Affaire Depardieu : une soixantaine d'artistes dénoncent un « lynchage » dans une tribune - Vidéo Dailymotion

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00:00 *Musique*

00:04 Benoît Poelvoorde, Nathalie Baille, Yvan Attal, Carla Bruni, Gérard Darmon, en tout une cinquantaine d'artistes et de personnalités signent une tribune en soutien à Gérard Depardieu.

00:13 Il est mis en examen pour viol et agression sexuelle, visé par plusieurs plaintes épinglées dans le documentaire "Complément d'enquête" sur France 2.

00:20 Il est fragilisé. La tribune sort aujourd'hui dans le Figaro et on reçoit ce matin sur Sud Radio l'un des signataires, Jean-Marie Rouard, membre de l'Académie française.

00:29 Bonjour et bienvenue.

00:31 Bonjour.

00:32 Bonjour Jean-Marie Rouard, un grand merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.

00:36 Racontez-nous d'abord pour quelle raison vous avez décidé de signer cette tribune.

00:40 Écoutez, c'est très simple. D'abord parce qu'on m'a demandé et ensuite parce que je m'aligne complètement sur la position du président de la République

00:50 qui a tenu des propos plein de sagesse sur cette question. Et en plus c'est toute ma position en général sur cette question.

01:01 On doit séparer complètement l'oeuvre des grands artistes, que ce soit des peintres, que ce soit des écrivains ou des maitres en scène, séparer l'oeuvre de leur vie.

01:12 Dans leur vie, les pauvres peuvent avoir des petites médiocrités, des grossièretés, mais ce qui est important c'est leur oeuvre.

01:20 Et en l'occurrence, l'oeuvre de Gérard Depardieu est immense, c'est un immense acteur, c'est une sorte de génie.

01:27 On se souvient de lui dans Cyrano de Bergerac, dans Le Dernier Métro, dans Uranus. C'est vraiment un immense acteur.

01:35 Alors, que lui tienne des propos grossiers, mais nous sommes en France, nous sommes dans le pays de Rabelais.

01:41 Si vous croyez que Rabelais n'est pas grossier, il y a une forme de gauloiserie qu'on doit pouvoir accréter.

01:47 - Mais est-ce que c'est de la gauloiserie au final de sexualiser une gamine de 10 ans comme on l'a vu, on l'a entendu dans le documentaire de Complément d'Enquête, c'est quand même choquant ça.

01:56 - Mais nous vivons dans l'univers de la pornographie, mais vous ne regardez pas la télévision.

02:02 Vous devriez voir tous les soirs, vous avez le porno qui est partout. Alors je trouve ça beaucoup plus grave.

02:07 Est-ce que ce n'est pas une atteinte à la femme beaucoup plus grave, la pornographie, que le propos salace de Gérard Depardieu ?

02:14 Eh bien, quels que soient les propos de Gérard Depardieu, on ne peut pas incriminer quelqu'un pour des propos.

02:22 Où sommes-nous ? Nous sommes dans le pays de la liberté d'expression, dans le pays de Rabelais, comme je vous l'ai dit.

02:28 Donc c'est un procès, je le trouve ridicule. Mais enfin, il me semble que derrière ce procès, il y a un autre procès, en fait.

02:34 C'est une chasse à l'homme qui vise peut-être l'homme qui a soutenu Poutine ou des choses comme ça.

02:41 Donc je crois que c'est vraiment un mauvais procès qu'on lui fait, un procès injuste et un procès qui, à mon avis,

02:48 va se retourner contre la ministre de la Culture. C'est ça qui est indigne. C'est qu'on fond la ministre de la Culture

02:55 et considérer qu'on ne peut pas être fier de Depardieu, mais on ne peut pas être fier de notre ministre de la Culture.

03:01 C'est absolument indigne. D'ailleurs, elle devrait en tirer les confusions et démissionner.

03:04 La ministre de la Culture qui avait, en l'occurrence, annoncé qu'il était nécessaire de repenser sur cette question de la Légion d'honneur

03:13 à retirer Gérard Depardieu. Et puis elle disait qu'il était une honte pour la France.

03:19 Mais moi je trouve que c'est une honte pour la France d'avoir une ministre de la Culture qui tient les propos pareils.

03:23 Alors vous parlez, Jean-Marie Rouart, de comportement, d'un discours. Gérard Depardieu a aussi été mis en examen pour Téfé,

03:32 pour viol et agression sexuelle. Alors il n'a pas été condamné, bien sûr. Il y aura un procès.

03:36 Quinze femmes l'accusent de violence sexuelle. Vous comprenez que ça puisse choquer cette tribune ?

03:42 Ça puisse choquer certains, certaines ?

03:43 Non, écoutez, moi je trouve, à partir du moment où vous avez un président de la République qui a tenu ses propos,

03:51 que je vous dis, de pleine sagesse, et je crois qu'il faut... Où en sommes-nous ?

03:57 Si vraiment toute dénonciation est considérée comme vérifiée, simplement parce qu'elle est tenue,

04:06 ses dénonciations sont renforcées par la presse, où allons-nous ? Je veux dire, c'est vraiment...

04:12 C'est les procès populaires, c'est la justice populaire. Non, il y a une justice, elle doit avoir lieu,

04:18 mais quelle que soit la décision de la justice, vous ne pourrez pas, même si le comportement de Gérard Depardieu

04:26 est inadéquat, vous ne pouvez pas empêcher que ce soit un grand artiste. Et c'est ça qu'il faut voir.

04:32 Bon, ensuite...

04:33 Mais cette tribune, c'est pas le risque, c'est pas de mettre la pression sur la justice ?

04:37 Vous dites qu'il faut la laisser faire ?

04:39 Non, je pense que ce sont deux choses complètement différentes. Vous avez d'un côté la justice,

04:46 qui doit suivre son cours, c'est-à-dire le juger, je ne veux pas m'en mêler, et de l'autre côté,

04:51 c'est le lynchage médiatique. Et c'est pour répondre à ce lynchage médiatique par des paroles de bon sens.

04:58 Et moi, vraiment, je me sens, d'une certaine façon, très féministe, je comprends très bien les féministes.

05:06 Je crois qu'elles se trompent de combat. Elles se trompent de combat, d'abord, sur la langue française,

05:11 très souvent, en voulant féminiser outrageusement la langue française. Je crois que c'est une erreur.

05:16 La malheureuse langue française n'est pour rien dans les mots qui touchent les femmes.

05:22 Et vous savez, moi, j'ai défendu les prostituées. Vraiment, c'est un de mes combats. Vraiment,

05:28 j'ai essayé de soutenir les prostituées. Et ça, la prostitution, c'est quelque chose de bien plus grave

05:34 à laquelle les féministes devraient s'intéresser, parce que c'est là le vrai malheur des femmes,

05:40 c'est du côté des prostituées qu'on trouve.

05:42 - La liste des signataires Carla Bruni, notamment Nathalie Baye, Gérard Dormon, José Daillon,

05:48 on a beaucoup d'influences, des personnes reconnues. On est loin, tout de même, ici,

05:54 du profil des femmes qui accusent Gérard Depardieu, non ?

05:58 - Écoute, ça n'a rien à voir. Moi, je crois que, vous savez, les artistes qui ont signé cette pétition,

06:04 ils expriment, à mon avis, l'opinion française, le peuple français. Le peuple français,

06:11 regardez, tout au long de son histoire, il a été plein de sagesse. Il comprend très bien,

06:17 il fait complètement la différence entre Depardieu et un violeur. Pour eux, Depardieu,

06:25 c'est un homme important parce qu'il leur a apporté du bonheur. Il leur a apporté,

06:28 grâce à ses interprétations dans des films merveilleux, il leur a apporté quelque chose,

06:33 il a donné une lumière à la vie. Je crois qu'il ne faut pas éteindre cette lumière.

06:38 Ça serait vraiment, ça serait quelque chose de barbare et on rentrerait un peu dans cette moralisation

06:44 qu'on voit chez des gens très excessifs comme Daesh. C'est Daesh qui détruit les statues.

06:49 Vous voyez, on est dans une moralisation extrême. C'est très dangereux. Évitons, restons, gardons

06:56 cet esprit de la France. - Jean-Marie Rouart, merci de nous avoir présenté les raisons

07:01 qui vous ont poussé à signer cette tribune dont qui dénonce l'henchage de Gérard Depardieu.

07:07 Merci à vous et très bonne journée. - Merci.

Affaire Depardieu : une soixantaine d'artistes dénoncent un « lynchage » dans une tribune

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