• il y a 10 heures
Les clefs d'une vie avec Mélanie Page

🗝 Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

________________________________________

🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

________________________________________

🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC

##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-03-11##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:05Vous rêviez de ballet et finalement c'est le théâtre qui vous a permis d'entrer dans la danse
00:10où la chanson est indirectement présente.
00:12Vous alternez à la scène les drames et les comédies
00:15sans jamais perdre votre sourire.
00:17Bonjour Mélanie Page.
00:19Bonjour.
00:19Alors on est ravis de vous accueillir parce que vous avez un parcours qu'il faut raconter,
00:23c'est le principe des clés d'une vie.
00:24On va également évoquer votre actualité
00:27avec une pièce que vous jouez en ce moment au Théâtre de la Bruyère
00:30et puis une autre pièce aussi que vous avez jouée l'année dernière qui est assez étonnante.
00:34Mais le principe des clés d'une vie, vous savez, c'est de raconter votre parcours à travers ces dates-clés.
00:39Et la première que j'ai trouvée, c'est le 5 mars 2002.
00:42Écoutez cette voix.
00:43J'ai l'honneur ce soir de feuilleter pour vous le livre de l'histoire de l'auteur...
00:48Louis Clot, première à Marigny, Louis Clot,
00:50et ça je crois que c'est un souvenir important pour vous.
00:52Extraordinaire.
00:53On était partis en tournée avant
00:56et j'avais appris à connaître cet homme extraordinaire qui était Robert Hossein.
01:02Ça gouaille, ça a mauvaise foi quand il joue aux cartes.
01:07Et puis voilà, on est revenus à Paris,
01:09on a joué dans ce théâtre fabuleux qui est le Théâtre Marigny
01:12et j'ai vraiment des souvenirs impérissables.
01:14Alors cette pièce, c'était Louis Clot de Jean-Paul Sartre,
01:16c'est pas n'importe quelle pièce.
01:18Avec cette phrase, l'enfer c'est les autres.
01:20Tout à fait.
01:21C'est une pièce très difficile.
01:22Oui, et en même temps, Robert l'avait montée presque comme une comédie.
01:27Alors ça peut paraître bizarre, mais avec un rythme infernal,
01:30c'est-à-dire qu'il nous minutait tous les soirs.
01:32Si on dépassait du minute, il disait « Non, c'était trop long, c'était trop long ! »
01:36Et les gens riaient, assez régulièrement.
01:39Enfin, évidemment pas pendant toute la pièce,
01:41mais il y a aussi pas mal d'humour dans cette pièce.
01:44Et puis Robert, en fait, il joue...
01:47J'ai beaucoup appris avec lui parce qu'il joue avec ce qu'il est dans l'instant.
01:50Donc s'il a passé une mauvaise journée, il va la jouer en colère.
01:53Et s'il a passé une très bonne journée, il va y mettre beaucoup d'humour.
01:55Alors, au départ, votre première rencontre avec Robert Rosset et Mélanie Page,
01:59c'est une audition qui ne marche pas.
02:01Mais il vous dit « On travaillera ensemble un jour ».
02:03Alors oui, j'ai passé au début l'audition pour...
02:10Les titres ne me reviennent jamais.
02:12Évidemment, cette pièce où il avait joué avec la cicatrice dans la série...
02:17« Marquise des anges ». Voilà, c'est ça.
02:19L'annotation de « Marquise des anges ».
02:20Exactement. Et là, il avait vu tout Paris, dont moi.
02:24Et puis ça ne s'était pas fait, mais on s'était vu plusieurs fois.
02:26Il s'était un peu souvenu de moi.
02:28Et effectivement, il m'avait dit « On travaillera ensemble ».
02:30Mais j'ai quand même fait au moins huit auditions avant de faire huit clos.
02:34Oui, parce qu'à chaque fois, il y avait tant de personnes.
02:36Ah oui, à lui, c'était une série.
02:39Et vous avez même commencé à répéter avant même d'avoir le rôle.
02:43Tout à fait. Je pense que je connaissais le rôle en entier avant de commencer la répétition.
02:47C'est vrai qu'il était très particulier. Il avait une invention incroyable.
02:50Un jour, il monte une pièce sur Marie-Antoinette au Palais des Sports.
02:54Il faut savoir, le public décide avec une boule blanche ou une boule noire,
02:57si on va voter la mort ou non.
02:59Tout à fait. Il aimait bien partager le public.
03:02Et un jour, il y a deux Suisses qui arrivent à l'entrée et qui rendent la boule blanche et la boule noire en disant
03:06« On est Suisses, on ne peut pas voter ».
03:09Oui, c'est extraordinaire. J'ai aussi enchaîné avec un spectacle au Palais des Sports avec lui, d'ailleurs.
03:14C'était Bonaparte.
03:15Et là aussi, c'était quelque chose d'étonnant.
03:17Oui. En fait, on était en train de jouer huis clos ensemble
03:20quand il a fait passer les auditions à des comédiennes pour jouer Joséphine.
03:24Pareil, il a vu, je ne sais pas, une centaine de comédiennes avant de me donner le rôle.
03:29Alors que je ne lui rassemblais pas du tout physiquement. Je me suis teint les cheveux.
03:33Et c'était étonnant de jouer dans une salle aussi grande.
03:37C'est autre chose, en fait. On amène le théâtre ailleurs avec un micro.
03:41C'est presque une comédie musicale sans chanter.
03:44Oui. Et en plus, avec Ossène qui décide de chaque geste avec une centaine de comédiens.
03:48Oui, oui. C'est des grands tableaux. D'ailleurs, je crois qu'il appelait ça des tableaux.
03:52Exactement.
03:53C'est ça. C'est vraiment... Il fait le tout avant de voir le détail.
03:57Et puis après, on rentre dans le détail avec lui.
04:00Et Mélanie Pas, je crois que Robert Ossène s'est comporté avec vous presque comme un second papa.
04:05Franchement, moi, je l'ai senti comme ça. On s'entendait vraiment très, très bien.
04:08Je l'adorais. Vraiment, je l'adorais.
04:10Vous avez des conseils.
04:11Oui, effectivement, même pour ma vie ou pour les autres projets que je faisais.
04:17Quand on se croisait, il me disait « Alors, t'en es où ? »
04:20Il était toujours très direct comme ça. Et il aimait bien tester les gens.
04:24Il m'a beaucoup testé au début. Il me posait des questions pour voir si je répondais un peu à côté.
04:30Ou alors, il faisait l'avocat du diable pour voir s'il changeait d'avis.
04:34Parce qu'il aimait bien les gens qui ne changent pas d'avis et qui campent sur leur position et qui résistent un peu.
04:39Finalement, au départ, vous auriez pu être faite pour le classique Mélanie Page.
04:44Je crois que jouer les classiques vous attirait. Et je crois que votre idole, c'était Michel Bouquet.
04:49Complètement. Cet acteur. Mes parents adoraient aussi Michel Bouquet.
04:54On le regardait dans les films. Je l'ai vu aussi. J'ai eu la chance de le voir au théâtre.
04:59Mais je pense que c'est grâce à Michel Bouquet que j'ai voulu être comédienne.
05:03C'était un comédien. Je l'ai reçu dans « Les Clés d'une vie ».
05:05Il m'a dit une chose étonnante. Il peut m'arriver, quand je prépare un texte, si je ne trouve pas la bonne solution,
05:10de casser tout ce qui est autour de moi. Tellement il aimait son métier.
05:13Ah oui. Mais il a tout donné au théâtre. Tout.
05:17Tout en étant, j'espère, un homme heureux à côté.
05:21Mais effectivement, je pense que la fin a été un petit peu...
05:24Heureusement, il a joué pratiquement jusqu'au bout.
05:26Oh oui, jusqu'à un an avant sa mort.
05:28Et c'est sa femme qui le dit, arrête de jouer parce que c'est plus possible.
05:31Mais je pense que ça ne l'a pas rendu très heureux d'arrêter, même si c'était juste avant.
05:35On l'a croisé à la sortie d'un spectacle avec mon mari.
05:38C'était vraiment juste avant qu'il parte.
05:40Et il nous a dit cette phrase.
05:43On a dit « Est-ce que ça va ? »
05:45Et il nous a dit « Ben non, je ne joue plus. »
05:49Il était vraiment extrêmement sincère. Ça m'a beaucoup touchée.
05:52On est bien d'accord. Je pense que vous avez raison.
05:55Alors finalement, les classiques français, ce n'est pas votre culture familiale.
05:59Vous avez un père britannique et une mère australienne.
06:01Tout à fait.
06:02Mais très attachés à la littérature, à la culture en règle générale d'ailleurs.
06:06Ils adoraient la culture française.
06:09D'ailleurs, ils se sont installés à Paris, l'un et l'autre, pour l'amour de la culture française.
06:14J'ai quand même eu cet amour transmis, évidemment, de tout ce qui est anglo-saxon,
06:19mais aussi de la culture française.
06:21Ce qui est étonnant, c'est qu'ils sont installés en France
06:23et qu'il y a beaucoup de Français depuis des décennies qui vont s'installer en Australie.
06:26C'est assez bizarre.
06:27Et en Angleterre, il y a énormément de Français à Londres.
06:29Oui, exactement.
06:30Oui, on pense toujours que l'herbe est plus verte ailleurs.
06:33Mais on est bien en France, croyez-moi.
06:35Alors, votre père n'avait rien à voir avec la culture.
06:37Il était journaliste sous-sportif, je crois.
06:39Tout à fait, oui.
06:40Mais bon, il écrivait.
06:41C'est-à-dire que c'était la presse écrite.
06:42Il y avait des livres partout.
06:44C'était vraiment...
06:45On allait au cinéma tout le temps.
06:47D'ailleurs, il m'emmenait quand j'étais petite, 9 ans, 10 ans,
06:50même voir les films interdits au moins de 12 ans.
06:52Et il disait, c'est moi qui décide.
06:54Je suis son père.
06:55Si je décide qu'elle peut aller voir ça, il va.
06:57Il y avait même le cinéma en noir et blanc à la télévision le soir.
06:59Tout à fait.
07:00Je me couchais tard, très tard,
07:02parce qu'il pensait que c'était plus important que je me couche tard
07:04et que je vois les films de deuxième partie de soirée
07:06et que je fasse ma culture cinématographique
07:08plutôt que je dorme plus.
07:09Voilà.
07:10Et ce qui ne l'intéressait pas vraiment,
07:11c'est vos notes à l'école et vos devoirs.
07:13Oui, je pense qu'il ne savait même pas en quel classe j'étais, honnêtement.
07:15Carrément ?
07:16Ah oui, carrément, oui.
07:17Oui, oui, vraiment.
07:18Et vous aviez des soucis, je crois, Mélanie Page,
07:20avec les tables de multiplication.
07:21Je ne les ai jamais apprises.
07:24Peut-être que je les ai apprises avec mes enfants,
07:26il ne faut peut-être pas leur dire d'ailleurs,
07:27mais j'ai fait celles qu'ils savaient.
07:30Mais effectivement, je ne faisais pas mes devoirs
07:33parce que mes parents ne me demandaient pas de les faire
07:35et que j'ai passé toute ma scolarité un peu comme ça.
07:39Alors, en revanche, j'écoutais à l'école.
07:40Ça m'intéressait.
07:41J'étais dans les deux premiers rangs.
07:43J'écoutais et je me disais,
07:44au moins le travail que je fais ici,
07:45je n'aurais pas à le faire après.
07:46Et puis, votre mère a été une romancière célèbre en Australie.
07:49Oui.
07:50Parce qu'on les connaît mal, les auteurs australiens,
07:52mais il y a beaucoup, beaucoup de livres,
07:53j'ai regardé, en Australie, par des femmes.
07:55Tout à fait.
07:56C'est vrai, vous avez raison.
07:57Je pense que l'Australie est peut-être en avance
07:59sur certains points.
08:01Et elle a été publiée plusieurs fois en Australie,
08:03effectivement, et elle écrivait,
08:05mais avec tellement de talent.
08:08Elle était professeure d'anglais au départ.
08:10Oui, professeure.
08:11Mais ce n'était pas son choix.
08:13C'était vraiment pour avoir un travail.
08:15Mais professeure d'anglais pour les adultes.
08:18Remarquez, elle publie des livres au pays des kangourous.
08:21On les publie dans l'île de Poche, bien entendu.
08:24Pas mal.
08:25Alors, votre vocation d'origine, c'est la danse au départ.
08:28Oui, tout à fait.
08:29J'ai fait beaucoup de danse.
08:30J'étais en horaire aménagé, comme on dit.
08:31Donc, j'allais à l'école l'après-midi,
08:32à la danse le matin.
08:34Et je faisais trois heures de danse tous les matins
08:36avant d'aller à l'école.
08:38Et je pensais vraiment vouloir faire ça.
08:40Et finalement, à 16 ans, j'ai compris
08:42que ce qui me plaisait le plus dans la danse,
08:43c'était la scène.
08:44C'est là que j'ai basculé pour le théâtre.
08:46Je crois que le cours, c'était Marius Petipa.
08:48Tout à fait.
08:49Le conservatoire Marius Petipa,
08:50qui n'existe plus d'ailleurs, je crois.
08:52C'est un peu le conservatoire
08:53de tous les conservatoires à Paris.
08:55Oui.
08:56Et Marius Petipa était un danseur célèbre
08:58au 19e siècle, en Russie,
09:00et qui a créé les intrigues dans les ballets,
09:03comme La Belle au bois dormant et Don Quichotte.
09:05Oui, tout à fait.
09:06C'était un grand chorégraphe
09:07qui a été dansé très très longtemps, d'ailleurs.
09:09Alors, vous décidez un jour que c'est fini
09:11et qu'il faut aller vers le théâtre, Mélanie Page.
09:13Oui, à 16 ans.
09:14Pourquoi ?
09:15Vous savez, à l'âge où on se pose un peu
09:16des questions sur l'avenir,
09:17où on arrête de faire...
09:19Enfin, on arrête.
09:20On pense qu'on arrête de faire
09:21ce que les autres veulent de nous.
09:22Bon, j'ai quand même continué
09:23quelques années sans le savoir.
09:24Mais en tout cas, cette décision-là,
09:26je l'ai prise toute seule.
09:28Ça a été très compliqué
09:29parce que j'avais l'impression
09:30qu'on attendait de moi que je continue la danse.
09:32Et puis, je me suis dit non.
09:34Non, vraiment.
09:35En fait, c'est pas ça que je veux faire.
09:36Alors, curieusement,
09:37comme vous ne faites rien comme les autres,
09:39vous n'avez pas fait le conservatoire,
09:41mais une école, le cours Florence Asiot.
09:43Oui, c'est le premier cours que j'ai trouvé
09:46quand j'avais 16 ans.
09:47Il me fallait des cours le matin.
09:50Et j'étais entourée d'adultes.
09:53Donc, j'étais vraiment toute jeune, moi.
09:55Et d'adultes dont c'était le métier,
09:57qui étaient acteurs.
09:58Et j'étais hyper impressionnée.
10:00Je me souviens d'une fois
10:02d'un des acteurs qui s'était mis à poil
10:04devant nous pour une scène.
10:06Moi, j'avais 16 ans.
10:08Et en même temps, j'ai beaucoup appris.
10:10J'ai commencé à travailler très vite en parallèle.
10:12J'ai trouvé un agent.
10:14J'ai commencé à faire des pubs.
10:16J'ai tout cherché toute seule.
10:18J'y suis allée un peu au culot.
10:20Il y a eu Roméo et Juliette,
10:21mais il y a surtout eu
10:22les fourberies de Scapin
10:23mises en scène par Francis Perrin.
10:25Pour une débutante, c'est fabuleux.
10:27En fait, j'avais tourné avec Francis
10:29juste avant, un an avant.
10:31On avait tourné un truc pour la télé.
10:32On s'était très bien entendus.
10:34Je faisais deux jumelles,
10:35dont l'une était meurtrière.
10:37Et puis, il m'a rappelée
10:39par les auditions des fourberies.
10:41Et voilà, ça s'est fait.
10:43C'était une très belle aventure.
10:45Je m'entends très bien avec Francis.
10:47C'est un personnage incroyable.
10:48Moi, je me souviens de ses débuts
10:49à la comédie française.
10:50En parallèle, je ne sais pas si vous le savez,
10:52il faisait un spectacle citron automatique
10:54sur des planches dans la banlieue parisienne
10:57à 23h le vendredi.
10:59C'était plein à craquer.
11:00Louis Funès est venu cinq fois.
11:02C'était extraordinaire.
11:04Ce spectacle n'a jamais été filmé, hélas.
11:06Il avait 22 ans.
11:08C'était extraordinaire.
11:09C'était les troupes à l'ancienne,
11:10comme le capitaine Fracas.
11:12Mais là, il y avait aussi Sime avec nous
11:13dans les fourberies de Skapin.
11:14Je peux vous dire que
11:15Sime et Francis Perrin ensemble,
11:17c'était quelque chose.
11:18Oui, je pense qu'ils devaient beaucoup s'amuser.
11:20Mais Sime était un personnage
11:21d'une tendresse totale.
11:22Il était extraordinaire,
11:23d'une gentillesse.
11:25Il était génial.
11:26On l'embrassait sur le front.
11:27Toujours, oui.
11:28C'était une tradition.
11:29Alors ça, c'était le début.
11:31Et puis, il y a eu d'autres dates
11:32importantes dans votre vie.
11:33Il y en a une qui n'est pas directement
11:35liée à votre parcours,
11:39A tout de suite sur Sud Radio
11:40avec Mélanie Page.
11:45Sud Radio, les clés d'une vie.
11:46Mon invité, Mélanie Page.
11:48Nous parlerons tout à l'heure
11:49de Je m'appelle Georges et vous.
11:50Une pièce assez étonnante
11:52au Théâtre La Bruyère.
11:54Et puis, on en revient à votre parcours.
11:55On a vu vos débuts au théâtre
11:57et dans la danse.
11:58Et puis, le 13 mars 1996,
12:02c'est le premier des 480 épisodes
12:04d'Un Feuilleton.
12:08Le soleil, le marin est beau.
12:12Il se trouve que c'est aujourd'hui
12:14l'un des programmes français
12:15les plus exportés au monde.
12:17Sous le titre Saint-Tropez,
12:18je crois qu'il y a 185 pays
12:20qui le diffusent.
12:21C'est énorme.
12:22C'est fou, cette histoire.
12:23Ça a duré, je ne sais plus combien,
12:25je crois 15 ans.
12:27Et vous êtes arrivée à la saison 6
12:29dans le rôle d'une lycéenne.
12:31Oui, alors c'est ça qui est génial
12:33avec ce genre de série,
12:34c'est que je suis arrivée,
12:35je passais mon bac
12:37et un an après, j'étais avocate.
12:40Donc, c'est vraiment la vie en accéléré.
12:43Et on apprend beaucoup en jouant
12:46ce genre de série.
12:47Ça va très, très vite.
12:49Il faut apprendre beaucoup de textes
12:50au quotidien.
12:51On joue plein de situations.
12:53Il nous arrive plein de choses.
12:54Et c'est une très bonne école.
12:56On rencontre plein de comédiens différents,
12:58plein de réalisateurs différents.
13:00Puis bon, on tourne l'art, en l'occurrence,
13:02dans des conditions qui ne sont pas trop mauvaises.
13:03Ça va encore, oui.
13:04Bon, à part qu'ils m'ont fait me baigner
13:06au début mars,
13:07tout habillée dans la mer,
13:09à 13 degrés.
13:10Mais bon, sinon, non, franchement,
13:12c'est plutôt pas mal.
13:13Comment vous êtes arrivée sur Sous le Soleil ?
13:15En passant un casting, tout simplement.
13:17En fait, je revenais de Londres.
13:19Je suis partie habiter à Londres
13:20pendant neuf mois.
13:21Je revenais, du coup,
13:23je m'étais un peu coupée
13:24de tout le système.
13:26Et je me suis dit,
13:28je passe tous les castings qu'on me donne.
13:30Je me suis posé la question, honnêtement,
13:32est-ce que je le fais ou pas ?
13:33Et puis, je me suis dit,
13:36allez, de toute façon,
13:37là, j'ai pas de travail.
13:39Ça sert à rien de se dire,
13:40oui, mais mon image...
13:41Et à un moment, il faut travailler,
13:42il faut apprendre.
13:43J'avance et je le fais.
13:44Je n'ai jamais regretté, d'ailleurs.
13:45Et vous avez beaucoup appris.
13:46Oui, j'ai beaucoup appris.
13:48Et quand je suis partie...
13:49En fait, le piège, peut-être,
13:50c'est de s'enfermer dans ces séries-là.
13:52Moi, je suis restée un an.
13:54Puis après, j'ai fait plein d'autres choses.
13:56Voilà, donc j'ai pris que le meilleur,
13:58j'ai envie de dire.
13:59Oui, mais un an qui vous a rendu très populaire.
14:01Ça va très vite, c'est vrai,
14:03dans ce genre de séries.
14:04On est un an chez les gens, quoi.
14:06Donc, au quotidien,
14:08on vit plein d'histoires.
14:09Il y avait vraiment beaucoup de...
14:11Je ne sais pas combien de millions de personnes
14:12regardaient, mais à l'époque,
14:13c'était vraiment énorme.
14:14C'était 7 millions de personnes.
14:15C'est énorme.
14:16Donc, oui, forcément,
14:17en un an, on rentre dans la tête des gens.
14:18Et puis, avec les diffusions et les rediffusions,
14:20on vous en parle encore aujourd'hui.
14:21On m'en parle encore.
14:22Oui, oui, oui.
14:23Pourtant, c'est vrai que pour moi,
14:24c'est presque une autre vie.
14:25C'était il y a 25 ans.
14:26Mais on m'en parle encore.
14:29Ça ne me dérange pas.
14:30Ça fait partie de mon parcours.
14:31Alors, votre première télévision,
14:33c'était le rôle d'une assistante
14:35dans 6 minutes avant le 20h
14:37d'Antoine Lecôte.
14:38Oui, tout à fait.
14:39C'était un court métrage pour Canal+.
14:41Je crois que c'était un anniversaire de Canal+.
14:43Et c'était très, très drôle.
14:45En fait, ça partait du principe
14:47de faire que des faux raccords.
14:48À chaque plan, il y avait un faux raccord.
14:50Au début, c'était tout petit.
14:51Une mèche qui n'est pas au même endroit.
14:53Et puis après, carrément,
14:54un plan, on était habillés,
14:55j'étais habillée en Paco Rabanne.
14:57Le plan d'après, j'avais une robe noire.
14:59Et ça devenait de plus en plus fou.
15:01Et c'était très, très drôle
15:03et très marrant de tourner avec lui, d'ailleurs.
15:05Et là, c'était aussi un casting ?
15:07Oui, je crois que j'avais passé un casting.
15:09Comme d'habitude, j'en ai passé des castings dans ma vie.
15:11Et Antoine Lecôte, il faut le savoir,
15:13il a démarré à la télévision il y a 3 ans
15:15quand sa mère Jacqueline Joubert,
15:16à la sortie d'une interview,
15:17l'a présentée,
15:18l'a fait monter dans une voiture.
15:19C'est le premier souvenir télévisuel
15:21d'Antoine Lecôte,
15:22qui est le fils de Georges Lecôte
15:24et de Jacqueline Joubert.
15:26Il y a eu aussi le cinéma
15:28avec des rôles très discrets au départ.
15:30Je crois qu'il y a eu Piège à Hong Kong.
15:32Non, alors ça, c'est une erreur d'internet
15:34où j'ai une homonyme qui s'appelle Mélanie Page
15:36sans moi.
15:37Et donc, il y a effectivement le nom Mélanie Page
15:39au générique, mais je n'ai jamais tourné
15:41avec JCVD.
15:42Vous connaissez cette homonyme ?
15:44Non, pas du tout.
15:45Parce qu'effectivement, à chaque fois...
15:47On en parle souvent, on me dit
15:49« Alors, vous avez tourné avec Van Damme ? »
15:50Non !
15:51Non, en revanche, vous avez tourné dans Jeanne d'Arc.
15:53Oui, ça c'est vrai.
15:54Réalisé par Luc Besson.
15:55Oui, et là aussi, j'avais passé un casting.
15:57Luc Besson, c'est quand même une dimension
15:59très particulière.
16:00Oui, mais c'était très intéressant
16:02d'être sur le plateau de ce genre
16:04d'énorme film à très gros budget
16:06avec une façon de tourner très originale
16:08de Luc Besson qui, en fait,
16:10ne coupe jamais.
16:11C'est-à-dire qu'il ne fait pas dix prises,
16:13il fait dix prises sans couper.
16:15C'est-à-dire que c'est action
16:17et puis le comédien joue
16:19et puis il le reprend,
16:21il lui donne des indications,
16:23il rejoue, il rejoue et ça ne coupe jamais.
16:25Donc en fait, l'émotion ne s'arrête jamais
16:27de circuler.
16:29Et il obtient des choses,
16:31à mon avis, beaucoup plus fortes comme ça.
16:33C'est vraiment pas inintéressant.
16:34Oui, et en même temps, alors que d'autres comédiens
16:36font le conservatoire pendant des années,
16:38vous avez vraiment appris, Mélanie Page,
16:40votre métier sur le terrain.
16:41Oui, alors j'ai aussi repris,
16:43j'ai quand même pris des cours parce qu'après j'étais
16:45au conservatoire du 16e arrondissement.
16:47J'ai pris des cours, j'ai fait des stages
16:49aussi, mais en fait, par touche.
16:53Et en fait,
16:55j'ai vraiment appris en travaillant, effectivement.
16:57Et en plus, avec des grands, parce que
16:59dans ce film Jeanne d'Arc, il y a quand même
17:01Joel Mlachowicz.
17:03Je lui ai donné un bain, dis donc.
17:05C'est vrai ?
17:07Bon, il avait un slip dans Solo.
17:09Mais tout à fait.
17:11Là, sur ce genre de plateau, on voit passer
17:13des acteurs extraordinaires.
17:15Lui, c'est un acteur extraordinaire. Il parle français d'ailleurs ?
17:17Il a vécu en Provence pendant des années.
17:19Il parle français avec un petit accent charmant.
17:21Et là aussi, donner la réplique
17:23à des gens comme ça quand on débute,
17:25c'est très particulier.
17:27C'est impressionnant, je ne vais pas vous mentir.
17:29Mais en même temps,
17:31moi, je suis faite comme ça. J'adore
17:33m'entourer et travailler avec des gens
17:35que j'admire et dont
17:37je pense qu'ils sont un peu au-dessus de moi
17:39dans leur carrière ou dans leur expérience
17:41parce que je me dis, là, je vais apprendre.
17:43Et je suis un peu comme une censue, je me colle
17:45à la personne et je regarde faire
17:47et je me dis, voilà, souviens-toi de ça.
17:49Donc, j'adore m'entourer de gens
17:51plus grands, quoi.
17:53C'est le meilleur des apprentissages. Je pense, oui.
17:55Et Malkovitch, il faut le savoir, c'est un homme élégant
17:57dans tous les sens du terme. Il a lancé,
17:59voici disant, une ligne de prêt-à-porter pour hommes
18:01qui se vend dans le monde entier
18:03parce qu'il estime que
18:05l'acteur et l'homme
18:07doivent être élégants dans la vie.
18:09Il a tout à fait raison. Par exemple, moi, vous me verrez
18:11jamais en jogging, même chez moi.
18:13C'est-à-dire que je n'ai pas la tenue
18:15pilou-pilou du dimanche.
18:17Moi, je m'habille
18:19tous les jours.
18:21Je ne me change pas quand j'arrive chez moi.
18:23Pour moi, c'est très important d'être
18:25toujours bien
18:27et prêt à se montrer.
18:29D'ailleurs, vous êtes aujourd'hui, on est sur Youtube,
18:31avec un million d'abonnés, La Vie en Rose.
18:33Oui, c'est vrai que ça pète.
18:35La Vie en Rose, chanson d'Edith Piaf
18:37composée par Marguerite Monod
18:39qui ne croyait pas à cette chanson, qui a refusé
18:41de la signer. C'est fou. Donc, ses héritiers sont
18:43passés à côté d'une fortune.
18:45Il fallait bien que quelqu'un signe.
18:47Qui a signé ? C'est dingue.
18:49C'est dingue, cette histoire.
18:51Il y a eu d'autres films très différents.
18:53Vous êtes dans La Bande du Drugstore, je crois,
18:55de François Armanet. Là, c'est un autre univers.
18:57Oui, je faisais une anglaise.
18:59Ça se passait dans les années 60.
19:01D'ailleurs, j'ai passé mon permis pour ce film.
19:03Parce que je devais
19:05conduire une voiture
19:07de collection. Je venais de passer mon permis.
19:09On me met au volant d'une voiture
19:11avec le propriétaire à côté.
19:13Vraiment, même une toute petite rayure
19:15ça aurait été une catastrophe.
19:17En plus, j'étais censée faire une espèce d'accident avec.
19:19Mais c'était
19:21un super souvenir. Il y avait Aurélien
19:23Wick.
19:25Il y avait plein de gens sur ce film.
19:27C'était vraiment une bande de jeunes.
19:29Et puis, j'adore les films historiques.
19:31Les costumes, tout.
19:33Ça change. La Bande du Drugstore,
19:35elle a existé dans les années 60.
19:37C'est des jeunes qui se retrouvaient tous les soirs.
19:39Après, ils allaient chez Renoma.
19:41Ils mettaient des vêtements et ils volaient les vêtements
19:43en mettant les vestes les unes sur les autres.
19:45Comme il n'y avait pas de contrôle à la sortie.
19:47Il n'y avait pas de bip à l'époque.
19:49Et même Claude Lelouch vous a engagé.
19:51Tout à fait.
19:53En fait, je devais faire...
19:55Il y avait deux ou trois
19:57volets. C'était la comédie...
19:59Les Parisiens.
20:01Et donc,
20:03j'ai fait le premier volet.
20:05C'était un petit rôle.
20:07Ils m'ont appelé pour faire le deuxième volet
20:09du film.
20:11Et en fait, j'étais enceinte. Donc, je n'ai jamais pu faire la suite.
20:13En même temps,
20:15travailler avec Lelouch, là aussi, c'est une précision totale.
20:17Tout à fait. Et lui aussi,
20:19il a une façon très originale de travailler
20:21en dirigeant les acteurs en direct.
20:23Oui, et en réécrivant le scénario.
20:25Oui, avec beaucoup d'impro.
20:27Très ouvert aux propositions des acteurs.
20:29Et puis, il y a aussi
20:31quelqu'un qu'on aime
20:33beaucoup, c'est Amanda Sters,
20:35qui travaille aux Etats-Unis aujourd'hui.
20:37Elle devrait être allée en France, ça nous aiderait.
20:39Avec qui vous avez tourné ?
20:41Tout à fait. En fait, c'est un film
20:43comme beaucoup de films,
20:45qui a mis du temps. C'était son premier film.
20:47Et qui a mis du temps à se monter.
20:49Et donc, elle m'avait proposé le film
20:51à une certaine date.
20:53Et puis, j'étais évidemment partante.
20:55Et puis, quand finalement
20:57le film a été greenlighté,
20:59c'est-à-dire quand les financements sont là
21:01et qu'on peut enfin le tourner,
21:03j'étais enceinte.
21:05Et je lui ai dit
21:07au téléphone, je lui ai dit
21:09« Amanda, il faut que je te dise, je suis enceinte. »
21:11J'étais enceinte de très peu, mais au moment du tournage,
21:13j'allais être enceinte de 7-8 mois, c'est-à-dire vraiment beaucoup.
21:15Donc je lui ai dit
21:17« Amanda, je suis enceinte. » Et elle m'a dit,
21:19c'est vraiment la réponse d'une femme réalisateur,
21:21elle me dit
21:23« C'est pas grave, elle sera enceinte. »
21:25Et j'ai tourné ce film enceinte de 8 mois.
21:27Vraiment, j'étais au bord d'accoucher.
21:29C'est fou.
21:31Vous vous rendez compte de tout ce que vous avez appris grâce aux autres ?
21:33Je remercie
21:35la vie tous les jours, bien sûr.
21:37Mais on n'apprend que grâce aux autres.
21:39Exactement. Et nous, on va en apprendre un peu plus sur vous
21:41encore à travers une autre date,
21:43le 6 mars 2017.
21:45A tout de suite sur Sud Radio avec Mélanie Page.
21:47Sud Radio, les clés d'une vie.
21:49Jacques Pessis.
21:51Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité,
21:53Mélanie Page. Nous parlerons tout à l'heure de « Je m'appelle
21:55Georges et vous », une comédie qui triomphe
21:57au Théâtre La Brouillère. Et on en revient
21:59bien sûr à votre parcours. On a parlé de cinéma,
22:01on a parlé de théâtre. Et puis, le 6 mars
22:032017, il y a un nouveau jeu télévisé
22:05qui commence.
22:11Alors, tout le monde
22:13a son mot à dire. C'est un jeu avec
22:15des pensionnaires. Et sur Internet, il y a ceux
22:17dont le nom est en gras, qui sont
22:19les plus réguliers, les plus récurrents.
22:21Et vous êtes dans cette liste en bonne place.
22:23J'adore faire ce jeu.
22:25C'est ma récréation. Vraiment,
22:27j'adore.
22:29On y va, on tourne
22:31par salles, comme on tourne les jeux.
22:33Ils en tournent
22:3510 par jour, sur une période
22:37d'une dizaine de jours. Et à chaque fois,
22:39on est tous hyper contents de se retrouver.
22:41Et en fait, vraiment, je pense qu'on ne peut pas
22:43faire semblant de
22:45s'entendre à ce point-là. Je pense que c'est la
22:47raison pour laquelle ce jeu marche si bien, et marche
22:49de mieux en mieux. Parce que les gens sentent
22:51cette bonne humeur non feinte entre nous.
22:53Et qu'on est extrêmement heureux de se retrouver.
22:55On est très sincères,
22:57on est très nous-mêmes.
22:59Pour une comédienne qui, à chaque fois, joue
23:01un rôle, c'est hyper agréable d'être...
23:03Je suis vraiment moi-même.
23:05Et comment vous êtes arrivée là-dedans ?
23:07Pour le coup, par mon mari.
23:09Clairement,
23:11on m'a
23:13proposé d'y participer.
23:15C'était vraiment le tout début.
23:17Et puis, je me suis dit
23:19« Ouais, super, ça va être marrant ».
23:21Et honnêtement, on ne savait pas qu'on partait pour ici
23:23longtemps. Et puis, ça marche.
23:25Donc, ça continue.
23:27Il y a eu des hauts et des bas, mais le jeu est toujours...
23:29Il y a surtout beaucoup de hauts, quand même.
23:31Ça marche vraiment très bien.
23:33Et c'est un jeu important, parce que défendre l'orthographe, le vocabulaire
23:35et la culture générale, c'est rare aujourd'hui à la télévision.
23:37Oui, et moi, ça me fait vraiment plaisir.
23:39C'est-à-dire qu'on s'amuse,
23:41mais on apprend vraiment des choses.
23:43Et puis, c'est intelligent.
23:45C'est-à-dire que ça embarque
23:47les gens vers plus
23:49de connaissances, plus de culture, et puis surtout
23:51la langue française. Même l'orthographe,
23:53quand on ne parle plus trop, parce qu'on le malmène
23:55beaucoup. Moi, je déteste
23:57les fautes d'orthographe.
23:59C'est vraiment mon élément.
24:01Et à l'école, vous faisiez des fautes d'orthographe ?
24:03Pas beaucoup, non.
24:05C'est ce qui est rare aujourd'hui.
24:07Et quand mes enfants en font, je suis...
24:09Mais bon, à leurs âges, c'est normal d'en faire encore
24:11un peu, mais ils savent qu'on est très, très à cheval,
24:13leur père et moi.
24:15Et moi, je me souviens d'un livre qui s'appelait « A foire au cancre »
24:17qui a eu un grand succès en années 60,
24:19où il y avait des perles dans l'angle droit
24:21à 90 degrés, mais l'orthographe était
24:23exacte, parce que l'orthographe était très importante.
24:25Très, très importante avant, c'est vrai.
24:27Maintenant, on s'assouplit un peu là-dessus, je ne suis pas sûre
24:29que c'est une bonne idée. Je ne suis pas certain non plus, mais c'est un autre
24:31débat. Alors, il faut savoir que le premier jeu à la télévision,
24:33c'est le mot le plus long,
24:35qui est né dans des conditions très particulières.
24:37En fait, Armand Jameau
24:39allait à la télévision me proposer un jeu,
24:41et dans un taxi, il a eu une idée.
24:43Et il propose cette idée à la place.
24:45Ça s'appelait « Les sept lettres » au départ.
24:47Et c'est ce jeu qui était programmé
24:49une fois tous les quinze jours, le dimanche,
24:51avec Christine Fabregas et Jean Valton,
24:53qui est devenu le mot le plus long.
24:55Ah, et les chiffres et les lettres, du coup, après.
24:57C'est fou.
24:59C'est une idée qui est née dans un taxi et qui a duré 50 ans.
25:01Alors, il y a eu ce jeu, et puis moi,
25:03j'ai vu sur Internet une apparition mémorable
25:05dans « N'oubliez pas les paroles »,
25:07où vous surprenez Nagui en train de danser avec
25:09Aurore.
25:11Ah oui !
25:13En fait, du coup, je tournais « Tout le monde a son mois d'hier »
25:15dans le studio d'à côté, pour tout vous dire.
25:17Et comme je tournais à côté,
25:19c'est Gérard Pulicino, le réalisateur
25:21et ami de mon mari,
25:23qui me dit « Viens faire une surprise,
25:25il y a un truc
25:27où il danse souvent avec une des danseuses,
25:29et on va le faire,
25:31elle va le faire danser, elle va le mettre de dos,
25:33comme ça, il ne verra pas arriver,
25:35et vraiment, c'était un truc décidé
25:37à la dernière minute, très drôle à faire.
25:39Ah, mais la tête qu'il fait quand il voit qu'il est perdu !
25:41Je vous confie que c'était vraiment une surprise.
25:43Et il y a eu aussi un 1er avril, où vous chantez
25:45« Le roi de tes yeux » de Francis Cabrel,
25:47c'est extraordinaire.
25:49Merci beaucoup, j'adore Francis Cabrel.
25:51Et là aussi,
25:53on sent que vous pourriez être chanteuse.
25:55Écoutez, c'est gentil, j'adore chanter,
25:57je ne pense pas
25:59que je pourrais être chanteuse, ou alors, en tout cas,
26:01à part une chanteuse avec une voix extraordinaire,
26:03je pense que je chante juste,
26:05et j'adore ça.
26:07Et en plus, Francis Cabrel, je ne sais pas si vous le savez,
26:09ses premières chansons, il vendait des chaussures, il les écrivait,
26:11et pour cacher au patron qu'il écrivait des chansons,
26:13il les mettait sous les boîtes de chaussures,
26:15et il les prenait le soir. Et personne n'en voulait à l'époque.
26:17C'est tellement beau.
26:19La Corrida, je pense que c'est l'une des plus belles chansons j'ai écrite.
26:21Exactement. Alors, il se trouve que
26:23la chanson et la musique font partie de votre vie,
26:25et vous habitez à Montmartre,
26:27et vous savez que Montmartre, ça a été le repère de Patachou.
26:29Tout à fait.
26:31Et Patachou, on l'a un peu oublié, elle a fait débuter Brassens,
26:33le 6 mars 1952,
26:35et Brassens est arrivé pour lui placer
26:37des chansons, ne voulait pas les chanter,
26:39elle l'a obligée à passer une audition.
26:41Ah oui.
26:43Je sais que ça a été, qu'il a fait
26:45beaucoup comme ça, je ne sais pas si on appelait ça
26:47des scènes ouvertes à l'époque, mais
26:49en tout cas, des cafés,
26:51des endroits où il chantait comme ça un peu,
26:53avec sa guitare.
26:55Et Patachou, très particulier,
26:57un jour, un client s'amuse à couper
26:59la cravate de son voisin, elle voit ça,
27:01et tous les clients qui arrivaient,
27:03le soir, elle coupait la cravate,
27:05et la cravate allait au plafond. Et le plafond de Patachou,
27:07débordait de cravates.
27:09Putain, génial, vous avez tellement d'anecdotes
27:11extraordinaires.
27:13Il se trouve que votre couple avec Nagui,
27:15ce qui est formidable, c'est que vous en parlez
27:17avec gentillesse et discrétion, vous n'en faites pas
27:19un numéro.
27:21J'essaye pas, en tout cas.
27:23C'est pas si fréquent.
27:25J'en parle quand on m'en parle,
27:27je réponds aux questions qu'on me pose, tout simplement,
27:29parce que c'est tout simplement mon mari,
27:31donc à la fois je suis
27:33fière d'être sa femme, et à la fois
27:35j'en fais pas un étendard,
27:37ça ne me résume pas non plus,
27:39donc ça fait partie de moi.
27:41Et moi j'ai une anecdote avec Nagui,
27:43il débute une première maquette à Europe 1,
27:45il cherche quelqu'un pour
27:47être l'invité, j'avais un copain,
27:49il m'a appelé, et j'ai fait la maquette de
27:51Nagui à Europe 1, j'ai été son premier invité,
27:53je lui en ai parlé d'ailleurs, il s'en souvient pas,
27:55mais c'était dans un petit studio d'Europe 1,
27:57et je crois qu'il n'a pas été retenu à la suite de cette maquette,
27:59mais j'ai ce souvenir très précis.
28:01Qu'est-ce qu'on s'est raconté, je sais plus.
28:03C'est marrant.
28:05Ce qui est vrai, c'est que pour votre métier,
28:07pour vos enfants, vous avez abandonné
28:09votre métier pendant quelques années.
28:11Oui, j'ai arrêté pendant 8 ans, effectivement,
28:13mais avec grande joie et plaisir.
28:15Je ne juge absolument pas
28:17les femmes qui continuent à travailler, attention,
28:19mais moi je le sentais comme ça,
28:21moi je sentais qu'il fallait que je m'occupe
28:23de mes enfants tant qu'ils étaient petits,
28:25et que je voulais pas passer à côté
28:27de tous ces moments,
28:29c'était une période de ma vie
28:31où pour moi je devais vivre ça à fond.
28:33Et il y a eu une partie
28:35de votre vie que vous avez vécue à fond,
28:37c'est la pandémie, car vous vous êtes transformée
28:39en maîtresse d'école.
28:41Pour le coup, j'ai pas été la seule maman à faire ça.
28:43Et on jouait 10 ans après au Théâtre de Paris
28:45à ce moment-là,
28:47ça marchait super bien,
28:49je m'entends d'ailleurs toujours
28:51très très bien avec mes partenaires
28:53qui étaient Julien Boisselier et Bruno Solo,
28:55on était hyper heureux,
28:57et puis le jeudi, on se dit à demain,
28:59et le vendredi 13, on nous dit
29:01en fait vous reviendrez pas,
29:03et on part dans le sud, comme beaucoup de gens qui sont partis
29:05quand ils ont senti que c'était le moment,
29:07on avait encore deux jours pour partir,
29:09et là je me transforme
29:11en maîtresse d'école.
29:13Effectivement, mon fils c'était en CE1,
29:15il y avait...
29:17Mais c'était fou tout ce qu'il y avait à faire !
29:19C'était un enfer !
29:21Vraiment, je...
29:23Déjà les devoirs, je trouve ça...
29:25C'est pas la meilleure partie
29:27de la parentalité,
29:29mais être maîtresse
29:31toute la journée, on était enfermés toute la journée,
29:33en plus il faisait beau mais on n'en profitait même pas !
29:35On était à faire
29:37des pages et des pages d'exercice...
29:39Alors en revanche, il a beaucoup
29:41progressé !
29:43Mais ça a été dans la douleur,
29:45j'avais hâte de retrouver
29:47mon vrai métier.
29:49Et ce vrai métier, vous l'avez exercé de façon étonnante, puisque
29:51vous étiez nulle en maths, on le sait,
29:53mais vous avez quand même été prof de maths dans une série
29:55qui s'appelait l'école de la vie.
29:57En fait, j'étais pas nulle en maths, je pense même que
29:59je suis plutôt douée avec les chiffres, en revanche,
30:01j'ai eu un prof, malheureusement,
30:03pendant deux ans,
30:05en quatrième, troisième, qui ne faisait pas cours,
30:07c'est même pas qu'il était mauvais, il faisait pas cours.
30:09Donc, j'ai jamais réussi
30:11à rattraper ces deux ans
30:13de retard, ce qui fait qu'après,
30:15effectivement, j'avais complètement
30:17laissé tomber l'idée même d'essayer de faire des maths,
30:19mais cette prof
30:21de maths, j'ai adoré
30:23la jouer, adoré ! Elle était
30:25complètement à l'inverse de moi, aucun sourire,
30:27hyper froide,
30:29hyper sévère
30:31dans la vie, comme ça, et en même temps, il y avait un humour
30:33à un second degré, assez
30:35à l'anglaise, comme ça, que j'adorais.
30:37Alors, vous avez été d'ailleurs prof aussi pour la
30:39transmission, vous avez été prof, je crois, dans une association
30:41de théâtre. Je le suis toujours.
30:43Ça, c'est important pour vous, Mélanie Page. Oui, oui,
30:45pour les apprentis d'Auteuil, je pense que les associations,
30:47on peut les nommer. Oui, bien sûr.
30:49Donc, c'est une super association
30:51qui existe depuis très longtemps,
30:53qui s'occupe des jeunes en difficulté, que ce soit
30:55social ou dans leur famille,
30:57ce sont des parcours, comme on m'a dit,
30:59ce sont des enfants cabossés.
31:01Et je leur donne des cours
31:03de théâtre, j'adore ça.
31:05Comme ce sont des enfants un peu compliqués,
31:07parfois, on va dire que ça ne s'arrête pas au théâtre.
31:09Je suis un peu psy, un peu flic,
31:11un peu, voilà.
31:13C'est vivant tout ça,
31:15mais j'adore. Et le théâtre, pour ça,
31:17c'est extraordinaire pour les jeunes
31:19qui ont un peu des problèmes à avoir confiance
31:21en eux, qui ne savent pas
31:23où est leur place, qui ne savent pas prendre la parole.
31:25C'est pas seulement
31:27pour être... Enfin, la plupart ne seront
31:29jamais comédiens, sans doute, mais en fait,
31:31dans leur vie, et c'est ce que je leur explique, ça va vous aider
31:33dans votre vie quotidienne. Et vous leur apprenez
31:35des classiques, vous leur apprenez à jouer ? Non, alors,
31:37en fait, j'ai compris assez rapidement
31:39que je ne pourrais pas aller jusque-là, qu'il faut vraiment être
31:41dans quelque chose qu'ils connaissent, dans quelque chose
31:43de beaucoup plus quotidien. On fait
31:45des impros, on travaille sur le corps.
31:47J'ai trouvé des textes avec un langage
31:49qui est beaucoup plus proche du leur.
31:51Mais c'est très intéressant,
31:53je les vois progresser,
31:55je vois l'endroit où, d'un coup, ils comprennent ce que c'est
31:57que la sincérité, de ne pas vouloir en faire plus,
31:59de ne pas juste vouloir faire rire les copains
32:01en faisant n'importe quoi. Mais bon, on part
32:03de loin, c'est-à-dire que c'est pas
32:05des acteurs en herbe, c'est vraiment
32:07des jeunes qui n'ont rien à voir avec ça au départ.
32:09Et on arrive à
32:11faire des choses qui sont très intéressantes, parfois.
32:13Alors, ce qui est aussi très fort chez vous,
32:15Mélanie Page, c'est que vous avez arrêté pendant 8 ans.
32:17C'est pas facile de recommencer après,
32:19d'être rappelé, parce que 8 ans sont passés,
32:21et ça s'est très bien passé.
32:23C'est même un miracle. Alors, je crois
32:25beaucoup, je dis miracle, c'est peut-être pas le bon mot,
32:27je crois beaucoup
32:29dans les ondes positives
32:31qu'on envoie dans l'univers. C'est-à-dire que
32:33plus on envoie de positif
32:35aux autres, plus on envoie d'amour,
32:37plus on en reçoit. Vraiment, j'y crois très très
32:39fortement. Et je pense qu'à ce
32:41moment-là, j'espère,
32:43j'essaye d'être une belle personne,
32:45et je pense qu'avec tout le positif
32:47que j'avais envoyé, au moment où je me suis
32:49sentie prête à retravailler, en fait
32:51c'est venu vers moi. Vraiment, assez naturellement,
32:53tout de suite. Dès que j'ai décidé
32:55de retravailler, et ça ne s'est jamais arrêté
32:57depuis, donc je remercie
32:59la vie, et en même temps je me dis que
33:01j'y suis pas pour rien.
33:03Oui, mais c'était pas évident, parce que rentrer par exemple dans une
33:05troupe comme celle de Philippe Lelouch, où ils ont leurs habitudes
33:07et remplacer Vanessa Demouy dans le jeu
33:09de la vérité, c'était pas évident.
33:11Oui, alors j'ai pas repris avec ça, c'est Jean-Luc Moreau
33:13qui m'a rappelé pour la première place
33:15que j'ai joué, et
33:17effectivement, oui, rentrer dans une
33:19troupe où chacun s'est habitué. Alors,
33:21j'avais déjà joué avec David Brécourt
33:23qui fait partie de cette bande.
33:25Non, on avait déjà joué une pièce ensemble aussi,
33:27et on s'entendait déjà très très bien.
33:29Donc déjà, ne serait-ce que par David,
33:31je me suis pas sentie isolée, et puis après
33:33en fait, ils m'ont adoptée extrêmement
33:35rapidement. Et puis il y a Black Legend, qui est un
33:37spectacle étonnant aussi, au Splendide.
33:39Alors, non, Black Comedy.
33:41Oui, oui, tout à fait. Alors, Black Comedy,
33:43c'était, oui, c'était une expérience
33:45très particulière,
33:47en fait, où on devait jouer le fait d'être
33:49dans le noir, alors que les
33:51spectateurs nous voyaient, et nous on faisait comme si on voyait rien.
33:53Et c'est
33:55un parti pré-extraordinaire,
33:57très très drôle, et en même temps
33:59difficile, c'est-à-dire qu'il faut vraiment
34:01travailler le fait de ne... Alors qu'on
34:03travaille toujours l'écoute, le regard avec son partenaire,
34:05là on pouvait pas se regarder,
34:07donc c'est vraiment très
34:09très neuf, et j'ai eu la chance de rencontrer
34:11Virginie Lemoine pendant cette
34:13pièce qui est... Ben, j'étais avec elle tout à l'heure.
34:15Je viens de la quitter.
34:17On est très très très proches.
34:19Vraiment, c'est une chère amie maintenant.
34:21Elle s'est reconvertie de façon extraordinaire, puisqu'elle a commencé
34:23avec Laurent Gérard pendant des années, et elle est
34:25devenue une metteur en scène incontournable.
34:27Elle est extraordinaire. Elle a énormément de talent,
34:29et je pense que c'est la seule à ne pas s'en rendre compte.
34:31Oui, elle est restée très modeste.
34:33Ah, très très modeste, mais elle est géniale.
34:35Eh ben, le théâtre, on va continuer
34:37d'en parler à travers votre actualité
34:39et la date du 22 janvier 2025.
34:41A tout de suite sur Sud Radio
34:43avec Mélanie Page.
34:45Sud Radio, les clés d'une vie.
34:47Jacques Pessis.
34:49Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Mélanie Page.
34:51On a parlé de votre parcours riche
34:53en événements avec le cinéma,
34:55le théâtre, les écoles,
34:57la pandémie. Et puis,
34:59retour au théâtre le 22 janvier 2025
35:01avec Je m'appelle Georges
35:03et vous, au Théâtre La Brouillère.
35:05Là, on est véritablement dans la comédie,
35:07une comédie très insolite.
35:09Oui, alors j'adore cette pièce,
35:11on l'a créée à Avignon l'année dernière.
35:13Et c'est vraiment
35:15la comédie romantique, c'est-à-dire que
35:17c'est très drôle, vraiment.
35:19Ça rit énormément
35:21et en même temps, c'est tendre.
35:23En même temps, ça questionne un peu
35:25sur le couple.
35:27Il y a la forme et le fond. Et la forme aussi
35:29est très originale, parce qu'Éric Buh,
35:31le metteur en scène, a pensé
35:33tout ça comme une BD, avec
35:35des projections sur le décor qui est
35:37tout blanc, qui nous emmène dans
35:39plein d'endroits différents, et puis qui nous
35:41plonge comme ça dans un univers un peu enfantin
35:43qui rend le tout encore plus touchant.
35:45Et l'écriture de Gilles Direc est extraordinaire.
35:47Vraiment. Là aussi, vous êtes arrivée
35:49dans cette pièce par hasard ?
35:51Non, alors là, c'est le producteur
35:53Thibaut Oudinière
35:55qui m'a dit j'ai une pièce à te proposer.
35:57Et puis, Éric Buh est venu me voir
35:59à Avignon il y a deux ans et demi
36:01quand je jouais Brexit Sentimental.
36:03Donc il est venu me voir jouer.
36:05Et puis, voilà, ils se sont
36:07dit, ben voilà, c'est pour elle.
36:09Donc tant mieux. J'ai pas passé d'audition.
36:11J'arrive, c'est ça qui est bien maintenant,
36:13à une période comme
36:15ma carrière où je...
36:17Maintenant, le théâtre me propose des pièces et je
36:19peux choisir. Et cette pièce, je l'ai choisie
36:21parce que je l'ai trouvée
36:23très très bien écrite,
36:25originale, jamais vulgaire,
36:27vraiment très drôle. En même temps,
36:29je sortais d'un seul en scène où j'étais
36:31très très seule.
36:33Puisque c'est le principe. Et donc là,
36:35d'être dans une troupe, on est cinq.
36:37Il y a aussi Étienne Lenet, Stéphane Roux, Marine
36:39du CU. On est cinq à être là, vraiment
36:41beaucoup, tous ensemble. Tout le monde a sa
36:43partition à jouer, c'est très agréable.
36:45L'histoire, c'est un garçon, un monsieur, Georges,
36:47qui découvre que les résidences autour de chez lui
36:49portent les prénoms de ses ex.
36:51C'est assez étonnant.
36:53En fait, voilà, c'est l'idée de Gilles
36:55qui a des idées un petit peu folles,
36:57l'auteur, qui s'est dit
36:59que partant de là,
37:01on pouvait revoir
37:03un peu le couple et le début d'un couple.
37:05Donc il se dit, ok, l'immeuble
37:07en face de chez moi va s'appeler
37:09Villa Emilie, ça veut dire que la prochaine
37:11femme de ma vie va s'appeler Emilie. Donc il se met en
37:13quête d'une Emilie. Et quand il me rencontre,
37:15donc c'est Grégory Baquet qui joue Georges,
37:17quand il me rencontre,
37:19il se dit,
37:21il a un coup de cœur, quoi, et il se dit
37:23je ne veux pas savoir comment elle s'appelle. Parce que
37:25si elle ne s'appelle pas Emilie, ça va capoter.
37:27Et donc, en fait, on
37:29commence cette histoire. Evidemment, il ne lui raconte pas
37:31la vérité. Il lui dit juste, jouons-en un jeu.
37:33On ne va pas se dire comment on s'appelle,
37:35on ne parle pas de notre passé, on ne parle pas de nos vies.
37:37Et mon personnage se dit, allez,
37:39pourquoi pas, on va jouer.
37:41Et donc ce couple commence sans se connaître.
37:43Et sans chercher à se connaître.
37:45Juste en se ressentant et en
37:47étant ensemble. Et c'est une question assez intéressante, ça.
37:49Oui, et c'est de l'originalité, parce qu'en général,
37:51la comédie, le boulevard, il y a des portes qui claquent.
37:53Là, ce n'est pas le cas. Ah non, pas du tout.
37:55Il n'y a vraiment pas du tout de ça. Ce sont des codes nouveaux.
37:57En même temps, il y a quand même les codes de la comédie romantique,
37:59avec vont-ils rester ensemble,
38:01vont-ils se remettre ensemble, s'ils se séparent.
38:03Donc, il y a tout ça,
38:05avec les personnages secondaires, les amis.
38:07Donc, il y a les codes, mais
38:09en même temps, c'est extrêmement original.
38:11Moi, je n'avais jamais lu une pièce comme ça. J'adore ça,
38:13se dire, on va faire une pièce
38:15qui n'a jamais été explorée.
38:17C'est ce que vous aimez finalement,
38:19faire à chaque fois quelque chose de nouveau.
38:21Oui, c'est comme ça qu'on s'enrichit.
38:23Grégory Baquet, bien sûr, est votre partenaire.
38:25Il faut savoir que son père, Maurice Baquet,
38:27a été à la fois un comédien,
38:29un violoncelliste,
38:31et un alpiniste sportif.
38:33En fait, il faisait des compétitions de ski
38:35et d'alpinisme, et il a descendu
38:37les escaliers de la Butte-Pontmartre en 1946
38:39à skier.
38:41C'est génial, je vais en parler à Grégory.
38:43Il s'en souvient
38:45très bien.
38:47Là aussi, c'est un travail très particulier
38:49parce qu'il faut jouer la tendresse
38:51et l'humour. Tout à fait, et j'adore ce mélange.
38:53Et ça se mélange
38:55vraiment très bien dans la pièce. C'est-à-dire qu'on entend les gens
38:57exploser de rire et
38:59la minute d'après faire
39:01« Oh ! » et puis ils commentent, ils sont avec nous.
39:03On entend les gens dire « Oh non ! »
39:05« Ah oui ! » Mais vraiment, il y a des gens
39:07qui presque nous parlent et nous encouragent.
39:09Et c'est
39:11mignon, c'est touchant, et les gens surtout
39:13sortent en nous disant « Ah, on a pensé à autre chose
39:15pendant une heure et demie, vous nous avez
39:17embarqués ailleurs ». Et ça fait vraiment
39:19du bien quand même d'aller un petit peu ailleurs en ce moment.
39:21Oui, je crois. Et puis aussi,
39:23ce qui est très important, vous savez jouer avec le public
39:25ce qui n'est pas évident pour une comédienne.
39:27Le public
39:29change tous les soirs. Tout à fait, mais moi c'est ce que
39:31j'adore. Pour le coup, avec le seul en scène que j'ai joué
39:33avant, j'ai vraiment appris ça. Parce que
39:35dans la pièce, il y a aussi des moments où on s'adresse directement
39:37au public. En fait, c'est comme des petites parenthèses
39:39où les personnages parlent directement au public.
39:41Et donc, ça me ramène à ce que
39:43j'avais fait avant et j'adore
39:45ça. Casser le quatrième mur, comme on
39:47dit, et parler directement
39:49aux gens, les regarder,
39:51voir comment ils nous regardent,
39:53les voir avec un grand sourire, c'est
39:55hyper appréciable. En même temps, il y a des moments
39:57surréalistes. Quelquefois, moi je me souviens d'un spectacle
39:59que j'avais écrit et le
40:01comédien rentre en scène et puis
40:03on est dans la salle, au bout de cinq minutes
40:05« je te dis que c'est commencé ».
40:07Ah non, mais oui, non mais...
40:09Là, on ne peut pas continuer.
40:11Si, il faut. Alors, l'autre
40:13jour, souvent, moi j'entends des petits commentaires
40:15alors, l'autre jour,
40:17en jouant, j'arrive, je rentre
40:19en scène et j'entends
40:21quelqu'un qui dit à sa copine à côté « c'est
40:23Mélanie Page ». Et à côté, elle dit
40:25« qui ça ? C'est Mélanie Page !
40:27Quoi ? Mais Mélanie Page,
40:29je te dis ! ». Mais vraiment, limite, aussi fort que
40:31ça, vraiment. Et donc, là, nous, on continue
40:33à jouer, mais en fait, il y a des gens qui sont au théâtre
40:35mais qui sont un peu comme dans leur salon.
40:37Ils se sentent bien et puis, ils commentent.
40:39Alors, si c'est juste un peu, bon,
40:41ça peut passer, ça peut même un petit peu faire rire les autres.
40:43Bon, évidemment, si c'est un petit peu trop, il y a
40:45un moment où il faut qu'ils comprennent qu'il y a d'autres
40:47gens autour d'eux. Mais, par exemple,
40:49il y a eu, alors ça, évidemment, c'est toujours très énervant
40:51pour les acteurs, mais il y a un portable qui a sonné l'autre
40:53jour, dans une scène qui, en plus,
40:55est un peu compliquée entre nous. Et
40:57ça sonne une fois, deux fois, on fait comme si
40:59pas, et on continue. Et puis, il y a un moment,
41:01en fait, on sent qu'on perd les gens,
41:03on perd le public. Tout le monde commence à s'énerver.
41:05« Mais pourquoi elle n'éteint pas, là ? ». Donc, là, c'est
41:07même pas la peine de jouer. Et donc,
41:09j'ai dit, à ce moment-là, j'ai dit à Greg
41:11« Bon, pourquoi tu éteins pas ton portable ? ».
41:13En fait, j'ai pris l'info
41:15tout en restant dans la pièce. Et du coup,
41:17Greg dit « Ben, ouais, je vais l'éteindre, je vais
41:19l'éteindre ». Donc, on lui laissait le temps de trouver
41:21son portable et de l'éteindre, tout
41:23en, voilà, tout en mettant un peu sur pause
41:25l'histoire et en même temps en gardant le public avec nous.
41:27C'est Fernand Reynaud qui ne supportait pas le
41:29moindre bruit dans la salle. Un jour, à
41:31l'Olympia, au quatrième rang, il y a deux
41:33adolescentes qui prennent un bonbon
41:35et qui enlèvent le papier. Il est descendu dans la
41:37salle, il a enlevé le paquet de bonbons aux
41:39adolescentes. Il a repris son portable.
41:41Il serait devenu fou en ce moment avec les
41:43bruits de portable. Et puis, alors, il y a les bruits de portable
41:45qui sonnent et puis, il y a les bruits de portable qui tombent
41:47du siège aussi. Parce qu'il y a beaucoup de gens qui
41:49le mettent comme ça à côté d'eux et POUM ! On entend.
41:51Mais bon, ça fait partie du métier
41:53de comédien. C'est ça le spectacle vivant aussi. On fait
41:55avec ce qui se passe. Et voilà. Et en même temps, ce spectacle
41:57est d'autant plus compliqué qu'il y a un décor
41:59de BD. Donc, il a fallu vous adapter à ça.
42:01Tout à fait. C'est vraiment une super idée
42:03d'Éric Bu qui, en fait,
42:05nous emmène vraiment dans un
42:07univers un peu parallèle
42:09comme ça où je pense que ça
42:11permet vraiment aux spectateurs de voyager et d'être
42:13ailleurs et de tout croire. Parce que c'est
42:15quand même... Enfin, c'est fou cette histoire.
42:17C'est quand même un peu fou ce que Gilles a
42:19imaginé avec ses prénoms d'immeuble.
42:21Et comme on est dans une BD, à partir
42:23de là, tout peut arriver et on est prêt à
42:25croire à tout. Éric Bu
42:27et Gilles Irec sont très très complémentaires
42:29Vous connaissiez un peu le monde de la BD ?
42:31Un petit peu. Je dois avouer que je ne suis pas
42:33une... Enfin, si vous me dites...
42:35Oui, je lisais Boule et Bill quand j'étais enfant.
42:37Voilà, je lisais
42:39Les Schtroumpfs. Mais après,
42:41adulte, je n'ai pas trop
42:43continué à lire de la BD. Et Boule et Bill,
42:45c'était vraiment le fils de Jean Robat et le chien
42:47de Jean Robat. Les vrais l'avaient pris
42:49de modèle. J'adorais ça.
42:51Et on compare d'ailleurs ce décor, j'ai vu des
42:53critiques à Pénès.
42:55Les amoureux de Pénès.
42:57Je ne sais pas si c'est un rapport, mais en tout cas,
42:59beaucoup de critiques disent que le décor ressemble aux amoureux
43:01de Pénès. Elle a beaucoup de
43:03talent. La femme qui a fait les
43:05dessins, c'est très...
43:07C'est très poétique.
43:09C'est très original. C'est un dessin très
43:11original aussi. Pénès a été célèbre
43:13pour son kiosque avec le musicien
43:15et la jeune femme. Et il y a une anecdote, Pénès
43:17habitait à l'époque à Paris, dans un
43:19immeuble où il y avait Jacques Brel et
43:21Georges Brassens. Et un soir, ils ont
43:23dîné ensemble et ils ont tellement bu
43:25qu'ils ont passé la nuit à se raccompagner
43:27les uns chez les autres ou à tenter de se raccompagner
43:29les uns chez les autres.
43:31C'est drôle. C'est extraordinaire.
43:33C'est aussi un spectacle familial.
43:35Oui, tout à fait. C'est important.
43:37Il y a souvent des enfants dans la salle et
43:39honnêtement, les enfants rient beaucoup. C'est génial
43:41d'entendre les enfants rire.
43:43C'est quand même le rire le plus...
43:45C'est le son le plus beau de la planète.
43:47Un rire d'enfant.
43:49Ils sont vraiment avec nous. Ils comprennent.
43:51Il y a deux, trois références
43:53peut-être qu'ils loupent ou qu'ils passent à côté
43:55mais vraiment, l'histoire est
43:57complètement jouable pour un
43:59enfant, j'ai envie de dire, à partir de 7-8 ans
44:01c'est bon. Il passe
44:03un bon moment. Et ce spectacle, Mélanie
44:05Page, vous l'avez créé à Avignon.
44:07Maintenant, votre marque de fabrique de créer des
44:09spectacles à Avignon. J'adore.
44:11C'est pas évident ?
44:13C'est pas évident, mais moi j'aime pas ce qui est évident.
44:15Comme ça, ça tombe bien.
44:17Je trouve que ça grouille.
44:19En fait, ce qui est génial pendant le festival,
44:21c'est que, déjà, Avignon, c'est très beau
44:23et je suis assez sensible à la beauté et à l'architecture
44:25donc là, je suis très bien.
44:27Et en plus, dans les rues, il y a soit
44:29des gens qui font le même métier que nous
44:31et qui sont dans le théâtre et qui sont donc passionnés
44:33de théâtre, soit du public
44:35qui est là parce qu'ils sont passionnés de théâtre.
44:37Donc, en fait, qui qu'on croise
44:39ce sera des gens qui ont la même passion que nous
44:41ce qui est quand même extraordinaire. Oui, mais il faut tracter tous les jours
44:43pour faire venir le public. Oui, j'aime bien tracter, ça me dérange pas.
44:45J'aime bien aller
44:47au contact du public, en fait. Vraiment.
44:49J'ai pas
44:51cette timidité-là où je...
44:53J'aime bien échanger avec les gens que je connais pas.
44:55En même temps, c'est une façon de roder le spectacle.
44:57Oui, aussi. Et puis, en plus,
44:59on travaille, justement,
45:01les mots à dire, comment on peut
45:03résumer, parce qu'on a l'attention des gens
45:05mais quelques secondes, parce qu'ils ont quand même autre chose à faire
45:07et puis ils sont sollicités tout le temps.
45:09Donc, voilà, on travaille notre façon,
45:11notre bagout, notre façon de vendre le spectacle.
45:13Alors ça, c'est le côté comédie romantique.
45:15Vous étiez à Avignon, déjà,
45:17voici quelques années, avec un spectacle très différent.
45:19Ce seul en scène, ce qui ne nous tue pas.
45:21Là, ça aussi, c'était un moment
45:23d'émotion. Vous l'avez joué à Paris, au Théâtre Le Pic.
45:25Tout à fait. C'était quelque chose de très, très dur.
45:27Alors, c'est à la fois très
45:29difficile, parce que c'est difficile de jouer
45:31seule et que, j'ai même envie de dire, c'est presque
45:33un autre métier.
45:35Et en même temps, j'ai eu des retours
45:37tellement enrichissants
45:39de gens qui
45:41sont tombés dans mes bras en pleurant après le spectacle
45:43en me disant, j'ai vécu ça,
45:45ce que vous m'avez dit là, ce que vous avez dit là.
45:47D'ailleurs, là, vous voyez, j'ai fait
45:49un lapsus. Les gens avaient souvent l'impression
45:51que je leur parlais directement, comme si je leur
45:53racontais soit leur histoire, soit la mienne.
45:55D'ailleurs, souvent, j'avais l'impression que c'était ma vraie
45:57histoire, alors que c'était une adaptation que j'avais
45:59écrite, mais il y avait ce
46:01truc où je parlais au plus profond
46:03des gens. C'était un spectacle sur la vie et la mort
46:05et l'adaptation d'un
46:07auteur américain qui est venu voir votre pièce.
46:09Tout à fait, James Hinman, qui est venu de New York,
46:11exprès, pour deux jours,
46:13qui a adoré et qui a tellement adoré
46:15qu'il veut m'écrire
46:17une autre pièce, pour moi, sur mesure.
46:19On s'est revus depuis, d'ailleurs.
46:21Je lui ai donné des pistes de ce que je voulais jouer.
46:23A priori, il est en train de l'écrire.
46:25Vous êtes capable de passer de la comédie au drame
46:27sans le moindre problème ?
46:29J'adore ça, oui.
46:31C'est aussi notre métier.
46:33J'aime même ça dans le même spectacle,
46:35parce que dans « Ceux qui nous tuent pas », il y avait beaucoup
46:37d'humour et en même temps des choses
46:39absolument tragiques à raconter.
46:41C'est anglo-saxon, je pense que j'aime bien mélanger les deux.
46:43C'est vrai que quand on voit
46:45« Je m'appelle Jean, j'ai vous », on songe
46:47au film américain romantique.
46:49Ça n'existe pas en France.
46:51Exactement. Et moi, j'adore
46:53les comédies romantiques.
46:55Les comédies avec Julia Roberts,
46:57Jennifer Aniston, j'ai été vraiment biberonnée
46:59à ça, j'adore.
47:01Et vraiment, j'ai pas honte de dire
47:03que j'aime, parce que les gens disent « Oui, alors
47:05c'est un cinéma un petit peu... » Mais pas du tout.
47:07D'ailleurs, aux Etats-Unis, ils voient pas du tout ça
47:09comme un cinéma bis, c'est vraiment
47:11très très important
47:13pour eux. En fait, c'est
47:15les émotions que ça procure.
47:17C'est d'avoir des larmes d'émotions,
47:19mais positives. C'est d'être
47:21capté par une histoire, et puis de toute façon, l'amour,
47:23c'est quand même... S'il y a bien un truc qui parle à tout le monde,
47:25c'est ça. Alors, l'avenir, est-ce que vous n'avez pas envie
47:27d'aller encore plus loin, d'écrire, de réaliser ?
47:29Alors, oui, figurez-vous
47:31que j'ai écrit.
47:33Alors, j'ai écrit un livre qui est
47:35en ce moment lu chez des éditeurs,
47:37je peux pas vous en dire beaucoup plus,
47:39mais j'ai...
47:41J'ai écrit comme un...
47:43Voilà, c'est sorti extrêmement vite.
47:45J'ai fait lire à quelques amis de confiance.
47:47D'ailleurs, ma première lectrice a été Virginie Lemoine,
47:49que je remercierai jamais assez.
47:51J'ai des retours
47:53pour l'instant vraiment extrêmement
47:55positifs, et
47:57j'attends d'être
47:59publiée, d'avoir les retours du public là-dessus.
48:01C'est une façon d'en remercier votre mère, aussi.
48:03Oui, complètement, oui. Oui, oui, tout à fait.
48:05En tout cas, pour l'instant, vous êtes à l'affiche
48:07de cette pièce, Je m'appelle Georges, et vous ?
48:09C'est au Théâtre La Brouillard, c'est tous les soirs ?
48:11C'est du mercredi au dimanche, à 21h,
48:13le dimanche à 17h.
48:15Donc, il faut tenir le rythme, aussi, avec les enfants ?
48:17Tout à fait. Bon, maintenant, ils sont quand même plus grands,
48:19ils ont l'habitude que maman, le week-end,
48:21elles sont pas toujours là, et que
48:23le soir, je pars...
48:25Moi, j'y vais à pied, j'adore aller au théâtre à pied
48:27et revenir à pied.
48:29Donc, en gros, je pars vers 19h30,
48:31ça va, et puis après,
48:33le soir, je rentre, ils sont couchés,
48:35mais j'ai quand même pas mal de temps avec eux.
48:37C'est bien, et nous, on a...
48:39T'es heureux de passer une heure avec vous.
48:41Moi, également. Et je suis sûr que beaucoup de gens
48:43vous retrouveront sur scène avec Grégory Bacquet,
48:45dans Je m'appelle Georges, et vous ? Au Théâtre La Brouillard.
48:47Merci beaucoup. Merci, et puis à bientôt,
48:49parce que vous reviendrez parler de votre livre. Avec grand plaisir.
48:51Merci, Mélanie Pagne. Merci.
48:53Et Clé de l'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui,
48:55on se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

Recommandations