• il y a 11 mois
Jacques Pessis reçoit Pascal Thomas : ses films sont devenus cultes. Sa nouvelle comédie sentimentale, « Le voyage en pyjama » est à l’affiche. Il publie aussi ses « souvenirs en pagaille » (Séguier).

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-01-23##
Transcription
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité,
00:06 vous avez réalisé des films devenus des classiques
00:09 et dont les titres sont entrés dans le langage populaire.
00:12 Votre actualité est double, un livre de souvenirs
00:15 et un film où l'on voyage en pyjama,
00:17 mais c'est moralement seulement que vous allez aujourd'hui vous déshabiller au micro de Sud Radio.
00:21 Bonjour Pascal Thomas.
00:23 Je me déshabillerai pas.
00:24 Non, non, moralement j'ai dit.
00:26 Bien compris.
00:27 Alors effectivement, les clés d'une vie, c'est votre parcours.
00:30 On a cette double actualité qu'on va évoquer, c'est-à-dire à la fois ce livre et ce film.
00:36 Mais avant, on va revenir sur ce parcours assez long, assez original.
00:41 Et dans les clés d'une vie, on le découvre à partir de dates.
00:44 Et la première date que j'ai trouvée, Pascal Thomas, c'est pas hier,
00:48 c'est le 2 janvier 1967, votre première télévision.
00:56 Vous signez un portrait d'Yvette Horner dans "Dim Dam Dom", l'émission de Désir de Galart.
01:00 Vous en souvenez ?
01:00 Très bien.
01:01 C'est-à-dire que vous êtes à Neugean-sur-Marne
01:04 et vous évoquez son dix-millionnième disque vendu.
01:07 Exactement.
01:07 Donc c'était pour Désir de Galart.
01:11 Et la drôlerie de cette émission, c'est qu'elle m'avait dit
01:14 ce qui serait bien, c'est que les militias viennent.
01:18 Bon, j'ai dit oui, j'allais vous le demander.
01:22 Et pendant l'émission, elle a fait toute la mise en scène.
01:26 Et à un moment donné, elle dit "Ah, j'aimerais bien que je fasse un air d'accordéon.
01:31 Ah, si les musiciens étaient là, ça serait mieux.
01:34 Ah, vous êtes là."
01:35 Alors les types rentraient les uns après les autres,
01:36 mais c'était d'une fausseté, enfin on sentait que tout était préparé.
01:39 Et elle a fait son petit air d'accordéon.
01:41 Et la singularité aussi, il y en avait beaucoup avec Yvette Horner,
01:45 mais sa singularité de décoration, c'est que sa porte,
01:50 la porte du jardin, était un accordéon géant.
01:58 - Alors elle a fait quand même le Tour de France avec des balles populaires
02:01 et son accordéon de 26 kilos pendant 12 ans, ce qui était une performance.
02:06 Et son morceau vedette, c'était celui-ci.
02:08 [Musique]
02:12 "Perle de cristal", c'est un classique.
02:14 - Oui, absolument. J'ai dansé le tango sur "Perle de cristal".
02:17 - Ah, quand même !
02:19 Alors justement, le côté insolite de cette émission,
02:22 ça vous a permis de faire d'autres reportages, Pascal Thomas,
02:25 sur un salon littéraire, sur les handicapés patronymiques aussi.
02:28 Vous avez fait plein de reportages pour Team Damdom.
02:30 - Oui, plein, oui.
02:31 - Et c'était vraiment au début à la télévision.
02:33 - Oui, les handicapés patronymiques, en effet, c'est une idée qui m'était venue.
02:37 Pour les gens qui s'appelaient "Ducon" ou d'autres,
02:44 une variété de patronyme, décevant, mais ils s'en accommodaient.
02:49 Ils étaient très contents de s'appeler "Ducon".
02:52 Ils s'organisaient pour fonder ce club, comme d'autres,
02:55 pour fonder des clubs pour les collections de timbres, etc.
02:59 Eux, c'était leur collection de handicaps.
03:01 - Alors ça, c'était drôle. Ce qui est moins drôle, c'est votre jeunesse, Pascal Thomas.
03:05 Je crois que votre père est mort quand vous aviez 6 ans.
03:08 Et c'était un paysan sans terre. Et à 6 ans, vous devenez chef de famille.
03:13 - Oui, enfin, chef de famille.
03:14 C'est devant son corps, mon oncle Fernand, qui a dit
03:20 "Maintenant, c'est toi le chef de famille".
03:23 Je ne me sentais pas à cet âge-là, être chef de famille.
03:25 Ça m'a fait en effet un choc énorme, puisque je suis devenu dans le moi,
03:31 à la fois myope, bègue,
03:34 et j'ai eu une adénite qui m'a envoyé en prématorium pendant un an.
03:40 - C'est à Odeyo, auprès de Fonds Romeux.
03:41 - Voilà, c'est ça. - Je crois qu'il y a un four solaire
03:43 qui appartient au CNRS et qu'on visite chaque année.
03:46 - Ah oui, à l'époque, il n'y avait pas de four solaire.
03:49 Il y avait l'infirmière qui s'appelait Manouche,
03:53 qui était une femme terrible.
03:55 Je ne sais pas si je peux raconter ça, mais au moment de la température,
03:58 on était tous en ligne, il y a un petit cas qui était arrivé.
04:02 On était tous faibles, mais lui, il paraissait encore plus faible que les autres.
04:05 Et je l'avais pris sous ma protection, parce que pour des raisons variées,
04:10 j'ai toujours eu une autorité sur le groupe.
04:12 Bon, pourquoi, je n'en sais rien.
04:14 Mais le gars, je l'avais pris sous ma protection,
04:16 et prenant cette température, il était devant moi,
04:19 et son thermomètre était sale.
04:21 Et Manouche lui avait dit de monter l'estrade sur laquelle elle se trouvait,
04:26 et avec le thermomètre, elle lui avait fait des moustaches
04:28 sur les résidus du thermomètre.
04:31 Vous voyez, autant que lui dire "tiens, maintenant, te voilà des moustaches".
04:34 J'avais trouvé ça épouvantable. - C'est épouvantable.
04:36 Alors après tout s'est arrangé, et vos jeunes années,
04:39 c'est dans les Deux-Sèvres à Saint-Chartre, je crois.
04:42 - Non, c'était... Deux-Sèvres, c'est là où la famille se trouve.
04:48 J'y allais en vacances, là.
04:50 Et j'ai beaucoup... C'est un endroit qui m'a beaucoup marqué,
04:52 par sa beauté, son calme, le côté...
04:56 Aujourd'hui, le côté a changé, je suis retourné il y a quelques semaines,
04:59 et c'est toujours comme dans mon enfance,
05:01 et j'ai beaucoup filmé cet endroit.
05:03 - Voilà. Et il y a eu un scandale quand même dans cet endroit si calme en 2018.
05:07 Il y a le volume sonore des cloches de l'église qui ont sonné toutes les heures,
05:10 et ça a gêné un habitant, qui avait une résidence secondaire.
05:13 C'était un bris trois fois supérieur à la règle.
05:15 Alors il a fait un procès qu'il a perdu.
05:17 - Il a perdu, je me suis déchaîné là-dessus.
05:19 Un Parisien qui ne supporte pas le bruit des coques, ça va...
05:24 - Alors, vos études, c'est au lycée Federbe.
05:27 - Non. Federbe, c'est à Lille, le premier lycée.
05:32 - C'est le lycée Federbe à Lille,
05:33 où il y a depuis quelques années d'ailleurs une option cinéma en hippocagne.
05:36 - Je ne savais pas. On peut s'en passer, parce que je n'ai pas fait d'option cinéma.
05:41 Je n'ai même rien élutié sur le cinéma.
05:43 Et je fais quand même des films.
05:45 - Et les études, ça vous intéressait au départ ?
05:48 - Ah oui, oui.
05:49 - Ça vous passionnait ?
05:50 - J'ai eu des professeurs extraordinaires.
05:52 - Mais en même temps, le cinéma est venu, je crois, grâce à une cousine qui s'appelait Louise.
05:57 - Ah Louise. J'allais beaucoup au cinéma avec ma cousine Louise,
06:00 qui habitait à Venureil.
06:03 C'était une femme très moderne, portant pantalon, etc.
06:07 Une histoire que je peux raconter maintenant, c'est que son fils, son mari, ne pouvait pas avoir d'enfant.
06:13 Et quand mon père est monté à Paris, elle s'est eu limousine,
06:17 elle avait demandé, de fort tempérament, à mon père de lui faire un enfant.
06:22 Cet enfant qu'ils appellent Michel.
06:24 On l'a su beaucoup plus tard.
06:25 Moi, j'ai su un peu avant les autres membres de la famille,
06:27 parce que j'écoutais les conversations du soir.
06:30 Et donc, quand je le présentais, je dis "Michel, mon cousin, un vrai frère".
06:37 - Ce sont des histoires dignes de cinéma, on aurait pu faire un scénario de tout ça.
06:40 - Oui, bien sûr.
06:42 C'était quelqu'un à qui je m'entendais très très bien, qui ressemblait plus à mon père que moi.
06:46 - Alors je crois que faire des scénarios sur votre vie et sur votre entourage,
06:51 c'est François Truffaut qui vous a donné l'idée.
06:54 - Oui, c'est parce que j'avais, avec Roland Topor, avec qui j'étais très très ami,
06:57 on avait décidé de faire l'adaptation cinématographique du roman "Le Drenard".
07:02 Donc j'avais fait cette adaptation, j'avais vu des acteurs que j'avais pu interviewer quand j'étais journaliste,
07:08 qui m'avaient en sympathie, comme Jean Rochefort, Philippe Noiret, Delphine Sirig, Bouquet.
07:14 Et on leur avait tous proposé un rôle.
07:18 Et l'idée c'était de faire jouer des humains avec des fourrures qui rappelaient l'animal.
07:24 Et j'en avais parlé à Truffaut qui m'avait dit "écoutez, ça va être très difficile à monter,
07:29 racontez plutôt vos histoires de lycée que je racontais tout le temps".
07:32 Et j'ai fait ce scénario, parce qu'autre intervention c'est Claude Béry.
07:37 À l'époque j'écrivais un roman qui avait pour titre "Les garçons pleurent aussi".
07:43 Bizarre.
07:45 Mais sans parvenir à réussir les descriptions, parce que comme je suis plutôt littéraire,
07:50 très grand lecteur depuis le sanatorium, je voulais que les descriptions soient réussies,
07:56 que ce soit à Flaubert, soit à Chardonne, dans un style différent, mais je n'y arrivais pas.
08:00 Et je disais ça à Claude Béry, chez qui j'étais, il était à la ville des Rues Beauchamp à l'époque,
08:05 et devant nous une table basse avec plein de scénarios.
08:09 Et je vois un interieur, je sais pas, imaginons un interieur radio,
08:15 il est assis devant son interviewer, etc. et le dialogue.
08:19 Et là, je dis "c'est bien le scénario, il n'y a pas de description à faire".
08:24 "Fais un court métrage, écris un court métrage".
08:27 Et je prends, je sors de ce récit scolaire,
08:31 ce récit qui parlait de mes années scolaires, un épisode,
08:36 un épisode que je vais écrire par exemple.
08:42 Ma secrétaire à l'époque c'était Charlotte Julion.
08:45 - Qui a chanté des chansons fantaisies dans les 70.
08:50 - Très drôle. - "La fleur de province".
08:51 - Donc elle tape ça, on l'envoie à Claude Béry, qui donne à son directeur de production,
08:55 et 2-3 mois plus tard il m'appelle en hurlant "Pascal, on a la plus grosse avance,
09:00 on n'a jamais donné un court métrage".
09:02 Et le film s'est fait dans le mois qui a suivi.
09:04 - Alors justement, vous allez au lycée, il y a eu un autre lycée, le lycée de Fontainebleau,
09:08 où vous êtes promis de la classe et pourtant vous êtes menacé d'exclusion
09:11 parce que vous faites beaucoup de bêtises.
09:13 - Ah oui, je suis très agité, les gens doivent le sentir, je le suis encore,
09:17 et très turbulent mais je suis un bon élève,
09:21 et j'ai réussi, en tout cas en français, dans certaines manières, pas en maths.
09:24 Et le professeur que j'ai eu à l'époque s'appelait Alain Boufartig,
09:29 un type extraordinaire, qui nous a lu "Une pièce de la biche" au premier cours.
09:34 D'un coup je découvre ça, je lui demande s'il y en a d'autres,
09:36 et il m'a pris en sympathie, il m'a fait découvrir Fedo, Bolière, Courteline, Sacha Guitry,
09:43 et j'ai été passionné par ce professeur qui nous apprenait autre chose que les obligations des programmes scolaires.
09:55 - Il y a un autre professeur qui a compté dans votre vie, mais ça s'est beaucoup moins bien passé,
09:59 c'est Maurice Clavel, Pascal Thomas.
10:01 - Oui, Maurice Clavel, je l'ai trouvé épouvantable.
10:03 - Ah bon ?
10:04 - Oui. Il posait, il faisait des numéros, il avait une cette classe...
10:12 Et j'ai détesté sa prétention, sa sûreté de lui-même,
10:18 et j'avais demandé, comme j'avais créé un ciné-club au lycée Buffon,
10:25 c'est au lycée Buffon ça,
10:26 mais je passais des films qui n'étaient pas à la mode,
10:30 je passais du Tourneur, je passais le film de Charles Lauton, tout ça,
10:35 et un jour le proviseur m'a dit "c'est très bien votre ciné-club,
10:38 mais est-ce que vous pourriez pas passer de vrais films ?"
10:41 J'ai dit "c'est quoi les vrais films ?"
10:42 Et à l'époque évidemment c'était Antonio Nii, des choses comme ça,
10:45 et j'ai dit "ah bon, moi je passe pas ça mais..."
10:47 Et puis quand même j'ai eu quelque chose à vous demander,
10:49 c'est quoi, on est au premier trimestre,
10:51 il y a des vacances échangées de professeurs de philo,
10:53 Pascal Thomas, mais vous vous prenez pour qui ?
10:55 Pour rien, pour quelqu'un qui ne se demande pas son professeur.
10:58 On va en parler, il organise un rendez-vous avec Clavel dans son bureau,
11:04 bureau dans lequel j'ai tourné d'ailleurs un épisode d'un film,
11:07 et Clavel arrive la tête de haut, il se dit "mais qu'est-ce que c'est que ça ?"
11:11 Bon évidemment il a raison, il est le professeur, je ne suis que l'élève,
11:15 et qui déteste la philo en plus.
11:17 Et trop littéraire pour aimer les idées un peu confuses de ces philosophes
11:24 qu'on nous a envoyés en masse,
11:26 et il me fait "mais vous savez que je suis le professeur qui a le plus d'élèves
11:31 qui sont présentés au concours général,
11:33 vous avez le plus de tentatives de suicide."
11:36 Parce qu'en effet il y avait deux types qui l'avaient vraiment...
11:39 ils s'étaient moqués de façon pénible,
11:43 qui avaient fait des tentatives de suicide.
11:45 Il a fait "Oh ! Oh !" Il est sorti, le professeur très embêté,
11:49 même je peux dire emmerdé, a décidé de changer de...
11:53 a accepté de changer de prof de philo.
11:55 Il m'a demandé "mais lequel prof ? Quel professeur ?"
11:58 Il y en avait un qui je trouvais sympathique,
12:00 qui était un merleau-pontiste,
12:02 et bon, on attend au deuxième trimestre son arrivée,
12:06 il était en retard, déjà c'est sympa.
12:08 Et le jour où on le voit arriver, en fuseau de ski,
12:11 il venait dessus des verres, il n'avait pas eu le temps vraiment de se changer du train,
12:15 et des après-ski avec la fermeture éclair au milieu,
12:19 comme rivette, vous voyez.
12:21 Et bon ce type était très sympathique,
12:24 je me demandais ce que j'aimais comme philosophe,
12:27 je lui dis "Freud, quand il est traduit par Marie Bonaparte,
12:29 et surtout les stoïciens."
12:31 Et que les stoïciens me plaisaient,
12:33 donc il me dit "je pense que vous ne voulez pas être au début de la classe,
12:38 vous vous mettrez au fond." Oui c'est ce que j'aime.
12:40 Et j'ai eu d'ailleurs une très très bonne note en philo,
12:45 mais c'est pour une raison qui lui appartient pas,
12:47 c'est qu'il y avait eu un livre de René Huig qui était sorti,
12:51 "L'art et l'âme", j'avais dévoré ça,
12:53 et sur le sujet de l'esthétique j'ai pratiquement reproduit le livre de Huig,
12:56 et j'ai eu 18.
12:58 Je précise pour l'histoire que Maurice Clavel est connu célèbre
13:00 parce qu'il a quitté un plateau de télévision
13:02 parce qu'on avait censuré un commentaire dans son film,
13:05 dans "Armes égales", et sa phrase "Messieurs les censeurs,
13:07 bonsoir" est devenue célèbre.
13:09 Nous on va pas se dire bonsoir, on va se retrouver dans quelques instants
13:11 avec une autre date, le 11 janvier 1973.
13:14 A tout de suite sur Sud Radio avec Pascal Thomas.
13:17 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
13:20 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Pascal Thomas.
13:23 "Souvenirs en pagaille", les souvenirs chez Séguier,
13:25 et ce film, "Le voyage en pyjama" qui est sorti sur les écrans,
13:28 voici quelques jours.
13:29 Et un autre film est très célèbre aussi,
13:32 il est sorti le 11 janvier 1973.
13:35 [Musique]
13:40 "Les oseaux", "Le tango des oseaux",
13:42 c'est un film qui a changé votre vie, Pascal Thomas.
13:44 J'ai pris une autre direction, j'étais journaliste depuis 7 ans,
13:48 et puis, bon, j'ai su résister un peu, d'ailleurs, pendant l'exploitation des oseaux,
13:53 j'ai écrit d'autres articles, en même temps que j'écris bien d'autres scénarios,
13:57 mais en effet, ça a eu un succès inattendu.
14:00 C'est un film qui s'appelait, qui était sur les histoires sentimentales
14:04 manquées de jeunes gens, de lycéens,
14:08 qui pour avoir des connaissances plus approfondies de la femme,
14:13 partaient pour la rançoire, mais faisaient des bides,
14:15 parce que les hommes, dans mes films, sont toujours... c'est le sexe faible.
14:18 Je vois dans le dernier film aussi, c'est le sexe faible.
14:21 Je ne sais pas pourquoi, on imagine que la femme n'est pas le sexe fort,
14:24 puisqu'au féminin, on a la vie, on a la mort, on a l'éternité,
14:28 plein d'autres choses, donc c'est la preuve même que c'est le sexe fort.
14:32 Bon, déjà, donc je vais montrer des gamins, dans leur entreprise sentimentale,
14:36 ne réussissant pas parfaitement, mais de façon...
14:38 ou ratant tout leur coup, mais de façon amusante.
14:43 - Alors ce qui est étonnant, c'est que ce film, vous l'avez tourné,
14:46 il est resté dans un placard pendant un an,
14:48 et il est sorti parce qu'il y avait un trou à boucher,
14:50 et personne n'y croyait, Pascal Thomas.
14:52 - Personne, même plus la productrice, parce que j'avais changé beaucoup de choses.
14:54 J'avais découvert ma manière.
14:56 C'était l'histoire d'un groupe d'élèves.
14:59 Mais je voulais que le héros soit à la fois chahuteur,
15:03 c'était de l'autobiographie, bon élève, qui draguait,
15:07 à Fontebleau, il y avait le lycée international,
15:10 qui était proche du lycée Carnot,
15:13 et je voulais que le type soit beau,
15:15 comme j'étais pas beau, je voulais que le type soit beau.
15:17 Comme ça, quand on se projette.
15:19 Et je trouve un truc pas mal,
15:21 mais la première scène était une scène de flirte,
15:24 première scène tournée.
15:26 Les gamins se retrouvaient avec les filles au stade,
15:28 parce que à l'époque, les garçons et les filles étaient séparés,
15:33 ils n'étaient pas mixtes,
15:35 et c'était une scène de flirte, première scène à tourner.
15:37 Et le type, je lui ai dit "Bon ben, embrassez-vous",
15:39 et le type pétrissait la fille,
15:41 "Ne pétris pas, tu caresses."
15:43 Il pétrissait.
15:45 "Mon amoureux, il est peut-être beau, mais il est vraiment maladroit."
15:47 Et là, à partir de là, dans la nuit,
15:50 j'ai changé, j'ai tout changé.
15:52 Tous les caractères qu'il avait,
15:54 je les ai donnés à chacun des élèves
15:56 qui étaient le plus proche de ses caractères.
15:58 Le chahuteur, le commerçant,
16:04 et donc le film est devenu un...
16:07 J'ai réécrit toutes les scènes au fur et à mesure du tournage.
16:10 Et sans surveillance,
16:12 d'ailleurs, Elvina Dubois-Ouvray, qui était la productrice,
16:14 m'avait laissé complètement libre.
16:16 Elle n'a pas reconnu le film à l'arrivée.
16:18 Donc elle n'était pas très contente.
16:20 Elle voulait que je fasse des scènes de nus,
16:22 on avait tourné à Saint-Chartre,
16:24 elle voulait que je mette l'héroïne nus dans la rivière,
16:26 la Nive, et personne ne s'est jamais baigné dans la Nive,
16:28 elle était trop froide.
16:30 Et donc finalement,
16:32 elle n'était pas contente du film.
16:34 Et personne n'en voulait,
16:36 "vous abusez", disaient les distributeurs,
16:38 mais ça ne fera rien à personne.
16:40 - Et comment expliquer ce succès alors qu'il a été immédiat ?
16:42 - Alors, il y a eu une chance, c'est que
16:44 le court-métrage que j'avais fait,
16:46 qui s'appelait "Le poème de l'élève" Mikovski,
16:48 était passé juste avant...
16:50 Comment s'appelle le film ?
16:52 "Les derniers tangos à Paris".
16:54 - Oui.
16:56 - Et là, il y avait une polémique autour de ce film,
16:58 je ne sais pas si vous vous en rappelez.
17:00 - Oui, bien sûr.
17:02 - Donc le film passant avant
17:04 "Les derniers tangos" dans les salles,
17:06 il y avait des critiques qui disaient
17:08 "voyez plutôt le court-métrage, ça suffit,
17:10 vous n'avez pas de ration de cinéma,
17:12 et ne voyez pas cette horreur".
17:14 Donc il y a eu une espèce de petite polémique au départ,
17:16 le film est sorti,
17:18 et tout d'un coup, les gens s'y sont reconnus.
17:20 À mon avis,
17:22 le succès du film vient de ce que c'était
17:24 un film d'une autobiographie collective.
17:26 - Mais en même temps,
17:28 les oseaux étaient une expression populaire aujourd'hui,
17:30 alors que ce n'était pas le cas avant.
17:32 - C'est un ami, Jean-Jacques Vincent,
17:34 le film s'appelait "Frédéric et François"
17:36 sur plusieurs coups à la fois.
17:38 Il me dit "ton titre il est trop long,
17:40 il n'est pas bon".
17:42 Je lui dis "c'est des oseaux".
17:44 C'était une expression qui avait été
17:46 inventée par Malraux, je crois,
17:48 et reprise par Jean Cocteau,
17:50 citée par Jean Cocteau dans une émission,
17:52 dans une interview avec Pierre Dumayet.
17:54 Je crois que je vous jette un peu confus là.
17:56 - C'est ça, c'est exactement ça.
17:58 - C'était ça ? Bon, d'accord.
18:00 Et en effet, ces oseaux,
18:02 je propose à Albina qu'il ne veut pas,
18:04 "non, non, notre titre est bon".
18:06 Et là, comme je l'avais dit,
18:08 j'avais des relations d'amitié
18:10 qui étaient restées d'ailleurs,
18:12 avec l'imprimerie.
18:14 Comme j'étais toujours en retard,
18:16 je faisais mes papiers à l'imprimerie,
18:18 je les dictais, et je veux voir un égal d'imprimerie,
18:20 je lui dis "tu peux me faire une page
18:22 avec Parc et Oseaux un peu partout dans une page".
18:24 J'arrive avec la page,
18:26 et je montre à Albina "est-ce que vous voyez le titre,
18:28 c'est Oseaux, tac, tac, tac, tac, tac,
18:30 elle le retrouve partout, d'accord, ça sera le titre du film".
18:32 En effet, il y avait...
18:34 L'idée, c'était de mettre en scène,
18:36 il n'existe pas un acteur,
18:38 mais c'est Galdi et Jacques Dubarry,
18:40 mais c'était des petits rôles et c'était pas des vedettes.
18:42 Donc, il s'agissait
18:44 d'avoir quelque chose
18:46 dont on peut se rappeler.
18:48 Les oseaux étaient bien.
18:50 - Alors Philippe Gueluc, d'ailleurs, a dit récemment
18:52 "je rêvais d'être Zoro et je suis plutôt Zoso".
18:54 - Qui est-ce ça ?
18:56 - Philippe Gueluc, le dessinateur du chat.
18:58 Alors, le journalisme, au départ, c'est vrai que c'est votre premier métier.
19:00 Vous avez commencé comme huissier avant, je crois, Pascal Thomas.
19:02 - Oui, j'étais étudiant en lettres,
19:04 il fallait travailler l'été,
19:06 on n'avait pas de sous, ma mère était fauchée,
19:08 elle était piode à Victor Durhui.
19:10 Et donc, je cherchais un travail pour l'été,
19:12 et le type voyant mon dossier,
19:14 il m'a dit
19:16 "bon, tu étais étudiant en lettres,
19:18 est-ce que tu veux rentrer dans un journal ?
19:20 J'entends, est-ce que tu veux être journaliste, évidemment.
19:22 J'arrive, en fait, c'était huissier.
19:24 Mais quand vous ne connaissez pas les milieux,
19:26 c'est une façon de connaître, d'entrer dedans.
19:28 Et à partir de là,
19:30 j'étais un huissier un peu différent des autres,
19:32 mais en tout cas, je me suis lié avec les journalistes.
19:34 Il y avait à l'époque Paul Giannoli,
19:36 le père du metteur en scène,
19:38 Xavier, Max Corr,
19:40 des gens que vous avez peut-être connus.
19:42 - Bien sûr.
19:44 - Et là, bon, en me bavardant avec eux,
19:46 ensuite, j'ai fait deux mois de huissier,
19:48 donc je me suis lié d'amitié avec eux.
19:50 Et ils m'ont demandé,
19:52 j'ai reçu un bus, je suis allé les voir,
19:54 je me suis dit, est-ce que je ne pourrais pas être stagiaire,
19:56 faire des piges et tout ?
19:58 Peut-être qu'ils m'appréciaient,
20:00 ils avaient vu que j'avais une espèce de vivacité.
20:02 Ils m'ont dit, d'accord,
20:04 mais tu veux écrire sur quoi ?
20:06 Je me suis dit, je voudrais écrire
20:08 sur la littérie libre,
20:10 le ciné, les films,
20:12 les concerts, les faits divers.
20:14 Il y a quelque chose que tu ne veux pas faire ?
20:16 Ah, surtout pas la politique.
20:18 Ils étaient très étonnés parce que c'était le sujet
20:20 de la rencontre avec des politiques,
20:22 c'est tout ce qu'ils aimaient.
20:24 J'explique pourquoi,
20:26 c'est parce que je pensais à un niveau un peu
20:28 trop bas à côté des écrivains
20:30 et des créateurs.
20:32 Dans votre jeune carrière de journaliste, il y a eu une rencontre incroyable,
20:34 c'est celle de l'étrangleur Pascal Thomas.
20:36 Oui, alors là, je n'étais pas journaliste,
20:38 j'étais huissier.
20:40 À l'époque, l'étrangleur,
20:42 Lucien Léger, c'est ça ?
20:44 Un assassin célèbre.
20:46 Donc il écrivait,
20:48 il écrivait des lettres aux journaux,
20:50 et en particulier aux 37 rue de Louvre,
20:52 à Candide.
20:54 Donc c'est moi qui recevais les lettres,
20:56 je commençais à reconnaître son écriture,
20:58 et un jour, arrive une lettre,
21:00 et je vais porter la lettre au rédacteur,
21:02 je reconnaissais son écriture.
21:04 Et à partir de là, comme je dis,
21:06 je l'avais trouvé, les soupçons
21:08 se sont portés sur tous
21:10 les membres du bureau.
21:12 Les journalistes soupçonnaient,
21:14 les journalistes,
21:16 c'était bizarre, vous voyez,
21:18 chez les journalistes, il y avait un gars qui s'appelle Delper Desbaillac,
21:20 qui écrivait un livre sur la milice,
21:22 moi j'étais un huissier bizarre, etc.
21:24 Donc ils m'ont même saoulé,
21:26 pour voir si j'allais avouer.
21:28 Et le samedi,
21:30 arrive un type à qui on avait volé la voiture,
21:32 et bon, il dit qu'il avait
21:34 une lettre de l'étrangleur de temps,
21:36 et bien évidemment, c'était un truc très bizarre,
21:38 on le reçoit, et le lundi matin,
21:40 le lundi matin,
21:42 il était dans les journaux, c'était l'étrangleur.
21:44 - Il est venu vous voir au bureau ?
21:46 - Pas me voir, il est venu au bureau pour voir les journalistes,
21:48 pour avoir un peu plus de pub.
21:50 - Il voulait de la pub surtout.
21:52 - Comment ? - Il voulait de la publicité.
21:54 - Ça à mon avis, c'est le...
21:56 Les grands criminels veulent qu'on parle d'eux.
21:58 Et là c'était une faute de sa part,
22:00 mais bien sûr,
22:02 il y a peu de crimes,
22:04 m'avait dit un policier,
22:06 qui sont...
22:08 - Élucidés de cette façon.
22:10 - Oui.
22:12 - Et puis il y a eu une rencontre avec Léon Zitrone,
22:14 qui a quand même perdu son pantalon devant vous, je crois.
22:16 - Oui.
22:18 J'avais commencé à faire des films,
22:20 je crois que c'est pour les Oso d'ailleurs,
22:22 donc il est là,
22:24 il bavarde, il est très agité, et puis il se lève,
22:26 et j'avais même pas pu
22:28 répondre à une question,
22:30 parce qu'il répondait à votre place,
22:32 et à un moment, il se lève,
22:34 et il dit,
22:36 il cherche son papier, etc.
22:38 J'ai perdu mon...
22:40 Mon article, mon brouillon,
22:42 et son pantalon tombe.
22:44 Et je lui dis, écoutez,
22:46 Zitrone, vous perdez tout,
22:48 le pantalon, l'article,
22:50 il faudra vous surveiller.
22:52 - Je me souviens effectivement de Léon Zitrone,
22:54 dans un studio de RTL à l'époque,
22:56 il présentait le journal, et il saluait Henri Krasucki,
22:58 il avait des bretelles qu'il enlevait.
23:00 - Oui, c'est ça.
23:02 - J'étais là ce jour-là, et il a perdu son pantalon,
23:04 il a dit "Oh pardon", et derrière il y avait le médecin-ronseigne Jacques Charon,
23:06 je crois que ça a été le début de ses ennuis,
23:08 et une crise cardiaque ensuite,
23:10 après avoir vu Zitrone, vous voyez.
23:12 - Il perdait tout le temps son pantalon.
23:14 - Mais vous, vous gagnez à être connu, d'ailleurs,
23:16 et on va en reparler dans quelques instants avec une autre date,
23:18 une date importante, le 27 novembre 2008.
23:20 A tout de suite sur Sud Radio, avec Pascal Thomas.
23:22 - Sud Radio, les clés d'une vie,
23:24 Jacques Pessis.
23:26 - Sud Radio, les clés d'une vie,
23:28 mon invité Pascal Thomas, nous parlons tout à l'heure
23:30 de ce voyage en pyjama, votre nouveau film,
23:32 sorti sur les écrans,
23:34 de ces souvenirs en pagaille que vous publiez chez Séguier,
23:36 et dedans, il y a plein d'événements
23:38 importants, racontant votre vie,
23:40 et dans votre vie, le 27 novembre 2008
23:42 est important, car je crois que c'est une consécration,
23:44 vous recevez un grand prix
23:46 à l'Académie française pour l'ensemble
23:48 de votre oeuvre, ce que vous auriez jamais imaginé au départ.
23:50 - En effet,
23:52 je n'avais aucun prix, je ne cherchais pas,
23:54 je faisais un cinéma que je voulais populariser,
23:56 mais j'étais tout le temps le cul entre deux chaises,
23:58 à la fois écrit,
24:00 avec des scènes amusantes,
24:02 et bon,
24:04 le type même du cinéaste se sent pris,
24:06 mais il y en a beaucoup de plus doués,
24:08 de plus célèbres que moi, des gens comme
24:10 Black Edwards n'a jamais eu de prix,
24:12 n'a jamais été dans un festival,
24:14 sauf, n'a eu son prix qu'une fois sur une chaise roulante,
24:16 son Oscar,
24:18 une fois quand il ne tournait plus,
24:20 et là, l'Académie française,
24:22 c'est un prix important, mine de rien,
24:24 c'est prestigieux.
24:26 - Oui, certainement,
24:28 mais bon, j'étais très étonné de ça,
24:30 je suis embarrassé d'ailleurs,
24:32 pour parler des récompenses,
24:34 parce que, habitué à ne pas en avoir,
24:36 bon, j'étais
24:38 très étonné, mais je crois que
24:40 Bernard Falloy est pour quelque chose,
24:42 parce que j'étais très amusé avec lui,
24:44 Michel Déon aussi,
24:46 Eric Nehoff aussi,
24:48 qui à un moment donné,
24:50 voyant ma situation par rapport au prix,
24:52 m'a dit "c'est pas possible", et comme les films
24:54 sont quand même écrits, ça a plu,
24:56 ça avait plu aux académiciens,
24:58 j'ai eu ce prix de l'Académie française.
25:00 - Alors, pour différents films,
25:02 et parmi vos succès après "Les oseaux",
25:04 il y a eu ce film.
25:06 * Extrait de "Les oseaux" *
25:08 * Extrait de "Les oseaux" *
25:10 * Extrait de "Les oseaux" *
25:12 - "Pas la bouche pleine", là aussi une expression
25:14 qui est devenue une expression populaire.
25:16 Alors, la musique, c'est Vladimir Kosma,
25:18 et c'est un hommage à Marino Marini,
25:20 qui est un musicien des années 50-60,
25:22 qu'on a oublié qu'il a créé "Bambino",
25:24 entre autres, que Dalida a repris,
25:26 et "Maman la plus belle du monde",
25:28 qui a été une chanson de Louis Mariano.
25:30 C'est curieux, Thomas, c'est assez rare d'avoir fait ça.
25:32 - Moi, j'aimais beaucoup
25:34 Marino Marini, etc.
25:36 Et d'ailleurs, quand il est venu,
25:38 c'était un enchantement, cet enregistrement.
25:40 Il avait arrêté
25:42 la chanson,
25:44 publiquement,
25:46 il était devenu un homme politique.
25:48 Très curieusement,
25:50 et il a ravi
25:52 qu'on intègre
25:54 cette chanson-là dans un film,
25:56 il avait écrit les paroles,
25:58 à partir du titre,
26:00 et j'ai quand même eu la curiosité de voir que
26:02 Vladimir Kosma,
26:04 dans un bulletin sassé, m'avait mis
26:06 que les paroles étaient de lui, ou de sa mère.
26:08 - Ah bon ? - Oui. Vous imaginez ça ?
26:10 - Oui. - Bon, mais j'ai su beaucoup.
26:12 De toute façon, je ne dénonce pas.
26:14 - Il y a prescription, Jean.
26:16 - Je raconte en m'amusant,
26:18 c'est tout,
26:20 mais en tout cas,
26:22 on n'allait pas faire de procès pour ça.
26:24 Je dis ça parce que mon père,
26:26 poids de 20,
26:28 il nous emmenait, sa charte n'était pas loin
26:30 d'Oradour-sur-Glane.
26:32 Donc, il nous avait
26:34 amenés pour montrer l'horreur
26:36 de cette guerre, et puis on avait aussi
26:38 un cousin,
26:40 Dan Lebovitz,
26:42 dont les parents avaient été
26:44 dénoncés,
26:46 avaient été cachés par ma famille,
26:48 mon père, etc., et Dan est devenu
26:50 un cousin. Bon, il s'appelle Lebovitz,
26:52 Thomas, et ceci, mais
26:54 nous avons des relations de cousinage,
26:56 en tout cas de grande amitié.
26:58 Et me rappelant tout ce qui s'était passé
27:00 à Oradour, et l'histoire
27:02 de la guerre,
27:04 j'ai encore le souvenir de la voix de mon père
27:06 disant "On ne dénonce pas".
27:08 Tu entends, Pascal ? "On ne dénonce pas".
27:10 Et aujourd'hui, elle résonne
27:12 de façon très,
27:14 très, très curieuse, cette voix
27:16 où on n'a pas 100 ans à dénoncer
27:18 la dernière histoire de... Bon, je vais pas
27:20 dénumérer, mais il y en a beaucoup, hein,
27:22 entre Depardieu,
27:24 entre...
27:26 Besson,
27:28 Tesson, pardon. - Besson, Besson, oui.
27:30 Tesson, Besson. On ne fait que ça.
27:32 Il faut rester positif. Alors, moi, il y a
27:34 aussi une chose qui me frappe dans ce film, j'en reviens,
27:36 "Pleure pas la bouche peine", qui est important, c'est Jean Carmet
27:38 qui avait un des rôles principaux, personnage
27:40 étonnant aussi, lui. - Oui, ben,
27:42 il avait... Ah oui, c'était quelqu'un de très,
27:44 très singulier.
27:46 Un acteur parfait. Enfin, je vois un peu
27:48 trop pour moi. Donc, comme on était
27:50 dans le naturel, il bougeait
27:52 un peu trop les mains
27:54 à chaque... Je lui mettais
27:56 toujours quelque chose, dans les mains,
27:58 quelque chose à faire. Par exemple,
28:00 revenant de l'église, sa fille, demandant
28:02 à sortir, et puis étant un peu
28:04 vif vis-à-vis de ses cousins,
28:06 il lui donne une gifle.
28:08 Et cette gifle, dans les répétitions,
28:10 on la voyait venir à 100 km.
28:12 Je lui dis "Non, tu peux pas".
28:14 Et là, je lui dis "Ah ben, tu viens de la Messe,
28:16 t'as eu des chaussures neuves,
28:18 t'as mal au pied, ne pense qu'à ton mal au pied".
28:20 "Bon, on répète". "Non, répète pas".
28:22 Et là, il avait mal au pied, il n'a pensé qu'à ça.
28:24 Et la gifle est partie sans que le spectateur
28:26 puisse s'en apercevoir.
28:28 C'était Carmet,
28:30 qui était un type d'une grande drôlerie.
28:32 Enfin, il était très, très intelligent,
28:34 très cultivé, il faisait semblant de ne pas l'être.
28:36 Et il avait, entre autres,
28:38 comme passion de voir
28:40 les boutiques sales.
28:42 Dans Paris, vous aviez des boutiques
28:44 où les gens ne lavaient pas
28:46 la vitre, etc.
28:48 Les objets présentés, etc.
28:50 Et il disait "J'en ai une nouvelle, dans ton quartier,
28:52 on allait voir les boutiques sales".
28:54 - Il jouait aussi au jeu des gâteaux avec Pierre Tchernia.
28:56 Ils entraient dans une boulangerie
28:58 où les gâteaux étaient peu avenants.
29:00 Il faisait des compliments à la boulangère qui n'en revenait pas.
29:02 Il les mangeait avec délectation et il repartait.
29:04 Et ça les amusait beaucoup. - C'était Carmet.
29:06 - Alors... - Vous savez que
29:08 Tchernia était à l'origine de
29:10 ma première émission,
29:12 "Les commentaires à la radio".
29:14 Parce que, moi, ancien journaliste,
29:16 ayant vu tellement de personnes,
29:18 de gens devenir metteurs en scène,
29:20 romancier, etc.
29:22 Et d'un coup, il se gonflait.
29:24 J'avais demandé à Albina, je lui ai dit "Je ne veux pas faire de presse".
29:26 Et pendant...
29:28 Le film est sorti sans presse.
29:30 Et c'est Tchernia.
29:32 Il y avait même Carmet qui était présent,
29:34 à cette émission, qui a parlé du film avec
29:36 beaucoup de compliments,
29:38 avec enchantement.
29:40 Mais c'est la première
29:42 émission radio, c'est Tchernia.
29:44 - Quelqu'un qui vous doit sa carrière aussi,
29:46 Pascal Thomas, c'est Bernard Menez.
29:48 - Oui, après...
29:50 - Sans vous, il ne serait pas aujourd'hui ce qu'il est.
29:52 - Oui, sans Rosier non plus.
29:54 Parce que c'est Jacques Rosier qui préparait un film,
29:56 Menez était professeur de mathématiques,
29:58 il devait partir au Canada,
30:00 et sans qu'il ne le vienne en Rosier,
30:02 le scénario était comme les miens, à moitié écrit,
30:04 ou pas écrit du tout.
30:06 Menez a eu confiance.
30:08 Il a fait le film du théâtre,
30:10 du théâtre amateur, il a fait le film de Rosier,
30:12 qui s'appelait "Du Côté d'Orouette"
30:14 je crois.
30:16 Et comme Menez venait nous voir,
30:18 à l'époque, on allait souvent
30:20 dans un restaurant de la Place de la Bastille,
30:22 près de la Place de la Bastille,
30:24 Beaufinger,
30:26 et quand Menez venait,
30:28 il traversait la salle
30:30 et tout le monde se barrait.
30:32 Et pour moi, c'était vraiment...
30:34 Pour moi, c'est Scapin, c'est un des personnages que je préfère
30:36 au théâtre, mais quand Scapin rentre, tout le monde rit.
30:38 Je sais pas si vous vous rappelez,
30:40 avec Claude Rich,
30:42 sans Scapin,
30:44 les gens se bidonnaient, se bidonnaient, se bidonnaient.
30:46 Et donc, je sais, et puis,
30:48 à l'époque aussi, je cherchais
30:50 un beau jeune homme, etc.
30:52 Et puis, les répétitions
30:54 avec la comédienne Annick Collet,
30:56 qui n'était pas une comédienne, mais une lycéenne
30:58 du lycée de Montorgy,
31:00 toutes les répétitions
31:02 avec les beaux types, ça venait pénible.
31:04 Les mecs, ils se prenaient...
31:06 Donc, je me suis dit,
31:08 on va lui trouver quelqu'un, on va mettre
31:10 un comique. J'ai demandé à Rossier,
31:12 si il voulait bien que je prenne Ménès,
31:14 c'était une deuxième idée, et bien sûr,
31:16 il m'a dit volontiers.
31:18 Et en effet,
31:20 toutes ces scènes qui étaient pénibles
31:22 avec des beaux garçons, avec Ménès, étaient
31:24 singulières et amusantes, et c'était vraiment
31:26 choisir Ménès comme séducteur,
31:28 pour elle, comme
31:30 petite amie, c'était une singularité
31:32 de la fille. - Et ça a devenu, entre autres,
31:34 le show Lapin, qui a fait le succès de Ménès,
31:36 et ça, c'était le passé, mais aujourd'hui,
31:38 il y a un film dont on parle beaucoup,
31:40 depuis quelques jours. - Je m'appelle Karine.
31:42 - Et moi, c'est Delphine. - Ah, c'est marrant.
31:44 Cette année, j'avais deux élèves qui avaient les mêmes prénoms.
31:46 - Le voyage en pyjama, qui est sorti, voici,
31:48 quelques jours, c'est une chronique vagabonde,
31:50 et je crois que c'est... Vous avez le secret
31:52 de ces chroniques, Pascal Thomas ?
31:54 - Mais bon, que répondre ?
31:56 J'espère.
31:58 Il y en a eu d'autres, certainement.
32:00 J'aime filmer
32:02 la beauté des paysages, j'aime filmer la beauté
32:04 des sentiments,
32:06 des caractères.
32:08 J'ai une rêverie sur la beauté humaine.
32:10 C'est ce que j'avais trouvé dans le cinéma
32:12 hollywoodien. Moi, je suis très loin de ça.
32:14 Mais j'ai du mal
32:16 à imaginer
32:18 des scènes noires, des scènes de violence.
32:20 Bien sûr, quand on raconte...
32:22 Quand j'ai fait le film sur cette
32:24 famille de trois jeunes filles,
32:26 pendant 15 ans,
32:28 j'ai intégré
32:30 une scène sombre,
32:32 parce qu'on peut pas être sautillant pendant 15 ans.
32:34 Mais ça, c'était
32:36 confidence pour confidence.
32:38 Mais ce qui est curieux, c'est qu'une fois,
32:40 cette scène passée, qui est d'ailleurs
32:42 une scène à caractère autobiographique,
32:44 j'ai eu beaucoup de mal à retrouver le rire.
32:46 Après ces scènes-là,
32:48 j'avais mis mes nez dans le film
32:50 et on retrouvait pas le rire.
32:52 C'était une scène terrible,
32:54 et donc...
32:56 J'aime les choses plaisantes,
32:58 le spectateur s'amuse.
33:00 La chose que je préfère,
33:02 dans ce métier, c'est de voir
33:04 le visage des spectateurs
33:06 heureux, apaisé.
33:08 Et là, pour ce film-là, on l'a.
33:10 - Effectivement, ça marche très bien.
33:12 Le personnage principal est un professeur de lettres fantasque
33:14 qui prend un congé sabbatique
33:16 et qui fait une promenade dans son passé amoureux,
33:18 ce qui donne un "road movie" à la française, finalement.
33:20 - Un "road movie", il y a quoi
33:22 comme mot français ?
33:24 - Un voyage, un vis-à-vis.
33:26 - Une promenade.
33:28 Une promenade, oui.
33:30 Je sais pas si c'est un "road movie", je pense que c'est une promenade.
33:32 C'est une série de modules,
33:34 si vous voulez, si on peut prendre ce mot-là.
33:36 J'aime pas le mot "sketch".
33:38 De modules qui racontent...
33:40 Il revoit ses femmes, il revoit son passé,
33:42 on rencontre de nouvelles,
33:44 on retrouve un de ses professeurs.
33:46 J'ai tellement eu beaucoup d'amitié pour mes professeurs,
33:48 en particulier pour Roland Duval,
33:50 qui a été mon professeur
33:52 et qui est devenu scénariste de mes premiers films.
33:54 Un scénariste, disons,
33:56 paresseux.
33:58 Mais la situation s'était inversée,
34:00 vous voyez.
34:02 Le professeur était devenu scénariste
34:04 et l'élève,
34:06 j'étais devenu metteur en scène.
34:08 - Alors, dans ce film, il y a effectivement
34:10 tous les comédiens avec qui vous travaillez d'habitude.
34:12 D'abord, il y a
34:14 Barbara Schuss, avec qui vous avez travaillé,
34:16 il y a Épilége Girardot, Pierre Arditi.
34:18 Vous êtes infidèle aussi dans vos fréquentations
34:20 et dans vos comédiens.
34:22 - Oui, j'aime ces acteurs, évidemment.
34:24 Les premiers auxquels je pense, pour lesquels j'écris,
34:26 ce sont ces comédiens.
34:28 Il y a aussi
34:30 Annie Dupéré, que je connaissais,
34:32 comme ça, on n'avait jamais pu travailler ensemble.
34:34 On a l'occasion
34:36 de faire un rôle assez délirant,
34:38 d'ailleurs d'une grande drôlerie, d'une grande justesse aussi.
34:40 Tous les comédiens que je vois ici,
34:42 c'est aussi pour leur justesse
34:44 et la qualité de leur voix.
34:46 Je n'aime pas ces comédiens qui hurlent,
34:48 qui posent, etc.
34:50 Tous ces gens-là, que ce soit
34:52 Louis-Daude Lancin, Épilége Girardot,
34:54 tous ceux que vous avez cités,
34:56 c'est pour aussi
34:58 la douceur de leur voix.
35:00 - Mais vous célébrez...
35:02 - Et l'articulation.
35:04 Comme un ancien bec, je veux qu'on articule.
35:06 - Vous avez été bec, ça s'est passé,
35:08 comment vous avez fait pour que ça...
35:10 - Quand je suis revenu au lycée
35:12 de Vauquachille, à l'université de Fontainebleau,
35:14 il y avait un séanceur général
35:16 qui s'appelle Zobel.
35:18 Et ce Zobel était un peu bec.
35:20 Le samedi, il allait dans la salle de gymnastique,
35:22 il m'avait pris en sympathie,
35:24 et on faisait des exercices
35:26 à la grecque.
35:28 Mais au lieu d'avoir des cailloux
35:30 dans la bouche comme des pastels,
35:32 il coupait des petits bouchons
35:34 et faisait des exercices d'articulation.
35:36 Et ce Zobel est devenu
35:38 l'écrivain de la rue Casnegre.
35:40 Qui a été un succès considérable.
35:42 - Alors ce film,
35:44 "Le voyage en pinage", précise,
35:46 c'est un hommage à la campagne française
35:48 dont on a bien besoin aujourd'hui.
35:50 - J'ai plus qu'un hommage,
35:52 c'est un plaisir contemplatif, absolu.
35:54 Je devais tourner dans la région
35:56 où j'ai tourné beaucoup de mes films,
35:58 et bon, il n'y avait pas de sous,
36:00 on demandait une avance à la région,
36:02 elle y refusait.
36:04 C'était la première fois que je demandais
36:06 une avance à la région.
36:08 Je regarde quand même la photo des gens
36:10 qui s'occupent du cinéma,
36:12 les têtes de crétins,
36:14 on se demande pourquoi ils s'occupent
36:16 de cinéma et décident d'avoir
36:18 sa main passant.
36:20 Et là je retrouve quelqu'un
36:22 avec qui j'avais travaillé sur les publicités,
36:24 il avait été assistant, etc.
36:26 Il s'appelle Eric Langlois,
36:28 qui avait une maison de production dans la Sarthe.
36:30 Je visite la Sarthe,
36:32 du moment je ne connaissais que deux choses,
36:34 les rayettes et l'automobile,
36:36 un peu l'automobile parce que j'ai pas de permis de conduire.
36:38 Donc les rayettes surtout,
36:40 et il me fait visiter ce pays.
36:42 Et je suis émerveillé
36:44 par la qualité
36:46 des paysages
36:48 et le fait qu'ils soient conservés
36:50 de façon aussi heureuse.
36:52 Donc on a tourné,
36:54 et d'ailleurs pendant le tournage j'en ai ajouté,
36:56 comme toujours, j'improvise pas,
36:58 mais je développe
37:00 à la fois les dialogues,
37:02 les paysages,
37:04 et ça fait le cadre du film
37:06 qui à mon avis est un cadre très plaisant à regarder.
37:08 - Alors effectivement,
37:10 c'est ça, c'est "Le voyage en pyjama" sur les écrans,
37:12 et puis il y a le livre qui est sorti le même jour,
37:14 le 18 janvier 2024. On en parle dans quelques instants
37:16 sur Sud Radio avec Pascal Thomas.
37:18 - Sud Radio, les clés d'une vie.
37:20 Jacques Pessis.
37:22 - Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité est Pascal Thomas.
37:24 On a évoqué votre parcours,
37:26 ce film "Le voyage en pyjama"
37:28 qui est sorti sur les écrans le 18 janvier.
37:30 Et même chose,
37:32 c'est assez curieux, vous sortez
37:34 "Souvenirs en pagaille" chez CIE,
37:36 un livre de souvenirs que vous co-signez
37:38 avec Alain Kruger et Jean-Olé Laprune.
37:40 Pourquoi avoir fait un livre aujourd'hui
37:42 racontant votre parcours, Pascal Thomas ?
37:44 - C'est une idée,
37:46 c'est une proposition ancienne de Bernard Tfalloy.
37:48 - Oui, le grand éditeur.
37:50 - Avec qui je déjeunais
37:52 ou dînais
37:54 une fois par mois,
37:56 peut-être deux fois,
37:58 avec qui je m'entendais très bien,
38:00 il me tenait absolument à ce que je fasse
38:02 un livre de mémoire.
38:04 Ça me barbait, il avait assisté,
38:06 j'avais mis une avance, mais il est mort entre temps.
38:08 Donc j'avais abandonné la chose,
38:10 une autre personne avait repris
38:12 l'idée, m'avait interrogé,
38:14 enregistré,
38:16 il m'a dit "t'as pas besoin d'écrire, j'enregistre"
38:18 et puis bon, le gars était sympathique
38:20 mais paresseux, ça avait été abandonné.
38:22 Repris par Kruger
38:24 et Olé Laprune, même chose, il m'enregistre,
38:26 il m'enregistre, il m'enregistre, on raconte des choses
38:28 et puis il sort
38:30 de ce qui les intéresse,
38:32 de ces longs bavardages,
38:34 et puis à partir de là, je suis très rétif.
38:36 Je trouve honteux
38:38 de parler de moi,
38:40 d'écrire sur moi, de dire "je" etc.
38:42 Si vous ne dites pas "je",
38:44 si on ne dit pas "je", je pourrais peut-être
38:46 accepter, enfin accepter,
38:48 je ne parle pas comme ça, mais être d'accord
38:50 avec vous, et puis bon,
38:52 on a entendu, on a entendu, les bonnes feuilles
38:54 sont arrivées, j'ai commencé à les revoir,
38:56 j'ai fait des petites corrections
38:58 pour les 80 premières pages
39:00 et puis à la fin, j'ai dit
39:02 "allez-y, publiez" parce que
39:04 l'éditeur, le sympathique
39:06 Legal, nous avait vu et
39:08 attendait quand même ce truc pour lequel il avait donné
39:10 des avances. Et bon,
39:12 j'ai laissé faire, et c'est
39:14 eux qui ont fait le livre,
39:16 à partir de ce que je leur ai raconté, je ne suis que le sujet.
39:18 - Oui, enfin il y a quand même des choses étonnantes
39:20 que vous racontez, notamment vos premières
39:22 interviews, en particulier l'interview
39:24 de Simone Signoret, Pascal Thomas.
39:26 - Oui, peut-être parce que j'avais une
39:28 maturité dans mes écrits
39:30 et comme je tapais sur
39:32 Costa Gavras,
39:34 elle avait voulu me voir.
39:36 J'allais chez elle dans la roulotte
39:38 Plastophile, c'est elle qui m'ouvre
39:40 et elle me dit
39:42 "vous êtes bien jeune"
39:44 j'ai été étonné qu'elle puisse me dire ça.
39:46 Bon, rentrez quand même. Donc on a eu
39:48 une conversation, d'abord je vais voir son
39:50 Oscar, elle dit "ah, je vois bien, vous regardez ça
39:52 avec mépris" mais pas du tout,
39:54 j'aime le film, "Les chemins de la Haute-Ville"
39:56 c'est parfait dedans, vous le méritez, c'est d'accord.
39:58 La conversation a commencé
40:00 et on avait une relation
40:02 très très amicale, d'autant
40:04 qu'elle était amie avec Françoise Giroux
40:06 avec qui j'étais aussi très ami, qui avait voulu
40:08 me faire entrer
40:10 à l'Express
40:12 et j'avais refusé pour une raison
40:14 qu'elle ne comprenait pas, Françoise,
40:16 un journal, les articles, c'est pas toujours
40:18 de la même dimension.
40:20 Vous faites comme les Américains, il y a des articles
40:22 qui peuvent faire 3 pages,
40:24 3 lignes, 5 pages, etc.
40:26 Mais non, moi je ne peux pas écrire dans un journal
40:28 où tout est calibré. Elle avait essayé de me convaincre
40:30 et d'ailleurs je pensais là, de faire ma dispute
40:32 avec Jacob, où j'avais été voir
40:34 chez un de ses amis
40:36 rue Washington
40:38 je crois, et
40:40 elle avait dit "ils vont vous convaincre,
40:42 ils vont te convaincre"
40:44 et les mecs ne m'avaient parlé que d'eux
40:46 et m'avaient dit "bon, là tu les écoutes,
40:48 tu fermes ta gueule"
40:50 et donc je les avais écoutés, c'était une heure
40:52 d'autosatisfaction
40:54 quand même, et en partant
40:56 machinalement, j'ai essuyé
40:58 les pieds sur le paillasson.
41:00 Silence, ils me regardent,
41:02 ils me disent "excusez-moi, j'ai l'impression que je viens de marcher
41:04 dans la merde". - Ça n'a pas plu beaucoup, ouais.
41:06 - Ça n'a pas plu et c'est resté.
41:08 - Alors, il faut savoir aussi
41:10 que Simone Signoret, votre complicité
41:12 est née parce qu'il y a eu quand même 2 bouteilles
41:14 que vous avez englouties.
41:16 - Oui, plus que 2 d'ailleurs. - C'était quoi ?
41:18 - C'était... - C'était un alcool
41:20 fort. - Oui, oui, c'était
41:22 du vin
41:24 et puis il y a eu
41:26 de la vodka, je crois. - Oui, c'est ça.
41:28 - Vodka, oui. - Alors,
41:30 Simone Signoret, c'est une rencontre,
41:32 et comme cinéaste, vous avez quand même un regret,
41:34 c'est de ne jamais avoir tourné
41:36 avec Louis de Funès. - Oui.
41:38 Louis de Funès avait vu
41:40 le Chaud Lapin.
41:42 Il y a une scène, cette scène qui a fait rire
41:44 beaucoup de gens, qui a fait le succès du film.
41:46 Il m'a paru
41:48 qu'il avait, on m'a entendu, qu'il avait les premiers effets
41:50 de sa crise cardiaque
41:52 qui étaient venus pendant
41:54 sa rigolade sur la scène.
41:56 C'est une rumeur
41:58 que j'accepte volontiers.
42:00 Ça serait bien d'avoir déclenché
42:02 une crise cardiaque
42:04 sans danger
42:06 auprès du...
42:08 chez le plus grand comique français.
42:10 Donc on s'était rencontrés, on s'était vus
42:12 dans un hôtel
42:14 du côté des Champs-Elysées, plusieurs fois,
42:16 et avec Jacques Courcel,
42:18 qui a écrit plusieurs de mes films
42:20 dans la dilettante,
42:22 on avait eu deux idées,
42:24 une d'après Sarriot, puis l'autre c'était
42:26 une espèce d'enquête
42:28 dans le passé,
42:30 enfin bon.
42:32 L'idée c'était
42:34 un détective,
42:36 son assistante
42:38 était Galabru,
42:40 et ce détective ne pouvait faire
42:42 ses enquêtes,
42:44 il ne pouvait voyager dans le passé
42:46 que s'il plongeait dans de l'eau.
42:48 Puis il y avait un appareil électronique
42:50 qui permettait... La première sortie c'était
42:52 dans la baignoire de Marat.
42:54 Marat qui se faisait assassiner
42:56 par Charlotte Cordée.
42:58 De Funès m'avait dit
43:00 "Vous savez, si on fait un film ensemble,
43:02 ne comptez pas avoir de la bonne presse."
43:04 On fout de la presse, la presse je la fais moi.
43:06 Et le film ne s'est pas fait
43:08 pour des raisons d'argent d'ailleurs.
43:10 - Et je crois que De Funès,
43:12 en revanche, a repéré Bernard Menezes
43:14 grâce à vous et l'a fait tourner dans la Var.
43:16 - Exactement. C'était juste avant la Var.
43:18 Et Féchner,
43:20 qui était le producteur de Funès,
43:22 il avait dit "Non, non,
43:24 j'ai dépensé assez d'argent avec les projets
43:26 de Louis, vous écrivez le scénario
43:28 et après,
43:30 si ça marche,
43:32 vous serez aussi bien payé.
43:34 On va bien faire acte de scénariste
43:36 mais faites acte de producteur."
43:38 Mais bon, il n'a pas fait, donc ça ne s'est pas fait.
43:40 Et j'ai vraiment regretté beaucoup.
43:42 - Il se trouve aussi qu'il y a quelqu'un qui a compté dans vos films,
43:44 un acteur de télévision célèbre
43:46 grâce à un feuilleton qui s'appelait "Fille de la vie",
43:48 c'est Daniel Seccaldi.
43:50 Ça, il a été très présent aussi
43:52 dans votre carrière, Pascal Thomas.
43:54 - Il a été du premier film, du court-métrage
43:56 et pratiquement jusqu'à la fin,
43:58 sauf un où j'ai regretté d'ailleurs.
44:00 Et c'était un plaisir de le voir, son intelligence,
44:02 sa modestie,
44:04 sa drôlerie,
44:06 ses audaces.
44:08 Voilà, pendant...
44:10 Oui, ses audaces constantes
44:12 et sa justesse de jeu, je ne peux pas...
44:14 Je vais abroder en compliments,
44:16 mais c'était quelqu'un qui, à mon avis,
44:18 fait partie des grandes figures du cinéma français
44:20 et des seconds rôles.
44:22 Quand il y avait, disons, des seconds rôles,
44:24 au théâtre, il était premier, on le vit à chier,
44:26 des seconds rôles qui faisaient le cinéma français.
44:28 Aujourd'hui, ça a disparu.
44:30 On a fait disparaître les voix.
44:32 Regardez celui qui faisait "La météo", comment vous l'appelez ?
44:34 Qui avait un accent terrible.
44:36 C'était Simon à une époque.
44:38 Il y avait des accents.
44:40 La variété, la variété.
44:42 On n'était pas toujours dans la même radio.
44:44 Là, aujourd'hui, c'est la monotonie.
44:46 Sauf sur ceux de radio où nous parlons vrai
44:48 et avec l'accent de la sincérité.
44:50 Alors, il se trouve aussi que
44:52 Daniel Seccaldi était un grand farceur.
44:54 J'ai un exemple. Un jour, à Mégev,
44:56 il y a un festival, et Georges Lécrière,
44:58 il voulait lui faire une farce. C'était Arsène Lupin.
45:00 Il a dit à Lécrière...
45:02 Il a fait dire à Lécrière, "Tu te déguises en Arsène Lupin,
45:04 tu serres à table."
45:06 Après, il y a un article dans les journaux, "Arsène Lupin a servi à table
45:08 et n'a pas été reconnu."
45:10 C'est ce que Lécrière s'est déguisé.
45:12 Mais tout le monde était dans le coup, sauf Lécrière.
45:14 Ce qui fait qu'à table, il l'a servi pendant tout le déjeuner.
45:16 Et à la fin du déjeuner, Seccaldi s'est levé et a dit,
45:18 "Georges, passe-moi le sel."
45:20 Ça n'a pas plu du tout. Mais c'est le genre de farce qu'on ne peut plus faire aujourd'hui.
45:22 - Je rappelle un voyage en avion pour une promotion.
45:24 Dans l'avion, il y avait Georges Lécrière,
45:26 que les hôtesses ne connaissaient pas.
45:30 Ils disaient, "Je suis Georges Lécrière."
45:32 Il faisait ça.
45:34 Il avait une espèce de vanité.
45:36 - Et quand il avait une courbe mémoire, on l'appelait Georges Lécrière.
45:38 - D'accord, oui.
45:40 - Il a tiré la moquerie.
45:42 - Il se trouve aussi que vous avez eu
45:44 une autre carrière qu'on connaît moins,
45:46 c'est le film publicitaire, Pascal Thomas.
45:48 Vous avez tourné beaucoup de films publicitaires.
45:50 - 1000.
45:52 - Parce que...
45:54 Je faisais des films, etc.,
45:56 mais les gens de cinéma m'agassaient.
45:58 J'avais un peu de culture,
46:00 par leur prétention.
46:02 J'ai l'air prétentieux,
46:04 et je suis simplement prétentieux.
46:06 C'est un milieu qui m'ennuyait.
46:10 La publicité, qui est pas le milieu le plus brillant,
46:14 me permettait de gagner beaucoup d'argent.
46:16 J'ai fait énormément de pubs
46:18 qui permettent de voyager, de gagner de l'argent.
46:20 Et puis, de s'intéresser...
46:22 On va aux réunions,
46:24 les gens veulent telle ou telle chose.
46:26 J'ai inventé parfois,
46:28 pour une publicité sur Renault,
46:30 ils avaient inventé l'espace.
46:32 Et les types avaient conçu une publicité
46:34 "La voiture de l'espace".
46:36 Mais évidemment, ils ne voulaient pas trouver d'image,
46:38 parce que dans l'espace, il n'y a pas de bagnole.
46:40 Ensuite,
46:42 M. Blanchet...
46:44 On va demander aux petits étudiants,
46:46 parce que depuis Hélène Lazareff,
46:48 qui était patronne de Elle,
46:50 on va appeler le petit étudiant.
46:52 Le petit étudiant propose,
46:54 et je vois, il monte cette voiture de l'espace,
46:56 il me dit "c'est un espace à vivre".
46:58 "Pourquoi vous n'appelez pas Renault
47:00 les voitures à vivre ?"
47:02 "Ah, et qu'est-ce que vous proposez ?"
47:04 "Il faut faire l'histoire de Renault
47:06 depuis le début."
47:08 "Et tu peux écrire une histoire ?"
47:10 "Non, vous me donnez les bagnoles,
47:12 je filme."
47:14 Le film a eu un gros succès,
47:16 "Renault, les voitures à vivre",
47:18 je ne sais pas si vous vous rappelez de cette publicité-là.
47:20 J'avais fait aussi pour Tempax.
47:22 Ça avait marché,
47:24 une deuxième fois,
47:26 il me propose de faire un film.
47:28 Je lui ai dit "écoutez, là j'ai une idée
47:30 qui pourrait plaire à tout le monde,
47:32 Tempax, un nom que l'on trouve sur toutes les lèvres."
47:34 Je me suis fait virer.
47:36 - Ça peut arriver.
47:38 En même temps,
47:40 vous avez aussi été joueur,
47:42 beaucoup joueur.
47:44 - J'ai joué, mais la première fois,
47:46 j'étais étudiant pour Asselineau Michel,
47:48 il y avait un type qui faisait des photos,
47:50 il y avait un gars qui faisait des photos
47:52 pour le Marseillais Germain Michel,
47:54 au quartier latin.
47:56 On le rencontre, on est lycéens,
47:58 il nous parle de son jeu, il faut jouer aux courses,
48:00 on réunit tout notre argent,
48:02 on était sûr de gagner, on perd tout.
48:04 Ça m'avait coûté quitter.
48:06 Jusqu'au jour où,
48:08 à l'époque, je partageais des bureaux avec Michel Détingé,
48:10 rue des Foumants-Saint-Honoré,
48:12 à côté de l'Elysée.
48:14 Les secrétaires, je jouais au loto, je n'y jouais pas, etc.
48:16 Et arrive l'élection de Mitterrand.
48:18 Et cette idée farfelue me passe vers la tête,
48:20 je me dis "quel est le type qui a le plus de chances en ce moment ?"
48:22 Je prends les numéros qui sont autour de Mitterrand,
48:26 sa date de naissance,
48:28 le nombre de personnes à son premier et deuxième conseil des ministres,
48:30 je joue ça et je gagne une grosse dame.
48:32 Donc je dis, le premier, la seule personne
48:34 à qui Mitterrand a fait gagner de l'argent, c'est moi.
48:38 Et je continue.
48:40 Mais continuant, évidemment, ça ne se passe pas de la même façon.
48:42 Et je rencontre,
48:44 je rencontre
48:46 quelqu'un, un ami tunisien,
48:48 je vais lui donner le prénom, Malek,
48:50 qui me voit jouer.
48:52 Il me dit "vous allez gagner une fois,
48:54 mais vous allez tout perdre.
48:56 Un chiffre, ça peut sortir mille fois,
48:58 ça peut ne pas sortir mille fois."
49:00 Et lui, il jouait au loto sportif.
49:02 Et là, ça ne m'intéressait pas.
49:04 Un jour, je le vois un peu triste,
49:06 je me regarde en jouant, je me dis "d'accord, on va faire un loto sportif,
49:08 on le fait, on gagne."
49:10 Et à partir de là, il a besoin de créer un système.
49:12 Pour créer ce système,
49:14 il a besoin de tous les résultats de foot,
49:16 première et deuxième division,
49:18 qu'il y a eu depuis 30-40 ans,
49:20 en Allemagne, en Espagne, en Angleterre, en France,
49:22 en Italie, etc.
49:24 Et là, encore une fois, le journalisme va sauver
49:26 parce qu'au journal, il y avait un type
49:28 qui collectionnait, les gens collectionnent tout,
49:30 qui collectionnait les résultats de foot.
49:32 Je vais le voir,
49:34 il y avait des paquets entiers de résultats de foot,
49:36 on lui achète son truc, mon copain, pendant quelques mois,
49:38 fait son système, et à partir de là,
49:40 ça a été la fortune.
49:42 En tout cas, il y a beaucoup de souvenirs
49:44 qui démontrent que vous gagnez aussi
49:46 à être connu, Pascal Thomas,
49:48 dans ce livre "Souvenirs en pagaille"
49:50 chez Séguier. En même temps, il y a ce voyage en pyjama
49:52 sur les écrans. C'est-à-dire que vous êtes très actif
49:54 en ce moment, et j'espère que ça ne s'arrêtera pas.
49:56 - Je l'espère aussi.
49:58 - Merci Pascal Thomas, "Les clés d'une vie",
50:00 c'est terminé pour aujourd'hui. On se retrouve bientôt.
50:02 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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