-moi madame la magistrate,
17:58 mais de la justice, c'est pas aux policiers
18:00 de surveiller ces gens-là. - Bien sûr, on est d'accord.
18:02 - On a du boulot sur le terrain, et là où c'est compliqué,
18:04 là où le policier n'arrive plus à trouver sa place,
18:06 c'est que dans les médias, que ce soit sur les manifestations,
18:08 que ce soit sur le trafic de stupes,
18:10 que ce soit sur la prévention, la répression,
18:12 c'est toujours nous qui sommes les premiers.
18:14 On a l'impression qu'on est les représentants de l'État.
18:16 Et quand il y a une problématique dans une cité,
18:20 comme vous l'avez connue, Champigny-sur-Marne,
18:22 on l'a vu, on le voit aussi,
18:24 à Montelajolie, avec un mariage,
18:26 ben on s'attaque au commissariat, au mortier.
18:28 - Bien, merci à tous les deux.
18:30 Nous n'allons pas résoudre le problème ici.
18:32 Enfin, c'est bien d'en parler,
18:34 et c'est bien d'y réfléchir,
18:36 parce que qui a la solution ?
18:38 Pour l'instant, il n'y a pas une solution d'ailleurs.
18:40 Tout ce que j'entends,
18:42 c'est que nous avons les responsables politiques
18:44 de tous bords qui nous avancent des solutions.
18:46 Il n'y a pas une solution.
18:48 C'est tout un ensemble de réflexions qu'il faut conduire.
18:50 Bien, merci beaucoup.
18:52 - Merci. 9h56, vous êtes sur Sud Radio.
18:54 Merci de nous avoir suivis.
18:56 Ce matin, comme tous les matins,
18:58 8h30, 10h.
19:00 Alors, je vous annonce que lundi matin,
19:02 je serai là, et à 8h30,
19:04 mon invité sera la ministre des Sports.
19:06 Ce sera très intéressant, parce qu'il y a beaucoup de sujets
19:08 d'actualité avec elle, évidemment,
19:10 et évidemment, le début
19:12 très prochain, dans une semaine maintenant,
19:14 de la Coupe du Monde de rugby.
19:16 Vous savez que Sud Radio est la radio du rugby,
19:18 et nous allons consacrer des heures et des heures
19:20 d'antenne à cette Coupe du Monde de rugby.
19:22 Premier match, François Leblanc, dans 8 jours.
19:24 Après les infos,
19:26 Valéry Expert et Gilles Gansman
19:28 recevront le comédien Michel Faux
19:30 dans Sud Radio Média. Merci.
19:32 9h57.