• il y a 10 heures
Avec Jean-Marie Dru, publicitaire français.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-01-16##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:05Le monde de la publicité vous a appris à résumer votre pensée en quelques secondes,
00:09voire en une phrase.
00:11Exceptionnellement, vous allez disposer d'une heure pour évoquer votre parcours
00:15que vous racontez aujourd'hui dans un livre.
00:17Bonjour Jean-Marie Druy.
00:18Bonjour.
00:19Alors c'est vrai que vous êtes un publicitaire,
00:21vous avez un parcours étonnant qu'on va évoquer,
00:23que vous racontez dans ce livre les canards majuscules aux éditions Télémat,
00:27qui va être le fil conducteur des clés d'une vie.
00:29À partir de date clé, vous connaissez l'émission ?
00:31Oui, bien sûr.
00:32Alors, j'ai trouvé d'abord une date qui n'a pas de rapport avec vous,
00:35mais qui est importante dans votre vie.
00:36C'est le 1er janvier 1958,
00:39la date de début de diffusion à la télévision de cette émission.
00:48Les 5 dernières minutes,
00:51qui était au départ un jeu où on devait trouver une énigme,
00:53et qui est devenue une dramatique avec Raymond Souplex.
00:56Oui.
00:57Qui vitait toujours par le bon sens, mais c'est bien sûr.
01:01Exactement.
01:01Et ce qu'on a oublié, c'est que des grandes stars
01:03comme Serge Gainsbourg, comme Françoise Fabian,
01:06et même Pierre Brasseur, qui a eu son dernier rôle,
01:08ont été dans les 5 dernières minutes.
01:10Ah bon ?
01:10Et c'est vrai que ça vous a marqué.
01:12Oui, en 1958, je n'avais que 10 ans.
01:15Oui.
01:16Mais c'est vrai que l'émission a duré, je ne sais pas, 10 ou 20 ans.
01:18Jusqu'en 71.
01:19Oui.
01:20Et cette émission, en fait, c'est un symbole pour vous de la télévision de votre enfance,
01:25Jean-Marie Druy.
01:27Ah oui, j'en parle un petit peu dans mon livre.
01:29C'est vrai que c'était l'époque où il n'y avait qu'une seule chaîne.
01:32Oui.
01:32En noir et blanc.
01:33Et il y avait 700 000 postes en France.
01:35Voilà.
01:35Et donc, on avait la chance, dans ma famille, d'avoir une télévision.
01:39Et donc, c'était l'époque aussi des spickrins, que vous vous souvenez,
01:41qui annonçaient les programmes.
01:43Catherine Langeais, qui était notre tante à tous, si je puis dire.
01:48Jacqueline Huet, qui était très jolie,
01:49et qui devait faire monter les taux d'écoute des télévisions à ce moment-là.
01:52Et puis, il y avait toutes ces émissions-là.
01:54Vous voulez que je vous en parle un peu ?
01:55Le seul qu'on regardait le plus, c'était, en particulier,
01:58la grande émission de Pierre Belmar, qui s'appelait « La tête et les jambes ».
02:01Complètement.
02:01Il y avait un intellectuel auquel on posait des questions.
02:03Et puis, s'il n'arrivait pas à répondre à ces questions,
02:05il était rattrapé par un sportif.
02:07Et de semaine en semaine, les épreuves étaient de plus en plus difficiles.
02:10Mais c'était...
02:11Et puis, il y avait Interville, déjà.
02:12Oui, mais « La tête et les jambes », c'est assez spécial.
02:14En fait, c'est André Gillois, un résistant de la France Libre,
02:17qui avait commencé l'émission.
02:19Oui.
02:19Il avait fait un jeu de lois.
02:20Ça n'a pas marché du tout, la première soirée.
02:22Ça a duré trois heures et demie.
02:23Il n'y avait même pas la moitié du jeu.
02:24Et on a demandé à Belmar de sauver le truc.
02:26Et c'est comme ça qu'est née « La tête et les jambes ».
02:28Et c'est comme ça que Pierre Belmar est devenu un homme
02:29extrêmement célèbre en France, à cette époque-là.
02:31Il y avait aussi la grande messe du 20h avec Georges Decaune.
02:34Oui.
02:35Oui, il y avait la grande messe...
02:36Oui, c'était un homme que j'aimais beaucoup.
02:38Moi, j'étais très jeune à l'époque.
02:40Mais il me séduisait.
02:40Il avait cette espèce d'humour permanent.
02:43Toujours un sourire au coin des lèvres.
02:46Et son fils a hérité de cet humour un peu facétieux, dirons-nous.
02:50Antoine Decaune, fils de Georges Decaune et de Jacqueline Joubert.
02:53Il se trouve que dans ce livre, dans les premières pages,
02:55vous évoquez ce temps que les beaucoup plus de 20 ans ne connaissent pas forcément
03:00en évoquant ces trente glorieuses d'après-guerre
03:03où on allait à l'école en toute sécurité
03:05et votre mère vous faisait un signe par la fenêtre et ça se passait bien.
03:08Oui, absolument.
03:09C'est drôle que vous me disiez ça parce que j'aime beaucoup le tennis.
03:12Et j'ai recherché l'autre jour des informations sur un match
03:18qui avait lieu où il y a eu un score imprésemblable.
03:20C'était des professionnels.
03:22Roland-Garros, c'était un premier set qui était 24-22.
03:25Et donc j'ai retrouvé.
03:26Et ce match a eu lieu en 1958 ou 1959.
03:31J'avais été le voir en nocturne, en prenant le métro.
03:34J'avais des parents pourtant très stricts.
03:36À 11 ou 12 ans, à cette époque-là,
03:38on pouvait prendre le métro à 11 heures du soir en toute sécurité.
03:41Et Roland-Garros, à cette époque-là, il n'y avait pas de stars.
03:44C'était juste des passionnés de tennis.
03:47Oui, quand on allait à Roland-Garros à l'époque,
03:49c'est invraisemblable aujourd'hui de penser ça.
03:50Quand vous arrivez le jour de la finale,
03:52vous pouviez descendre sur la tribune des,
03:56vous arriviez dans les premiers, vous étiez tout en bas.
03:59Et en plus, comme je le raconte dans mon livre,
04:02j'avais 11-12 ans là encore,
04:03quand j'allais à Roland-Garros pour la première fois,
04:05il y avait un trou dans le grillage du boulevard d'Auteuil.
04:09Donc on pouvait rentrer gratuitement.
04:11Descendre dans la tribune et assister à la finale.
04:13Et le stade n'était pas plein.
04:14Voilà, alors dans ce livre,
04:15Les Canards Majuscules, Jean-Marie Dru,
04:17vous racontez aussi que ce tennis a marqué votre vie par passion.
04:23Mais il faut savoir que les stars sont arrivées grâce à Juliette Mills,
04:26une comédienne qui vivait à l'époque avec Jean-Paul Lotte, responsable.
04:30Et c'est elle qui a amené les premières stars
04:31et qui a fait ce que les people sont ensuite venus à Roland-Garros.
04:35Ça, je ne le savais pas.
04:36Mais de toute façon, il y a eu d'autres raisons
04:38qui ont fait que Roland-Garros est devenu ce qu'il est devenu.
04:40En particulier, c'est un peu long à expliquer,
04:42mais à l'époque, le tennis était coupé en deux.
04:44Il y avait d'un côté les amateurs qui se disaient ne gagner pas d'argent
04:47et de l'autre côté les professionnels.
04:48Et les deux ont fusionné en 68.
04:51En mai 68.
04:53Et à partir de ce moment-là, il y a eu un public immense.
04:58Maintenant, il y a des listes d'attente invraisemblables
04:59pour avoir des places à Roland-Garros.
05:01Exactement. Alors Jean-Marie Dru, vous évoquez aussi l'école avec les plumes.
05:04Il y avait aussi le choix entre les plumes Sergent Major et les plumes Schaeffer.
05:08Oui, j'hésitais. Je crois que j'utilisais plus les Sergent Major pour être honnête.
05:12Mais c'est à l'époque où on avait encore des plumiers.
05:14C'est une espèce de boîte en bois dans laquelle on mettait son porte-plume,
05:17sa gomme et ses crayons dans des vieux bureaux avec des abattants qu'on levait
05:22et sur lesquels il y avait des traces des élèves précédents
05:27qui avaient creusé leur nom sur le bois de ces bureaux.
05:32Mais oui, c'est une autre époque.
05:34C'est l'époque des tableaux noirs avec des craies qui nous faisaient frémir
05:37parce que les professeurs s'en servaient mal et les faisaient crisser.
05:41Oui, c'est une autre époque.
05:42Oui, et c'est aussi celle où le stylo à billes a été autorisé,
05:45ce qui n'était pas le cas avant, on ne peut pas l'imaginer aujourd'hui.
05:47En 1960-1961, on a autorisé les élèves à avoir un stylo à billes.
05:51Oui, mais j'étais déjà en quatrième ou en troisième,
05:53donc j'ai passé des années et des années avec un porte-plume.
05:56Et puis, il y avait aussi les échanges avec les biscottes de beurre et le cirage kiwi.
06:01Qu'est-ce que c'était ça ?
06:02J'en parle dans mon livre parce que j'avais une collection de buvards.
06:07On avait des buvards à l'époque pour sécher ce qui avait été écrit avec le porte-plume.
06:13Et donc, tous les enfants faisaient des collections de buvards.
06:17Je crois qu'il y en avait plusieurs centaines et certains étaient très beaux.
06:20Ils avaient même un recto glacé.
06:22Et les collections les plus connues étaient justement ce dont on venait de parler,
06:26les collections kiwi et eau de beurre.
06:28Il y a eu après les drapeaux de l'Europe de l'Alsacienne qui ont marqué une génération.
06:32C'était qu'à la naissance de l'Europe, on collectionnait les drapeaux sur un grand tableau.
06:35Absolument.
06:36Vous parliez du métro justement et il y a une chanson qui évoque le métro que vous preniez.
06:49Aujourd'hui, on passe avec des guichets automatiques.
06:52Mais à l'époque, il fallait attendre le poissonneur et il y avait une foule.
06:55Parfois, il y avait un guichet avec un poissonneur.
06:58Il poissonnait avec son poisson les billets.
07:01Il avait des petits confettis blancs.
07:03Aujourd'hui, il y avait à peu près 20 ou 30 mètres carrés de petits confettis blancs en fin de journée.
07:07Et il fallait faire la queue.
07:08Parfois, on faisait la queue dix minutes, un quart d'heure avant de pouvoir rentrer sur le quai.
07:12Et vous rentriez chez vous.
07:13Vous aviez comme voisin un écrivain célèbre, Pierre Véry.
07:16Oui.
07:17Qui a fait deux livres très connus.
07:18Un qui s'appelle « Goupilles mains rouges » et l'autre…
07:21« Les disparus de Saint-Agile ».
07:22« Les disparus de Saint-Agile ».
07:23Il y a un film qui a été tourné par Christian Jacques.
07:25Et dans ce film, il y a un figurant qui a 12 ans au réfectoire.
07:28C'est Charles Aznavour.
07:29Ah bon ?
07:30Il n'est même pas au générique.
07:31Il apparaît dans le film quelques secondes.
07:32Je ne le savais pas.
07:33Alors, il se trouve aussi que vous viviez dans ce qu'on appelle aujourd'hui le triangle d'or,
07:37les Champs-Élysées.
07:38À l'époque, ça n'avait rien à voir, Jean-Marie Druve, avec ce que c'est aujourd'hui.
07:41C'est drôle de vous poser cette question.
07:43Parce qu'à chaque fois que je vais en parler à ma femme et qu'on passe dans ces trucs,
07:45elle n'arrive pas à me croire que je lui explique que c'était un quartier comme un autre.
07:47C'est vrai qu'il y avait deux couturiers.
07:50Il y avait Givenchy en bas de la Pneu Georges V et Christian Dior en Avenue Montaigne.
07:55Mais à part ça, toutes les autres boutiques n'étaient pas des boutiques de luxe ou de mode comme aujourd'hui.
08:00C'était des marchands de couleurs, des charcutiers, des boulangers.
08:03Et donc, ce quartier, le fameux triangle d'or, était un quartier comme un autre.
08:07Je ne sais pas, comme Auteuil ou les Batignolles ou Montparnasse.
08:10Et on circulait parfaitement en voiture, même parfois en grillant les feux rouges sans problème.
08:15Oui, sans problème.
08:17Parce qu'à l'époque, on avait le droit de tourner à droite à un feu rouge
08:21s'il n'y avait pas de piétons qui passaient sur le passage loté.
08:25Donc, tout le monde tournait à droite.
08:27C'était une époque où il y avait très peu de sens unique.
08:29Par exemple, le boulevard Saint-Germain ou la rue de Rivoli ou les Grands Boulevards étaient à double sens.
08:34Et vous faisiez de la patinette même sans problème ?
08:37Oui, je faisais surtout des patins à roulettes.
08:39Je descendais l'Avenue Georges V à 100 à l'heure
08:42et je faisais des grandes pirouettes devant le restaurant Marius et Jeannette, qui existait déjà.
08:46Et quand on pense, dans les années 60, Johnny Hallyday et Franck Alamou, avec leur triomphe,
08:50faisaient des courses de voiture à 300 à l'heure la nuit sur les Champs-Élysées ?
08:53Ah bon ?
08:54Personne ne leur disait rien à l'époque ?
08:56Non, mais c'est vrai qu'on pouvait rouler.
08:58Il n'y avait pas de limitation de vitesse à part 60 km d'heure dans les villes.
09:00Donc, on pouvait rouler à 120 ou à 140 km d'heure sur les routes de campagne.
09:04Et vous avez connu, Jean-Marie Dru, le premier self-service ?
09:07Oui, il était au coin de la rue du Bocadour et la rue Marbeuf.
09:09C'était extraordinaire.
09:11Je me souviens, j'étais enfant et j'ai trouvé ça formidable de pouvoir choisir des plats
09:16avec ce plateau qui se prenait sur les trains, de la grande train.
09:19C'était tout à fait extraordinaire.
09:22On revient vraiment aux années 50 et il y a très longtemps,
09:25il y avait beaucoup de choses qui n'existaient pas.
09:27Par exemple, les chips n'existaient pas.
09:29Moi, j'étais fou vers les chips.
09:31On connaissait les frites, mais les chips n'existaient pas, par exemple.
09:33En fait, elles viennent des Etats-Unis et c'est un certain Georges Croum,
09:36un chef cuisinier américain au XIXe siècle.
09:39Les frites n'étaient pas assez cuites, donc il s'est énervé avec le client.
09:42Il a coupé les frites de façon à ce qu'elles deviennent des chips
09:46et c'est comme ça que c'est né.
09:47Eh bien, voilà. Merci de m'en informer.
09:49Et puis, il y avait les grands magasins.
09:51Ça aussi, vous le racontez dans votre livre,
09:53on n'imagine pas les grands magasins de l'époque, Jean-Marie Dru.
09:55Il y avait un liftier pour l'ascenseur.
09:57Oui, il y avait un liftier qui annonçait étage après étage ce qu'on allait trouver.
10:05Je me souviens, par exemple, qu'il disait quatrième étage,
10:09habillement, garçonnet et fillette, par exemple.
10:13Je suivais ma mère dans le Galleria Fayette au printemps
10:15et c'était toujours une expérience difficile
10:17parce qu'elle se faufilait très vite.
10:19Comme il y avait beaucoup de gens, je perdais le fil, si je puis dire.
10:22Donc, j'étais obligé de courir derrière elle.
10:24C'est un très mauvais souvenir, en fait.
10:26Mais en tout cas, ces souvenirs de cette époque,
10:28vous le racontez dans votre livre parce qu'ils vous ont marqué à vie.
10:30Vous aussi.
10:32Je pense qu'on se souvient tous de ces moments particuliers
10:36qui ont frappé notre enfance.
10:38Ce qui est amusant, d'ailleurs, c'est que j'ai envoyé mon livre à un ami
10:41qui était l'ancien président de la Fondation de médecine,
10:44qui a 95 ans, qui l'a lu et qui m'a donné un petit mot très gentil
10:47et qui m'a dit que c'était incroyable,
10:49parce que ce que j'avais vécu dans les années 50,
10:51c'était exactement ce que j'ai vécu dans les années 30.
10:53C'est comme s'il n'y avait pas eu de guerre.
10:55Et donc, en fait, quand on remonte aux années 50,
10:57on remonte très loin, l'air de rien.
10:59Alors là, on va remonter un petit peu moins loin
11:01en évoquant votre parcours publicitaire
11:03et la date du 2 janvier 1984.
11:05A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Marie Dru.
11:08Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:11Sud Radio, les clés d'une vie.
11:13Mon invité est Jean-Marie Dru pour ce livre
11:15« Les Canards Majuscules » chez Télémac.
11:17Un livre dont on va parler longuement tout à l'heure,
11:19mais on en revient à votre parcours.
11:20C'est le principe des clés d'une vie.
11:22On a évoqué votre enfance dans les années 50,
11:24une époque où vous cherchez un peu votre voix.
11:26Et puis le 2 janvier 1984 est une date importante
11:30parce que c'est à la naissance d'une agence de publicité BDDP.
11:34Oui.
11:35C'est-à-dire ?
11:37C'est une agence que nous avons créée avec trois associés
11:40qui s'appellent Jean-Claude Boulay, Marie-Catherine Dupuy et Jean-Pierre Petit.
11:43Et qui a eu un très grand succès.
11:44Et je peux en parler sans modesty parce que ça s'est mal terminé.
11:46Oui.
11:47Donc on a eu un très grand succès.
11:49C'était la plus forte croissance en Europe dans ces années-là.
11:52Nous sommes arrivés très vite à la 3ème place
11:54derrière Avas et Publicis dans le pays.
11:56Nos compagnes étaient reconnues pour leur créativité.
11:59Et puis très vite, comme nous étions une agence d'importance en chiffre d'affaires,
12:02nous avons essayé de créer un réseau international.
12:04Et donc nous avons acheté, acquis des agences un peu partout dans le monde.
12:08Et nous étions, au bout de 7 ou 8 ans seulement,
12:11présents dans 12 pays de New York à Singapour.
12:15Donc c'était, dans un premier temps, un beau succès.
12:18Oui, c'était aussi une époque où la publicité était florissante et en pleine expansion.
12:22Oui, c'est l'âge d'or qui était entre 70 et la fin des années 90.
12:28C'était l'âge d'or de la publicité, oui.
12:29Et votre but, c'était de rivaliser avec Publicis et avec l'agence Avas.
12:34Oui, c'est ce que je viens d'expliquer.
12:35Ce qui est vrai, c'est que si vous voulez, à l'époque,
12:37Avas et Publicis étaient des agences très françaises dans l'esprit, dans les façons dont on travaillait.
12:41Mes associés et moi-même avions travaillé pendant une quinzaine d'années ou une dizaine d'années
12:46auparavant des agences américaines.
12:47Donc on était arrivé à une sorte de croisement
12:49de ce qu'il y avait de mieux de l'Amérique et de mieux de la France
12:52en matière de marketing et de publicité.
12:54Alors c'était un grand succès, mais comme je viens de vous le dire,
12:58nous avons acquis très rapidement des agences dans le monde entier.
13:01On me pose souvent la question, mais pourquoi vous avez voulu faire ça ?
13:03Parce qu'on était devenu grand, et si vous êtes grand,
13:06tous les grands clients sont internationaux.
13:08Donc vous ne pouvez pas continuer sans être international.
13:10Et donc voilà, nous sommes un peu trop endettés, même beaucoup trop endettés.
13:13On va en reparler.
13:14On va en reparler, voilà.
13:15Alors il se trouve que l'immeuble était très particulier,
13:17parce qu'il reste de cet immeuble un dessin de Jacques Tardy.
13:20Oui.
13:21Parce que l'immeuble a été détruit.
13:23Oui, parce qu'en fait, nous sommes installés pendant deux ou trois ans
13:28dans des anciens bureaux de Citroën.
13:30Nous savions qu'ils allaient être détruits.
13:32Ce qui est alors très dommage, parce que c'était un bâtiment tout à fait intéressant,
13:36un peu art déco, et qui n'aura jamais dû être détruit,
13:38ils auraient dû être classés.
13:40Et donc nous étions installés.
13:41C'est en fait là où Canal+, a construit un immeuble au bord de la Seine plus tard.
13:45Voilà.
13:46Immeuble que Canal+, a quitté depuis, comme vous le savez.
13:48Alors il se trouve aussi qu'il y avait des particularités dans cet immeuble,
13:52c'est que tous les bureaux étaient identiques.
13:54Et ça, c'était nouveau.
13:55Aujourd'hui, on en voit partout, mais c'était nouveau Jean-Marie Drupy.
13:58Oui, sauf que vous parlez d'un autre immeuble.
14:00On a été pendant trois ans dans l'immeuble dont je viens de vous parler.
14:02Ensuite, en 1987, nous avons déménagé.
14:05Et nous sommes installés dans un immeuble pas très loin d'ici, d'ailleurs, à Boulogne.
14:09Et ce qui est intéressant, c'est que lorsque nous sommes installés,
14:14l'immeuble était en construction, donc nous avons négocié avec le propriétaire
14:18de faire nous-mêmes l'architecture intérieure.
14:21Et elle est très ouverte.
14:22Et comme vous venez de le dire, tout le monde avait des bureaux de la même taille.
14:25Et ce qui est fou, c'est que nous y sommes encore aujourd'hui.
14:27Donc ça fait combien ?
14:28Ça fait 35 ans.
14:30Rien n'a changé.
14:31Et lorsque les gens visitent nos bureaux, ils ont toujours l'impression
14:33qu'ils ont été construits il y a 3, 4 ou 5 ans.
14:35Ils sont très contemporains.
14:36Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, vous passez devant des immeubles
14:38où les bureaux se ressemblent, les bureaux, les tables, tout.
14:41Oui.
14:42Et vous avez été précurseur en la matière.
14:43Tout à fait.
14:44Oui, tout à fait.
14:45Mais c'est des bureaux très ouverts.
14:46C'est difficile à expliquer en quelques mots.
14:48Mais il y a des puits de lumière.
14:50Et les bureaux, en fait, ce sont des planches de bois qui sont collées au mur.
14:53Donc, bizarrement, il y a moins de mètres carrés par employé.
14:58Mais c'est très lumineux et très ouvert.
15:01Et donc, les gens s'y sentent très bien.
15:03Vous avez aussi été un pionnier, Jean-Marie Dru, de l'ordinateur,
15:05avec des ordinateurs dans chaque bureau.
15:08Oui.
15:09A l'époque, ça ne se faisait pas.
15:10Non, c'est-à-dire que même, je vais vous faire sourire,
15:12je vais faire sourire à ceux qui nous écoutent,
15:14parce que dès le premier jour, nous avions...
15:16En fait, nous avons lancé notre agence en janvier 1984,
15:20et le Macintosh a été lancé le 24 janvier de la même année, en 1984.
15:24Et donc, dès le deuxième ou troisième mois, nous avions les Macintosh.
15:28Alors, ça va vous faire sourire, parce qu'on n'avait pas un Macintosh par personne.
15:31Il y avait un Macintosh pour deux personnes.
15:33Et ce qui, à l'époque, était révolutionnaire à tel point
15:36que les vendeurs de chez Apple faisaient visiter nos bureaux à leur prospect.
15:42Nous étions devenus comme un bureau-témoin.
15:44C'était l'époque où on mettait des disquettes dans les ordinateurs.
15:47Oui, bien sûr.
15:48Ce n'était pas du tout ce qu'il y a aujourd'hui.
15:50Non, bien sûr.
15:51Alors, vous étiez quand même à l'avant-garde de la technologie,
15:55mais aussi du développement,
15:58parce que des bureaux à New York, à Singapour et autres, ça n'existait pas.
16:01Enfin, les agences ne faisaient pas ça à l'époque.
16:04Ne faisaient pas quoi, pardon ?
16:05Ne travaillaient pas à Singapour ou à New York avec Danone, McDonald's ou Michelin.
16:09Ah si, si, il y a des agences comme Abbas qui publiaient,
16:11qui travaillaient déjà dans le monde entier.
16:12Mais vous avez fait autre chose en même temps.
16:15Vous avez développé autrement vos agences pour prendre un peu de part de marché.
16:18Oui, on a essayé surtout, si vous voulez, de faire un réseau qui était très créatif.
16:24C'est-à-dire qui souhaitait devenir toujours avec des idées un petit peu originales, différentes.
16:28Donc nous avons développé des méthodes dont on parlera peut-être un peu plus tard.
16:30Absolument.
16:31Pour unifier ce réseau.
16:32Alors, il se trouve que vos débuts dans la pub, c'est un peu le hasard, c'est HEC.
16:36Oui.
16:37Que la Zaref appelait Hautes Etudes Communales.
16:39Ah, je ne savais pas ça.
16:41Et c'est vrai que HEC...
16:42Vous avez connu Max Corp ?
16:43Bien sûr, Max Corp.
16:44C'est mon beau-père.
16:45Ah, d'accord.
16:46Il a travaillé beaucoup avec la Zaref.
16:47Il a créé beaucoup de journaux aussi.
16:49Et ça a été un pionnier de la presse.
16:52Alors, vous vous êtes retrouvé à HEC, qui est aussi révolutionnaire, Jean-Marie Truc,
16:56parce qu'il y avait un campus à Jouy-en-Josas, ce qui était novateur.
16:59Oui, c'était tout à fait nouveau.
17:01C'était un campus exceptionnel, c'est toujours le même.
17:03Avec, je ne sais pas, il devait y avoir 1000 chambres, 3 restaurants,
17:07des terrains de football, des terrains de rugby, des terrains d'escalade,
17:10une immense bibliothèque, un auditorium.
17:12Enfin, c'était tout à fait révolutionnaire à l'époque.
17:14Et d'ailleurs, depuis, comme vous le savez,
17:16beaucoup de grandes écoles se sont installées sur le plateau de Saclay.
17:19Mais HEC était le premier campus en France à l'extérieur de Paris.
17:24Et puis, vous avez commencé à travailler dans une agence de pub.
17:27Un peu par hasard, vous êtes arrivé là-dedans.
17:29Complètement par hasard.
17:30C'est venu comment ?
17:31En fait, quand j'étais à HEC, j'avais envie de faire du marketing.
17:36Au passage, le mot marketing était presque inconnu.
17:41L'option marketing à HEC avait été créée un ou deux ans auparavant.
17:45Mais je me disais que c'était quand même une discipline
17:48peut-être pas si sérieuse que ça.
17:50J'avais déjà décidé de faire du marketing plus tard,
17:52mais j'ai quand même fait une option finance.
17:54Et puis, après mon service unitaire,
17:57j'ai décidé d'essayer de faire du marketing.
17:59Et donc, pour être un peu sérieux, de rentrer dans une grande entreprise
18:01comme Danone ou Procter & Gamble.
18:04Et un ami de mon père, le fils d'un ami de mon père,
18:06m'a dit, non, tu devrais rentrer dans les publicités.
18:08Si tu rentres chez Danone ou chez Procter,
18:09les premières années, tu ne feras pas grand-chose.
18:11On te demandera de vérifier ce qui est écrit sur le baril d'Ariel.
18:14Alors que si tu rentres dans une agence,
18:16tu travailleras sur plusieurs catégories de produits.
18:18Comme les agences sont des entités très ouvertes,
18:23peut-être que tu pourras participer à des brainstormings
18:25sur des stratégies et autres.
18:26Et c'est beaucoup plus formateur.
18:27Donc, il m'a dit, fais ça trois ou quatre ans.
18:29Puis après, tu reviendras.
18:31C'est une grande entreprise.
18:32Et donc, chaque année, depuis 50 ans,
18:34pendant 50 ans, je me suis demandé
18:36quand est-ce que j'allais passer de l'autre côté.
18:38Et vous êtes resté dans cette entreprise.
18:40Et le premier entretien, avec ce qu'on appelait pas encore les DRH,
18:43a été très particulier.
18:45Ah oui, non, c'est pas avec les DRH.
18:47Non, il n'y avait pas de DRH à l'époque.
18:48Oui, c'est ça.
18:49C'est-à-dire qu'en fait, oui.
18:50Alors, en fait, j'ai été reçu,
18:52il y a dans les agences, pour simplifier à l'époque,
18:55vous aviez ce qu'on appelle les commerciaux,
18:56c'est-à-dire les gens qui avaient le contact avec le client,
18:58qui faisaient les stratégies.
18:59Puis de l'autre côté, il y avait les créatifs,
19:00qui faisaient les campagnes.
19:01Qui étaient engagés par un commercial,
19:02par un des patrons de l'agence,
19:03mais qui m'avaient demandé,
19:04en me disant que c'était juste pour lui faire plaisir,
19:07de rencontrer le directeur de création,
19:09comme s'il n'y avait pas d'importance.
19:12Puis en fait, j'ai rencontré ce directeur de création,
19:14et je ne sais pas si c'est ça que vous faites allusion,
19:16mais il s'est passé une chose tout à fait étonnante,
19:18c'est-à-dire que, de façon un petit peu,
19:20comment dirais-je, coquine, dirons-nous,
19:22il m'a fait interviewer, à sa place,
19:26quelqu'un qui avait rendez-vous après moi.
19:28Et donc, il m'a fait prendre sa place.
19:30Donc, ce n'était pas obligatoirement une très bonne idée,
19:33ce n'était pas très courtois,
19:34vis-à-vis de la personne que j'ai interviewée.
19:36Très maladroitement, à mon avis.
19:38Mais ce qui était intéressant, éventuellement,
19:41c'est que 16 ou 18 mois après,
19:4316 mois exactement,
19:44cet homme, le directeur de création,
19:45est parti fonder son agence,
19:47et par un concours de circonstances tout à fait particulier,
19:51il se trouve que j'ai pris sa place.
19:53Donc, j'ai succédé, 16 mois après,
19:55à l'homme qui m'avait fait jouer son rôle.
19:57Donc, il avait une sorte de prémonition, on va dire.
19:59C'est étonnant.
20:00En tout cas, il y a aussi une chose qui est arrivée
20:02en pleine expansion de la pub télé.
20:04La pub télé qui a commencé en 68,
20:06le 1er octobre, très exactement.
20:13La première pub télé avec Jacques Duby,
20:16qui était célèbre pour un feuilleton,
20:17l'abonné de la Ligue U.
20:18C'est vrai que la pub télé,
20:19ça a été un développement incroyable.
20:21Quand vous pensez à ce film,
20:23c'est tout sauf un film de télévision.
20:25Il dit sept fois boursin en 30 secondes.
20:28Oui, c'était un développement incroyable.
20:30Ce qui s'est passé, c'est que vous avez toute une génération
20:32de créatifs qui avaient fait des affiches
20:34et des annonces pendant 20 ou 30 ans.
20:36D'un seul coup, on est passé à la télévision.
20:37La plupart d'entre eux n'étaient pas compétents.
20:39Donc, il y a une nouvelle génération qui est entrée,
20:41de jeunes, qui avaient 10 ou 15 ans de moins.
20:44Donc, il y a eu un changement profond
20:46dans le profil des créatifs des agences.
20:48Donc, je suis rentré dans ce métier à ce moment-là.
20:50Et c'est vrai que la pub télé,
20:51il fallait beaucoup d'imagination.
20:53Oui. Comme c'était nouveau,
20:56on faisait que des choses nouvelles.
20:58Et parfois, on se trompait.
21:00Assez souvent.
21:01Mais nos clients nous pardonnaient
21:03parce qu'ils étaient aussi incompétents que nous.
21:05Et puis, par hasard, mais vraiment par hasard,
21:07de temps en temps, il y a eu une petite perle.
21:08Il y avait un superbe film qui a été créé,
21:10mais nous nous rendions compte qu'après, pas avant.
21:12En tout cas, c'est un bon début.
21:14Et ça a continué avec des hauts et des bas.
21:16Et on va évoquer aussi une date importante
21:18dans votre vie, le 1er avril 1999.
21:21A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Marie Dru.
21:24Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
21:27Sud Radio, les clés d'une vie,
21:28celle de mon invité Jean-Marie Dru.
21:30Vous avez passé 50 ans dans la publicité,
21:32on le raconte comment.
21:33Vous publiez un livre,
21:34« Les Canards Majuscules » chez Télémac,
21:36qui est votre parcours.
21:37Parcours qu'on évoque à travers des dates clés.
21:39Et le 1er avril 1999,
21:42vous participez à cette émission de télévision.
21:48La marche du siècle.
21:49Ah oui.
21:50La marche du siècle,
21:51qui était le mercredi soir à 20h45,
21:53la grande émission de débat avec Jean-Marie Kavada,
21:55qui a duré de 1987 à 2000.
21:58Et ce soir-là,
21:59vous êtes opposé au philosophe Alain Filconcrote.
22:02Et ça va pas être simple.
22:03Non.
22:04Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
22:06C'est drôle que j'aille retrouver cette émission.
22:08En fait, c'était une drôle d'émission,
22:12parce que j'ai jamais très bien compris
22:14quel était le thème de l'émission,
22:15pour être honnête.
22:16Mais c'est pas grave.
22:17C'est courant à la télévision.
22:19Quoi qu'il en soit,
22:20à un moment,
22:21j'ai cité une campagne
22:23que nous avions faite quelque temps auparavant,
22:25que j'aimais beaucoup,
22:26qui était pour les magasins Virgin.
22:28Et c'était une affiche très connue à l'époque.
22:30Évidemment, les générations actuelles s'en souviennent pas.
22:32Mais à l'époque, elle était très célèbre.
22:34Et le titre en bas était
22:36« Nous ne ferons jamais assez de place à la musique ».
22:38Et en haut-dessus,
22:39j'avais un visuel d'une très jolie femme,
22:41voluptueuse, allongée,
22:42très bien habillée,
22:43très belle photo.
22:44Ce qui était étonnant,
22:45c'est que cette femme
22:46avait des formes qui ne correspondent pas
22:49aux stéréotypes de la mode et du luxe,
22:51parce qu'elle faisait quelque chose de 130 kilos.
22:53Donc c'était une très belle affiche.
22:54C'est la première fois qu'on a montré une femme
22:56comme ça,
22:58je me répète,
22:59mais avec des formes tout à fait étonnantes.
23:01– Elle serait scandale aujourd'hui, peut-être, cette affiche ?
23:03– Non, je ne crois pas.
23:04Je ne crois pas qu'elle serait scandale.
23:05Je pense qu'au contraire,
23:06pour la première fois,
23:07on a montré une femme qui n'était pas mince, fine.
23:09Non, non, pas du tout.
23:10Je ne pense pas.
23:11Quoi qu'il en soit,
23:12je ne réponds pas à votre question.
23:13J'essaie de répondre à votre question.
23:14C'est que
23:15Anna Finkielkraut voit cette affiche
23:18et part dans une langue diatribe en disant
23:22que c'est tout à fait l'inverse.
23:24La musique nous envahit.
23:25Vous ne pouvez pas rentrer dans un restaurant
23:27sans entendre de la musique.
23:28Vous ne pouvez pas rentrer dans un parking
23:29sans entendre de la musique.
23:30On est inondé.
23:31Il faut soudoyer les garçons.
23:33Je cite,
23:34il faut soudoyer les garçons
23:35pour avoir un peu moins de musique.
23:36Ils ne sont pas contents.
23:37Voilà.
23:38En gros, je conclurai en disant,
23:39nous ne ferons jamais à cette place au silence.
23:43J'ai un souvenir très aigu de ce moment
23:45parce que tout le monde s'était esclaffé.
23:48Le studio a ri, un peu à mes dépens.
23:52Mais surtout, il y a eu un plan de coupe.
23:54Il y avait un gros plan d'une femme qui était là.
23:57Il se trouve que c'est ma femme.
23:58Ma femme riait aussi énormément.
24:00C'est un souvenir douloureux en fait.
24:02Il se trouve que les restaurants avec musique,
24:04celui qui a eu l'idée, c'est Yul Brynner,
24:07qui avait créé le Hard Rock Café à New York.
24:09Et pour que les clients mangent vite,
24:11il avait mis la musique très fort.
24:12Ah bon ?
24:13Donc, tous les trois quarts d'heure,
24:14il y avait de nouveaux clients qui ne supportaient pas la musique.
24:16C'est Yul Brynner qui avait créé le Hard Rock.
24:17Exactement.
24:18Voilà.
24:19Donc, comme quoi, l'histoire est ainsi.
24:22Il est connu pour autre chose.
24:23Il avait fait un film extraordinaire de publicité
24:25pour ou contre le cancer.
24:27Et il était face caméra.
24:28Il disait, je serai mort d'ici trois mois.
24:30Il était mort deux ans après.
24:32Donc, ne fumez plus.
24:33C'était un film d'une violence extrême
24:34et d'une grande efficacité.
24:36Vous dites dans ce livre, Jean-Marie Dru,
24:38que vous n'avez pas répondu comme il le fallait
24:40à l'infiltration,
24:41parce que vous avez l'esprit de l'escalier.
24:43Oui, tout à fait.
24:44C'est pour ça que je suis un peu impressionné en face de vous.
24:46Parce qu'à chaque fois, il veut me dire quelque chose.
24:47Je ne sais pas si ça me répond.
24:49Mais oui, c'est comme ça.
24:51C'est-à-dire que je n'ai pas le sens de la réplique.
24:54Donc, très souvent, après cette émission, par exemple,
24:57je réfléchis, j'aurais dû lui dire ça, etc.
24:59Et donc, je ne peux pas m'en empêcher.
25:01Donc, je cherche encore aujourd'hui.
25:02Parfois, c'est ridicule,
25:03mais le titre que j'aurais pu donner à un de mes bouquins
25:05il y a 10 ou 15 ans, un meilleur titre
25:07ou une meilleure réplique, oui.
25:09J'ai une, comment dirais-je ?
25:11Il n'y en a qu'une.
25:12Il se trouve que l'esprit de l'escalier,
25:13c'est une expression que l'on doit à Diderot.
25:15Il a fait cette référence pour montrer
25:17que la répartie qu'il aurait dû avoir,
25:19lui était venue à l'esprit qu'une fois arrivé en bas des escaliers.
25:21Voilà, tout à fait.
25:23Vous avez eu quelques fois un manque de répliques,
25:25notamment avec Steve Jobs.
25:28Oui, ah oui, c'est une...
25:30La première fois, Steve Jobs...
25:31Enfin, Apple est notre client depuis une quarantaine...
25:33Enfin, depuis 40 ans...
25:34Enfin, depuis une quarantaine d'années.
25:36Mais moi, je suis dans cette entreprise depuis 20 ou 25.
25:38Donc la première fois que je l'ai rencontré,
25:40il était connu pour être déstabilisant,
25:43parfois même désagréable.
25:44Donc la première fois que je l'ai rencontré,
25:46on s'est assis comme nous sommes là,
25:47on faisait l'un de l'autre.
25:49Il m'a regardé de son œil noir.
25:51Quelques instants ont passé.
25:54J'ai eu le temps de penser,
25:56il m'a posé une question, ça va être difficile,
25:58je ne saurais pas quoi répondre.
25:59Et c'est ce qui est arrivé.
26:00Il m'a posé la question suivante.
26:02« How can you be French ? »
26:04« Comment pouvez-vous être français ? »
26:06« Qu'est-ce qu'on peut répondre à ça ? »
26:08Je ne me souviens plus de ce que j'ai répondu.
26:10J'ai dû brodouiller quelque chose de pas intéressant.
26:12Mais pour revenir sur ce que je vous disais il y a quelques instants,
26:14j'ai cherché, j'ai cherché, j'ai fini par trouver la réponse.
26:1715 ans après, je crois, il avait déjà disparu, le pauvre.
26:20Donc il y a quelques années,
26:22j'ai pensé que j'aurais dû répondre la chose suivante.
26:24« How can you be French ? »
26:26J'aurais dû répondre « Luck, Steve, just luck,
26:28juste un petit coup de chance. »
26:30Mais il m'a fallu 15 ans pour trouver la réponse.
26:32C'est vrai que Steve Jobs et beaucoup d'autres
26:34sont des génies.
26:36Vous saluez ces gens qui ont inventé des choses
26:38en prenant des risques sans arrêt.
26:40Oui.
26:42C'est pas tellement qu'ils prenaient des risques,
26:44ce sont des gens,
26:46moi j'ai travaillé beaucoup pour Steve Jobs,
26:48pour Carlos Ghosn,
26:50ils ont des points communs tous ces gens-là.
26:52Ils ne voient pas le monde comme vous le voyez,
26:54ou comme je le vois,
26:56comme eux le voient,
26:58comme ils veulent qu'il soit.
27:00Ils sont intransigeants,
27:02déterminés,
27:04ils s'imposent à tout le monde,
27:06à leurs collaborateurs, à leurs clients,
27:08aux hommes politiques,
27:10aux banquiers, aux journalistes.
27:12Et donc ce sont des gens,
27:14enfin ce qu'avait surtout Jobs,
27:16c'est qu'il était parfaitement
27:18allergique à tout ce qui pouvait être
27:20toute forme de dispersion.
27:22Il avait un objectif et s'y tenait
27:24avec une volonté de faire.
27:26C'est fou, mais il y a une chanson d'Yves Duteil
27:28qui veut cette pensée.
27:30Le monde appartient
27:32aux plus sages d'entre nous
27:34Les savants, les poètes et les fous
27:36Les fous, oui, parce que
27:38c'est vrai qu'il y a les savants, les poètes et les fous.
27:40Et finalement les fous sont capables
27:42de coups, qu'ils réussissent ou qu'ils échouent.
27:44C'est amusant que vous disez ça, cette chanson,
27:46parce que nous on a fait un film pour Jobs
27:48qui était assez connu dans mon métier,
27:50mais c'est il y a longtemps maintenant.
27:52Quand il est revenu, vous savez qu'il avait été licencié
27:54de Apple et qu'il est revenu en 97-98,
27:56et il nous a dit, écoutez, j'ai pas de produit,
27:58il me faut un an ou un an et demi pour développer
28:00de nouveaux produits, donc il faudrait me faire un film
28:02sur ce qu'est Apple,
28:04sur les valeurs d'Apple, rassurer
28:06les acheteurs d'Apple sur le fait que nous n'allons pas
28:08disparaître. On a fait un grand film dans lequel
28:10il y avait Einstein, Gandhi, etc.,
28:12dont le thème était « Think different »,
28:14et il n'y avait donc que des personnalités
28:16comme celle dont je viens de parler, Picasso
28:18également, et la voix
28:20du film disait exactement ce qu'a dit Duteil.
28:22La voix du film disait à la fin,
28:24« Ceux qui sont suffisamment fous
28:26pour croire qu'ils vont changer le monde
28:28sont ceux qui en fait finiront par le changer. »
28:30Donc vous voyez, Duteil et Jobs
28:32faisaient la même chose. – Exactement.
28:34Duteil est plus poétique. Mais Jobs, je sais pas si vous savez,
28:36il a commencé en vendant des Blue Box,
28:38des appareils permettant de téléphoner gratuitement,
28:40qui étaient absolument trafiqués.
28:42Il les achetait 40 dollars,
28:44il les vendait 150 dollars,
28:46puis un jour il s'est fait braquer, ça s'est terminé,
28:48il est passé à autre chose. – Ah bon, je connais pas assez ça.
28:50– C'est tout début.
28:52– Alors, vous évoquez aussi dans ce livre
28:54les moyens mnéo-techniques,
28:56qui sont très importants pour vous aussi,
28:58et qu'on n'utilise souvent pas assez dans la vie.
29:00– Oui, vous parliez du sens
29:02de la répartie tout à l'heure, c'est vrai que je n'en ai pas
29:04beaucoup, mais de la même façon,
29:06je fais un métier où il est mieux
29:08d'être éloquent, et je suis pas
29:10particulièrement éloquent, donc
29:12j'ai pris pour habitude,
29:14tous mes collaborateurs le savent, et d'ailleurs ils suivent parfois
29:16ce conseil, d'apprendre par cœur
29:18ce que je vais dire.
29:20Vous recevez une entreprise,
29:22vous essayez de la convaincre
29:24de travailler avec vous, vous faites une présentation,
29:26si vous gagnez pas, vous allez attendre 10 ans
29:28ou 15 ans pour les revoir, donc il est essentiel
29:30que tout ce que vous dites soit parfait.
29:32Et donc le mieux c'est de l'écrire, comme ça vous êtes sûr
29:34de dire ce qu'il faut au bon moment,
29:36avec les mots les plus justes, les plus forts.
29:38Donc c'est vrai que j'ai pris cette habitude de toujours apprendre,
29:40et parfois c'était l'introduction et la conclusion,
29:42donc c'était pas trop long, mais parfois c'était beaucoup plus, ça pouvait être
29:44une présentation entière. – Oui, alors vous l'avez fait,
29:46mais en même temps,
29:48vous l'avez fait jusqu'au bout et jusqu'à ces problèmes
29:50financiers que vous évoquiez, car
29:52alors que vous étiez en pleine expansion,
29:54les banques s'en sont mêlées.
29:56– Oui, c'est-à-dire que nous avons,
29:58en fait,
30:00on avait quand même créé une boîte formidable.
30:02Je vous donne une preuve indirecte,
30:04c'est-à-dire qu'il y a encore
30:06aujourd'hui sur Facebook
30:08un groupe de 600
30:10anciens collaborateurs,
30:12et ce groupe s'appelle
30:14Nous étions tous chez BDTP,
30:16et il parle de cette époque 40 ans après,
30:18ce qui prouve bien qu'on avait créé quelque chose de fort et de singulier.
30:20Mais, comme je viens de vous le dire,
30:22nous avons été conduits à acquérir des agences
30:24dans le monde entier. On aurait pu le faire
30:26en se cotant en bourse, mais à l'époque, c'était très compliqué
30:28pour les agences de publicité de se coter en bourse
30:30en France, c'était facile en Angleterre, mais difficile en France.
30:32On l'a fait par endettement, nous sommes trop
30:34endettés, et en 1994,
30:36le président de la BNP nous a convoqués, il nous a dit
30:38que c'était la fin de la création, et donc
30:40nous avons perdu le contrôle de notre entreprise.
30:42– C'est fou, c'est un gâchis.
30:44– Oui, parce que
30:46après, ça a été compliqué,
30:48parce qu'on était repris par des fonds d'investissement,
30:50par des financiers, ça a duré 5 ou 6 ans.
30:52Moi j'ai vécu 7 ans de malheur,
30:54sans exagération,
30:56jusqu'au jour où, lasser tout ça,
30:58j'ai pris mon avion, j'ai été voir le numéro
31:00mondial qui s'appelle Omnicom
31:02à New York, et je leur ai suggéré de nous racheter,
31:04ils ont racheté notre entreprise
31:06assez financière, ils nous ont fusionné
31:08avec une agence qui s'appelle TBWA,
31:10donc je suis aujourd'hui, 25 ans après,
31:12toujours le chairman. – Voilà, et justement,
31:14vous avez donc vécu à New York pendant quelques années.
31:16– Oui. – Je crois que c'était
31:18même au moment des attentats.
31:20– Absolument, c'est-à-dire que j'étais
31:22dans mon bureau,
31:24parce qu'il devait être 9h10 du matin,
31:26hors de New York, quand les attentats...
31:28Et je m'en souviens pas de façon très précise,
31:30j'ai entendu du bruit, dans la salle de côté
31:32de la salle de réunion, et je suis allé voir
31:34ce qui se passait, il y avait une télé ouverte, il y avait 5 ou 6 collaborateurs
31:36qui étaient effrayés parce qu'il y avait eu un accident.
31:38Parce que c'était le premier avion,
31:40c'est un premier tour, donc tout le monde pensait que c'était un accident.
31:42Et puis on a vu, là je l'ai vu en direct,
31:44je l'ai pas vu en direct à l'extérieur,
31:46je l'ai vu sur la télévision en direct, le second avion sur le second tour,
31:48et là c'est absolument extraordinaire,
31:50il faut un dixième de seconde pour que tout le monde,
31:52ensemble, comprenne ce qui se passe.
31:54Donc c'était de la frayeur absolue.
31:56Et puis, ce qui s'est passé surtout,
31:58c'est qu'on ne savait pas ce qui allait suivre.
32:00Parce que c'était le début, je sais pas,
32:02d'autres bombardements, c'est-à-dire pendant
32:04plusieurs jours, New York,
32:06tous les gens de New York étaient
32:08particulièrement effrayés.
32:10En même temps, c'est quelque chose qui a marqué à vie
32:12les citoyens américains.
32:14Oui, absolument, c'était la première fois qu'il y avait une attaque sur le continent.
32:16Espérons que ce soit la dernière.
32:18Mais vous avez vécu à New York,
32:20on dit toujours qu'un Français est mal accueilli aux Etats-Unis,
32:22vous affirmez le contraire dans ce livre.
32:24Oui, c'est complètement faux,
32:26parce que, comme je le dis dans le livre,
32:28si vous voulez, les Américains sont très légitimistes
32:30sur ces sujets-là, donc si vous avez été nommé président
32:32d'une boîte, ils pensent qu'il y a de bonnes raisons,
32:34donc vous êtes accueilli.
32:36Il faut dire surtout qu'il y a
32:38un nombre de présidents directs
32:40en général aux Amériques,
32:42qui ne sont pas américains, qui sont tout à fait extranières,
32:44c'est très différent de la France. Et puis non seulement ça,
32:46si vous regardez les grands fondateurs de grandes entreprises
32:48comme Jeff Bezos, Mark Zuckerberg,
32:50Steve Jobs,
32:52tous ces gens sont des enfants de l'immigration,
32:54ils sont tous à la première génération,
32:56donc c'est un pays qui est très habitué
32:58à voir des étrangers à la tête des entreprises.
33:00Il se trouve que vous parlez anglais,
33:02mais qu'au début ça n'a pas été simple,
33:04parce qu'à l'école, l'anglais n'était pas une priorité.
33:06Jean-Marie Dru.
33:08Oui, tout à fait.
33:10J'aurais rêvé d'être bilingue,
33:12ce que je ne suis pas.
33:14Je parle suffisamment bien anglais pour avoir dirigé une boîte américaine,
33:16mais c'est différent,
33:18c'est un petit handicap,
33:20comme je l'ai souvent expliqué,
33:22si je parle en tête-à-tête avec quelqu'un,
33:24si je fais une présentation financière,
33:26si je fais un speech devant 1000 personnes,
33:28c'est pas difficile. Par contre,
33:30dès que vous avez 7-8 personnes autour d'une table,
33:32vous faites une sorte de brainstorming,
33:34les idées fusent un peu dans tous les sens,
33:36c'est beaucoup plus difficile de saisir
33:38ce qu'ils disent dans une langue étrangère.
33:40C'est ça qui m'a un petit peu perturbé,
33:42ou handicapé,
33:44pour manquer un petit peu de modestie.
33:46S'il y a une chose que je sais bien faire,
33:48c'est justement, dans une conversation,
33:50entendre, piquer la petite idée
33:52qui a été prononcée par quelqu'un,
33:54sans que personne ne se rende compte
33:56qu'il avait eu une bonne idée.
33:58Je fais ça assez bien, et en américain, c'est plus difficile.
34:00La pub en 50 ans a beaucoup changé
34:02depuis vos débuts, Jean-Marie Tru.
34:04Oui, c'est le même métier.
34:08Je pourrais parler d'une demi-heure,
34:10comment faire ça en deux minutes ?
34:12Aujourd'hui,
34:14tout part des données.
34:16C'est-à-dire qu'on a maintenant
34:18la capacité
34:20par les data, par les algorithmes,
34:22par tout ce que vous connaissez aussi bien que moi,
34:24on a la possibilité de toucher les gens
34:26au bon endroit,
34:28au bon moment, avec le bon message,
34:30au bon prix.
34:32On est vraiment dans ce qu'on appelle
34:34du marketing individualisé
34:36de masse, qui est un oxymore.
34:38C'est exactement ce qui se passe.
34:40Ça n'a rien à voir avec le fait de faire
34:42des spots TV de 30 secondes, comme je le faisais
34:44il y a longtemps. On en fait toujours des spots TV.
34:46On vient de faire un spot qui vient de sortir
34:48avec Rihanna pour le parfum
34:50Christian Dior. C'est un spot très classique
34:52dans sa conception.
34:54Mais le métier a profondément
34:56évolué. Pour le dire autrement,
34:58nous sommes 11 000 ou 12 000
35:00chez TBWA.
35:02Il y a au moins 500 ou 600 ingénieurs
35:04maintenant.
35:06En tout cas, vous l'évoquez dans ce livre qu'on va évoquer
35:08à travers maintenant de sa sortie
35:10le 7 novembre 2024.
35:12A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Marie Drue.
35:14Sud Radio,
35:16les clés d'une vie. Jacques Pessis.
35:18Sud Radio, les clés d'une vie.
35:20Mon invité Jean-Marie Drue. On a évoqué
35:22vos 50 ans de publicité.
35:24Vous êtes toujours président de TWA.
35:26C'est une grande entreprise mondiale
35:28de publicité. Mais surtout, vous publiez
35:30un livre, Les Canards Majuscules,
35:32qui est sorti chez Télémac
35:34le 7 novembre dernier.
35:36Les Canards Majuscules, il y a une raison à ce titre ?
35:38Ah oui, c'est une belle histoire.
35:40C'est où j'étais.
35:42Nous sommes à la fin des années 70. Je suis dans ma voiture.
35:44J'écoute la radio.
35:46Il y a un de vos confrères, un journaliste, qui interviewe
35:48Madeleine Robinson, une actrice très connue
35:50à l'époque, et qui lui demande pourquoi
35:52elle a appelé son livre Les Canards Majuscules.
35:54Et elle répond, il y a une trentaine
35:56d'années, je me promenais au bois de Boulogne.
35:58J'ai vu un petit garçon qui
36:00regardait les cygnes
36:02glisser sur l'eau du lac.
36:04Et il a dit à ce moment,
36:06Oh, maman, regardez, les Canards Majuscules.
36:08Dit-elle, j'ai trouvé cette expression
36:10très poétique, et
36:12j'ai beaucoup aimé ce petit garçon.
36:14Eh bien, il se trouve que ce petit garçon,
36:16c'est moi, et je le sais parce qu'évidemment,
36:18c'est un très joli mot d'enfant, et ma mère l'a répété
36:20des dizaines, des dizaines de fois. Mais ce qui est intéressant,
36:22je trouve, au-delà de l'histoire qui est belle,
36:24c'est vrai, c'est que j'étais dans cette voiture,
36:26sur une station de radio
36:28où j'écoutais jamais, et j'étais très en retard.
36:30Je suis jamais en retard, mais j'étais en retard.
36:32Donc il y avait la possibilité, ou la probabilité
36:34que j'entende cette interview était infime.
36:36Donc, c'est vraiment ce que
36:38j'appelle, ce que nous appelons tous un hasard
36:40heureux. Et d'ailleurs,
36:42les hasards heureux,
36:44c'est un peu un, comment dirais-je,
36:46un fil conducteur, un thème récurrent de ce
36:48livre, parce que j'ai l'impression que ma vie
36:50a été ponctuée de petits hasards
36:52heureux. – On va les évoquer. Pour l'histoire
36:54de Madeleine Robinson, qui était franco-tchèque
36:56et natureuse et suisse, elle s'appelait
36:58Svoboda au départ,
37:00elle a songé, elle s'appelait Madeleine Liberté,
37:02Madeleine Bastille, et finalement,
37:04elle se souvenait de Robinson Crusoé,
37:06qui était un homme libre, et pour être libre,
37:08elle s'est appelée Madeleine Robinson. – Ah bon.
37:10– Alors, effectivement, ce livre, vous avez voulu
37:12le faire pour raconter votre parcours. – Oui.
37:14– Pour raconter justement les grandes heures faciles
37:16et difficiles de votre parcours. – Oui,
37:18attention, parce qu'il y a deux parties, enfin,
37:20une première moitié, ou en tout cas tous les
37:22premiers chapitres du livre, qui sont consacrés, comme
37:24vous l'avez évoqué en début d'émission,
37:26à ma jeunesse dans le
37:28Paris des années 50 et 60, que j'évoque
37:30avec pas mal de nostalgie, puis
37:32peu à peu, bien évidemment, je finis
37:34par venir aux décennies
37:36qui ont suivi, et j'en profite pour
37:38raconter tout un tas d'anecdotes
37:40et faire surtout des portraits
37:42des gens avec lesquels je travaillais, les grands clients,
37:44on n'en a déjà pas parlé, comme Carlos Ghosn ou Steve Jobs,
37:46et surtout les grands créatifs, les créatifs qui ont fait
37:48les campagnes d'Apple,
37:50ou de, comment dirais-je, ou de Nissan,
37:52et les créatifs qui ont fait toutes les campagnes
37:54de Nelson Mandela, donc j'ai eu la chance
37:56de faire de très belles rencontres. – Voilà. Alors, Carlos Ghosn,
37:58justement, vous êtes allé dans son bureau,
38:00et c'était quelque chose de très millimétré.
38:02– Ah ben, c'était un homme extrêmement précis,
38:04très autoritaire,
38:06d'une très grande intelligence.
38:08Dans l'histoire
38:10du monde des affaires, on se souviendra plus
38:12de Steve Jobs, bien sûr, mais tout le monde
38:14a oublié ce que Carlos Ghosn a fait, c'est en
38:1698-99, avant Internet,
38:18il a fait le plus grand
38:20redressement
38:22du monde industriel,
38:24en relevant Nissan, qui était
38:26en faillite, et en deux ans,
38:28en deux ans seulement, il est arrivé à rendre cette entreprise
38:30profitable. Il y a une anecdote que j'aime beaucoup à ce propos,
38:32c'est qu'il a fait des dizaines de choses que je n'ai pas le temps
38:34d'expliquer là, bien sûr, mais par contre,
38:36en lançant son plan, trois mois après
38:38t'arriver, il a dit, je me donne
38:40deux ans, et si au bout de deux ans
38:42je n'y arrive pas, je démissionne, ainsi
38:44que tout mon comité exécutif. Et dans le
38:46pays de Harakiri, ça a eu un impact
38:48fou, et ça a rendu crédibles les choses,
38:50et en fait, c'est peut-être pour ça qu'il a réussi.
38:52En plus, c'était quelqu'un de très précis,
38:54mais très agréable à discuter.
38:56Non, enfin, ça dépend, c'est-à-dire que
38:58non, c'est-à-dire que
39:00en réunion, dès qu'on était plus
39:02de 3 ou 4, il était très tranchant,
39:04très difficile, et donc c'était, non,
39:06pas du tout agréable à discuter. Par contre,
39:08en tête-à-tête,
39:10lorsqu'il n'y a pas de témoin, lorsqu'il n'y a pas d'une troisième
39:12personne pour témoigner de son éventuelle
39:14infabilité, il pouvait être beaucoup plus
39:16sympathique, bien sûr.
39:18Et puis vous évoquiez Nelson Mandela, que vous n'avez pas rencontré,
39:20et c'est l'un de vos grands regrets, j'imagine.
39:22Oui, parce que notre agence d'Afrique du Sud est une agence formidable,
39:24très créative, et ses fondateurs
39:26s'étaient battus,
39:28avaient protesté,
39:30avaient participé
39:32à des manifestations pendant l'apartheid, avant même
39:34que Nelson Mandela sorte de prison. Ce qui fait que
39:36lorsqu'il est sorti de prison, il leur a
39:38demandé de l'accompagner dans tout ce qui avait
39:40trait à la publicité, c'est-à-dire qu'ils ont fait la première
39:42campagne qui est une campagne pour la nouvelle constitution,
39:44ils ont fait la campagne pour son élection,
39:46ensuite ils ont fait un grand nombre de campagnes pour lui,
39:48et donc
39:50ils en étaient très proches. Et donc,
39:52ils avaient organisé un rendez-vous, avec eux
39:54et lui, et moi, et il se trouve que
39:5648 heures avant le rendez-vous, mais j'étais déjà arrivé
39:58en Afrique du Sud, ce rendez-vous a été annulé
40:00parce que Nelson Mandela n'était
40:02plus président, mais
40:04il faisait souvent des missions de bons offices un peu partout
40:06dans le monde, pour essayer de
40:08mettre autour de la table des gens qui ne s'entendaient pas trop bien,
40:10et il était parti, je crois,
40:12si je me souviens bien, en Irlande du Nord, en Irlande du Sud,
40:14et donc c'est vrai que c'est le grand regret de ma vie,
40:16mais j'ai eu la chance malgré tout de travailler avec ces deux garçons
40:18qu'ils connaissaient très bien,
40:20et qui ont fait un travail formidable.
40:22Il faisait partie, ces deux garçons
40:24qui travaillaient avec moi, de ces rares personnes
40:26qui avaient le droit d'appeler Nelson Mandela
40:28Madiba, qui est son nom de
40:30tribu, et c'est que les gens très proches de lui
40:32avaient la permission, si je puis dire,
40:34de l'appeler ainsi.
40:36Est-ce que je ne savais pas, est-ce qu'on ne le sait pas souvent,
40:38c'est que Mandela a eu une campagne de publicité
40:40pour son élection.
40:42Oui, c'est ce dont je viens de parler.
40:44C'est resté très discret tout ça.
40:46Ils ont fait aussi d'ailleurs la campagne
40:48pour son successeur, qui s'appelait Becky, je ne sais pas si vous vous souvenez.
40:50Non, non, bien sûr.
40:52Mais ils ont fait des campagnes
40:54sur tous les sujets. Vous savez,
40:56il y a la grande...
40:58Mandela a organisé ce qu'il appelait
41:00la réconciliation, où il y a eu tous ces procès,
41:02où les gens venaient expliquer ce qu'il avait fait.
41:04Il avait fait aussi des campagnes sur la réconciliation.
41:06Enfin, ils ont fait...
41:08Pendant la mandature de Mandela, je crois qu'ils ont
41:10fait six ou sept campagnes sur des sujets
41:12d'intérêt national pour lui.
41:14Et parmi ceux que vous avez rencontrés aussi,
41:16il y a Mohamed Ali et sa fille.
41:18Oui, enfin, honnêtement,
41:20je les ai rencontrés
41:22très peu de temps. C'est-à-dire que nous avons fait une campagne
41:24pour Adidas.
41:26Il y avait une campagne d'affichage
41:28où il était lui-même en grand
41:30sur cette affiche. Le thème, je suis désolé,
41:32je vais parler anglais, mais le thème était
41:34« Impossible is a thing », c'est-à-dire « impossible n'est rien ».
41:36Impossible n'est pas français,
41:38justement, puisqu'il est en anglais.
41:40Absolument. Et on avait fait ça.
41:42Et donc, on a lancé
41:44cette campagne à Harlem,
41:46au coin de rue d'Harlem. On a fait un grand événement.
41:48Et il a eu la gentillesse de venir avec sa fille
41:50ce jour-là. On avait même fait un film de publicité
41:52où...
41:54Les effets spéciaux étaient déjà très développés
41:56à l'époque. On aurait pu faire un film
41:58où on voyait un combat entre lui
42:00et sa fille. On a l'impression que c'est un vrai combat.
42:02Mais il était impressionnant, quand même.
42:04Oui, il était déjà un peu fatigué quand je l'ai vu, mais quand même.
42:06Bien sûr. Ne serait-ce que de serrer
42:08la main à quelqu'un
42:10dont l'histoire est très chargée.
42:12Donc, bien évidemment, c'était un moment
42:14très émouvant. Et puis, Jean-Marie Drue, vous employez
42:16dans ce livre un mot qui est
42:18« la disruption ». Oui. Qu'est-ce que c'est ?
42:20Alors ça, c'est un drôle de mot. J'ai essayé
42:22de être bref, parce que j'ai écrit quand même trop quatre livres
42:24sur le mot « disruption ». Bon. Alors...
42:26La disruption,
42:28c'est une méthode. C'est la méthode
42:30de mon agence, qui unit tous nos bureaux
42:32dans le monde, qui nous aide à trouver des
42:34stratégies marketing, de services publicitaires
42:36un peu radicales, un peu différentes. Je ne vais pas
42:38vous en parler là, parce que c'est compliqué, ça va vous ennuyer.
42:40Par contre, peut-être que ce qui vous intéresse, c'est l'histoire
42:42du mot. Parce que
42:44j'étais à New York, on est en
42:4691, on cherche...
42:48En français, on parlait de stratégie de rupture,
42:50mais ça ne marche pas en américain, donc
42:52un collaborateur me propose le mot « disruption ».
42:54Et il me dit, il était
42:56très réticent, parce que c'est un vilain mot,
42:58mais ce qu'il faut que vous sachiez, ce que personne ne sait,
43:00c'est qu'à l'époque, personne n'utilisait ce mot en Amérique
43:02dans le monde des affaires. Jamais. Et même
43:04dans la vie courante, à tel point, à tel point, écoutez-moi bien,
43:06à tel point que nous n'avons plus le déposer.
43:08On ne peut pas déposer un nom commun.
43:10Donc il nous appartient. Aux Etats-Unis,
43:12et dans 30 pays dans le monde, nous sommes propriétaires du mot « disruption »,
43:14ce qui n'a aucun intérêt, mais c'est la réalité.
43:16Et ensuite, très vite, si vous voulez,
43:18pendant 6 ou 7 ans,
43:20nous étions les seuls à utiliser le mot, puis ensuite, c'était repris
43:22par un professeur de Harvard, et puis ensuite,
43:24avec l'éclosion des start-up et autres,
43:26on a commencé à parler de disruption
43:28pour des sociétés comme Uber ou Airbnb,
43:30puis maintenant, le mot est
43:32sur la bouche de tout le monde.
43:34Les politiques d'ailleurs, comme les personnes
43:36du monde économique.
43:38Alors il se trouve aussi, ça c'est votre ami professionnel,
43:40dans vos jeunes années, grâce à votre
43:42mère, vous avez découvert la musique.
43:48« Nuages » de Django Reinhardt,
43:50et c'est un morceau
43:52qui a marqué votre vie aussi.
43:54Oui, parce qu'en fait, mes parents
43:56écoutaient...
43:58Mes parents écoutaient
44:00beaucoup de musique.
44:02C'est vrai qu'ils adoraient Django Reinhardt,
44:04et en particulier ce morceau-là.
44:06D'ailleurs, mon père a eu un petit bateau un jour,
44:08il l'avait appelé « Nuages », en hommage à Django Reinhardt,
44:10et donc ça m'a fait... Je suis allé à l'Olympia
44:12avec eux, et j'avais 10 ou 11 ans
44:14pour écouter Frankie Lane, qui était le
44:16la personne qui avait fait la musique
44:18de hockey choral, donc j'étais
44:20plongé dans la musique dans ma jeunesse,
44:22et je sais pas si j'ai le temps là,
44:24mais c'est vrai que ça a été
44:26fondamental dans ma vie.
44:28Moi j'ai eu la chance de vivre, d'avoir 15 ans
44:30dans l'année 60, donc j'ai vu l'évolution de la musique
44:32pendant toute cette décennie.
44:34D'ailleurs, vous connaissez le sujet aussi bien que moi,
44:36parce que vous avez écrit un bouquin qui s'appelle
44:38« Les chroniques des années hippies »
44:40Vous voyez de quoi je parle.
44:42Donc on a eu quand même une décennie extraordinaire.
44:44Oui, et en plus, vous alliez dans un
44:46magasin disparu aujourd'hui, Symphonia,
44:48où il y avait les disques
44:50en avant-première.
44:52Oui, c'est-à-dire qu'à l'époque,
44:54les disques ne sortaient pas en France en même temps
44:56qu'aux Etats-Unis ou en Angleterre.
44:58Il fallait attendre 15 jours ou 3 semaines, sauf
45:00à les acheter en importation. Il y avait un seul magasin
45:02à Paris qui importait des disques
45:04qui m'a permis d'acheter par exemple
45:06Sir John Pepper le jour où il est sorti en Angleterre.
45:08Donc ça coûtait un peu plus cher, mais
45:10ça avait pas le prix de pouvoir les écouter en même temps que les Anglais.
45:12Et au début des années 60, Symphonia
45:14a engagé des jeunes stagiaires pour vendre
45:16les disques français. Et il y a une jeune femme
45:18qui est venue qui s'appelait Sylvie Lartan
45:20et qui a vendu son premier disque
45:22qui était un duo aux pannes d'essence.
45:24Et comme il n'y avait pas sa photo
45:26sur le disque, personne ne la reconnaissait.
45:28Ah bon ? Ah oui, c'était avec Jourdan.
45:30Francky Jourdan, oui. Et ça a été son premier
45:32succès. Elle a fait ça par hasard pour rendre service
45:34à son frère. Et on voit la carrière qu'elle a
45:36menée ensuite. Alors, les vinyles
45:38justement ont eu beaucoup d'importance dans notre vie.
45:40Aujourd'hui, ils deviennent à la mode. Mais à l'époque,
45:42un vinyle, c'était une denrée rare, quelque chose
45:44qu'il fallait soigner pour ne pas l'abîmer.
45:46Oui, j'avais une manie, si vous voulez.
45:48Il y avait des passages dans les morceaux que j'aimais
45:50beaucoup, en particulier les choristes de
45:52Ray Charles ou des Rolling Stones. Donc,
45:54j'avais envie de réécouter simplement ce passage
45:56dans le morceau. Donc, il fallait mettre le saphir
45:58de l'électrophone au milieu
46:00d'un morceau. Et si vous le mettez mal, le disque
46:02était rayé, il était fichu. Donc, on était
46:04tous extraordinairement précautionneux.
46:06Il y avait toute une technique pour arriver à descendre
46:08lentement le bras de l'électrophone sur le disque.
46:10Dans ce livre, vous évoquez, Jean-Marie
46:12Drubon, votre carrière de publicitaire, mais aussi
46:14d'autres fonctions que vous avez eues,
46:16notamment à l'Académie de médecine.
46:18Oui. Il se trouve que l'Académie de médecine est
46:20une immense institution bien évidemment.
46:22Il y a 120 académiciens
46:24qui réfléchissent en permanence sur le devenir
46:26de la médecine et sur les nouvelles
46:28sciences médicales.
46:30Ils ont eu l'idée de créer une fondation
46:32pour promouvoir la médecine française dans le monde,
46:34à l'extérieur.
46:36Ils ont pensé que c'était une bonne idée
46:38d'avoir quelqu'un qui n'était pas un médecin,
46:40qui venait de la société civile, comme ils disent,
46:42pour présider cette fondation que j'ai eu la chance
46:44de présider pendant 6 ou 7 ans.
46:46J'ai emmené des académiciens un peu partout dans le monde,
46:48en Chine, en Russie, en Inde,
46:50au Brésil, pour faire des grandes
46:52présentations sur la médecine française.
46:54Il y a son évolution sur la nutrition,
46:56sur le vieillissement, sur tout un tas
46:58de choses qui évoluent en permanence,
47:00dans le bon sens. Oui, mais on n'avait pas ces sujets-là.
47:02Il y avait raison, la nutrition, le vieillissement
47:04et l'environnement, parce que c'est des sujets
47:06grand public. Et donc nous souhaitions
47:08promouvoir la médecine française, mais que
47:10ce que nous faisions dans les pays puisse être repris par la grande presse
47:12et pas simplement parler
47:14d'académiciens et d'académiciens. C'est pour ça que nous avions
47:16choisi ces trois sujets.
47:17Et puis il y a une autre activité que vous avez menée
47:19et qui, je crois, vous a tenu très à cœur,
47:21c'était l'UNICEF.
47:22Oui, j'ai eu la chance aussi d'être patron de l'UNICEF,
47:24enfin président de l'UNICEF, en France seulement,
47:26pendant 7 ou 8 ans.
47:28J'ai été pris malheureusement par la limite d'âge
47:30il y a 2 ans, 75 ans,
47:32j'aurais voulu continuer.
47:34Je pourrais vous en parler des heures, c'est extraordinaire l'UNICEF.
47:36C'est-à-dire que j'ai été sur le terrain
47:38souvent, j'ai été au Mali, j'étais au Liban,
47:40j'étais au Banque
47:42de la Dèche. Je ne peux pas vous expliquer,
47:44mais heureusement que l'UNICEF existe.
47:46C'est-à-dire que parfois les gens
47:48de mauvaise idée, de mauvaise opinion,
47:50ont l'impression que l'argent est gâché, si vous savez à quel point
47:52il est bien dépensé, avec énormément
47:54de précautions et surtout par des gens qui sont
47:56extraordinairement compétents. Vous avez des gens qui sont
47:58spécialistes de l'eau, de la nutrition, de l'éducation,
48:00qui sont des gens exceptionnels sur le terrain.
48:02Donc j'ai eu la chance de rencontrer tous ces gens-là.
48:04Puis en France, je levais des fonds
48:06et puis j'essayais de faire
48:08d'influencer, enfin
48:10j'essayais, nous essayions, pardon, les 120 salariés
48:12du siège, d'influencer les pouvoirs
48:14publics pour toutes les politiques qui
48:16concernent l'enfant. Il y a aussi un grand programme très
48:18intéressant, il y a 300 villes en France
48:20qui sont ce qu'on appelle les villes amies des enfants.
48:22C'est un programme très important parce qu'elles s'engagent à faire beaucoup
48:24plus pour les enfants et on les accompagne.
48:26Il y a beaucoup d'autres choses dans ce livre
48:28passionnant, les Canards Majuscules, qui résument votre
48:30parcours, ou plutôt vos parcours, que vous continuez
48:32parce que vous n'avez pas l'intention d'arrêter comme ça, Jean-Marie Grue.
48:34Non, mais je vais au bureau, bien sûr,
48:36deux ou trois jours par semaine, mais honnêtement
48:38j'y vais autant pour lire l'équipe que pour vraiment
48:40travailler. En tout cas, nous on dira
48:42ce livre, les Canards Majuscules, chez Télémac
48:44qui raconte un parcours pas comme les autres,
48:46un parcours d'entrepreneur et continuer ainsi
48:48le plus longtemps possible, Jean-Marie Grue. Je vous remercie affinément
48:50de votre invitation, merci beaucoup. Merci,
48:52les Clés d'une Vie, c'est terminé pour aujourd'hui. On se retrouve bientôt.
48:54Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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