• il y a 6 mois
Jacques Pessis reçoit Agathe Godard : pionnière du journalisme people, elle a côtoyé des légendes devenues des amis, comme John Travolta. Elle se raconte dans un livre « Mes nuits parisiennes » (Flammarion).

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-05-29##

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News
Transcription
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 La nuit vous a permis de mettre en lumière des stars dont vous avez bu les paroles et partagé des dîners.
00:11 Vous avez été à Paris une reine d'un monde très fermé.
00:15 Vous le racontez aujourd'hui dans un livre.
00:17 Bonjour, Agathe Godard.
00:18 Bonjour Jacques.
00:20 Alors, vous publiez Mes Nuits Parisiennes chez Flammarion.
00:22 Votre nom est connu, votre signature est connue, notamment grâce à vos chroniques dans Paris Match pendant des années.
00:28 Mais il y a eu beaucoup d'autres choses que vous racontez dans ce livre.
00:31 Kate, finalement, un portrait de notre époque.
00:33 Et on va l'évoquer, ce livre et votre parcours, à travers des dates clés.
00:37 Et la première que j'ai trouvée, c'est le 12 octobre 1960, votre première télé.
00:42 [Musique]
00:46 Lecture pour tous, avec Pierre Desgropes et Pierre Dumayet.
00:49 Et c'est là où vous présentez ce jour-là, votre livre Pousse avec ton pain.
00:53 Exactement, un livre qui avait atterri chez Gallimard par hasard, puisque c'est un artiste peintre pour lequel je posais un harle.
01:04 Qui avait voulu lire mon petit cahier de jeune fille où j'écrivais un peu tout ce que je vivais.
01:12 Et qui l'avait remis à Queneau.
01:14 Raymond Queneau, qui est quand même l'auteur de Zazie dans le métro et de bien d'autres choses.
01:18 Et tout de suite, il vous a accepté.
01:20 Ah ben il était, à mon plus grand étonnement, j'ai reçu une lettre de la NRF, me disant que j'étais publiée dans la collection blanche.
01:30 Je suis complètement tombée des nuits, parce qu'honnêtement, entre temps, j'avais complètement oublié que j'avais un manuscrit chez Gallimard.
01:38 C'était quoi ce livre ?
01:40 Alors, je racontais toute ma vie en province.
01:44 Moi je suis une fille de pharmacien, d'un petit bled, d'Uberi.
01:49 Je me suis heureusement évadée très tôt.
01:53 On va en parler.
01:54 Donc ce livre, vous passez dans cette émission qui est vraiment l'ancêtre d'Apostrophe.
01:59 Lecture pour tous, on le regardait en noir et blanc.
02:01 D'ailleurs, à côté de vous, il y a Marcel Auclair, qui était la pionnière du courrier du coeur, qui passe aussi dans cette émission.
02:07 Et qui a été vraiment une pionnière du genre.
02:10 Alors moi, j'ajouterais que j'avais intérêt dans cette émission parce que quelqu'un s'était désisté au dernier moment.
02:18 Donc j'ai fait cette émission mythique en bouche trop haut.
02:23 Alors, Lucien Clerc, c'est un photographe important.
02:26 D'ailleurs, il a été le premier photographe élu à l'Académie des Beaux-Arts.
02:30 Il a été président d'accadémie des Beaux-Arts.
02:33 Il vous a repéré parce que vous posiez pour lui des photos d'art.
02:37 C'est-à-dire que pour gagner un peu d'argent, j'étais le modèle d'un peintre qui vivait à Arles.
02:47 Et l'après-midi, j'étais libre.
02:50 Donc je faisais du stop avec une petite mini-jupe en jean, très court-vêtu.
02:56 Et j'allais au Santuari de la Mer pour me baigner.
03:00 Et j'étais mon maillot, j'allais un peu loin sur une plage déserte et je me baignais à poil.
03:09 Et un jour, je vois un mec qui arrivait vers moi.
03:12 Je disais "c'est quoi ça ? Un violeur ? Un mateur ?"
03:15 Bon, j'étais quand même assez méfiante.
03:18 Et je remets vite mon maillot et ce jeune homme arrive et me dit "n'ayez pas peur, je suis Lucien Clerc".
03:30 Moi je ne savais pas qui c'était du tout.
03:33 "Et j'aimerais bien, est-ce que vous pourriez recommencer à vous baigner nu en vous roulant sur le sable ?"
03:40 Moi j'étais vraiment prête à tout, tout ce qui était drôle à faire, m'amuser.
03:45 Et j'ai dit "oui oui, bien sûr".
03:47 Et donc, il shootait comme un malade.
03:51 Et je lui dis "mais vous allez faire quoi avec ces photos ? Ah des expositions, vous inquiétez pas, on ne voit pas votre visage."
03:58 Je lui dis "mais quand même, j'aimerais bien... Écoutez, je suis Lucien Clerc, vous pouvez vous renseigner."
04:05 Donc j'ai demandé au propriétaire de l'hôtel, petit hôtel que j'habitais, rue de Sauvage,
04:13 "tu connais Lucien Clerc ?"
04:15 Il me dit "mais comment je connais Lucien Clerc ? C'est un photographe, t'es connu."
04:19 Mais moi je ne le savais pas.
04:21 Et c'est comme ça que je suis devenue amie avec Lucien et qu'il a publié des tas de photos de mes fesses.
04:26 - Alors en fait, à l'époque, vous vous prénommez Anne, et je crois que si vous vous appelez Agathe, c'est grâce à Raymond Queneau.
04:34 - Oui, parce que Raymond Queneau était un grand mathématicien et il adorait la numérologie.
04:42 Donc un jour, mon vrai nom c'était Anne.
04:46 Donc un jour il me dit "Anne, ça ne correspond pas du tout à votre personnalité, ça ne va pas.
04:51 On va chercher avec la numérologie un nom." Et il a trouvé Agathe ou Zoé.
04:58 Et moi j'ai dit "ah Zoé c'est marrant."
05:01 Alors il dit "Zoé Godard, Agathe Godard."
05:04 Agathe Godard est mieux numérologiquement parlant.
05:08 C'est comme ça que j'ai été débaptisée par Raymond.
05:11 - Vous êtes née près de Châteauroux dans un petit village de 2000 habitants je crois,
05:18 qui est à quelques kilomètres de Châteauroux où votre père était pharmacien.
05:21 - Oui. Et mon père était pharmacien et son rêve ultime était que je fasse pharmacie
05:28 et que j'épouse un pharmacien et que je reprenne l'officine.
05:32 - Seulement voilà, vous étiez une mauvaise élève.
05:35 Et vous étiez une tellement mauvaise élève qu'un jour, il vous envoie chez quelqu'un que Beko a chanté.
05:41 - Les madames qui venaient voir notre oncle après-dîner, on les appelait Tante Jeanne.
05:48 - Ça c'est Beko dans une chanson.
05:50 D'ailleurs quand il était à l'Olympia, dans la version originale, on nous emmenait au cinéma.
05:54 On nous emmenait à l'Olympia. Et la Tante Jeanne, vous en avez une.
05:58 Et je crois, Agathe Godard, que c'est votre plus mauvais souvenir.
06:01 - Que quoi ? - La Tante Jeanne, c'est votre plus mauvais souvenir.
06:04 - Je crois, oui aussi. - Qu'est-ce qui s'est passé ?
06:08 - Ben, à l'Olympia ? - Non, non, avec votre vraie Tante Jeanne,
06:13 qui vous a élevée à Besançon dans un lycée.
06:17 - Ah, alors c'est la soeur de mon père, qui était un personnage très folkoche,
06:24 d'une avarice hallucinante, et qui a tenté de me dresser.
06:31 - C'est-à-dire que votre père vous a envoyée dans son lycée qu'elle dirigeait
06:34 pour justement faire des études sérieuses. Et ça n'a pas marché du tout.
06:39 - Ça n'a pas marché du tout. Non, j'ai eu mes deux bacs à 16 ans,
06:43 mais après, dès que j'étais en fac, j'ai eu l'impression d'être lâchée
06:47 et j'avais aucune envie, ni de faire médecine, ni de faire pharmacie,
06:52 ce qu'exigeait mon père. - Oui, mais cette tante était particulière.
06:56 Elle n'avait jamais eu d'hommes dans sa vie. Et vraiment, quand on parlait de folkoche,
07:00 folkoche et vipéropointe, il ne faut pas l'oublier, d'Hervé Bazin.
07:04 Et la contraction de folkoche, ça vient de folle et cochonne.
07:08 Bon, elle n'était pas cochonne, mais elle était folle.
07:10 - Non, malheureusement, elle n'était pas cochonne.
07:12 - Mais elle était totalement folle. - Elle était quand même assez névrosée,
07:17 dans la mesure où elle n'aimait que l'argent. Elle était d'une avarice incroyable,
07:22 puisque moi, mes parents, mon père donnait de l'argent pour moi chaque mois.
07:27 Et que tous les matins, elle me disait "Tu te rends compte combien tu me coûtes ?
07:31 Ça, ça coûte tant, ça, ça coûte tant." Et la nuit, parfois, elle me réveillait en disant
07:35 "J'ai senti une odeur d'orange, t'as dû voler une orange dans la cuisine.
07:39 Je les ai courtées, il en manque une." Enfin, c'est une névrose à ce point-là.
07:45 - Oui, mais comment on vit quand on est adolescente avec ce genre de femme pendant des années ?
07:49 - Il faut se rebuffer, sinon on finit à Saint-Anne.
07:53 - Voilà, mais comment vous avez fait pour vous rebuffer ?
07:55 - Eh ben, pour me rebuffer, d'abord, quand elle essayait de me frapper,
08:02 j'ai pris un pic-feu, je lui ai dit "Tu me frappes et je t'embroche."
08:05 Non, moi, j'étais dure aussi. Et puis, je me suis toujours rebuffée, je la volais.
08:13 - Oui. - Je vais réussir à faire un double,
08:15 parce qu'elle mettait tout sous les placards à double tour.
08:19 Et j'avais réussi à faire un double de clés. Et donc, je la volais.
08:23 Mais elle ne le voyait pas parce qu'elle était persuadée
08:26 que je ne pouvais pas avoir accès à son sac à main.
08:30 Et, par exemple, quand il arrivait un paquet pour moi,
08:36 elle le mettait sous clé tout de suite en me disant
08:40 "Oui, tu as reçu ça, mais tu le mangeras tout de suite, on le met de côté."
08:43 - Oui. Non, mais c'est affreux ce genre de choses.
08:46 Alors, les vacances, c'était pas mieux, parce que vous rêviez à l'époque
08:48 d'aller à la mer, à Gatgoda, et votre père vous emmenait partout, sauf à la mer.
08:53 - Ben, on rêvait d'aller, ma mère surtout, ma mère rêvait d'aller à la mer.
08:59 Et son grand rêve, c'était d'aller à Cannes.
09:04 Mais bon, elle a très rapidement compris que ça, ça ne se ferait jamais.
09:07 Alors après, elle est revue à la baisse, et c'était Royan.
09:11 Et un jour, mon père nous a mis dans sa voiture, mon frère et moi,
09:15 puisque j'ai un frère plus jeune, et nous voilà partis pour Royan.
09:21 Et à peu près à 100 kilomètres, il a fait un demi-tour, il a dit
09:26 "Mais non, qu'est-ce que je vais aller faire à Royan ?
09:28 Je ne suis bien que sur mes terres, et on n'a jamais atteint le bord de la mer."
09:34 - C'est fou. Ce qui vous a sauvé pendant ces années à Gatgoda, ce sont les livres.
09:38 - C'est quoi ? - Les livres.
09:40 - Oui, les livres. Ben oui, parce que j'avais rencontré une parisienne,
09:46 une fille qui venait en vacances, qui me refilait "Juillet de Céline",
09:52 et je dévorais ses livres. Et mon père, quand il me voyait en train de lire,
09:56 il me disait "Mais qu'est-ce que tu fais encore à te mettre des mauvaises idées
10:00 dans la tête ? Tu ferais mieux d'aller biner."
10:03 - Oui, car votre père n'aimait qu'une chose, c'était la nature, la forêt et les champs.
10:08 - Voilà, mais mon père était... En fait, il avait fait pharmacie à contre-cœur,
10:14 et il était un vrai paysan, un espèce de hobro dans l'âme.
10:19 Et la seule chose qu'il passionnait, c'était la page où il y avait les marchés, le...
10:26 - Les bestiaux. - Les bestiaux.
10:28 Il avait un élevage de taureaux de concours, enfin tout ça le passionnait.
10:33 Et il allait sur ses terres et il laissait la pharmacie à ma mère,
10:36 qui était devenue préparatrice en pharmacie et qui tenait la baraque.
10:40 - Et vous, votre rêve à Gat-Godard, c'était d'être journaliste, non ?
10:44 - Ah ben moi, je voulais toujours être journaliste, depuis que j'avais...
10:48 J'avais vaguement, quand j'avais 10 ans, rêvé d'être coiffeuse,
10:52 et très rapidement, je m'étais dit "Non, journaliste, c'est mieux."
10:55 Et mon père avait dit "Il n'en est pas question, c'est un métier de vannue-pierre,
11:00 tu seras pharmacien ou médecin, je ne paierai pour rien d'autre."
11:04 - Bon, et ben vous avez ensuite gagné à être connue.
11:06 On va en parler avec une date qui, je vous rassure, ne vous correspond pas,
11:10 le 15 mars 1879.
11:12 A tout de suite sur Sud Radio avec Agathe Godard.
11:15 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:18 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Agathe Godard
11:22 pour son livre "Mes nuits parisiennes" chez Flammarion.
11:25 On connaît votre signature, notamment dans Paris-Mâches pendant des décennies.
11:29 Et là, vous racontez votre parcours dans ce livre,
11:31 on a vu votre jeunesse difficile.
11:33 Ensuite, vous rêviez de journaliste,
11:35 et c'est pour ça que j'ai choisi la date du 15 mars 1879.
11:39 Ce jour-là paraît le premier numéro du "Petit Écho de la mode",
11:43 qui est l'ancêtre de la presse féminine,
11:45 et qui se vend, au 19e siècle, à 200 000 exemplaires.
11:48 Et vous, vous allez débuter dans ce qui deviendra en 1955 l'Écho de la mode.
11:53 - J'ai débuté à l'Écho de la mode, effectivement,
11:56 parce qu'entre-temps j'étais partie aux États-Unis où je m'étais mariée,
12:01 et je suis rentrée après mon divorce,
12:04 ne connaissant plus personne sauf Jean-Loup Dabadie,
12:08 qui avait fait un papier sur "Pousse avec ton pain".
12:11 - Voilà, il était journaliste à l'époque.
12:12 - Et journaliste.
12:14 Donc je l'ai appelé,
12:16 et il m'a dit "Je suis désolée, moi je ne suis plus journaliste,
12:20 mais allez voir ma femme Geneviève Dorman,
12:23 à l'Écho de la mode".
12:26 Et bon, me voilà partie à l'Écho de la mode,
12:29 qui ne me semblait pas vraiment un journal qui correspondait à ce que j'aimais,
12:34 puisque aux États-Unis j'avais été stagiaire chez Mademoiselle.
12:37 - Mademoiselle, qu'il faut savoir, est un magazine américain
12:40 qui a été fondé en 1935,
12:42 et qui a cessé de paraître en 2001.
12:44 - Ouais. - Et qui était un magazine féminin.
12:46 - Ah, c'était un très joli magazine pour jeunes filles.
12:50 - Et à l'époque vous viviez dans le Michigan, je crois.
12:52 - Ouais, et vous avez rencontré quelqu'un dans le Michigan
12:55 qui n'était absolument pas connu.
12:57 * Extrait de "Aux Champs-Élysées" de George Michael *
13:03 - Vous avez connu Joe Dassin, étudiant aux États-Unis à Cattegoddard.
13:06 - Eh oui, parce que imaginez-vous que j'ai habité en arbore,
13:12 dans le Michigan,
13:14 et que je m'étais inscrite en élève libre à l'université du Michigan.
13:21 Et là, j'ai rencontré Joe Dassin,
13:24 qui faisait des études de sociologie,
13:27 et qui allait rentrer à Paris,
13:31 mais qui n'avait aucune idée de faire une carrière de chanteur.
13:36 - Non, à l'époque, il voulait être cinéaste comme son père.
13:38 - Voilà.
13:39 - Mais je crois qu'il jouait à l'université du Brassens
13:41 en s'accompagnant à la guitare, pour le plaisir.
13:44 - Également.
13:45 Mais il pensait pas du tout faire une carrière de "Aux Champs-Élysées".
13:50 Et c'était quelqu'un de formidable.
13:52 C'était quelqu'un de plein d'humour, très chaleureux.
13:57 Et on s'est revus un peu après, quand il est devenu un chanteur célèbre.
14:02 - Alors justement, j'en reviens à votre carrière au début.
14:07 Geneviève Dorman vous reçoit,
14:09 et elle vous envoie sur des reportages qui ne correspondent pas du tout
14:13 à ce que vous aimez à Cattegoddard.
14:15 - Oui, alors Geneviève m'avait fait une sorte d'interview,
14:19 quand j'ai vu la première fois,
14:21 et je lui avais confessé que je n'aimais pas l'eau,
14:25 suite à une noyade dans un barrage dans le Béry.
14:32 Et bon, elle avait écouté tout ça,
14:34 et à la fin de l'entretien, elle me dit
14:36 "Bon, revenez me voir la semaine prochaine avec une liste de sujets".
14:41 Je lui apporte une liste de sujets qui correspondait parfaitement
14:45 à la clientèle de dames convenables de l'écho de la mode,
14:50 et elle me dit "Oui, oui, tout ça c'est très bien,
14:53 en revanche, tu vas me faire d'abord des pénichés,
14:58 un couple sur une péniche qui transporte du charbon,
15:02 et qui remonte la scène".
15:04 Et moi j'ai cru qu'elle se foutait de ma gueule.
15:07 Et j'ai manqué de lui dire "Ah non, je vais pas sur une péniche".
15:11 Surtout que j'arrivais à New York,
15:14 j'étais vraiment une enfant gâtée par mon mari,
15:16 donc l'idée de me retrouver sur un tas de charbon,
15:20 ça ne m'amusait pas du tout.
15:22 Finalement, j'ai dit "Bon, allez, j'accepte".
15:25 Et comme ça, elle ne pourra pas dire que je ne veux pas travailler,
15:29 et me voilà partie sur la péniche.
15:32 - Vous êtes allée au charbon, si j'ose dire.
15:33 - C'est le cas d'un jour.
15:35 - Et puis vous avez ensuite eu un reportage "Mission Impossible",
15:39 c'est rencontrer James Adlet-Chez, le roi du roman policier.
15:43 - Oui, parce qu'après ce mémorable reportage sur la péniche,
15:50 Geneviève me dit "Il faudrait que tu fasses
15:54 une interview de James Adlet-Chez".
15:59 Alors je savais très bien qui était Chez,
16:01 puisque je suis une grande lectrice de Polard.
16:04 Et j'ai dit "Vous avez les coordonnées ?"
16:07 Elle m'a dit "Les coordonnées, tu les trouves".
16:11 Heureusement, j'avais un ami qui était un super flic
16:15 au Renseignement Général, je ne sais pas quoi.
16:17 Donc il m'a donné le numéro de Chez,
16:22 à l'époque évidemment pas de portable.
16:25 Je l'ai appelé et ça a donné...
16:30 Je lui ai dit "Voilà, je suis une hollande, l'écho de la mode".
16:33 Il m'a dit "Pardon, quoi ?"
16:36 Je lui ai dit "C'est un journal très lu, bla bla bla".
16:39 Elle me dit "Il n'en est pas question,
16:42 je ne fais plus d'interviews".
16:44 Et j'insiste "Mais je suis jeune journaliste,
16:47 j'ai besoin que vous m'aidiez".
16:48 Il s'en fiche total.
16:50 Et là, énervé, je lui dis "Vous avez tort,
16:53 parce que je suis blonde et j'ai les yeux verts".
16:55 Et il sourit et me dit "Ah, ça change tout,
16:59 on va le voir demain à 15h".
17:02 - Et c'est comme ça que vous avez interviewé James Adlet-Chez.
17:04 Ça s'est tellement bien passé qu'il vous a donné,
17:07 je crois, un exemplaire du roman qui a été traduit
17:09 dans le monde entier, qui est son premier roman
17:11 qu'il a écrit à 39 ans, qui est "Pas d'orchidée pour Miss Blandich".
17:15 - Oui. Et après, en partant, il m'a dit "Écoutez,
17:21 j'aimerais que vous fassiez les prochaines couvertures
17:24 de mes livres avec le photographe Walter Caron,
17:29 parce que vous correspondez tout à fait à mes héroïnes".
17:32 Et il m'a signé un livre qui était "Tu seras seule dans ton cercueil",
17:39 je crois, en mettant en anglais "Pour Agathe Codard,
17:44 vous qu'aimez, m'en concorde".
17:46 Qui est venu, qui m'a conquis. J'étais grisée.
17:51 - Alors ensuite, vous avez quitté ce journal pour travailler
17:53 dans un autre journal que Daniel Philippe Paki avait acheté
17:57 en 1962, parce qu'il avait surfé sur le succès
18:01 de "Salut les copains". C'est 20 ans.
18:04 - Alors 20 ans, c'était un très joli journal,
18:06 une espèce de Vogue junior, où on avait quand même
18:10 une magazine de la mode, de la beauté.
18:14 Et c'était parfait pour moi, parce que j'ai eu cette chance
18:19 de rencontrer cette femme qui s'appelait Anne Restory
18:22 à l'écho de la mode, qui me dit "Mais qu'est-ce que tu fais là ?
18:24 T'es pas faite du tout pour ce journal.
18:26 Moi, je prends la direction de 20 ans, je t'emmène avec moi".
18:30 C'est comme ça que j'avais atterri à 20 ans.
18:32 Et là, vraiment, je me suis beaucoup amusée
18:36 et j'ai rencontré ce personnage extraordinaire
18:39 qui était Hervé Guibert, qui a apparu un jour
18:44 dans le couloir où j'avais mon petit bureau,
18:48 blond, comme une espèce d'ange, et qui m'a dit
18:52 "Je veux absolument travailler avec vous".
18:55 J'ai dit "Bon, ben, welcome".
18:57 Je suis rentrée et c'est comme ça que j'ai connu Hervé
19:01 et qu'on est devenus très amis, que malheureusement,
19:05 il est mort très jeune du sida.
19:08 - Comme beaucoup d'autres, hélas.
19:09 Alors, il se trouve que 20 ans est un journal révolutionnaire,
19:12 parce que des journaux pour les jeunes filles,
19:14 après, il n'y en avait pas beaucoup.
19:16 Il y a eu "Mai 68", c'était autre chose.
19:18 Et d'ailleurs, il y avait une rédactrice en chef
19:20 qui s'appelle Isabelle, à une époque.
19:22 Et Michel Houellebecq a cité dans un de ses romans,
19:25 qui est "La possibilité d'une île",
19:26 le journal "20 ans" et cette rédactrice.
19:28 Je ne sais pas si vous le savez.
19:29 - Non.
19:30 - Ah voilà.
19:31 - Vous me l'en prenez.
19:32 - Alors, vous vous donnez la spécialiste des photographes,
19:36 et je crois, Agathe Goddard, qu'à cette époque,
19:38 vous allez découvrir des photographes devenus célèbres,
19:40 comme Dominique Yserman.
19:42 - Ben oui, c'est...
19:44 Si vous voulez, moi, je n'avais pas beaucoup d'argent,
19:47 donc je ne pouvais pas m'offrir des grands photographes.
19:49 Alors, j'ai trouvé Dominique Yserman dans un catalogue,
19:54 où elle photographiait, mais elle avait un tel style
19:57 que j'ai tout de suite appelé Dominique,
20:00 et qui est venu...
20:01 Après, j'ai trouvé Demarchelier,
20:04 qui est devenu une énorme star aux États-Unis.
20:07 Après, j'ai trouvé...
20:10 Qui y avait encore ?
20:11 - Tous les photographes vous doivent quelque chose,
20:14 et il y a surtout quelqu'un qui vous doit aussi beaucoup,
20:17 c'est un Serge Lutens, qui est devenu un roi du make-up.
20:21 - Serge, il ne me doit rien,
20:24 parce que c'est quelqu'un qui a tellement de talent,
20:27 que c'était tellement évident.
20:29 Évidemment, je l'ai beaucoup soutenu
20:32 quand j'avais le journal 20 ans.
20:34 J'ai exigé qu'on fasse 6 pages sur ses make-up,
20:38 qui étaient complètement révolutionnaires,
20:39 puisque au moment où les filles devaient avoir bonne mine,
20:43 les joues roses, la bouche rose, et donc...
20:46 Serge avait lancé une femme qui devait être pâle,
20:51 les yeux charbonneux, et la bouche carminée et rouge son.
20:57 Donc, moi j'avais été complètement grisé par ce look,
21:03 et je l'ai beaucoup défendu.
21:07 - Et résultat, il est devenu une star mondiale aujourd'hui
21:09 dans le genre, pour les parfums, et il vous doit beaucoup.
21:14 D'ailleurs, vous êtes opposée à Franca Berger,
21:16 la sœur de Michel Berger, qui travaillait, qui ne voulait pas.
21:19 - Elle détestait, elle disait,
21:22 "Oh, mais Daniel Philippe Ackie va détester Anne-Marie Perrier,
21:26 avec qui je travaillais, va détester Julie Franca.
21:30 On s'en fiche, on fait ses pages sur le teint."
21:33 - Et ça a marché.
21:34 Alors ça, c'était votre première partie de carrière.
21:36 Il y en a eu une autre qu'on va évoquer à travers une autre date,
21:39 le 1er mars 1978.
21:42 A tout de suite sur Sud Radio avec Agathe Godard.
21:44 - Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
21:47 - Sud Radio, les clés d'une vie.
21:49 Mon invité, Agathe Godard, le livre "Mes nuits parisiennes"
21:52 chez Flammarion.
21:53 On a évoqué vos débuts, vos débuts dans le journalisme aussi,
21:56 avec "20 ans" et "L'écho de la mode".
21:58 Et puis, il y a une date importante, le 1er mars 1978,
22:02 l'ouverture du Palace.
22:04 C'est une soirée que vous avez vécue sans imaginer
22:07 que le Palace deviendrait mythique.
22:10 - Le Palace, j'ai adoré tout de suite,
22:12 mais je n'ai pas pu imaginer que ça deviendrait cet endroit
22:16 qui est vraiment de folie, comme on n'en voit plus.
22:21 Parce que ce qui était formidable, c'est que Fabrice Emmer
22:26 avait décrété qu'il n'y avait pas de club privé.
22:30 Ce n'était pas un club privé.
22:32 Vous étiez beau garçon, vous aviez un style,
22:35 vous aviez une tronche, un look.
22:39 Que vous soyez fille, garçon, plombier ou académicien,
22:46 vous rentriez.
22:48 Donc, il y avait un mélange hallucinant.
22:51 - Il faut dire que l'idée est née lorsqu'Yves Morosie,
22:53 qui dînait souvent dans le restaurant de Fabrice Emmer, le 7,
22:57 revient un jour de New York et a dit
22:59 "J'ai trouvé un truc fantastique à New York, c'est le Studio 54".
23:02 Et c'est comme ça que Fabrice Emmer a eu l'idée,
23:04 grâce à Morosie, du Palace.
23:05 - Absolument.
23:07 Le Studio 54, c'était formidable parce que j'ai habité New York,
23:11 alors j'allais beaucoup au Studio 54.
23:13 Et Fabrice a retrouvé complètement cet esprit.
23:18 Et ça a été un succès énorme parce que le monde entier,
23:23 les célébrités, les acteurs, les chanteurs,
23:26 Jean-Mick Jagger, Les Stones, tout ça,
23:28 tout ça passait au Palace et c'était vraiment une folie.
23:33 Le problème, c'est qu'il y avait quand même beaucoup de cams.
23:36 - Oui, ça, autre chose, on va en parler.
23:37 Mais surtout, le Palace, le premier soir,
23:41 il y a eu un événement, c'est cette chanson.
23:43 * Extrait de "La vie en rose" de Grace Jones *
23:51 Grace Jones, "La vie en rose",
23:53 c'est une chanson que Marguerite Monod, sa compositrice,
23:56 n'a pas voulu signer en disant "C'est de la guimauve, ça marchera jamais".
23:59 Quelle erreur.
24:00 Et ça, vous avez vu cette séquence,
24:03 et Grace Jones, qui est une icône,
24:05 vous avez eu le privilège de faire partie de ses amis à Gat Goddard.
24:08 - C'est-à-dire que Grace, je l'ai connue à 20 ans.
24:11 Un jour, j'ai vu arriver une fille blaque,
24:16 à moitié à poil, dans mon bureau,
24:18 et qui s'est mise à danser comme une folle.
24:21 Et elle m'a dit "Voilà, je m'appelle Grace Jones,
24:25 je n'arrive pas à travailler".
24:27 Et moi, j'ai dit "Grace,
24:31 on va faire la couverture de 20 ans.
24:33 On va faire ça à Deauville, sur des chaises blanches, vous, toutes noires".
24:38 Elle a dit "Génial".
24:40 Et après ça, elle a commencé à beaucoup travailler,
24:43 et ça a beaucoup changé sa vie.
24:45 Elle ne l'a jamais oubliée.
24:47 Et la photo qui est en couverture du livre,
24:50 c'est à une soirée où,
24:52 tout d'un coup, elle m'a aperçue,
24:54 et elle a traversé la salle, je crois que c'était à l'alarme phare,
24:57 elle a traversé la salle comme une folle,
25:00 elle m'a attrapée dans les bras, soulevée,
25:02 parce qu'il faut dire que Grace, quand même, elle est très costaud.
25:06 Et voilà, depuis, on s'est...
25:10 Malheureusement, elle vit à la Jamaïque les trois quarts du temps,
25:14 mais quand elle est à Paris, quand elle passe,
25:16 là, elle va faire une tournée mondiale,
25:20 elle va peut-être passer par Paris,
25:22 je serai là pour la voir.
25:25 On a vraiment une amitié, elle n'a jamais oublié
25:28 que j'avais dit tout de suite oui,
25:30 que je lui avais fait une couverture de 20 ans.
25:33 - D'ailleurs, l'une des idoles...
25:37 D'ailleurs, parmi les fans de Grace Jones,
25:40 il y a Beyoncé,
25:41 puisqu'il l'a crédité dans son album Renaissance sous le titre "Move".
25:45 Beyoncé est une fan absolue de Grace Jones.
25:47 - Ah bon ? - Oui, complètement.
25:49 - Vous me l'apprenez.
25:50 - Alors, "Le Palace", j'en reviens,
25:52 il y a des soirées décadentes,
25:54 il y a des choses extraordinaires, moi je me souviens de Frédéric Mitterrand
25:56 faisant de la balançoire au Palace.
25:59 - Oui, dans les centres.
26:00 - C'était fou ce qui se passait.
26:02 On n'a jamais vu ça ailleurs.
26:05 - Moi, je crois que c'était vraiment unique au monde, le Palace.
26:10 D'abord, le lieu était magnifique,
26:12 cet ancien théâtre et tout ça.
26:14 En plus, il y avait cette piste de danse énorme en bas
26:17 et après, il y avait le restaurant où on pouvait être tranquille.
26:21 C'est là où Andy Warhol m'avait fait dessiner une tête de lion,
26:25 qui est mot-signe, et signé.
26:29 Alors qu'en général, les artistes ne signent pas
26:31 quand ils vous offrent une œuvre.
26:33 Et il l'avait signé,
26:36 et moi je l'ai offert à Daniel Eschter qui me disait
26:39 "Oh, je rêve d'avoir un Warhol",
26:41 j'ai dit "Ah, j'en tiens, ben voilà, t'en auras un".
26:43 - C'est magnifique, Daniel Eschter qui continue tranquillement
26:46 sa vie à l'extérieur de la France
26:49 et qui a beaucoup, beaucoup fait pour la mode et pour la création.
26:52 Alors, il y a aussi des personnages insolites que vous avez croisés
26:55 comme Alain Pacadis, qui est un personnage que j'ai croisé aussi,
26:59 qui travaillait pour Libération comme chroniqueur
27:01 et qui était l'anti-chroniqueur parisien.
27:04 - Oui, absolument.
27:06 Et alors Alain, il était tellement stone tous les soirs
27:10 qu'un jour, il allumait une clope
27:13 et je sais pas comment,
27:16 il a jeté la lumette, c'est tombé sur son pantalon
27:20 qui était en tergale et qui a pris...
27:22 Une matière synthétique qui a pris feu.
27:25 Il commençait à avoir du feu au bas de son pantalon,
27:27 j'ai dit "Tu vas brûler".
27:30 Ouh, il comprenait pas, il voyait rien du tout.
27:34 Donc je lui ai éteint le feu à son pantalon avec ma canette de coca.
27:39 - Et il a été furieux parce que son pantalon était fichu.
27:41 - Non, il s'en fichait complètement, il s'en rendait même pas compte.
27:44 - Oui, c'était un personnage tout à fait étonnant.
27:46 Il était chroniqueur parisien toutes les soirées mondaines,
27:49 il vivait dans une chambre de bonne avec...
27:52 Si, si.
27:53 Et d'ailleurs il est mort étranglé par un de ses compagnons
27:55 dans la chambre de bonne où il vivait.
27:58 Et là c'est assez triste.
27:59 Et pourquoi tu dis comme ça et pourquoi beaucoup de gens étaient comme ça ?
28:02 C'est que vous l'avez dit, la drogue circulait beaucoup à l'époque à Gatbodard.
28:06 - Bah oui mais...
28:07 C'était une époque...
28:09 Comment dire ?
28:11 On a plus aujourd'hui la légèreté qu'on avait à c'époque Jacques.
28:17 On était léger, on n'était pas préoccupé par la guerre en Ukraine,
28:21 par la guerre...
28:24 la guerre en Israël, tout ça.
28:27 On n'avait pas tout ça, on était...
28:30 Bon après, on a eu le sida qui a beaucoup...
28:35 quand même plombé les choses.
28:37 Mais on a eu la chance de vivre toute une période...
28:44 où le plaisir, l'amusement étaient nos mantras.
28:50 - Exactement.
28:51 Bon, vous n'avez jamais touché à la drogue, vous le précisez dans votre livre,
28:54 mais vous avez échappé à tout ça, au poppers, à toute l'ecstasy qu'on peut imaginer.
28:59 - Non parce que...
29:02 Vraiment le...
29:03 Moi je me suis dit si je commence
29:06 un rail de cocaïne à Sniffek, j'aime ça, je vais continuer.
29:10 Je me connais.
29:11 Donc j'ai dit non tout de suite, à tout.
29:14 Et je me suis brouillée avec Helmut Berger,
29:18 parce qu'à sa soirée d'anniversaire où j'étais allée,
29:21 en Italie,
29:24 il voulait absolument que je prenne des poppers.
29:26 J'ai dit non Helmut, je veux pas tes poppers.
29:29 Et il m'a...
29:30 Pendant que je dansais avec un bel italien, il m'a écrasé un popper.
29:35 J'ai fait un espèce de truc cardiaque.
29:39 Donc on a dû m'emmener un peu à l'hôpital pour voir ce qui se passait.
29:43 J'avais des battements de cœur épouvantables.
29:46 Donc j'ai un très mauvais souvenir des poppers.
29:50 - Alors il se trouve aussi que vous êtes rentrée à l'époque à Paris Match
29:53 grâce à Daniel Filippacchi qui a insisté
29:55 pour que vous rejoigniez cet hebdomadaire en vous disant
29:59 "le monde appartient à ceux qui se lèvent tard".
30:01 - Oui, ça m'a beaucoup séduit.
30:03 Ce qui me séduisait moins c'est que quand il a vendu 20 ans,
30:08 Daniel m'a dit "vous restez dans mon groupe,
30:10 il est hors de question que vous partiez".
30:12 Bon, j'étais très flattée.
30:14 Et en même temps il m'a dit "vous voulez aller dans quel magazine ?"
30:19 Moi j'ai dit "je vais aller à lui".
30:21 Parce que je m'amusais beaucoup avec mes copains de lui.
30:25 On faisait des papiers déconnants genre
30:29 "la défaite à Neuneu sur les mecs qui arrivaient plus à bonder".
30:35 Et Daniel a dit "non, il n'en est pas question, vous n'allez pas à lui".
30:40 Je lui ai dit "vous allez à Match".
30:42 Ah, j'ai dit "non, pas à Match".
30:45 "Mais pourquoi vous voulez pas aller à Match ?"
30:47 Je lui ai dit "mais parce que moi je sors d'un magazine de paillettes
30:53 pour jeunes filles, comment je peux aller à Match
30:59 où il y a des gros reporteurs qui font la guerre, etc."
31:03 Je me sentais complètement illégitime pour voir il Matches.
31:06 Et finalement vous l'avez fait,
31:08 et il y a une rubrique qui s'appelle "Les gens" qui a été lancée.
31:10 Et finalement vous êtes devenue la pionnière des Chronique People.
31:14 On oublie d'ailleurs que People au départ c'est un journal américain
31:16 qui a fort tirage, qui fait des articles très sérieux sur les gens connus
31:24 alors que les People n'ont rien à voir.
31:26 Et vous vous êtes retrouvée comme ça dans le bain de la nuit parisienne à 4 Godard.
31:29 Bah oui, mais les People on faisait...
31:32 Vous imaginez qu'à l'époque ça s'appelait "Les gens"
31:35 et on faisait avec François Pédron 16 pages, toutes les semaines.
31:42 16 pages !
31:43 Sur les gens connus qui acceptaient de vous recevoir
31:45 parce qu'à l'époque c'était beaucoup plus simple
31:47 de rencontrer quelqu'un de connu chez lui qu'aujourd'hui.
31:50 Ah bah c'est-à-dire que maintenant
31:53 si vous demandez à un acteur ou une actrice, un chanteur de faire des...
31:57 Ah non, il y a son agent image, il y a son agent machin.
32:01 Avant on était copains, voilà, et ça se passait comme ça.
32:06 Tout de suite ça a changé beaucoup.
32:08 Les rapports...
32:10 C'est devenu très difficile de travailler.
32:13 Par exemple à Cannes, moi j'avais l'habitude de couvrir le festival
32:17 avec Henri Tulio les 10 dernières années de match.
32:21 Et on pouvait plus travailler parce que
32:26 on était assignés à des endroits.
32:30 L'actrice descendait 3 minutes dans tel endroit,
32:36 elle ne devait pas bouger, enfin...
32:38 Ça ne veut plus rien dire.
32:39 Exactement. Alors à cette époque-là vous commencez à sortir le soir
32:42 et les années 70 c'est vraiment la vie parisienne la nuit.
32:45 Il y a un lieu fantastique que vous racontez dans votre livre,
32:48 Agathe Godard, c'est l'Alcazar de Paris où tout se passait la nuit.
32:51 L'Alcazar c'était...
32:53 Moi j'y allais pratiquement tous les soirs.
32:56 C'était vraiment le cabaret où Jean-Marie Rivière
33:00 avait mis des travelos, engagé des travelos.
33:06 Et d'ailleurs je ne sais plus qui, je crois que c'est Chazot
33:10 qu'il appelait l'entrepreneur des travelos publics.
33:13 Exactement. Il y avait un spectacle fantastique, une revue,
33:16 il y avait Dani qui chantait "Papa vient d'épouser la bonne".
33:19 Oui et quand elle n'était pas là, Jean-Marie Rivière me traînait sur la scène et disait
33:24 "Et maintenant voilà Agathe Godard dans "Papa a épousé la bonne".
33:28 C'est moi qui me tapais en playback "Papa a épousé la bonne".
33:32 C'était un lieu de fête qu'on ne peut plus imaginer aujourd'hui.
33:35 Toutes les stars étaient là tous les soirs.
33:37 Et puis il y avait un numéro extraordinaire, je ne sais pas si vous vous en souvenez,
33:40 c'était Serge Davry qui se cassait des assiettes sur la tête.
33:43 Oui, sur la tête, très bien.
33:44 C'était extraordinaire ça.
33:46 Et la grosse babette.
33:47 Il y avait la grosse babette qui chantait "Laisse les gondoles à Denise"
33:50 par Rodion Chela.
33:51 Mais Serge Davry, c'est extraordinaire, il se cassait, on ne sait pas comment, des assiettes sur la tête.
33:56 Oui, je m'en souviens très bien.
33:58 Et il se trouve qu'il y a un jour dans un restaurant, un monsieur qui le croise,
34:00 il fait "Ah je vous connais, vous êtes Serge Davry".
34:02 Il fait la même chose, résultat douze points de suture.
34:05 Le monsieur n'avait pas connu le truc de Serge Davry.
34:07 C'est extraordinaire.
34:09 Alors, il y avait aussi Régine dans vos relations.
34:11 Régine, vous avez fait le bouchon pour elle, c'est extraordinaire.
34:14 Oui.
34:15 Alors Régine, un jour on m'a dit...
34:19 J'ai rencontré Régine, elle était au Jimmy's à Montparnasse.
34:23 Et c'était un copain de Vogue qui m'avait amenée.
34:28 Et tout de suite, elle m'a prise à la bonne parce qu'elle avait vraiment ses têtes.
34:32 Et elle m'a dit "Reviens, t'es chez toi, nanana".
34:35 Et puis elle m'a dit "Il y a un concours de porte-jartel dans huit jours, je veux que tu le fasses".
34:41 Bon, ok.
34:43 J'étais pas farouche.
34:45 Et me voilà partie à Pigalle acheter des porte-jartel.
34:49 Et des talons.
34:50 Et le soir, je monte donc sur l'estrade.
34:55 Régine nous faisait monter.
34:57 On était une douzaine de filles.
35:00 Et moi j'étais persuadée que j'allais gagner parce que j'avais vraiment des trucs de pute très sexy et tout.
35:06 Et ben, j'étais dauphine parce que la gagnante n'avait pas de culottes.
35:12 Voilà.
35:13 En tout cas, vous vous mettez à nu dans ce livre qu'on va continuer à évoquer à la date de sortie le 24 avril 2024.
35:19 A tout de suite sur Sud Radio avec Agathe Godard.
35:23 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
35:26 Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Agathe Godard.
35:29 On a donc vécu vos débuts dans le journalisme.
35:32 Paris Match notamment.
35:34 Et puis le 24 avril 2024, vous publiez Minuit Parisienne chez Flammarion
35:38 qui est le récit de votre vie au-delà du journalisme.
35:41 D'abord, pourquoi avoir fait ce livre, Agathe Godard ?
35:44 J'ai fait ce livre parce que j'avais envie de parler.
35:50 Au départ, je voulais faire un livre sur les célébrités que j'avais croisées.
35:55 Et puis, ce qui est drôle, c'est que j'ai un jeune homme Sri Lankais qui travaille à la maison
36:02 qui me dit "Madame, je travaille chez une dame qui voudrait votre numéro de téléphone."
36:09 Donc je lui dis "Qui c'est cette dame ?" "Elle travaille chez Flammarion."
36:12 Je lui donne mon numéro.
36:14 C'est comme ça que j'ai rencontré Valérie Dumeij,
36:17 mon inspirante éditrice, directrice littéraire.
36:23 On a déjeuné ensemble.
36:25 On est restés très tard au restaurant.
36:29 Et elle me dit "Mais..."
36:31 J'ai rencontré un peu mon enfance, mon province, mon adolescence, tout ça.
36:37 Elle me dit "Mais t'as un parcours qui est vraiment incroyable et tout.
36:42 Il faut aussi débuter par ton enfance, ton adolescence et ensuite, ne pas faire que des célébrités."
36:51 C'est comme ça que je me suis retrouvée à faire un livre
36:56 parce que j'avais quelque part besoin aussi, après une analyse et tout,
37:03 de reparler de certains moments un peu traumatiques de mon enfance,
37:10 de reparler de toute cette période de Paris Match qui a été quand même une période formidable
37:18 parce que j'avais toujours rêvé d'être journaliste
37:23 mais jamais j'avais pu imaginer que je serais journaliste à Paris Match.
37:27 Donc voilà, c'était une sorte de bilan et je me suis prise au jeu et je me suis mise à écrire.
37:35 - Voilà. Alors on a commencé à parler de ce bouchon de Régine, on n'a pas terminé.
37:40 Vous êtes quand même une journaliste qui a de la bouteille donc on peut parler de ce bouchon.
37:43 C'était une chose très particulière chez Régine que peu de gens connaissaient.
37:48 - Oui, alors Régine m'avait emmenée à Montécarle où elle avait cette boîte extraordinaire au bord de la mer
37:56 et elle avait une table réservée à ses gros clients où elle les envoyait, elle venait les rejoindre.
38:05 Tout le monde rêvait d'être à cette table.
38:07 Moi, elle m'avait installée à cette table en disant "tu vas faire le bouchon".
38:12 Je disais "on va faire ça, le bouchon".
38:15 "Tu vas commander du champagne, tu vas dire 'oh comme le ciel est plein d'étoiles ce soir'
38:23 et pendant ce temps-là tu vis ton verre de façon à ce que la personne que je t'aurais envoyée commande une autre bouteille".
38:31 Et j'ai fait un triomphe sur le bouchon jusqu'au jour où un espèce de colosse a commencé à essayer de me tripoter.
38:46 On me disait "tu vois le collier que j'ai autour du cou, si t'es gentille avec moi".
38:52 J'ai dit "attendez, je ne suis pas un escort girl, je suis une copine de Régine".
38:56 Et comme il continuait, je lui ai quand même mis mon poing dans la gueule et je lui ai ouvert un peu la joue.
39:03 Et là, ça a été la brouille totale avec Régine, je suis repartie à Paris et finalement elle m'a rappelée.
39:10 Je lui ai dit "ok, je reviens mais je ne ferai plus le bouchon".
39:15 - Alors côté colosse, vous avez connu quelqu'un aussi qui est dans le même genre physiquement
39:20 mais quelqu'un qui est votre concitoyen, c'est Gérard Depardieu que vous avez connu à ses débuts à Châteauroux à Gat-Guedart.
39:27 - J'ai connu Gérard en 78. - Oui, débuté.
39:32 - Puisque je suis rentrée à Marche en 78, c'est un des premiers reportages que j'ai fait
39:38 puisque le chef des informations, sachant que j'étais béré jaune, m'a dit "tu vas aller faire Depardieu dans le béret
39:47 puisqu'il tue un cochon et qu'il le ramène à Paris pour faire sa charcuterie".
39:52 C'est comme ça, avec le cochon, que j'ai reconnu Gérard.
39:56 - Un personnage incroyable. Lorsqu'il arrivait à Châteauroux, il était chez lui.
40:00 Il aidait beaucoup de gens d'ailleurs discrètement, il donnait de l'argent à des gens.
40:04 - Gérard a toujours été quelqu'un de très généreux.
40:07 Il aidait beaucoup sa famille parce qu'il avait Hélène, sa soeur, qui était à Paris,
40:15 qui vivait à Beaujival à côté de chez lui, mais il avait encore un frère et une soeur plus jeunes
40:20 qui étaient plutôt au chômage, qui n'avaient pas beaucoup de boulot, il les aidait.
40:25 - Il devait aussi d'aider la Lilette qui était à Châteauroux, à qui il donnait de l'argent à chaque fois.
40:31 - Ah la Lilette, il lui mettait de l'argent dans son soutien-gorge, il disait "tiens la Lilette, tu t'achèteras
40:37 une nouvelle gaine et une pierre tombant dans le cimetière de Châteauroux".
40:41 - C'était une habitante de Châteauroux qu'il connaissait depuis toujours.
40:45 Qui c'était la Lilette ?
40:47 - La Lilette ? La Lilette, elle était formidable.
40:51 Quand on arrivait avec Gérard chez ses parents, en général midi, une heure,
40:57 ils étaient avec la bouteille de rouge sur la table et ils buvaient des coups.
41:03 Et voilà, après son frère et sa soeur la plus jeune, ils débarquaient un peu hirsutes.
41:10 Et après on allait toujours chez son copain Bardet.
41:14 - Jean Bardet, restaurateur à l'époque. Et il y avait un autre copain qui a débarqué un jour, c'est Jean Carmet.
41:20 - Ah ben souvent on descendait avec Jean Carmet à Châteauroux.
41:25 - Oui, car il était de la région aussi.
41:27 - Et on habitait chez Bardet.
41:31 Et moi j'avais le lit de la fille de Bardet, qui était partie en colonie ou je sais pas quoi.
41:37 Et eux, ils avaient un lit tous les deux.
41:42 Et ils sortaient après, bourrés, dans les rues de Châteauroux après le dîner,
41:49 en jouant de la trompette et ils allaient taper chez les prostituées de Châteauroux
41:56 qui devaient avoir, qui étaient couchées depuis très longtemps,
42:00 parce qu'à 23h, tout était éteint.
42:02 Et il y avait Carmet qui sautillait, qui disait "je veux voir Thérèse, la retraitée du cul".
42:07 Et Gérard ouvrait, c'est de Bardieu, bon personne n'ouvrait.
42:11 Il rentrait en jouant du clairon.
42:13 Et là, chaque fois, c'était la même chose, ils me disaient "viens dormir avec nous, on te fera rien".
42:21 Je disais "mais non, écoute, vous allez ronfler et tout".
42:24 "Viens dormir avec nous, on te fera rien".
42:26 Et du coup je dormais entre Carmet et Gérard, bourrés, qui ronflaient.
42:31 Et quand ils étaient bien endormis, je me cassais.
42:33 - Moi je me souviens d'un jour, un reportage, c'était pour les compères de Francis Weber,
42:38 Gérard de Bardieu est là, Jean Carmet arrive, il le prend, il le soulève,
42:43 et il le jette dans la piscine tout habillé.
42:45 C'était un signe d'affection de Gérard de Bardieu à Jean Carmet.
42:49 - Oui mais, Gérard, il adorait Jean.
42:53 Parce qu'une fois on a été dans son château de Tignes,
42:58 et je sais plus, pour les vendanges, j'avais reçu une bâche l'eau,
43:03 je me souviens de ça, et à un moment,
43:06 j'ai vu qu'il devenait triste comme ça,
43:09 et il me dit "viens, je vais te montrer quelque chose".
43:12 J'ai dit "ok".
43:14 Et il m'a ouvert une pièce qui était une petite chambre,
43:18 et il avait les larmes qui coulaient.
43:20 J'ai dit "ça c'était la pièce où dormait mon Jean, c'était la chambre de Carmet".
43:25 Il aimait vraiment profondément Jean Carmet.
43:28 - Et puis il avait un fan, et ça je ne le savais pas,
43:31 et vous êtes à l'origine de la rencontre entre Gérard de Bardieu et John Travolta.
43:36 - C'est-à-dire, je ne suis pas à l'origine de la rencontre,
43:39 c'est John Travolta qui avait tout d'un coup décidé de rencontrer Gérard,
43:46 parce qu'il avait vu les valseuses qui s'appelaient "Going places" aux Etats-Unis,
43:51 et il avait décrété qu'il voulait rencontrer Gérard.
43:54 Donc il avait pris son jet, son Boeing,
43:58 il avait débarqué, et il avait trouvé le lieu où il tournait,
44:03 et tout d'un coup, moi j'étais là sur le tournage,
44:06 je crois que c'était l'inspecteur là-bas,
44:09 et j'ai vu arriver, j'ai halluciné, j'ai cru vraiment que je rêvais,
44:17 Travolta qui dit "je cherche Gérard en anglais".
44:21 "I am looking for Gérard de Bardieu".
44:25 Ah, j'ai dit "ok", et j'ai été chercher Gérard quand il a eu terminé une prise,
44:31 le soir on a été à Bougival et ça a été le début d'une grande grande amitié.
44:36 - A tel point que vous êtes allé vous-même avec Gérard de Bardieu à Santa Barbara,
44:40 chez John Travolta. - Oui, après on a été plusieurs fois,
44:44 et chaque fois,
44:47 une fois il nous a présenté John Mohamed Ali,
44:53 ce qui pour moi était fascinant, puisque j'aime beaucoup la boxe et les boxeurs,
44:59 puisque vous le savez, vous avez dû lire, j'ai eu une affaire avec un boxeur,
45:06 une romance pendant deux ans avec un jeton,
45:09 donc rencontrer un boxeur comme Mohamed Ali, c'était vraiment formidable.
45:14 Et puis après, ils se sont revus de temps en temps,
45:18 et je crois qu'ils se sont un peu perdus de vue.
45:21 - En tout cas, ce jeton, effectivement, vous en aviez parlé,
45:23 il s'appelle Frank Winschorstein, et il se trouve que Daniel Guichard l'a chanté.
45:28 "Il a un rire de joyau dans le fond des yeux,
45:32 ses amis, il a le cœur au bord des couilles,
45:36 le jeton, le jeton, le jeton".
45:38 - C'est vrai que Frank aurait pu être champion du monde,
45:41 parce que Sylvester Stallone lui avait presque donné des cours.
45:45 - Non, c'est-à-dire que Sylvester Stallone, qui était un très bon ami de John,
45:51 et moi j'étais très copine avec lui aussi,
45:53 avait dit, quand j'étais chez Travolta avec le jeton, avec Frank,
46:00 on a organisé un rendez-vous avec un manager de grands champions,
46:08 qui était le manager de plusieurs boxeurs dont ce qu'occupait Stallone,
46:13 qui aimait beaucoup la boxe, et donc on est arrivé,
46:17 il a fait perdre de gants, il a fait monter sur le ring,
46:21 il lui a donné des partenaires de plus en plus durs,
46:24 et chaque fois il les mettait KO, et là il a dit,
46:27 "je veux celui-là, je le veux, il est blanc,
46:32 et il sera champion du monde, il gagnera beaucoup d'argent".
46:35 - Et il ne l'a pas fait ?
46:36 - Non, il est un jeton, il a dit "oui, oui, oui, oui",
46:39 et au moment de partir, non.
46:42 - Il y a quelqu'un, Gagad Godard, et vous en parlez avec beaucoup d'émotion,
46:46 qui a compté pour vous, c'est Sylvie Vartan.
46:49 - Ah bah Sylvie, on s'est connue au moment de Vantan,
46:53 et on ne s'est plus jamais quitté, et je veux dire que,
46:57 dès qu'elle est apparue, on se voit,
46:59 et Sylvie c'est quelqu'un qui restera dans ma vie.
47:05 - Vous avez été à son concert à Las Vegas,
47:08 lorsqu'il y avait eu une affiche avec écrit
47:11 "le plus beau cadeau que la France ait fait à l'Amérique"
47:13 depuis la statue de la liberté.
47:15 - Oui, et là j'avais fait venir Travolta, qui tournait pas très loin,
47:20 et le premier soir, Sylvie, c'était assez froid, le public,
47:25 et je ne sais pas pourquoi, le deuxième soir,
47:28 il s'est produit un miracle, elle a fait un triomphe en chantant "La Maréza".
47:33 Tout le casino s'est levé, elle a vraiment fait un triomphe.
47:38 - Moi je me souviens avoir fait un papier à cette époque-là,
47:41 et avoir reçu un coup de fil furieux de Line Renaud en disant
47:44 "Sylvie Vartan oublie que j'ai chanté à Las Vegas avant elle".
47:47 Les histoires entre stars... - C'est drôle.
47:51 - Alors il se trouve aussi que votre métier vous a obligé, si j'ose dire,
47:55 à vivre des dîners parisiens, avec la Jet Set, avec beaucoup de gens,
48:01 et ça c'est pas une épreuve, mais tous les soirs se retrouver,
48:05 notamment avec la soirée des Besses entre un Ecclesiastique
48:09 et Victor-Emmanuel de Savoie, c'est pas simple à gérer.
48:12 - Ah non, la soirée des Besses avec Massimo, c'était quand même toujours la rigolade.
48:18 Quand moi je me retrouve entre Victor-Emmanuel de Savoie,
48:23 et l'huissier d'Ostro, et une pute de...
48:27 Une escort girl de... Comment ça s'appelait ?
48:30 Oh, ministre italien. - Oui, de Berlusconi.
48:34 - Berlusconi, c'était assez quand même kitsch.
48:38 - Oui mais ces soirées parisiennes n'existent plus,
48:40 c'est-à-dire qu'on se retrouvait à table pour dîner
48:43 avec des gens qu'on ne reverrait plus ensuite.
48:46 - Moi ça m'amuse toujours...
48:48 J'ai fait ce métier pour découvrir des gens, moi,
48:51 par curiosité, je suis une curieuse.
48:53 Alors j'avais envie de rencontrer des gens, beaucoup de gens différents,
48:58 et là, ces dîners, j'aimais bien à cause de ça,
49:04 parce que je pouvais rencontrer des gens, on était assis,
49:06 on avait le temps de parler, et voilà.
49:09 - Nous aussi on a eu le temps de parler ensemble de ce livre
49:13 "Mes Nuits parisiennes" que vous avez écrit,
49:16 et qui intéressera beaucoup de gens parce que c'est vraiment une époque révolue.
49:19 Vous avez eu un privilège de vivre cette époque.
49:22 - Oui, c'est-à-dire que c'est vraiment la vision de 30 ans d'une époque révolue,
49:29 malheureusement, il faut le dire.
49:32 Bon, il faut regarder de l'avant,
49:34 mais c'est quand même moins joyeux que dans ces années-là,
49:39 et c'est aussi un parcours d'une petite fille de pharmacien
49:47 qui a réalisé ses rêves les plus fous.
49:50 - Voilà, donc ce livre s'appelle "Mes Nuits parisiennes"
49:52 chez Flammarion, je le recommande vivement à celles et ceux
49:55 qui nous écoutent et qui ont envie de rêver.
49:57 Merci à Jacques Godard de l'avoir écrit.
49:59 - C'est moi qui vous remercie Jacques.
50:01 - Les Clés d'une Vie c'est terminé pour aujourd'hui,
50:03 on se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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