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  • 10/04/2025
Les clefs d'une vie avec Florence Belkacem

🗝 Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-04-08##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous vous êtes donné un mal de chien pour mettre sur le grill plusieurs centaines de grands capots
00:10avant de vous consacrer essentiellement à de toutes petites bébêtes.
00:13C'était votre destin et vous continuez à le suivre à travers des signes que vous évoquez dans votre nouveau livre.
00:19Bonjour Florence Velkacem.
00:21Bonjour Jacques Pessis.
00:22Alors je vous avais reçu il y a quelques temps pour votre premier livre.
00:24Absolument.
00:25Là le nouveau c'est Cueilleuse de signes chez Guitre et Daniel.
00:28Peut-on échapper à son destin ?
00:30Votre destin justement c'est le principe des clés d'une vie puisque nous avons des dates clés pour évoquer votre parcours.
00:36Alors j'en ai trouvé de nouvelles et notamment le 5 mai 2000.
00:39Écoutez ce générique.
00:45Vendredi c'est Julie avec Julie Snyder et je crois que ce jour-là on va vous envoyer un bouquet de fleurs en direct à la télévision.
00:51Oh là là, quel souvenir, quel souvenir.
00:54C'est la première fois je crois qu'on envoie un bouquet de fleurs à la télévision en direct.
00:57200 roses envoyées je peux dire par qui ?
01:00Par Guy Bedos.
01:01Par Guy Bedos qui s'était fâché avec moi très violemment.
01:05Oui.
01:06Et je crois que Julie Snyder lui avait demandé d'accompagner les roses d'un petit mot délicat.
01:11Eh bien non, j'ai eu 200 roses comme ça, sans le moindre mot.
01:16Il était vraiment rancunier.
01:18Oui mais elle avait quand même préparé un mot en direct dans l'émission.
01:22Julie Snyder était une animatrice de télévision célèbre au Québec.
01:25Elle l'est toujours puisqu'elle a importé Star Academy et The Voice au Québec, qu'elle appelle La Voix.
01:31Elle a fait un passage éclair en France que ça n'a pas vraiment marché.
01:33Non.
01:35Mais Guy Bedos en fait avait dit du mal de Thierry Ardisson dans cette émission, mais n'avait rien dit sur vous.
01:40Il était galant au moins.
01:41Si, alors si, si, parce que quand on avait fait le pilote pour Canal+, il m'avait traité d'ardissonienne en disant, avec le plus grand mépris, vous n'êtes qu'une ardissonienne.
01:54Oui, car au départ vous deviez animer sur Canal+, une émission qui s'appelait Bienvenue en France, Laurence Belkacem.
02:00Le titre choisi par Guy Bedos, moi je n'étais pas fan du titre.
02:03Et en fait, il est vrai que Guy, en fait, le concept c'était, on interviewait deux personnalités.
02:11La première c'était une personnalité politique, la deuxième un artiste, un intello, un romancier.
02:16Et en fait, on était entouré de jeunes, de jeunes spectateurs.
02:21Et moi, je démarrais l'interview, c'était, je me souviens, Philippe Dousteblasi.
02:25Et je lui avais dit, j'avais commencé par Philippe Dousteblasi, bonsoir, jamais sans votre mèche.
02:32Parce que vous savez, il avait un tic comme ça, il ramenait toujours sa mèche en arrière.
02:35Et alors, donc moi, évidemment, ayant fait de la radio, j'allais assez vite dans les questions, dans l'interview.
02:40Et Guy, qui était, Guy Bedos, qui était assis au milieu de ce public, de ce jeune public,
02:45il s'est senti un peu ralenti, un peu au ralenti.
02:49Parce que lui, il écrivait beaucoup toutes ses réparties.
02:53Et là, il fallait faire un petit peu de l'impro.
02:55Et je ne sais pas, à la fin de cette première interview, il a piqué une crise en disant,
03:01comment, comment osez-vous poser une question comme celle-ci à Philippe Dousteblasi, jamais sans sa mèche ?
03:09Et en fait, j'ai compris, en fait, lui, il avait un postiche.
03:13Oui, exactement.
03:14Et en fait, il l'a pris pour lui.
03:16Mais Dieu, mais c'était fou, quoi.
03:18C'était ridicule.
03:20Et donc, il avait explosé en disant, oui, vous avez été très bonne, comme à votre habitude.
03:26Et moi, et vous, vous êtes servie de moi.
03:28Enfin, il m'a fait un sketch.
03:29C'était le sketch avec Sophie Daumier, quasiment.
03:31Vous voyez ?
03:32Je ne dirais pas...
03:34Oui, c'était Sophie Daumier qui a été sa femme pendant des années.
03:37Mais c'est vrai qu'il n'était pas facile à gérer, Guy Bedos.
03:40En tant que c'était un excellent comédien.
03:42Il l'a montré dès le service militaire.
03:44Il a été appelé en Algérie.
03:46Et il a fait la grève de la faim.
03:48Et il a réussi à être réformé pour maladie mentale.
03:50Oui, je ne suis pas trop étonnée.
03:53Et vous savez, quand j'étais à RTL, il était très ami de Philippe Labreau, Guy Bedos.
03:59Et alors, Labreau qui m'appelait tout le temps, Coco, vous allez interviewer Guy Bedos, etc.
04:04Allez le voir chez lui.
04:05Faites l'interview pour le matin à 7h25.
04:06Avec une interview qui décoiffait un peu, si je peux encore dire.
04:10Et figurez-vous, je suis allée chez lui.
04:13Et il a été tellement odieux.
04:15Mais à un moment, j'ai cru que j'allais me prendre une baffe.
04:18Parce qu'il me trouvait trop effrontée, trop directe.
04:21Et j'étais rentrée à RTL en disant,
04:23disons Philippe, votre copain là, Guy, ce n'est pas un cadeau.
04:25Et on est resté longtemps fâchés.
04:27Et après, on s'est reconcilié.
04:28Oui, mais on vous a quand même demandé de faire une émission avec lui, Florent-Rosevel-Cassel.
04:31On ne m'a pas demandé.
04:32Non, on ne nous a pas demandé.
04:33Quand on s'est reconcilié avec Bedos, il m'a dit,
04:36et si on écrivait ensemble ?
04:38Et moi, je lui ai rétorqué, et si nous faisions de la télé ensemble ?
04:41Il m'a dit chic, chiche.
04:43On a tapé dans les mains.
04:45Et en fait, j'ai conçu l'idée de l'émission,
04:48Bienvenue en France, interview contre interview, etc.
04:52Et j'ai soumis l'idée à Alain Degrève, qui dirigeait Canal+,
04:56et qui a dit, mais génial, Belkacem Bedos, formidable et tout.
05:01Ça a volé en éclats très vite.
05:02Alors, il se trouve aussi qu'il y a un mot qu'on emploie aujourd'hui,
05:06et je pense que vous êtes une pionnière en la matière, Florence Belkacem,
05:09c'est le journalisme sans concession.
05:10Ah oui.
05:11Vous êtes la pionnière.
05:12Oh, alors Fogiel, alors Marc-Olivier Fogiel aussi le dit,
05:15qu'il a aussi inventé ce style de questions directes, etc.
05:19Bon, moi, c'est vrai que c'était aussi mes interviews sur RTL,
05:22et pendant quasiment 15 ans, jusqu'en 2013, à VSD,
05:27je faisais une page sans concession.
05:28Mais ça m'a valu aussi un peu des ennuis, de pratiquer la langue comme ça, un peu crue.
05:35Je veux vous dire que ça n'a pas toujours été simple.
05:37Mais alors justement, comment était venue cette idée d'être journaliste sans concession ?
05:41Alors, moi, j'ai toujours eu un franc parler depuis que je suis petite.
05:45J'osais dire les choses, etc.
05:48Bon, avec beaucoup de spontanéité.
05:50Mais quand même, j'avais, je pense, à une certaine audace ou à un certain culot,
05:55ce qui n'était pas toujours bien vu dans la famille,
05:58parce qu'on trouvait que j'étais un peu effrontée.
06:00Non, enfin, gentiment effrontée.
06:04Et donc, j'ai ensuite...
06:06Donc, vous savez, ça, c'est naturel, il revient au galop.
06:08Quand ensuite, je me suis frottée à des fauves de la politique,
06:12eh bien, mon franc parler, mon culot, mon audace sont revenus, ça, c'est sûr.
06:17Oui, mais c'est toujours passé parce que vous aviez le sourire en permanence.
06:20Ah, peut-être.
06:22Ils n'osaient pas trop vous dire, d'abord, parce qu'ils sont galants, les hommes,
06:24et il y avait ce sourire qui marchait.
06:26Et la langue de bois, d'ailleurs, parce que la langue de bois,
06:29on ne sait pas très bien d'où ça vient l'expression, je me suis un peu renseigné.
06:32Elle est née dans la première partie du XXe siècle
06:34pour caractériser le discours officiel des dirigeants du RSS.
06:37Et c'est comme ça qu'elle est arrivée en France ensuite, après la guerre.
06:41Alors, ces interviews, c'était vraiment beaucoup de travail,
06:44beaucoup de préparation aussi.
06:45Ah oui, à chaque fois, vraiment, je me penchais dans le dossier d'un invité
06:50et rien ne m'échappait.
06:52Non, mais vraiment, je passais des heures, je peaufinais les questions.
06:56C'est vrai que quand j'avais reçu Karl Lagerfeld,
06:58et je lui avais dit bonsoir Karl Lagerfeld,
07:01alors, plutôt culture ou couture ?
07:05Oui.
07:05Il avait surpris, ça l'avait fait beaucoup rire.
07:10Mais ce n'était pas si fréquent de la part d'une femme, surtout.
07:13Non, mais ça m'a valu des inimitiés.
07:16Enfin, à TF1, j'ai été très mal vue par Anne Sinclair.
07:21Oui, on m'a regardée d'un œil un peu pas très gentil.
07:26Il y a une interview, d'ailleurs, un extrait d'interview qui est passé dans Ligne de mire de Jacques Chancel à l'époque,
07:32où on voit avec un invité qui dit à TF1, de toute façon, personne ne vous regarde à ce temps-ci.
07:37Et vous lui répondez avec le sourire, ce n'est pas très gentil ce que vous dites.
07:40Vous avez toujours des réponses gentilles.
07:41Oui, dans ces moments-là, il vaut mieux rester toujours courtois, délicat.
07:51Et finalement, ça désersonne l'autre quand l'autre est agressif.
07:55Remarquez, le pire, c'est Léon Zitrone qui se faisait insulter en permanence à la radio.
07:59Notamment, un jour, un invité lui dit qu'il n'est même pas...
08:03Personne l'écoute et qu'il n'a aucun intérêt.
08:05Il a été très blessé parce qu'à l'époque, il voulait se présenter à la mairie de Paris.
08:10Ah oui ?
08:10C'est-à-dire que s'il avait été l'une maire de Paris, on n'aurait pas eu des vélos, mais des chevaux dans les rues.
08:15Ah, ça aurait été pas mal.
08:16Alors, VSD, justement, vous avez signé 900 entretiens.
08:21Là aussi, c'était des entretiens, événements, ça ne se faisait pas à l'époque.
08:26Pour la dernière page de VSD, ça ne se faisait pas aussi.
08:29Non, mais pas aussi fort, pas aussi dur.
08:33Aussi dur, pas toujours dur.
08:36C'est-à-dire que c'était des gens qui étaient dans l'actualité et à qui on reprochait certaines choses.
08:42Donc, moi, j'essayais un peu de les pousser dans leur retranchement, délicatement, avec le sourire.
08:48C'est le travail du journalisme.
08:51Aux Etats-Unis, regardez l'école américaine des journalistes, ils y vont quand même.
08:55On n'est pas là non plus pour ménager l'autre.
08:57Surtout quand, dès lors qu'une personne est dans une salle à faire, est ment.
09:04En même temps, attention, je n'ai jamais hurlé avec les loups.
09:10C'est-à-dire que quand les gens sont à terre, jamais je les mets plus bas que terre.
09:14Jamais.
09:14Au contraire, je leur tends le micro et je les écoute.
09:17Et puis, vous avez fait des reportages pour la télévision, Florence Belkacem, tout à fait différents.
09:21J'ai retrouvé un reportage où vous interrogez Briali et Christian Clavier sur la grippe.
09:26Ah, je ne m'en souviens plus du tout.
09:27Vous expliquez que la France est en pleine grippe et vous expliquez ça au JT.
09:34Ah bon ?
09:34Je m'en souviens absolument.
09:35Ah non, mais là, vous remontez très loin.
09:37Je n'avais même pas 22 ans, je pense.
09:40Ah oui, alors ça, je ne m'en souviens absolument plus du tout.
09:42D'autant que, pour ouvrir une parenthèse, vous parlez de Jean-Claude Briali qui avait acheté, quand il tournait, le beau Serge, le château de Montion à 5 minutes de Meaux.
09:54Et j'ai été chargée par le maire de Meaux, Jean-François Copé, de faire la curation de ce château.
10:00Et j'ai redonné vie à ce château pour les journées du patrimoine en 2022.
10:05Et maintenant, c'est ouvert au public, ça rouvre au mois de mai, chaque année.
10:09Et c'est incroyable parce que, oui, oui, et Briali, donc voilà, c'est ce que je referme la parenthèse.
10:16Mais vous parlez de Briali, ça me fait penser à le château.
10:19Mais le journalisme, c'était votre rêve de toujours ?
10:21Alors, je voulais être grand reporter sur les animaux.
10:24Je voulais partir en Tanzanie, je voulais partir au Kenya, je voulais traquer les fauves, les rhinocéros, etc.
10:32Et finalement, ce n'était pas simple quand même, n'ayant pas de relation dans ce métier, etc.
10:38Donc, voilà, je me suis frottée à d'autres fauves qui étaient les politiques.
10:45Et vous avez appris votre métier dans une école qui a fermé, d'ailleurs, l'année dernière, le studio École de France.
10:49Ah oui, j'ai fait que deux ans, moi.
10:51Je crois que j'ai fait, je ne suis pas allée au bout du troisième année.
10:55Après, j'ai été prise en stage à RFO et j'ai été gardée aussi Radio France au Saint-Mère.
10:59C'était une autre époque, il n'y avait pas les moyens technologiques d'aujourd'hui ?
11:02Non, non, non.
11:03C'était presque aussi simple, non ?
11:05C'était aussi simple, c'était vivant, c'était...
11:08Oui, et puis, la parole était libre.
11:11C'est-à-dire que les gens, ils n'étaient pas cadenassés quand on les interviewait.
11:15Aujourd'hui, j'étais sur Radio Classique jusqu'en 2018, sous l'air Étienne Mougeot.
11:20Et c'est vrai que j'ai senti quand même que maintenant, les gens pesaient leurs mots
11:25de peur que tout de suite, ça éclate sur les réseaux sociaux.
11:30Ça, je le déplore.
11:32Ça, c'est vraiment...
11:33Ce n'est pas le cas à Sud Radio, notre slogan est « Parlons vrai ».
11:36Et on va continuer à parler vrai ensemble à travers une autre date, le 13 octobre 1990.
11:41A tout de suite sur Sud Radio avec Florence Belkacem.
11:44Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:47Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Florence Belkacem.
11:50Nous parlerons tout à l'heure de « Cueilleuse de signes », votre nouveau roman
11:53« Peut-on échapper à son destin ? » chez Guy Trédaniel.
11:56Et on en revient à votre parcours.
11:58On a expliqué vos débuts.
11:59Pas toujours faciles.
12:01Et j'ai trouvé le 13 octobre 1990 un débat très insolite dans cette émission.
12:11Télézèbres.
12:12Et alors, surtout, le débat, c'est un débat entre Jacques-Yves Sardou
12:15et un juriste parisien, Fabien Cruyé, qui a écrit « Bas les pattes »,
12:18livre où il estime qu'il y a trop de chiens et de chars en France.
12:21Et là, ça s'est trip.
12:22Ah oui, c'était incroyable ce moment de télé.
12:24Ça, c'était un vrai moment de télévision.
12:27Qu'est-ce qui s'était passé ?
12:28Donc, Fabien Cruyé, si je me souviens, si ma mémoire est bonne,
12:32était journaliste au Nouvel Observateur.
12:34Et donc, il reprochait.
12:37C'était Jacques-Yves Sardou, c'est ça, qui était invité.
12:40Et alors, elle défendait les animaux.
12:43Et lui avait fait, avait justement écrit un peu contre les animaux
12:47qu'on était trop dépendants de ces petites bêtes.
12:50Et alors, dans un langage peu élégant,
12:53elle lui en a mis plein la tête.
12:56Mais c'était un drôle.
12:57Ah oui, ça, c'était un grand moment.
12:58Parce que les noms de oiseaux volaient.
13:00Elle était assez spécialiste, Jacques-Yves Sardou.
13:02Elle était un peu vulgaire.
13:05Pourquoi un peu ?
13:05Non, mais oui, elle était même vulgaire.
13:07Oui, c'était terrible.
13:09Il était affublé, le pauvre de...
13:11Si elle avait trouvé un pot de chambre,
13:13elle lui aurait balancé sur la tête.
13:15C'était vraiment du style...
13:16Et vous aviez du mal à retenir votre fou rire.
13:18Ah oui, oui.
13:19C'était quelque chose.
13:20Il faut savoir qu'elle estime...
13:23Elle a toujours dit qu'elle est plus cocu que moi, tu rêves.
13:26Parce que son mari l'a trompé sans arrêt.
13:28Et elle disait avec son langage,
13:30avant qu'il se tape une fille,
13:31je lui disais, fais gaffe, celle-là, tu vas être emmerdée.
13:35Des personnages comme ça, il n'y en a plus.
13:36Non, plus beaucoup.
13:37Non, il y en a encore.
13:38Il y a encore des personnalités.
13:40Mais oui, oui, c'était des...
13:43C'est une époque où vous pouviez faire des sujets
13:44tout à fait insolites comme celui-ci.
13:46Oui, oui.
13:47Alors, vous êtes dans un magnifique fauteuil.
13:49Et vous êtes une chroniqueuse de cette émission Télé-Zèbres.
13:53Je crois que ça s'appelle Toute la ville en parle.
13:55Votre chronique.
13:56Toute la ville en parle ?
13:57Oui.
13:57D'accord.
13:57Et donc, il y a Yvan Le Bollock,
13:59François Zardy, Philippe Manoeuf, Bruno Solo,
14:02Yves Mourouzi et vous comme chroniqueurs.
14:04Non, Mourouzi était mort déjà.
14:06Ah non, à 90, il n'était pas mort.
14:08Mais Mourouzi ?
14:09Oui, il faisait une chronique régulière pour s'en sortir
14:11parce qu'il n'arrivait plus à perdre la télévision.
14:14Ah ouais ?
14:14Oui, c'était le début de la chute.
14:16Je n'ai jamais croisé Mourouzi.
14:17Il est venu en tout cas.
14:18Alors, il se trouve que cette émission,
14:20c'est une émission de Thierry Ardisson
14:21et vous l'avez rencontrée dans une autre émission.
14:23Bain de minuit, émission mythique.
14:33Et je crois que Thierry Ardisson est venu vous chercher, Florence Belkacem.
14:36Oui, il est venu me chercher
14:39parce qu'après, le studio École de France,
14:41je suis allée taper aux portes
14:43et en fait, j'ai rencontré
14:45quelqu'un qui connaissait Patrice Duhamel.
14:48Et il m'a dit, je suis très amie de Patrice Duhamel,
14:51je vais lui demander de vous recevoir, etc.
14:53puisque je voulais faire des interviews et tout.
14:56Et puis, Patrice Duhamel m'a regardée, m'a écoutée parler.
14:58Il m'a dit, tiens, je pense que je vais vous mettre dans les mains de quelqu'un.
15:03C'est un publicitaire qui va créer une émission, etc.
15:08qui s'appelle Thierry Ardisson.
15:11Évidemment, je n'en avais jamais entendu parler.
15:13Et il m'a dit, je suis sûre que vous allez vous entendre.
15:15Et donc, je suis allée rue du Faubourg-Saint-Honoré
15:17taper à la porte de Thierry Ardisson.
15:20Et Ardisson m'a regardée, il m'a dit,
15:21ah, on va jouer les politiques tous les deux,
15:24enfin, les journalistes politiques, Anne Sinclair,
15:26je ne sais plus avec qui elle était son acolyte
15:28dans les grandes années de l'interview de TF1.
15:31Et il m'a dit, on va super s'entendre.
15:34Et on a fait des interviews.
15:36Oui, oui, j'ai fait mes premières interviews politiques.
15:38C'est vrai, dans Bonne Minuit.
15:40Il se trouve qu'il avait fait une première émission à TF1
15:42qui s'appelait Descendre de police.
15:43Il a été adapté d'une chronique qu'il faisait dans un journal,
15:47dans Rock et Folk.
15:48Et ça n'a pas marché du tout,
15:49puisqu'il a été arrêté par la haute autorité de l'audiovisuel.
15:54Oui, oui.
15:54C'était très violent.
15:55C'était très violent.
15:55Il mettait vraiment des coups et tout.
15:57Ensuite, il a sorti un album avec les photos.
16:01On voit, je crois, Lyo avec le visage en sang.
16:04Je ne sais plus.
16:05Oui, c'était très brutal.
16:07Il faisait des maisons-scènes macabres et tout.
16:10Et ils étaient très, très...
16:12Alors là, pour le coup,
16:12ils étaient très grossiers dans leurs questions.
16:15Alors que Bain de Minuit, c'est beaucoup plus classique.
16:17Et vous vous retrouvez dans une discothèque,
16:19les Bains-Douches.
16:20Bains-Douches, d'ailleurs, qui a été le lieu de répétition
16:22de la première pièce de Coluche, avec Colline Serrault,
16:25qui débutait, Ginette Lacaze.
16:28Et vous retrouvez, c'est un décor qui ne vous est pas habituel.
16:30Non, c'était complètement inhabituel.
16:32Et surtout, j'avais fait venir Simone Veil dans l'émission,
16:35puisque moi, j'étais chargée d'aller voir les hommes politiques
16:38et de les faire venir.
16:40Après, on les co-interviewait.
16:42Et alors, Simone Veil était furieuse,
16:44parce qu'on était...
16:45Catherine Barma nous avait mises toutes les deux en bas d'un escalier
16:48et on devait faire notre entrée ensemble.
16:51Et ils nous ont fait refaire trois fois la scène.
16:54Et alors, évidemment, il y avait des jeunes femmes
16:56habillées un peu, tenues de soirée, etc.
17:00Et elle m'a dit, où m'avez-vous emmenée ?
17:02Dans un bordel ?
17:03Et ensuite, dans l'interview,
17:06elle avait été, mais vraiment pas sympathique,
17:09parce qu'on lui posait une question.
17:11Et en fait, elle ne mettait jamais de point à sa phrase,
17:14quasiment pas.
17:15Donc, on n'arrivait pas à la stopper.
17:17C'était incroyable.
17:18C'était incroyable.
17:19En plus, elle aussi, c'était la première fois
17:21qu'elle se rendait dans une discothèque.
17:22Oui, oui, oui.
17:24Je crois qu'elle m'en a un peu voulu.
17:25Il y a d'ailleurs un moment,
17:26elle vous rabroue sur une question.
17:28Oui, oui, oui.
17:29Elle avait été détestable avec moi.
17:31Alors que moi, là, j'étais aussi vraiment très jeune.
17:34Elle aurait pu aussi avoir un petit peu de pitié pour moi.
17:39Mais bon.
17:39Il se trouve qu'on pouvait à l'époque
17:41tout demander aux invités
17:43sans prendre le risque, justement, de ces réseaux sociaux.
17:46Absolument.
17:46Il n'y avait pas de problème à ce moment-là ?
17:48Non, non, non, non.
17:48Ben non, on buvait du champagne.
17:50Hardy s'en fumait cigarette sur cigarette
17:52pour calmer son stress.
17:54C'était la folie, quoi.
17:56C'était la vie.
17:57En fait, c'était très gai.
17:59Je pense que ce qui a beaucoup changé,
18:00peut-être aussi,
18:01c'est le manque de gaieté.
18:04Voilà.
18:05C'est ça qui me frappe aujourd'hui,
18:06aussi dans le monde journalistique,
18:08dans les émissions.
18:09C'est que ça pétille beaucoup moins.
18:11C'est que les gens sont moins légers.
18:13On a perdu en légèreté,
18:15nous, les Français.
18:17Et pas seulement en légèreté.
18:18Il se trouve qu'il y a aussi,
18:19Bernard Kouchner,
18:20une interview mémorable,
18:21où vous avez commencé à lui parler
18:22de ses sacs de riz.
18:23Et là aussi, il n'a pas apprécié
18:25Florence Belkacem.
18:26Oui, mais il avait fait...
18:28C'était en Somalie,
18:29les sacs de riz, c'est ça ?
18:30Et le truc, c'était quand même...
18:33Il venait pour la bonne cause,
18:35pour les Somaliens,
18:36pour les nourrir.
18:37Et je crois qu'il avait un sac de riz
18:39sur le dos.
18:41Et il avait refait trois fois la prise,
18:42ou quatre fois,
18:43parce que ça n'allait pas pour les caméras.
18:45C'était fou, quoi.
18:45Non, mais...
18:46C'est pas très sérieux, ça.
18:47Non, c'était pas très sérieux, évidemment.
18:49Moi, j'ai sauté dessus.
18:51Et je crois que c'est lui qui m'a dit
18:52heureusement que vous avez un beau sourire.
18:54On a oublié qu'il a commencé à la télévision
18:57en écrivant les scénarios de Médecins de Nuit
18:59avec des nègres.
19:01Et il s'appelait Bernard Griden dans la série.
19:03Ah oui ?
19:04C'était des scénaristes de télévision au départ.
19:06Ah oui.
19:07Avec Médecins de Nuit.
19:08Alors, il se trouve que vous avez aussi
19:09fait votre propre émission de télévision.
19:11Je suis venu te dire.
19:12Vous dire.
19:13Je suis venu vous dire.
19:14Parce que je suis venu te dire,
19:15c'est Gainsbourg.
19:16Mais c'était un clin d'œil à Gainsbourg.
19:18Oui, oui, bien sûr.
19:19Chanson, d'ailleurs, qui n'est pas liée
19:20au départ d'aucune.
19:22Mais à une hospitalisation
19:24pour une première crise cardiaque à Paris.
19:27Ah oui.
19:28Et alors là aussi, Gainsbourg,
19:29c'est un grand souvenir.
19:30Ah oui, oui.
19:31Gainsbourg, ça a été une rencontre.
19:33Là, vraiment, oui, oui.
19:35J'avais 21 ans.
19:38Et j'ai atterri parce que je faisais...
19:41Je devais faire des interviews
19:42pour un livre.
19:45Je crois que c'était Jean-Marc Lech
19:46qui dirigeait ça.
19:48Avec Michel Chiffre.
19:49Oui.
19:50C'est ça du JDD, enseignement.
19:52Et moi, j'étais censée faire des interviews.
19:55Mais ils avaient aussi conçu des questionnaires.
19:58Votre eau préféré, etc.
20:00Donc, Gainsbourg, on s'était amusé
20:02à faire des réponses très drôles.
20:06Et j'avais atterri chez lui à 16 heures
20:08avec le photographe.
20:10Donc, le photographe a fait des séances
20:12avec Gainsbourg,
20:13parce que Gainsbourg prenait son temps et tout.
20:15Et puis, pendant trois heures, etc.
20:17Enfin, de 16 heures jusqu'à 21 heures.
20:21Et ensuite, à 21 heures,
20:22je n'avais toujours pas commencé l'interview.
20:24Et se retrouver, rue de Verneuil,
20:26dans sa maison obscure,
20:28seule avec lui,
20:29j'ai dit au photographe,
20:31mais moi, je crois que je vais peut-être partir.
20:33Et le photographe me dit,
20:34ah non, non, non, non.
20:35Ah non, non, il faut que tu fasses l'interview, là.
20:36Non, non, non.
20:37Et il est parti.
20:39Et je me suis retrouvée avec Serge Gainsbourg.
20:41Je peux vous dire que je revenais quand même pas large.
20:43Mais il était d'une élégance,
20:45d'une délicatesse incroyable.
20:47Il a quand même voulu me faire visiter la maison,
20:50sa chambre, la chambre des filles, etc.
20:53Tout ça.
20:54Il voulait aussi me montrer son film
20:57Je t'aime, moi non plus.
20:58Je lui ai dit qu'une prochaine fois,
21:00qu'il fallait peut-être qu'on commence l'interview.
21:02Et donc, il s'est assis dans son fauteuil,
21:04Louis XIII, à tête d'aigle, etc.
21:08Et moi, j'étais, donc il était sur ma gauche,
21:11et moi, j'étais assise sur un très beau fauteuil aussi.
21:13Et je prenais en note.
21:15Et alors, il me regardait avec beaucoup d'attention.
21:18Et à un moment, il m'a dit,
21:19ah, t'es pas comme tes consoeurs et tes confrères
21:23avoir un magnéto et d'appuyer, faire top ou clic.
21:27Toi, tu prends en note.
21:29Tu vas être une grande journaliste.
21:31Voilà, il m'a dit ça.
21:32C'est un beau souvenir.
21:33Oui, c'est un super souvenir.
21:34Vraiment, il nous manque, Serge Gainsbourg.
21:37Il n'y en a plus beaucoup des Gainsbourg.
21:39Ah, ça, on est bien d'accord.
21:40Il n'y en a plus du tout.
21:40C'était incroyable.
21:42Autre date importante dans votre vie,
21:44mais très récente, c'est le 10 mars 2025.
21:47A tout de suite sur Sud Radio,
21:48avec Florence Belkacem.
21:49Sud Radio, les clés d'une vie.
21:51Jacques Pessis.
21:52Sud Radio, les clés d'une vie.
21:54Mon invité, Florence Belkacem.
21:56Nous parlerons tout à l'heure de
21:57« Cueilleuse de signes »,
21:57votre roman « Peut-on échapper à son destin ? »
22:00chez Guy Dredagnel.
22:02Quel est votre destin, justement ?
22:03Le 10 mars 2025,
22:05c'est l'annonce des premiers résultats
22:09d'un prix pour cette femme
22:12dont vous allez reconnaître la voix.
22:13La chamade, c'est une expression,
22:14on s'appelle le cœur,
22:15la chamade,
22:17et ça vient d'une expression...
22:18Le prix François Sagan,
22:20car c'est sa voix.
22:21Et ça, je crois que vous faites partie
22:22du jury cette année
22:23et qui est un prix qui vous tient très à cœur.
22:25Ah oui, je suis très honorée.
22:26Je remercie Denis Westhoff
22:28parce que moi,
22:29j'ai la plus grande admiration
22:30pour François Sagan,
22:32pour tous ses premiers livres.
22:33J'en ai lu beaucoup.
22:34« Les merveilleux nuages »,
22:36« La chamade »,
22:37« Le garde du cœur ».
22:39Si vous ne l'avez pas lu,
22:40c'est un livre incroyable.
22:41C'est une histoire folle.
22:43Et d'ailleurs,
22:43ce que j'aimais dans les livres de Sagan,
22:46à la fois, il y avait quand même
22:47beaucoup de mélancolie,
22:49mais à la fois,
22:49il y avait toujours de la gaieté,
22:51comme ça.
22:52Et donc, pour moi,
22:54cette femme,
22:56son parcours,
22:57son destin,
22:57d'avoir publié à 17 ans
22:59« Bonjour, Tristesse »,
23:00donc 71 ans aujourd'hui,
23:02depuis l'apparution,
23:04c'est vraiment un modèle pour moi.
23:05Et je peux vous dire que là,
23:07j'en suis à mon troisième livre
23:08et chaque jour,
23:10avant d'écrire,
23:11enfin, je lis de la poésie,
23:14j'ouvre à nouveau
23:15« L'étranger » de Camus
23:18ou « La métamorphose » de Kafka
23:19et j'ouvre des livres
23:21de François Sagan
23:22pour le style,
23:24pour la fluidité des phrases,
23:26parce qu'elle,
23:26elle avait vraiment le talent
23:27de tout de suite
23:28de camper le décor
23:29et d'installer
23:30une ambiance psychologique.
23:33Et ça, j'aime.
23:35Votre découverte de François Sagan,
23:37c'est avec quel livre ?
23:38« Bonjour, Tristesse ».
23:40Directement ?
23:40Oui.
23:40Et ça vous a marqué ?
23:41Oui, ça m'a marqué.
23:42Oui, oui, c'était d'une insolence
23:44à un ton.
23:45Enfin, cette jeune fille
23:46qui écrivait,
23:47qui parlait de l'amour,
23:48il y avait une volupté
23:50dans ses mots aussi,
23:52dans ses attitudes,
23:53la façon dont elle décrivait
23:54l'héroïne, etc.
23:55Oui, oui, bah oui,
23:56quand on ne peut pas être insensible
23:58quand on est soi-même
24:00une jeune fille.
24:01C'était aussi un personnage fantasme,
24:03vous ne l'avez jamais rencontré ?
24:04Ah, si, si, si, si.
24:05Ah, si, si.
24:05Je l'ai rencontrée
24:06et j'en souviendrai
24:07toute ma vie.
24:09J'ai adoré.
24:10J'étais allée dans sa maison.
24:13Elle était extrêmement,
24:14extrêmement timide,
24:17extrêmement réservée.
24:19Et je me souviens,
24:20c'était le matin,
24:20c'était 11 heures,
24:21parce qu'elle était plutôt
24:22une femme de la nuit, etc.
24:24Donc, elle me regardait comme ça
24:26avec beaucoup de tendresse et tout.
24:30Alors, elle fumait, évidemment.
24:33Elle fumait beaucoup.
24:34Elle n'était pas toujours audible.
24:36Parce que je me souviens
24:37que quand on a...
24:39J'ai fait le montage
24:39avec le réalisateur de l'émission.
24:43On avait parfois des moments
24:44où on ne comprenait pas trop.
24:47Mais c'était tout son charme.
24:48C'était au moment, je ne sais plus,
24:5096 ou 97.
24:52Et je l'avais adoré.
24:54Ensuite, je l'ai rappelé.
24:54Elle donnait de moins en moins
24:56d'interviews.
24:58Je l'ai même pistée dans Paris
24:59parce qu'elle allait dans un lieu
25:00de la nuit.
25:01Mais elle était très protégée.
25:03C'était difficile de franchir
25:05les barrières.
25:06Mais j'aurais adoré la revoir.
25:08À l'époque, je crois qu'elle vivait
25:09encore dans un hôtel particulier
25:10dans le 14e.
25:11Oui.
25:12Ah, c'était là, peut-être.
25:13Oui, oui, c'est ça.
25:14Elle m'a reçu, mais dans son lit.
25:16J'ai dû faire l'interview
25:16au bord du lit pendant une heure.
25:18Et je n'ai pas tout compris non plus.
25:20Mais après, elle a habité
25:21chez Peggy Roche,
25:22qui était son amie.
25:23Elle avait un appartement
25:24rue du Cherchemidi
25:26au rez-de-chaussée.
25:26Et heureusement,
25:27parce qu'elle oubliait toujours les clés
25:28et elle rentrait par la fenêtre.
25:30Incroyable.
25:31Non, non, mais ça...
25:32Alors, elle était aussi
25:34une passionnée de livres
25:35puisque dès l'enfance,
25:37dès qu'elle avait 7 ou 8 ans,
25:39elle a demandé au Père Noël
25:40des livres.
25:41Ah oui.
25:42Et c'est vrai que le goût des livres,
25:43vous l'avez aussi tiré beaucoup
25:44de Françoise Sagan.
25:46Oui, oui, oui, bien sûr.
25:47Évidemment, oui, oui.
25:48Ayant dévoré tous ses premiers livres.
25:52Alors ensuite, j'étais moins fan
25:53après dans ses derniers romans
25:55des années 90,
25:57tout ça.
25:58J'étais moins fan.
25:59Je suis plus une admiratrice
26:01de son style
26:02et de ses histoires
26:03depuis qu'elle a l'âge de 17 ans.
26:06Enfin, dans les premières parties,
26:07les 30 premières parties de sa vie.
26:09Et ce prix,
26:10Françoise Sagan,
26:11c'est Denis Vestov
26:11qui l'a créé en 2010
26:13pour mettre en valeur
26:14un livre qui n'a pas été remarqué
26:16comme il le méritait.
26:18Et ça veut dire aussi
26:18beaucoup de travail pour vous
26:19pour lire ces livres.
26:20Oui, on doit livre.
26:21Donc, on est 12 jurés
26:22et donc 12 livres sont en lice
26:27en compétition.
26:29Voilà, donc on s'y met.
26:32Non, non, mais c'est chouette
26:33parce qu'on est vraiment...
26:35C'est l'effervescence des mots,
26:36des idées.
26:37D'ailleurs, on a eu notre première réunion
26:38jeudi dernier.
26:39Et c'était très gai.
26:40Et alors,
26:41et on termine,
26:42alors visiblement,
26:42Denis,
26:43il termine Denis Vestov,
26:44termine toujours la première séance
26:46de travail,
26:46enfin les séances de travail,
26:47par du champagne,
26:48comme sa maman.
26:49Et c'est vrai qu'il a beaucoup fait
26:51pour sa maman.
26:52Il a hérité de dettes.
26:54Il a réussi à tout payer
26:55et à défendre aujourd'hui
26:56avec courage
26:57la mémoire de sa mère.
26:59Oui, absolument.
27:00Alors, la littérature pour vous,
27:02c'est presque la reconversion
27:03du journalisme,
27:04Florence Belkacem au départ.
27:06Oui, on peut le dire.
27:07On peut le dire.
27:09Même si j'ai toujours eu
27:10le goût de l'écriture
27:11depuis que je suis petite
27:13parce que je noircissais
27:14tous mes agendas,
27:16des cahiers,
27:16je racontais ma vie.
27:20Finalement,
27:20je me dis que je n'ai fait
27:22que prolonger.
27:23J'ai repris le fil
27:23de l'écriture
27:24que j'avais
27:26depuis l'enfance.
27:28C'est la continuité,
27:29en fait.
27:29Et le premier roman,
27:30le premier livre,
27:31c'était Coccinelle
27:32qui est sorti
27:33au moment du confinement,
27:34en plus.
27:34Ça a pas été simple.
27:36Ah, mais qui a extrêmement
27:37bien marché.
27:37Au contraire,
27:38les librairies étaient fermées.
27:41Ah non, non,
27:41c'est un livre
27:42qui a près de 30 000 exemplaires
27:44qui a été vendu.
27:45je suis très très heureuse
27:46de ce premier livre.
27:48Oui, mais vous devez
27:49votre courage
27:49parce qu'en fait,
27:50vous vous êtes battue.
27:51Vous avez fait
27:51les salons du livre,
27:52vous avez fait
27:52des marchandises.
27:53Et ça,
27:54c'est une de vos caractéristiques.
27:55Ah oui, ça je me bats.
27:56J'étais au salon de mots
27:57il y a 10 jours.
27:59Je peux vous dire
28:00que je suis debout
28:01derrière ma table
28:02et je suis en train de...
28:04Les gens viennent vers moi
28:07et donc je leur explique
28:08le livre, pourquoi.
28:09Ça c'est sûr.
28:10Je mouille la chemise.
28:11C'est pas une très jolie expression
28:12mais c'est plutôt
28:14les politiques qui disent ça.
28:16Jean-François Copé,
28:16je mouille la chemise,
28:17je suis en meeting et tout.
28:19Moi je le fais, oui.
28:20C'est vrai que les salons du livre
28:21c'est toujours très particulier.
28:23Ah mais j'adore le contact
28:23avec les gens.
28:24Je trouve ça formidable.
28:25C'est ce qui nous pousse
28:26en fait à continuer à écrire.
28:28C'est aussi l'amour
28:29qu'on reçoit
28:29de tous ces lecteurs.
28:31et les lecteurs
28:32ils lisent les livres
28:33vraiment du début
28:35jusqu'à la fin.
28:36Ce qui n'est plus très vrai
28:37aujourd'hui
28:38je trouve quand même
28:39des journalistes.
28:41C'est un autre débat.
28:43Oui, c'est un autre débat.
28:44Alors il se trouve
28:44moi je me souviens
28:45de Guy Descartes
28:46un jour qui faisait
28:46beaucoup de salons du livre
28:47et un jour il y a un monsieur
28:48qui arrive avec un mètre
28:50et puis il mesure
28:51les tranches des livres
28:52de Guy Descartes
28:53et il en prend un en disant
28:54c'est celui-là qu'il me faut
28:55parce que c'est exactement
28:56la dimension pour terminer
28:57ma bibliothèque.
28:58Ah oui, ça ne m'étonne pas.
28:59C'est assez étonnant.
28:59Alors il se trouve
29:00que vous avez commencé
29:02à écrire un premier livre
29:04ça a marché
29:04et vous avez continué
29:05alors la coccine
29:06était le premier
29:07ensuite c'était
29:07Les libellules.
29:08C'est Les libellules
29:09qui me font signe.
29:10Là c'était un livre
29:12dans lequel il y avait
29:12quatre narrateurs
29:13finalement
29:14moi, mon père,
29:16mon grand-père
29:17et maman.
29:19Bien sûr
29:19moi je suis Pauline
29:20dans le livre
29:21c'est quand même
29:23il y a des parties
29:23romancées aussi
29:24mais chacun finalement
29:26racontait son histoire
29:27mon père
29:28quand il a été élevé
29:30chez les pères blancs
29:31petits
29:32après la mort
29:33de sa maman
29:34en cabillie
29:36en grande cabillie
29:37maman
29:37jeune Lorraine
29:38qui voit son premier amour
29:40être fusillé
29:41dans un petit village
29:42il y a mon grand-père
29:45qui lui
29:46à 26 ans
29:47quitte la cabillie
29:47fait partie
29:48de ses premiers cabillies
29:49dans les années 30
29:49enfin des années 30
29:51début 40
29:52à venir à Paris
29:53et visiblement
29:54il était aussi passé
29:55par les pères blancs
29:56parce qu'il parlait le français
29:57enfin il l'écrivait
29:59et lui raconte
30:01puisque lui raconte
30:02en fait il va passer
30:06toute sa vie
30:06dans un hôtel
30:07parce qu'il a perdu
30:09sa jeune
30:10sa femme
30:10en couche
30:12quand papa est né
30:13et il s'est senti maudit
30:15pour lui
30:17le destin l'avait frappé
30:18donc il n'a plus jamais
30:20il ne s'est plus jamais
30:20remarié
30:21et je pense qu'il a vécu
30:23toute sa vie
30:23dans cette chambre d'hôtel
30:25avec cette femme
30:26qu'il a aimée
30:27qui s'appelait Tassadit
30:28et dont on n'avait jamais
30:30parlé à la maison
30:31et justement
30:32c'est le style
30:33que vous avez adopté
30:34pour vos livres
30:35c'est pratiquement
30:35raconter votre vie
30:36et celle de votre famille
30:37c'est le point de départ
30:39de vos romans
30:40oui oui ça c'est vrai
30:41c'est le point de départ
30:42de Coccinelle
30:43bien sûr
30:44alors celui-ci
30:45cueilleuse de cygnes
30:46il est un peu différent
30:48parce que
30:48parce que j'ai
30:50on va en parler tout à l'heure
30:51mais là moi je reviens
30:51sur ces deux livres-là
30:52parce que
30:53vous évoquez un sujet aussi
30:55que Raymond Moudi
30:57avait été le premier
30:57à traiter
30:58dans ses romans
30:59et c'est Paul Misraki
31:00qui avait traduit en français
31:01c'est la vie après la mort
31:03ah oui
31:03ça c'est quelque chose
31:04qui vous interpelle
31:05la journaliste
31:07là s'est transformée
31:07en romancière
31:08avec un sujet
31:08sur lequel on s'interroge
31:10beaucoup
31:10parce que
31:12moi
31:12depuis petite
31:14j'ai toujours été
31:15traumatisée
31:15par la mort
31:16et les morts
31:17parce que
31:17je me souviens
31:18j'avais 9 ans
31:19et mon oncle
31:20de 38 ans
31:20était mort
31:21d'une crise cardiaque
31:22et ma tante
31:23et maman
31:24enfin surtout
31:24ma tante
31:25m'avait poussée
31:26pour voir
31:26pour embrasser
31:28mon oncle
31:29de 38 ans
31:30qui était beau
31:31dans son costume
31:31et qui
31:32voilà
31:33c'était la mise en bière
31:34etc
31:35et à partir de ce moment
31:37
31:37j'ai été
31:38j'ai eu tellement peur
31:39des morts
31:40et de la mort
31:40et quand maman
31:42a disparu
31:43en 2013
31:44j'ai même pas pu
31:46aller la voir
31:46à la mort
31:47que c'était
31:47insoutenable
31:48pour moi
31:49et en revanche
31:51elle m'a réconciliée
31:52maman
31:52avec la mort
31:53et les morts
31:54quand lors de son
31:56enterrement
31:56en Lorraine
31:57qu'il faisait
31:585 degrés
31:59qu'il pleuvait
31:59l'église
32:01jamais ouverte
32:02après lui avoir
32:03fait une
32:03enfin moi
32:04j'avais fait
32:04toute la déco
32:05dans l'église
32:06si bien que je m'étais
32:06fait disputer
32:07par engueuler
32:08par le curé
32:08parce qu'il trouvait
32:09que je mettais
32:10des pétales de rose
32:10partout etc
32:11et qu'au moment
32:12le plus douloureux
32:13où on va se séparer
32:14de notre mère
32:15une coccinelle
32:17mais venue de nulle part
32:18dans une petite robe rouge
32:20à 7 points
32:21est venue atterrir
32:22sur la rambarbe
32:23du banc
32:24et c'est ma fille
32:25qui avait eu 9 ans
32:26qui m'a tirée
32:27par la manche
32:28maman regarde
32:29mon mari
32:29j'ai tendu ma main
32:31la coccinelle est venue
32:32je l'ai passée
32:33à mes deux soeurs
32:34elle est revenue
32:35sur ma main
32:35etc
32:36et c'était tellement poétique
32:38c'était tellement magique
32:39mais à aucun moment
32:40Jacques
32:41je me suis dit
32:42c'est maman
32:42qui nous envoie des signes
32:44je ne pouvais pas imaginer
32:46qu'un défunt
32:46une âme disparue
32:47pourrait envoyer des signes
32:49c'était
32:50jamais
32:51d'abord moi
32:52j'ai toujours peur
32:53des fantômes
32:54et tout
32:54moi je ne conçois la mort
32:55que de façon poétique
32:57en même temps
32:58vous êtes penchée
32:59sur le sujet
32:59et surtout
33:00vos origines sont étonnantes
33:01parce que vous êtes
33:02à la fois Kabyl et Lorraine
33:03c'est pas si fréquent
33:04Florence Velkacem
33:04c'est ça
33:05mais il y avait aussi
33:05pas mal de Lorrain
33:06ou de Breton
33:08chez les Pères Blancs
33:08donc je pense qu'il a eu
33:10il avait dû sympathiser
33:12avec un prêtre Lorrain
33:14qui devait avoir
33:15les mêmes yeux que maman
33:16des yeux gris bleus
33:17parce que
33:18oui oui
33:19parce qu'ensuite
33:20il est tombé fois amoureux
33:21de maman
33:21à Paris
33:22et votre père
33:24vous lui devez
33:24Florence Velkacem
33:25le goût de l'effort
33:26et du travail accompli
33:27aussi maman
33:28maman beaucoup aussi
33:30oui oui
33:31travailleur
33:32des travailleurs
33:33des travailleurs
33:34vous avez toujours
33:35beaucoup travaillé
33:35dans votre vie
33:36oui toujours
33:37et en même temps
33:39la poésie
33:40vous touche là aussi
33:41ça vient de la famille
33:42alors la poésie
33:43oui bien sûr
33:44moi j'avais une grande soeur
33:45aussi qui a fait
33:46beaucoup de théâtre
33:47qui m'emmenait
33:48à ses représentations
33:49théâtrales
33:50quand elle était sur scène
33:51j'avais 5 ans 6 ans
33:52je m'endormais
33:54il récitait du Aragon
33:56tout ça
33:56et donc j'ai quand même
33:58baigné dans cette atmosphère
33:59aussi
33:59oui de poésie
34:02mais je dois dire
34:03qu'avec l'écriture
34:04parce que quand on est journaliste
34:06on est quand même
34:06on a quand même
34:06beaucoup les yeux
34:08enfin la tête plongée
34:09dans l'actu quand même
34:10non-stop quand même
34:11et beaucoup moins
34:13beaucoup moins
34:13la littérature
34:14ou la poésie
34:15et c'est vrai
34:16qu'avec l'écriture
34:17j'ai rouvert
34:18à nouveau André Gide
34:19nourriture terrestre
34:21Hervé Bazin
34:22Malraux
34:25avec Lazare
34:26beaucoup Paul Valéry
34:28évidemment Kafka
34:31pour qui j'ai
34:33la plus grande admiration
34:34et c'est vrai
34:36que pour moi
34:37la poésie
34:39les textes littéraires
34:40de certains auteurs passés
34:42comptent beaucoup
34:43beaucoup à mes yeux
34:44je pense qu'ils nous nourrissent
34:46ils nous insufflent
34:48un style
34:49une cadence de mots
34:51ça je pense
34:53vraiment à ceux
34:53qui veulent écrire
34:55je leur recommande
34:55vraiment
34:56de lire
34:57des auteurs aussi passés
34:58on va lire en tout cas
35:00votre livre
35:00qu'on va évoquer
35:02à travers la date
35:02du 13 mars 2025
35:03à tout de suite
35:04sur Sud Radio
35:05avec Florence Belkacem
35:06Sud Radio
35:07les clés d'une vie
35:08Jacques Pessis
35:09Sud Radio
35:10les clés d'une vie
35:11mon invité
35:12Florence Belkacem
35:13on a évoqué
35:13votre parcours
35:14de journaliste
35:15au début de romancière
35:16le prix Françoise Sagan
35:17et le 13 mars 2025
35:19est sorti un roman
35:20cueilleuse de signes
35:22chez Guy Trédaniel
35:23peut-on échapper
35:24à son destin
35:24pourquoi ce livre
35:25aujourd'hui
35:26pourquoi ce roman
35:27où vous revenez
35:28sur votre sujet favori
35:30la quête
35:31dans l'univers des signes
35:32alors ce livre
35:35c'est écrit
35:36sous la forme
35:36d'un journal
35:37l'héroïne
35:38la narratrice
35:39c'est Pauline
35:39bon évidemment
35:40il y a beaucoup
35:41de moi
35:41et Pauline
35:43tient ce journal
35:44depuis 2018
35:45et va le terminer
35:46en janvier 2025
35:48et en fait
35:49elle va consigner
35:50dans ce journal
35:51les signes
35:52qu'elle perçoit
35:53alors c'est à la fois
35:53des rêves
35:55des synchronicités
35:56des coïncidences
35:58des rencontres
35:59un oiseau
36:00qui vient toquer
36:01quasiment
36:02à la fenêtre
36:03de votre maison
36:04c'est une plume
36:05qui tombe
36:06à vos pieds
36:07et finalement
36:08pendant 7 ans
36:10Pauline comprend
36:12que tout ce qui lui arrive
36:15ne doit rien au hasard
36:17voilà
36:18que d'une certaine manière
36:19moi je crois au destin
36:20je pense vraiment
36:22au destin
36:22je pense que
36:24ça éclaire
36:25un chemin
36:25et pour illustrer
36:27l'histoire du destin
36:28si vous permettez
36:29je voudrais parler
36:31de ce domino
36:31qu'un voisin
36:33m'a remis
36:34un voisin d'immeuble
36:35m'a remis
36:36il y a quelques années
36:38je ne sais plus
36:38il y a 5-6 ans
36:39et c'était au moment
36:40du coup
36:41enfin oui
36:42c'était après le Covid
36:44et il avait trouvé
36:45ce domino
36:46en sortant du théâtre
36:49de la Michaudière
36:50une très belle pièce
36:52datant des années 60
36:53peut-être
36:53d'un côté
36:54il y avait 3 points rouges
36:55et de l'autre
36:55un point bleu
36:56et il m'a dit
36:58il est venu me voir
36:59en me disant
36:59écoutez
36:59il faut que
37:00je me suis demandé
37:02si ce domino
37:02trouvé dans la rue
37:03hier
37:03faisait écho à ma vie
37:04et bien non
37:05et j'ai pensé
37:07spontanément
37:08à vous
37:08et je me suis dit
37:09que ce domino
37:10devait vous revenir
37:12peut-être qu'un jour
37:13vous comprendrez
37:15et bien Jacques
37:15j'ai compris
37:17en avril dernier
37:18en avril 2024
37:19quand je suis allée
37:21en Kabylie
37:21parce que
37:22j'étais allée
37:23précédemment
37:24en octobre
37:24j'avais été invitée
37:25au salon du livre
37:27international d'Alger
37:28et donc on a eu
37:29un visa
37:30ce qui n'est quand même
37:31pas facile aujourd'hui
37:32avec l'Algérie
37:32surtout en ce moment
37:33et d'ailleurs
37:35je devrais remercier
37:35Yves Tréhard
37:36parce que Yves Tréhard
37:37m'avait fait un très beau portrait
37:38au moment de
37:38ces libellules
37:39qui me font signe
37:40dans le Figaro
37:40et m'avait présenté
37:42Saïd Moussi
37:43qui était l'ambassadeur
37:44d'Algérie à Paris
37:46d'origine aussi
37:47Kabylie
37:48et je l'avais rencontré
37:49donc il m'avait fait inviter
37:50aussi là
37:50et ensuite
37:51j'ai pu en avril dernier
37:53découvrir la Kabylie
37:54là où mes grands-parents
37:56là où papa
37:56et mon grand-père
37:58n'étaient jamais revenus
37:59et figurez-vous
38:00qu'à un dîner
38:02un dîner
38:03en grande Kabylie
38:05tout à coup
38:06on est invité
38:08à une soirée
38:09et puis
38:09une soirée
38:11et il y a
38:11beaucoup de femmes
38:12qui dansent entre elles
38:13etc.
38:14et mon mari dit
38:14au maître d'hôtel
38:15au déjeuner
38:16mais qu'est-ce qu'elles font ?
38:18Les femmes sortent jamais
38:20avec leur époux
38:21alors il a dit
38:22ah mais vous savez
38:23en Kabylie
38:24les hommes
38:26non les hommes
38:27laissent leurs femmes sortir
38:28et mon mari a dit
38:30mais alors que font les hommes ?
38:31Ah bah ils jouent
38:32à la belote
38:33au rami
38:34et puis surtout
38:35au domino
38:37le domino
38:38dans la vie
38:38d'un Kabylie
38:39c'est sacré
38:41parce que le domino
38:42crée du lien social
38:43autour d'une
38:45autour d'une partie
38:46de domino
38:47on raconte
38:48nos vies
38:48et alors là
38:49j'étais en train
38:50de manger
38:51tout à coup
38:52j'ai redressé la tête
38:53en disant
38:53qu'est-ce que vous dites ?
38:54Le domino
38:55c'est sacré
38:56dans la vie
38:57d'un Kabylie
38:57et tout à coup
38:58me sont revenus
38:59à toute allure
39:00dans mon esprit
39:01les images de papa
39:03convertissant la famille
39:05de Lorraine
39:05au domino
39:06des grandes tablées
39:07de domino
39:08et là
39:09je me suis dit
39:10j'ai dit à mon mari
39:11finalement
39:12ce domino
39:13il devait me ramener
39:14en Kabylie
39:15donc
39:16pour moi
39:17on est lié
39:18moi j'étais lié
39:19par un fil
39:20invisible
39:20à la Kabylie
39:22je ne le savais pas
39:23je l'ai découvert
39:24et il y a aussi
39:25une chose étonnante
39:26en Kabylie
39:27que vous avez découvert
39:27il y a un cimetière
39:28du père Lachaise
39:29ah oui
39:29incroyable
39:30incroyable
39:31il y a un cimetière
39:32donc chrétien
39:32et un cimetière
39:33israélite
39:34et je raconte
39:36et ce cimetière
39:37alors évidemment
39:38les tombes
39:39se sont dévastées
39:40mais vous savez
39:41dans les médaillons
39:42encore des monuments
39:43funéraires
39:44il y a encore des visages
39:45qui vous regardent
39:46etc
39:47et on est resté
39:48mais pendant
39:49une heure et demie
39:50dans ce cimetière
39:51j'étais assise
39:52au milieu des tombes
39:54fracassées
39:55des colonnes
39:57brisées
39:58etc
39:58mais il y avait
39:59une telle
40:00sérénité
40:01une telle
40:02et alors je me suis mise
40:03à cueillir des fleurs
40:05et j'ai honoré
40:06certaines tombes
40:07alors la tombe
40:08d'une petite fille
40:10qui était morte
40:12à 4 ans
40:13d'un marin
40:15d'un limonadier
40:16et là
40:17c'était très intéressant
40:18mon mari
40:19qui est historien
40:19on faisait
40:20on repère
40:21on faisait
40:21une sorte de
40:22sociologie
40:24des noms
40:24alors il y avait
40:25beaucoup de noms français
40:26même Bolloré
40:27il y avait
40:28la famille Nicolas
40:30il y avait aussi
40:31les polonais
40:32les espagnols
40:33les italiens
40:33c'était très très important
40:34et finalement
40:35je me disais
40:36il y a bien longtemps
40:37qu'on n'a pas fleuri
40:38ces tombes
40:40mais la nature
40:41elle était là
40:42la nature
40:43c'était le printemps
40:44et la nature
40:44elle était d'une beauté
40:45incroyable
40:46tous les arbres
40:47s'ouvraient
40:48il y avait des fleurs
40:49qui sortaient
40:50de la terre
40:51des tombeaux
40:53c'était vraiment
40:55j'ai vraiment ressenti
40:58une grande sérénité
41:00et c'est un moment
41:02que je n'oublierai jamais
41:03je pense
41:04et il se trouve aussi
41:05que la nature
41:06les oiseaux
41:07ont toujours eu
41:07de l'importance
41:08pour vous
41:08dans ce nouveau livre
41:09Curieuse du signe
41:10il y a un pigeon
41:11notamment
41:11oui un pigeon
41:12ah oui oui
41:12alors ça c'était
41:13en 2018
41:15quand
41:17oui oui
41:17j'étais dans mon salon
41:19etc
41:20j'étais sur la banquette
41:21il y avait un rayon
41:22soleil
41:23on était en février
41:24et tout
41:24et puis mon mari
41:26m'avait offert
41:26des pensées
41:27donc sur le balcon
41:28il y avait
41:28une grande jardinière
41:30de pensées
41:31violettes
41:32roses pastelles
41:33blanches
41:33et tout à coup
41:34il y a un pigeon
41:35un drôle de pigeon
41:36je vous dis
41:38que Picasso
41:39aurait pu peindre
41:40d'ailleurs
41:41noir
41:41avec des taches blanches
41:42et d'ailleurs
41:43en me renseignant
41:44en me renseignant
41:45sur Picasso
41:46j'ai découvert
41:47que le père
41:49de Picasso
41:49était
41:50ne peignait
41:51que des pigeons
41:52et qu'ensuite
41:53Picasso
41:53a perpétué
41:55cette tradition
41:57de peindre des pigeons
41:58donc il a fait
41:58la dame aux pigeons
41:59toute une série
42:00sur les pigeons
42:01et ce pigeon
42:02à un moment
42:03il s'est retourné
42:04vers la fenêtre
42:05et il semblait
42:07m'appeler
42:07donc je me suis approchée
42:09de lui
42:09c'est complètement loufoque
42:11ce que je raconte
42:12c'était incroyable
42:14et je me disais
42:15parce que le pigeon
42:16c'est aussi le symbole
42:17de l'amour
42:18c'est la famille
42:19les pigeons
42:19les pigeons
42:20sont toujours
42:20deux pigeons
42:24c'est mes d'amour tendre
42:25etc
42:25donc c'est vraiment
42:26et alors
42:27est apparu
42:28à un moment
42:29donc il a
42:29je sentais
42:32qu'il m'invitait
42:32à converser
42:33vous voyez
42:33il bougeait sa tête
42:34de gauche à droite
42:35il donnait des petits coups
42:36de bec
42:37c'est incroyable
42:37mon mari
42:38qui était à côté
42:39qui assistait à la scène
42:40m'a prise complètement
42:42pour une farfelue
42:43une dingue
42:43et tout à coup
42:44le pigeon a fait demi-tour
42:46et je l'ai vu
42:46s'en aller
42:47dans le ciel
42:49etc
42:49et je suis restée
42:50et à un moment
42:51a surgi
42:52un rayon de soleil
42:53qui est venu
42:55éclairer
42:56ses pensées
42:58et pourquoi
42:59j'ai pensé à maman
43:00je me suis demandé
43:02si c'était pas maman
43:03qui m'envoyait ce pigeon
43:04parce qu'il y avait
43:06une lumière
43:06qui était presque
43:07incroyable
43:09d'une beauté
43:10d'une poésie
43:11je trouvais que
43:12vous savez
43:14les pensées
43:14ont des petits yeux
43:15et c'était comme
43:16des petits yeux
43:17qui s'ouvraient
43:18et qui regardaient le ciel
43:19et j'ai pensé
43:20très fort à maman
43:21et ça m'a émue
43:22et finalement
43:23je me suis dit
43:23que de là où elle était
43:25elle continuait
43:25à m'envoyer de l'amour
43:26il n'y a pas que des pigeons
43:27d'ailleurs dans ce livre
43:28que vous évoquez
43:29il y a un autre animal
43:30et Maurice Chevalier
43:31l'a chanté
43:32quels sont les chats
43:34qui habitent
43:34les grands quartiers
43:35quels beaux minets
43:37ont le plus
43:38les aristochats classiques
43:40Walt Disney avait demandé
43:41comme un service
43:42à Maurice Chevalier
43:43de chanter le générique
43:44il ne chantait plus
43:45et il a accepté
43:45par amitié
43:46pour Walt Disney
43:48c'est vrai que des chats
43:49je crois que vous en avez
43:49trois à la maison
43:50qui sont les patrons
43:51de la maison
43:52les patrons de la maison
43:53donc trois chats
43:54on a une duchesse
43:56une doyenne
43:57elle a 13 ans
43:58c'est une chatte noire
43:59etc
43:59on a une chartreuse
44:02très sauvage
44:02un tempérament
44:04un peu lunatique
44:05et puis il y a
44:06cette mojo
44:07petite chatte tigrée
44:08que j'ai recueillie
44:10qui est née dans la maison
44:11quand papa s'éteignait
44:13ça aussi c'est un signe
44:14et cette chatte
44:15ce bébé chat
44:16c'était terrible
44:18je revenais du funérarium
44:19et je suis allée dans la maison
44:21c'était tellement triste
44:24c'était tellement lourd
44:25ce petit chat là
44:26que j'avais pris
44:27pour un garçon au départ
44:28est venu s'asseoir
44:30sur mes genoux
44:30j'avais les mains
44:32contre lui
44:33et tout à coup
44:33il s'est mis à ronronner
44:35et ça a été un moment
44:37mais tellement beau
44:39comme si la vie continuait
44:42que papa finalement
44:44était parti
44:45mais que la vie
44:47se prolongeait
44:48avec Mojo
44:50que j'ai appelé Mojo
44:51vous voyez esprit
44:52et j'ai emmené
44:53je suis rentrée à la maison
44:54mon mari n'était pas très d'accord
44:55je suis rentrée à la maison
44:56avec ce petit sac
44:58que j'ai enfourné
44:58dans un vieux sac de maman
44:59et je suis très attachée
45:02à ce petit chat
45:03parce que
45:04j'ai retrouvé en fait
45:06un peu l'esprit de papa
45:07c'est à dire que c'est
45:07une chatte très sociable
45:09très partageuse
45:10si elle est devant
45:12une écuelle de croquettes
45:14elle va prendre avec sa patte
45:15pour laisser la chartreuse
45:16manger dans les QL
45:18et finalement
45:19je me suis dit
45:21en les regardant
45:21toutes les trois
45:22Duchesse, Cléo et Mojo
45:24qu'il y avait
45:25dans chacune d'elles
45:26je retrouvais un peu
45:28je retrouvais maman
45:30dans l'esprit de Duchesse
45:32cette chatte protectrice
45:35qui me met la patte
45:36sur le bras
45:37si on est à table
45:38qui est à côté de moi
45:39qui le matin
45:40à 5h du matin
45:41vient quasiment me toiletter
45:43même si sa langue
45:44est rapeuse
45:45mais c'est tellement
45:46un moment génial
45:48donc je trouvais
45:49que c'était un peu
45:50l'esprit de maman
45:51et la chartreuse
45:52l'esprit de ma belle-mère
45:53qui aime
45:53les fourrures
45:55qui glisse
45:56les chaussures
45:56à chaque fois qu'il y a
45:57une paire d'escarpins
45:58elle glisse ses pattes
45:59dans les chaussures
46:01j'avais fabriqué
46:02un petit sac en fourrure
46:04ma fille
46:04elle en a fait son doudou
46:05donc à chaque fois
46:06je lui dis
46:07mais Cléo
46:07la Fashion Week
46:08c'est fini
46:08parce qu'elle vient
46:09comme elle l'a dans la gueule
46:11et elle pousse un miaulement
46:12et c'est une sorte d'offrande
46:13et dans ces trois chats
46:15je suis comme Colette
46:15qui aussi prêtait
46:18des caractères humains
46:19à ses chats
46:19et bien je suis comme elle
46:22mais je ne crois pas
46:23moi
46:23à la
46:24à la
46:25méthanpsychose
46:25je ne dis pas
46:26que mon père
46:27s'est réincarné
46:29en Mojo
46:29pas du tout
46:30mais je pense
46:32qu'il est possible
46:33que les âmes
46:34ou les caractères
46:35migrent
46:36dans les caractères
46:38des chats
46:39peut-être
46:40c'est possible
46:41et en tous les cas
46:42ça nous amuse beaucoup
46:43et finalement
46:44ça permet
46:45de garder le lien
46:46avec les êtres chers
46:47qui nous ont quittés
46:48et dans ce livre
46:49Florence Belkacem
46:50votre héroïne Pauline
46:51évoque aussi Edgar Morin
46:53qui est chère à votre coeur
46:54incroyable
46:55alors là
46:56une interview
46:57d'Edgar Morin
46:57dans le monde
46:58pour ses 101 ans
47:00et le titre
47:02c'est
47:02toute ma vie
47:03j'ai rêvé
47:04de ma mère
47:05qu'il appelait Luna
47:06et en fait
47:08il fait un jour
47:10un rêve
47:10qui va l'apaiser
47:12il raconte
47:13qu'il a 30 ans
47:15il est déjà
47:17quand même déjà
47:18assez reconnu
47:19comme philosophe
47:21sociologue
47:21et il est à Madrid
47:23il va prononcer
47:24une conférence
47:24et la nuit
47:25il rêve
47:26que sa maman
47:27il est sur un quai
47:29de la gare
47:29il y a une foule
47:30incroyable
47:31et dans cette foule
47:32il reconnait sa mère
47:33et il court
47:34presque vers sa mère
47:35il s'embrasse
47:37elle me dit
47:37mon petit
47:38je suis tellement heureuse
47:39de te retrouver
47:39tellement heureuse
47:40et il lui dit
47:41moi donc maman
47:42mais tu viens avec moi
47:44tu viens à la conférence
47:45il y aura papa
47:45et elle lui dit
47:47ah non non non
47:47mon petit
47:47je suis très très pressé
47:48il faut que je reprenne le train
47:50et alors
47:51il faut savoir
47:52que sa maman
47:52en fait
47:53est décédée
47:53d'un arrêt cardiaque
47:54à Saint-Lazare
47:55dans le train
47:56et donc vous voyez
47:57elle retourne
47:58dans le lieu
47:59où elle a quitté
48:00la vie
48:00et donc
48:01ce rêve
48:03l'a apaisée
48:04et moi j'ai fait
48:05le même rêve
48:06et c'est là où
48:06c'est là où c'est incroyable
48:09c'est que
48:10moi j'ai rêvé de papa
48:12parce que
48:13j'étais pas là
48:13au moment
48:14où il est
48:14il est parti
48:16et j'avais
48:17une douleur incroyable
48:18j'avais un chagrin
48:20j'étais inconsolable
48:21et je rêve de papa
48:22et c'est incroyable
48:24les rêves
48:24et ça
48:25écoutez vos rêves
48:26je le dis
48:26aux auditeurs
48:28il faut écouter ses rêves
48:29il faut essayer
48:29de les décrypter
48:30et je suis à une soirée
48:32parisienne
48:33et je
48:34donc il y a
48:35beaucoup de monde
48:36et tout
48:36et je vois des amis
48:37enfin je retrouve des amis
48:39je vais retrouver des amis
48:39et quelqu'un me bouscule
48:41sur la gauche
48:42et fait tomber
48:43mon sac
48:44mon portable
48:45et tout à coup
48:46dans le rêve
48:47il y a un silence
48:49donc les gens
48:49sont figés
48:50tous les gens
48:51les convives sont figés
48:52dans leurs attitudes
48:53un verre à la main
48:54une embrassade
48:56dans le cou
48:56et tout
48:57et tout à coup
48:58j'entends
48:58donc là j'entends Florence
49:00et je relève la tête
49:02et je vois papa
49:03papa qui a rejeuni
49:04qui a 50 ans
49:05qui est dans un costume
49:06c'est un très haut
49:08enfin incroyable
49:09je dis mais papa
49:09qu'est-ce que tu fais là
49:10et il me dit
49:11oh je suis tellement heureux
49:13de te revoir Florence
49:14mais je dis mais papa
49:15mais moi aussi
49:16et il me prend dans ses bras
49:17et je sens
49:18ses baisers
49:18la chaleur
49:19sa peau
49:20etc
49:20et je lui dis
49:21mais qu'est-ce que tu fais
49:22raconte-moi
49:23dis-moi ce que tu fais
49:24de là-bas
49:25et il dit
49:26oh là là
49:26ça va très bien
49:27mais tu sais
49:28je suis très pressée
49:28je suis très occupée
49:29et très pressée
49:30mais je lui dis
49:31mais pourquoi t'es pressée
49:32reste
49:32parle-moi
49:33il dit
49:34ah non non non
49:34il faut que je reparte
49:35tout de suite
49:36comme la mère
49:37de exactement la même chose
49:39que pour la mère
49:40d'Edgar Mora
49:40tout à coup
49:41en un quart de seconde
49:42il me tourne le dos
49:43et vous savez quoi Jacques
49:45je le vois marcher
49:46je vois cette silhouette noire
49:47qui marche vers un mur blanc
49:49et je vois une fissure
49:50une meurtrière
49:52qui se dessine
49:53et moi je crie
49:54papa papa
49:55mais reviens
49:56tu m'as même pas donné
49:57des nouvelles de maman
49:58tout ça est dans le rêve
49:59et papa ne se retourne pas
50:01comme un automate
50:02il franchit la meurtrière
50:03et le mur se recolle
50:07et je comprends
50:08en ce moment-là
50:09en fait que papa me dit
50:10je suis dans un autre monde
50:12on peut plus se voir
50:13mais je suis toujours là
50:15il y a beaucoup d'autres choses
50:17aussi troublantes
50:18dans ce roman
50:18cueilleuse de signes
50:20peut-on échapper à son destin
50:21et vous n'échappez pas
50:22à votre destin
50:23en continuant à écrire des livres
50:24Florence Belkacem
50:25c'est chez Guy Trédaniel
50:27parce que vous n'allez pas
50:27vous arrêter là
50:28il y a d'autres livres
50:29en perspective
50:29je ne sais pas
50:30peut-être
50:31oui peut-être
50:33qu'il y aura un quatrième livre
50:34j'en sais trop rien
50:35moi je me laisse porter
50:36un peu par les événements
50:37et parce que
50:39j'écoute mon cœur
50:40et bien nous on vous a écouté
50:41et ça donnait envie
50:42de lire ce livre
50:43cueilleuse de signes
50:44chez Guy Trédaniel
50:45merci Florence Belkacem
50:47et continuez à travailler
50:48avec passion
50:48comme vous le faites
50:49merci beaucoup Jacques
50:50c'est terminé pour aujourd'hui
50:52on se retrouve bientôt
50:53restez fidèles
50:54à l'écoute de Sud Radio