• il y a 6 mois
Avec Béatrice Brugère, secrétaire générale Unité magistrat et auteure de "Justice : la colère qui monte” éd. de l’Observatoire et Me Jérôme Goudard, avocat pénaliste

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2024-05-15##

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News
Transcription
00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06 Vérissure présente...
00:07 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 Bien, fourgon pénitentiaire attaqué dans l'heure, vous avez vu les images,
00:17 deux agents pénitentiaires tués, alarmes de guerre,
00:20 d'autres blessés, trois blessés, dont un grievement.
00:23 Les nouvelles sont plutôt rassurantes concernant cet agent-là,
00:29 pour parler du narcotrafic, parce que, apparemment,
00:32 même si nous n'avons pas la confirmation, apparemment,
00:35 le détenu qui a été libéré du nom de Mohamed Amra,
00:41 eh bien, peut-être, peut-être, aurait été à la tête d'un réseau de trafiquants, de stupéfiants,
00:47 pour parler du narcotrafic. Ce matin, nous avons deux invités,
00:51 Béatrice Brugère, qui est secrétaire générale d'unité magistrat,
00:54 et auteur de "Justice, la colère qui monte", aux éditions de l'Observatoire,
00:58 et puis, Maître Jérôme Goudart, avocat pénaliste. Bonjour.
01:02 Merci à tous les deux d'être là.
01:05 Dites-moi, on n'a pas la confirmation qu'il s'agit d'un trafiquant,
01:11 cet homme qui a été, ce détenu qui a été libéré de cette manière,
01:16 que c'est un trafiquant, mais tout de même,
01:18 tout de même, il a été condamné à de multiples reprises,
01:22 il est multirécidiviste.
01:24 La manière dont il a été extrait de son fourgon montre bien que,
01:31 peut-être, il s'agit d'une affaire de trafic de stupéfiants.
01:35 Non, c'était un trafiquant.
01:37 Béatrice Brugère ?
01:39 L'enquête le dira, évidemment, ou le confirmera,
01:41 ce qui est sûr, c'est qu'on est sur ce qu'on appelle, nous, le haut du spectre,
01:45 c'est-à-dire de la criminalité organisée,
01:47 et c'est vrai que souvent, la criminalité organisée, surtout quand on a ce profil-là,
01:52 est souvent liée avec le trafic de stupéfiants.
01:55 Moi, je ne connais pas, je sais simplement,
01:58 et ce qu'a dit la procureure de la République, Madame Bécuaud,
02:02 qu'il a se pensé, en effet, qu'on a affaire à quelqu'un de particulièrement dangereux,
02:07 puisqu'il était dans plusieurs affaires,
02:10 et qu'il avait d'autres affaires en cours, y compris sur Marseille,
02:16 sur la GIRS de Marseille, qui est une juridiction interrégionale spécialisée
02:20 sur la criminalité organisée. - Mais est-ce que la manière d'opérer,
02:23 Maître Goudard, la manière d'opérer de ceux qui sont allés libérer ce détenu,
02:28 pourrait prouver qu'il s'agit bien d'un trafiquant de drogue
02:33 qu'on voulait sortir de sa situation ?
02:37 - Oui, ce qui est assez déconcertant, c'est que ce détenu, personne ne le connaissait.
02:44 Personne ne le connaissait à l'heure. - La justice le connaissait, pardon.
02:47 - Oui, mais ce que je veux dire, on nous parle aujourd'hui du grand vendettisme,
02:49 et vous avez raison, les méthodes sont extrêmement,
02:53 en tout cas semblent extrêmement élaborées, mais ce qui est assez déconcertant...
02:56 - Violentes, élaborées, et sans hésitation aucune.
02:59 - Mais bien sûr, on voit bien que ce sont des personnes
03:01 qui sont manifestement de grands professionnels.
03:04 Néanmoins, ce monsieur, personne ne le connaissait.
03:07 Il n'était pas fiché au grand vendettisme,
03:10 il n'était pas DPS, c'est-à-dire détenu particulièrement surveillé,
03:13 alors oui, effectivement, il est mis en examen dans un certain nombre de dossiers,
03:17 criminels, mais c'est vrai qu'aujourd'hui,
03:21 enfin hier, personne ne le connaissait ce monsieur.
03:23 - Oui, alors, vous avez raison, pour le grand public,
03:26 je ne suis pas sûre que pour les acteurs, personne ne le connaissait,
03:29 puisqu'il était quand même plutôt bien connu de certains juges d'instruction,
03:33 mais en fait, c'est surtout que des profils comme ça, il y en a beaucoup.
03:37 - Bien sûr. - C'est surtout ça, en fait, la question,
03:38 c'est que, en détention, aujourd'hui, dans l'imaginaire,
03:43 on met des personnes qui ont roulé trop vite, etc.
03:46 Non, ce n'est pas vrai, en détention provisoire,
03:48 aujourd'hui, on a des gens qui ont des profils de ce type-là,
03:52 extrêmement violents, et vous avez raison de le dire,
03:55 la manière dont il a été, j'allais dire, évadé,
03:58 montre, on se croirait avec des cartels mexicains, c'est-à-dire que...
04:02 - Exactement, j'allais vous le dire. - C'est-à-dire, c'est méthodique...
04:06 - En Colombie et au Mexique, on agit de la même manière.
04:08 C'est-à-dire que ce qui se passe en Colombie et au Mexique,
04:11 serait aujourd'hui transféré...
04:15 - Oui, et votre question, elle est intéressante.
04:17 - En France ! - Parce qu'en fait, ça veut dire qu'aujourd'hui,
04:20 on n'a pas pris la mesure de tous ces profils, parce qu'il y en a plein,
04:24 qui sont des profils extrêmement dangereux,
04:26 ou potentiellement extrêmement dangereux, puisqu'on le voit,
04:29 et on a une difficulté qui n'est pas actuelle sur la sécurisation,
04:35 à la fois des détentions, des transferts, et des procédures.
04:40 - Alors, moi, je rejoins parfaitement Mme Brugère sur le fait
04:42 qu'il y a de plus en plus de profils comme ça,
04:44 mais ce qui est intéressant de noter,
04:45 c'est que dans les prisons, vous mélangez tout et n'importe qui.
04:49 Voilà, des profils comme celui-ci,
04:51 vous pouvez très bien avoir un petit jeune qui va se faire interpeller,
04:54 placé en détention provisoire dans un dossier de stup de petite ampleur,
04:58 et qui peut se retrouver avec un profil comme celui de ce monsieur.
05:02 Donc, là encore, il y aura un vrai débat,
05:04 parce que ces profils-là, qui ne sont pas encore des profils
05:08 particulièrement surveillés, mais des profils quand même assez sérieux,
05:11 peuvent être mélangés avec les autres.
05:12 - Et on peut se poser la question du lien avec la croissance
05:17 exponentielle du trafic de stupéfiants, quand même.
05:20 - Tout à fait. Alors, deux choses, si vous permettez.
05:22 D'abord, sur la manière dont on dit que certains sont DPS,
05:26 c'est-à-dire des détenus particulièrement surveillés.
05:30 Bon, je ne vais pas rentrer dans la technique,
05:32 mais il faut savoir qu'aujourd'hui, c'est compliqué
05:34 pour l'administration pénitentiaire, parfois,
05:37 parce que toutes ces mesures sont, d'ailleurs,
05:40 depuis un arrêt du Conseil d'État, susceptibles de recours.
05:43 Il faut voir qu'aujourd'hui, toutes les décisions
05:46 qui avant étaient des mesures d'ordre intérieur,
05:48 ça veut dire qu'en fait, la pénitentiaire avait un peu la main
05:51 sur la manière dont elle sécurisait ou dont elle hiérarchisait les détenus.
05:55 Aujourd'hui, tout est susceptible de recours.
05:57 Donc, cette capacité à dire un tel est DPS ou un tel ne l'est pas,
06:02 est extrêmement compliquée, y compris, pareil, pour les transferts.
06:06 On va pouvoir peut-être en parler,
06:08 mais si on fait venir un détenu et qu'on dit
06:13 "il faut tel niveau de sécurité",
06:15 derrière, ça veut dire qu'on a besoin des forces de sécurité intérieure.
06:19 Or, aujourd'hui, on n'a plus les moyens non plus de mobiliser,
06:22 ça c'est un vrai sujet de moyens pour le coup,
06:25 des forces de sécurité intérieure.
06:26 Du coup, parfois, on ne met pas au bon niveau
06:29 ces personnes en termes de sécurité.
06:31 Donc ça, c'est un sujet extrêmement important,
06:33 parce qu'aujourd'hui, malheureusement, on voit les résultats
06:36 sur lesquels il va falloir réfléchir.
06:38 Et sur les prisons, notre syndicat le dit depuis très longtemps,
06:41 sur ces profils-là, qu'il faut identifier de manière sérieuse et rigoureuse,
06:46 il est impératif de ne plus les mélanger avec d'autres détenus.
06:49 C'est pareil pour les radicaliser, d'ailleurs, au passage.
06:52 Il faut construire des prisons adaptées, avec des quartiers sécurisés.
06:57 - Et puis, pardon, on peut les entendre en distance.
06:59 Je vous excuse.
07:00 - Alors ça...
07:01 - C'est un vrai débat, parce que...
07:03 - Oui, vous savez...
07:04 - Alors oui et non.
07:06 - Oui et non.
07:07 - Je vous...
07:08 - Non, je vous dis ça, parce que...
07:09 - Allez-y, allez-y.
07:10 - Le point de vue de l'avocat, parce qu'on passe nos vies
07:13 dans les bureaux d'instruction et en audience.
07:16 Le point de vue de l'avocat, c'est que...
07:18 c'est pas du tout la même chose lorsque vous jouez la libération d'un monsieur
07:23 qui va comparaître à la maison d'arrêt de Beauvais,
07:27 qui va être dans son petit box.
07:29 On va pas bien l'entendre.
07:30 "Ah, on vous entend pas bien, monsieur."
07:32 "Ah, mais moi non plus, je vous entends pas bien."
07:33 On va lui poser des questions extrêmement importantes
07:36 sur le fond de son dossier.
07:37 Il va être là à tendre l'oreille.
07:39 Moi, la dernière fois, j'étais à la maison d'arrêt de Beauvais
07:41 et on avait en même temps des tirs de mortier à la maison d'arrêt.
07:45 C'est vrai qu'on n'est pas dans des conditions optimales
07:47 pour pouvoir répondre à des questions,
07:48 surtout que ces questions-là, les réponses que vous allez donner
07:51 vont vous poursuivre des années...
07:53 - Oui, mais enfin là, en l'occurrence...
07:55 Pardon, en l'occurrence, c'était quand même un multirécidiviste,
07:58 quelqu'un que la justice connaissait et que l'administration...
08:02 - On est plus proche de nos juges.
08:03 Il faut qu'on...
08:04 Les justiciables doivent être proches de leurs juges.
08:07 La visioconférence, ça ne marche pas bien.
08:10 - Alors moi, je dis oui et non.
08:11 Oui, parce qu'il y a des actes sur lesquels on vient juste pour signer.
08:14 Il n'y a pas de raison de mettre en branle
08:16 autant de moyens pour ce genre d'actes.
08:18 Donc là, il faut arrêter.
08:19 Et oui, parce que, en effet, ça peut faciliter la sécurité.
08:24 Non, parce qu'aujourd'hui, on n'a pas les moyens.
08:25 C'est ce que vous êtes dit exactement,
08:27 d'avoir des conditions.
08:28 Mais c'est incroyable, en 2024,
08:30 qu'on ne puisse pas faire des visios qui soient de bonne qualité.
08:34 Et surtout, et ce n'est pas que ça,
08:36 il faut avoir derrière des agents pénitentiaires
08:38 qui soient là pour surveiller.
08:40 Et il faut sécuriser aussi les procès.
08:42 C'est-à-dire qu'il faut que la visio et le PV
08:44 ne se baladent pas non plus en détention.
08:47 Donc en fait, ça veut dire derrière...
08:48 Ça semble un peu idiot ce que je dis, de bon sens.
08:52 Pouvoir sécuriser la visio.
08:54 On n'est pas encore au rendez-vous.
08:56 Pourquoi ? Je ne sais pas.
08:57 Mais vous avez raison.
08:58 Il y a des endroits où on devrait faire plus de visio.
09:00 Pas toutes, je suis d'accord avec vous.
09:02 Il y a des interrogatoires où on a besoin,
09:04 j'allais dire, d'une confrontation,
09:06 et c'est important, avec le juge.
09:08 Mais pas toutes, non.
09:09 Je pense qu'on peut largement améliorer le système.
09:11 - Largement améliorer le système.
09:13 Bon, il est 9h43.
09:14 Je vais quand même parler du narcotrafic.
09:16 On va en parler parce que, dans le fond,
09:19 c'est sans doute, sans doute,
09:22 la question, le problème, évidemment.
09:26 À tout de suite, 9h43.
09:27 Vous êtes sur Sud Radio.
09:28 Une France submergée par le narcotrafic,
09:45 c'est le constat du rapport sénatorial
09:47 qui a été publié.
09:48 Six mois d'investigation.
09:49 Le trafic s'infiltre partout
09:51 avec une violence exacerbée.
09:53 Un flot qui monte inexorablement,
09:55 écrivent les auteurs de ce rapport.
09:57 Il y a une emprise grandissante sur des quartiers,
09:59 exposant leurs habitants à une vie quotidienne insoutenable,
10:02 rythmée par les incivilités, l'insécurité,
10:05 la dégradation des équipements collectifs,
10:08 ponctuée de règlements de compte ultra-violents
10:10 entre gangs, rivaux, qui débouchent parfois
10:12 sur l'assassinat de victimes collatérales.
10:14 Il y a une sorte de contre-société qui se met en place.
10:18 Nous allons en parler, mais, mais,
10:20 on parlera aussi, et on parle aussi dans le cadre du narcotrafic,
10:24 de la corruption.
10:26 Est-ce que la prison est l'endroit,
10:28 le lieu le plus corrompu de France ?
10:31 - Écoutez, on en discutait il y a quelques secondes.
10:35 Je pense que sur...
10:37 Dans un état comparatif, on peut dire que la prison
10:40 est un endroit qui est extrêmement corrompu.
10:43 Voilà. Extrêmement corrompu.
10:44 - Ça veut dire quoi ?
10:45 Ça veut dire que la corru... Tout le monde est corrompu.
10:48 Tout s'achète. En prison.
10:50 Mais tout s'achète. Ça veut dire que même l'administration s'achète.
10:54 - J'en fais pas une généralité,
10:56 mais vous avez pu avoir, il y a quelques années,
10:58 il n'y a pas si longtemps,
11:00 des affaires assez retentissantes.
11:01 Je pense notamment au centre pénitentiaire de Fresnes.
11:03 Je pense que vous êtes au fait, madame Brugère.
11:06 - Oui. En fait, c'est toujours un sujet très délicat,
11:09 parce qu'il ne faut pas jeter l'eau propre sur toute une profession
11:12 qui est quand même...
11:14 - Qui est morfille. - Voilà. Très difficile.
11:16 Mais d'ailleurs, récemment,
11:18 je crois qu'il y a eu des fouilles qui ont été demandées.
11:22 On a trouvé un nombre incroyable de stups,
11:26 de téléphones, tout le monde le sait.
11:28 En effet, on fait rentrer beaucoup trop de choses en détention.
11:32 Et comme certaines personnes ont beaucoup d'argent,
11:35 puisque le trafic continue en détention,
11:37 je lisais qu'un détenu sur cinq, je crois, fume du cannabis.
11:41 Bref, tout continue, la vie continue en détention.
11:44 Il y a un vrai sujet, parce que comme il y a beaucoup d'argent,
11:46 évidemment, c'est une capacité pour corrompre
11:49 des personnes qui parfois ne sont pas très bien rémunérées,
11:51 et qui sont dans des conditions de travail très difficiles.
11:54 Donc oui, c'est un sujet majeur, et on parle d'une corruption à bas bruit.
11:58 Ce n'est pas obligatoirement des choses très importantes.
12:00 Mais ça, c'est pointé de façon extrêmement intéressante par ce rapport,
12:04 parce que c'est un non-dit.
12:06 Parce que justement, c'est un sujet un peu délicat.
12:09 - Mais il n'y a pas que la détention... - Comme la corruption dans les ports,
12:12 des dockers, comme la corruption dans de diverses administrations, évidemment.
12:17 Mais d'ailleurs, le rapport va plus loin.
12:19 De toute la chaîne, en vrai. Toute la chaîne peut être corrompue.
12:22 Y compris maîtres, les avocats, y compris...
12:25 - Les magistrats ? - Les magistrats, les préfets...
12:29 Tout le monde peut être corrompu, en vrai.
12:31 - Il y a quand même des endroits qui sont plus propices à la corruption.
12:34 La prison, quel est le problème ?
12:36 C'est un manque exponentiel de moyens.
12:39 Exponentiel. À partir du moment où vous avez un manque de moyens,
12:42 comme c'est le cas pour la prison,
12:44 vous achetez la paix sociale.
12:46 Et il faut arrêter de se voiler la face.
12:48 Je ne sais pas si ça intéresse le grand public,
12:50 mais la vérité, elle est là.
12:52 On achète la paix sociale avec le cannabis,
12:54 on achète la paix sociale avec les téléphones portables,
12:57 et ça s'arrête là, parce que sinon c'est l'insurrection.
13:01 Et vous parlez avec beaucoup de professionnels pénitentiaires,
13:04 et ils vous répondront exactement la même chose.
13:06 On le vit au quotidien, nous, la prison, partout en France.
13:09 Et c'est malheureusement comme ça que ça se passe de plus en plus.
13:12 - Bien. Le narcotrafic. - Oui.
13:14 - Parlons. Qu'est-ce que vous voulez dire, Béatrice Magénat ?
13:16 - Oui, le narcotrafic, ce rapport est extraordinaire.
13:19 Je trouve d'abord... - Oui, de vérité.
13:22 - Non mais il est extrêmement intéressant, ce rapport,
13:24 par sa rigueur intellectuelle,
13:26 par ses propositions, parce qu'il ne se contente pas
13:29 de faire une photographie d'un état des lieux dont on a besoin, bien sûr,
13:32 mais il va très loin, et surtout il a une vision globale de la problématique.
13:36 Souvent on a des rapports qui sont juste sur un petit morceau,
13:39 si vous voulez, du problème.
13:40 Là, en fait, il balaye tout le trafic,
13:43 j'allais dire depuis l'importation jusqu'à la condamnation et post-condamnation.
13:48 Donc ça, c'est très intéressant,
13:50 et surtout il fait des préconisations à effet immédiat.
13:53 On voit que tous les ministères sont concernés,
13:55 ministère des Affaires étrangères, coopération internationale,
13:58 ministère de l'Intérieur sur tous les aspects de sécurisation,
14:01 ministère de la Justice sur les process, les procédures,
14:03 l'application du droit, l'application de la peine, etc.
14:06 Donc ce rapport, il est formidable,
14:08 et je regrette même que ce ne soient pas les ministères qui les produisent,
14:12 que ce soit le Sénat qui les fait.
14:14 Et il faut s'en inspirer.
14:16 C'est une feuille de route pour, justement,
14:19 pouvoir peut-être renverser aujourd'hui une situation
14:22 qui est quand même très problématique.
14:24 - Alors, les sénateurs alertent sur le risque très élevé de corruption d'agents publics et privés,
14:30 on vient d'en parler, d'intermédiaires,
14:32 indispensables à la conduite du trafic,
14:35 parce que, on parle beaucoup des consommateurs,
14:37 mais parlons des trafiquants.
14:39 Ces trafiquants qui sont souvent à l'étranger,
14:43 qui vivent souvent à l'étranger,
14:46 sans être inquiétés.
14:48 Toutes ces têtes de réseau du narcotrafique,
14:50 particulièrement aux Émirats Arabes Unis, par exemple,
14:53 considérées comme un havre de paix,
14:55 sans être inquiétés.
14:58 Aucunement.
15:00 - Alors, j'ai envie de vous dire "Alléluia".
15:05 Alléluia, parce qu'on nous parle de submersion depuis hier.
15:08 Les professionnels, on est quand même au fait,
15:12 depuis bon nombre d'années que ça se passe comme ça,
15:15 on a l'impression qu'on débarque, et qu'on découvre.
15:17 Bon, évidemment pas le cas.
15:19 Ce travail de la Commission,
15:21 et je pense en partie très bien,
15:24 très bien parce que ça met le doigt sur des choses essentielles.
15:26 On s'interrogeait de savoir, est-ce qu'il faut taxer les consommateurs, etc.
15:30 La vérité c'est quoi ?
15:31 La vérité c'est que, le spectre, comme vous dites,
15:34 c'est l'international.
15:36 Et ce qui est formidable dans ce rapport,
15:38 c'est que pour la première fois, on met le doigt sur les coopérations judiciaires.
15:41 En Europe, les coopérations judiciaires avec d'autres pays, à l'étranger.
15:45 C'est très bien.
15:46 - Et dans les hommes-d'homme.
15:47 - Bien sûr.
15:48 Le problème de ce rapport, à mon sens,
15:51 c'est qu'il va faire une généralité,
15:55 et il criminalise quelque part le trafic de stups,
15:59 comme on le fait à peu près avec le terrorisme.
16:02 Il criminalise le trafic de stups,
16:04 et à la même occasion, il réduit considérablement les droits de la défense.
16:08 J'ai envie de vous dire à quoi servent les avocats,
16:10 après qu'on ait lu ce rapport.
16:12 - Non mais d'accord, mais enfin...
16:15 Le rapport établit une vérité.
16:18 La réalité.
16:20 Vous ne la contestez pas.
16:22 - Non, la réalité je la conteste pas.
16:24 Je dis simplement que les moyens y sont essentiels.
16:26 En revanche, réduire les droits de la défense,
16:29 ça me semble, en l'état, extrêmement dangereux.
16:31 - Oui, alors, j'ai pas tout à fait la même lecture,
16:34 mais j'entends la critique.
16:35 Moi, je trouve qu'il met le doigt sur tout ce qui paralyse la procédure,
16:39 et tout ce qui désarme souvent la procédure, ou l'affaiblit.
16:43 Donc après, ce rapport, pour moi,
16:46 ça va être la possibilité d'avoir un débat intelligent,
16:49 puisque le constat est posé,
16:52 les propositions sont intéressantes,
16:54 il va falloir les débattre,
16:55 et voir comment on peut les mettre en œuvre.
16:57 Donc chacun, évidemment, avec sa vision des choses.
17:00 Mais on a quand même des difficultés procédurales aujourd'hui,
17:02 qui sont extrêmes.
17:03 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le système des nullités,
17:06 le système, si vous voulez, des demandes excessives,
17:09 de l'abus de droit,
17:10 la possibilité de ne pas pouvoir sécuriser des procédures
17:13 où on a des narcotrafiquants extrêmement dangereux,
17:16 posent des difficultés.
17:18 Il faut les résoudre, il faut les résoudre, ces problèmes-là.
17:20 - Oui, par exemple, la Commission propose l'allongement de la durée possible
17:24 de la détention provisoire dans les affaires liées aux stupéfiants,
17:26 de 2 ans à 4 ans.
17:28 - Oui, mais parce qu'on n'a pas de moyens !
17:30 - Moi, je vais vous dire...
17:31 - On va vous dire, parce qu'on n'a pas de moyens,
17:33 on va prendre quelqu'un qui potentiellement peut être relaxé
17:36 dans un dossier de stup,
17:37 ou qui peut bénéficier d'un non-lieu,
17:39 mais il va passer 4 ans en prison,
17:41 je veux dire, on marche sur la tête.
17:42 - Alors, la réalité, vous avez raison en partie,
17:44 c'est qu'aujourd'hui, la durée moyenne d'une procédure à l'instruction
17:49 est de 4,9 mois, à peu près, on va dire.
17:53 Donc, et puis...
17:54 C'est fou, c'est très très long.
17:56 - Ah, pardon, excusez-moi, année.
17:59 - C'est une révolution.
18:00 - On est presque à 5 ans, la durée moyenne.
18:03 Non, 49 mois, je vais y arriver.
18:05 Donc, en fait, c'est beaucoup trop long.
18:07 Et vous avez raison, on voit que pour ces procédures
18:10 qui sont à l'instruction, en grande partie,
18:12 en fait, la durée de la détention provisoire est trop courte.
18:15 Mais c'est une question de moyens,
18:17 mais c'est aussi une question de procédure.
18:19 C'est-à-dire qu'à l'instruction, les procédures sont parfois trop longues.
18:23 - Alors, le rapport dit aussi que l'administration carcérale,
18:26 l'administration pénitentiaire, ne joue pas son rôle
18:29 de mise à l'écart des trafiquants.
18:31 Parce que l'administration pénitentiaire
18:34 est insuffisamment informée.
18:37 - Ah, non mais...
18:39 - Informée de la dangerosité, c'est peut-être aussi l'une des raisons
18:42 pour lesquelles ce trafiquant, je ne sais pas s'il l'est,
18:46 on verra bien, l'enquête le dira,
18:48 mais cet homme a été transféré sans grande sécurité.
18:53 - Oui.
18:54 - Parce que ses fourgons n'étaient pas blindés,
18:56 les agents pénitentiaires sont peu armés ou mal armés,
19:00 enfin bon, on ne s'attendait pas évidemment à ce qui s'est passé.
19:03 - Alors, il y a eu une révolution dans la pénitentiaire,
19:05 c'est quand même la création du renseignement pénitentiaire,
19:07 sur lequel Christiane Taubira était d'ailleurs totalement opposée,
19:10 et qu'on doit en partie à Jean-Jacques Urvoas.
19:12 Ce renseignement pénitentiaire, on voit très bien qu'il est essentiel,
19:15 justement, pour avoir la bonne information.
19:17 Mais la question aujourd'hui, c'est le partage de l'information.
19:20 C'est-à-dire que l'information, parfois, elle existe,
19:22 mais elle n'est pas partagée au bon endroit.
19:24 Donc oui, il faut continuer à augmenter la capacité du renseignement,
19:29 en général, et du renseignement pénitentiaire en particulier.
19:33 - Bien, merci à tous les deux.
19:35 Je suis obligé d'interrompre ce débat parce que le temps passe,
19:37 c'est formidable, ça va vite, ça prouve que c'est bien,
19:40 et que ça nous passionne.
19:41 Il est 9h56, merci d'être avec nous dans un instant.
19:44 Sud Radio Média, avec Christine Bouillaud et Gilles Gansman,
19:47 invité le réalisateur Serge Bonafousse.
19:51 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
19:56 - Avec Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
19:59 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.

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