L’Organisation Armée Secrète, l’OAS, et ses slogans "L'Algérie est française et le restera", "OAS vaincra" ou "l'OAS frappe où elle veut et quand elle veut", n’est généralement traitée, présentée, que comme une organisation fascisante adepte de la violence. Cette définition, extrêmement réductrice, doit être remise en cause et l’étude de cette organisation ne peut se faire sans prendre en compte le contexte très particulier de l’époque. Les membres et dirigeants de l’OAS ont connu des parcours très différents et leur histoire ne commence pas en 1961 et, durant sa brève existence, l’organisation n’a jamais été monolithique et connaît plusieurs changements majeurs de structures. Nous allons donc plonger, en compagnie de notre invité, Olivier Dard dans l’histoire de l’OAS.
La Revue d'Histoire Européenne : https://bit.ly/3HIZClA
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00:00:35 Chers amis de TVL, bonjour et bienvenue dans Passez-présent,
00:00:39 votre émission historique présentée en partenariat avec la revue d'Histoire Européenne.
00:00:45 L'organisation armée secrète, l'OAS, dont les slogans "l'Algérie est française et le restera",
00:00:52 "OAS vaincra" ou encore "l'OAS frappe où elle veut et quand elle veut",
00:00:57 n'est généralement présentée que comme une organisation fascisante adepte de la violence.
00:01:03 Cette définition extrêmement réductrice doit être remise en cause
00:01:07 et l'étude de cette organisation ne peut se faire sans prendre en compte le contexte très particulier de l'époque.
00:01:12 Les membres et dirigeants de l'OAS ont connu des parcours très différents
00:01:16 et leur histoire ne commence pas en 1961 et, durant sa brève existence,
00:01:21 l'organisation n'a jamais été monolithique et a connu plusieurs changements majeurs de structure.
00:01:26 Nous allons donc plonger en compagnie de notre invité, Olivier Dard, dans l'histoire de l'OAS.
00:01:32 Olivier Dard, bonjour.
00:01:34 – Bonjour.
00:01:34 – Vous êtes professeur d'histoire contemporaine à Paris-Sorbonne Université,
00:01:39 spécialiste de l'histoire politique.
00:01:42 Vous venez d'ailleurs de publier chez Fayard une somme intitulée "Février 34, l'affrontement"
00:01:48 dont vous êtes venu nous parler il y a quelques semaines.
00:01:52 Mais vous êtes également l'auteur d'une biographie de Charles Maurras
00:02:00 chez Armand Colin en 2013.
00:02:03 – Elle a été rééditée en 2023 en poche.
00:02:05 – Rééditée en 2023 en poche.
00:02:06 – C'est la deuxième réédition.
00:02:07 – Et vous avez collaboré pour les éditions du Serre
00:02:10 au Dictionnaire du conservatisme en 2017, des populismes en 2019
00:02:16 et enfin du progressisme en 2022.
00:02:19 Mais, sujet qui nous intéresse, vous êtes l'auteur d'un voyage au cœur de l'OAS
00:02:26 paru chez Perrin en 2005.
00:02:29 – C'est bien.
00:02:30 – Alors, officiellement…
00:02:31 – Elle est disponible en poche.
00:02:32 – Disponible en poche et également.
00:02:34 – Chez Tempus, la production Tempus.
00:02:35 – Alors, concernant l'OAS, donc officiellement,
00:02:38 cette OAS est créée officiellement en 1961.
00:02:42 Mais alors, quelle est la situation, très très rapidement,
00:02:46 de l'Algérie française en 1961 ?
00:02:50 – Alors, la situation de l'Algérie française en 1961, elle est compliquée.
00:02:55 Évidemment, puisque les tenants de l'Algérie française
00:03:02 sortent assez groggy d'un certain nombre de séquences,
00:03:07 depuis mai 1958, où ils ont espéré, évidemment,
00:03:13 pour un certain nombre d'entre eux, et c'est important,
00:03:15 que l'avènement au pouvoir du général de Gaulle
00:03:17 pourrait conserver l'Algérie française.
00:03:20 Bon, leur première grande déception, on le sait,
00:03:23 c'est au moment du discours sur l'autodétermination,
00:03:26 on est en septembre 1959, mais le grand échec
00:03:30 des tenants de l'Algérie française, c'est janvier 1960,
00:03:35 24 janvier, la semaine dite "des barricades".
00:03:38 Parce que cette semaine dite "des barricades",
00:03:41 elle est le moment où les tenants de l'Algérie française
00:03:46 se rendent compte, pour une bonne partie d'entre eux d'ailleurs,
00:03:50 que contrairement à ce qui se passait
00:03:52 sous la 4ème République, la colonie ne peut pas imposer
00:03:56 son point de vue à la métropole.
00:03:58 Il y avait eu le 6 février 1956, la célèbre journée dite "des tomates"
00:04:02 contre Guy Mollet, pour faire limoger le nouveau
00:04:05 gouverneur général, Quatreroux.
00:04:07 Il y avait eu 1958, où finalement, la prise du gouvernement général,
00:04:14 etc., la journée du 13 mai, avait contribué à l'échec de Flemelin
00:04:21 et au retour du général de Gaulle.
00:04:23 Là, au moment des barricades, le pouvoir ne cède pas.
00:04:27 Le pouvoir ne cède pas, et non seulement le pouvoir ne cède pas,
00:04:31 mais un certain nombre de tenants de cette Algérie française,
00:04:35 soit sont en fuite, c'est le cas de José Fortis,
00:04:37 qui avait été le patron du Front National français,
00:04:40 qui était au cœur des barricades, soit sont arrêtés, vont être jugés.
00:04:44 Ça va être le procès des barricades de l'automne 1960.
00:04:49 Et ce qui est important aussi, c'est de voir qu'au moment
00:04:52 de la crise des barricades, finalement, les tenants
00:04:54 de l'Algérie française se sont rendus compte que l'armée
00:04:57 ne les suivait pas, et leur grande idée, leur grand espoir,
00:05:01 c'était de faire basculer l'armée, de refaire au fond un 13 mai
00:05:06 qui, cette fois-ci, fonctionnerait.
00:05:09 On en est très loin. Et donc, dernier point,
00:05:12 les tenants de l'Algérie française ont créé, dans la foulée
00:05:16 de l'échelle des barricades, un nouveau mouvement
00:05:20 qui s'appelait le Front pour l'Algérie française, le FAF.
00:05:23 Le terme n'était d'ailleurs pas très bien choisi.
00:05:25 Mais ce Front pour l'Algérie française avait une caractéristique
00:05:29 par rapport aux autres structures précédentes,
00:05:32 même si on avait des choses un peu comparables dans le FNF,
00:05:34 mais rien à voir tout de même, c'est qu'il avait une structure clandestine.
00:05:37 Et à cet égard, effectivement, le Front pour l'Algérie française
00:05:41 est une organisation qui, dans sa partie, il y avait la partie politique
00:05:47 et la partie branches armées, est effectivement une des matrices
00:05:51 de la future OAS.
00:05:53 – Alors donc ce sont deux exilés des journées des barricades,
00:05:56 Pierre Magaillard et Jean-Jacques Suzini, qui eux sont à Madrid,
00:05:58 qui fondent, enfin qui créent l'OAS.
00:06:01 – Alors qui font, qui vont créer l'OAS, alors bon, il y a toute une histoire.
00:06:04 Effectivement, au moment du procès des barricades,
00:06:07 ils vont profiter pour prendre la fuite, alors je ne vais pas raconter le détail ici.
00:06:12 Ils se retrouvent effectivement à Madrid, où ils croisent la route,
00:06:16 évidemment, du général Salan, qui lui est également installé à Madrid.
00:06:19 On est en janvier 1961, donc on est trois mois avant le putsch,
00:06:23 c'est un élément extrêmement important, et on crée cette organisation armée secrète,
00:06:29 qui au départ, disons-le clairement, est une coquille vide.
00:06:35 Il n'y a pas de structure particulière, même si Elie de Saint-Maur,
00:06:42 qui a été raconté au lendemain du putsch, enfin au moment où le putsch s'arrête,
00:06:46 qu'un certain nombre de jeunes gens ont pu se mobiliser au dernier moment en son nom.
00:06:51 En réalité, ce choix de 1961, il est quand même important,
00:06:54 parce qu'il pose malgré tout trois choses essentielles.
00:06:59 Un, la question du nom, et effectivement, à travers l'OAS, l'armée secrète,
00:07:04 c'est la référence à l'armée secrète de la seconde guerre mondiale,
00:07:07 et donc à une certaine logique de la résistance, c'est une résistance militaire.
00:07:12 Deuxième élément important, cette OAS pose, à travers sa création,
00:07:17 la question de savoir où elle doit mener son combat,
00:07:21 on va y revenir je pense tout à l'heure, est-ce que finalement,
00:07:23 c'est une organisation qui doit être basée à l'extérieur,
00:07:26 comme l'avait été la France libre de De Gaulle à Londres,
00:07:29 ou comme l'est le FLN, évidemment, dans un certain nombre de pays du Maghreb,
00:07:36 ou au contraire, est-ce qu'elle doit mener son combat à l'intérieur, voire les deux ?
00:07:41 Il y a un débat ici intéressant.
00:07:44 Et puis, troisième élément, c'est que cette OAS,
00:07:48 elle va effectivement, j'allais dire, se développer,
00:07:54 se structurer véritablement au lendemain de l'échec du putsch.
00:07:58 C'est le putsch, c'est l'échec du putsch qui précipite le développement de l'OAS.
00:08:03 – Est-ce qu'elle se définit tout de suite comme une organisation contre-héroïste ?
00:08:07 Ou quel est le but, à part le maintien de la dégénérierie française ?
00:08:13 – C'est tout leur problème, c'est qu'ils ont essayé de rechercher une plateforme,
00:08:16 ou de définir une plateforme politique,
00:08:18 qu'ils ne parviendront jamais véritablement à définir.
00:08:21 Le point commun, c'est effectivement le maintien de l'algérie française.
00:08:25 Alors, ce qu'il faut avoir aussi à l'esprit, c'est qu'au-delà des structures,
00:08:29 vous parliez du contre-terrorisme,
00:08:32 le parcours d'un certain nombre de militants de l'OAS, voire même de dirigeants,
00:08:38 ne démarre pas, bien sûr, en 1961.
00:08:41 Je dirais qu'il y a une préhistoire, c'est ce que je montre d'ailleurs dans mon livre,
00:08:45 une préhistoire de l'OAS, qui démarre pratiquement
00:08:49 avec les débuts de la guerre d'Algérie.
00:08:52 À partir de 1955-1956…
00:08:55 – Oui, il y a déjà des organisations…
00:08:57 – Il y a déjà un certain nombre d'organisations, on ne va pas les énumérer,
00:08:59 mais qui vont effectivement essayer de travailler avec certaines personnalités militaires,
00:09:06 commencer à s'initier au renseignement,
00:09:08 c'est là où on retrouve la figure de Polos Ares,
00:09:10 qui joue un rôle évidemment important dans les débuts de cette histoire,
00:09:16 mener, ces hommes vont mener un certain nombre d'opérations déjà contre le FLN,
00:09:22 en considérant que les autorités sont jugées être au plus inanimes, etc.
00:09:28 Et finalement, ces années dites de contre-terrorisme,
00:09:32 sont des années d'apprentissage,
00:09:34 où on voit notamment des figures de l'OAS à venir,
00:09:38 comme Jean-Claude Pérez par exemple,
00:09:40 jouant un rôle important avec son équipe de Belle-Éloëde,
00:09:43 et c'est là où véritablement ces gens se forment.
00:09:45 Vous avez des militants plus politiques, comme Jean-Jacques Suzyni,
00:09:48 mais vous avez finalement des hommes qui arrivent,
00:09:53 quand ils se retrouvent au champ de manœuvre,
00:09:56 en mai 1961 pour structurer l'OAS,
00:09:59 avec quand même un bagage tout à fait sérieux,
00:10:03 qui leur permet, j'allais dire,
00:10:05 d'espérer passer directement à l'action.
00:10:10 Il n'y a aucun débat sur le fait de savoir si on utilise la violence,
00:10:13 ou pas la violence, tout ça est acquis.
00:10:16 Il y a la volonté effectivement d'engager un bras de fer
00:10:20 pour le maintien de l'Algérie française,
00:10:22 ce qui paraît évidemment après l'échelle du Pouche,
00:10:25 où encore une fois l'armée n'a pas suivi,
00:10:27 ce qui est quand même un élément très important,
00:10:29 parce qu'on a les 4 généraux, etc.
00:10:31 mais on voit très bien, on sait très bien
00:10:33 que le pouvoir a contrôlé la situation,
00:10:36 et en particulier contrôlé l'armée,
00:10:38 et là c'est effectivement la dernière carte
00:10:41 que les tenants de l'Algérie française entendent.
00:10:43 – Effectivement, tout change après le Pouche,
00:10:45 c'est Salan qui prend en charge.
00:10:47 – C'est Salan qui va prendre en charge, mais pas tout de suite,
00:10:49 parce que Salan et Jouau, au lendemain du Pouche,
00:10:52 vous avez deux généraux qui vont se rendre,
00:10:55 Zeller et Chasse.
00:10:57 Les deux autres partent dans la nature,
00:11:00 notamment chez un personnage, je ne vais pas avoir le temps d'en parler,
00:11:02 qui est Robert Martel, le chouan de la Miteja.
00:11:05 Alors, personnage intéressant parce qu'il est dans les mouvements agricoles,
00:11:10 catholique exalté du Christ roi, etc.
00:11:12 mais il avait déjà été un martel dans tous les mouvements précédents,
00:11:16 c'est-à-dire en particulier présent au moment du 6 février 56, etc.
00:11:20 Mais Salan et Jouau ne sont pas là,
00:11:22 on leur réserve évidemment une place dans le dispositif, bien sûr,
00:11:26 mais cette OS, quand elle se met en place,
00:11:29 notamment sur Alger, ensuite elle va se mettre en place à Oran,
00:11:33 parce qu'il faut bien comprendre que l'OS n'est pas d'une organisation
00:11:36 véritablement centralisée, c'est davantage une nébuleuse territorialisée.
00:11:40 – Donc on a des petits chefs…
00:11:42 – Oui, alors avec théoriquement une autorité nominale,
00:11:45 mais quand même, si vous voulez, le fonctionnement,
00:11:47 on pourra peut-être y revenir, mais de l'OS Alger
00:11:49 et celui de l'OS Oran, ce n'est pas la même chose.
00:11:52 Vous avez à Alger un équilibre souvent difficile entre militaires et civils,
00:11:57 entre les colonels, godards, gardes, et puis bien sûr le général Gardy,
00:12:04 sous la houlette de Salan, avec des civils comme Suzénie, Pérez,
00:12:08 et puis du côté militaire aussi, l'importance de Roger De Gaulle,
00:12:11 qui est à la tête des commandos Delta, mais il y a un équilibre.
00:12:13 Si vous regardez le système Oranais, la logique Oranaise,
00:12:17 qui fonctionne avec un certain nombre de collines,
00:12:19 ce sont bien davantage des civils qui sont aux commandes.
00:12:23 Alors on a souvent dit, et bien sûr, que le général Jouhaut
00:12:26 était à la tête de l'OS Oran, suivi ensuite par Gardy,
00:12:30 quand Salan était à la tête de l'ensemble et pilotait l'OS Alger.
00:12:35 Le principal responsable de l'OS Oran, c'est quelqu'un de beaucoup moins connu,
00:12:39 mais qui est très important, il s'appelle Charles Micheletti,
00:12:41 avec des gens comme Georges Gonzalès, etc., Dupont de Chaux.
00:12:45 Il y a, et puis Tabarro, enfin voilà, il y a, si vous voulez,
00:12:49 une présence des civils importantes à Oran, plus importante qu'à Alger,
00:12:53 parce qu'à Oran, il n'y a pas eu de putsch.
00:12:55 Ou plus exactement, le putsch n'a absolument pas donné
00:12:58 ce que les tenants de l'Algérie française en attendaient.
00:13:01 – Et les chefs sont où ? Sont toujours à Madrid ?
00:13:03 – Alors non, non, ils sont arrivés, alors Salan est arrivé au nom du putsch,
00:13:06 bien sûr, avec Suzénie.
00:13:08 Non, non, alors c'est justement, là aussi,
00:13:09 je vous pose une question essentielle, où menait le combat ?
00:13:12 Alors, où menait le combat, c'est un véritable débat.
00:13:16 Un débat qui se tranche de la façon suivante.
00:13:19 Pour la majorité de ce qu'on peut appeler l'État-major,
00:13:23 pour faire simple, le combat doit se mener en Algérie.
00:13:27 Et de ce point de vue, Pierre Lagaillarde,
00:13:30 qui avait été la grande figure du 13 mai,
00:13:33 qui avait été, et qui était, une figure incontestée
00:13:37 du combat pour l'Algérie française,
00:13:39 lui, se retrouve, en quelque sorte, marginalisé,
00:13:42 parce que lui, il pense qu'on pourrait peut-être mener un combat
00:13:45 depuis l'Espagne, etc.
00:13:46 Alors, en Espagne, on trouve un certain nombre d'anciens,
00:13:49 des luttes antérieures, notamment José Fortis,
00:13:52 qui espère qu'avec l'appui de Franco, ça pourrait s'arranger,
00:13:57 sauf que Franco, lui, ce qui l'intéresse, c'est la raison de l'État,
00:14:00 il ne va pas briser ses liens avec la France pour ça.
00:14:04 Et donc, tous ces gens qui vont être installés au Canary,
00:14:07 vont être gentiment mis en résidence surveillée,
00:14:09 ils sortent du jeu à l'automne 1961.
00:14:12 Mais, pendant qu'on s'occupe de l'Algérie,
00:14:17 il y a évidemment l'idée de voir ce qu'on peut faire en métropole,
00:14:21 et c'est là où Pierre Sergent va partir,
00:14:24 mais alors lui, avec l'accord, tout à fait, des dirigeants algéroids,
00:14:28 notamment de Salan, pour aller organiser ce qu'on va appeler l'OS Métro.
00:14:33 Et Sergent va d'ailleurs comprendre assez vite
00:14:35 qu'on ne peut pas procéder en métropole comme en Algérie,
00:14:38 sauf que Sergent va voir arriver quelques semaines plus tard
00:14:42 un personnage qu'il n'attendait pas, qui était André Canal.
00:14:45 André Canal, qui était un ingénieur, un industriel algéroid,
00:14:50 qui lui était très intéressé par le plastique, etc.
00:14:54 qui finançait et qui aidait toute une série d'opérations
00:14:57 qui contrevenait à ce que voulait faire l'OS sur Algiers.
00:15:00 Dans le bouquin, je donne, parce que j'ai travaillé sur les archives d'OS,
00:15:03 il faut quand même le dire, qu'il m'avait à l'époque confié Jean Jacques Susini,
00:15:07 les correspondances de Thérèse sont de ce point de vue-là très intéressantes
00:15:11 parce que lui, il considère que Canal doit être ou éliminé ou qu'on en fasse autre chose.
00:15:16 Et donc Salan va donner un accréditif à Canal
00:15:18 et qu'il va venir en métropole pour créer Mission 3.
00:15:20 Ce qui fait qu'en réalité, alors là, en métropole, vous avez l'OS Métro,
00:15:24 vous avez Mission 3, plus vous avez, sur réclamant de l'OS,
00:15:26 toute une série de petits réseaux.
00:15:28 Et ensuite, je passe sur ce qui se passe en Belgique et ailleurs.
00:15:30 Donc encore une fois, n'imaginons pas cette organisation
00:15:33 comme une organisation, j'allais dire, très structurée, verticale, etc.
00:15:37 Ça fonctionne relativement sur Algiers, sur Oran,
00:15:40 il y a Beaune et Constantine également, mais c'est quand même...
00:15:44 – Sinon, ce sont des groupes isolés qui prennent les initiatives.
00:15:47 – Ça dépend, mais pour le coup, Sergent est tout à fait lucide en métropole
00:15:51 sur le fait que la mise sur pied d'attentat est contre-productive.
00:15:57 C'est-à-dire que Sergent Métropole a des armes qu'il utilise peu,
00:16:00 quand Mission 3 a peu d'armes, mais va mener un ensemble d'attentats,
00:16:04 et notamment celui contre Monroe qui touche Delphine Renard, etc.
00:16:09 – Alors au début, la population, on va parler d'abord de la population en Algérie,
00:16:15 elle est très favorable, d'autant que ça commence d'une manière assez gentille,
00:16:18 il y a des concerts de casserole, on n'est pas dans la...
00:16:20 – Oui, alors elle est favorable, oui, elle est en attente, il faut bien le dire.
00:16:25 Elle est favorable en ce sens que, effectivement, l'organisation réussit
00:16:34 à la fois à mener un ensemble d'attentats et d'assassins à cibler,
00:16:38 ce qu'on appelle des opérations ponctuelles,
00:16:40 mais l'organisation réussit à mener un certain nombre d'opérations de propagande
00:16:45 qui font du bruit. J'en citerai une seule, on est dans l'été 61,
00:16:51 même si les Algérois, pour l'essentiel d'entre eux, n'ont pas de télévision,
00:16:54 ils savent tout de suite que la direction de l'OS a réussi à pirater
00:17:02 les canaux télévisuels et faire apparaître le général Gardie
00:17:08 en lieu et place des autorités gouvernementales lors du journal télévisé.
00:17:13 Alors ce qui veut dire évidemment que l'OS a des appuis
00:17:16 chez un centre de techniciens très spécialisé pour arriver à mener une telle opération,
00:17:20 mais il y a aussi l'idée qu'on est capable de lutter, de rivaliser avec le pouvoir.
00:17:27 Autre avantage dont dispose l'OS tout au long de la fin de l'année 61,
00:17:31 pratiquement jusqu'au début 62, c'est que sur Alger en particulier,
00:17:35 l'organisation n'est pas infiltrée. C'est tout le problème du pouvoir.
00:17:39 Comment arriver à les infiltrer ? Alors, est-ce à dire que la population
00:17:45 est derrière l'organisation ? Attention, car il faut bien comprendre
00:17:49 qu'il y a une opposition ici entre militaires et civils.
00:17:53 Vous avez dans l'organigramme de l'OS quelque chose qui s'appelle l'OM,
00:17:56 l'organisation de masse, qui est théoriquement prise en main par le colonel Gardie
00:18:02 et plus sérieusement, vous avez en fait un débat, enfin un débat,
00:18:08 plus qu'un débat, c'est une vision différente entre finalement des civils
00:18:14 et notamment Pérez qui verrait très bien l'organisation OS structurée
00:18:22 sur un mode vertical, les quartiers, etc. Si j'allais un peu vite,
00:18:28 je dirais que c'est un modèle, alors évidemment ils ne le savent pas
00:18:31 dans les deux côtés, mais ce qu'on a vu faire avec l'Ira, beaucoup plus tard.
00:18:35 Mais les militaires, eux, considèrent que c'est d'abord une organisation armée
00:18:39 avec le poids des officiers. Je rappelle qu'au moment du putsch,
00:18:43 les militaires n'ont surtout pas voulu mettre la population civile dans le coup,
00:18:47 comme on disait à l'époque. Et donc là, il y a un débat vraiment important.
00:18:52 Et par ailleurs, si vous voulez, si la population suit,
00:18:57 elle va suivre jusqu'à un certain point et l'OS et les responsables de l'OS
00:19:02 et le service de renseignement de l'OS travaillent d'assez près pour suivre,
00:19:06 non seulement tout ce qui se passe du côté du pouvoir, ça on pourrait y revenir,
00:19:09 mais pour suivre aussi les réactions de l'opinion à partir par exemple
00:19:12 d'un élément qui est très intéressant et on pense qu'on pourrait,
00:19:15 si il y avait encore plus de sources, on pourrait aller encore plus loin,
00:19:18 c'est tout ce qu'ils savent en matière de virements bancaires.
00:19:22 Et quand on fait de savoir si les gens, finalement, où ils placent leur argent ?
00:19:25 Est-ce qu'ils sont en train de préparer le départ ou est-ce qu'ils sont en train de...
00:19:28 Et donc, tout l'automne 61, ça va, l'hiver 61, ça va à peu près.
00:19:33 Par la suite, ça se complique très sérieusement.
00:19:36 - Et alors au niveau du recrutement, on parle de...
00:19:39 Effectivement, il y a un environnement qui est très favorable,
00:19:41 mais finalement un recrutement qui est assez faible ?
00:19:43 - Oui. Alors, un recrutement qui est assez faible pour plusieurs raisons.
00:19:47 La première, c'est que, encore une fois, l'organisation n'a pas voulu
00:19:53 se constituer en organisation de masse.
00:19:56 Deux, les responsables, et notamment les responsables militaires,
00:20:02 ont tenu à faire en sorte que participent à l'OAS et notamment au commando,
00:20:10 des hommes capables de mener à bien les opérations.
00:20:14 Et en particulier, si on est sur Alger,
00:20:17 le célèbre commando Delta de Gueldre était extrêmement structuré
00:20:23 autour, effectivement, de professionnels que de Gueldre recrutait
00:20:30 lui-même parmi ses camarades légionnaires, etc.
00:20:33 Ça ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de civils,
00:20:35 mais les civils qui étaient là, c'était justement des gens
00:20:38 dont je parlais tout à l'heure, qui avaient été liés à PRS,
00:20:40 Ressources Lunaires, etc.
00:20:42 Toute une série de gens qui avaient fait leur preuve par le passé.
00:20:46 Alors, me direz-vous, il n'y a pas effectivement d'organisation de masse,
00:20:54 de militants, mais ce n'est pas l'objectif.
00:20:56 Car, il y a un deuxième élément qui est très important,
00:20:59 quand on m'a souvent demandé "mais quels étaient les membres de l'ORS,
00:21:03 combien étaient-ils ?"
00:21:04 La seule réponse qu'on peut voir, c'est par rapport au procès, etc.
00:21:07 Mais en réalité, un des objectifs de l'organisation,
00:21:10 ce n'est pas forcément d'avoir des militants visibles,
00:21:12 puisqu'ils n'organisent pas de manifestation.
00:21:14 Quand ils vont le faire le 26 mars à 62 rue de Disney,
00:21:17 ça a été catastrophique. On pourrait en reparler.
00:21:19 Mais, en revanche, ce qui est important pour eux,
00:21:22 c'est d'avoir un certain nombre de personnes non exposées.
00:21:26 - Et efficaces.
00:21:27 - Et quand je parlais de la télévision, d'avoir des médecins,
00:21:29 de savoir on peut envoyer des gens dans des planques, etc.
00:21:31 Ce n'est pas la peine qu'ils soient forcément exposés.
00:21:33 - D'accord. Alors, est-ce qu'on peut dire que l'action de l'OS
00:21:36 ne se résume qu'à des attentats ?
00:21:38 Et justement, on va parler des attentats.
00:21:40 De quelle manière sont-ils ciblés ?
00:21:43 Vous parliez d'opérations ponctuelles,
00:21:45 mais aussi des attentats aveugles, des attentats ratés.
00:21:49 Comment tout ça se décide ?
00:21:51 - Alors, ça dépend où et ça dépend quand.
00:21:53 La question des attentats est évidemment absolument centrale.
00:22:00 Je ne vais pas rentrer dans le détail des statistiques.
00:22:02 Je vous parle beaucoup dans le livre.
00:22:04 Il faut avoir à l'esprit que ça s'équilibre avec les attentats FLN.
00:22:07 Pendant très longtemps.
00:22:10 Et que, de ce point de vue, les autorités suivent ça de très près.
00:22:14 A l'origine, l'idée, c'est de mener des opérations ponctuelles,
00:22:20 des attentats ciblés.
00:22:22 Et ça fonctionne relativement de cette façon-là,
00:22:26 notamment sur Alger, tout en que De Geldre est à la tête des Deltas.
00:22:31 C'est-à-dire qu'il y a, si vous me le permettez,
00:22:34 un professionnalisme absolument indiscutable.
00:22:37 Et on le voit très bien, entre le moment où la décision est prise
00:22:41 d'éliminer une personne, on réunit les éléments nécessaires
00:22:45 et on va les éliminer.
00:22:47 Alors, il y a des échecs évidemment,
00:22:49 mais la question de passer à des attentats aveugles n'est même pas posée.
00:22:55 En revanche, ce qu'il faut bien comprendre,
00:22:58 c'est que les choses vont progressivement se déliter
00:23:02 au fur et à mesure de l'infiltration et de la, j'allais dire,
00:23:06 de la déliquescence de l'OS et de la fin de la guerre d'Algier.
00:23:12 C'est-à-dire que les premières arrestations précèdent les accords déviants
00:23:17 et puis les accords déviants arrivent.
00:23:20 Et là, on décide du point de vue de l'État-major de mener,
00:23:25 alors là, une lutte absolument frontale,
00:23:27 ou de prétendre mener une lutte absolument frontale
00:23:30 contre l'État et contre le FLN.
00:23:32 Alors, ce qui fait quand même beaucoup, et c'est un échec complet,
00:23:36 c'est l'échec du bouclage de Bab-el-Oued,
00:23:38 c'est l'échec si on reste sur Algier, c'est l'affaire de la rue Disly.
00:23:43 Et de ce point de vue, le crédit de l'organisation dans la population,
00:23:47 à ce moment-là, tombe.
00:23:49 Et on entre…
00:23:50 – En Algérie, comme…
00:23:52 – En métropole, il n'a jamais…
00:23:54 c'est même pas qu'il est tombé en métropole.
00:23:56 Le problème de l'OS en métropole, c'est qu'elle est considérée
00:24:00 comme un agent de désordre, antigoïste, etc.
00:24:02 Et donc, de ce point de vue, vous n'avez pas dans la presse européenne,
00:24:06 à part la presse nationaliste qui prie la rôle,
00:24:09 et un peu l'aurore, tout le reste de la presse,
00:24:14 y compris de Figaro, etc. trégoliste, dénonce…
00:24:18 – Et puis la population civile en Europe…
00:24:20 – Voilà, d'autres préoccupations, on est dans une autre logique.
00:24:25 – On préfère dans sa langue qu'elle ne rôle.
00:24:27 – Oui, oui, c'est vrai, mais en même temps,
00:24:29 parce qu'il y a aussi un autre élément,
00:24:31 qui est la question du contingent, ce que ne comprennent pas
00:24:33 les gens de l'OS, c'est que les morts du contingent, etc.,
00:24:37 les blessés, ça pèse de plus en plus lourd dans cette France de 1961-1962.
00:24:45 Alors, je vous disais, un reflux, dans l'opinion même en Algérie,
00:24:51 c'est incontestable, on le voit bien,
00:24:53 et on va le voir au fur et à mesure, en mai-juin, à partir des départs,
00:24:56 les départs, ce n'est pas uniquement en juillet,
00:24:58 ça commence à germer dans l'esprit d'un certain nombre de gens,
00:25:01 bien en amont, déjà certains sont partis, et surtout ne reviennent pas,
00:25:04 ceux qui sont partis, on ne fait pas revenir,
00:25:06 notamment les enfants, etc.
00:25:08 Et autre élément très important, vous parliez du recrutement,
00:25:10 c'est très frappant, le recrutement se tarie,
00:25:14 et notamment du point de vue des militaires,
00:25:16 c'est-à-dire qu'il y a des tas de campagnes,
00:25:18 alors dès qu'ils arrivent à rallier quelqu'un,
00:25:20 ils vont en faire de la propagande, mais en réalité,
00:25:22 c'est toute la différence de ce point de vue entre l'OS
00:25:26 et des mouvements de résistance pour l'invasion de la guerre mondiale,
00:25:29 il y a des éléments en commun, bien sûr,
00:25:31 comme dans tous ces mouvements clandestins,
00:25:33 sauf que l'OS se retrouve dans l'incapacité
00:25:37 de remplacer ces cadres qui sont arrêtés
00:25:40 par, j'allais dire, des personnels équivalents.
00:25:42 Ce qui nous donne évidemment à la fin,
00:25:45 alors là, une organisation déliquescente,
00:25:48 des éléments qui se radicalisent dans la direction
00:25:50 et qui vont effectivement ordonner un certain nombre d'opérations
00:25:54 à Alger contre les dockers, etc.
00:25:57 Et puis, en mai-juin 1962, une espèce de politique
00:26:03 où des jeunes gens de 18-20 ans vont se mettre à tirer
00:26:08 un peu à tort et à travers au nom de l'OS,
00:26:11 c'est une organisation, enfin là, vraiment en pleine déliquescence.
00:26:14 Sur Oran, c'est un peu différent.
00:26:16 – Alors sur Oran, pourquoi ?
00:26:18 – Parce que sur Oran, vous avez encore des civils
00:26:20 qui tiennent l'organisation, mais elle est de toute façon
00:26:22 encore plus… elle va être plus radicale jusqu'au boutiste,
00:26:26 parce que même au moment où Suzénie va vouloir finalement calmer le jeu,
00:26:30 enfin après, quand même, j'allais dire, des tensions
00:26:35 et des violences terribles, mais calmer le jeu
00:26:38 en trouvant un accord entre guillemets FLNOAS,
00:26:41 qui n'est pas véritablement un accord, mais Oran le refuse.
00:26:46 Et Oran revient ou arrive à l'idée
00:26:49 qu'on pourrait faire des espèces d'enclave territoriale,
00:26:51 c'est la grande idée de Gardie,
00:26:53 et donc garder une partie du territoire qui serait…
00:26:58 – Un peu dépendant aussi.
00:27:00 – Voilà, avec un modèle à l'arrodésien, je peux dire.
00:27:03 – Oui, mais les Piedmonts n'étaient pas d'arrodésiens.
00:27:06 Et les attentats, je vais revenir,
00:27:08 les opérations ponctuées, c'est-à-dire, c'est une élimination physique,
00:27:13 sinon ce sont des bombes posées sur des bâtiments, des lieux.
00:27:17 – Des lieux, ça peut être, oui, tout à fait.
00:27:19 – Mais on a aussi un autre type d'attentat,
00:27:21 c'est-à-dire des tirs de mortier sur la ville, à Oran notamment.
00:27:25 – Ah oui, ça je vous dis, ça c'est…
00:27:27 – C'est vraiment sur la fin.
00:27:28 – Oui, c'est sur la fin, avec Oran,
00:27:31 l'incendie du port, ça se termine dans une atmosphère
00:27:36 véritablement d'apocalypse.
00:27:38 – Oui, parce que quel est le but, on est bien d'accord,
00:27:40 le maintien de l'Algérie française, mais…
00:27:43 – Après c'est l'idée de la terre brûlée.
00:27:45 – Après voilà, quelle est l'idée de ces attentats ?
00:27:47 – L'idée de la terre brûlée.
00:27:48 – Même d'éliminer un commissaire de police, est-ce que ça sert à quelque chose ?
00:27:50 – Non, mais l'idée de la terre brûlée, c'est, on va,
00:27:52 après les accords des viands, on va rendre l'Algérie telle qu'on l'a trouvée.
00:27:56 Donc on va tout casser.
00:27:58 Alors, ce qui est intéressant aussi, c'est de voir,
00:28:00 et là il y a des journalistes qui ont écrit là-dessus,
00:28:03 qui ont à l'époque un gros sac, etc. et qui sont allés faire des reportages,
00:28:06 c'est la façon dont les pieds noirs avant de partir,
00:28:09 parce qu'ils ne peuvent pas emmener grand-chose,
00:28:11 c'est le moins qu'on puisse dire,
00:28:13 ils ne sont pas capables de vendre ce qu'ils ont,
00:28:15 et donc ils vont, dans un certain nombre de cas,
00:28:17 vendre des frigos achetés à crédit, etc.
00:28:20 Parce qu'il faut quand même dire que la population pieds noirs de l'Algérie,
00:28:23 elle vit sans doute mieux que la population musulmane,
00:28:28 en moyenne c'est absolument incontestable,
00:28:30 il faut voir où et comment, mais il ne faut pas imaginer les pieds noirs…
00:28:33 – Non, ils réussissent sur le même niveau, voir en dessous de la métropole.
00:28:36 – Oui, voilà, et de toute façon les États-Unis, les plus riches,
00:28:38 eux sont déjà partis depuis un bon moment.
00:28:40 Donc, non, en revanche, ce qui est frappant,
00:28:42 c'est qu'ils vont aller détruire, littéralement,
00:28:44 alors balancer les voitures qui ont pu être achetées,
00:28:47 les réfrigérateurs, tout ça, c'est véritablement,
00:28:51 ça relève presque, pour le coup, d'une, j'allais dire,
00:28:55 de l'anthropologie, de l'histoire elle-même,
00:28:58 c'est une volonté, véritablement, de briser ce qui a pu être fait,
00:29:03 et effectivement, cette politique de terre brûlée,
00:29:05 on en parle souvent pour l'OAS,
00:29:07 à partir effectivement de ces idées qui vont détruire un centre d'infrastructures,
00:29:11 comme on l'avait dit, mais on la retrouve aussi
00:29:13 chez une partie des pieds noirs qui vont choisir de détruire
00:29:17 ce qu'ils ont pu acheter, etc., etc., pour qu'il ne reste rien.
00:29:20 – Et après, les assassinats ciblés, là, sur la pyrotechnique,
00:29:25 on va prendre les tentatives contre le général de Gaulle
00:29:28 qui sont extrêmement nombreuses.
00:29:29 – Alors oui, mais ce n'est pas directement, d'ailleurs,
00:29:31 l'OAS qui s'en occupe, là, c'est…
00:29:34 parce qu'il y avait déjà eu une première tentative
00:29:37 lors du dernier voyage de de Gaulle, qui a été terrible,
00:29:40 en décembre 1960, là, bon, ça avait été première tentative.
00:29:43 Et puis après, il y en a eu, effectivement, beaucoup d'autres,
00:29:47 jusqu'à, notamment, l'une des plus salèbres,
00:29:50 mais c'est sur la fin, le Mont-Faron, avec Jean-Jacques Suzyni,
00:29:53 mais, si vous voulez, le problème de l'OAS,
00:29:57 et notamment de l'OAS Algérie, il y avait eu des tentatives aussi
00:30:00 avec l'opération Gerfaut, etc., c'est que, il faut bien comprendre
00:30:04 que les membres de l'OAS, qui soient d'ailleurs à Alger,
00:30:08 Oran, à Beaunois, à Constantine, sont à l'aise dans leur environnement.
00:30:13 Vous êtes incapables de les envoyer en métropole,
00:30:17 ils sont repérés et repérables immédiatement,
00:30:19 et des quelques rares tentatives qui ont été faites,
00:30:21 tu le montres bien, au moment où De Guildre avait été arrêté,
00:30:24 on avait essayé d'envoyer un commando, ça avait été un véritable désastre.
00:30:28 Pérez, Jean-Claude Pérez, l'a parfaitement compris
00:30:31 quand il était en Espagne, le pouvoir gaulliste était convaincu
00:30:34 que l'OAS allait envoyer les commandos.
00:30:38 Non, d'abord, une fois que l'Algérie française est finie,
00:30:41 c'est terminé, beaucoup s'en arrêtent là,
00:30:44 ceux qui vont continuer c'est quand même une toute petite minorité,
00:30:47 et puis par ailleurs, vous avez affaire à des gens
00:30:50 qui, sortis de leur environnement, sont dans l'incapacité de s'adapter ailleurs,
00:30:55 ils n'ont jamais vu la métropole pour un certain nombre d'entre eux.
00:30:58 Donc, là aussi, il faut remettre les choses en perspective,
00:31:04 ils mènent un combat sur un territoire qui est leur, qu'ils connaissent,
00:31:08 mais, j'allais dire, ce ne sont pas des commandos exportables.
00:31:12 – D'accord. – Facilement.
00:31:13 – Alors, j'aurais parlé du contre-terrorisme du pouvoir,
00:31:17 donc avec les fameuses… – Les fameuses barbouzes.
00:31:20 – Les fameuses barbouzes. – Barbouzes.
00:31:22 – Là, on a vraiment, il y a des affrontements directs,
00:31:25 soit par attentat, soit des échanges de coups de feu,
00:31:28 on est vraiment là dans une petite quasi-guerre civile ?
00:31:32 – Oui, mais alors, si vous voulez, les barbouzes, c'est à la fois,
00:31:36 comment dire, on est dans la tragédie, bien sûr,
00:31:39 mais on est aussi dans une forme de, comment dire, d'omnibulation,
00:31:45 à laquelle d'ailleurs Godard est tout à fait sensible.
00:31:48 C'est-à-dire qu'en réalité, quand ces barbouzes arrivent sur Alger,
00:31:52 bon, ils sont repérés assez facilement.
00:31:55 – Qui sont-ils ? Ce sont d'anciens flics ? Ce sont des militaires ?
00:31:57 – Non, ce sont, oui, des types qui ont été récupérés
00:32:01 un peu de façon diverse et variée.
00:32:04 Ne surtout pas confondre les barbouzes, dont l'efficacité est nulle,
00:32:09 avec la mission C de Michel Hacq.
00:32:12 Là, ce sont des policiers qui arrivent et qui eux, vont faire un véritable travail.
00:32:16 C'est pas du tout la même chose.
00:32:19 Les barbouzes, bon, effectivement, arrivent,
00:32:22 pour effectivement à la fois mener des opérations de propagande,
00:32:27 ou du moins y aider, et puis mener un certain nombre d'actions.
00:32:31 Lorsque les barbouzes arrivent, la suite est connue,
00:32:35 enfin, je la raconte d'abord, je la raconte en détail.
00:32:38 – On a pas le temps.
00:32:39 – Ils vont être éliminés, un par un, ou en groupe d'ailleurs,
00:32:43 par les commandos, les commandos AS, Jésus, Sérénière, etc.
00:32:47 On va même à un moment réussir, dans la Villa des Barbouzes,
00:32:50 il y avait eu une… il avait été livré une machine à impression tout à fait performante.
00:32:57 Au moment où elle est dédouanée à l'aéroport,
00:33:00 évidemment les responsables de l'organisation sont prévenus.
00:33:04 On met des explosifs dans tout ça, on fait sauter la Villa des Barbouzes.
00:33:08 Très bien, les barbouzes, ils sont éliminés.
00:33:10 Mais, moi ce que j'ai trouvé dans les archives, effectivement, c'est Godard.
00:33:14 Godard qui dit "mais en fait, est-ce que les barbouzes ne seraient pas un leurre ?"
00:33:17 On est en train de nous… voilà.
00:33:19 Et quelque part, c'est une observation assez bien sentie,
00:33:23 car la vraie lutte va se faire bien davantage avec des policiers professionnels,
00:33:27 encore une fois, sous démission C, qui vont réussir,
00:33:30 avec un certain nombre d'anciens légionnaires qui vont être retournés, etc.
00:33:34 à infiltrer l'organisation.
00:33:36 Et en l'infiltrant, ils vont effectivement la démanteler,
00:33:39 procédé tout à fait classique,
00:33:41 mais ce démantèlement va être d'autant plus efficace,
00:33:44 que je le disais tout à l'heure,
00:33:46 l'organisation va être dans l'incapacité de renouveler ses cadres.
00:33:50 Donc, finalement, une fois que le démantèlement s'opère,
00:33:55 l'OAS entre dans une forme d'agonie,
00:33:58 en même temps que l'Algérie française est agonisante,
00:34:02 mais cette agonie, loin, là pour le coup, de calmer, j'allais dire, la violence,
00:34:08 va au contraire l'exacerber,
00:34:11 puisque l'OAS lutte à ce moment-là contre deux fronts,
00:34:14 FLN et gouvernement de la Ve République,
00:34:18 et le gouvernement de la Ve République peut aussi s'entendre avec le FLN,
00:34:23 contre l'OAS, à certains moments.
00:34:26 – Alors, je voudrais parler maintenant un peu des hommes, des chefs,
00:34:29 comme le combattant de base.
00:34:32 Donc déjà, là, on s'aperçoit qu'il y a une grande diversité
00:34:37 d'origine parmi ces hommes, aussi bien politiques que religieuses.
00:34:44 – Oui, c'est sûr.
00:34:45 Non mais les éléments, déjà, il y a un premier clivage qui est politique,
00:34:49 – Civil et militaire, on va l'expliquer.
00:34:51 – Au sein des militaires, donc on a le premier d'entre eux,
00:34:54 Salan, des états de service remarquables.
00:34:57 – Oui, des états de service remarquables,
00:34:59 et puis finalement, un rapport lui-même très particulier,
00:35:05 à la fois avec l'Algérie, puisqu'il en a été, du point de vue légal,
00:35:12 le principal responsable au plan militaire,
00:35:15 comme Charles d'ailleurs l'avait été avant lui,
00:35:19 et on les retrouve tous les deux dans le putsch.
00:35:21 Vous avez en fait des militaires de très haut rang,
00:35:24 qui d'ailleurs n'ont pas été, dans le cas de Salan,
00:35:28 c'est quand même une ironie de l'histoire,
00:35:30 toujours considérés comme des tenants de l'Algérie française,
00:35:33 puisque je rappelle que Salan a fait l'objet d'un célèbre attentat
00:35:38 dit du bazooka, c'est l'infortuné commandant Rodier
00:35:43 qui est décédé du tir de bazooka qui visait Salan.
00:35:49 Salan était réputé, on est en 57,
00:35:51 réputé être le brader d'un Indochine, etc.
00:35:54 Donc vous n'avez pas, si vous voulez, à travers Salan, Charles,
00:35:59 Charles n'est pas dans le reste, mais, et même Jouho,
00:36:01 alors Jouho c'est différent, il est pied noir,
00:36:03 donc il y a une dimension beaucoup plus affective chez Jouho.
00:36:06 Bonnard c'est l'homme de la bataille d'Alger,
00:36:09 Gard, vous avez quelqu'un qui lui est davantage mu,
00:36:13 et par des raisons militaires, et par des raisons religieuses aussi,
00:36:17 il y a une dimension, alors un catholicisme traditionnaliste
00:36:20 que l'on trouve chez un certain nombre de responsables,
00:36:22 que ce soit Gard, Chateau-Jaubert, etc.
00:36:24 Ajoutons aussi chez ces militaires le poids de l'expérience indochinoise,
00:36:29 qui est absolument fondamental, alors c'est pas seulement,
00:36:33 on dit souvent dans l'affaire indochinoise,
00:36:36 il y a bien sûr la lutte contre le communisme,
00:36:41 contre la subversion communiste, et la transposition,
00:36:44 la tentative de transposition, parce que le FLN c'est quand même,
00:36:46 pas le Vietmine, c'est quand même autre chose,
00:36:48 mais une tentative de transposition de ces logiques de combat,
00:36:52 de guerre de guerriers, etc. c'est vrai.
00:36:54 Il y a aussi un élément qui est important,
00:36:56 c'est pour comprendre ces militaires qui ont été marqués par l'Indochine,
00:37:01 il y a le souvenir bien sûr d'un certain nombre de leurs compagnons
00:37:04 qui ont été enfermés et internés par le Vietmine,
00:37:07 beaucoup ne sont pas revenus, mais il y a aussi,
00:37:09 plus important encore par rapport à l'Algérie,
00:37:11 le souvenir des populations civiles,
00:37:13 c'est-à-dire l'idée d'un premier abandon,
00:37:16 cet abandon-là on en parle peu, mais il est très important,
00:37:20 de rappeler comment les forces françaises ont amené,
00:37:25 on parle constamment de la question des harkis,
00:37:27 oui, mais il y a en Indochine, il y a eu quelque chose de comparable
00:37:31 avec un certain nombre de peuples de cette Indochine,
00:37:35 et cette expérience où finalement on n'embarque pas,
00:37:39 où on refuse d'embarquer ces populations qui ont soutenu la France,
00:37:43 ce souvenir a laissé une empreinte absolument cuisante
00:37:49 pour un certain nombre, en particulier de militaires.
00:37:52 Ça a rien à voir évidemment avec le rapport des civils à l'Algérie.
00:37:55 – Monsieur, sur les militaires, il y a aussi la résistance,
00:37:58 c'est-à-dire que Jouau, Godard, Sergent, sont tous d'anciens résistants.
00:38:02 – Oui, et Château-Jommer. – Et Château-Jommer également.
00:38:05 D'ailleurs, est-ce que l'expérience de la résistance leur a servi dans le OAS ?
00:38:09 – Oui, bien sûr, mais comme toute lutte clandestine,
00:38:12 et il y a un autre élément qui est très important,
00:38:15 c'est leur antigonisme, c'est-à-dire que vous avez une lutte,
00:38:19 véritablement, d'autant plus exacerbée qu'ils ont été,
00:38:24 pour un certain nombre d'entre eux, et Château-Jommer en particulier,
00:38:27 des ghoullistes fervents.
00:38:30 Donc là, il y a évidemment une cassure qui s'est opérée.
00:38:33 Et alors, ce qui est intéressant d'ailleurs, c'est de voir aussi,
00:38:36 comment on réutilise, il y a une part de propagande bien entendu,
00:38:39 mais on réutilise toute une série de vocabulaires
00:38:42 hérités de ces années d'occupation.
00:38:45 La gestapo ghoulliste, etc.
00:38:47 On a vraiment un élément ici qui est très intéressant,
00:38:51 une forme de transposition.
00:38:53 Alors, elle est jugée évidemment tout à fait illégitime par l'égoïste,
00:38:58 l'égoïste au pouvoir, mais n'oubliez pas que même,
00:39:01 au-delà du monde de l'OAS, vous avez aussi quand même
00:39:04 un certain nombre de grandes figures de la résistance
00:39:07 qui sont restées favorables à l'égalité française,
00:39:09 j'allais dire jusqu'au bout, parce qu'il y a l'OAS,
00:39:12 puis après il y a le CNR, le Conseil National de la Résistance,
00:39:15 avec quand même deux personnages, Georges Bidault,
00:39:18 ancien patron du CNR, j'allais dire du premier,
00:39:21 et celui de la Seconde Guerre mondiale, et puis Soussène quand même.
00:39:25 – Alors justement, avant d'arriver au CNR,
00:39:29 chez les civils, les origines des civils, c'est plus contrasté,
00:39:32 on a des gens comme Lagaillarde ou comme Michel Leroy.
00:39:35 – Voilà, vous avez des éléments incontestablement politisés,
00:39:38 vous avez des gens politisés issus de différents mouvements nationalistes,
00:39:45 donc par exemple Michel Leroy, c'est le responsable de Jeunes Nations sur Alger,
00:39:49 très lié à Dominique Wehner, etc.
00:39:52 Bon, ça c'est certain, Suzy Lee, passé également par les mouvements nationalistes,
00:39:58 c'est incontestable également, Ortiz, c'est le Poujadisme,
00:40:03 et c'est la création du Front National français,
00:40:05 donc vous avez ces éléments-là, mais pas seulement,
00:40:09 parce que vous avez aussi dans les commandos, si vous voulez,
00:40:14 qui vont se retrouver dans la lutte contre l'FLN et donc pro-AES,
00:40:21 un certain nombre de personnalités qui sont d'abord là,
00:40:26 j'allais dire à cause de leur origine, de leur engagement algérien-français,
00:40:30 de la volonté de défendre cette terre qu'ils estimaient être la leur,
00:40:33 et en lien avec leurs propres amis.
00:40:38 Je pense en particulier à toute l'équipe qui gravite par exemple autour de Jean-Claude Pérez,
00:40:42 si vous voulez, Ressoussiriner dit "Jésus de Babeloued",
00:40:45 sa motivation n'est pas une motivation idéologique,
00:40:51 c'est pas quelqu'un qui a lu un certain nombre de textes pour se dire
00:40:54 "Tiens, je vais peut-être essayer de..."
00:40:56 C'est quand même beaucoup plus viscéral que ça.
00:40:59 Ajouter aussi un élément qui est important, dont on parle peu,
00:41:03 c'est la question de l'héritage de l'armée d'Afrique.
00:41:08 Il faut quand même bien comprendre, on est...
00:41:12 43-44 c'est la création de l'armée d'Afrique,
00:41:16 ça va avec les campagnes tunisies, corse, etc.
00:41:19 On est... - Et moins de 20 ans de ça.
00:41:21 - Moins de 20 ans plus tard, et donc à partir de là évidemment,
00:41:26 ceux qui étaient dans l'armée d'Afrique,
00:41:29 bon, admettons qu'ils aient eu 20 ans, 25 ans,
00:41:32 à la fin du second conflit mondial,
00:41:34 ils en ont un peu plus de 40, moins de 20 ans plus tard.
00:41:38 Donc vous avez Assemble de Jean, pour qui ce souvenir est tout à fait cuisant,
00:41:41 et qui estime que la métropole leur doit ce qu'ils lui ont apporté.
00:41:46 C'est cette métropole qu'il a perdue en 1940,
00:41:49 et c'est eux qui sont réputés de l'avoir libérée.
00:41:51 Et ils ne l'ont pas libérée tout seuls, c'est certain,
00:41:54 mais Assemble de Campagne, que ce soit en Italie, à Monte Cassino,
00:41:58 ou que ce soit les campagnes de Tunisie,
00:42:00 ou voilà, bon, c'est quand même l'armée d'Afrique
00:42:03 qui a joué dans cette histoire un rôle très important, et jusqu'au bout.
00:42:06 - Donc la fin de l'OAS correspond plus ou moins à la fin de la présence française en Algérie.
00:42:11 - C'est tout le débat. - Alors on parlait des soubresauts...
00:42:14 - Voilà, c'est tout le débat, mais bon, pour ma part,
00:42:17 je serais tenté de vous dire oui.
00:42:19 Alors, il y a eu, si vous voulez, toute la question de l'attentat du petit Lamar,
00:42:23 qui a permis, en août 62, de Gaulle a failli ce jour-là mourir,
00:42:31 mais ça a acclimaté l'idée que l'OAS était derrière,
00:42:34 c'est quand même... alors il y avait quelques membres de l'OAS dans le commando,
00:42:37 mais enfin bon, c'est quand même pas l'essentiel.
00:42:40 Il y a eu ensuite effectivement des éléments avec Sergent du côté de la Belgique,
00:42:44 l'Espagne, ça s'arrête assez vite,
00:42:47 et vous avez en réalité une organisation qui est largement démantelée,
00:42:54 à partir de 62-63, c'est vraiment l'heure des procès, de la prison,
00:43:00 et d'ailleurs la volonté aussi des autorités gaullistes,
00:43:04 pratiquement très rapidement d'ailleurs, d'envisager...
00:43:08 - De calmer le monde. - Oui, oui, et d'envisager déjà
00:43:10 des premières amnisties, etc.
00:43:12 Alors pas pour les éléments les plus importants, bien sûr,
00:43:14 mais ça, il faut attendre 68, mais bon.
00:43:16 Et puis vous avez effectivement les irréductibles,
00:43:19 on sait effectivement l'attentat du Mont-Faron,
00:43:23 mené par Jean-Jacques Fusini et André Grossfelder,
00:43:27 mais on est à ce moment-là, finalement c'est une histoire qui est en train...
00:43:32 alors les protagonistes ne s'en rendent pas compte,
00:43:34 mais c'est une histoire qui est en train de s'éloigner,
00:43:36 et on le voit parfaitement au moment de la présidentielle de 1965,
00:43:42 lorsque Jean-Louis Tixier, mignon coup, et Jean-Marie Le Pen,
00:43:46 qui est son bras droit, tablent déjà pour un score de premier tour,
00:43:52 sur déjà le minimum, le vote plancher,
00:43:56 qui serait celui des électeurs ayant voté non au référendum
00:44:01 sur les accords des viants.
00:44:03 C'est une vue dont on a mesuré à quel point elle était fausse,
00:44:09 et à la fin Tixier a un tout petit peu plus de 5% des fris des voix au premier tour.
00:44:13 – Il y a quand même une petite tentative,
00:44:15 on en parlait tout à l'heure avec Bidot et Soustel,
00:44:17 de continuité politique.
00:44:19 – Oui, avec le CNR, mais ça se termine quand même très mal,
00:44:22 parce que ça se termine pour Bidot au Brésil, où il s'ennuie à mourir,
00:44:27 Soustel lui va réussir à revenir, Argou qui se retrouve à Munich,
00:44:31 va se retrouver enlevé, c'est la fin.
00:44:37 – En revanche, ce qui est vrai aussi, c'est que d'un côté,
00:44:39 je vous le disais, pour les éléments les plus, j'allais dire les moins,
00:44:43 même condamnés, mais le menu frottin, si vous voulez,
00:44:47 le pouvoir s'efforce d'accélérer les choses, de les faire juger rapidement,
00:44:51 et d'ailleurs les peines ne sont pas si considérables que ça,
00:44:54 et on va vers les premières vagues d'indignité,
00:44:56 mais en même temps, on fait très attention
00:44:59 à ne pas laisser se réorganiser l'OAS à l'extérieur,
00:45:03 et là on a toute une série de documents intéressants
00:45:05 sur la diplomatie de la France et de la Santé mondiale à l'époque,
00:45:08 vis-à-vis des voisins européens, et quand ça ne marche pas avec l'Allemagne,
00:45:11 on va jusqu'à l'enlèvement, ce qui va quand même refroidir
00:45:14 très nettement pour quelques mois, les relations entre la France
00:45:19 et ce qui est à l'époque la République Fédérale Allemande.
00:45:22 Par exemple quand Bideau, vous parliez de Bideau,
00:45:24 là où il a des appuis, c'est en Grande-Bretagne,
00:45:26 parce qu'évidemment Bideau c'est l'atlantiste,
00:45:28 c'est la Seconde Guerre Mondiale, etc.
00:45:30 Bideau fait un grand entretien avec la BBC, etc.
00:45:35 et là évidemment les autorités françaises sont absolument furieuses.
00:45:39 Tout est fait, tout est mis en œuvre pour qu'il n'y ait pas,
00:45:43 en quelque sorte, de possibilité de retour de flammes venant de l'étranger.
00:45:50 Je ne vais pas parler du Portugal de Salazar,
00:45:52 mais c'est un peu comparable aussi.
00:45:54 Salazar fait attention à ça lui aussi,
00:45:56 même s'il abrite un certain nombre de…
00:45:58 Un certain nombre d'anciens.
00:46:00 Donc à 1668, et voire des réhabilitations,
00:46:05 sous la présidence de Mitterrand.
00:46:07 Comment on explique ?
00:46:09 Il y a plusieurs raisons.
00:46:11 Il y a d'abord le fait que ces responsables,
00:46:18 qui s'étaient quand même réunis dans des associations,
00:46:21 n'ont jamais été spécialement proches des socialistes,
00:46:25 mais c'est tout le débat avec Mitterrand,
00:46:27 mais s'estimant finalement mal considéré
00:46:32 par la fin de la présidence d'Huskardyenne.
00:46:34 Quand Dominati était au rapatrier, ça allait,
00:46:37 mais après, avec Raymond Barre, Philippe Mestre, etc.,
00:46:40 les choses se sont dégradées.
00:46:42 Et avant les élections de 1981,
00:46:45 la décision a été prise de voir ce qui pouvait être fait,
00:46:53 avec certains pieds noirs de gauche d'ailleurs,
00:46:56 si on rejoint un peu les entremetteurs,
00:46:58 pour voir ce qu'on pourrait essayer d'obtenir
00:47:00 du côté de François Mitterrand.
00:47:02 Et donc, Sarland a été parfaitement au courant,
00:47:05 et des liens, je m'explique dans le livre,
00:47:08 je ne vais pas rentrer dans le détail ici,
00:47:10 des contacts ont été pris par des émissaires interposés,
00:47:14 sur effectivement la possibilité qui serait donnée,
00:47:17 non seulement d'aller au-delà des amnisties de 68,
00:47:22 mais de procéder à une réintégration complète
00:47:25 dans les grades, etc., etc.
00:47:27 Ce qui a été fait, ça a été la fameuse loi,
00:47:30 donc sur les généraux, voulue par François Mitterrand,
00:47:34 très peu prisée par Lionel Jospin et Pierre Vox à l'époque,
00:47:38 mais Mitterrand, n'oublions pas,
00:47:40 est allé témoigner au procès de Sarland,
00:47:43 et Mitterrand a toujours été,
00:47:46 a toujours, même au même moment de la campagne de 65,
00:47:50 s'était préoccupé de regarder ce qui se passait
00:47:53 du côté de Jacques Laurent, quand Jacques Laurent,
00:47:56 - L'écrivain - L'écrivain, oui, avait été mis en cause
00:47:58 pour Moriax ou De Gaulle, etc.
00:48:00 Donc Mitterrand continuait à régler ses comptes
00:48:02 avec le général De Gaulle et les gaullistes.
00:48:07 Et donc, de ce point de vue,
00:48:10 toute une série d'héritages ont pu jouer un rôle
00:48:15 très important et Sarland le savait parfait.
00:48:18 - Bien. Olivier Darme, merci.
00:48:20 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:23 - Merci.
00:48:24 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:26 - Merci.
00:48:27 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:29 - Merci.
00:48:30 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:32 - Merci.
00:48:33 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:35 - Merci.
00:48:36 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:38 - Merci.
00:48:39 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:41 - Merci.
00:48:42 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:44 - Merci.
00:48:45 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:47 - Merci.
00:48:48 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:50 - Merci.
00:48:51 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:53 - Merci.
00:48:54 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:56 - Merci.
00:48:57 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:48:59 - Merci.
00:49:00 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:49:02 - Merci.
00:49:03 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:49:05 - Merci.
00:49:06 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:49:08 - Merci.
00:49:09 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:49:11 - Merci.
00:49:12 - Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
00:49:14 - Merci.
00:49:15 - Merci.
00:49:16 - Merci.
00:49:18 Une page d'histoire récente qui mérite d'être éclaircie et vite.
00:49:22 [Musique]
00:49:37 Très rapidement, la Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique,
00:49:41 on y est depuis le 24 septembre 1853,
00:49:44 officiellement en tout cas,
00:49:46 lorsque le contre-amiral Février des Pointes va prendre possession de cette île
00:49:50 au nom de l'empereur Napoléon III.
00:49:52 L'histoire de la France en Nouvelle-Calédonie a été marquée de plusieurs épisodes
00:49:56 de révolte des Kanaks, c'est-à-dire les autochtones,
00:49:59 puisqu'il y avait de plus en plus de Français et même d'Européens
00:50:02 qui venaient s'installer sur leur île.
00:50:04 Il y a eu des révoltes à la fin du 19e siècle,
00:50:06 il y en a eu une très grosse en 1917,
00:50:09 et là les choses ont recommencé à empirer dans les années 80,
00:50:12 avec, en 1984, la formation d'un mouvement indépendantiste kanak,
00:50:17 le FLNKS, Front National de Libération Kanak et Socialiste.
00:50:23 Oui, ça me fait rire, socialiste.
00:50:25 Que veulent les Kanaks ?
00:50:26 Eh bien tout simplement, ils veulent prendre leur revanche sur ce qu'on appelle les "Kaldoch",
00:50:30 c'est-à-dire les Européens qui sont nés sur place
00:50:33 et qui, disent-ils, leur ont pris leur terre.
00:50:36 Et comme ils constituent désormais la majorité de la population,
00:50:39 électoralement, ce n'est pas facile pour les Kanaks,
00:50:42 donc il y a beaucoup de montées en tension et de revendications dans les années 80.
00:50:47 Le FLNKS commence à se faire entendre,
00:50:50 violemment aussi, il y a aussi quelques répliques,
00:50:53 par exemple, le 5 décembre 1984, il y a 10 indépendantistes qui sont tués,
00:50:58 et en janvier 1985, il y a le leader indépendantiste du FLNKS,
00:51:04 Elouah Machoro, qui est abattu par un tireur d'élite du GIGN.
00:51:07 En 1986, François Mitterrand est président,
00:51:10 mais la France se donne un gouvernement de droite,
00:51:13 entre grosses guillemets, avec Jacques Chirac.
00:51:16 Et Jacques Chirac va décider, avec son gouvernement,
00:51:19 de prononcer son appui, justement, aux Kaldoch,
00:51:22 et avec son ministre des départements et des territoires d'outre-mer, Bernard Ponce,
00:51:27 ils vont concocter un nouveau statut pour l'île,
00:51:30 ce qui ne va pas plaire au FLNKS.
00:51:32 Pour faire taire toutes ces revendications,
00:51:34 va être décidée la mise en place d'un référendum,
00:51:37 ou plutôt d'une consultation, qui aura lieu le 13 septembre 1987.
00:51:42 Malgré l'appel au boycott du FLNKS, la participation est de près de 60%,
00:51:47 et le résultat, la question était "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie
00:51:50 prenne son indépendance ?"
00:51:52 Le résultat, c'est non à 98,3%.
00:51:56 Alors forcément, le FLNKS n'est absolument pas content,
00:52:00 et à partir de là, il y a d'autres méthodes bien plus violentes
00:52:03 qui vont se mettre en place, et en plus,
00:52:05 1988, c'est l'élection présidentielle,
00:52:08 Mitterrand est opposé à son premier ministre Jacques Chirac,
00:52:11 mais au même moment, en Nouvelle-Calédonie,
00:52:13 c'est aussi les élections régionales
00:52:16 qui instaurent un nouveau statut pour le territoire dont on a parlé,
00:52:20 et là, le FLNKS n'est pas du tout content.
00:52:24 Le FLNKS va donc appeler un boycott massif des élections,
00:52:27 il va faire part de ces revendications,
00:52:29 et donc un contingent supplémentaire de militaires et de gendarmes
00:52:33 va être envoyé sur place pour maintenir l'ordre.
00:52:36 Voilà la situation juste avant la prise d'otage
00:52:40 qui va avoir lieu dans la grotte d'Ouvéa,
00:52:42 et c'est ce dont nous allons parler dans cet épisode.
00:52:45 La prise d'otage a lieu le vendredi 22 avril 1988,
00:52:49 au matin, à Fayahoué, sur l'île d'Ouvéa.
00:52:52 Je vous mets une petite carte pour que vous puissiez situer l'île d'Ouvéa.
00:52:56 Deux jours avant le premier tour de l'élection présidentielle,
00:52:59 des indépendantistes, canards et des membres du FLNKS
00:53:02 vont attaquer la gendarmerie de Fayahoué.
00:53:06 Il y avait trois gendarmes permanents sur place,
00:53:08 mais ils avaient reçu le renfort de 28 gendarmes mobiles,
00:53:11 parce qu'on savait qu'il y allait avoir des troubles.
00:53:14 Les canards et les indépendantistes pénètrent dans la gendarmerie,
00:53:18 et là, quatre gendarmes sont tués.
00:53:20 Jacques Chirac va annoncer que les gendarmes ont été massacrés à l'arme blanche.
00:53:25 Je cite, là il y a une petite controverse là-dessus.
00:53:29 L'autopsie va montrer qu'ils n'ont pas été tués à l'arme blanche, mais par balles.
00:53:33 Mais il y a quand même la famille, par exemple, de l'adjudant-chef Mouillé,
00:53:37 qui va conclure qu'ils ont bien été massacrés à l'arme blanche,
00:53:40 et qu'on fait ça un peu pour cacher la réalité.
00:53:43 On sait aussi qu'il y en a deux d'entre eux, des gendarmes,
00:53:46 qui étaient désarmés et qui ont été abattus dans le dos.
00:53:49 Un troisième, le lieutenant Jean Florentin,
00:53:52 on le sait de source sûre, il a été abattu d'un coup de tamioc.
00:53:56 C'est la hache en usage chez les Mélanésiens.
00:53:59 Donc quatre morts chez les gendarmes, tués par les indépendantistes.
00:54:03 Les 27 autres gendarmes qui restaient vont être désarmés,
00:54:07 pris en otage, et ils vont être séparés en deux groupes.
00:54:10 Pour retrouver les gendarmes, on mobilise donc tous les escadrons de gendarmerie,
00:54:14 et de Paris, on envoie des renforts, du lourd,
00:54:17 on envoie le RPIMAP, le Régiment d'Infanterie de Marine du Pacifique,
00:54:21 on envoie le 11ème Choc, le GGN, des fusillés marins,
00:54:25 et même une équipe de lance-flammes.
00:54:27 Oui, qui dit grotte, dit lance-flammes, c'est logique.
00:54:30 L'île d'Ouvéa va être bouclée, déclarée zone militaire,
00:54:33 et interdite aux journalistes.
00:54:35 Ça, c'est la petite note positive de cet épisode.
00:54:37 La grotte va être finalement repérée le 27 avril,
00:54:40 après, nous dit-on, des interrogatoires musclés sur les habitants de la tribu de Gonassa.
00:54:45 On nous dit que des enfants ont été rattachés à des poteaux,
00:54:48 maltraités par des militaires, bon bref, pourquoi pas,
00:54:51 en tout cas, ça a permis de trouver la grotte,
00:54:53 et de localiser les gendarmes qui étaient retenus en otage et menacés de mort.
00:54:57 Donc là, c'est encore le même débat que la torture en Algérie.
00:55:00 Le capitaine Philippe Legorgius du GGN
00:55:03 va essayer de parlementer avec les preneurs d'otages,
00:55:05 mais ça ne passe pas, d'ailleurs, il est lui-même retenu en otage
00:55:08 avec six de ses hommes,
00:55:10 et à partir de là, la situation s'enlise,
00:55:13 d'autant que le FLNKS ne veut absolument pas communiquer
00:55:16 avec les preneurs d'otages pour leur dire de se calmer,
00:55:19 parce qu'ils se désolidarisent d'eux après le meurtre des quatre gendarmes,
00:55:23 enfin voilà, la situation, et la situation politique, est très tendue.
00:55:27 Depuis Paris, la crise est gérée directement par Matignon,
00:55:30 donc par Jacques Chirac, le premier ministre,
00:55:33 par Bernard Ponce, le ministre d'Outre-mer,
00:55:35 en lien avec le général Vidal,
00:55:37 qui monte une opération d'assaut dans la grotte.
00:55:40 De son côté, François Mitterrand, le président,
00:55:43 ce qu'il veut, c'est une conciliation,
00:55:45 alors que Chirac veut un coup de force juste avant les élections.
00:55:49 Le 3 mai, on informe Mitterrand que les conditions sont réunies
00:55:52 pour qu'une opération militaire soit déclenchée.
00:55:55 Les conditions, c'est-à-dire la population, la météo,
00:55:58 enfin, tout est bon, donc Mitterrand donne son accord,
00:56:02 son feu vert, et l'assaut doit avoir lieu dans la soirée du 3 mai,
00:56:06 heure de Paris, et donc à l'aube du 4 mai,
00:56:09 selon l'heure de la Nouvelle-Calédonie.
00:56:11 Quelques heures plus tard, subitement, l'opération est annulée,
00:56:14 la communication se rompt entre l'Elysée et Matignon,
00:56:18 et on apprend, à la surprise générale,
00:56:20 que d'autres otages, qui n'ont rien à voir avec cette affaire-là,
00:56:23 sont libérés, c'est les 3 derniers otages français du Liban,
00:56:26 ils sont libérés ce jour-là, et Chirac les accueille en grande pompe.
00:56:29 En gros, Chirac aurait fait patienter l'opération
00:56:32 pour pouvoir recevoir ces otages-là
00:56:34 et se faire un petit coup de com' politique,
00:56:36 parce que dans la tête de ces gens-là,
00:56:38 tout ce qui compte, c'est les élections.
00:56:40 L'opération s'appelle ainsi, et finalement,
00:56:42 déclenchée à 21h15, heure de Paris,
00:56:45 et à 6h15, le 5 mai, heure d'Ouvea.
00:56:48 Des hélicoptères font diversion,
00:56:51 afin que les commandos puissent s'approcher de la grotte,
00:56:54 qui est solidement défendue par les indépendantistes canaques,
00:56:58 qui ont mis des barrages à l'entrée,
00:57:00 qui sont armés avec les armes des gendarmes,
00:57:02 et leurs propres armes.
00:57:04 75 hommes de la gendarmerie et de l'armée
00:57:06 prennent part à cet assaut.
00:57:08 Le premier assaut dure une heure,
00:57:10 et il est meurtrier des deux côtés.
00:57:12 12 indépendantistes sont tués,
00:57:14 et du côté du 11e choc,
00:57:16 2 hommes sont à terre.
00:57:18 Le deuxième assaut a lieu à 12h30,
00:57:20 là, il y a un tir de lance-flamme
00:57:22 qui fait reculer les preneurs d'otages,
00:57:24 ensuite, on jette des chapelets de grenades,
00:57:26 des bombes lacrymogènes,
00:57:28 finalement, les otages vont réussir à s'échapper
00:57:30 par une cheminée latérale,
00:57:32 et Alphonse Dagnoux, le leader de la prise d'otages,
00:57:35 avec son dernier carré, va finalement
00:57:37 accepter de se rendre acculé au fond de la grotte.
00:57:40 Au final, c'est un succès,
00:57:42 il y a eu 2 hommes tués du côté du 11e choc,
00:57:45 mais tous les otages gendarmes
00:57:47 qui étaient retenus en otage sont libérés.
00:57:50 Malgré tout, c'est là que les polémiques vont commencer.
00:57:53 Du côté du FLNKS,
00:57:55 et du côté de certains partis de gauche
00:57:57 et communistes français,
00:57:59 on va dénoncer, je cite,
00:58:01 "des exécutions sommaires",
00:58:03 on va accuser les militaires,
00:58:05 on va accuser la population de la tribu voisine,
00:58:09 et d'avoir exécuté sommairement des preneurs d'otages
00:58:12 qui étaient en train de se rendre,
00:58:14 d'avoir achevé un blessé,
00:58:16 et même d'avoir laissé mourir le chef des preneurs d'otages,
00:58:19 Alphonse Dagnoux, qui était sévèrement blessé.
00:58:22 On va aussi remarquer chez les légistes
00:58:24 qu'il y a un nombre anormalement élevé de victimes,
00:58:27 12 sur 19 ont été tués d'une balle dans la tête.
00:58:30 Voilà, c'est ça qui va permettre au FLNKS,
00:58:33 et à la gauche, d'appuyer cette version,
00:58:36 que va toujours nier l'armée et les autorités militaires.
00:58:40 Regardez par exemple cette déclaration
00:58:42 du chef du mouvement indépendantiste
00:58:44 Libération Canac Socialiste, je cite,
00:58:47 "Ceux qu'on appelle les ravisseurs
00:58:49 avaient déjà libéré 10 gendarmes,
00:58:51 et attendez que la situation politique se clarifie avant de négocier."
00:58:54 Ben oui mon gars, ils avaient déjà libéré 10 gendarmes,
00:58:56 mais ils en avaient déjà tué 4,
00:58:58 et ils en retenaient en otage plus d'une vingtaine,
00:59:00 donc t'es bien gentil mon grand.
00:59:01 Deuxièmement, on reproche quoi à la France et à l'armée ?
00:59:03 Premièrement, le traitement des villageois,
00:59:05 mais ça c'est le même débat qu'en Algérie,
00:59:07 ok, y'a peut-être eu des villageois qui ont été un peu brusqués,
00:59:10 mais on a eu des infos, et on a pu libérer les gendarmes.
00:59:13 Deuxièmement, on reproche les magouilles politiques
00:59:15 de Chirac, Mitterrand, etc.,
00:59:17 parce que c'était quand même avant les élections,
00:59:19 ça, on est d'accord, hein,
00:59:20 moi je suis pas là pour défendre Chirac,
00:59:22 je suis là pour défendre la France,
00:59:23 et je suis pas là non plus pour défendre
00:59:25 ceux qui prétendent défendre la France,
00:59:27 mais qui combattent en réalité pour leur propre intérêt électoral.
00:59:30 Merci la République.
00:59:31 Et enfin, troisièmement,
00:59:32 les exécutions sommaires après la prise d'otage,
00:59:35 ça, ça reste à prouver,
00:59:37 mais quand bien même, c'était un combat, bordel !
00:59:39 Vous savez, dans un combat, d'un côté y'a des gens avec des armes,
00:59:42 et de l'autre y'a des gens avec des armes,
00:59:44 et on se tire dessus en fait.
00:59:46 On veut se tuer, c'est ça ?
00:59:47 On se tire dessus, on se cache,
00:59:49 on essaye de sauver sa vie,
00:59:50 on voit ses camarades blessés,
00:59:52 ou ses camarades tués,
00:59:54 et puis ensuite on a des mecs qui,
00:59:55 depuis des bureaux à Paris,
00:59:57 te disent "c'est pas bien, c'est pas propre".
01:00:00 Eh ben non, c'est pas propre, hein,
01:00:01 mais c'est comme ça, t'y étais pas, toi.
01:00:03 Bon, je m'énerve là, je me calme.
01:00:05 Quoi, Kassovitz ?
01:00:07 Ah non, pas Kassovitz, je dis que je devais me calmer.
01:00:09 Oui, parce que Matthieu Kassovitz,
01:00:11 il est toujours dans les coups quand il s'agit de cracher sur la France,
01:00:13 et bien figurez-vous qu'il a fait un film,
01:00:15 un film très partial, sur ce sujet.
01:00:18 Mais moi j'aurais même pas besoin de m'énerver finalement,
01:00:20 parce que vu le bide qu'a fait son film,
01:00:22 je pense que tout le monde l'a oublié,
01:00:24 et du coup, inutile d'en parler.
01:00:26 Enfin bref, voilà comment s'est terminée
01:00:28 la prise d'Etat, et ensuite l'assaut
01:00:30 de la grotte d'Ouvéa.
01:00:32 Deux jours plus tard, deux jours après l'assaut,
01:00:34 François Mitterrand a été réélu
01:00:36 président de la République.
01:00:38 Il a nommé Michel Rocart en tant que Premier ministre,
01:00:40 et Rocart a mis en place une sorte de
01:00:42 mission de dialogue avec
01:00:44 les Canacs, le FLNKS,
01:00:46 qui a abouti aux accords de Matignon le 26 juin
01:00:48 1988.
01:00:50 Donc en gros, c'était une amnistie générale
01:00:52 pour le FLNKS,
01:00:54 pour les militaires qui auraient pu commettre
01:00:56 des choses, on en a déjà parlé,
01:00:58 et enfin c'était un nouveau partage du territoire
01:01:00 de la Nouvelle-Calédonie avec trois régions,
01:01:02 dont deux ont été donnés aux Canacs.
01:01:04 Et puis le dernier épisode en date
01:01:06 de cette histoire, même si c'est pas forcément lié,
01:01:08 c'est le référendum qui a eu lieu récemment,
01:01:10 qui consistait à demander,
01:01:12 enfin c'était une consultation, on demandait
01:01:14 aux Calédoniens s'ils voulaient
01:01:16 se séparer de la France, et la réponse
01:01:18 encore une fois a été non, à plus de
01:01:20 57%. De toute façon, moi,
01:01:22 les référendums, ils auraient pu dire
01:01:24 oui à l'indépendance à 99,9%
01:01:28 que ça aurait absolument rien changé pour moi.
01:01:30 Grâce à la Nouvelle-Calédonie,
01:01:32 depuis 1853,
01:01:34 on est bien installé, militairement en plus,
01:01:36 dans le Pacifique,
01:01:38 et on n'a pas l'intention de bouger.
01:01:40 Mais bon, ça, c'est un autre sujet.
01:01:42 Merci de m'avoir écouté, j'espère que cet épisode
01:01:44 sur une histoire un peu plus récente vous a plu.
01:01:46 C'est toujours plus compliqué à gérer les histoires
01:01:48 récentes, parce qu'il y a plein de magouilles
01:01:50 politiques. Avant, c'était "la France
01:01:52 fait ci, la France fait ça", maintenant c'est
01:01:54 "la France, mais il y a Mitterrand, il y a
01:01:56 Chirac, il y a Ponce, il y a le ministère, il y a machin".
01:01:58 Ça, c'est la complexité
01:02:00 bureaucratique actuelle, c'est pour ça que je
01:02:02 traite peu d'histoires récentes, mais j'espère quand même
01:02:04 que ça vous a intéressé. Quant à moi,
01:02:06 je vous dis à la semaine prochaine
01:02:08 pour un épisode d'Histoire, je pense,
01:02:10 un peu plus cool. Allez, à mardi !
01:02:12 [Musique]