Avec Guy Mettan, député au Grand Conseil du canton de Genève et auteur de "Russie-Occident, une guerre de mille ans" ; Nelly Garnier, conseillère régionale IDF et vice-présidente des Républicains ; Lisa Kamen-Hirsig, professeure des écoles et auteure de "La grande garderie" publié aux éditions Albin Michel.
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NewsTranscription
00:00:00 En février 2022, la Russie envahit une bonne partie de l'Ukraine.
00:00:05 Depuis, embargo, répercussions...
00:00:09 Le monde n'a pas arrêté de bouger.
00:00:13 C'est une date, effectivement, qui restera dans l'histoire.
00:00:16 Mais la guerre, elle finit quand ?
00:00:19 Elle fait des milliers de morts tous les jours,
00:00:22 des dizaines de milliers, les semaines, les mois.
00:00:24 Qu'est-ce qui se passe exactement ?
00:00:26 Est-ce que c'est plié ou est-ce que ça va encore continuer longtemps ?
00:00:29 On en parle tout de suite.
00:00:31 Sud Radio Berkhoff dans tous ses états.
00:00:34 Le fait du jour.
00:00:36 Il revient de guerre. Est-ce qu'il revient de guerre ?
00:00:38 Quelquefois, il ne revient pas. Il revient les pieds devant.
00:00:41 Et voilà, c'est la guerre aussi.
00:00:43 C'est ça, c'est le nombre de morts, de blessés, etc.
00:00:46 Mais au-delà de ça, qu'est-ce qui se passe ?
00:00:48 On entend tout et son contraire.
00:00:50 On voit ce qui se passe en Amérique avec des répercussions, effectivement,
00:00:53 avec le shutdown à peine évité.
00:00:56 Et les milliards promis à l'Ukraine, pour le moment,
00:00:59 ils sont effectivement relégués à 45 jours.
00:01:02 Ce qui se passe en Slovaquie, certains disent "attention,
00:01:05 aujourd'hui, on ne va plus donner tout ce qu'on a à donner", etc.
00:01:08 Alors, on va en parler avec Guy Métin. Bonjour, Guy Métin.
00:01:12 - Bonjour. - Bonjour.
00:01:14 Vous êtes député au Grand Conseil du canton de Genève.
00:01:17 Vous êtes journaliste et vous êtes auteur d'un livre
00:01:20 qui a fait date, que je suis en train de lire, pour tout vous dire,
00:01:24 avec beaucoup d'intérêt, "Russie-Occident, une guerre de mille ans".
00:01:27 Alors, on ne va pas retracer la guerre de mille ans entre Russie et Occident,
00:01:30 mais cette guerre qui dure depuis un an et demi,
00:01:33 maintenant un peu plus d'un an et demi, depuis donc février 2022.
00:01:37 Alors, aujourd'hui, effectivement, Guy Métin,
00:01:40 vous suivez, vous, avec beaucoup de précision et beaucoup d'attention,
00:01:45 qu'est-ce qui se passe exactement ?
00:01:47 Je veux dire, par là, qu'on entend deux sons de cloche aujourd'hui,
00:01:50 enfin, deux, plusieurs, mais certains qui disent,
00:01:53 y compris en Amérique, y compris par des généraux comme Mac Gregor,
00:01:57 comme Desessis, comme Kohlingrug et tout ça,
00:02:00 c'est fini, c'est plié, comme Sermon Hersh, le journaliste américain.
00:02:03 Vous voyez, je ne donne que des informations venant des États-Unis.
00:02:09 Oui, c'est plié, ça y est, les Russes ont gagné, simplement,
00:02:12 voilà, chacun gagne du temps, et c'est autre chose.
00:02:15 Quelle est votre analyse ?
00:02:17 - Oui, je pense que c'est assez juste.
00:02:20 Personnellement, je ne pense pas que le conflit soit tout à fait plié,
00:02:23 parce que malgré le fait que les Ukrainiens sont à la peine,
00:02:28 ils ont encore des ressources, et les livraisons d'armes
00:02:31 tentent quand même à se maintenir, malgré toutes les difficultés
00:02:35 de ces dernières semaines.
00:02:37 Ce qui est intéressant de constater, c'est que si vous lisez le New York Times,
00:02:41 vous avez fait référence à des auteurs américains,
00:02:43 c'est la première fois dans un journal qui ne peut pas être suspecté de poutinisme
00:02:48 qu'on constate, qu'on relève le fait que depuis le début de l'année,
00:02:53 les Russes ont conquis 500 km² de terrain,
00:02:57 alors que les Ukrainiens n'ont conquis depuis le début de leur offensive
00:03:01 que 200 km².
00:03:03 Donc, il y a un avantage net pour les Russes de 300 km².
00:03:08 Ça n'est pas grand-chose, mais c'est quand même significatif
00:03:12 des difficultés que rencontrent les Ukrainiens sur le terrain,
00:03:16 et qui, à mon avis, font dire, peut-être de façon un petit peu trop optimiste,
00:03:21 à certains que tout est déjà plié.
00:03:23 Personnellement, je pense qu'il y a encore suffisamment de ressources
00:03:27 pour que le conflit dure encore quelques mois.
00:03:30 - Oui, alors justement, Guy Métham, au-delà des sympathies ou des antipathies,
00:03:36 on n'est pas là pour prendre position de ce point de vue-là,
00:03:39 mais il y a quelque chose qui est là.
00:03:41 Est-ce que les deux parties, pour des motifs complètement différents,
00:03:44 n'ont-ils pas intérêt, et c'est triste à dire, à prolonger en tout cas la guerre,
00:03:49 à faire que la guerre se prolonge pour des motifs électoraux pour les uns,
00:03:53 je dirais financiers et autres pour les autres ?
00:03:56 Parce qu'on a l'impression que ça dure et ça dure,
00:03:59 et on ne voit pas du tout, on ne parle pas de négociations,
00:04:03 on ne parle même pas de rencontres, d'accord ?
00:04:06 Pour le moment, il n'y a rien de cela.
00:04:08 Il y a des invectives, et il y a des bras de fer,
00:04:11 et des grandes remontades.
00:04:13 C'est quand même assez triste.
00:04:15 Oui, absolument, bien sûr.
00:04:18 En plus, on ne peut même pas parler de paix,
00:04:20 parce que toutes les personnes qui osent parler de paix,
00:04:23 qu'elles soient aux États-Unis ou en Europe,
00:04:25 sont immédiatement brocardées,
00:04:27 comme des traîtres, comme des amis de Poutine, etc.,
00:04:30 ce qui est quand même un con,
00:04:32 quand on pense justement à notre propre continent
00:04:35 et les guerres mondiales qu'il a subies.
00:04:39 On dirait que la paix est devenue un gros mot de nos jours.
00:04:43 Mais si, effectivement, si on revient sur ce qui se passe sur le terrain,
00:04:49 on constate que personne ne veut cette paix.
00:04:52 Les Russes l'ont dit, eux, ils ont le temps.
00:04:55 Ils ont le temps pour eux.
00:04:57 Maintenant, ils sont à côté.
00:04:58 Ce n'était pas ce qu'ils avaient forcément prévu en février 2022.
00:05:02 Maintenant, ils se sont tout à fait fait à l'idée que le conflit allait durer.
00:05:06 Ils se sont recroquevillés dans leur forteresse.
00:05:10 On voit que c'est pratiquement inexpugnable,
00:05:12 leur situation est pratiquement inexpugnable,
00:05:15 et que les autres s'usent à force de les attaquer
00:05:19 avec des pertes qui sont à peu près 8 à 10 contre 1.
00:05:22 Donc, les Russes peuvent tenir tant qu'il faudra.
00:05:25 Est-ce que ce sont de vrais chiffres ?
00:05:27 Oui, justement, M. Bayram.
00:05:28 Quand ils n'ont pas intérêt à négocier.
00:05:30 Et puis, les Ukrainiens, le problème qu'on ne rappelle jamais,
00:05:33 c'est que les Ukrainiens ont fait passer une loi,
00:05:36 Zelensky a fait passer une loi qui interdit de négocier.
00:05:40 Il y a une loi qui interdit de négocier ?
00:05:42 Oui, oui, absolument.
00:05:44 Non, non.
00:05:45 Si vous ne prononcez pas le mot négociation en Ukraine,
00:05:49 vous passez pour un traître.
00:05:51 Donc, évidemment, en se forçant lui-même à ne pas négocier,
00:05:55 si lui-même enfreint la propre loi qu'il a fait passer,
00:05:59 eh bien, il va passer aussi pour un traître,
00:06:01 mais pour un capitular.
00:06:02 Donc, il est dans une impasse.
00:06:04 Oui, il y a une espèce de double contrainte, quoi, des taux.
00:06:07 Mais ces chiffres, juste, parce qu'on les a entendus, ces chiffres,
00:06:13 est-ce qu'ils sont vraiment fiables ?
00:06:15 Quand vous dites à 1 contre 8, les victimes,
00:06:17 c'est-à-dire 8 Ukrainiens pour 1 Russe qui tombe,
00:06:20 est-ce que ce sont des chiffres fiables ?
00:06:22 On n'a pas de certitude, parce que l'un, un camp comme l'autre,
00:06:27 ont mis un tabou sur les chiffres.
00:06:29 C'est interdit de parler des pertes en Ukraine.
00:06:32 Ça n'est pas possible aussi d'en parler en Russie,
00:06:37 parce qu'il n'y a pas de chiffres qui ont été publiés maintenant depuis longtemps.
00:06:41 D'après les experts, d'après ce qu'on voit circuler de part et d'autre,
00:06:46 on peut constater, on peut dire avec une certitude assez forte
00:06:52 que ces pertes sont, je dis à peu près, de 8 contre 1.
00:06:55 On parle d'à peu près 500 000 morts, blessés,
00:06:59 ou personnes hors de combat en Ukraine,
00:07:03 et du côté russe, entre 50 et 60 000.
00:07:08 Personne peut être sûr de ces chiffres,
00:07:11 mais ça paraît assez probable,
00:07:13 au vu de ce qui se passe maintenant sur le terme.
00:07:15 Alors justement, parlons un peu des conséquences qu'on vit actuellement.
00:07:21 Il semble que dans les pays baltes, dans l'Europe centrale et de l'Est,
00:07:27 où il y avait un front anti-russe, en tout cas assez fort,
00:07:31 c'est le moins que l'on puisse dire,
00:07:33 et légitime en tout cas pour les Polonais et autres,
00:07:37 pour leurs raisons qui leur sont propres,
00:07:39 les souvenirs de l'Union Soviétique.
00:07:41 Mais on va parler de votre livre et du sujet au fond après.
00:07:43 Mais une chose, la Slovaquie est en train de dire
00:07:46 "Nous on va stopper", d'autres pays en train de dire cela.
00:07:49 L'Amérique, il y a effectivement les Trumpistes
00:07:53 qui veulent qu'on arrête absolument l'aide à l'Ukraine,
00:07:55 et les autres qui disent "pas question, il faut continuer absolument".
00:07:59 Et je voudrais que vous disiez vos sentiments
00:08:04 sur le fait que, évidemment, comparaison et paraison,
00:08:07 et c'est beaucoup plus petit,
00:08:08 qu'on n'a pas du tout eu la même chose
00:08:10 quand depuis hier, 120 000 Arméniens ont quitté le Haut-Karabakh
00:08:14 et ont été chassés par les Azeris.
00:08:16 Là, on en parle beaucoup moins, pour des raisons évidentes.
00:08:20 Mais voilà, je voudrais que vous me disiez par rapport à ça,
00:08:22 les ondes de choc, si vous voulez, un peu partout,
00:08:25 que ce soit en Europe, aux États-Unis, ou à côté en Arménie.
00:08:28 - Tout à fait.
00:08:31 Jusqu'à maintenant, qu'est-ce qu'on a fait en Occident ?
00:08:34 On a déshabillé Joe, Emmanuel et Olaf pour habiller Volodymyr.
00:08:39 Sans se poser la question du sens qu'on faisait,
00:08:42 du but qu'on cherchait à atteindre.
00:08:44 Pourquoi on le faisait ? On ne s'est jamais demandé pourquoi.
00:08:46 Il fallait soutenir le nez dans le guidon,
00:08:50 de façon aveugle, l'Ukraine.
00:08:53 Mais sans qu'on ne se pose jamais la question,
00:08:55 est-ce que c'est possible ? Pour quels résultats ? Etc.
00:08:58 Et forcément, à force de faire ça, qu'est-ce qui se passe ?
00:09:01 Les peuples se rebiffent.
00:09:03 Maintenant, on commence à constater que la plaisanterie,
00:09:07 je m'excuse de cette expression, a assez duré,
00:09:11 et qu'il faudrait mettre fin au massacre,
00:09:13 parce qu'on n'en voit pas d'issue.
00:09:15 Et plus il y a de morts, plus cette guerre devient absurde,
00:09:19 en tout cas du côté ukrainien,
00:09:21 parce qu'on massacre des centaines de milliers d'Ukrainiens.
00:09:24 J'ai bien compris quand vous disiez "plaisanterie".
00:09:27 Ce n'est pas une plaisanterie, mais j'ai bien compris comment vous le disiez.
00:09:30 C'est une tragédie.
00:09:32 Et donc, ça légitime les réactions violentes des peuples,
00:09:36 comme on peut le voir maintenant aux Slovaquies,
00:09:38 comme on le voit aussi aux États-Unis.
00:09:41 Parce que ce qui s'est passé cette nuit au Congrès,
00:09:44 où on a balancé le président de la Chambre des représentants,
00:09:48 c'est aussi une révolte, on va dire,
00:09:51 des élus contre le fait qu'on donne à l'Ukraine,
00:09:54 on balance des milliards,
00:09:56 sans se poser de questions sur l'utilisation de cet argent,
00:10:00 sur la corruption,
00:10:02 sur la nécessité de livrer des armes jeudi,
00:10:06 sans qu'on obtienne de résultats.
00:10:08 Donc c'est ça qui explique ce ras-le-bol qu'on voit monter en Europe.
00:10:13 On l'a vu monter aussi en Pologne, c'est le même phénomène.
00:10:16 Il y aura d'autres pays qui seront aussi frappés par la même évolution.
00:10:21 Et c'est pour venir haut.
00:10:23 Et c'est d'autant plus scandaleux pour les opinions publiques,
00:10:26 qu'elles insistent, comme vous l'avez dit,
00:10:29 au fond à l'invasion,
00:10:32 enfin à l'anéantissement du Karabakh,
00:10:37 pour qu'on réagisse.
00:10:38 Alors d'un côté, on peut anéantir les Arméniens, aucun problème,
00:10:43 ça ne pose aucun problème à personne.
00:10:45 Et puis alors de l'autre, pour l'Ukraine,
00:10:47 il faudrait se battre jusqu'à la mort, jusqu'au dernier Ukrainien,
00:10:50 ça n'a pas de sens.
00:10:52 Si on est dans une opinion,
00:10:54 si on est dans le grand public qui se bat tous les jours
00:10:56 pour gagner sa vie, aller au travail,
00:10:59 et qui voit qu'on dépense son argent en pure perte.
00:11:03 - Alors on va juste continuer quelques temps,
00:11:06 après cette petite pause, Guy Méten,
00:11:09 on vous retrouve dans quelques minutes, en deux minutes.
00:11:11 A tout de suite.
00:11:12 - Restez bien avec nous sur Sud Radio,
00:11:13 on va continuer de parler de ce conflit russo-ukrainien,
00:11:16 avec vous aussi au 0826-300-300.
00:11:18 A tout de suite sur Sud Radio.
00:11:19 - Et nous sommes toujours avec Guy Méten,
00:11:21 député au Grand Conseil du canton de Genève
00:11:23 et auteur de ce livre que je vous recommande,
00:11:26 qui a été écrit il y a quelques années,
00:11:27 mais qui reste d'actualité,
00:11:29 "Russie-Occident, une guerre de mille ans".
00:11:31 Guy Méten, je voudrais parler du côté,
00:11:34 on a bien parlé du côté militaire, du côté économique.
00:11:37 Vous vous rappelez, il y a eu quand même aujourd'hui,
00:11:40 il y a eu l'embargo, et on a vu les effets justement de l'embargo,
00:11:44 de la saisie des avants financiers russes, Swift et compagnie,
00:11:49 et puis de l'immortelle phrase de notre non moins immortelle ministre
00:11:53 de l'économie, "Nous allons mettre à genoux l'économie russe".
00:11:58 On a vu à quel point l'économie russe était à genoux,
00:12:01 mais plus généralement, effectivement,
00:12:04 est-ce que sur les peuples, vous parliez des peuples d'Europe et tout ça,
00:12:07 vous pensez que ça a joué aussi dans certaines réactions,
00:12:10 le fait de cet embargo économique,
00:12:12 qui n'a pas vraiment fonctionné comme on pensait ?
00:12:16 - Absolument, absolument, puisque comme vous l'avez mentionné,
00:12:21 votre ministre, monsieur Lemaire,
00:12:23 avait annoncé que l'économie, grâce aux sanctions
00:12:26 prises par l'Union européenne, l'économie russe allait s'effondrer.
00:12:29 Ça ne s'est pas du tout produit pour une raison très simple,
00:12:33 c'est qu'on a complètement sous-estimé la capacité,
00:12:36 la résilience de l'économie russe,
00:12:38 parce que ces gens ne voyagent jamais en Russie,
00:12:41 n'écoutent pas, à force d'avoir que des préjugés sur les Russes,
00:12:45 refusent de voir la réalité.
00:12:47 Moi, je trouve que j'ai calculé l'autre jour,
00:12:50 j'avais été 75 fois en Russie,
00:12:52 j'étais 75 fois en Russie ces 25 dernières années.
00:12:55 Donc je ne dis pas que je connais la Russie,
00:12:58 mais je prétends encore la connaître, monsieur Lemaire.
00:13:01 J'ai pu constater, en visitant des usines,
00:13:04 en visitant la campagne, que l'économie russe
00:13:08 était plus forte et naturellement plus résiliente qu'on ne le disait.
00:13:12 Ça s'est révélé exact, ne serait-ce qu'en matière d'agriculture.
00:13:18 On l'avait déjà vu après 2014 avec les sanctions agricoles,
00:13:22 tout d'un coup la production agricole russe explosait,
00:13:25 la Russie devenait le premier producteur mondial de blé,
00:13:28 ce qui n'était pas le cas avant, c'était les États-Unis qui étaient en terre.
00:13:32 Donc ça, c'était des signaux durs, on va dire,
00:13:36 du potentiel de l'économie russe.
00:13:38 Donc ce n'est pas du tout étonnant que la Russie ait très bien pu passer cette étape,
00:13:44 encaisser le choc et pu réagir.
00:13:48 Et puis maintenant, on voit qu'avec les mesures stupides,
00:13:51 je ne peux pas dire autrement, mais prises par l'Union européenne,
00:13:54 on se tire une balle dans le pied en supprimant l'approvisionnement russe
00:13:59 en énergie bon marché.
00:14:00 C'est pour ça qu'on va acheter le pétrole russe dans l'Azerbaïdjan
00:14:04 et on le paye plus cher que l'on payait avant.
00:14:06 C'est l'Azérie, l'économie, on la paye.
00:14:09 Alors évidemment, les Européens qui doivent acheter leur diesel,
00:14:15 leur gazole à la pompe, voient tout de suite la différence.
00:14:19 Alors on explique que c'est dû à toutes sortes de choses,
00:14:22 mais c'est dû par les décisions.
00:14:24 D'abord, c'est dû aux décisions stupides qui ont été prises par l'Union européenne.
00:14:29 On ne peut pas le dire autrement.
00:14:30 Alors on peut tromper les gens et le peuple pendant un certain temps,
00:14:34 mais on ne peut pas le tromper tout le temps.
00:14:36 Et maintenant, on arrive encore à ce moment de vérité.
00:14:39 - Eh bien écoutez, ce moment de vérité, on verra jusqu'où il ira.
00:14:42 Merci, Guy Méthyn.
00:14:43 Merci pour vos éclaircissements.
00:14:44 - Merci à vous. Merci de votre accueil.
00:14:47 - Sud Radio André Bercoff.
00:14:49 Bercoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:14:54 - Les Yann vivant ce soir qu'on se couche, à une condition.
00:14:57 À une condition que quand on se couche, qu'est-ce qu'on voit dans son lit ?
00:15:00 Un mâle qui répand la terreur, mâle que le ciel en sa fureur.
00:15:03 A voulu punir les habitants de Paris et de la Terre.
00:15:06 Les punaises de lit, puisqu'il faut l'appeler par leur nom.
00:15:09 Les punaises de lit.
00:15:10 C'est un marquant, on ne parle plus que de ça.
00:15:11 Depuis 48 heures, les punaises de lit.
00:15:14 L'horizon indépassable.
00:15:16 Le reste, oui, le chômage, l'économie, le pouvoir d'achat, etc.
00:15:19 Oui, bien, l'inflation, bien sûr, bien sûr.
00:15:22 La sécurité de l'aviance, mais alors là,
00:15:24 c'est pire que les dilaires de drogue.
00:15:26 Mais c'est pire que tout.
00:15:28 Nelly Garnier, bonjour.
00:15:29 - Bonjour.
00:15:30 - Vous êtes conseillère de Paris.
00:15:31 Vous êtes également conseillère de l'Île-de-France.
00:15:33 Vice-présidente du ALR, c'est bien ça.
00:15:35 Alors, ces punaises de lit, au fond,
00:15:37 elles existent depuis longtemps.
00:15:39 Et comment vous expliquez qu'aujourd'hui,
00:15:41 c'est devenu alors vraiment l'horizon ?
00:15:44 - Alors, déjà, il y a une prolifération quand même.
00:15:47 C'est-à-dire qu'il y a eu des moments où il y en avait plus,
00:15:49 il y a des moments où il y en a moins.
00:15:50 Là, on voit, alors c'est difficile à expliquer,
00:15:52 peut-être aussi que c'est un peu l'après-Covid,
00:15:54 les voyages ont repris,
00:15:55 il y a plus de brassages en espace public.
00:15:57 Mais ce qui est sûr, c'est que ce que nous disent les entreprises,
00:15:59 c'est difficile d'évaluer combien,
00:16:01 quel est l'état, on va dire, de l'invasion,
00:16:04 de cette invasion.
00:16:05 Mais on va dire que, sur les cinq dernières années,
00:16:09 on estime qu'il y a quand même un foyer sur dix qui a été touché.
00:16:11 C'est énorme, surtout quand on sait la difficulté à s'en débarrasser.
00:16:14 Et puis, depuis un an, entre l'été 2022 et l'été 2023,
00:16:18 les entreprises de désinfection nous disent que
00:16:21 leurs interventions ont augmenté de 65%.
00:16:24 Donc on voit bien qu'on est sur une forte progression sur la France.
00:16:27 Et alors, sur Paris, ce qui s'est passé,
00:16:29 c'est que c'était un peu mis sous le boisseau.
00:16:32 Et d'ailleurs, moi je suis dans un groupe politique
00:16:34 où on avait, il y a un an, on avait dit
00:16:36 "Attention, on sent que ça monte, il faut intervenir".
00:16:38 Il faut éliminer, parce que plus on laisse proliférer,
00:16:41 plus on a du mal ensuite à éteindre la prolifération.
00:16:46 Et donc on avait alerté Anne Hidalgo
00:16:49 pour qu'il y ait une action qui soit mise en place sur les nuisibles,
00:16:52 et en particulier sur les punaises de lits, il n'y avait rien eu.
00:16:54 Et là, cet été, il y a eu les fameux cinémas
00:16:57 qui ont fait que, bon, on s'est dit finalement
00:16:59 ça intervient dans l'espace public.
00:17:01 Et pour répondre à votre question, je pense que ce qui fait
00:17:03 qu'il y a un peu cet effet panique, c'est qu'avant,
00:17:05 c'était quelque chose qu'on avait chez soi,
00:17:07 un peu comme on peut avoir des cafards, des mythes alimentaires,
00:17:09 même si c'est beaucoup plus difficile de s'en débarrasser,
00:17:11 et puis c'est beaucoup plus compliqué de vivre avec.
00:17:14 Mais voilà, on se disait, c'est des parasites
00:17:16 qui peuvent prendre possession de la maison.
00:17:19 Là, on en voit dans les trains, on en voit dans certaines écoles,
00:17:21 ça a eu lieu à Marseille, à Paris, c'est vraiment les villes de gros brassages.
00:17:24 Et donc il y a un peu cet effet panique,
00:17:26 et puis on se dit, on est à six mois des JO,
00:17:28 on va avoir le monde entier qui arrive à Paris,
00:17:31 qui va être dans les hôtels, dans les AirBnB,
00:17:33 et ça va encore plus brasser.
00:17:35 Donc il y a une angoisse qui monte,
00:17:37 alors après on peut parler...
00:17:38 - On prend les trains pour aller dans les stades, etc.
00:17:40 - Après on peut parler des solutions et de leur pertinence.
00:17:42 - Allons-y pour les solutions, est-ce qu'il y en a ?
00:17:45 - Alors, ce qui est intéressant, c'est que quand,
00:17:48 généralement il y a un phénomène,
00:17:50 alors là on est toujours dans les recesses,
00:17:52 alors le premier adjoint, Dan Hidalgo,
00:17:54 il a dit qu'il faut faire des assises de la punaise de lit.
00:17:56 Je crois que vous qui en avez eu,
00:17:58 je crois que vous attendiez pas des assises de la punaise de lit.
00:18:00 - Et il a dit, il faut apprendre à vivre avec la punaise de lit.
00:18:02 - Voilà, il faut apprendre à vivre avec,
00:18:04 parce que eux ils ont l'ambiance écolo-animaliste,
00:18:07 qui surtout, faut pas toucher aux rats,
00:18:09 on a 6 millions de rats à Paris, plus que d'habitants,
00:18:11 et puis on a les punaises de lit, il faut apprendre à vivre avec.
00:18:13 Et puis après il y a eu la France Insoumise,
00:18:16 qui avec son sens de la mesure,
00:18:18 est arrivée avec sa fiole,
00:18:20 Mathilde Pannot qui est arrivée avec sa fiole,
00:18:22 et eux c'est la folie législative.
00:18:25 Bon, on a plus de 10 000 lois en France,
00:18:27 230 000 décrets.
00:18:29 - Mais qu'est-ce qu'ils veulent faire ?
00:18:30 - Quand on sait pas quoi faire, on fait une loi.
00:18:32 Vous voyez ce que je veux dire ?
00:18:33 Alors après moi je vois pas, je pense que
00:18:35 ni des assises, ni une loi, ne régleront le problème.
00:18:38 Le problème si vous voulez aujourd'hui,
00:18:40 c'est qu'il faut qu'on épaule les gens,
00:18:42 parce que c'est très très lourd de faire face à des punaises de lit,
00:18:44 et puis il faut qu'on gère le collectif.
00:18:46 C'est-à-dire que nous, quand il y a un an,
00:18:48 on a interpellé Anne Hidalgo,
00:18:50 le groupe dans lequel je suis, qui est présidé par Rachid Alati,
00:18:52 c'était pour dire, oui, attention,
00:18:54 déjà on aide les gens à bien comprendre
00:18:56 comment s'en débarrasser, on fait de la sensibilisation,
00:18:58 on le fait dans les logements sociaux,
00:19:00 on sait que le parc social est très important à Paris,
00:19:02 et que ce sont les propriétaires
00:19:04 qui sont responsables de la gestion des punaises de lit,
00:19:07 et puis on gère le collectif.
00:19:09 Le collectif, ce sont les EHPAD, les écoles,
00:19:11 ce sont aussi les cinémas,
00:19:13 tous les lieux, les cinémas,
00:19:15 mais on voit aussi la problématique des théâtres,
00:19:17 pour l'instant personne ne pense aux théâtres
00:19:19 tant qu'ils seront pas touchés,
00:19:20 et donc on a quand même un risque économique,
00:19:22 parce que, voilà, moi je veux vous dire...
00:19:24 - Si les cinémas sont abandonnés,
00:19:26 les théâtres sont abandonnés, tout est...
00:19:28 - Oui, et je vais vous dire, j'ai pris le train dimanche
00:19:30 pour aller à Valence, d'ailleurs,
00:19:32 la rentrée des jeunes est l'air,
00:19:34 et j'ai quand même inspecté mon siège
00:19:36 en m'asseyant, c'est-à-dire qu'on met
00:19:38 les gens dans une situation de stress,
00:19:40 et c'est vrai que Paris est déjà une ville où quand vous sortez
00:19:42 vous dites "bon, on vous dit retire ton collier,
00:19:44 tiens ton sac, attention aux rats,
00:19:46 faut pas marcher dans, je dirais pas dans quoi",
00:19:49 si en plus vous êtes dans le stress
00:19:51 de vous dire "en m'asseyant dans le métro,
00:19:53 ou dans le train, ou dans le cinéma,
00:19:55 je risque de ramener chez moi des punaises de lit",
00:19:57 ça rend encore plus difficile
00:19:59 la vie en ville,
00:20:01 la vie urbaine, et donc
00:20:03 nous ce qu'on appelle, c'est des brigades
00:20:05 de lutte contre les nuisibles,
00:20:07 et dans les nuisibles il peut aussi y avoir les rats,
00:20:09 tous ces animaux,
00:20:11 toutes ces espèces qui se développent du fait
00:20:13 d'être dans des grandes villes,
00:20:15 qui aient beaucoup de brassages, et puis...
00:20:17 Oui, parce que vous savez, une ville ça a la compétence
00:20:19 de la salubrité publique, la salubrité
00:20:21 c'est pas que la propreté, c'est aussi lutter
00:20:23 contre les épidémies, et les invasions nuisibles,
00:20:25 et donc c'est la compétence
00:20:27 d'abord, de ceux qui sont plus proches
00:20:29 des citoyens, donc...
00:20:31 - Plutôt que de la municipalité de la ville de Loué.
00:20:33 - Et oui, plutôt que de dire "on va aller faire une nouvelle loi à l'Assemblée",
00:20:35 déjà que les villes,
00:20:37 vous savez, je l'ai dit plusieurs fois,
00:20:39 Paris, on a toujours l'impression qu'on n'a pas de moyens,
00:20:41 que c'est la ville la plus pauvre du monde,
00:20:43 c'est 10 milliards de budget annuel, c'est 55 000
00:20:45 agents, il y a une taxe foncière
00:20:47 qui vient d'augmenter de 62%,
00:20:49 donc il y a des moyens d'agir, les gens ils comprennent
00:20:51 pas qu'on leur dise "on va mettre des gens,
00:20:53 on va subventionner
00:20:55 des millions pour des cours de patchwork,
00:20:57 ou de, vous voyez, des associations
00:20:59 inutiles, et on répond pas à leurs problèmes du quotidien.
00:21:01 - Ou de végétalisation, ou de...
00:21:03 - Raté, raté, mais aujourd'hui,
00:21:05 ils ont un problème du quotidien,
00:21:07 ils ont le problème des punaises de lit, il faut qu'il y ait une action
00:21:09 pour les aider, parce qu'il faut
00:21:11 éliminer le foyer le plus
00:21:13 tôt possible pour éviter la prolifération,
00:21:15 parce que là, si vous laissez partir, je vous ai dit,
00:21:17 il y a un plus 65% d'intervention, et on n'a pas les chiffres
00:21:19 sur Paris. - Par rapport à l'année dernière.
00:21:21 - Par rapport à l'année dernière.
00:21:23 Donc ça veut dire que là, avec les JO,
00:21:25 si on ne traite pas le problème d'ici là,
00:21:27 ça peut, et puis bon,
00:21:29 pour les hôteliers, c'est un vrai problème.
00:21:31 Et puis je vous dis, on a la problématique
00:21:33 des cinémas indépendants, des théâtres,
00:21:35 tout ça, ils n'ont pas un moyen, ils n'ont pas
00:21:37 des moyens à l'infini,
00:21:39 et vous le savez, quand on a
00:21:41 des punaises de lit, souvent on vous calcule
00:21:43 le prix de l'intervention, qui est autour de
00:21:45 900 euros, mais... - Quelques fois
00:21:47 beaucoup plus, d'ailleurs. - Mais en réalité, souvent, les gens
00:21:49 sont obligés de se séparer de leur literie
00:21:51 et de leur canapé, qui sont quand même les postes
00:21:53 parmi les plus élevés dans l'ameublement,
00:21:55 dans l'aménagement des maisons. - Et puis d'aller habiter ailleurs pendant ce temps-là,
00:21:57 parce qu'ils peuvent pas rester chez eux. - Voilà.
00:21:59 Et c'est pas pris en charge dans les assurances
00:22:01 de base, hein,
00:22:03 donc... - Là, il n'y a pas, oui, je crois,
00:22:05 ils en sont en train d'en discuter, mais il n'y a pas assurance punaise de lit.
00:22:07 - Non, non, ça fait pas partie
00:22:09 de l'assurance de base, donc ça veut dire que c'est un coût que les gens
00:22:11 assument, et qui a un coût très important,
00:22:13 et on est dans une période où, quand même, le pouvoir d'achat...
00:22:15 - C'est pas simple. - C'est pas simple,
00:22:17 et donc, c'est pour ça que la préoccupation, je vais vous dire,
00:22:21 les gens se disent "si je dois rajouter
00:22:23 le fait de changer
00:22:25 ma literie, mon canapé,
00:22:27 et tout ça, je vais pas pouvoir m'en sortir
00:22:29 financièrement." - Donc, vous, ce que vous dites,
00:22:31 les déléguarniers, mobilisons-nous, nous avons assez d'agents,
00:22:33 nous avons assez de personnel,
00:22:35 que les gens se mobilisent, et surtout
00:22:37 que les citoyens eux-mêmes soient informés
00:22:39 de ce qu'il faut faire très précisément. - Oui.
00:22:41 - Il faut que les collectivités, et en particulier
00:22:43 les communes, se mobilisent. A Paris,
00:22:45 on a une problématique qui est propre à la situation
00:22:47 parisienne, il faut que la mairie de Paris
00:22:49 s'en saisisse, plutôt que de reporter
00:22:51 à l'infini, d'assises,
00:22:53 ou de propositions de loi ou projets de loi.
00:22:55 Il faut s'en saisir, il faut
00:22:57 bien informer les citoyens, bien les
00:22:59 relayer vers les entreprises
00:23:01 qui vont pouvoir les aider, il faut
00:23:03 mettre le paquet sur les logements sociaux,
00:23:05 en mettant, en donnant
00:23:07 des objectifs très élevés aux bailleurs,
00:23:09 et puis il faut régler tous les espaces
00:23:11 collectifs, qui sont les transports en commun,
00:23:13 qui sont les écoles, qui sont les EHPAD,
00:23:15 les gymnases aussi,
00:23:17 c'est-à-dire un certain nombre
00:23:19 de lieux qui sont de la compétence de la ville,
00:23:21 et puis il faut aider les acteurs
00:23:23 qui pourraient être en difficulté, je vous ai dit,
00:23:25 les cinémas indépendants ou les théâtres. - Et vous vous dites
00:23:27 qu'on a les moyens de le faire ? - Bien sûr qu'on a
00:23:29 les moyens, c'est une question de volonté politique,
00:23:31 vous savez, vous l'avez vu, quand vous avez
00:23:33 des nuisibles chez vous, il faut de la volonté pour les faire
00:23:35 partir, c'est pareil, quand vous les avez à l'échelle
00:23:37 d'une ville, si vous êtes dans le laissé-aller,
00:23:39 ça part dans la prolifération et ça devient insupportable
00:23:41 pour les gens, avec des séquelles psychologiques
00:23:43 lourdes, parce qu'on le répète, jamais assez,
00:23:45 ça rend fou d'avoir des punaises de lit
00:23:47 chez soi. - C'est sûr. Merci
00:23:49 Nelly Garnier, mais écoutez, continuons
00:23:51 le combat, ce n'est qu'un début, contre les
00:23:53 punaises de lit. - Merci Nelly Garnier
00:23:55 d'avoir été avec nous, je rappelle que vous êtes conseillère régionale
00:23:57 d'Ile-de-France, vice-présidente des Républicains
00:23:59 et conseillère de Paris.
00:24:01 - Et j'entends siffler
00:24:03 le train, et j'entends
00:24:05 siffler le train,
00:24:07 ah non, non, non, c'est pas le train que j'entends siffler,
00:24:09 mais c'est quoi que j'entends siffler ?
00:24:11 Sud Radio
00:24:13 Bercov, dans tous ses états,
00:24:15 les perles du jour.
00:24:17 (bruits de sifflement)
00:24:19 (bruits de sifflement)
00:24:21 (bruits de sifflement)
00:24:23 Mais qu'est-ce que c'est que ça ?
00:24:25 Mais qu'est-ce que c'est que ces sifflets ?
00:24:27 Qu'est-ce que sont ces ourfaris ? Ce charivari ?
00:24:29 C'est quoi ça ? Cette bronca ?
00:24:31 Eh bien c'est pour accueillir
00:24:33 le président Emmanuel Macron à Toneil.
00:24:35 Oui, oui, à Toneil, dans le Lot-et-Garonne.
00:24:37 Eh bien voilà, ça se passe,
00:24:39 on ne comprend pas, on ne comprend pas. Tous les lundis,
00:24:41 maintenant, le président Macron est à la télévision
00:24:43 pour annoncer un certain nombre de choses.
00:24:45 Et puis dès qu'il part en province,
00:24:47 eh bien on entend toujours
00:24:49 ces gaulois réfractaires, mais
00:24:51 c'est pas possible, c'est pas possible.
00:24:53 Mais du point de vue de la communication,
00:24:55 qu'est-ce qui se passe ? Eh bien vraiment, on ne comprend pas.
00:24:57 Pourtant, il dit des choses
00:24:59 à Toneil, il a dit des choses, regardez ce qu'il a dit
00:25:01 sur les dealers,
00:25:03 sur la drogue, par exemple.
00:25:05 Écoutez.
00:25:07 Et donc qu'est-ce qu'on fait ? Et je remercie l'ensemble de nos forces de sécurité intérieure.
00:25:09 On pilonne tous les points de deal.
00:25:11 On ne les laisse pas au repos.
00:25:13 Ensuite, on met en place, grâce à
00:25:15 un office national qu'on a structuré
00:25:17 en 2018, pour lutter contre
00:25:19 les stupéfiants, on met en place des enquêtes
00:25:21 très dures pour démanter les réseaux
00:25:23 de drogue, qu'ils soient français
00:25:25 ou parfois d'ailleurs, quand vous parlez de Marseille,
00:25:27 ils sont internationaux. Et donc les enquêtes
00:25:29 parfois prennent du temps.
00:25:31 Et on met en place aussi, en plus des forces
00:25:33 de sécurité permanente qu'on met sur le terrain,
00:25:35 des forces d'appui,
00:25:37 coup de poing, une CRS qui a été
00:25:39 mise en place pour cela dans les
00:25:41 quartiers les plus difficiles, et maintenant
00:25:43 le ministre de l'Intérieur, dont je salue vraiment le travail
00:25:45 et l'engagement, a décidé de
00:25:47 la même chose pour les forces d'investigation.
00:25:49 - Eh bien c'est formidable ! De quoi vous
00:25:51 plaignez-vous, franchement, les hurleurs ?
00:25:53 D'abord c'est bien, il n'y a plus de casserole,
00:25:55 au moins, ça calme un peu les choses.
00:25:57 De quoi vous plaignez-vous ? Enfin voilà,
00:25:59 on pilonne, on pilonne, on pilonne. Allez,
00:26:01 les trafics, les CRS arrivent, les gendarmes
00:26:03 arrivent. En attendant, c'est vrai
00:26:05 que c'est un travail d'Hercule, vous vous rendez compte
00:26:07 un peu ? La France est le premier
00:26:09 pays consommateur de cannabis en Europe,
00:26:11 avec 5 millions d'usagers par an.
00:26:13 Chiffre d'affaires annuel ? 1,2
00:26:15 milliards d'euros, selon le
00:26:17 chef d'affaires français des drogues et des tendances
00:26:19 addictives. Oui,
00:26:21 des millions de fumeurs,
00:26:23 et je ne parle pas de la cocaïne, de l'héroïne,
00:26:25 de l'ecstasie, etc.
00:26:27 Et puis encore, vous voyez,
00:26:29 presque tous les jours, il se passe des
00:26:31 règlements contendilaires, et puis des gens qui
00:26:33 sont tranquillement dans leur appartement,
00:26:35 ils reçoivent une balle perdue.
00:26:37 C'est dur, mais voilà, on
00:26:39 pilonne, on pilonne, on pilonne.
00:26:41 C'est fatigant. Alors, de temps
00:26:43 en temps, heureusement, on peut se reposer.
00:26:45 Vous voyez, il y avait la Fashion Week,
00:26:47 et la Fashion Week, l'Élysée a organisé un dîner
00:26:49 pour la Fashion Week, et bien,
00:26:51 il y avait effectivement un pianiste,
00:26:53 et le président Macron, à côté du pianiste,
00:26:55 qui pouvaient enfin
00:26:57 se reposer, écouter.
00:26:59 (Musique)
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00:27:11 (Musique)
00:27:13 Et vous voyez,
00:27:15 nous ne mangeons qu'un jour
00:27:17 sur deux, et oui,
00:27:19 on n'oublie pas cela, on n'oublie pas
00:27:21 ceux qui ont des problèmes, vous voyez, la preuve,
00:27:23 c'est qu'on les célèbre, on les chante,
00:27:25 vous voyez, c'est formidable, voilà,
00:27:27 vous dites que vous êtes abandonnés,
00:27:29 SDF, mal payés,
00:27:31 tout ça, non, on vous chante
00:27:33 la Bohème, la Bohème, la Bohème,
00:27:35 c'est magnifique, et bien c'est bien, voilà,
00:27:37 écoutez, il y a un temps pour tout,
00:27:39 un temps pour hurler, un temps pour huer,
00:27:41 et puis un temps pour chanter
00:27:43 et vogue la galère.
00:27:45 « Il n'y a jamais personne
00:27:47 qui répond », disait Nino Ferrer.
00:27:49 On a envie de rire,
00:27:51 mais on a plutôt envie d'en pleurer,
00:27:53 vous voyez. Samedi dernier,
00:27:55 une dizaine de brancards
00:27:57 accompagnés par les sapeurs-pompiers des Pyrénées-Orientales
00:27:59 se sont retrouvés bloqués
00:28:01 devant les urgences du centre hospitalier
00:28:03 de Perpignan. Nous avions ici,
00:28:05 nous en avons parlé dans l'émission,
00:28:07 on avait reçu Christophe Prud'homme d'ailleurs.
00:28:09 Une situation, c'est quand même hallucinante,
00:28:11 et la vidéo, donc la CGTS-DIS
00:28:13 66 a publié une vidéo.
00:28:15 Et on voit la vidéo, on est à la radio,
00:28:17 donc je vous la décris,
00:28:19 on voit les sapeurs-pompiers qui accompagnent
00:28:21 des patients allongés sur des brancards.
00:28:23 Ils font la queue devant l'entrée des urgences
00:28:25 de l'hôpital de Perpignan. Plusieurs
00:28:27 secouristes montrent des signes d'impatience,
00:28:29 traduisant une attente anormale. Voilà.
00:28:31 Qu'est-ce qui se passe ? Eh bien c'était là,
00:28:33 c'était samedi, des brancards, comme ça,
00:28:35 il dit « on n'avait jamais vu ça », a dit
00:28:37 le secrétaire général CGT, Christophe Garcia.
00:28:39 C'est quand même
00:28:41 terrifiant, terrifiant cette histoire des urgences.
00:28:43 Il faut maintenant qu'on montre
00:28:45 des vidéos et qu'on voit que
00:28:47 ce système de santé, il y a encore 20 ans,
00:28:49 le premier du monde, eh bien aujourd'hui, voilà.
00:28:51 42%, je le rappelle,
00:28:53 on l'avait dit, des services d'urgence
00:28:55 ont fermé ponctuellement cet été,
00:28:57 faute de personnel.
00:28:59 70% des SMU répondants ont été amenés
00:29:01 à fermer au moins une ligne durant l'été.
00:29:03 C'est pas possible.
00:29:05 Alors, le médecin-chef du pôle urgences
00:29:07 du centre hospitalier de Perpignan,
00:29:09 où ça s'est passé, ils étaient là,
00:29:11 les urgences, il dit « oui ». Qu'est-ce que vous voulez,
00:29:13 ce samedi en 13h et 15h,
00:29:15 important flux de patients, une trentaine d'ambulances
00:29:17 sont arrivées d'un coup, sans compter
00:29:19 les patients qui venaient par leurs propres moyens,
00:29:21 cela nous a mis en difficulté.
00:29:23 Bon, ça arrive, effectivement, il ne faut pas dire
00:29:25 que tout se passe comme ça,
00:29:27 ils se réorganisent, ils s'essayent de voir
00:29:29 et tout ça. Mais enfin, il y a un vrai
00:29:31 problème, on l'a dit, de l'urgence, il y a, bon,
00:29:33 les gens qui viennent pour des bobos, et ceux-là,
00:29:35 vraiment, il faudrait qu'ils s'arrêtent, quoi. On ne va pas
00:29:37 aux urgences pour des bobos, on va aux urgences
00:29:39 quand il y a quelque chose de grave.
00:29:41 Deuxièmement, et surtout, on le sait,
00:29:43 ça fait des années qu'on dit les mêmes choses,
00:29:45 on a l'impression que,
00:29:47 voilà, ça passe comme une espèce de
00:29:49 « P » sur une toile cirée, pardon,
00:29:51 de l'image, mais non,
00:29:53 c'est pas possible, encore une fois,
00:29:55 le vrai problème, vous savez, on paye des milliards
00:29:57 d'impôts, on a près de
00:29:59 50% de prélèvements obligatoires.
00:30:01 La question qui revient tout le temps,
00:30:03 qui nous a posé, où va notre argent ?
00:30:05 On fait un audit, on est les copropriétaires
00:30:07 de la Maison France,
00:30:09 et bien on veut savoir où passe notre argent.
00:30:11 C'est pas difficile, montrez-le.
00:30:13 Avec Internet aujourd'hui et la technologie,
00:30:15 on peut le montrer, donc, urgence et ailleurs,
00:30:17 où va notre argent ?
00:30:19 Le bon tabac, hein, attention,
00:30:21 avec modération, là c'est pas du tabac.
00:30:23 Et bien, écoutez, on est très heureux
00:30:25 dans la profusion d'accueillir un nouveau journaliste,
00:30:27 un journaliste, vraiment, il n'a peut-être
00:30:29 pas sa carte de presse, mais il est brillant,
00:30:31 il est remarquable, et il a
00:30:33 trouvé une émission qui, à mon avis, doit passer
00:30:35 tous les jours, formidable.
00:30:37 Ce journaliste s'appelle Olivier Véran.
00:30:39 Oui, il est porte-parole du gouvernement, mais en vérité,
00:30:41 il a une âme de journaliste.
00:30:43 Il vient de faire une émission, alors on n'a pas
00:30:45 les images, mais on a le son, ça s'appelle
00:30:47 Agora, lancez le nouveau
00:30:49 Agora, voilà, c'est une
00:30:51 application pour vous consulter sur les sujets
00:30:53 qui vous concernent, c'est-à-dire la démocratie
00:30:55 participative. Écoutez.
00:30:57 - Ok, Charlotte,
00:30:59 on va se mettre là, mal, pour pas se récraser.
00:31:01 - Moi, c'est une très très bonne idée. Parce qu'aujourd'hui,
00:31:03 y'en a pas. - Est-ce que vous avez le sentiment que les politiques
00:31:05 écoutent assez les Français ? - Pas vraiment. - Non, ouais.
00:31:07 - On a l'impression que les politiques
00:31:09 sont très loin des préoccupations très concrètes.
00:31:11 - Est-ce que vous savez ce que c'est que le renouveau démocratique ?
00:31:13 - Oh là là ! - C'est une idée de
00:31:15 programme pour vous représenter ?
00:31:17 - Non, c'est mon ministère.
00:31:19 Mais c'est pas grave. Est-ce que
00:31:21 vous avez des idées pour la démocratie ? - Les manières de
00:31:23 voter sont les mêmes depuis des années.
00:31:25 - Vous êtes favorable à ce qu'on puisse voter par Internet ? - Complètement.
00:31:27 S'adresser directement aux citoyens
00:31:29 et établir un peu le lien. Écoutez,
00:31:31 mais chaque communauté, même si c'est pas la majorité.
00:31:33 - S'il y avait une application qui vous permette de
00:31:35 participer, vous pourriez la télécharger ?
00:31:37 - Oui, totalement.
00:31:39 - L'idée c'est que toutes les semaines
00:31:41 on puisse interroger les Français sur les sujets
00:31:43 qui les préoccupent. Et vous pourrez aussi proposer des questions
00:31:45 et vous aurez une réponse ensuite en vidéo du ministre.
00:31:47 - Quel est le nom de l'application ? - Agora.
00:31:49 - On a fait simple.
00:31:51 - Merci à vous.
00:31:53 - Mais merci à vous Olivier Véran. Extraordinaire !
00:31:55 On pensait qu'il y avait pas de démocratie en France.
00:31:57 Regardez ! Agora !
00:31:59 Agora, vous allez pouvoir consulter
00:32:01 et on va vous écouter, bien sûr, c'est formidable.
00:32:03 Le renouveau démocratique,
00:32:05 c'est le nom de mon ministère, c'est magnifique.
00:32:07 On se disait "Où était la démocratie ?"
00:32:09 Elle est dans le ministère d'Olivier Véran !
00:32:11 Voilà, tout s'explique, évidemment !
00:32:13 Alors c'est formidable quand il dit,
00:32:15 vous pensez que ce seraient bien les consultations
00:32:17 sur Internet ? Ah oui, formidable !
00:32:19 Quand on sait la possibilité d'escroquer,
00:32:21 de hacker et d'arnaquer
00:32:23 sur Internet, oui c'est formidable !
00:32:25 Mais alors, dites-moi Olivier Véran,
00:32:27 si vous relisez la Constitution, juste comme ça,
00:32:29 vous savez qu'il y a aussi une autre manière
00:32:31 de consulter le peuple ?
00:32:33 Ah bon ? Quelle manière ?
00:32:35 Le référendum ! Vous avez entendu parler,
00:32:37 le référendum ! Il n'y en a plus depuis 2005 !
00:32:39 Oui c'est vrai ça, ça avait disparu.
00:32:41 Mais je vous assure, c'est encore dans la Constitution.
00:32:43 Vous pouvez utiliser,
00:32:45 cher Olivier Véran, le référendum !
00:32:47 Ah bon ? Le référendum ?
00:32:49 Ah mais non ! Agora, c'est mieux !
00:32:51 Agora, vous appliquez, voilà c'est une application,
00:32:53 vous cliquez, la déclaration
00:32:55 des doigts de l'homme, la déclaration des doigts
00:32:57 de la femme, vous cliquez et vous allez voir,
00:32:59 on est en démocratie participative,
00:33:01 c'est nous le renouveau démocratique !
00:33:03 - Ahhhhhhh !
00:33:05 - Merci monsieur, merci monsieur.
00:33:07 - 16h04 sur Sud Radio, il est l'heure
00:33:09 pour André Bercoff de recevoir
00:33:11 Lisa Kamen-Hirsig, professeure des écoles
00:33:13 et auteure de ce nouveau livre,
00:33:15 "La Grande Garderie", c'est aux éditions Albin Michel.
00:33:17 Bonjour à vous. - Bonjour.
00:33:19 - Alors "La Grande Garderie", je vous rassure tout de suite,
00:33:21 je vous inquiète tout de suite, c'est pas du tout
00:33:23 un livre sur la garde à vue.
00:33:25 Vous le savez pas du tout, c'est un livre
00:33:27 sur l'école, et l'école,
00:33:29 les petits, les moins petits, Lisa Kamen-Hirsig,
00:33:31 vous êtes professeure,
00:33:33 institutrice, je ne sais pas
00:33:35 comment on dit en CM2, on dit quoi en fait ?
00:33:37 - Mais les enfants m'appellent soit
00:33:39 madame, soit les tout petits, ils appellent
00:33:41 leur maîtresse maîtresse, et moi je trouve ça très
00:33:43 joli maîtresse d'école. - Ah oui c'est joli.
00:33:45 - Maître d'école ou maîtresse d'école, je trouve ça
00:33:47 très bien. Moi je dis, quand j'avais ma
00:33:49 petite émission sur une chaîne concurrente,
00:33:51 je l'avais appelée "Rendez-vous avec la maîtresse".
00:33:53 - Ah c'est joli.
00:33:55 Les gens croyaient que c'était une émission sado-maso.
00:33:57 - Pas du tout.
00:33:59 Et puis ceux qui s'attendaient à ça étaient vite déçus
00:34:01 je pense.
00:34:03 - Alors parlons dans ce livre, c'est vrai,
00:34:05 vous faites un bon travail,
00:34:07 je dirais, j'allais dire de nettoyage
00:34:09 au Karcher, mais ça me rappelle de
00:34:11 mauvais souvenirs, mais vous parlez de tout,
00:34:13 de ce qui se passe dans cette école, et c'est vrai que
00:34:15 depuis quelques temps, heureusement,
00:34:17 quelques témoignages, courageux d'ailleurs,
00:34:19 et le vôtre fait partie de ces témoignages,
00:34:21 commence à dire
00:34:23 qu'il y a même des choses, il y a quelque chose,
00:34:25 je ne dirais pas de pourri au royaume du Danemark,
00:34:27 en tout cas il y a quelque chose d'ébréché
00:34:29 au royaume de l'éducation nationale,
00:34:31 c'est le moins que l'on puisse dire, franchement.
00:34:33 Et vous dites d'ailleurs, c'est au-dessous de le site
00:34:35 de votre livre, que je recommande,
00:34:37 comment l'éducation nationale sacrifie
00:34:39 nos enfants. Carrément, vous n'hésitez pas,
00:34:41 sacrifiez.
00:34:43 C'est pas un petit mot, et c'est pas un mot léger.
00:34:45 D'abord je voulais savoir, juste comme ça,
00:34:47 le mot
00:34:49 sacrifier, pour vous, quand on dit
00:34:51 sacrifier nos enfants, ça veut dire quoi ?
00:34:53 - Ça veut dire que, à la place
00:34:55 de les instruire, qui est la mission
00:34:57 première de l'école,
00:34:59 quand on envoie ses enfants à l'école,
00:35:01 on s'attend à ce que l'école les instruise,
00:35:03 et les enfants eux-mêmes, je dis dans mon introduction,
00:35:05 ne demandent que ça.
00:35:07 À la place, on leur farcit le cerveau
00:35:09 avec des théories plus ou moins
00:35:11 politiques, plus ou moins idéologiques,
00:35:13 on prend leur temps,
00:35:15 le temps c'est précieux,
00:35:17 on a une vie, comme ça,
00:35:19 on en est sûr que d'une chose c'est d'en avoir qu'une,
00:35:21 le temps est très précieux,
00:35:23 et on prend leur temps,
00:35:25 on leur fait perdre du temps à leur apprendre des choses
00:35:27 qui ne sont pas, à mon avis, qui ne sont pas utiles,
00:35:29 et qui ne sont pas de l'ordre de l'instruction.
00:35:31 On parle énormément d'écologie,
00:35:33 on parle énormément d'égalité
00:35:35 entre les hommes et les femmes,
00:35:37 on parle énormément de laïcité,
00:35:39 on parle énormément de tout ce qu'on met dans un grand sac
00:35:41 qu'on appelle les valeurs de la République,
00:35:43 comme si les petits...
00:35:45 - Et en ce moment, l'instruction ne se fait pas.
00:35:47 - C'est-à-dire qu'on n'a pas...
00:35:49 Moi je travaille dans une école primaire,
00:35:51 on a les élèves 6 heures par jour,
00:35:53 c'est déjà peu 6 heures, parce que,
00:35:55 moi faire un cours de grammaire,
00:35:57 là je travaille avec mes élèves sur les pronoms,
00:35:59 ça prend des heures et des heures de faire comprendre
00:36:01 à un enfant qu'un pronom personnel
00:36:03 ça peut être objet, sujet, de faire de l'analyse grammaticale,
00:36:05 de faire de la littérature,
00:36:07 de leur enseigner les grands écrivains
00:36:09 de leur pays, l'histoire de leur pays,
00:36:11 la géographie de leur pays, ça demande énormément de temps,
00:36:13 moi je serais ravie de leur enseigner l'informatique
00:36:15 et de leur faire, je ne sais pas quoi,
00:36:17 de l'éducation civique
00:36:19 si j'avais beaucoup plus de temps,
00:36:21 mais je pense que c'est des choses qui doivent se faire en dehors de l'école.
00:36:23 Et c'est pas au rôle de l'école,
00:36:25 les parents doivent pouvoir choisir
00:36:27 la manière dont ils éduquent leurs enfants
00:36:29 sur ces sujets-là.
00:36:31 - Ce que vous dites, c'est que l'école c'est l'instruction,
00:36:33 c'est pas l'éducation.
00:36:35 - Oui, alors, de fait, on fait de l'éducation de toute façon,
00:36:37 quand on exige d'un élève qu'il nous dise "bonjour madame",
00:36:39 qu'il remercie,
00:36:41 qu'il soit respectueux,
00:36:43 on exige d'eux qu'il soit respectueux avec le personnel de l'école,
00:36:45 avec les autres enseignants, avec les camarades,
00:36:47 comme on dit. Bon, ça c'est de l'éducation aussi.
00:36:49 Mais ce que je déplore,
00:36:51 en fait, c'est que
00:36:53 on ait remplacé la religion,
00:36:55 il y a une centaine d'années, on a extirpé
00:36:57 la religion de l'école, sans doute à juste titre,
00:36:59 il n'y a pas de raison non plus qu'on oblige
00:37:01 les enfants à croire en Dieu,
00:37:03 mais on l'a extirpée pour y faire entrer
00:37:05 d'autres religions.
00:37:07 - C'est ça, et surtout d'autres idéologies.
00:37:09 Et quelles idéologies ? Alors justement,
00:37:11 on va commencer à en parler, on va faire un peu l'inventaire,
00:37:13 parce que dans votre livre,
00:37:15 vous faites un sacré inventaire,
00:37:17 et je dirais un inventaire qui quand même
00:37:19 quelquefois, je dirais, préoccupe
00:37:21 et plus que ça, enfin, fait frissonner.
00:37:23 Alors on va commencer quand même,
00:37:25 vos élèves ont quel âge,
00:37:27 entre quel âge et quel âge ? - Alors cette année, moi j'ai des
00:37:29 CM2, c'est-à-dire des élèves qui
00:37:31 ont, pour les plus jeunes, 9 ans,
00:37:33 pour les plus âgés, presque 11 ans.
00:37:35 - D'accord. - En début d'année, voilà, ils ont 9-10 ans.
00:37:37 - D'accord. Alors si j'ai bien compris,
00:37:39 quand même depuis un an, nous avions un ministre de l'éducation,
00:37:41 il n'est plus là maintenant, qui s'appelle
00:37:43 Pappe Ndiaye, et le cher Pappe
00:37:45 Ndiaye était attentif à une
00:37:47 chose d'abord, l'éducation sexuelle.
00:37:49 Il fallait absolument enseigner.
00:37:51 D'ailleurs, même aux 5-6 ans,
00:37:53 7 ans et pas seulement,
00:37:55 leur apprendre vraiment tout cela.
00:37:57 Est-ce vraiment la priorité
00:37:59 des priorités ? - Il me
00:38:01 semble qu'il y a un âge
00:38:03 auquel on peut enseigner aux enfants
00:38:05 ce qui est nécessaire
00:38:07 pour ne pas avoir une grossesse
00:38:09 non désirée, ou qu'une petite fille ne soit
00:38:11 pas surprise d'avoir ses règles pour la première fois.
00:38:13 Il me semble que ça, c'est nécessaire.
00:38:15 Mais un enfant de 5 ans, est-ce qu'un enfant de 5 ans
00:38:17 doit entendre parler des règles de sa mère ?
00:38:19 Ou est-ce qu'un enfant de 7 ans... Moi j'ai un fils
00:38:21 qui, en CM2, en rédaction,
00:38:23 puisque moi je persiste à appeler ça la rédaction
00:38:25 et pas l'expression écrite, a reçu
00:38:27 comme sujet "Qu'est-ce que tu ferais
00:38:29 si tu changeais de sexe ?" Il avait 8 ans,
00:38:31 il était en CM2, il est rentré
00:38:33 un peu perturbé parce que le pauvre s'est senti
00:38:35 châtré. Il m'a dit
00:38:37 qu'il avait raté
00:38:39 sa rédaction.
00:38:41 Comme c'était un petit garçon
00:38:43 qui parfois raconte un petit peu des bêtises,
00:38:45 je l'ai vérifié auprès de la directrice
00:38:47 qui était aussi sa maîtresse, si c'était bien le bon sujet,
00:38:49 si c'était bien ça qu'il avait reçu. Et oui,
00:38:51 quand j'ai demandé quel était l'objectif pédagogique,
00:38:53 on m'a expliqué que c'était
00:38:55 pour lutter contre les
00:38:57 stéréotypes de genre et pour favoriser l'empathie
00:38:59 des garçons envers les filles.
00:39:01 Il me semble que le meilleur moyen de faire que les hommes
00:39:03 respectent les femmes, c'est d'instruire les femmes comme les hommes,
00:39:05 leur donner le même bagage intellectuel,
00:39:07 leur offrir la même instruction.
00:39:09 Et c'est surtout pas de demander aux hommes
00:39:11 d'être par principe empathiques,
00:39:13 ça ne se décrète pas l'empathie.
00:39:15 C'est quelque chose qui se gagne, c'est comme la confiance.
00:39:17 - Mais ce qui est quand même intéressant, c'est que
00:39:19 à 8 ans, on dirait les stéréotypes
00:39:21 de genre. On leur apprend les stéréotypes de genre.
00:39:23 - Oui, puis alors, j'ai un petit garçon qui n'est pas
00:39:25 du tout victime de ce genre de choses. Il est très
00:39:27 respectueux avec les petites filles, il adore les petites filles.
00:39:29 Il est très respectueux avec les petites filles,
00:39:31 il est très respectueux avec moi, avec sa maman,
00:39:33 avec... Je ne l'ai jamais surpris
00:39:35 en flagrant délit de misogynie
00:39:37 ou de machisme, je ne sais quoi.
00:39:39 Donc en fait, on présuppose d'un enfant
00:39:41 de 8 ans, parce qu'il est un garçon,
00:39:43 forcément, il faut lui...
00:39:45 il faut le redresser, déjà.
00:39:47 - Oui, c'est ça. Il sera
00:39:49 de toute façon... Et puis en plus, il est blanc.
00:39:51 - Ah, il est blanc, il est même très blanc.
00:39:53 - Donc oui, c'est grave. C'est-à-dire qu'il va
00:39:55 être opresseur, raciste...
00:39:57 - Il est du mauvais côté, le pauvre.
00:39:59 Pour l'instant, il a moins de 50 ans, puisqu'aujourd'hui,
00:40:01 il a 10 ans. Mais ça va aller vite.
00:40:03 - Non mais alors,
00:40:05 ça présuppose, justement, vous en parliez,
00:40:07 c'est-à-dire qu'il y a une espèce de...
00:40:09 C'est quoi ? C'est une idéologie
00:40:11 à la fois le genre, le walk,
00:40:13 l'histoire,
00:40:15 vous parlez de l'histoire, vous parlez de la littérature,
00:40:17 vous parlez de tout ça, on voit très bien.
00:40:19 Et on a l'impression que ça marche sur la même chose.
00:40:21 Il faut que les gens, mais presque dès le berceau,
00:40:23 soient quoi ?
00:40:25 Conditionnés, quelque part
00:40:27 impactés, formatés ? C'est quoi ?
00:40:29 - Oui, il y a une
00:40:31 idéologie, on va dire, pour la faire
00:40:33 courte, de gauche,
00:40:35 qui s'est emparée du corps enseignant,
00:40:37 je dirais, dans les années 70.
00:40:39 - En plus, la gauche n'était pas comme ça il y a 40 ans.
00:40:41 - Alors, voilà.
00:40:43 Moi, il y a 40 ans, j'avais 8 ans, donc j'ai pas
00:40:45 tellement de points de comparaison. Mais ce que je vois,
00:40:47 moi j'enseigne depuis une vingtaine d'années.
00:40:49 Et j'allais dire,
00:40:51 ce sont victimes de cette idéologie, pas seulement
00:40:53 les enseignants des écoles publiques.
00:40:55 Moi, je travaille dans le privé sous contrat,
00:40:57 qui est devenu une sorte de
00:40:59 public bis.
00:41:01 On a la même chose, parce que maintenant, tout ça est contenu dans des
00:41:03 programmes, dans les programmes.
00:41:05 Et les programmes sont
00:41:07 sans être... On a une liberté
00:41:09 pédagogique dans les méthodes d'enseignement,
00:41:11 mais pas dans l'application
00:41:13 des programmes. On est supposé les appliquer.
00:41:15 Donc, quand toute cette
00:41:17 idéologie, on va dire, gauchiste,
00:41:19 pour résumer, parce que c'est un petit peu
00:41:21 un peu court, mais à
00:41:23 infester d'abord le corps enseignant,
00:41:25 les inspecteurs, les pédagogistes,
00:41:27 comme on dit aujourd'hui, les Philippe Merieux,
00:41:29 Foucambert,
00:41:31 enfin des tas de gens comme ça, qui sont,
00:41:33 pour certains, encore à la manœuvre.
00:41:35 Quand tout ça
00:41:37 infeste les programmes, il n'y a plus de
00:41:39 critique. Puisque les programmes, en fait, c'est quelque chose
00:41:41 qui vient d'en haut. Et comme vous savez,
00:41:43 en France, ce qui vient d'en haut, ce qui vient de l'État,
00:41:45 c'est très respecté.
00:41:47 Parce qu'on a un pays dans lequel on aime
00:41:49 beaucoup l'État, que l'État intervienne, que l'État
00:41:51 s'occupe de nous, que l'État fasse la nounou.
00:41:53 - Saint-Jacobin prie pour nous. - Exactement.
00:41:55 Alors, il se trouve que j'ai une deuxième nationalité,
00:41:57 je suis suissesse, par ailleurs,
00:41:59 et que dans mon deuxième pays,
00:42:01 il y a un autre principe qui est le principe de subsidiarité.
00:42:03 Donc, par exemple,
00:42:05 en Suisse, il n'y a pas de ministre de l'Éducation nationale,
00:42:07 il n'y a pas de
00:42:09 programme,
00:42:11 il y a des programmes qui sont très légers.
00:42:13 Et en fait, les
00:42:15 cantons... - Chaque établissement... - Non, c'est cantonal.
00:42:17 - Ah d'accord. - Il y a ce qu'on appelle
00:42:19 des directeurs de l'instruction publique. Alors déjà, ça ne s'appelle pas
00:42:21 l'Éducation nationale, ça s'appelle l'instruction publique.
00:42:23 Les directeurs de l'instruction publique sont des
00:42:25 directeurs cantonaux, et évidemment,
00:42:27 on adapte l'enseignement en fonction
00:42:29 de la langue que les enfants parlent, déjà, puisqu'il y a
00:42:31 quatre langues en Suisse.
00:42:33 Et des objectifs de chaque canton,
00:42:35 aussi bien sur un plan scolaire que sur
00:42:37 le plan de l'apprentissage,
00:42:39 puisqu'en Suisse, l'obligation scolaire est beaucoup plus courte.
00:42:41 On va à l'école de...
00:42:43 ça dépend des cantons, mais on va dire de 5-6 ans
00:42:45 à 14 ans,
00:42:47 et ensuite, on peut entreprendre un apprentissage,
00:42:49 ce qui n'empêche pas de revenir vers des études
00:42:51 supérieures. Voilà, en France, il y a aussi
00:42:53 ce dogme-là, c'est-à-dire que l'Éducation nationale
00:42:55 a d'autant plus de poids
00:42:57 et de pouvoir que les enfants
00:42:59 sont extraits de leur famille à 3 ans.
00:43:01 L'obligation scolaire, aujourd'hui,
00:43:03 elle court à partir de 3 ans depuis 2019,
00:43:05 avec une quasi-interdiction
00:43:07 de l'instruction en famille, puisque le régime qui était
00:43:09 autrefois... - Est-ce qu'elle est interdite ? Oui, pratiquement, oui.
00:43:11 - En fait, voilà, en pratique, parce qu'autrefois,
00:43:13 le régime était un régime de
00:43:15 déclaration. Vous appeliez le
00:43:17 rectorat, vous disiez "Voilà, je vais garder mon enfant
00:43:19 à la maison, je voudrais l'instruire seul", et c'était
00:43:21 une déclaration, et il y avait des inspecteurs qui venaient voir
00:43:23 si vous faisiez ça correctement, ce qui semble logique
00:43:25 aussi, qu'on ne laisse pas les enfants en déshérence
00:43:27 dans des familles qui ne s'occupent pas d'eux, puisque
00:43:29 l'instruction est un devoir
00:43:31 envers les enfants. C'est un devoir constitutionnel.
00:43:33 - Un devoir, absolument. - Et c'est même dans les
00:43:35 conventions internationales. Aujourd'hui,
00:43:37 ce régime de
00:43:39 déclaration est passé à un régime
00:43:41 d'autorisation. Donc, il faut
00:43:43 faire des demandes à plusieurs institutions,
00:43:45 notamment le rectorat, mais aussi, je crois, la mairie,
00:43:47 et expliquer
00:43:49 pourquoi on veut instruire son enfant en famille.
00:43:51 Alors, il y a quatre
00:43:53 motifs.
00:43:55 Alors, si l'enfant est harcelé à l'école,
00:43:57 etc. Mais en fait, c'est très compliqué.
00:43:59 Et ce qui se passe, c'est que ça devient politique.
00:44:01 C'est-à-dire que d'un département à l'autre, puisqu'il y a
00:44:03 beaucoup de recours devant des tribunaux,
00:44:05 d'un département à l'autre, il y a des départements
00:44:07 qui donnent 100% d'autorisation,
00:44:09 et des départements qui donnent 100% d'interdiction.
00:44:11 - Toujours est-il qu'effectivement,
00:44:13 la plupart des gens, ils obéissent à la
00:44:15 directive des trois ans
00:44:17 d'y aller. Et on va parler
00:44:19 de ce qui se passe dans cette école.
00:44:21 On va en parler juste après une petite pause.
00:44:23 Et on va rentrer dans le vif du sujet.
00:44:25 - On va poursuivre tout ce qui
00:44:27 se passe à l'école avec
00:44:29 Camille Nierszig,
00:44:31 professeure des écoles et auteure de ce livre,
00:44:33 La Grande Garderie. Et puis vous, aussi,
00:44:35 au 0826 300 300. - Tu peux être seul.
00:44:37 - Lise Nierszig,
00:44:39 Camille Nierszig, et dans tous ses états,
00:44:41 lisez à Camille Nierszig, parce que c'est vrai
00:44:43 que ce qui se passe à l'école,
00:44:45 on le sait déjà, mais là, il y a un très bon
00:44:47 inventaire dans votre livre, que ce
00:44:49 soit de l'histoire,
00:44:51 des trous dans la raquette de l'histoire,
00:44:53 que ce soit le numérique,
00:44:55 que ce soit, évidemment, l'éducation sexuelle,
00:44:57 on pourra en parler pendant des heures,
00:44:59 l'écriture inclusive, évidemment,
00:45:01 l'écriture inclusive, l'écologie,
00:45:03 la hiérarchie,
00:45:05 comment se comportent les hiérarchies, les directeurs,
00:45:07 etc., etc. Les inspecteurs,
00:45:09 vous parlez de l'inspectrice, c'est très intéressant,
00:45:11 on va en parler. Voilà,
00:45:13 tout ça, et puis j'ai adoré ce titre,
00:45:15 "Calmer, attentif, comme une grenouille".
00:45:17 C'est une instruction,
00:45:19 ça, presque, non ? - Oui, c'est
00:45:21 le... comment dire...
00:45:23 l'invasion de l'école
00:45:25 par les méthodes
00:45:27 de coaching, on va dire en français,
00:45:29 de développement personnel, qui ont
00:45:31 été d'abord pensées pour
00:45:33 les entreprises. Alors, déjà, moi, dans les entreprises,
00:45:35 j'ai travaillé en entreprise avant d'être enseignante.
00:45:37 Déjà, quand j'étais en entreprise, j'étais pas très
00:45:39 conquise par ces méthodes-là,
00:45:41 mais quand ça envahit l'école, ça pose vraiment
00:45:43 des questions d'éthique,
00:45:45 parce qu'il y a des inspirations
00:45:47 là-dedans qui sont
00:45:49 d'ordre... alors, il y a beaucoup de marketing,
00:45:51 il y a des inspirations qui sont d'ordre
00:45:53 bouddhiste,
00:45:55 alors que, que je sache, nous ne sommes pas...
00:45:57 Je reviens contre les bouddhistes, attention,
00:45:59 mais nous ne sommes pas un pays bouddhiste,
00:46:01 et effectivement, alors, on fait faire dans
00:46:03 beaucoup d'écoles maintenant, alors ça a commencé au Canada,
00:46:05 cette histoire, mais ça commence à envahir la France,
00:46:07 on fait faire de la méditation
00:46:09 en pleine conscience, là, j'ai vu
00:46:11 dans les rayons... - Pour les élèves, de quel âge, ça ?
00:46:13 - Ah, bah, tous les âges, et plus que...
00:46:15 ils sont petits, ils sont très dociles, alors c'est facile,
00:46:17 puis eux, ils trouvent ça rigolo, alors,
00:46:19 ils s'assoient en bouddha, on leur demande
00:46:21 quelle est la couleur de tes émotions ce matin,
00:46:23 fais-moi un check,
00:46:25 est-ce que tu veux faire un massage
00:46:27 ou te faire un automassage,
00:46:29 mais c'est du temps, moi, je sais pas,
00:46:31 pour apprendre à lire, à écrire, il faut des heures,
00:46:33 il faut insister, il faut...
00:46:35 prendre son temps, il y a une progression,
00:46:37 etc., quand on perd une heure par jour
00:46:39 à faire des massages et des automassages aux élèves,
00:46:41 alors, voilà, il y a...
00:46:43 - Mais c'est obligatoire, ça, je veux dire ?
00:46:45 - Non, non, c'est pas obligatoire,
00:46:47 Dieu merci, mais c'est très à la mode,
00:46:49 on va dire, et il y a... alors,
00:46:51 ce qui va devenir obligatoire, puisque monsieur Attal
00:46:53 a dit qu'il allait mettre ça dans le socle
00:46:55 commun de connaissances,
00:46:57 qui est le socle, ce qu'on appelle des fondamentaux,
00:46:59 ce qui va devenir obligatoire,
00:47:01 c'est l'empathie à l'école,
00:47:03 l'empathie et les compétences sociaux,
00:47:05 comment il appelle ça ? socio-cognitives.
00:47:07 Alors, moi, je suis très curieuse de savoir ce qu'on va mettre là-dedans,
00:47:09 quel gros gloubi-boulga on va nous faire avec tout ça,
00:47:11 mais l'empathie
00:47:13 obligatoire, alors c'est ce que je disais tout à l'heure,
00:47:15 c'est pas avec des cours d'empathie qu'on va rendre les enfants
00:47:17 empathiques. - La bienveillance, la bienveillance.
00:47:19 Alors, je voudrais
00:47:21 aborder un autre, mais tout
00:47:23 est lié, bien sûr, vous parlez
00:47:25 de
00:47:27 le calcage de Génie Bigot qui a écrit
00:47:29 "Rééducation nationale".
00:47:31 - Ah oui, non, c'est Patrice Jean
00:47:33 l'auteur. - Ah pardon.
00:47:35 - C'est un des personnages...
00:47:37 - Ah oui, je confonds. - Oui, peu importe.
00:47:39 - C'est Patrice Jean le... - Oui, formidable.
00:47:41 - Et alors, c'est formidable parce qu'il raconte dans le roman,
00:47:43 elle avoue sa honte quand elle...
00:47:45 non, elle confie sa honte quand
00:47:47 elle doit avouer qu'elle enseigne au lycée André Manot.
00:47:49 Et elle dit ceci,
00:47:51 je vous lis, c'est dans votre livre,
00:47:53 "On ne s'aurait pas conduit mal causé par un
00:47:55 simple nom". Je n'ai pas compris au départ,
00:47:57 André Manot, c'est quoi ?
00:47:59 C'est Hitler ?
00:48:01 - Oui. - Non, ce serait tellement plus
00:48:03 beau d'être prof au lycée Nelson
00:48:05 Mandela ou au lycée Stéphane
00:48:07 Essel. Comment peut-on prétendre
00:48:09 parler de littérature, de
00:48:11 littérature de justice sociale
00:48:13 quand on se place sur l'autorité d'un
00:48:15 pilleur de tombeaux et d'un ministre
00:48:17 de droite ?
00:48:19 Il n'y a rien à ajouter, presque tout le monde, au pitié du
00:48:21 chef. - Alors, ça n'est pas
00:48:23 si caricaturel que ça. Les personnages de
00:48:25 Patrice Jean dans "Rééducation nationale" sont
00:48:27 très finement étudiés.
00:48:29 Il est professeur, monsieur Jean.
00:48:31 Il est professeur au lycée.
00:48:33 Mais, donc, cette
00:48:35 remarque... Alors déjà, mettre sur le même
00:48:37 plan la littérature et la justice
00:48:39 sociale, mais c'est quelque
00:48:41 chose qu'on entend tout le temps, tout comme dans mon
00:48:43 livre, j'explique, on a créé des
00:48:45 chaires d'écologie
00:48:47 à l'université qui sont des chaires
00:48:49 de littérature écologiste.
00:48:51 Donc, c'est du
00:48:53 "lysenckisme", c'est-à-dire qu'on va
00:48:55 faire en sorte que la science
00:48:57 rentre dans la politique.
00:48:59 - Mais c'est quoi la littérature écologiste ? On va prendre
00:49:01 tous les adeptes de Greta Thunberg
00:49:03 et autres... - C'est-à-dire qu'on va faire étudier
00:49:05 aux élèves de... Donc ça, c'est des élèves
00:49:07 d'université, on va leur faire étudier
00:49:09 la littérature qui parle de la
00:49:11 nature, etc., et étudier sous quel angle
00:49:13 cette littérature peut être plus ou moins conforme
00:49:15 à un message écologiste.
00:49:17 Ça va très loin. C'est des élèves
00:49:19 à qui on n'a jamais fait lire Victor Hugo,
00:49:21 Maupassant, Flaubert
00:49:23 et La Fontaine. Ils arrivent à l'université,
00:49:25 on leur fait faire de la littérature écologiste.
00:49:27 À quel moment la littérature doit-elle
00:49:29 être quelque chose en "iste" ? La littérature,
00:49:31 elle doit être libre. - C'est la littérature.
00:49:33 - Elle est là pour dévoiler la vérité,
00:49:35 pour parfois appuyer un petit peu là où
00:49:37 ça fait mal, mais enfin, c'est pas fait pour être
00:49:39 politique, la littérature. Pour ça, il y a les essais,
00:49:41 la philosophie et la politique, éventuellement.
00:49:43 Et donc, ce
00:49:45 personnage de
00:49:47 Rééducation Nationale,
00:49:49 le titre est formidable, ce personnage
00:49:51 représente très bien un grand
00:49:53 nombre de professeurs. Je vais quand même
00:49:55 modérer mes propos parce que je me fais régulièrement
00:49:57 tacler, pour le dire
00:49:59 crûment par des collègues, et qui disent que je
00:50:01 fais du "profbashing", il reste
00:50:03 un très grand nombre de professeurs qui
00:50:05 résistent à ce genre de mode et qui font
00:50:07 très bien leur travail.
00:50:09 - Non, mais on est bien d'accord.
00:50:11 On vous laisse
00:50:13 effectivement... Mais qu'est-ce que ça veut
00:50:15 dire ? Faire ce travail,
00:50:17 mais c'est la moindre des choses. Moi, ce qui me
00:50:19 frappe aussi, regardez l'écriture inclusive,
00:50:21 par exemple. Qu'est-ce que l'écriture qui devient
00:50:23 pratiquement obligatoire
00:50:25 à l'école normale et dans certaines universités ?
00:50:27 Si vous ne présentez pas votre
00:50:29 thèse en écriture inclusive...
00:50:31 - Non, mais sur les sites de formation
00:50:33 des enseignants,
00:50:35 les sites officiels, qui sont des sites de l'Éducation
00:50:37 Nationale, il y a un certain nombre de ces sites qui sont rédigés
00:50:39 en écriture inclusive aujourd'hui. Donc on vous
00:50:41 dit... - Sur les sites officiels. - Oui, oui.
00:50:43 Je crois que je cite des exemples dans mon livre,
00:50:45 mais ou dans un article que j'ai pu publier
00:50:47 il n'y a pas très longtemps.
00:50:49 Je crois que c'est le site de Lille.
00:50:51 Ce qu'on appelle les INSPE, c'est les anciens...
00:50:53 Autrefois, c'était les IUFM.
00:50:55 Il y a une partie de ce site qui est rédigée en
00:50:57 écriture inclusive. Toutes les nouvelles pages
00:50:59 sont en écriture inclusive. Donc ça veut dire qu'on
00:51:01 dit aux enseignants... Non, non,
00:51:03 l'écriture inclusive, ce n'est pas obligatoire à l'école.
00:51:05 On ne leur dit pas que c'est interdit.
00:51:07 Ce n'est pas obligatoire à l'école. Il y a que
00:51:09 Pierre qui l'a fait interdire.
00:51:11 Avec... Comment dire...
00:51:13 À mon avis, une erreur d'appréciation.
00:51:15 C'est parce qu'il dit qu'il interdit
00:51:17 l'écriture inclusive, mais il s'exprime
00:51:19 sans cesse, lui et les autres, en disant
00:51:21 "Celles et ceux, les collégiennes
00:51:23 des collégiens, les lycéennes des lycéens..."
00:51:25 Mais de mon temps, je ne suis pas
00:51:27 si vieille, je n'ai que 48 ans,
00:51:29 quand on disait "les lycéens",
00:51:31 je me sentais concernée. J'étais
00:51:33 lycéenne. Il me semble que le français,
00:51:35 en français, le masculin
00:51:37 est englobant, il a une
00:51:39 valeur de neutre.
00:51:41 Maintenant, on ne peut plus dire "les lycéens".
00:51:43 Pour parler à tout le monde, il faut dire "les lycéennes et les lycéens".
00:51:45 Voilà, "celles et ceux".
00:51:47 - "Celles et ceux", et puis vous savez, c'est arrivé en Amérique.
00:51:49 Je cite toujours cet exemple
00:51:51 parce qu'il est magnifique.
00:51:53 Quand le congrès a rémis l'inauguration,
00:51:55 tous les 4 ans après l'élection,
00:51:57 il y a une prière. Parce qu'en Amérique,
00:51:59 on dit des prières. Et la dernière
00:52:01 qui a eu la plus récente, c'est quelqu'un
00:52:03 qui a dit "amen" et il a ajouté "a woman".
00:52:05 - Ah ah ah !
00:52:07 - Mais quelle inculture en plus !
00:52:09 - Intéressant. - C'est de la ramène, je crois.
00:52:11 - C'est hallucinant parce que
00:52:15 ce que vous dites
00:52:17 de ce point de vue-là,
00:52:19 c'est que quand même, on essaie encore une fois
00:52:21 d'introduire un corpus
00:52:23 idéologique, politique, au sens
00:52:25 le vrai du terme,
00:52:27 pour tout le monde, pour ceux qui ne sont pas
00:52:29 forcément qui ont envie.
00:52:31 Oui, l'esprit critique !
00:52:33 - Et alors, comme je déplore
00:52:35 cette idéologie de gauche
00:52:37 qui infeste l'école,
00:52:39 je suis cataloguée maîtresse
00:52:41 de droite. On n'a pas le droit
00:52:43 de n'être rien quand on enseigne.
00:52:45 - On n'a pas dit fasciste, réac, etc.
00:52:47 - Non, fasciste, je ne crois pas. Honnêtement, je ne lis pas tout.
00:52:49 Mais fasciste, je ne crois pas.
00:52:51 Mais maîtresse réac, de droite, etc.
00:52:53 On n'a pas le droit...
00:52:55 J'ai mes opinions politiques.
00:52:57 Mais il me semble que quand on arrive dans une école,
00:52:59 on les laisse à la porte.
00:53:01 On instruit les enfants, on leur donne ce dont
00:53:03 ils ont besoin pour se faire eux-mêmes leur opinion.
00:53:05 Et ça, c'est fascinant.
00:53:07 C'est-à-dire que le fait de ne pas être de gauche
00:53:09 fait de moi une maîtresse de droite.
00:53:11 - Une proscrite, une proscrite.
00:53:13 On va continuer à en parler
00:53:15 tout de suite après
00:53:17 cette petite pause. - On va poursuivre cette
00:53:19 conversation sur l'école avec
00:53:21 Lisa Kamenirsi qui est notre invitée aujourd'hui.
00:53:23 Et puis surtout avec vous au 0826
00:53:25 300 320, tout de suite sur Sud Radio.
00:53:27 13h32 sur Sud Radio. On est ensemble jusqu'à
00:53:29 14h avec Lisa Kamenirsi qui est notre invitée
00:53:31 aujourd'hui. Elle vient nous voir pour son nouveau livre
00:53:33 "La Grande Garderie". C'est aux éditions Albin Michel.
00:53:35 - En fait, cette Grande Garderie
00:53:37 que vous décrivez,
00:53:39 Lisa Kamenirsi, elle est formidable
00:53:41 parce qu'elle protège. Il n'y a pas que les enfants.
00:53:43 Il n'y a pas que les élèves. Il y a aussi des fonctionnaires.
00:53:45 - Bien sûr. - Il y a des fonctionnaires. Ils sont bien
00:53:47 protégés. Et puis justement, vous parlez
00:53:49 de la hiérarchie. Il faut faire attention
00:53:51 aussi. Je ne dis pas... Attention.
00:53:53 Comme vous l'avez dit très très bien, il y a des profs qui
00:53:55 font, et beaucoup de profs, qui font formidablement
00:53:57 leur boulot et avec conscience
00:53:59 et avec... Comme il faut faire
00:54:01 dans l'instruction
00:54:03 et la pédagogie. Mais
00:54:05 il y a aussi des gens qui pensent
00:54:07 à leur carrière, à leur prime,
00:54:09 à l'avancement, etc.
00:54:11 Et pour ça,
00:54:13 parce qu'on a eu aussi des témoignages, et vous en parlez
00:54:15 dans votre livre,
00:54:17 la hiérarchie, les directeurs,
00:54:19 quelquefois, quand vous commencez à dire qu'il y a
00:54:21 tel ou tel élève qui ne va pas bien, je voudrais vous raconter
00:54:23 l'histoire qui vous est arrivée à vous.
00:54:25 Vous avez dit "Allez, on calme le jeu,
00:54:27 allez, non, il ne faut pas aller
00:54:29 trop loin, etc. Racontez-nous.
00:54:31 - Celle des raquetteurs ? - Oui.
00:54:33 - Oui. Alors j'ai surpris,
00:54:35 c'était en dehors des heures de classe,
00:54:37 donc c'était pendant l'étude, ce qu'on appelle
00:54:39 l'étude le soir,
00:54:41 on est venu me chercher parce que deux élèves
00:54:43 piquaient le goûter
00:54:45 d'un troisième. Et en gros,
00:54:47 j'ai pris les deux contrevenants
00:54:49 dans ma classe et je leur ai expliqué que ça s'appelait du raquette.
00:54:51 - Il était en train de lui piquer son goûter.
00:54:53 - Voilà, il était en train de lui prendre son yop,
00:54:55 je ne sais plus ce qu'il avait, un petit gâteau, enfin bref.
00:54:57 L'enfant en question m'a raconté,
00:54:59 m'a expliqué que ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait,
00:55:01 que c'était toujours les deux mêmes qui lui tombaient dessus et qui lui piquaient son goûter.
00:55:03 Donc je l'ai pris dans ma classe,
00:55:05 en dehors. - Quel âge à peu près ? - C'est des CM2,
00:55:07 donc ils ont 10 ans. - 10 ans, d'accord.
00:55:09 - Voilà, et donc je leur explique que ça s'appelle du raquette,
00:55:11 en bon français, l'extorsion de biens
00:55:13 sous l'emprise de la violence,
00:55:15 je ne sais plus comment on dit, et que donc pour le lendemain,
00:55:17 non seulement ils vont restituer le goûter,
00:55:19 mais en plus ils vont copier l'article
00:55:21 du code pénal qui parle de ça.
00:55:23 Le lendemain matin, j'ai un de ses élèves
00:55:25 qui arrive avec sa punition toute faite,
00:55:27 bien, avec un mot... - Il a copié l'article du code pénal.
00:55:29 - Il a copié l'article du code pénal,
00:55:31 les parents se sont excusés, étaient très gênés
00:55:33 de l'attitude de leur fils, etc.
00:55:35 Et le deuxième avait un mot des parents qui me demandait
00:55:37 une entrevue le soir,
00:55:39 la punition n'était pas faite. Donc j'ai reçu
00:55:41 les parents le soir qui m'ont expliqué que je ne pouvais pas
00:55:43 qualifier de raquette
00:55:45 l'attitude de leur fils, le comportement
00:55:47 de leur fils, parce que, en gros, c'était
00:55:49 ça qui allait le cataloguer dans
00:55:51 le clan des enfants violents
00:55:53 et qu'à cause de moi, ils n'en sortiraient
00:55:55 plus jamais. Donc en gros, il ne fallait pas que
00:55:57 je l'appelle un chat en chat, puisque c'était ça le problème,
00:55:59 et ce n'était pas l'attitude de leur fils le problème,
00:56:01 c'était la qualification que
00:56:03 j'en avais faite. Voilà,
00:56:05 cette histoire, finalement,
00:56:07 moi j'ai dit à ces parents-là que
00:56:09 je leur souhaitais bien du plaisir avec ce petit garçon, puisque moi
00:56:11 c'était en fin d'année, donc j'allais le supporter encore
00:56:13 pendant deux semaines, mais que eux, ils en auraient encore
00:56:15 pour dix ans, sans doute, au minimum.
00:56:17 Et j'avais demandé l'exclusion
00:56:19 temporaire de ces deux élèves, l'exclusion
00:56:21 de trois jours, qui m'a été refusée par le directeur
00:56:23 de l'époque, au motif que
00:56:25 si on faisait ça, il allait falloir s'expliquer avec l'inspecteur,
00:56:27 qui va les demander pourquoi
00:56:29 on avait exclu ces enfants, et moi j'étais tout
00:56:31 à fait capable d'expliquer à un inspecteur pourquoi
00:56:33 j'avais demandé l'exclusion. - Mais ça veut dire
00:56:35 que le directeur n'a pas le droit d'exclure, lui,
00:56:37 s'il n'a pas l'accord de l'inspecteur.
00:56:39 - J'imagine que quand il demande
00:56:41 l'exclusion, il doit envoyer une note à l'inspecteur,
00:56:43 au rectorat, pour expliquer
00:56:45 qu'il a exclu un ou deux élèves,
00:56:47 expliquer quels sont les motifs de l'exclusion,
00:56:49 et que ça peut donner,
00:56:51 ça peut donner suite à une...
00:56:53 ça peut donner une
00:56:55 inspection dans la foulée. - Bien sûr, bien sûr.
00:56:57 - Ces élèves n'ont pas été exclus,
00:56:59 l'un des deux n'a pas fait sa punition,
00:57:01 et moi ce que je dis, parce qu'on déplore
00:57:03 souvent que, comment dire,
00:57:05 que l'école...
00:57:07 que les élèves ne respectent plus les enseignants,
00:57:09 et qu'il soit difficile d'avoir de l'autorité
00:57:11 sur les élèves. Mais moi il me semble que l'autorité,
00:57:13 c'est une question d'exemple.
00:57:15 Qu'il ne suffit pas de décréter qu'on a le chef pour être le chef.
00:57:17 Qu'il faut être le meilleur,
00:57:19 qu'il faut être exemplaire.
00:57:21 Si soi-même on se comporte
00:57:23 de manière, comment dire,
00:57:25 en ne respectant pas les règlements, et en ne se faisant
00:57:27 pas respecter, on ne peut pas exiger le respect.
00:57:29 Et c'est ce qui se passe, alors,
00:57:31 et pourtant c'était dans un beau quartier,
00:57:33 avec des élèves qui sont dans des familles
00:57:35 où papa et maman s'occupent d'eux, etc.
00:57:37 - On n'est pas dans un quartier prioritaire.
00:57:39 - On n'est pas dans une zone d'éducation prioritaire,
00:57:41 on n'est pas avec des enfants en difficulté, etc.
00:57:43 Là c'est vraiment un exemple, avec des élèves,
00:57:45 on va dire lambda. - C'est-à-dire, c'est intéressant,
00:57:47 c'est vraiment intéressant, parce que c'est un portrait
00:57:49 de la nation. Des parents qui s'excusaient,
00:57:51 qui disaient "oui, c'est pas bien ce que mon fils a fait",
00:57:53 et puis d'autres qui disaient "mais comment, vous êtes en train
00:57:55 d'enfoncer mon fils, qu'est-ce que vous faites, etc."
00:57:57 - Ou le stigmatiser... - Et alors,
00:57:59 est-ce que, encore une fois,
00:58:01 il n'est pas question de généraliser, mais vous parlez
00:58:03 aussi d'une inspectrice que vous avez eue pour une autre affaire.
00:58:06 - Alors j'en ai eu plusieurs, des inspectrices,
00:58:08 donc je ne sais pas de quelle affaire vous parlez.
00:58:10 - Alors écoutez, je parle d'une affaire où il dit "oui, vous êtes allé un peu trop loin,
00:58:12 il faudrait que je la retrouve." - Avec la littérature ?
00:58:14 - C'est ça. - Ah oui, parce que j'avais étudié
00:58:16 avec une classe, là j'étais encore
00:58:18 stagiaire à l'époque, j'avais étudié avec une classe
00:58:20 un épisode mythologique que vous connaissez sans doute,
00:58:23 qui est l'épisode de Thésée et du Minotaure.
00:58:26 - Du Minotaure, oui. - Que les enfants adorent,
00:58:28 en général, la mythologie, ça marche...
00:58:30 Dans des classes qui n'aiment pas lire,
00:58:32 il faut proposer de la mythologie, ça marche à tous les cas.
00:58:34 - Bien sûr. - Bref, je fais avec eux une séance,
00:58:36 enfin plusieurs séances, sur Thésée et le Minotaure.
00:58:38 - Vous leur racontez l'histoire de Thésée et du Minotaure.
00:58:40 - Je leur fais lire l'histoire, on en discute,
00:58:42 on fait le portrait des personnages,
00:58:44 c'est une histoire qui est palpitante, c'est une épopée.
00:58:46 Et là, on me dit, donc l'inspectrice
00:58:48 vient me voir et me dit
00:58:50 que quand même, poser, je crois que c'était
00:58:52 huit questions sur Thésée et le Minotaure,
00:58:55 c'est quand même aller beaucoup trop loin,
00:58:58 qu'elle a bien vu que l'élève du fond
00:59:00 ne suivait pas, alors l'élève du fond,
00:59:02 de toute façon, pardon, mais il ne suivait pas grand chose
00:59:04 depuis le début, avec moi ou avec une autre enseignante,
00:59:06 c'était la même chose.
00:59:08 Et moi, je ne peux pas faire cours que pour l'élève du fond,
00:59:10 il y en a quand même, je ne sais pas quoi, 26 ou 30 autres
00:59:12 qui ont besoin d'être nourris.
00:59:14 Et voilà, je me suis fait, comment dire,
00:59:16 critiquer sur le choix
00:59:18 du texte, qui était soi-disant
00:59:20 trop complexe, et sur la quantité de questions
00:59:22 que je leur posais,
00:59:24 alors qu'il y a évidemment, alors on m'a dit
00:59:26 que dans la littérature contemporaine, jeunesse,
00:59:28 il y avait tellement de beaux textes à étudier
00:59:30 avec mes élèves, je cherche encore, honnêtement,
00:59:32 quand on voit ce qui est proposé
00:59:34 aux enfants dans les programmes de l'éducation nationale,
00:59:36 parce qu'il y a une liste proposée aux enseignants,
00:59:38 alors voilà,
00:59:40 il n'y a plus Molière, il n'y a plus Baudelaire,
00:59:42 il y a sans culotte
00:59:44 et sans papier,
00:59:46 Touche pas à Charlie, qui est une histoire de SDF,
00:59:48 il y a, bon je caricature un peu,
00:59:50 il y a des choses qui sont moins graves,
00:59:52 mais drôle de samedi soir, où le petit garçon
00:59:54 se réjouit quand ses parents sortent le soir,
00:59:56 il peut fumer des cigarettes, il a 10 ans,
00:59:58 il y a beaucoup de
01:00:00 textes féministes,
01:00:02 on remplace toujours les héros par des héroïnes,
01:00:04 maintenant c'est vraiment, oui,
01:00:06 il y a très peu
01:00:08 de classes
01:00:10 où il n'y a pas dans l'année au moins
01:00:12 une héroïne, vous savez, ces héroïnes de la vie quotidienne,
01:00:14 alors pareil, en science,
01:00:16 il faut absolument mettre en valeur les femmes,
01:00:18 moi je veux bien, si...
01:00:20 - Vous n'êtes pas contre les femmes,
01:00:22 enfin pourquoi ? - Ah bah non, pas du tout,
01:00:24 je suis pour l'égalité des hommes et des femmes,
01:00:26 je peux dire que je suis féministe,
01:00:28 je travaille, je suis libre,
01:00:30 je sors quand je veux, je rentre quand je veux, j'ai aucun problème avec ça,
01:00:32 au contraire, mais je pense que
01:00:34 le meilleur service
01:00:36 à rendre aux femmes, c'est de les instruire comme les garçons
01:00:38 et de ne pas leur faire croire qu'elles vont
01:00:40 obtenir des choses parce qu'elles sont des femmes.
01:00:42 Il faut être la meilleure
01:00:44 et c'est tout. - Mais alors, de ce point
01:00:46 de vue là, c'est intéressant par rapport
01:00:48 vous avez été
01:00:50 critique dans votre livre, vous êtes très critique avec Harry Potter,
01:00:52 hein ?
01:00:54 - Oui, alors c'est pas Harry Potter, en l'occurrence,
01:00:56 j'aime bien, je sais pas comment dire,
01:00:58 l'écrivaine, je sais pas comment je dois dire...
01:01:00 - J.K. Rowling. - Oui, parce qu'elle s'est
01:01:02 fait incendier par les Wok
01:01:04 de son pays. - Elle a dit qu'un homme était un homme
01:01:06 et une femme, une femme, ce qui est terrifiant.
01:01:08 - Non, non, je n'ai rien contre Harry Potter qu'on lit à la maison,
01:01:10 alors vraiment, de toute façon je ne suis pas là pour
01:01:12 vérifier ce que les gens font quand ils sont chez eux,
01:01:14 moi je les élève 6 heures par jour. Ce que je dis,
01:01:16 c'est qu'il y a
01:01:18 des textes sublimes dans la littérature
01:01:20 française, qui ne sont pas des textes
01:01:22 traduits, qui sont des textes de
01:01:24 notre patrimoine classique,
01:01:26 qui sont des textes qui sont...
01:01:28 qui emportent les enfants avec eux chaque année, moi je fais
01:01:30 lire à mes élèves une partie, un petit passage
01:01:32 des Misérables. Vous savez,
01:01:34 le passage où Cosette rencontre
01:01:36 Jean Valjean au puits et puis
01:01:38 elle le ramène
01:01:40 chez les Ténardiers, il voit les conditions dans lesquelles
01:01:42 elle vit, il y a les Éponines et Azelmas
01:01:44 qui sont couvertes de cadeaux, mais Cosette
01:01:46 a rien du tout et finalement il lui achète
01:01:48 une poupée, il l'emmène avec lui. Cet épisode
01:01:50 est archétypique de ce livre-là.
01:01:52 J'ai tous les ans, entre 5 et
01:01:54 10 élèves, qui viennent me demander de lire
01:01:56 la suite tout seul. Je me dis que je fais
01:01:58 ce métier pour ça. Parce que si
01:02:00 un élève de 10 ans me réclame les Misérables,
01:02:02 me dit "je voudrais lire l'Homme qui rit",
01:02:04 c'est pas...
01:02:06 Evidemment, leur faire lire à un reporter, c'est facile.
01:02:08 Je ne suis pas cher payé, mais je crois
01:02:10 que je serais encore trop cher payé si j'étais payé
01:02:12 pour leur faire lire ce que de toute façon ils lisent
01:02:14 à la maison sans moi. - Ils adorent ça, le maison.
01:02:16 C'est pour ça qu'il vaut mieux leur apporter Victor Hugo,
01:02:18 on est bien d'accord. - Pour les enseignants, c'est
01:02:20 confortable Harry Potter. - C'est vrai. Je crois
01:02:22 Estéban que nous avons... - Ça fait réagir
01:02:24 au standard puisque nous avons Mireille,
01:02:26 qui nous appelle de Narbonne. Bonjour Mireille. - Bonjour Mireille.
01:02:28 - Oui, bonjour Madame, bonjour Monsieur.
01:02:30 Alors, moi je...
01:02:32 Deux points qui m'ont
01:02:34 fait réagir quand j'ai écouté
01:02:36 Madame expliquer un petit peu
01:02:38 son fonctionnement.
01:02:40 Donc, vous dites
01:02:42 Madame que dans l'école,
01:02:44 il y a de la politique, si j'ai bien compris
01:02:46 vos propos. - De l'idéologie.
01:02:48 De l'idéologie, oui.
01:02:50 - Voilà. Alors moi je suis de notre
01:02:52 temps, 70 ans.
01:02:54 Dans les années 60,
01:02:56 le matin, on arrivait
01:02:58 debout, droit au bureau, pantoufle au pied.
01:03:00 La sentence,
01:03:02 il fallait la lire trois fois.
01:03:04 On chantait la Marseillaise.
01:03:06 Tous les matins.
01:03:08 Et à 5h le soir en partant,
01:03:10 on chantait le chant des partisans.
01:03:12 - Oui, quand même. - Voilà.
01:03:14 Donc, j'en suis pas morte.
01:03:16 - Ah ben non, mais...
01:03:18 - Mes camarades de classe de l'époque
01:03:20 non plus. Donc on a été une
01:03:22 génération où l'éducation
01:03:24 était très stricte.
01:03:26 Par contre, là où je vous rejoins,
01:03:28 c'est sur les fondamentaux.
01:03:30 Les fondamentaux, en effet,
01:03:32 manquent cruellement. Moi j'ai
01:03:34 enseigné à des adultes, donc j'ai vu
01:03:36 des jeunes adultes, à peine des adultes.
01:03:38 Et j'ai vu, même
01:03:40 quand même, avec des gens à un niveau maîtrise
01:03:42 qui ne savaient pas faire la division
01:03:44 sans calculette ou
01:03:46 multiplier tout simplement.
01:03:48 Donc c'est vrai qu'il y a une grosse
01:03:50 carence à ce niveau-là. Revenir
01:03:52 aux vrais fondamentaux, donc les bases,
01:03:54 mais on va nous répondre
01:03:56 et en effet c'est un constat,
01:03:58 nous sommes au 21e siècle,
01:04:00 nous avons toute cette
01:04:02 intelligence artificielle
01:04:04 qui déboule. Il y a Google,
01:04:06 vous tapez une question, on vous répond.
01:04:08 C'est vrai, c'est faux, mais on vous répond.
01:04:10 Donc à quoi bon aller chercher
01:04:12 le renseignement ? Donc
01:04:14 l'idéologie, je ne pense pas
01:04:16 qu'elle y soit à l'école. J'ai des petits
01:04:18 enfants, je parle beaucoup avec eux.
01:04:20 Je ne pense pas que ce soit aussi
01:04:22 marqué que ce que vous le dites
01:04:24 par rapport à mon époque du moins,
01:04:26 vous voyez, je fais le parallèle.
01:04:28 Ensuite, vous avez souligné
01:04:30 le fait que vous ne compreniez pas
01:04:32 qu'on développe l'empathie à l'école.
01:04:34 Écoutez, madame, vous
01:04:36 écoutez Sud Radio comme moi certainement
01:04:38 tous les jours, vous lisez
01:04:40 la presse probablement
01:04:42 et qu'est-ce qu'on entend ?
01:04:44 Irrespect, incivisme,
01:04:46 etc. Donc à un
01:04:48 moment donné, ben oui,
01:04:50 il faut remettre un petit peu de l'empathie
01:04:52 quelque part.
01:04:54 Je ne sais pas de quoi vous en pensez.
01:04:56 - C'est très bien,
01:04:58 très bien Mireille, Lisa
01:05:00 Kamenirzi va vous répondre. - Sur l'empathie,
01:05:02 je ne dis pas qu'il ne faut pas
01:05:04 être empathique et développer l'empathie
01:05:06 des enfants. Je dis qu'il ne faut pas,
01:05:08 que je ne vois pas l'utilité de séances et de
01:05:10 cours d'empathie. Mais l'empathie, ça peut
01:05:12 se développer de mille façons à l'école.
01:05:14 Je pense au respect
01:05:16 qu'on se doit les uns aux autres,
01:05:18 à la façon dont on éduque les enfants par les
01:05:20 petits gestes quotidiens, etc.
01:05:22 Je pense aussi que
01:05:24 la littérature, par exemple,
01:05:26 est une façon de vivre d'autres vies que la sienne.
01:05:28 Et que l'empathie peut passer par là
01:05:30 aussi, quand on lit justement
01:05:32 l'histoire de Cosette, c'est une
01:05:34 histoire empathique. On ne peut pas
01:05:36 être ému
01:05:38 par l'histoire de cette
01:05:40 petite fille. Je pense que
01:05:42 prendre du temps aux enfants pour faire
01:05:44 une heure d'empathie par semaine,
01:05:46 j'espère que ce ne sera pas une heure par jour,
01:05:48 je pense que c'est leur
01:05:50 voler du temps.
01:05:52 Je pense que plus on en fera,
01:05:54 je pense aussi que plus on en fera, moins ça marchera,
01:05:56 parce qu'ils ne sont pas stupides les enfants.
01:05:58 Ils voient qu'on leur vole du temps. Ils voient
01:06:00 qu'on les dépossède de l'héritage
01:06:02 auquel ils ont droit. Ils savent qu'ils sont
01:06:04 à l'école pour être instruits et pas
01:06:06 pour qu'on leur serine des "tu dois être gentil
01:06:08 avec ton camarade". - Ecoutez madame,
01:06:10 j'étais à l'école, je fais des études supérieures,
01:06:12 je suis ingénieure pédagogique, j'ai fait
01:06:14 psycho et sociologie. Donc je crois
01:06:16 qu'un petit peu j'ai un regard science de l'éducation
01:06:18 là-dessus, mais vous ne devez pas être dans
01:06:20 ce schéma-là.
01:06:22 Il me semble
01:06:24 qu'aujourd'hui, dans la société
01:06:26 dans laquelle nous évoluons,
01:06:28 elle ne me satisfait pas,
01:06:30 loin de là,
01:06:32 mais c'est un constat. Donc dans la société
01:06:34 dans laquelle nous évoluons,
01:06:36 quand on voit tout ce
01:06:38 décharnement de violence,
01:06:40 de propos injurieux,
01:06:42 même au sein de l'Assemblée.
01:06:44 - Oui mais ce que... - Ça n'a rien à faire
01:06:46 avec l'empathie, elle est faite. - Mireille, Mireille...
01:06:48 - C'est toute la société, madame. - Si on n'apprend pas aux enfants,
01:06:50 si on n'apprend pas aux enfants... - Non mais attendez, Mireille,
01:06:52 est-ce que je peux vous... juste, j'interviens.
01:06:54 Non mais on voit très très bien, mais je crois
01:06:56 que le problème, c'est que...
01:06:58 excusez-moi, si dans la
01:07:00 famille, on ne leur apprend pas des choses,
01:07:02 ce n'est pas l'école qui va remplacer la famille,
01:07:04 Mireille, vous le savez très bien. - Je ne dis pas ça.
01:07:06 - Non mais... - Ce n'est pas ce que
01:07:08 je suis en train de vous dire, mais moi ce que je peux
01:07:10 vous dire, c'est que quand j'étais petite, en 6 ans,
01:07:12 7 ans, 8 ans, etc., petite école,
01:07:14 les différentes maîtresses,
01:07:16 dont je suis capable de dire encore
01:07:18 les noms, tellement elles ont marqué ma vie,
01:07:20 et Dieu merci,
01:07:22 donc, à cette
01:07:24 époque-là, on nous... si je reprends
01:07:26 les termes de Madame, on nous prenait du
01:07:28 temps pour nous faire chanter la Marseillaise
01:07:30 tous les matins, lire la fantase 3 fois,
01:07:32 mais non mais,
01:07:34 c'était une autre forme, si vous voulez, c'était
01:07:36 une heure de moins en tout,
01:07:38 sur le programme journalier.
01:07:40 - Mais la Marseillaise, c'est de l'histoire.
01:07:42 - Pardon ? - Pardon ? - La Marseillaise, c'est
01:07:44 aussi de l'histoire, Madame.
01:07:46 C'est notre histoire, c'est notre hymne
01:07:48 national, je n'ai rien contre la Marseillaise.
01:07:50 - Non mais je crois que vous n'êtes pas... - Non, c'est pas ce que je vous dis.
01:07:52 - Non mais je crois que vous n'êtes pas en désaccord.
01:07:54 Le problème, Mireille, c'est qu'on n'est plus, et je ne
01:07:56 dis pas que c'est pas bien, on n'est plus dans la même époque.
01:07:58 - On n'est plus dans la même époque,
01:08:00 c'est ce que je dis. - Voilà.
01:08:02 - C'est pour ça que je dis, il faut
01:08:04 développer quand même le respect,
01:08:06 l'empathie, - Oui, bien sûr, bien sûr.
01:08:08 - s'accepter les uns les autres,
01:08:10 nous différents, et à un moment donné,
01:08:12 il faut qu'il y ait un lieu,
01:08:14 je ne dis pas que l'institut,
01:08:16 enfin, moi je dis "instituteur",
01:08:18 maîtresse d'école, professeur d'école,
01:08:20 le pédagogue, l'accompagnant.
01:08:22 Celui qui a
01:08:24 cette responsabilité
01:08:26 de donner un savoir, de transmettre
01:08:28 une envie, de transmettre
01:08:30 des connaissances, bon, ça c'est
01:08:32 formidable comme boulot,
01:08:34 c'est susciter des vocations,
01:08:36 etc. Mais je crois
01:08:38 qu'aussi, à un moment donné,
01:08:40 quand on sait pertinemment que dans
01:08:42 nombre de familles,
01:08:44 malheureusement, ces enfants n'ont
01:08:46 pas cet accès - Ben oui, voilà.
01:08:48 - à la non-violence,
01:08:50 à un moment donné,
01:08:52 il faut qu'il y ait un relais.
01:08:54 - Je comprends, non mais c'est clair.
01:08:56 Ça se complète, en fait, ce que
01:08:58 dit Mireille, c'est qu'elle pense que
01:09:00 eu égard à ce qui s'est transformé dans les familles,
01:09:02 etc., il y a un enseignement
01:09:04 à faire du civisme,
01:09:06 c'est-à-dire, est-ce qu'il n'y a pas,
01:09:08 effectivement, appelons pas ça bienveillance
01:09:10 ou empathie ? - Mais il y a de l'éducation civique
01:09:12 à l'école, bien sûr. - Voilà, c'est ça qui est important,
01:09:14 c'est l'éducation civique. - Mais il n'y a aucun problème avec ça.
01:09:16 - Je crois que c'est ça. On a qui d'autre ?
01:09:18 - On continue de prendre vos appels au standard 0826-3030,
01:09:20 on marque une courte pause sur Sud Radio.
01:09:22 A tout de suite, un retour sur Sud Radio,
01:09:24 on était ensemble jusqu'à 14h, nous sommes toujours avec
01:09:26 l'Isa Kamen Yersig, professeur des écoles
01:09:28 et auteur de ce livre "La Grande Garderie"
01:09:30 aux éditions Albayre-Michel, et puis nous sommes avec
01:09:32 Guy de Paris. Bonjour Guy. - Bonjour Guy.
01:09:34 - Oui, bonjour André Bercoff,
01:09:36 bonjour madame, bonjour monsieur.
01:09:38 Oui, donc j'ai 73 ans,
01:09:40 j'ai été président d'une association de parents d'élèves
01:09:42 représentant l'une des deux plus grosses associations
01:09:44 de parents d'élèves de France,
01:09:46 des années 98 jusqu'en 2005,
01:09:48 et je rappelle que j'avais été
01:09:50 coopté,
01:09:52 j'avais jamais demandé à être président.
01:09:54 - D'accord. - Et j'ai été coopté
01:09:56 lors d'une assemblée en début d'année,
01:09:58 parce qu'il fallait élire un nouveau président
01:10:00 ou une nouvelle présidente, voilà.
01:10:02 - Parlons du fond,
01:10:04 cher Guy. - Le fond,
01:10:06 alors le fond est le suivant,
01:10:08 c'est que moi je suis resté sur des façons
01:10:10 d'agir, d'instruction,
01:10:12 qui sont très pertinentes.
01:10:14 Le respect de l'autre,
01:10:16 ce dont on parle,
01:10:18 ce dont on ne reste pas dedans, du civisme par exemple.
01:10:20 Donc on a été obligé, avec la secrétaire générale,
01:10:22 d'intervenir à l'encontre
01:10:24 de grands frères
01:10:26 qui se permettaient d'agir
01:10:28 à l'encontre du professeur,
01:10:30 qui leur faisait des menaces parce que le petit frère
01:10:32 avait été puni.
01:10:34 Donc nous on montait au créneau,
01:10:36 on disait c'est très simple, l'éducation nationale va peut-être
01:10:38 vous attaquer si vous attaquez ce professeur,
01:10:40 mais nous nous porterons partie civile.
01:10:42 - Oui, d'accord.
01:10:44 - Et ça, ça secouait.
01:10:46 Donc il faut
01:10:48 plus de conscience et surtout
01:10:50 on s'était rendu compte que les familles n'avaient plus
01:10:52 de relations, bien souvent
01:10:54 avec leurs enfants. Ça c'était très grave.
01:10:56 On voyait la déliquescence
01:10:58 de la famille.
01:11:00 Bien souvent des familles monoparentales.
01:11:02 Beaucoup, beaucoup de familles monoparentales.
01:11:04 Et puis surtout d'origine
01:11:06 totalement différente des origines que j'avais
01:11:08 connues moi quand j'étais enfant,
01:11:10 quand j'étais dans le primaire,
01:11:12 ou même dans le secondaire. Ça c'était un très gros problème.
01:11:14 La compréhension, l'éducation
01:11:16 n'est pas la même au-delà de la
01:11:18 Méditerranée et par rapport à
01:11:20 notre pays. Voilà.
01:11:22 - D'accord. - C'est très très dur.
01:11:24 - Oui, c'est Guy, c'est dire ça. En fait c'est une réalité
01:11:26 sociologique qui est là et
01:11:28 que Guy expose, c'est vrai.
01:11:30 - Ah oui, mais ça on ne pourra pas
01:11:32 si les parents ne font pas
01:11:34 leur boulot, leur travail,
01:11:36 vous aurez beau faire
01:11:38 ce qu'il faut madame, vous ne ferez
01:11:40 que peut-être compenser quelque peu.
01:11:42 - Sur ce point... - Mais la nature
01:11:44 a horreur du vide, donc ce sera...
01:11:46 - D'accord. - Les parents ne faisant rien, ce sera détruit.
01:11:48 - C'est très juste ce que vous dites.
01:11:50 Et sur ce point très précis, si mon livre s'appelle
01:11:52 "La grande garderie", c'est aussi parce que
01:11:54 le monopole de l'éducation
01:11:56 nationale a
01:11:58 dépossédé et dépossède tous les jours
01:12:00 les parents de
01:12:02 leur choix d'établissement. C'est-à-dire que
01:12:04 en gros, on prend un môme à 3 ans
01:12:06 dans sa famille, on le rend à 16 ans
01:12:08 à sa famille, il passe
01:12:10 26 à 30 heures
01:12:12 par semaine à l'école
01:12:14 et par, on va dire
01:12:16 le monopole financier, puisque quand vous payez
01:12:18 vos impôts, ces impôts sont redonnés
01:12:20 à une école publique
01:12:22 ou à une école privée sous contrat, puisque les
01:12:24 enseignants des écoles privées sous contrat sont payés par l'État,
01:12:26 finalement les gens
01:12:28 ne peuvent plus choisir. Si l'école de leurs
01:12:30 enfants ne leur convient pas, qu'est-ce qu'ils ont comme
01:12:32 choix ? Ils ont comme choix de l'envoyer dans une école
01:12:34 privée hors contrat, qui coûte
01:12:36 beaucoup plus cher, puisque
01:12:38 les salaires des enseignants n'y sont pas payés par l'État.
01:12:40 Donc c'est très peu de familles qui peuvent se permettre ce genre de
01:12:42 choses. C'est pour ça que je plaide, je ne suis
01:12:44 pas la seule, pour un système
01:12:46 de financement différent, qui serait un système
01:12:48 basé sur la restitution
01:12:50 de l'argent public aux gens
01:12:52 qui ont des enfants, qui pourraient choisir
01:12:54 avec un système de chèque éducation, par exemple,
01:12:56 ou de compte épargne éducation,
01:12:58 l'établissement dans lequel ils peuvent mettre leurs
01:13:00 enfants. Ce qui fait qu'ils seraient non seulement
01:13:02 libres du choix de l'école, mais
01:13:04 en plus, responsables du
01:13:06 choix de l'école. Et donc, ils ne pourraient plus
01:13:08 dire "c'est l'école qui ne les éduque pas",
01:13:10 "c'est l'école qui ne fait pas son boulot", etc.
01:13:12 - En tout cas, c'est une proposition absolument
01:13:14 à lancer, qu'on reprendra
01:13:16 avec vous. Merci
01:13:18 Lisa Kamen-Herzig, parce que
01:13:20 effectivement, lisez ce livre,
01:13:22 il pointe très très très bien
01:13:24 les défauts de la cuirasse.
01:13:26 Et il y en a des défauts. - Merci d'avoir été avec nous,
01:13:28 On rappelle ce livre, La Grande Garderie aux éditions Albert Michel.
01:13:31 C'est disponible en livrerie tout de suite.