Troupes occidentales bientôt en Ukraine ?, logiciel impérial russe

  • il y a 7 mois
Avec Eric Dénécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement ; Caroline Galactéros, politologue, docteure en sciences politiques. Elle dirige le think tank GEOPRAGMA ; Jean-Robert Raviot, professeur en études russes à l'université Paris-Nanterre, auteur de "Le logiciel impérial russe" publié aux éditions de l'Artilleur.

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##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-02-27##

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Transcript
00:00:00 [Musique]
00:00:02 Sud Radio Berkhoff dans tous ses états.
00:00:05 [Musique]
00:00:06 La Russie ne peut pas gagner en Ukraine, mais que maintenant elle a décidé de nous attaquer nous-mêmes.
00:00:10 [Musique]
00:00:24 Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des trous de sol,
00:00:32 mais en dynamique, rien ne doit être exclu.
00:00:36 Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre.
00:00:39 [Musique]
00:00:48 Nous sommes en guerre.
00:00:50 Ah là là, depuis qu'il le dit Emmanuel Macron, nous sommes en guerre, depuis pratiquement trois ans,
00:00:57 et bien ça y est, ça y est, sommes-nous en guerre.
00:01:01 Écoutez, on va le voir, on va le voir, mais enfin, d'après ce qu'on entend depuis samedi,
00:01:08 au salon de l'agriculture d'abord, hier à la conférence internationale de soutien à l'Ukraine, tenue à Paris,
00:01:16 et bien on peut se poser un certain nombre de questions, n'est-il point ?
00:01:22 Et les réactions sont nombreuses, et nous allons en parler.
00:01:25 Nous allons en parler avec deux personnes qui connaissent bien la question,
00:01:28 deux politologues, deux... Eric Dénessé, Eric Dénessé, directeur du Centre français de recherche sur l'enseignement,
00:01:35 renseignement, pardon, et Caroline Galacteros, qui est docteure en sciences politiques et qui dirige le think-tank Géopragma.
00:01:42 Mais surtout, on va essayer de comprendre ce qui se passe. Est-ce qu'on est en guerre avec la Russie ou pas ?
00:01:47 Est-ce que la Russie veut vraiment envahir l'Europe ou pas ?
00:01:50 On va en parler, je crois que ça mérite quelques réflexions, et surtout, en seconde partie de cette émission,
00:01:57 surtout restez avec nous, parce que vous allez avoir un professeur, non seulement russophone,
00:02:04 mais professeur en études russes et post-soviétiques à l'Université Paris-Nanterre,
00:02:08 qui est à Moscou, au collège de Moscou et de Saint-Pétersbourg, Jean-Robert Raviot,
00:02:12 qui a écrit "Le logiciel impérial russe".
00:02:15 Et il est très important aussi de prendre le temps long pour expliquer tout cela
00:02:20 et ne pas être uniquement dans les cumes et la réaction du moment.
00:02:25 Et puis évidemment, nos perles, nos huées, nos bravos, vous allez voir, accrochez vos ceintures, c'est parti !
00:02:33 Sud Radio, votre intention est notre plus belle récompense.
00:02:37 Vous nous faites vivre les matchs de la façon que vous les commentez,
00:02:39 que ce soit la Pro D2 ou le Top 14, c'est que du bonheur.
00:02:41 Voyez, il n'y a pas besoin de divorcer avec vous, c'est comme si on y était.
00:02:44 Sud Radio, parlons vrai.
00:02:46 Ici Sud Radio.
00:02:50 Les Français parlent au français.
00:02:55 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:02:58 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:03:01 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:03:05 Il y a plus de 80 ans, nous allions pendre notre linge sur la ligne Siegfried.
00:03:10 Est-ce qu'aujourd'hui, en 2024, est-ce que nous allons pendre notre linge sur la ligne Poutine ?
00:03:18 Ou allons-nous effectivement pendre notre linge quelque part ?
00:03:23 Est-ce que les soldats vont aller en guerre ?
00:03:26 Question, on en parle tout de suite et longuement.
00:03:30 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:03:33 Le fait du jour.
00:03:35 Quel linge, quel linge.
00:03:37 Est-ce que c'est le linge sale qu'on doit laver en famille ?
00:03:40 Ou c'est le linge propre qui peut-être n'a pas très envie de tâche de sang ?
00:03:45 Ce n'est pas vraiment sa vocation.
00:03:47 En tout cas, hier, conférence internationale de soutien réunissant 21 chefs d'État et de gouvernement à l'Élysée,
00:03:55 Emmanuel Macron a exprimé sa détermination à soutenir l'Ukraine face à la Russie.
00:04:00 Très bien. Beaucoup de réactions, comme on sait.
00:04:04 Beaucoup d'inquiétudes, beaucoup d'émotions, beaucoup d'appui aussi.
00:04:09 Alors on va en parler. On va en parler avec Caroline Galactéros.
00:04:13 Bonjour Caroline.
00:04:15 Bonjour.
00:04:16 Bonjour.
00:04:17 Bonjour.
00:04:18 Qui dirige le think tank Géopragma.
00:04:20 Et avec Éric Dénessé, directeur du Centre français de recherche sur l'ancien humain.
00:04:25 Bonjour Éric Dénessé.
00:04:26 Bonjour.
00:04:27 Alors on va essayer de comprendre un peu ce qui se passe.
00:04:32 Parce que l'impression qu'on a, qu'au-delà des émotions, au-delà des effets de manche,
00:04:37 au-delà vraiment de quelque chose qui est là,
00:04:40 on a l'impression en tout cas qu'on revient au temps les plus fort de la guerre froide.
00:04:46 Je parle de temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, ou de 50 ans même.
00:04:51 Mais enfin quand même, il y a quelque chose.
00:04:53 Russie, Occident, des deux côtés.
00:04:55 Poutine qui dit "ça suffit l'Occident, vous allez un peu trop loin etc."
00:05:00 Les autres qui disent "Poutine ne peut pas gagner, en aucun cas il faut laisser la Russie gagner,
00:05:05 ce n'est pas possible, c'est l'Europe, c'est notre guerre, c'est notre guerre européenne."
00:05:10 Éric Dénessé, effet de manche, effet de verbe, ou effectivement réalité ?
00:05:17 Je pense qu'il y a trois choses.
00:05:20 Il y a, malheureusement il faut le dire, c'est une réaction qui relève totalement du délire de la part du chef de l'État.
00:05:26 Mais ce n'est pas la première fois, on l'a vu ces dernières semaines,
00:05:30 parler d'une possible européanisation de la force de frappe.
00:05:33 Sa volonté a été aussi de signer un traité, plus exactement un accord avec Zelensky.
00:05:39 À la fois il y a un véritable délit de la réalité,
00:05:42 et puis il y a surtout un manque de légitimité,
00:05:44 des actions comme celle-ci ne peuvent pas être décidées
00:05:46 sans qu'il y ait un débat national au niveau du Parlement, voire au-delà.
00:05:50 Et donc des effets de manche certainement,
00:05:52 mais surtout quelque chose qui dépasse ses prérogatives
00:05:55 dans un contexte aussi important de celui que pourrait être une possible guerre,
00:05:59 donc de l'envoi de troupes sur les frontières russo-ukrainiennes.
00:06:03 Oui, alors justement, vous dites délit de réalité, vous dites le Parlement.
00:06:08 Karolyn Galakteros, ce qui frappe aussi, enfin depuis quelques jours,
00:06:11 mais ça date juste avant de vous donner la parole,
00:06:16 je voudrais vous faire entendre deux sonores, trois sonores exactement d'Emmanuel Macron,
00:06:21 l'un qui a été prononcé, écoutez le premier,
00:06:23 qui a été prononcé en plein salon de réculture le soir, samedi soir, écoutez.
00:06:27 On doit aujourd'hui renforcer notre posture, donner de la visibilité,
00:06:32 nous réengager encore davantage,
00:06:34 mais aussi comment crédibiliser le fait que la Russie ne peut pas gagner en Ukraine,
00:06:39 mais que maintenant elle a décidé de nous attaquer nous-mêmes.
00:06:41 Et donc on doit accepter aussi de mener des actions nouvelles, c'est ça dont on va parler lundi.
00:06:46 Alors tout de suite après, donc lundi soir, justement, on va parler de ça lundi,
00:06:50 disait Emmanuel Macron, et bien lundi c'était hier, et bien il y avait la réunion,
00:06:54 et voici dans son allocution d'introduction, voici ce qu'a dit Emmanuel Macron, entre autres.
00:07:00 Sur la première question, tout a été évoqué ce soir, de manière très libre et directe.
00:07:05 Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle,
00:07:10 assumer et endosser des troupes de sol, mais en dynamique, rien ne doit être exclu.
00:07:18 Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre.
00:07:21 Et en parallèle, j'ai pu noter qu'à peu près tous les pays représentés autour de cette table
00:07:26 ont pu dire à travers la voix de leurs dirigeants, ou de leurs ministres,
00:07:31 de dominantes personnalités, comme d'ailleurs beaucoup des organisations internationales auxquelles nous prenons part,
00:07:37 on peut dire que le consensus, l'analyse collective était que d'ici à quelques années,
00:07:44 il fallait s'apprêter à ce que la Russie attaque les dix pays.
00:07:49 Et donc très clairement, la lucidité est là, et le constat collectif est que,
00:07:55 au fond, notre sécurité à tous est aujourd'hui en jeu.
00:07:59 Voilà, c'est dit de façon très claire.
00:08:03 Alors Primo dit "attention, il n'y a pas encore de consensus pour envoyer des troupes, mais il y a une dynamique".
00:08:10 En revanche, ajoute-t-il le président de la République,
00:08:14 il y a un consensus pour dire que la Russie va nous attaquer.
00:08:18 Il ne dit pas "peut nous attaquer", il dit "va nous attaquer dans un mois, dans un an, il faut être prêt".
00:08:26 Ca s'appelle l'entretien de la prophétie autoréalisatrice.
00:08:33 C'est-à-dire qu'au bout d'un moment, quand tout est fait depuis des années et des années,
00:08:40 pour faire monter la tension, pour pousser la Russie à la faute,
00:08:44 aujourd'hui toutes les preuves sortent.
00:08:46 Aujourd'hui, même le New York Times vient de liquer, de faire fuiter l'existence depuis 2014
00:08:53 de plus d'une dizaine de bases secrètes de la CIA en Ukraine sur la ligne de front avec la Russie.
00:08:58 On peut en parler pendant trois heures, ça n'arrête pas.
00:09:02 Donc on est aujourd'hui dans une situation très grave,
00:09:06 où pour moi le président ne se rend pas bien compte manifestement de ce qu'il fait.
00:09:12 C'est totalement irresponsable, c'est totalement incendiel,
00:09:15 et c'est surtout un renversement logique ahurissant si vous voulez.
00:09:20 Parce qu'il dit "on ne peut pas permettre et on ne va pas permettre,
00:09:25 et on va faire tout ce qu'il faut pour ne pas permettre que la Russie gagne".
00:09:30 Mais est-ce qu'il est au courant que la Russie a déjà gagné militairement ?
00:09:37 Et donc, quand on dit, il ne faut pas l'ignorer, il est renseigné,
00:09:42 il sait les choses militairement,
00:09:46 qu'est-ce que ça veut dire dire "on ne peut pas permettre que la Russie gagne" ?
00:09:51 Ça veut dire double down, ça veut dire en remettre une couche,
00:09:54 ça veut dire refuser l'évidence, ça veut dire nourrir l'escalade,
00:09:58 et donc relancer la guerre au lieu de s'arrêter,
00:10:02 au lieu de tenir compte des faits, au lieu de se demander.
00:10:07 Ce qu'on peut faire de plus utile, c'est avoir le courage de la paix,
00:10:11 c'est négocier, c'est trouver des interlocuteurs immédiatement pour le faire,
00:10:14 et arrêter le massacre qui n'est pas un massacre tellement des Russes,
00:10:20 il y a des pertes russes et un coût pour la Russie très lourd,
00:10:23 c'est le peuple ukrainien qui est en train de mourir,
00:10:26 donc on est à rebours de tout ce qu'on raconte nous-mêmes,
00:10:30 c'est-à-dire sauver l'Ukraine, mais ça veut dire la sacrifier et la sauver ?
00:10:33 C'est n'importe quoi !
00:10:35 Alors justement, ce n'importe quoi que vous dénoncez, Caroline Galactéros,
00:10:39 Eric Dénézé, il y a quelque chose d'étonnant, parce que tout de suite après,
00:10:44 il y a eu le Premier ministre néerlandais Mark Rutte,
00:10:47 à assurer que cette question de l'envoi de troupes au Sone n'a jamais été à l'ordre du jour,
00:10:51 il le dit, Mark Rutte, "beaucoup de gens qui disent jamais jamais,
00:10:54 étaient les mêmes qui ne disaient jamais des tanks, etc.", dit Emmanuel Macron,
00:10:58 l'envoi de troupes occidentales en Ukraine n'est pas du tout avec l'actualité pour l'instant,
00:11:03 à tenu à préciser le Premier ministre suédois, qui vient d'entrer à l'OTAN,
00:11:07 Chris Herson. Alors, qu'est-ce qui se passe ?
00:11:10 Est-ce que c'est, encore une fois, je remets la question,
00:11:13 est-ce que Emmanuel Macron lance comme ça des, je ne sais pas si on peut appeler des boulets,
00:11:19 ou des cocktails molotov, est-ce que c'est pour effectivement,
00:11:24 parce qu'on l'a dit, j'inventorie un tout petit peu, on a dit,
00:11:28 oui les gens sont prêts, il y a tout ce côté, je voudrais réagir là-dessus,
00:11:33 tout ce côté des multinationales, notamment, surtout américaines,
00:11:37 qui ont acheté les deux tiers ou la moitié des terres ukrainiennes,
00:11:41 et qui les développent, et on sait ce qui se passe avec l'agriculture ukrainienne,
00:11:45 et les poulets, est-ce qu'il y a quelque chose, en tout cas,
00:11:48 qui est de l'ordre, on voit très très bien la montée, le bruit de bottes,
00:11:52 mais on a l'impression que c'est effectivement une espèce de théâtre,
00:11:55 qui peut devenir tragique, Éric Dénessé.
00:11:58 Oui, c'est tout à fait le mot, c'est ubuès, qu'on a là,
00:12:01 une comédie à Del Arte qui est en train de se mettre en place,
00:12:04 avec, généralement, en tant qu'analyste, je ne m'engage pas sur les questions politiques,
00:12:09 mais avec Macron qui croit à ses délires, et on se demande si cet homme ne rêve pas
00:12:12 d'être président de l'Europe, de diriger une armée européenne,
00:12:15 de s'affirmer comme le leader du monde occidental,
00:12:19 or États-Unis contre Moscou, tout ça dans pas de sens.
00:12:21 Je ne sous-estime pas non plus deux autres éléments,
00:12:25 mais ce qui est clair, qui sont tous partagés avec les pays de l'OTAN,
00:12:28 c'est que depuis que Trump et les Américains lui ont dit
00:12:31 que s'il est élu, le financement de la défense européenne ne sera pas le même,
00:12:36 ils ont besoin de faire monter la peur de la Russie
00:12:38 pour justifier l'accroissement des budgets de défense.
00:12:40 Et le dernier aspect, bien sûr, l'exposition de ce discours à des fins internes
00:12:46 pour faire diversion par rapport à un certain nombre de problèmes.
00:12:48 Toutefois, on relèverait une contradiction fondamentale.
00:12:51 D'un côté, Macron, comme les autres dirigeants européens,
00:12:54 ne cesse de nous dire qu'il y a une menace russe
00:12:56 en échéance de trois, cinq ou huit ans.
00:12:58 Et en même temps, ils nous disent que cette armée russe a connu la défaite en Ukraine,
00:13:02 elle est stratégiquement affaiblie, elle a perdu beaucoup de pertes.
00:13:06 Donc tout ça ne tient pas la route.
00:13:07 Et j'insiste sur un dernier point, la Russie compte 145 millions d'habitants.
00:13:11 L'Union européenne, plus de 400 millions sans compter les États-Unis.
00:13:15 Si on met la totalité des budgets de l'OTAN
00:13:17 et des populations de l'OTAN d'un côté face à la Russie,
00:13:20 on a sept fois plus d'habitants dans les pays de l'OTAN qu'en Russie
00:13:26 et un budget de défense 14 fois supérieur à celui de la Russie.
00:13:29 Donc tout ça, c'est vraiment une énorme mascarade.
00:13:32 Oui, c'est-à-dire qu'on ne voit pas...
00:13:35 D'ailleurs, c'est très intéressant de voir que les Américains,
00:13:39 là, depuis quelques jours, sont en tout cas un peu hors de ça.
00:13:43 Pas Biden, bien sûr, qui continue à demander au Congrès ses 60 milliards ou plus.
00:13:48 Mais pour le reste, ils ont la dernière impression, vraiment,
00:13:51 vous allez me corriger si je me trompe,
00:13:53 que tout se passe comme si les Américains disent aux Européens
00:13:57 "Allez-y, allez-y, foncez, allez, allez, allez sur la ligne de front,
00:14:00 pendez votre linge".
00:14:01 Et puis nous, ben écoutez, on va regarder un peu ce qui se passe
00:14:05 et on va regarder Caroline Galactéros.
00:14:07 Oui, tout à fait, ils vont s'occuper de la reconstruction, ça on peut en être certains.
00:14:11 Blackrock a fait ses offres de services déjà.
00:14:16 Il y a à Kiev un magnifique bâtiment, l'ancienne Banque mondiale
00:14:21 qui est désormais la banque pour la reconstruction de l'Ukraine.
00:14:24 Ça c'est très beau, c'est magnifique, c'est flambant neuf.
00:14:27 Non, est-ce qu'il faut...
00:14:29 Moi, je me demande si vous voulez, je suis entièrement d'accord avec Eric Dénessy,
00:14:34 comme d'habitude d'ailleurs, sur beaucoup, beaucoup de choses.
00:14:38 C'est tubulé, c'est délirant.
00:14:42 Le rapport de force est évident, c'est-à-dire...
00:14:46 C'est là qu'on voit bien que ce qu'on cherche est quelque chose à la fois
00:14:51 qu'on ne peut pas obtenir en même temps, on continue.
00:14:54 Parce que, est-ce que notre président de la République a bien lu
00:14:58 la doctrine nucléaire russe ?
00:15:01 Et c'est là que le débordement...
00:15:04 C'est là que ça peut devenir tragique.
00:15:06 Qui est quoi cette doctrine nucléaire russe, justement ?
00:15:09 La doctrine sur laquelle, à la fois Vladimir Poutine,
00:15:13 mais aussi Medvedev, mais aussi un certain nombre de responsables russes
00:15:17 sont revenus et reviennent de plus en plus,
00:15:19 c'est de dire précisément, l'OTAN, les pays de l'OTAN, l'Europe,
00:15:25 nous avons face à nous un bloc si puissant démographiquement,
00:15:29 économiquement et en termes militaires aussi,
00:15:33 que si jamais ce bloc avance trop vers nos frontières
00:15:40 et menace l'État ou la nation russe,
00:15:44 nous nous réservons le droit de considérer que c'est une menace existentielle,
00:15:49 nous considérons que c'est une menace existentielle,
00:15:51 et nous ne pourrons pas, à ce moment-là, le cas échéant,
00:15:55 nous interdire une frappe nucléaire tactique.
00:15:59 Ça veut dire, à courte portée, concrètement sur le territoire ukrainien.
00:16:04 Et s'agissant de tout, c'est là que ça devient délirant,
00:16:08 ce qu'on est en train de faire,
00:16:09 parce qu'on est en train de contourner le fait que l'Ukraine ne peut pas entrer dans l'OTAN tout de suite,
00:16:14 parce qu'on continue à en avoir envie, et Macron le dit,
00:16:18 et s'est même dit dans le fameux accord de sécurité avec l'Ukraine,
00:16:23 il dit que c'est utile, c'est sautable, c'est envisageable,
00:16:27 donc l'Ukraine ne peut pas entrer tout de suite dans l'OTAN,
00:16:30 l'Ukraine ne peut pas entrer tout de suite dans l'UE,
00:16:32 donc on est en train d'essayer de passer par des biais bilatéraux
00:16:35 pour permettre un engagement, le cas échéant,
00:16:38 de troupes de pays de l'OTAN au service de l'Ukraine.
00:16:42 Mais alors que les Russes nous expliquent que ça c'est une ligne rouge,
00:16:46 c'est une ligne rouge,
00:16:48 et la France est en plus une puissance nucléaire,
00:16:51 donc c'est doublement délirant comme raisonnement.
00:16:54 On devrait au contraire se servir de cette singularité
00:16:57 pour être les faiseurs de paix,
00:16:59 pour être ceux qui arrêtent les scalades, qui revient.
00:17:02 - Oui, on n'est pas vraiment là-dedans,
00:17:05 on va en parler, alors justement, est-ce qu'il ne peut pas y avoir d'érapage ?
00:17:09 On va en parler juste avec Eric Dénessé et à Caroline D'Alecteros,
00:17:14 juste après cette toute petite pause,
00:17:16 restez avec nous parce que ça devient effectivement très chaud,
00:17:19 cette atmosphère.
00:17:21 - Et puis vous aurez la parole aussi, évidemment, 0 826 300 300,
00:17:25 pour réagir, pour nous appeler,
00:17:27 ou pour poser toutes vos questions à nos experts du jour,
00:17:29 0 826 300 300, ne bougez pas, on revient dans quelques instants.
00:17:34 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:17:36 appelez maintenant pour réagir 0 826 300 300.
00:17:41 - Ici Sud Radio,
00:17:45 les Français parlent au français,
00:17:49 les carottes sont cuites,
00:17:52 les carottes sont cuites.
00:17:54 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:17:57 - Bon, espérons quand même qu'elles ne sont pas encore complètement cuites.
00:18:00 Je m'adresse aux spécialistes de renseignement Eric Dénessé.
00:18:03 Est-ce qu'il peut y avoir,
00:18:05 enfin, quand on est dans une situation pareille,
00:18:08 est-ce qu'il peut y avoir bavure ?
00:18:10 La bavure étant cette fois-ci,
00:18:12 peut-en être nucléaire, ce qui n'est pas rien.
00:18:15 Mais, est-ce que, bon,
00:18:17 est-ce que, peut-être vous allez me dire,
00:18:19 il y a un sur un million de chances, je ne sais pas,
00:18:21 mais est-ce qu'il peut y avoir,
00:18:23 si ce climat se développe comme on le voit,
00:18:26 parce que, je rappelle, je rappelle que beaucoup de gens n'aient pas,
00:18:29 et d'ailleurs je voudrais avoir votre avis à tous les deux,
00:18:31 mais Eric Dénessé, beaucoup de gens disent
00:18:33 "Mais attendez, ce n'est pas seulement la guerre Russie-Ukraine, c'est fini,
00:18:36 c'est la guerre de l'Europe, c'est notre guerre".
00:18:39 On entend ça du matin au soir,
00:18:41 d'un certain nombre de gens, candidats au Parlement européen,
00:18:45 politologues, spécialistes ou autres,
00:18:49 qui disent "Attention, non, non, non, vous n'en aurez pas compte,
00:18:52 c'est pas Russie-Ukraine, là, c'est nous, c'est nous qui sommes en jeu".
00:18:55 Donc, si on ne le fait pas, si on ne fait pas quelque chose,
00:18:58 si on ne se met pas en économie de guerre, notamment,
00:19:01 et bien, c'est fini.
00:19:03 Alors, cette idée, en tout cas, qui essaie de se répandre,
00:19:06 que la Russie veut aller beaucoup plus loin,
00:19:08 veut envahir, allez, les Pays-Baltes, etc.,
00:19:11 retrouver l'Empire russe, le pacte de Varsovie, peut-être l'URSS,
00:19:15 en tout cas, on l'entend, se rimer,
00:19:17 est-ce que c'est que de la propagande,
00:19:19 et surtout, est-ce que ça ne peut pas amener,
00:19:21 à un moment donné, à une bavure ?
00:19:23 Eric Dénessé.
00:19:25 Oui, c'est une question importante.
00:19:27 Pour l'instant, je pense que le risque de bavure est extrêmement limité,
00:19:30 puisqu'il n'y a pas de troupes européennes officielles
00:19:33 sur le front ukrainien,
00:19:35 donc, tant qu'on ne passe pas à une étape supplémentaire,
00:19:38 y compris dans les prisons d'armement plus massifs,
00:19:40 les choses sont limitées, d'ailleurs.
00:19:42 La CIA l'a montré depuis le début de ce conflit,
00:19:45 indépendamment du fait qu'elle ait contribué à le provoquer,
00:19:48 elle a fait attention à ne jamais aller trop loin
00:19:50 pour ne pas déclencher une réaction russe.
00:19:52 Pour le reste, est-ce que c'est notre guerre ? Non.
00:19:55 Pour le reste, nous nous battrions pour un État
00:19:57 qui n'est ni membre de l'Union européenne, ni membre de l'OTAN,
00:20:00 avec lequel, à part le micro-événement du 16 février dernier,
00:20:03 nous n'avons pas d'accord de sécurité,
00:20:05 qui est un État dont la population a fui,
00:20:07 en raison de la corruption et du dysfonctionnement
00:20:11 de l'État ukrainien avant même le conflit,
00:20:13 et pour un État qui massacre lui-même des populations
00:20:16 qui réclament la libre utilisation de leur langue dans le Donbass.
00:20:18 Donc, tout ça n'a aucun sens.
00:20:20 Les Russes ne cherchent pas à envahir l'Occident.
00:20:22 Alors, bien sûr qu'on va passer pour des relais du Kremlin,
00:20:24 mais il y a tellement de vatanguers aujourd'hui
00:20:26 qui veulent voir que ce qu'ils veulent
00:20:28 et qui sont dans une logique anti-russe,
00:20:30 qu'on leur laisse la responsabilité de leur propos.
00:20:34 Mais aujourd'hui, et Poutine est un homme extrêmement rationnel
00:20:38 contrairement à ce qu'on raconte,
00:20:39 et il fait d'ailleurs même preuve de beaucoup de mesures
00:20:41 vis-à-vis des déclarations des chefs d'État européens,
00:20:44 il a asséné aux efforts ce qui était ses objectifs,
00:20:47 pas d'extension.
00:20:49 Donc, je crois que là, on se berce d'illusions
00:20:52 qu'on a créées nous-mêmes
00:20:54 pour des objectifs politiques différents
00:20:56 de ceux de la simple guerre en Ukraine.
00:20:58 - Karine Galakteros,
00:21:00 vos sentiments là-dessus,
00:21:02 sur cette espèce de clivage,
00:21:06 des lignes de clivage qui deviennent de plus en plus fortes.
00:21:09 Je parle même franco-française
00:21:11 pour ne pas parler des autres pays européens.
00:21:13 - Mais tout cela est créé,
00:21:16 tout cela est le fruit d'une propagande terrifiante
00:21:20 qui vive à structurer
00:21:24 une hostilité durable, lourde,
00:21:29 au cœur finalement
00:21:31 de ce que devrait être une immense Europe de l'Atlantique à l'oral,
00:21:35 comme certains l'appelaient de leur vœu.
00:21:37 - Oui, certains de Gaulle en parlent, entre autres.
00:21:41 - Voilà, entre l'Union européenne,
00:21:43 l'Europe occidentale, si vous voulez,
00:21:45 et cette puissance eurasiatique de 13 Européennes
00:21:49 qui a longtemps tenté de se rapprocher de la Russie,
00:21:51 et qui a longtemps essayé de se rapprocher de l'Europe.
00:21:53 Et ça, c'est un problème essentiellement pour les États-Unis,
00:21:57 dont ils se sont chargés de rendre
00:22:00 cette réunion impossible.
00:22:05 Et ça, ça fait 30 ans que ça dure.
00:22:07 L'élargissement de l'OTAN est l'un des outils
00:22:11 qui est le plus constamment poursoumis de cette politique.
00:22:16 Et finalement, cette avancée de l'OTAN
00:22:21 via l'Ukraine et la Géorgie aussi,
00:22:24 au début des années 2000,
00:22:26 vers la Russie, c'était la bande ultime
00:22:30 et la bande importante qu'il s'agissait
00:22:34 de récupérer dans notre orbite occidentale
00:22:37 pour gêner, pour empêcher cette Russie renaissante,
00:22:41 mais pas renaissante dans sa vision impérialiste,
00:22:45 mais renaissante dans sa puissance,
00:22:47 dans sa puissance économique,
00:22:49 dans sa puissance de discours
00:22:51 et de portage d'un modèle alternatif de puissance
00:22:55 qui a un sacré succès à l'échelle du monde,
00:22:58 et qui met en échec un pôle occidental
00:23:01 qui lui est discrédité par son interventionnisme même.
00:23:05 Donc, c'est dans tout ça que se situe ce problème.
00:23:09 Mais la question n'est pas que la Russie menace...
00:23:13 C'est totalement ridicule !
00:23:15 La Russie menace les pays baltes ou la Pologne.
00:23:18 Elle ne veut pas entrer en guerre contre l'OTAN.
00:23:21 C'est tout ce qu'elle ne souhaite pas.
00:23:23 Nous, en revanche, on n'hésite pas à faire des pâles
00:23:27 les uns après les autres, qui nous rapprochent
00:23:29 de ce que j'appelle moi cette prophétie autoréalisatrice.
00:23:32 Donc il y a un moment où ça va devenir effectivement très très chaud.
00:23:35 Si on a des soldats en uniforme
00:23:37 qui ne se croient pas aux uniformes ukrainiens,
00:23:39 parce qu'il y en a déjà,
00:23:41 mais ils sont sous uniforme.
00:23:43 Si on passe à un affichage beaucoup plus net
00:23:46 sur le thème "il faut se faire la Russie",
00:23:49 d'abord c'est voué à l'échec.
00:23:51 Quel est l'objectif ?
00:23:53 Est-ce qu'on s'imagine une victoire ?
00:23:55 C'est quoi le secret ?
00:23:57 Il faut empêcher Poutine de gagner en Ukraine.
00:24:00 C'est ça, ce qu'ils disent aujourd'hui.
00:24:02 Ils ne disent pas "on va envahir la Russie".
00:24:04 Mais il a déjà gagné.
00:24:06 C'est ça qui est dingue.
00:24:08 La propagande est tellement puissante
00:24:11 que nous en devenons nous-mêmes les victimes.
00:24:14 Nous sommes victimes de notre propre propagande.
00:24:17 Militairement, ce conflit est plié.
00:24:20 Ce conflit est arrivé à un point
00:24:22 où à moins qu'on balance
00:24:24 les forces et les troupes
00:24:26 et les matériels que pour l'instant nous n'avons pas vraiment,
00:24:29 on ne voit et qu'on entre dans un conflit
00:24:33 de la culture délirante et nucléaire,
00:24:35 c'est-à-dire l'annihilation à la fin de tout le monde.
00:24:38 C'est vrai que le nucléaire peut amener à ça.
00:24:43 C'est plié militairement.
00:24:45 C'est le moment de négocier.
00:24:48 En tout cas, négocier à Caroline Galactéros,
00:24:51 ce n'est pas la mélodie qu'on entend aujourd'hui.
00:24:54 C'est moins que vous dire.
00:24:56 Je voudrais vous intéresser à tous les deux,
00:24:58 Eric Deneyssez, et pas seulement
00:25:00 à l'expert sur le renseignement et la recherche,
00:25:03 le citoyen,
00:25:05 vous l'êtes aussi, nous le sommes aussi.
00:25:07 Ce qui est aussi frappant,
00:25:09 c'est qu'on entend les déclarations des députés,
00:25:11 de l'opposition, etc.
00:25:13 Mais le silence absolu,
00:25:15 alors que ça fait quand même quelques semaines que ça dure,
00:25:17 du Parlement, des corps constitués,
00:25:19 du Sénat, de l'Assemblée Nationale,
00:25:21 il y a quand même des gens que nous payons
00:25:24 pour nous représenter.
00:25:26 Alors, je ne dis pas qu'on fasse un référendum
00:25:28 sur la guerre en Ukraine,
00:25:30 mais qu'au moins ces gens délégués
00:25:32 représentent le législatif,
00:25:34 ce qu'on appelle le législatif,
00:25:36 s'il existe encore.
00:25:38 Vous avez marqué le silence assourdissant.
00:25:40 Eric Deneyssez.
00:25:42 Oui, en effet, vous avez raison.
00:25:44 On a juste vu Jean-Pierre Chevènement
00:25:46 et Hubert Védrine demander un débat.
00:25:48 Quelques autres parlementaires l'ont fait,
00:25:50 notamment le député du Pont-Aignan.
00:25:52 Mais non seulement, ce qui est intéressant,
00:25:54 c'est de voir que les parlementaires ne disent rien,
00:25:56 les partis politiques ne disent rien,
00:25:58 les grands médias non plus,
00:26:00 ne disent rien.
00:26:02 Or, pas plus tard qu'hier, en Grande-Bretagne,
00:26:04 le chef d'état-major de la DROITE NU,
00:26:06 donc l'armée de terre britannique,
00:26:08 a déclaré, en contravention d'ailleurs
00:26:10 avec ce que disent les autorités britanniques,
00:26:12 que l'armée anglaise n'était plus en mesure
00:26:14 d'assurer ses engagements au sein de l'OTAN.
00:26:16 Nous sommes nus, comme le roi est nu.
00:26:18 Nous parlons de belligérance
00:26:20 et nous n'avons quasiment pas de troupes
00:26:22 ni de matériel à envoyer.
00:26:24 Et je dirais que quelle que soit la grande qualité
00:26:26 de nos forces parachutistes,
00:26:28 chasseurs alpins, troupes de montagne,
00:26:30 toutes les unités dont disposons,
00:26:32 elles ne sont pas du tout préparées à une guerre
00:26:34 de haute intensité en Europe de l'Est.
00:26:36 Donc tout ça est une vaste fumice pour nous.
00:26:38 - Tout à fait.
00:26:40 - Et oui, je rappelle simplement,
00:26:42 parce que mon équipe me faisait remarquer
00:26:44 qu'il y a eu effectivement plusieurs réactions
00:26:46 d'hommes politiques, mais le Parlement en tant que tel
00:26:48 aurait pu être saisi déjà. Il ne l'est pas du tout.
00:26:50 Caroline Galactéros.
00:26:52 - Alors, il faut saluer
00:26:54 l'initiative
00:26:56 d'un seul
00:26:58 à ce jour,
00:27:00 le sénateur Alain Huppert,
00:27:02 qui a osé porter plainte
00:27:04 et initier
00:27:06 une confédération
00:27:08 de français.
00:27:10 Pour l'instant, il n'a pas encore réagi.
00:27:12 Mais c'est bravissime
00:27:14 qu'effectivement, il n'y ait pas un sens
00:27:16 de la responsabilité plus développée
00:27:18 chez les représentants
00:27:20 qui sont quand même censés nous représenter,
00:27:22 n'est-ce pas ?
00:27:24 - Oui, au principe.
00:27:26 - On a aussi des déconnexions du réel,
00:27:28 de notre corps législatif,
00:27:30 et donc de ce qui est théoriquement
00:27:32 le lien entre la population
00:27:34 souveraine, le peuple
00:27:36 souverain et ses représentants,
00:27:38 et
00:27:40 l'idée
00:27:42 de faire une guerre.
00:27:44 Deuxièmement, on a une constitution, il y a des articles
00:27:46 quand même dans cette constitution,
00:27:48 notamment l'article 35,
00:27:50 qui traite de l'intervention
00:27:52 des droits et des devoirs du Parlement
00:27:54 en cas de guerre, en cas de déclaration de guerre.
00:27:56 Mais vous avez remarqué qu'on ne fait pas de traité.
00:27:58 On fait un accord de coopération,
00:28:00 de sécurité entre la France et le Français.
00:28:02 - Il n'y a pas de déclaration de guerre, absolument.
00:28:04 - Les trois pas la guerre gardent bien
00:28:06 de se mettre en situation de voie.
00:28:08 Néanmoins, l'argent qui est promis
00:28:10 dans le cadre de cet accord de sécurité
00:28:12 sera prélevé
00:28:14 sur les devenirs publics,
00:28:16 et peut-être même la LPM. Et à ce titre,
00:28:18 le Parlement
00:28:20 doit être de toute façon,
00:28:22 donc moi je pense qu'il est
00:28:24 vraiment très urgent maintenant de retomber sur terre.
00:28:26 Éric a dit
00:28:28 que c'était une vaste mystérie,
00:28:30 mais le problème c'est qu'on est prisonnier
00:28:32 de nos utopies. On est prisonnier
00:28:34 de cette espèce de
00:28:36 fuite en avant, de
00:28:38 martialité déclarative.
00:28:40 Et effectivement,
00:28:42 on n'a pas les premiers moyens du roi élu,
00:28:44 et pas que le roi français,
00:28:46 le roi de l'Europe, le roi Authent,
00:28:48 et même l'Amérique d'ailleurs, à certains égards.
00:28:50 Donc on n'est pas capable
00:28:52 de faire cette guerre à supposer qu'elle soit
00:28:54 légitime, utile,
00:28:56 souhaitable, etc.
00:28:58 C'est délirant
00:29:00 d'un bout à l'autre, donc il faut sortir du délire.
00:29:02 Il faut effectivement qu'on ait enfin
00:29:04 quelques députés et sénateurs
00:29:06 qui fassent leur job, et qui aillent
00:29:08 représenter,
00:29:10 à mon avis, les Français qui n'ont
00:29:12 aucune envie, et qui comprennent bien
00:29:14 qu'il y a suffisamment de bon sens pour comprendre que ça n'a
00:29:16 aucun intérêt, ni même
00:29:18 qu'on n'a aucune raison de se lancer
00:29:20 dans un tel affrontement, en mettant des troupes
00:29:22 au sol. Quant à nos armées,
00:29:24 c'est très regrettable.
00:29:26 Oui, surtout qu'on connaît
00:29:28 vraiment l'état des lieux, et les militaires le disent,
00:29:30 même si c'est la grande muette.
00:29:32 On entend aussi les militaires, et on sait
00:29:34 ce qu'ils disent là-dessus.
00:29:36 En fait, écoutez, moi ce que je
00:29:38 souhaite, c'est que vous ayez tout à fait raison, et que ce soit
00:29:40 un théâtre, non pas un théâtre
00:29:42 d'ombre, mais un théâtre où
00:29:44 les gens essayent de se placer.
00:29:46 Le seul problème qui reste, quand même,
00:29:48 et qui est posé, c'est que
00:29:50 cette guerre,
00:29:52 jusqu'au dernier ukrainien,
00:29:54 se prolonge, risque de se prolonger
00:29:56 encore, et juste un mot,
00:29:58 Eric Dénessé, mais c'est très rapide, malheureusement, on arrive
00:30:00 en fin de cette
00:30:02 séquence, mais on renouvellera
00:30:04 évidemment. Est-ce qu'on n'est pas
00:30:06 quand même, dans une espèce, même
00:30:08 si ça s'arrête, et on espère que ça s'arrête,
00:30:10 dans une espèce de gel,
00:30:12 de guerre froide,
00:30:14 c'est le cas de le dire, ou gelée
00:30:16 peut-être, entre l'Occident et la
00:30:18 Russie, pendant encore quelques temps ?
00:30:20 - Si, bien sûr, on y rejoint.
00:30:22 Et d'ailleurs, je suis assez surpris
00:30:24 de voir les articles qui se multiplient
00:30:26 ces derniers jours, sur les
00:30:28 journalistes qui auraient servi d'espions
00:30:30 ou d'agents d'influence à Moscou pendant la
00:30:32 guerre froide. Ce sont des histoires qu'en réalité
00:30:34 nous connaissons très bien dans le renseignement depuis longtemps.
00:30:36 Pourquoi sortent-elles en ce moment ?
00:30:38 Est-ce qu'on n'essaie pas, à un certain niveau, de créer
00:30:40 un amalgame entre ce qui a été l'URSS,
00:30:42 ce que nous avons combattu
00:30:44 pendant la guerre froide, et puis ce qu'est la Russie aujourd'hui,
00:30:46 alors que ce sont en fait deux entités totalement
00:30:48 différentes, qu'on cherche à assimiler
00:30:50 pour créer un fossé
00:30:52 irréconciliable entre les deux parties de l'Europe.
00:30:54 - Oui.
00:30:56 Juste un dernier mot, Caroline Galactéros.
00:30:58 - Oui, ben je suis
00:31:00 entièrement d'accord. On est...
00:31:02 On mélange tout, si vous voulez, entre le grégarisme,
00:31:04 la confusion, la propagande,
00:31:06 la volonté, effectivement,
00:31:08 d'identifier...
00:31:10 Tout en accusant...
00:31:12 Ce qui est très drôle,
00:31:14 tout en accusant Vladimir Poutine
00:31:16 d'avoir... - Ben oui, ça s'appelle
00:31:18 l'inversion accusatoire.
00:31:20 - Oui, voilà, de guerre froide,
00:31:22 nous-mêmes, on nage en plein dedans.
00:31:24 C'est-à-dire, on n'est pas sorti...
00:31:26 On n'arrive pas à...
00:31:28 On ne veut pas sortir de la Russie.
00:31:30 C'est-à-dire, on passe sous silence
00:31:32 complètement, ce qu'en fait
00:31:34 on a refusé et nié
00:31:36 pendant bien 15 ans,
00:31:38 c'est-à-dire la volonté de la Russie
00:31:40 post-Tielsyn, de la Russie
00:31:42 du tournant du siècle, si vous voulez,
00:31:44 de se rapprocher de l'Occident,
00:31:46 de se rapprocher de l'Europe et de ses
00:31:48 institutions.
00:31:50 On ne l'a pas voulu,
00:31:52 on l'a débité de toutes
00:31:54 ses idées, prétentions, souhaits,
00:31:56 désirs et forts, et
00:31:58 cette tension, elle a été
00:32:00 montée, elle a été structurée.
00:32:02 - Certes, on a dit.
00:32:04 - Comme elle ne se passe pas à notre avantage,
00:32:06 comme nos
00:32:08 fantasmes ne se réalisent pas,
00:32:10 eh bien, nous
00:32:12 nous retrouvons dans les ténèbres
00:32:14 de la dédication.
00:32:16 - Comme les généraux de plateau
00:32:18 n'ont pas vu leur ligne
00:32:20 leur ligne Maginot
00:32:22 marcher, effectivement, ils se posent
00:32:24 beaucoup, beaucoup de problèmes. En tout cas,
00:32:26 merci à vous deux d'avoir éclairci
00:32:28 en tout cas, la situation.
00:32:30 Elle me paraît assez claire
00:32:32 et je pense qu'elle paraîtra assez
00:32:34 claire à tous nos éditeurs.
00:32:36 - Merci Eric Dénessé d'avoir été avec nous. Je vous rappelle, vous êtes
00:32:38 directeur du Centre français de
00:32:40 recherche sur le renseignement et merci à vous,
00:32:42 Caroline Galacteros, politologue, docteur en sciences
00:32:44 politiques qui est vous dirigeé, le ThinkTank
00:32:46 Géopragme. On marque une courte pause sur
00:32:48 Sud Radio, on va revenir avec les pairs, les huées,
00:32:50 les bravos d'André Bercoff. Ne bougez pas, on revient dans un instant.
00:32:52 (Musique)
00:32:54 - Sud Radio Bercoff dans tous
00:32:56 ses états, midi 14h.
00:32:58 André Bercoff.
00:33:00 Ici Sud Radio.
00:33:02 Les français parlent
00:33:06 au français.
00:33:08 Je n'aime pas la blanquette
00:33:10 de veau. Je n'aime pas
00:33:12 la blanquette de veau.
00:33:14 - Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:33:16 - Diversité,
00:33:18 diversité,
00:33:20 on ne parle que de diversité,
00:33:22 on prône, on prie, le credo,
00:33:24 le mantra.
00:33:26 Que de crimes, diversité,
00:33:28 et que de navets, on commet en ton nom.
00:33:30 Pourquoi ? Eh bien écoutez.
00:33:32 - Sud Radio Bercoff
00:33:34 dans tous ses états,
00:33:36 les perles du jour.
00:33:38 - Célébrons la diversité, célébrons
00:33:40 la diversité. Eh bien,
00:33:42 France Télévisions, je rappelle que
00:33:44 nous payons avec nos impôts,
00:33:46 tous, tous, nos impôts,
00:33:48 auditeurs de Sud Radio, résistants de Sud Radio.
00:33:50 Eh bien, on a,
00:33:52 on a
00:33:54 renforcé la diversité, voyez.
00:33:56 Alors, je vous rappelle
00:33:58 la clause diversité,
00:34:00 elle est sur tous les contrats
00:34:02 de France Télévisions pour un téléfilm de fiction.
00:34:04 C'est-à-dire que quand
00:34:06 un producteur, un réalisateur,
00:34:08 une équipe veulent faire
00:34:10 un film de fiction,
00:34:12 un téléfilm de fiction,
00:34:14 évidemment, France Télévisions est
00:34:16 très demandeuse et consommatrice
00:34:18 de films de fiction et c'est très très bien.
00:34:20 Alors, voilà,
00:34:22 il y a les clauses qu'il faut signer.
00:34:24 La clause diversité. Alors, c'est quoi ?
00:34:26 Eh bien, écoutez, c'est intéressant,
00:34:28 ça vaut son pesant,
00:34:30 j'allais dire
00:34:32 de l'anti, mais disons autre chose.
00:34:34 L'oeuvre ayant
00:34:36 vocation à s'inscrire dans
00:34:38 une programmation reflétant au
00:34:40 plus près la diversité de la
00:34:42 culture, de la société et de
00:34:44 la population française et des
00:34:46 étrangers vivant sur le sol de France,
00:34:48 le contractant devra
00:34:50 accompagner France Télévisions
00:34:52 dans l'accomplissement de sa politique
00:34:54 de diversité en
00:34:56 veillant à ce que l'esprit de cette clause
00:34:58 soit respecté dans l'exécution des présentes
00:35:00 devant et derrière la caméra.
00:35:02 Jusqu'ici, bon, pourquoi pas,
00:35:04 il n'y a rien à dire.
00:35:06 Alors, quels sont les cinq piliers
00:35:08 de cette politique de diversité ?
00:35:10 Il y en a cinq, effectivement,
00:35:12 ce n'est pas les dix commandements, c'est les cinq commandements.
00:35:14 Égalité homme-femme,
00:35:16 diversité ethno-culturelle,
00:35:18 sociale, le handicap
00:35:20 et évidemment
00:35:22 la représentation
00:35:24 LGBT.
00:35:26 Ils n'ont pas mis Q+X, mais enfin
00:35:28 voilà, LGBT.
00:35:30 Dans le cadre de cette politique,
00:35:32 le contractant
00:35:34 s'engage à lutter aux côtés de
00:35:36 France Télévisions à compter, là c'est le côté
00:35:38 attention, guerre,
00:35:40 contre l'ensemble de ces stéréotypes
00:35:42 et en particulier la diversité
00:35:44 ethno-culturelle et sociale
00:35:46 en intégrant une part significative
00:35:48 de ces paramètres dans ses propositions
00:35:50 notamment dans la définition
00:35:52 et le choix des personnages
00:35:54 dès l'écriture de l'œuvre,
00:35:56 puis dans le casting des comédiens
00:35:58 en s'appuyant si nécessaire sur les répertoires
00:36:00 mis à disposition par France Télévisions.
00:36:02 C'est-à-dire qu'on va se surveiller,
00:36:04 attention, attention,
00:36:06 vous allez arriver avec une œuvre artistique,
00:36:08 vous dites, ben là,
00:36:10 oui ça ne se passe que pour des noirs à l'Afrique,
00:36:12 ah non, non, non, non, ça ne va pas du tout,
00:36:14 la diversité où elle est.
00:36:16 Ça se passe sur des blancs en Vendée
00:36:18 ou dans le Luberon.
00:36:20 Quoi ? Quoi ? Que des blancs en Vendée ?
00:36:22 Je voudrais, non,
00:36:24 simplement faire un film parce que c'est
00:36:26 deux femmes entre elles en train
00:36:28 de parler. Ah non, non, non, il n'est pas question.
00:36:30 Dites-moi, où est l'artistique
00:36:32 là-dedans ? Où est la liberté
00:36:34 du créateur ? Ah non,
00:36:36 la liberté du créateur désormais
00:36:38 est une liberté non seulement
00:36:40 surveillée mais encadrée.
00:36:42 Eh oui, vous croyez que
00:36:44 c'est fini là, le temps où le créateur pouvait
00:36:46 faire ce qu'il voulait ? Non, non, non, non, non, non, non.
00:36:48 On est là dans une espèce
00:36:50 de cours de classe
00:36:52 très précises
00:36:54 avec des règles très précises.
00:36:56 Ah bon, et après on donne des prix ?
00:36:58 On parle de liberté de création ?
00:37:00 On parle d'encourager la création ?
00:37:02 Ah non, non, non, on
00:37:04 met les brins, on lit,
00:37:06 on met les brins d'écharpe,
00:37:08 on les lit, on vous surveille.
00:37:10 Voilà, ça s'appelle
00:37:12 comment ? Eh ben ça s'appelle
00:37:14 je ne sais pas moi, ça s'appelle
00:37:16 peut-être
00:37:18 quelque chose comme une espèce
00:37:20 de despotisme, non ?
00:37:22 D'autoritarisme,
00:37:24 non ? Non, pire,
00:37:26 pire, le règne
00:37:28 de la disparition véritable
00:37:30 de la vraie liberté
00:37:32 au nom d'une création
00:37:34 sous surveillance et au nom
00:37:36 du sous-vide, parce que
00:37:38 c'est ça, ici, la clause
00:37:40 d'une université, c'est une clause
00:37:42 du sous-vide, voilà, c'est
00:37:44 l'organisme,
00:37:46 la création génétiquement
00:37:48 modifiée, la CGM.
00:37:50 Eh ben,
00:37:52 écoutez, bonne chance,
00:37:54 chers spectateurs,
00:37:56 auditeurs, et
00:37:58 surtout contributeurs
00:38:00 obligés de France Télévisions.
00:38:02 Sud Radio Bercov
00:38:04 dans tous ses états.
00:38:06 - C'est quoi, c'est quoi ?
00:38:08 - Je le sais bien, mais j'hésite.
00:38:10 - Et alors, tu vas les dépêcher comme ça, jusqu'à demain ?
00:38:12 - Ben non, capitaine, nous nous attendons.
00:38:14 - Ah,
00:38:16 mon ami, c'est que la chose est importante.
00:38:18 Ils ont 32,
00:38:20 et nous, combien ça va prendre ?
00:38:22 - Nous allons en prendre 4. - Ah, écoutez,
00:38:24 tous, tous l'ont vu, tous
00:38:26 l'ont entendu, la célèbre partie
00:38:28 de carte de Marcel Pagnol,
00:38:30 Marius, Fanny,
00:38:32 César, César,
00:38:34 ah, tu me fends le cœur.
00:38:36 Voilà, Pagnol, Pagnol.
00:38:38 Et alors, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:38:40 Une petite histoire, mais quand même assez caractéristique,
00:38:42 qui, on dirait,
00:38:44 "Oh, c'est une querelle, c'est une cloche-merde."
00:38:46 Non, non, c'est pas une cloche-merde.
00:38:48 Nicolas Pagnol, qui est le petit-fils de Marcel Pagnol,
00:38:50 n'a pas voulu
00:38:52 voir le visage
00:38:54 du maire de Marseille dans
00:38:56 la réédition du livre "La gloire de mon père".
00:38:58 Alors, on vous explique, on vous explique
00:39:00 que la mairie de Marseille,
00:39:02 depuis longtemps, voilà,
00:39:04 ont commandé 9 500
00:39:06 exemplaires de l'ouvrage "La gloire
00:39:08 de mon père", le célèbre ouvrage de
00:39:10 Marcel Pagnol, qui date de 1957,
00:39:12 qui sont
00:39:14 édités, distribuées en fin d'année scolaire
00:39:16 aux élèves marseillais quittant l'école primaire
00:39:18 afin d'officialiser leur passage
00:39:20 au collège.
00:39:22 Voilà, les livres commandés
00:39:24 aux élus sont par la mairie de Marseille,
00:39:26 comporteront notamment
00:39:28 un petit texte signé de Benoît Payan.
00:39:30 Bien.
00:39:32 Alors, simplement, la mairie a demandé
00:39:34 en plus, qu'on y figure
00:39:36 la demande
00:39:38 le portrait
00:39:40 du maire.
00:39:42 Le portrait du maire,
00:39:44 et Nicolas
00:39:46 Pagnol dit
00:39:48 "écoutez, vous ouvrez la boîte "La gloire de mon père"
00:39:50 et vous tombez sur un portrait pleine page
00:39:52 de Benoît Payan.
00:39:54 Franchement, pourquoi ? Et c'est vrai
00:39:56 qu'on peut se poser la question.
00:39:58 Voilà, et donc il a refusé.
00:40:00 Il a refusé que
00:40:02 cette reddition se passe
00:40:04 avec, effectivement, le portrait de
00:40:06 Benoît Payan. Alors, il y a eu,
00:40:08 on avait reçu Nicolas Pagnol,
00:40:10 il y a eu beaucoup de malentendus
00:40:12 même peu de malentendus,
00:40:14 un affrontement entre
00:40:16 la mairie de Marseille et
00:40:18 le fameux
00:40:20 château, effectivement, le château de
00:40:22 Marcel Pagnol et
00:40:24 il dit "voilà, Marcel Pagnol,
00:40:26 ça ne vous appartient pas à ce château
00:40:28 de la busine où a été écrit
00:40:30 "La gloire de mon père" alors voilà,
00:40:32 il a été sommé, Nicolas Pagnol, de quitter
00:40:34 le château.
00:40:36 On ne va pas rentrer dans ce qu'il veut dire,
00:40:38 mais c'est vrai quand même que, est-ce que la mairie de Marseille
00:40:40 franchement, a besoin de
00:40:42 distribuer avec
00:40:44 le portrait de Benoît Payan, Benoît Payan !
00:40:46 Hélas, il écrira sûrement des
00:40:48 bouquins, mais il n'est pas Marcel Pagnol. Donc
00:40:50 qu'on met un petit mot que la mairie offre
00:40:52 ça, c'est très bien, mais c'est pas la peine
00:40:54 franchement de faire
00:40:56 du culte de la personnalité,
00:40:58 n'est-il point, cher
00:41:00 Benoît Payan ? On va marquer
00:41:02 une courte pause sur Sud Radio, on sera de retour après
00:41:04 les infos de 13h dans quelques minutes
00:41:06 pour le face-à-face où André Bercov recevra
00:41:08 Jean-Robert Radio, le professeur
00:41:10 en études russes, qui vient nous voir
00:41:12 pour son nouveau livre "Le logiciel impérial"
00:41:14 aux éditions de l'artilleur.
00:41:16 Ne bougez pas, on revient dans un instant.
00:41:18 Sud Radio, parlons vrai
00:41:20 Sud Radio, parlons vrai
00:41:22 Sud Radio Bercov
00:41:24 dans tous ses états
00:41:26 Le face-à-face
00:41:28 Et dans le face-à-face aujourd'hui, André Bercov
00:41:30 vous recevez Jean-Robert
00:41:32 Radio, professeur en études russes
00:41:34 à l'université de Paris-Nanterre et surtout
00:41:36 auteur de ce nouveau livre "Russie
00:41:38 le logiciel impérial" aux éditions
00:41:40 de l'artilleur. Bonjour Jean-Robert Radio.
00:41:42 - Bonjour
00:41:44 - Oui, alors Jean-Robert Radio, je suis ravi
00:41:46 de vous recevoir
00:41:48 surtout que nous avons commencé toute
00:41:50 la première partie de l'émission, vous savez, à parler
00:41:52 de la Russie avec Caroline Galactéros, avec
00:41:54 Eric Dénessé, ce qui se passe en ce moment
00:41:56 effectivement, la Russie ne doit
00:41:58 pas gagner, c'est une guerre européenne
00:42:00 la guerre Russie-Ukraine, c'est l'Europe
00:42:02 qui est en jeu, etc.
00:42:04 Et vous, vous venez remettre
00:42:06 les pendules à l'heure et je dirais l'église
00:42:08 allez, on ne va pas dire l'église orthodoxe
00:42:10 seulement, mais l'église au milieu du village
00:42:12 "Le logiciel impérial"
00:42:14 russe, paru aux éditions de l'artilleur
00:42:16 c'est un livre d'historien
00:42:18 c'est un livre qui marque le temps long
00:42:20 c'est un livre qui explique, on va en parler longuement
00:42:22 ce qu'est
00:42:24 la Russie. En attendant
00:42:26 juste, Jules, je crois que nous avons
00:42:28 des auditeurs, par rapport
00:42:30 justement à ce sujet
00:42:32 qui ont envie de réagir. - Oui, avant de
00:42:34 passer à cet entretien, on a Stéphane
00:42:36 qui nous appelle depuis Marseille pour réagir. Bonjour Stéphane.
00:42:38 - Oui, bonjour Stéphane.
00:42:40 - Bonjour André. - On vous écoute Stéphane.
00:42:42 - Oui, alors je voulais réagir
00:42:44 avec ce qui avait été dit avec Eric Dénessé et Caroline Galactéros
00:42:46 très rapidement, puisque
00:42:48 déjà je remercie Caroline Galactéros
00:42:50 parce qu'on a failli ne pas avoir une conférence
00:42:52 avec elle à Marseille, on parlait de Marseille
00:42:54 et de Pagnol, il faut
00:42:56 savoir qu'il y a des enjeux assez
00:42:58 énormes pour qu'une certaine
00:43:00 partie ne puisse pas dire
00:43:02 certaines choses.
00:43:04 Je voulais dire, moi à mon avis,
00:43:06 il faut regarder Macron, tout ce qu'il raconte sur le
00:43:08 prisme de l'économie.
00:43:10 On a vu qu'avec, si on prend Alstom,
00:43:12 si on prend d'autres éléments, il y a toujours un rapport.
00:43:14 Si on prend le Covid-19,
00:43:16 si on prend la guerre en Ukraine,
00:43:18 il y a, à mon avis,
00:43:20 un regard, moi je regarde toujours Macron
00:43:22 avec un prisme de l'économie et je comprends
00:43:24 un peu mieux les choses et je pense pas que ça soit
00:43:26 une philosophie de défense.
00:43:28 Il y a surtout une vue
00:43:30 économique des choses et
00:43:32 voilà, je voulais rajouter ça et aussi
00:43:34 il ne faut pas oublier la liaison
00:43:36 entre OTAN et défense européenne, puisque
00:43:38 à l'époque où Sarkozy a mis
00:43:40 en place, a fait réintégrer la France
00:43:42 dans le temps,
00:43:44 c'était principalement, enfin, c'était un des buts,
00:43:46 c'était pour faire accepter la création
00:43:48 d'une défense européenne qui était mal vue
00:43:50 parce qu'on n'était pas encore dans le...
00:43:52 - En tout cas, elle n'existe pas encore,
00:43:54 cette défense européenne, jusqu'à aujourd'hui.
00:43:56 - Mais il y a une relation
00:43:58 entre l'OTAN et la défense européenne,
00:44:00 on essaye de faire, voilà. - Merci,
00:44:02 merci. Jules,
00:44:04 un autre litteur parce qu'après nous allons parler
00:44:06 un peu du fond et du logiciel impérial.
00:44:08 - Oui, alors André, je m'appelle toujours
00:44:10 RestEban, si jamais...
00:44:12 - Ah, pardon !
00:44:14 Qu'est-ce que j'ai dit ? - On embrasse Jules
00:44:16 qui était avec vous hier, qui m'a remplacé.
00:44:18 - Ben ça, tu vois, c'est les réflexes conditionnés.
00:44:20 Excuse-moi, Esteban.
00:44:22 - On accueille Ratislav qui nous appelle
00:44:24 depuis la Gironde. Bonjour, Ratislav.
00:44:26 - Bonjour. - Bonjour.
00:44:28 - Bonjour, bonjour.
00:44:30 Merci de m'accueillir.
00:44:32 Bon, c'est difficile de résumer
00:44:34 en maigrivement.
00:44:36 - Ah, il faut résumer, il faut résumer, Ratislav,
00:44:38 parce qu'on a beaucoup de...
00:44:40 la Russie a beaucoup de défauts.
00:44:42 La Russie, je sais, elle a ses intérêts,
00:44:44 mais est-ce qu'elle n'a pas
00:44:46 droit à avoir des intérêts
00:44:48 économiques ?
00:44:50 Et c'est...
00:44:52 sur le fond, c'est ça, les Américains...
00:44:54 parce que, vous savez,
00:44:56 l'impérialisme américain, c'est le dollar,
00:44:58 c'est réticulaire,
00:45:00 c'est vous accepter les conditions,
00:45:02 donc bon, elle est...
00:45:04 malheureusement, le monde
00:45:06 a changé depuis 1945, donc
00:45:08 tout ça...
00:45:10 mais il faut continuer à dire
00:45:12 les Russes ont
00:45:14 leurs défauts, mais il faut
00:45:16 s'entendre, et Poutine veut s'entendre.
00:45:18 - D'accord. - Vous pouvez dire
00:45:20 tout ce que vous voulez,
00:45:22 il est méchant, il a du sang sur ses mains,
00:45:24 comme d'autres présidents, mais
00:45:26 je pense qu'il est raisonnable.
00:45:28 On peut s'entendre avec lui.
00:45:30 Et il ne voulait pas, à la base,
00:45:32 ni entrer en Ukraine.
00:45:34 La Russie aurait préféré une Ukraine neutre.
00:45:36 - Tout à fait.
00:45:38 - Pour l'Ukraine.
00:45:40 - Alors, Zarozlav, je vais vous dire,
00:45:42 vous allez écouter, maintenant, justement,
00:45:44 on va avoir le temps, parce que les réponses
00:45:46 que... enfin, ce que vous dites
00:45:48 est tout à fait... comment je vais dire...
00:45:50 c'est le fond du livre de Jean-Robert Raviot,
00:45:52 "Le logiciel impérial russe",
00:45:54 et il explique
00:45:56 très très bien, et
00:45:58 on va tout de suite
00:46:00 aborder ce livre, que je vous recommande,
00:46:02 vraiment, parce que
00:46:04 c'est bien, on peut être pour,
00:46:06 on peut être contre, on peut avoir toutes les émotions,
00:46:08 les dilections,
00:46:10 les rejets qu'on veut.
00:46:12 Enfin, si on ne regarde pas un peu le réel,
00:46:14 comme je le dis toujours, j'ai presque l'air
00:46:16 de radoter, le réel frappe à la porte
00:46:18 et quand il frappe à la porte, c'est pas la peine
00:46:20 de se boucher oeil, yeux
00:46:22 et oreilles, portes et fenêtres.
00:46:24 Alors, Jean-Robert Raviot,
00:46:26 je rappelle que vous êtes
00:46:28 professeur en études russes et post-soviétiques
00:46:30 à l'Université Paris-Nanterre,
00:46:32 et que vous êtes ancien directeur des collèges universitaires
00:46:34 français de Moscou et de
00:46:36 Saint-Pétersbourg, et vous avez écrit plusieurs ouvrages
00:46:38 d'ailleurs, sur la Russie notamment,
00:46:40 et
00:46:42 vous commencez votre livre, et c'est très intéressant,
00:46:44 je voudrais qu'on parle de cela.
00:46:46 Au fond,
00:46:48 c'est quoi la Russie ?
00:46:50 Vous commencez d'ailleurs au XVème siècle,
00:46:52 vous dites qu'il y a deux, deux,
00:46:54 je dirais, deux lignes de force,
00:46:56 et il faut comprendre, parce que si,
00:46:58 même si c'est votre adversaire le bleu résolutif,
00:47:00 vous ne comprenez pas votre adversaire,
00:47:02 comment voulez-vous comprendre la réalité ?
00:47:04 Vous parlez d'une dynamique mosco-politique,
00:47:06 mosco-polite,
00:47:08 pardon, mosco-polite,
00:47:10 mosco-politique aussi, et vous parlez de la puissance
00:47:12 continentale, ensuite.
00:47:14 Alors, expliquez-nous cette dynamique
00:47:16 mosco-polite qui
00:47:18 dirige la Russie depuis des siècles,
00:47:20 en tout cas. - Voilà, merci
00:47:22 André Bercoff pour votre invitation,
00:47:24 et j'apprécie que vous ayez
00:47:26 lu mon livre
00:47:28 attentivement. Alors, le mosco-politisme,
00:47:30 effectivement, c'est une notion peut-être un peu
00:47:32 ésotérique,
00:47:34 mais je m'efforce de la rendre
00:47:36 très claire. En fait, pour bien
00:47:38 comprendre la fédération de Russie aujourd'hui,
00:47:40 il faut comprendre qu'elle est l'héritière
00:47:42 de l'URSS, dont elle est
00:47:44 un état successeur,
00:47:46 puisque la fédération de Russie, après la chute de l'URSS,
00:47:48 a hérité des obligations internationales
00:47:50 de l'URSS,
00:47:52 donc elle est à la fois un état
00:47:54 successeur et en même temps en rupture avec l'URSS.
00:47:56 Ça c'est déjà un premier paradoxe,
00:47:58 il y a beaucoup de paradoxes
00:48:00 dans l'histoire russe. - Il faudra en parler
00:48:02 justement, mais elle est là pour ça.
00:48:04 - Et cette URSS, elle est née sur les décombres
00:48:06 d'un empire de Russie qui a éclaté
00:48:08 en 1917,
00:48:10 et moi je suis remonté, pour bien
00:48:12 comprendre la dynamique politique contemporaine
00:48:14 de la Russie, il faut absolument remonter
00:48:16 aux origines, et je place
00:48:18 les origines, d'ailleurs je ne suis pas le seul,
00:48:20 à un état qui s'est formé à la fin
00:48:22 du 15e siècle, aux alentours de
00:48:24 1481,
00:48:26 qui ne s'appelait pas encore la Russie,
00:48:28 qui s'appelait la grand-principauté de Moscou,
00:48:30 c'est pour ça que j'ai choisi, Moscou est
00:48:32 véritablement le centre
00:48:34 de cette dynamique politique qui va
00:48:36 se mettre en place à la fin du 15e.
00:48:38 - Oui, Jean-Robert Aviot,
00:48:40 vous assistez absolument, et c'est
00:48:42 tout à fait intéressant de vous dire, l'omniprésence
00:48:44 de Moscou, ça reste le centre,
00:48:46 ça reste vraiment le nerf,
00:48:48 la seule capitale
00:48:50 en Russie, le nerf.
00:48:52 - C'est le début, c'est le début de cette aventure
00:48:54 qui aboutit à la constitution d'un état,
00:48:56 qui va être l'empire de Russie, alors comment,
00:48:58 je ne vais pas détailler
00:49:00 siècle par siècle, ça vous pouvez aller dans mon livre,
00:49:02 mais la dynamique
00:49:04 mosco-politique, c'est tout simplement
00:49:06 une dynamique de rassemblement
00:49:08 de territoires, sous la souveraineté
00:49:10 de Moscou, d'abord des territoires
00:49:12 slaves de l'Est, orthodoxes, autour de
00:49:14 Moscou, les anciennes principautés,
00:49:16 éparpillées après le joug
00:49:18 mongol, donc à partir du 15e,
00:49:20 16e, et puis à partir du 16e siècle,
00:49:22 se met en place une dynamique impériale,
00:49:24 donc avec le couronnement
00:49:26 du tsar Ivan IV,
00:49:28 dit le terrible, et cette dynamique
00:49:30 impériale va conduire cet état
00:49:32 moscovite à devenir la Russie,
00:49:34 l'empire de Russie,
00:49:36 un état moderne qui va se constituer
00:49:38 par l'expansion
00:49:40 territoriale, d'abord vers
00:49:42 la Sibérie, donc on va
00:49:44 constituer un état continent, donc d'où j'appelle
00:49:46 la Russie est essentiellement une puissance continentale,
00:49:48 puis ensuite,
00:49:50 une expansion vers l'Ouest,
00:49:52 qui d'ailleurs, à partir
00:49:54 du 17e, 18e, qui est très
00:49:56 intéressante à revenir là-dessus, parce que la
00:49:58 guerre en Ukraine actuellement se déroule
00:50:00 sur ces terres,
00:50:02 qui ont fait l'objet déjà de beaucoup de rivalités
00:50:04 avec la Pologne-Lithuanie
00:50:06 au 16e, 17e,
00:50:08 et puis ensuite vers le Sud,
00:50:10 Caucase, puis Asie centrale, pour former
00:50:12 au 19e siècle cet empire de
00:50:14 Russie qui est le plus vaste état du monde,
00:50:16 et qui est devenu une puissance globale,
00:50:18 - Oui, un superficie. - Voilà,
00:50:20 en rivalité,
00:50:22 puissance à la fois européenne,
00:50:24 moyenne orientale par le Caucase,
00:50:26 asiatique,
00:50:28 ou eurasiatique avec sa proximité,
00:50:30 enfin sa frontière commune avec la Chine,
00:50:32 puis son débouché sur le Pacifique,
00:50:34 arctique, vers le Nord, faut pas l'oublier,
00:50:36 et puis globale, parce que
00:50:38 à partir de la fin du 19e, la Russie
00:50:40 entre dans ce qu'on appelle le Grand Jeu,
00:50:42 elle est frontalière d'un autre empire,
00:50:44 du Grand Empire Global de l'époque,
00:50:46 l'Empire Britannique, par les Indes.
00:50:48 Donc là, la poussée russe vers l'Asie centrale,
00:50:50 mais la Russie en contact
00:50:52 avec l'Empire Britannique en Inde.
00:50:54 - Alors justement,
00:50:56 on va continuer d'en parler,
00:50:58 et on va parler un peu, là,
00:51:00 vous avez, enfin, évidemment, rapidement,
00:51:02 encore une fois, il faut renvoyer au bouquin,
00:51:04 mais qu'est-ce que c'est que cette Russie
00:51:06 d'aujourd'hui, cette Russie, encore une fois,
00:51:08 qui est aujourd'hui, cette fédération de Russie,
00:51:10 héritière de l'URSS,
00:51:12 où on en est aujourd'hui,
00:51:14 parce que, justement, ce qui est tout à fait
00:51:16 passionnant, et hélas,
00:51:18 quelquefois tristement passionnant,
00:51:20 c'est qu'on parle beaucoup de la Russie
00:51:22 sans savoir ce qu'elle est, ce qui est quand même
00:51:24 un peu fâcheux.
00:51:26 Après cette toute petite pause,
00:51:28 on entre dans le vif du sujet.
00:51:30 - Et 13h13 sur Sud Radio, on est ensemble jusqu'à 14h
00:51:32 avec Jean-Robert Raviot, et vous,
00:51:34 au 0826 300 328.
00:51:36 - Sud Radio,
00:51:38 votre avis fait la différence.
00:51:40 - Je vous remercie, Sud Radio, de pouvoir donner la parole
00:51:42 aux Français sans les couper,
00:51:44 en ayant d'autres avis, et ça, vraiment,
00:51:46 c'est la seule radio en France qui puisse le faire,
00:51:48 donc je tiens à le souligner.
00:51:50 - Sud Radio, parlons vrai.
00:51:52 - Ici Sud Radio.
00:51:54 ...
00:51:56 Les Français
00:51:58 parlent au français.
00:52:00 Je n'aime pas
00:52:02 la blanquette de veau.
00:52:04 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:52:06 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:52:08 ...
00:52:10 - Oui, il est grand temps,
00:52:12 il est grand temps de connaître,
00:52:14 d'inventorier
00:52:16 ce logiciel impérial russe.
00:52:18 Et justement,
00:52:20 on ne peut pas, évidemment, aborder tout,
00:52:22 encore une fois, je renvoie à votre livre, et je le recommande
00:52:24 vraiment, votre livre, Jean-Christophe Raviot.
00:52:26 Je voudrais savoir, sur les rapports
00:52:28 Russie-Occident,
00:52:30 justement, ça a été toujours un
00:52:32 "je t'aime, moi non plus", ou pas du tout,
00:52:34 parce que vous en parlez très très bien,
00:52:36 mais vous dites, attention, ça n'a jamais été
00:52:38 contre l'Occident ou par l'Occident,
00:52:40 mais avec l'Occident. Alors, expliquez-nous.
00:52:42 - Avec l'Occident,
00:52:44 avec, je dirais aussi l'Asie,
00:52:46 la Russie, en fait, ce qu'il faut bien comprendre,
00:52:48 c'est que la Russie est un état
00:52:50 qui s'est formé par une expansion territoriale,
00:52:52 historiquement, très grande,
00:52:54 qui est devenue un état à la fois continental,
00:52:56 la taille d'un continent, et multi-ethnique,
00:52:58 c'est-à-dire qui comprend
00:53:00 des territoires très variés, sur le plan
00:53:02 ethnique, religieux, confessionnel,
00:53:04 et l'état est donc
00:53:06 à la fois, c'est un atout,
00:53:08 cette continentalité, cette vastitude,
00:53:10 qui donne à la Russie un avantage
00:53:12 militaire par un très fort
00:53:14 interland interne,
00:53:16 on l'a vu pendant la Seconde Guerre mondiale,
00:53:18 où l'URSS a pu déplacer des usines entières
00:53:20 vers son Est et sauvegarder ainsi
00:53:22 son économie, enfin en partie,
00:53:24 mais c'est aussi beaucoup de faiblesse,
00:53:26 parce que quand on a un état à la fois continental
00:53:28 et multi-ethnique, il faut, en quelque sorte,
00:53:30 maintenir l'unité
00:53:32 et la souveraineté de l'état
00:53:34 sur l'ensemble du territoire.
00:53:36 - Alors qui le maintient ?
00:53:38 - L'état, justement, l'état, Moscou,
00:53:40 le chef de l'état,
00:53:42 l'administration fédérale aujourd'hui,
00:53:44 et c'est vraiment
00:53:46 la dynamique mosco-politique,
00:53:48 c'est pas une dynamique de domination
00:53:50 absolue, c'est une dominette,
00:53:52 une dynamique politique qui vise à mettre
00:53:54 Moscou toujours au centre, et essayer
00:53:56 de maintenir l'unité et l'intégrité
00:53:58 de cet état, la souveraineté, cette obsession
00:54:00 du discours politique russe aujourd'hui
00:54:02 pour la souveraineté, elle est liée
00:54:04 à la prise de conscience par les élites
00:54:06 de la faiblesse de cet état.
00:54:08 Pourquoi ? Parce qu'un état continental
00:54:10 et multi-ethnique, il faut d'abord le développer
00:54:12 économiquement, ce qui n'est pas du tout simple,
00:54:14 ce qui suppose d'abord de maîtriser
00:54:16 la sécurité sur l'ensemble du territoire,
00:54:18 on parle de territoires
00:54:20 qui vont de l'Alaska
00:54:22 à la Suède,
00:54:24 en passant par
00:54:26 la Chine,
00:54:28 l'Afghanistan, l'Iran,
00:54:30 etc., je parle des pays frontaliers
00:54:32 de l'URSS ou de l'Empire de Russie à l'époque,
00:54:34 et donc, ça suppose
00:54:36 d'abord cette vastitude continentale
00:54:38 de la peupler, et pour la peupler
00:54:40 il faut avoir une démographie dynamique,
00:54:42 ce qu'on n'a pas à la Russie, ce qu'on n'a
00:54:44 jamais eu véritablement à la Russie,
00:54:46 à part à certaines époques, fin 19ème,
00:54:48 et puis un peu dans les années
00:54:50 post-guerre... - Mais qu'elle n'a plus aujourd'hui, il vous a parlé !
00:54:52 - Ah bah non ! Il n'y en a plus aujourd'hui,
00:54:54 alors, il y a tout un discours
00:54:56 koutchinien et des élites
00:54:58 politiques qui visent à relancer la natalité,
00:55:00 il y a aussi une politique, le fameux
00:55:02 capital maternel qui vise
00:55:04 à donner des allocations aux
00:55:06 femmes, aux familles qui
00:55:08 veulent plus de deux enfants,
00:55:10 tout ça fonctionne à une
00:55:12 utilité, ce n'est pas complètement inutile, mais ça n'a pas
00:55:14 complètement inversé
00:55:16 la tendance, aujourd'hui
00:55:18 je crois que le taux de natalité,
00:55:20 on est à 1,5, le taux de fécondité
00:55:22 1,5 enfants par femme, c'est pas
00:55:24 suffisant. - Vous dites que
00:55:26 pratiquement il y a 40% de retraités,
00:55:28 ou pas loin, ou 30% ?
00:55:30 - Alors, à peu près, non, pas
00:55:32 40%, pas encore, mais on est
00:55:34 presque 30%, dans certaines
00:55:36 régions on dépasse ces 40% effectivement,
00:55:38 et ce que je dis également,
00:55:40 enfin ce que je dis, c'est une réalité,
00:55:42 c'est qu'il y a un très très grand nombre de gens
00:55:44 en Russie qui vivent de la redistribution
00:55:46 de l'Etat, puisque
00:55:48 les retraites en Russie sont
00:55:50 payées par l'Etat, c'est l'Etat qui garantit
00:55:52 les retraites, et il y a
00:55:54 aussi des gens qui dépendent
00:55:56 du budget de l'Etat en quelque sorte,
00:55:58 j'ai essayé de quantifier le nombre de personnes
00:56:00 qui dépendent de l'Etat,
00:56:02 soit paient leur retraite, leur salaire,
00:56:04 donc il y a tous les fonctionnaires, de l'appareil
00:56:06 fédéral, de l'appareil régional,
00:56:08 soit des vastes secteurs économiques
00:56:10 qui sont soit d'Etat,
00:56:12 soit du secteur public,
00:56:14 si on peut dire, soit dépendent
00:56:16 de la commande publique, qui sont des entreprises privées
00:56:18 mais qui vivent sur la commande publique, typiquement
00:56:20 le secteur méditerranéen.
00:56:22 - Oui, alors justement Jean-Robert Raviot,
00:56:24 c'est très intéressant parce que dans votre livre,
00:56:26 vous expliquez que l'Etat étant
00:56:28 la colonne vertébrale, je veux dire, puisqu'il n'y en a
00:56:30 pas d'autre, et qui
00:56:32 permet de rassembler, en tout cas,
00:56:34 malgré les faiblesses, toute cette
00:56:36 espèce de mosaïque culturelle,
00:56:38 ethnique et autre,
00:56:40 vous parlez aussi que
00:56:42 il faut faire attention par rapport aux visions
00:56:44 de l'Occident par la Russie,
00:56:46 par rapport à la Russie, où
00:56:48 un certain nombre d'élites occidentales
00:56:50 disent "oui, en fait, il faut qu'ils s'occidentalisent,
00:56:52 qu'ils se décentralisent,
00:56:54 etc. Vous dites qu'il y a un
00:56:56 patriotisme d'Etat qui...
00:56:58 - Alors...
00:57:04 - Je ne dis pas que
00:57:06 l'Etat est "collé"
00:57:08 à cet Etat.
00:57:10 - Alors, excusez-moi,
00:57:12 j'ai pas entendu la totalité de votre question
00:57:14 parce qu'il y avait un petit brouillage, mais c'est pas grave.
00:57:16 Je crois que j'ai compris
00:57:18 le sens général.
00:57:20 - Donc, effectivement, le patriotisme d'Etat,
00:57:22 c'est, je dirais, l'idéologie
00:57:24 aujourd'hui, dans la Russie d'aujourd'hui.
00:57:26 C'est l'ensemble
00:57:28 des idées qui sont mises en oeuvre
00:57:30 par... des idées et des pratiques
00:57:32 qui sont mises en oeuvre par le pouvoir pour,
00:57:34 disons, favoriser l'unité
00:57:36 entre le peuple et les dirigeants.
00:57:38 Ce qui ne va pas de soi parce que,
00:57:40 je l'explique dans le livre, la Russie est un pays
00:57:42 très inégalitaire,
00:57:44 socialement et territoriellement.
00:57:46 Les inégalités sociales
00:57:48 et les inégalités territoriales,
00:57:50 sociales entre les territoires, sont bien plus marquées
00:57:52 par exemple qu'en France.
00:57:54 Donc, ça ne va pas de soi. Mais ce patriotisme d'Etat,
00:57:56 il est très vivant et il a pour socle
00:57:58 une success story
00:58:00 qui est la success story
00:58:02 de la victoire de 1945.
00:58:04 Je pense que, évidemment,
00:58:06 on peut dire que
00:58:08 il y a toute une mythologie autour de cette victoire.
00:58:10 Enfin, la victoire n'est pas un mythe,
00:58:12 mais je veux dire, il y a tout un
00:58:14 ensemble, disons, c'est presque une religion,
00:58:16 je dirais, avec ses cultes, ses pratiques,
00:58:18 etc., que l'on cherche d'ailleurs
00:58:20 à renouveler. Et c'est un socle qui est
00:58:22 très solide.
00:58:24 C'est un socle qui est très solide et le patriotisme
00:58:26 russe contemporain s'appuie essentiellement
00:58:28 sur cette victoire. Pourquoi ?
00:58:30 Parce que la victoire de 1945, c'est un des rares épisodes.
00:58:32 Alors, c'est un épisode,
00:58:34 je montre dans le livre, qui est un
00:58:36 succès.
00:58:38 Et c'est aussi un épisode qui montre
00:58:40 un aspect très important
00:58:42 des représentations que la Russie
00:58:44 ou que les Russes font de leur
00:58:46 propre histoire et que j'ai nommé la
00:58:48 résilience. Alors, je n'aime pas beaucoup ce mot-là,
00:58:50 parce que c'est un peu psycho, et je ne suis
00:58:52 pas un psychologue, mais néanmoins, c'est quelque chose
00:58:54 d'important en Russie. C'est-à-dire
00:58:56 cette capacité que
00:58:58 la plupart des gens pensent
00:59:00 qu'ils ont une capacité collective à endurer
00:59:02 des épreuves très,
00:59:04 très difficiles. Et
00:59:06 au cours du XXe siècle,
00:59:08 l'État, en fait, russe,
00:59:10 alors l'Empire de Russie, puis l'URSS,
00:59:12 etc., se sont effondrés
00:59:14 deux fois. L'État s'effondrait
00:59:16 en 1917, puis s'effondrait en 1991
00:59:18 avec la chute de l'URSS.
00:59:20 Et puis en 1941, au moment de l'invasion
00:59:22 allemande, il n'était pas loin de s'effondrer, on l'oublie souvent.
00:59:24 Mais l'invasion allemande en juin 1941
00:59:26 a presque fait s'effondrer l'URSS.
00:59:28 - Avance l'Inglade.
00:59:30 - La victoire, c'est une espèce de presque...
00:59:32 Comment dire ? Elle est
00:59:34 un signe de fierté. Pourquoi ?
00:59:36 Parce que le peuple soviétique à l'époque,
00:59:38 le peuple russe, a renversé
00:59:40 la vapeur d'une manière extraordinaire
00:59:42 et a gagné alors que
00:59:44 contre toute attente, tout le monde s'attendait
00:59:46 à ce qu'il s'écroulait, et le
00:59:48 peuple lui-même. En 1941,
00:59:50 beaucoup de gens étaient désespérés, en réalité.
00:59:52 Donc, c'est quelque chose de très fort
00:59:54 sur lequel s'appuie,
00:59:56 et qui constitue encore aujourd'hui le socle.
00:59:58 On a un exemple intéressant,
01:00:00 c'est qu'à partir des années 2010,
01:00:02 le répertoire
01:00:04 de la seconde guerre mondiale, enfin de la grande
01:00:06 guerre patriotique, les survivants
01:00:08 commencent à
01:00:10 disparaître peu à peu
01:00:12 par effet de la démographie, de la biologie
01:00:14 si on peut dire. Donc on va renouveler ça
01:00:16 par le fameux régiment
01:00:18 immortel où les jeunes
01:00:20 générations vont utiliser Internet,
01:00:22 vont aller chercher,
01:00:24 vont numériser des photos de leurs ancêtres,
01:00:26 les mettre sur des pancartes et défiler avec
01:00:28 le jour du 9 mai, le jour de la victoire,
01:00:30 pour commémorer
01:00:32 cette victoire.
01:00:34 Et ça, ça montre bien que cette victoire
01:00:36 reste le socle, même dans les
01:00:38 jeunes générations aujourd'hui
01:00:40 en Russie. C'est très très fort,
01:00:42 et encore une fois, c'est lié à la nature de l'État,
01:00:44 c'est-à-dire à la fois
01:00:46 très grand, très puissant, avec une puissance
01:00:48 célébrée, mais en même temps
01:00:50 faible, fragile,
01:00:52 et dont on a parfaitement conscience de ses faiblesses.
01:00:54 Et j'ajouterais, pour répondre à votre question sur l'Occident,
01:00:56 parce que l'Occident
01:00:58 ne comprend pas...
01:01:00 Ce que l'Occident ne comprend pas dans la Russie,
01:01:02 ou a du mal à saisir, c'est que
01:01:04 les démonstrations de force
01:01:06 de la Russie, voire
01:01:08 démonstrations de force du type "invasion de l'Ukraine"
01:01:10 en 2022, sont
01:01:12 fortement liées à
01:01:14 une conscience
01:01:16 ou une intériorisation de la
01:01:18 faiblesse de l'État.
01:01:20 Chez Poutine, d'ailleurs,
01:01:22 ça revient très souvent,
01:01:24 pour la Russie, on amène
01:01:26 une guerre défensive
01:01:28 contre l'Occident.
01:01:30 - Jean-Robert Raviot, excusez-moi, est-ce que c'est
01:01:32 quelque part une mentalité d'assiégé,
01:01:34 malgré l'immensité
01:01:36 du territoire ? Est-ce qu'il y a un côté
01:01:38 "oui, mais on est entouré
01:01:40 que ce soit l'OTAN,
01:01:42 que ce soit autre, ça joue cela ?"
01:01:44 - Assiégé,
01:01:46 c'est un terme qui
01:01:48 revient souvent.
01:01:50 Oui, l'idée est là,
01:01:52 c'est-à-dire que la Russie,
01:01:54 les dirigeants russes, ont conscience
01:01:56 d'être entourés
01:01:58 d'États ou de puissances
01:02:00 qui ne sont pas des amis,
01:02:02 qui sont des ennemis potentiels.
01:02:04 Il faut quand même dire que du côté européen
01:02:06 et donc de l'Ouest,
01:02:08 il y a eu plusieurs assauts
01:02:10 et notamment deux principaux,
01:02:12 1812, l'invasion française
01:02:14 de Napoléon, les armées de Napoléon,
01:02:16 et 1941, l'invasion
01:02:18 allemande des armées de Hitler.
01:02:20 Donc, ce n'est pas un mythe.
01:02:22 Il y a la perception d'un danger
01:02:24 venu de l'Ouest.
01:02:26 Mais, cette perception
01:02:28 d'une fragilité
01:02:30 de l'État,
01:02:32 c'est aussi la perception
01:02:34 d'une fragilité des confins
01:02:36 et de la nécessité pour sauvegarder l'État
01:02:38 Moscou,
01:02:40 le moscopolitisme,
01:02:42 c'est aussi l'impératif
01:02:44 de consolider les confins
01:02:46 et d'avoir, non pas forcément
01:02:48 des confins
01:02:50 très étendus. Alors, à l'époque
01:02:52 de l'URSS, de la guerre froide,
01:02:54 on avait des confins, l'URSS avait
01:02:56 sanctuarisé ses confins dans le bloc de l'Est.
01:02:58 Donc, les États
01:03:00 comme la Pologne, la Tchécoslovaquie, etc.
01:03:02 avaient été occupés.
01:03:04 Et, en fait, bon, contraints
01:03:06 à devenir des espèces de forteresses
01:03:08 de protection de l'URSS,
01:03:10 aujourd'hui, ce n'est plus ça. Je pense que l'objectif
01:03:12 de la Russie, c'est d'avoir des États voisins
01:03:14 qui ne soient pas hostiles.
01:03:16 Voilà. Ne soient pas hostiles.
01:03:18 - On va tout de suite
01:03:20 en reparler, justement, et entrer
01:03:22 et continuer
01:03:24 à inventer effectivement les forces
01:03:26 et les faiblesses de la Russie. Et surtout,
01:03:28 par rapport à la perception qu'en a
01:03:30 l'Occident,
01:03:32 avec Jean-Robert Raviot,
01:03:34 à tout de suite après une toute petite pause.
01:03:36 - Et avec vous, au 0826 300 300,
01:03:38 vous aurez la parole
01:03:40 pour réagir, pour poser toutes vos questions,
01:03:42 pour tout simplement intervenir dans notre émission.
01:03:44 On est ensemble jusqu'à 14h. Ne bougez pas.
01:03:46 - Sud Radio Bercov,
01:03:48 dans tous ses États,
01:03:50 midi 14h. André Bercov.
01:03:52 - Ici Sud Radio.
01:03:54 Les Français
01:03:56 parlent au français.
01:03:58 Les carottes sont cuites.
01:04:00 Les carottes sont cuites.
01:04:02 - Sud Radio Bercov,
01:04:04 dans tous ses États.
01:04:06 - Jean-Robert Raviot,
01:04:08 le logiciel impériel russe,
01:04:10 passionnant à inventorier
01:04:12 et à décrypter.
01:04:14 Alors, on a parlé de l'Urss,
01:04:16 à décrypter. Alors, on a parlé
01:04:18 de la dynamique mosco-politique,
01:04:20 effectivement, de l'État, etc.
01:04:22 Parlons, Emelien, d'une
01:04:24 seconde partie de votre livre,
01:04:26 "La puissance continentale".
01:04:28 Alors, aujourd'hui, incontestablement,
01:04:30 puissance continentale,
01:04:32 la Russie, on ne peut pas le nier.
01:04:34 Et je voudrais savoir en quoi ça agit,
01:04:36 parce qu'on a parlé par rapport à l'Occident,
01:04:38 mais justement, on voit
01:04:40 la montée des BRICS. On voit la montée
01:04:42 des pays dits émergents
01:04:44 qui ont déjà émergé.
01:04:46 Est-ce que la Russie,
01:04:48 aujourd'hui, ambitionne
01:04:50 ou est en train de,
01:04:52 justement, cette puissance continentale,
01:04:54 en train de voir
01:04:56 du côté de ces pays-là,
01:04:58 et on voit très très bien les alliances qui se font,
01:05:00 sans parler de la
01:05:02 dédollarisation du monde,
01:05:04 est-ce que ça joue un rôle très important aujourd'hui
01:05:06 dans la stratégie
01:05:08 de la Russie ?
01:05:10 - Ah, bien sûr, ça joue un rôle essentiel. Je dirais que
01:05:12 la Russie est un État
01:05:14 eurasiatique, un pied
01:05:16 en Europe, un pied en Asie, mais aussi
01:05:18 un pied vers le Sud.
01:05:20 C'est très important, le Moyen-Orient,
01:05:22 et donc,
01:05:24 le Sud, l'Orient tout court,
01:05:26 l'Inde, etc.
01:05:28 Donc, ce continent,
01:05:30 cet État-continent qu'est la Russie,
01:05:32 a effectivement des,
01:05:34 je dirais, plusieurs
01:05:36 interfaces, en fait.
01:05:38 Une interface européenne, une interface Moyen-Oriental,
01:05:40 une interface asiatique, une interface
01:05:42 pacifique et une interface arctique.
01:05:44 Aujourd'hui,
01:05:46 historiquement,
01:05:48 si vous voulez,
01:05:50 au moins depuis le XVIIIe siècle,
01:05:52 mais je dirais même avant, ça commence
01:05:54 au XVIe, XVIIe,
01:05:56 l'objectif principal des
01:05:58 dirigeants russes, c'était
01:06:00 de se
01:06:02 rattacher à l'Europe,
01:06:04 de privilégier, en fait,
01:06:06 le lien avec l'Europe.
01:06:08 Oui, pour des raisons d'abord culturelles.
01:06:10 La Russie se présente comme un empire,
01:06:12 et dès le départ, l'empire de Russie
01:06:14 va aller chercher sa symbolique
01:06:16 à Byzance.
01:06:18 Je vous rappelle Moscou, 3ème Rome.
01:06:20 On va au XVIe siècle,
01:06:22 l'objectif,
01:06:24 la théologie orthodoxe
01:06:26 du patriarcat de Moscou, c'est de
01:06:28 considérer que Moscou
01:06:30 est le successeur de Rome et puis de Byzance.
01:06:32 On est en Europe, on est dans une situation
01:06:34 chrétienne. Tout ça
01:06:36 fait que la Russie cherche à se rapprocher
01:06:38 de l'Europe et ça va être une constante
01:06:40 pendant des siècles et des siècles.
01:06:42 Effectivement, aujourd'hui,
01:06:44 le sentiment
01:06:46 qui prédomine, c'est que l'Europe
01:06:48 tourne le dos à la Russie.
01:06:50 La Russie se sent, en quelque sorte,
01:06:52 rejetée. C'est vrai que cette invasion
01:06:54 de l'Ukraine n'a pas aidé,
01:06:56 c'est le moins qu'on puisse dire,
01:06:58 à accrocher.
01:07:00 Néanmoins,
01:07:02 effectivement,
01:07:04 la Russie a aussi une dimension,
01:07:06 une autre,
01:07:08 d'autres dimensions.
01:07:10 Impérial, c'est une chose,
01:07:12 on peut en parler, mais on va parler des voisinages
01:07:14 et des interfaces religieuses.
01:07:16 La Russie, c'est aussi un État
01:07:18 avec 15% de musulmans.
01:07:20 La Russie est un membre de l'OCI,
01:07:22 Organisation de la Conférence Islamique.
01:07:24 Donc, il y a une dimension, effectivement.
01:07:26 La Russie est membre de l'OCI, c'est vrai.
01:07:28 Elle est membre de l'OCI,
01:07:30 elle est présente. Récemment, il y a eu un discours
01:07:32 de la Russie, il y a eu un discours de l'Europe.
01:07:34 Il y a cette dimension, il y a une proximité,
01:07:36 on va dire, historique avec l'Iran,
01:07:38 qui ne date pas d'ailleurs des Molas,
01:07:40 qui ne date pas récemment
01:07:42 de l'entrée de l'Iran dans les Brix,
01:07:44 mais qui date de bien avant.
01:07:46 Un des premiers ambassadeurs qui arrive à Moscou
01:07:48 dès la fin du XVIe siècle,
01:07:50 c'est l'ambassadeur de Perse.
01:07:52 Parce que la Perse et l'Empire de Russie
01:07:54 sont voisins.
01:07:56 Ensuite, évidemment, il y a aujourd'hui
01:07:58 une puissance qui compte peut-être davantage,
01:08:00 la Chine, qui est à la fois un voisin
01:08:02 et une grande puissance,
01:08:04 beaucoup plus puissante que la Russie aujourd'hui,
01:08:06 d'un point de vue économique,
01:08:08 pas encore militaire, mais économique.
01:08:10 Et puis, on voit des demandes graphiques,
01:08:12 c'est évident.
01:08:14 C'est évident qu'aujourd'hui,
01:08:16 on a tendance à voir
01:08:18 un basculement,
01:08:20 certains disent, dans le camp chinois.
01:08:22 On pourrait imaginer
01:08:24 que la Russie forme avec la Chine
01:08:26 une sorte d'alliance,
01:08:28 puis plus qu'une alliance, un bloc.
01:08:30 - Ils ont contre l'Occident.
01:08:32 - Ils ont tourné le doigt à l'Europe et s'occupent de l'Asie.
01:08:36 - Oui, alors,
01:08:38 il faut relativiser tout ça.
01:08:40 Parce que d'abord, les choses sont en train de se faire,
01:08:42 les relations internationales,
01:08:44 les mutations qui interviennent, ça ne se fait pas en 15 jours,
01:08:46 c'est des décennies et des décennies.
01:08:48 Certains parlent
01:08:50 de basculement vers l'Est, de la diplomatie russe,
01:08:52 c'est tout à fait exact, mais ce basculement
01:08:54 vers l'Est ne commence pas avec la guerre
01:08:56 en Ukraine, il commence bien avant.
01:08:58 Dès les années 90, d'ailleurs,
01:09:00 au moment où la Russie est en train de se transformer
01:09:02 et devenir une économie de marché,
01:09:04 où la relation avec l'Occident est vraiment privilégiée,
01:09:06 aussi pour des raisons financières,
01:09:08 parce que c'est là qu'il y a des capitaux,
01:09:10 on se tourne aussi vers la Chine.
01:09:12 Pourquoi ? Le premier motif n'est pas politique,
01:09:14 mais économique. On voit dans la Chine
01:09:16 le potentiel de développement économique,
01:09:18 et on se dit, il faut qu'on en soit,
01:09:20 il ne faut pas qu'on soit complètement absent
01:09:22 de ce pays, ou des relations
01:09:24 avec un pays qui devient une grande puissance,
01:09:26 qui devient un moteur de croissance mondial,
01:09:28 qui est notre voisin, et avec lequel
01:09:30 nous avons rompu
01:09:32 quasiment tout lien à partir de 1961.
01:09:34 Donc, le rapprochement
01:09:36 avec la Chine va se faire progressivement,
01:09:38 jusqu'à devenir une alliance,
01:09:40 enfin, une quasi-alliance, aujourd'hui,
01:09:42 on le voit clairement ces dernières semaines,
01:09:44 on a vu que la Chine
01:09:46 se positionnait maintenant
01:09:48 en allié de la Russie dans le conflit en Ukraine.
01:09:50 Bon, on n'écrivra pas encore des armes,
01:09:52 mais enfin, on soutient la technologie.
01:09:54 Alors ça, c'est très intéressant,
01:09:56 parce qu'on peut y voir, beaucoup aux Etats-Unis,
01:09:58 c'est un pays où on réfléchit
01:10:00 beaucoup à ça,
01:10:02 des plans, qu'en fait,
01:10:04 les sanctions occidentales,
01:10:06 et puis la
01:10:08 conflictualité avec l'Occident,
01:10:10 et le choix de l'Occident, en fait,
01:10:12 de soutenir l'Ukraine en 2014,
01:10:14 et de ne pas favoriser la paix, on va dire, les choses comme ça,
01:10:16 de pousser, on va dire, dans le sens de la guerre,
01:10:18 va, en fait,
01:10:20 rapprocher la Russie et la Chine,
01:10:22 alors que les Etats-Unis auraient eu tout intérêt
01:10:24 à mettre la Russie dans leur camp.
01:10:26 Alors ça, c'est quelque chose qu'on trouve
01:10:28 sous la plume d'analystes américains
01:10:30 comme John Mershimer, mais pas seulement,
01:10:32 beaucoup, et disent en fait, cette politique
01:10:34 d'hostilité occidentale
01:10:38 à l'égard de la Russie, a poussé la Russie dans les bras
01:10:40 de la Chine. Alors, est-ce que c'est exact ?
01:10:42 Est-ce qu'il y a une alliance chinoise en formation ?
01:10:44 Alors, j'ai un chapitre dessus...
01:10:46 - Disons qu'il y a une partie qui est exacte, ouais, ouais, ouais.
01:10:48 - Il faut attendre pour voir, il faut relativiser,
01:10:50 il faut être très très prudent, parce que cette relation
01:10:52 sino-russe, elle ne date pas encore
01:10:54 elle-même d'aujourd'hui,
01:10:56 elle date au moins du XVIIe siècle.
01:10:58 1654, signature du
01:11:00 traité de Neertschins,
01:11:02 qui est le premier traité frontalier
01:11:04 entre la Russie et la Chine.
01:11:06 Relations qui sont caractérisées par
01:11:08 un voisinage méfiant
01:11:10 et par une très grande
01:11:12 défiance mutuelle.
01:11:14 Alors, aujourd'hui, bien sûr,
01:11:16 en voyant les embrassades de
01:11:18 Xi Jinping et de Poutine, on a l'impression
01:11:20 qu'ils embrassent en ouf le
01:11:22 ville, mais les choses ne sont pas aussi
01:11:24 claires, et je pense que c'est un... Effectivement,
01:11:26 ce qui est clair, c'est que la Russie
01:11:28 cherche à rééquilibrer
01:11:30 ses interfaces, et à
01:11:32 devenir... En fait, ce qui est très important de comprendre,
01:11:34 moi j'ai quand même une approche, vous avez dit,
01:11:36 historien, je ne suis pas tout à fait historien, je suis plutôt politiste,
01:11:38 peu importe, mais j'ai une approche
01:11:40 plutôt géopolitique. En fait,
01:11:42 je dirais que la politique à long
01:11:44 terme de la Russie, c'est comment devenir...
01:11:46 Comment faire de cette
01:11:48 continentalité un atout.
01:11:50 Et donc, comment faire que cet état
01:11:52 continent devienne
01:11:54 un territoire,
01:11:56 non pas simplement de forteresse,
01:11:58 de bastion, de défense,
01:12:00 comme vous avez dit, assiégée, mais
01:12:02 aussi un espace de connectivité
01:12:04 et un espace par lequel transitent
01:12:06 les marchandises, et bien les personnes,
01:12:08 entre l'Europe et l'Asie.
01:12:10 - Alors, justement, justement, vous dites,
01:12:12 et c'est très intéressant, votre dernier...
01:12:14 la dernière page de votre livre,
01:12:16 votre conclusion est très intéressante,
01:12:18 parce que vous dites, vous citez
01:12:20 Pierre Le Gendre, et
01:12:22 vous dites, alors, vous dites,
01:12:24 "Nous faisons le pari de la pérennité du
01:12:26 logiciel impérial russe", ce que vous venez
01:12:28 de décrire, hein, mais que vous racontez, évidemment,
01:12:30 beaucoup plus longuement et beaucoup plus...
01:12:32 Et c'est normal, avec beaucoup plus
01:12:34 en détail dans votre livre, mais vous dites
01:12:36 ceci, vous dites, et ça c'est très intéressant,
01:12:38 Jean-Robert Raviau, vous dites,
01:12:40 "L'Etat russe n'est pas frappé,
01:12:42 du moins, dans la même mesure,
01:12:44 par le délitement symbolique
01:12:46 qui frappe l'Etat en Occident,
01:12:48 un délitement de ce qui fait le collage
01:12:50 de la foi et de la loi."
01:12:52 Effectivement, il faut rappeler
01:12:54 ce que Poutine a beaucoup prou,
01:12:56 le retour de l'orthodoxie en Russie,
01:12:58 le retour de... qui mènerait une émission
01:13:00 à elle seule, mais
01:13:02 je continue, vous dites
01:13:04 ceci, vous dites,
01:13:06 "La vigueur du patriotisme russe, sa défense
01:13:08 par les élites dirigeantes, et pour l'heure,
01:13:10 la croyance de ces dernières, et d'une
01:13:12 grande partie de l'opinion russe, en une certaine
01:13:14 sacralité symbolique
01:13:16 de la Russie." On revient au sacré
01:13:18 et à la religion. "La croyance en la persistance
01:13:20 d'un capital fiduciaire
01:13:22 fort de l'Etat russe, d'un sens
01:13:24 à l'existence de la Russie,
01:13:26 et à sa persistance historique
01:13:28 en tant qu'Etat et que grande puissance,
01:13:30 contraste vivement..." Et je crois
01:13:32 que c'est vraiment assez fondamental,
01:13:34 ça, en tout cas, ce que vous dites,
01:13:36 "...contraste vivement avec
01:13:38 l'Etat d'esprit qui règne en Europe occidentale,
01:13:40 où les dirigeants
01:13:42 politiques, soutenus par l'immense
01:13:44 majorité des élites sociales,
01:13:46 considèrent vivre le temps
01:13:48 de la disparition de leurs nations
01:13:50 et du recul nécessaire
01:13:52 de leurs propres fonctions étatiques et souveraines
01:13:54 au profit de l'Europe",
01:13:56 ou pour laisser la place à une gouvernance
01:13:58 mondiale à venir." Et
01:14:00 vous concluez, "En Russie,
01:14:02 une certaine foi continue à
01:14:04 coller avec la loi,
01:14:06 en dépit des vicissitudes qui ont marqué
01:14:08 son histoire récente, l'Etat
01:14:10 russe n'est pas devenu,
01:14:12 à l'instar de la France, un fantôme."
01:14:14 Donc la France est devenue un fantôme,
01:14:16 Jean-Robert Raviot, ça y est, c'est crié.
01:14:18 - Alors, oui, merci André Bercoff,
01:14:20 et je m'excuse, on m'a fait remarquer,
01:14:22 mes lecteurs m'ont fait remarquer que c'était
01:14:24 une phrase extrêmement longue, et
01:14:26 sans doute la phrase la plus longue du livre,
01:14:28 à mon insu. - Oui, mais elle est
01:14:30 très importante. - Alors,
01:14:32 tout d'abord, la moitié de ce que vous avez lu, c'est pas moi
01:14:34 qui l'ai écrit, c'est Pierre Le Gendre, qui est un auteur
01:14:36 qui m'inspire beaucoup, parce que c'est
01:14:38 un historien du droit, des institutions,
01:14:40 et bien plus que cela, et qui est
01:14:42 quelqu'un qui montre
01:14:44 la continuité,
01:14:46 comment dire, de...
01:14:48 à travers des pratiques et des droits,
01:14:50 d'une certaine conception de l'Etat
01:14:52 et du droit,
01:14:54 et qui montre aussi la fragilité
01:14:56 et le discrédit
01:14:58 jeté sur ces institutions, en Occident,
01:15:00 et en particulier en Europe occidentale,
01:15:02 et donc c'est lui qui dit, en France, nous vivons
01:15:04 dans des fantômes de l'Etat.
01:15:06 Alors, ce qu'il veut dire, c'est que
01:15:08 il y a partout
01:15:10 des survivances de la monarchie, par exemple,
01:15:12 du Parlement, etc.,
01:15:14 mais qui sont fantomatiques,
01:15:16 pourquoi ? Parce que les élites sociales,
01:15:18 et les dirigeantes, dans leur grande majorité,
01:15:20 sont passées à autre chose, et
01:15:22 non seulement ne connaissent pas cet héritage,
01:15:24 mais n'ont pas envie de
01:15:26 continuer, en quelque sorte.
01:15:28 Regardez tout le discours sur l'Union européenne,
01:15:30 qui est censé être notre avenir,
01:15:32 le président Mitterrand disait "l'Europe,
01:15:34 c'est l'avenir",
01:15:36 enfin, bref, c'est quelque chose de très profond
01:15:38 en Europe occidentale. En Russie,
01:15:40 par contre, et c'est pour ça que je voulais
01:15:42 souligner la différence, c'est que
01:15:44 la plupart des gens,
01:15:46 personne ne pense que la Russie
01:15:48 a vocation, par exemple, à entrer dans l'Union européenne
01:15:50 et à devenir le xième
01:15:52 Etat de l'Union européenne, au même titre
01:15:54 que la Croatie, l'Estonie ou la Belgique.
01:15:56 Vous voyez ? Bon, ça n'a vraiment aucun sens.
01:15:58 Et donc la Russie,
01:16:00 elle a une sorte de...
01:16:02 De part, sa continentalité, d'ailleurs, en partie,
01:16:04 elle a une sorte de...
01:16:06 - Elle n'est pas sur l'étendue. - Voilà, elle existe
01:16:08 ou elle n'existe pas, mais si elle existe,
01:16:10 elle ne peut pas s'encastrer dans d'autres choses.
01:16:12 Donc, il n'y a pas de possibilité
01:16:14 pour... Si l'Etat russe existe,
01:16:16 il doit continuer
01:16:18 la route qu'il a entreprise.
01:16:20 - Et c'est la foi qui fait ça, en fait,
01:16:22 sinon on va en parler. - La foi, peut-être pas
01:16:24 forcément religieuse.
01:16:26 Pierre Le Gendre parle de la foi, il parle
01:16:28 de tout un corpus théologique
01:16:30 et politique, qui comprend
01:16:32 la religion, mais qui comprend aussi
01:16:34 la politique, les idées politiques,
01:16:36 etc. Donc là, c'est ça que je veux dire.
01:16:38 Par exemple, ce patriotisme dont on parlait tout à l'heure,
01:16:40 hein, ce culte
01:16:44 de la Seconde Guerre mondiale, de la Grande Guerre
01:16:46 patriotique, ça fait partie
01:16:48 de cette croyance dans
01:16:50 un Etat russe qui a une
01:16:52 identité, une fonction,
01:16:54 un destin, et
01:16:56 au fond, une
01:16:58 existence réelle,
01:17:00 et une pertinence réelle.
01:17:02 - Et on peut se poser des questions,
01:17:04 effectivement, hélas, hélas,
01:17:06 mais je crois que les élites peuvent
01:17:08 se remplacer aussi sur ce qui se passe en France.
01:17:10 On continue juste après une petite
01:17:12 pause et on prend les auditeurs
01:17:14 de Sud Radio. - Oui, parce que
01:17:16 vous êtes beaucoup à nous appeler aujourd'hui, 0826
01:17:18 300 300, on marque une courte
01:17:20 pause et on est là jusqu'à 14h. À tout de suite.
01:17:22 - Sud Radio
01:17:24 Bercov, dans tous ses Etats,
01:17:26 appelez maintenant pour réagir
01:17:28 0826 300 300.
01:17:30 - Ici,
01:17:32 Sud Radio.
01:17:34 Les Français parlent
01:17:38 au français.
01:17:40 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:17:42 Je n'aime pas la
01:17:44 blanquette de veau. - Sud Radio
01:17:46 Bercov, dans tous ses Etats.
01:17:50 - On est toujours dans Bercov,
01:17:52 dans tous ses Etats, à 13h46,
01:17:54 avec André Bercov et Jean-Robert
01:17:56 Raviau et on a un premier auditeur
01:17:58 qui nous appelle, c'est Emmanuel qui nous appelle
01:18:00 depuis Pessac en Gironde. Bonjour Emmanuel.
01:18:02 - Bonjour Emmanuel. - Bonjour André.
01:18:04 Bonjour, j'espère que vous êtes bien remis
01:18:06 petit à petit. - Oui, tout à fait.
01:18:08 - Et bonjour à votre
01:18:10 invité et à toute l'équipe. Voilà,
01:18:12 moi, ce que je voulais dire simplement, c'est que...
01:18:14 Bonjour monsieur. C'est que les guerres, en fait, ont
01:18:16 toujours été faites pour masquer les faillites,
01:18:18 ça a toujours été le cas depuis les guerres napoléoniennes
01:18:20 après les Assinias jusqu'à 1939.
01:18:22 On n'est pas très loin des faillites
01:18:24 de 2008. En fait, les plans de
01:18:26 démantèlement de la Russie, ils existent depuis le XVIIIe siècle
01:18:28 dans les cartons. C'est toujours le même
01:18:30 conflit séculaire entre Thalassocratie,
01:18:32 Empire thalassocratique, donc plutôt
01:18:34 anglo-saxon, et Thélirocratique, c'est-à-dire la Terre,
01:18:36 plutôt les empires russes.
01:18:38 Enfin, en tout cas, l'Empire
01:18:40 européen ou ce qui pourrait le devenir,
01:18:42 parce qu'on parle d'empire, mais en fait,
01:18:44 les USA, c'est pas un empire, c'est un hégémone.
01:18:46 Parce que la différence avec un empire, c'est qu'il intègre
01:18:48 ses colonies, on a même vu lors des
01:18:50 romains, des empereurs
01:18:52 qui venaient des colonies, les USA,
01:18:54 c'est un hégémone, c'est-à-dire que lui, il pille
01:18:56 ses colonies, c'est pas du tout pareil.
01:18:58 À son profit, bien sûr.
01:19:00 Et en fait, les guerres sont toujours faites
01:19:02 par des gens qui se connaissent mais qui se tapent jamais dessus,
01:19:04 qui envoient des gens qui se connaissent pas à leur profit
01:19:06 qui vont s'entretuer. Parce que c'est quand même
01:19:08 les USA qui ont 800 bases,
01:19:10 bien sûr, et qui sont toujours d'actualité,
01:19:12 mais c'est un conflit séculaire, c'est quand même les USA
01:19:14 qui ont 800 bases partout dans le monde, et encore on connaît pas les secrètes.
01:19:16 On commence à en découvrir en Ukraine
01:19:18 notamment, mais c'est quand même eux qui ont 800
01:19:20 bases un peu partout et quand on gratte la plantation,
01:19:22 on peut pas reprocher à Poutine de se demander
01:19:24 ou même à la Chine de se dire qu'est-ce que tout
01:19:26 cet encerclement a pour but.
01:19:28 - D'accord.
01:19:30 Alors, j'ai un brin à vieux.
01:19:32 - Oui.
01:19:34 - Alors, je vous reçuis
01:19:36 tout à fait, Emmanuel, sur la distinction
01:19:38 entre hégémone et empire.
01:19:40 La Russie est un empire au sens
01:19:42 historique du terme, c'est-à-dire ce que j'appelle moi
01:19:44 un empire archaïque, c'est-à-dire
01:19:46 un ensemble de territoires qui se forment à partir d'un
01:19:48 centre par agrégation de territoires qui sont
01:19:50 dans la continuité territoriale. Ce qui fait que
01:19:52 dans les empires archaïques du type Russie,
01:19:54 Chine, empire assyrien,
01:19:56 il y a une très difficile
01:19:58 distinction, au bout d'un certain
01:20:00 temps, entre ce qu'on appelle la métropole
01:20:02 et puis les espaces conquis.
01:20:04 Dans les hégémones ou dans les empires
01:20:06 ultramarins comme l'empire britannique
01:20:08 ou espagnol ou français, il y a d'un côté
01:20:10 la métropole européenne et puis les territoires
01:20:12 conquis, outre-mer. Et donc c'est
01:20:14 tout à fait un autre type d'état.
01:20:16 On a tendance à
01:20:18 mettre ça sous le nom d'empire, mais en fait
01:20:20 moi je distingue empire
01:20:22 archaïque, empire ultramarin, vous faites
01:20:24 empire hégémone, c'est tout à fait,
01:20:26 je vous suis tout à fait.
01:20:28 Quant aux bases américaines,
01:20:30 en Ukraine, de la CIA qui ont été révélées,
01:20:32 c'était un peu un secret de Polychinelle
01:20:34 mais ça a été révélé par les empires.
01:20:36 - Les 12 bases sur la frontière ukrainienne.
01:20:38 - Alors c'est tout à fait,
01:20:40 c'est pas une vraie surprise.
01:20:42 Effectivement, je pense que
01:20:44 l'installation militaire
01:20:46 et du renseignement américain
01:20:48 et britannique en Ukraine,
01:20:50 à partir de 2014,
01:20:52 est un des motifs
01:20:54 de l'invasion
01:20:56 de l'Ukraine en 2022. C'est à dire que cet
01:20:58 investissement militaire
01:21:00 américano-britannique
01:21:02 en Ukraine,
01:21:04 est tout à fait réel et jugé à
01:21:06 Moscou et perçu à Moscou comme
01:21:08 vidant la Russie et visant
01:21:10 à affaiblir
01:21:12 la sécurité de la Russie.
01:21:14 Je parle des dirigeants russes, leur perception.
01:21:16 - On remercie Emmanuel.
01:21:18 - Merci Emmanuel. On a Frédéric qui nous
01:21:20 appelle depuis Bergerac. Bonjour Frédéric.
01:21:22 - Bonjour Frédéric.
01:21:24 - Bonjour à votre équipe, bonjour
01:21:26 à Edith Haunter depuis la Dordogne.
01:21:28 Moi ce que je voulais,
01:21:30 je voulais juste dire que
01:21:32 on n'a pas fait
01:21:34 assez allusion à l'interview
01:21:36 de monsieur Poutine. Tout le monde a pris ça
01:21:38 comme une fanfare au lab.
01:21:40 Alors que je suis désolé, il a parlé pendant
01:21:42 deux heures, de façon posée.
01:21:44 Il était interviewé, soit disant,
01:21:46 par un journaliste, complotiste,
01:21:48 pro-Trump, enfin tout ce qu'on a pu dire.
01:21:50 - On dit toujours ça.
01:21:52 - De toute façon le complot est russe.
01:21:54 Les agriculteurs qui ont fichu
01:21:56 un peu de bazar au salon,
01:21:58 c'était les russes. Aujourd'hui,
01:22:00 tout vient des russes. Les élections truquées,
01:22:02 c'est le virus. Et moi je dis
01:22:04 bien aux gens, revenez au moins sur des résumés
01:22:06 de cette interview de monsieur Poutine
01:22:08 qui précise bien qu'il n'a pas forcément
01:22:10 ni l'intérêt
01:22:12 d'envahir des pays
01:22:14 comme ça à côté. A part, il n'en aurait pas les moyens
01:22:16 puisque, comme l'a bien dit
01:22:18 votre invité de toute façon,
01:22:20 et également madame Galateros,
01:22:22 et puis l'intervenant d'avant.
01:22:24 - Hérine Nécy, oui.
01:22:26 - De toute façon, la Russie
01:22:28 ne sent que 150 millions.
01:22:30 C'est à dit
01:22:32 notre président hier soir.
01:22:34 Il va nous faire passer,
01:22:36 on sait très bien la différence
01:22:38 entre le discours du président
01:22:40 et d'ailleurs en suivant le fil du teur
01:22:42 et en écoutant votre émission
01:22:44 en même temps, je viens de voir que déjà
01:22:46 monsieur Scholz vient déjà
01:22:48 de se mettre en arrière
01:22:50 de monsieur Macron.
01:22:52 - Il n'est pas le seul.
01:22:54 - Et d'autres également.
01:22:56 C'est tout ce que je voulais dire.
01:22:58 - Merci.
01:23:00 - Merci beaucoup Frédéric.
01:23:02 - Merci.
01:23:04 - Juste un mot avant de prendre
01:23:06 un auditeur.
01:23:08 Il y a une chose,
01:23:10 effectivement, parce que tout ce qu'on entend
01:23:12 aujourd'hui c'est de dire,
01:23:14 et justement je voudrais avoir un peu
01:23:16 votre ressenti,
01:23:18 votre opinion, Jean-Robert Raviot.
01:23:20 On dit que la Russie, oui,
01:23:22 mais là, Poutine, il veut aller
01:23:24 beaucoup plus loin, pas seulement Kiev
01:23:26 mais les Pays-Baltes et pourquoi pas
01:23:28 et plus si affinités, etc.
01:23:30 Est-ce que
01:23:32 la Russie, cette
01:23:34 propension
01:23:36 conquérante de la Russie
01:23:38 a
01:23:40 existé, existe
01:23:42 ou c'est un fantasme ?
01:23:44 - Si on regarde l'histoire,
01:23:48 les invasions russes n'ont jamais
01:23:50 dépassé le plus loin
01:23:52 qu'on soit allé, si tant est
01:23:54 qu'on puisse considérer ça comme une invasion
01:23:56 parce que les soviétiques sont entrés
01:23:58 en Europe de l'Est
01:24:00 avec accord des alliés
01:24:02 donc jusqu'à Berlin.
01:24:04 Ce n'était pas vraiment une invasion.
01:24:06 Mais il n'y a pas
01:24:08 moi je pense
01:24:10 que, cherchons dans l'histoire
01:24:12 un moment où la Russie
01:24:14 a voulu envahir
01:24:16 ou avoir
01:24:18 un territoire ouest européen
01:24:20 situé au-delà des mers, aucun.
01:24:22 Aucun moment. Donc moi j'explique
01:24:24 que le logiciel impérial russe
01:24:26 c'est la sécurisation des confins
01:24:28 parce que par la sécurisation des confins
01:24:30 on sécurise Moscou,
01:24:32 le centre politique. Et qu'on a toujours
01:24:34 peur que Moscou soit déstabilisé par ses confins.
01:24:36 Bon, c'est tout. Et je pense pas
01:24:38 effectivement qu'il y ait de plans d'invasion
01:24:40 de la Pologne, de l'Estonie
01:24:42 ou de la Suède, voire
01:24:44 de l'Allemagne ou de la France, tout ça c'est du
01:24:46 fantasme. Mais c'est un fantasme qui a bien
01:24:48 fonctionné pendant la guerre froide parce que ça alimentait
01:24:50 les budgets militaires et donc
01:24:52 ça permettait aussi à l'OTAN
01:24:54 et à l'Occident de motiver, on va dire,
01:24:56 les parlementaires
01:24:59 pour voter des gros budgets.
01:25:01 Non pas qu'il n'y ait pas de menace soviétique,
01:25:03 mais elle était largement exagérée, de même que la menace
01:25:05 occidentale était très largement exagérée
01:25:07 en USSR. Tout ça pour dire
01:25:09 et pour rebondir un peu
01:25:11 sur ce que disait votre auditeur,
01:25:13 que non, il faut pas,
01:25:15 ces déclarations de Macron, elles sont totalement...
01:25:17 Alors soit elles sont fondées
01:25:19 sur des informations que nous n'avons pas
01:25:21 et...
01:25:23 en quel cas, ben voilà.
01:25:25 Soit elles sont une pure
01:25:27 rhétorique qui vise à faire
01:25:29 de l'agiotage dont l'objectif n'est pas tant
01:25:31 d'aider l'Ukraine que plutôt
01:25:33 de promouvoir sa future candidature
01:25:35 dans des instances transnationales
01:25:37 ou internationales... - Européennes ou autres.
01:25:39 - Ou autres, voilà. Je suis assez
01:25:41 cynique, mais je pense que beaucoup de gens
01:25:43 tireront la même conclusion.
01:25:45 Quant au discours de Poutine, enfin pardon,
01:25:47 l'interview de Poutine, vous avez raison de le mentionner,
01:25:49 votre auditeur avait raison de la mentionner,
01:25:51 elle est très intéressante,
01:25:53 c'est une interview qui avait pour objectif...
01:25:55 Alors il s'est adressé à Tucker Carlson
01:25:57 qui est un journaliste engagé,
01:25:59 disons républicain pour autre chose,
01:26:01 pour simplifier, tout à fait sympathisant
01:26:03 de Poutine, hein.
01:26:05 Et donc l'objectif n'était pas
01:26:07 d'être interviewé par un journaliste
01:26:09 occidental qui lui aurait posé des questions gênantes,
01:26:11 il s'en est bien gardé d'ailleurs, monsieur Carlson,
01:26:13 mais plutôt
01:26:15 de s'adresser à un journaliste qui va
01:26:17 être le porte-voix
01:26:19 disons,
01:26:21 traduire en mots occidentaux
01:26:23 la manière dont... L'objectif de Poutine, c'était
01:26:25 que les électeurs américains
01:26:27 qui vont regarder cette
01:26:29 émission comprennent mieux
01:26:31 la position de la Russie. Et j'en profite
01:26:33 pour dire que si vous regardez cette interview qui est très
01:26:35 longue, deux heures et quelques,
01:26:37 2h18 je crois,
01:26:39 les 45 premières minutes, c'est un cours d'histoire
01:26:41 sur la Russie. - Tout à fait.
01:26:43 - Et du coup, elle est sortie le même jour
01:26:45 que mon livre. - Il a fait son logiciel impérial russe.
01:26:47 - Voilà, moi je me suis
01:26:49 dit que j'avais pas eu totalement tort d'insister
01:26:51 beaucoup sur l'histoire parce que c'est vraiment
01:26:53 non seulement important mais aussi
01:26:55 très utilisé par les dirigeants
01:26:57 russes pour expliquer leur politique.
01:26:59 - On va remercier Frédéric.
01:27:01 - Alors, nous avons un dernier
01:27:03 auditeur. - Oui, nous avons Philippe qui nous appelle
01:27:05 depuis Narbonne. Bonjour Philippe, rapidement.
01:27:07 - Bonjour Philippe. - Bonjour,
01:27:09 Philippe de Narbonne,
01:27:11 voilà, moi je voulais intervenir
01:27:13 un petit peu pour dire
01:27:15 ce que tout le monde pense tout bas,
01:27:17 c'est-à-dire qu'il faut
01:27:19 vite, comment dire, qu'on arrête
01:27:21 Macron dans sa
01:27:23 folie guerrière et belliciste.
01:27:25 Je pense que tous les auditeurs,
01:27:27 comment dire, quels qu'ils soient,
01:27:29 qui se sont exprimés aujourd'hui
01:27:31 ont remis un petit peu les points sur les
01:27:33 i par rapport à la Russie
01:27:35 et ce qui était la Russie,
01:27:37 et, comment dire, voilà, il faut pas
01:27:39 dire qu'on est quand même
01:27:41 toujours sous le coup de la dissuasion
01:27:43 nucléaire et que de parler
01:27:45 d'envoyer des soldats en Ukraine,
01:27:47 c'est un pas
01:27:49 vers un conflit
01:27:51 de ce type-là. C'est scandaleux.
01:27:53 C'est tout simplement scandaleux.
01:27:55 Il faut arrêter.
01:27:57 C'est un espèce de vente,
01:27:59 un vatte en guerre, comment dire,
01:28:01 il est en train de
01:28:03 mettre à plat la France, en train de mettre à plat
01:28:05 les relations internationales.
01:28:07 Comment on va faire après avec la Russie ?
01:28:09 C'est absolument incroyable.
01:28:11 En tout cas, je remercie
01:28:13 la qualité
01:28:15 de vos intervenants
01:28:17 et de vous-même
01:28:19 pour remettre un peu d'ordre
01:28:21 dans, comment dire,
01:28:23 ces médias et dans ces...
01:28:25 - Merci à vous.
01:28:27 Merci beaucoup, Philippe.
01:28:29 C'est ça, écoutez, on en a connu
01:28:31 d'autres, j'espère que ça va
01:28:33 pas déraper dans, effectivement,
01:28:35 dans n'importe quoi. Je voudrais
01:28:37 dire aussi que, voilà,
01:28:39 le livre de Jean-Robert Raviot, en tout cas,
01:28:41 met les points sur les "i", sur un certain nombre
01:28:43 de choses. C'est pour ça qu'il faut le lire.
01:28:45 Et je dirais qu'on n'a pas
01:28:47 eu le temps de développer Jean-Robert Raviot
01:28:49 "Le centre et la périphérie", mais vous l'avez décrit
01:28:51 quelque part. Et
01:28:53 on en reparlera
01:28:55 de tout cela. Je crois que ce qui est
01:28:57 très important, vraiment, c'est de raison
01:28:59 gardée et de bon sens gardé
01:29:01 et peut-être aussi de connaissance
01:29:03 gardée. En tout cas, vous en avez fait preuve,
01:29:05 Jean-Robert Raviot, et je vous remercie.
01:29:07 - Merci à tous de nous avoir écoutés.
01:29:09 On rappelle ce livre, Jean-Robert Raviot
01:29:11 "Russie, le logiciel impérial"
01:29:13 aux éditions de l'Artilleur.
01:29:15 Merci à tous d'avoir été avec nous.
01:29:17 Merci André Bercoff. Merci à tous les auditeurs.
01:29:19 Tout de suite, c'est Brigitte Lahaye sur Sud Radio.
01:29:21 Sud Radio, parlons vrai
01:29:23 est aussi à Lyon et Le Grand Lyon sur
01:29:25 105.8 FM, le DAB+
01:29:27 et l'application Sud Radio.
01:29:29 Sud Radio, parlons vrai.

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