Jacques Pessis reçoit Jean-Pierre Mader : il triomphe en tournée avec ses succès des années 80. Il raconte son parcours dans un livre, « On connait ma chanson » ( Editions Privat).
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-01-11##
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00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 Vous êtes un enfant de Toulouse, la ville rose que vous avez quittée pour vivre une
00:09 autre vie haute en couleur, en particulier grâce à un film en noir et blanc qui vous
00:14 a inspiré une chanson sur laquelle les nouvelles générations continuent à danser tous les
00:19 soirs.
00:20 Bonjour Jean-Pierre Madère.
00:21 Bonjour Jacques.
00:22 Alors, vous publiez vos souvenirs, on connaît ma chanson chez Privas, un livre plein d'anecdotes
00:27 qui va servir pour les liens des clés d'une vie aujourd'hui, pour nos quatre clés,
00:32 nos quatre dates clés, puisque c'est le principe de l'émission que vous connaissez bien.
00:36 Absolument.
00:37 Alors, ce livre donc permet de raconter vos souvenirs, mais dans ce livre, j'ai trouvé
00:43 une date importante, c'est le 25 juin 1967.
00:46 Écoutez.
00:47 Cette chanson des Beatles pour vous, c'est une révélation.
00:56 Il faut savoir que c'est le jour où on lance la Mondovision.
00:59 Je crois que c'est la première émission.
01:02 Exactement.
01:03 Nous venons d'avoir, avec mes parents, la télévision en noir et blanc.
01:06 Et tout d'un coup, je regarde cette émission en Mondovision.
01:12 Il y a même les Rolling Stones qui font les chœurs.
01:15 Et tout d'un coup, j'ai l'impression que quelque chose vient de m'arriver d'important
01:20 dans mon adolescence qui se crée.
01:22 Et c'est l'Angleterre, les cheveux longs, une nouvelle philosophie de vie, une nouvelle
01:28 façon d'entendre aussi la radio, des chansons, et c'est la pop-musique.
01:33 Il se trouve que cette chanson "All you need is love", il se trouve que cette chanson a
01:41 été commandée par la BBC aux Beatles comme un message de paix.
01:45 C'est formidable.
01:46 Aujourd'hui, je crois qu'on aurait bien besoin d'avoir des artistes à qui on pourrait passer
01:50 ce genre de commandes.
01:52 Mais c'est vrai que c'était le but de rallier la planète entière autour d'un hymne.
01:58 Et pour les musiciens qui nous écoutent, cette chanson est drôlement fichue parce qu'il
02:02 y a du 4/4 et du 3/4 comme la valse.
02:05 Et les Beatles, c'était les experts en mélangeant les mesures.
02:09 Et elle commence par la Marseillaise.
02:10 Elle commence par la Marseillaise qui pour eux était l'hymne quand ils venaient à
02:15 Paris, des souvenirs de l'Olympia avec Sylvie Vartan.
02:18 Exactement.
02:19 Alors il se trouve que les Beatles, pour vous, c'est un point de départ.
02:22 Mais surtout le premier point de départ, Jean-Pierre Madère, c'est un petit électrophone
02:26 bleu que vous a offert votre maman.
02:27 Exactement.
02:28 C'est à la Noël 68.
02:31 Je m'en souviens parce que la Noël d'avant, c'est vrai que les Noëls, c'était important
02:35 parce qu'il y avait moins de cadeaux qu'aujourd'hui.
02:37 Et j'avais reçu tous les Black & Mortimer, Dead Garpy Jacobs, Le Mystère de la Grande
02:43 Pyramide, L'Ombre Jaune.
02:44 Et j'avais passé 15 jours.
02:46 Voilà.
02:47 Incroyable.
02:48 Et l'année d'après, le miracle arrive, l'électrophone bleu avec Hey Jude, une autre chanson des
02:53 Beatles.
02:54 Et toute la semaine, j'écoute ça.
02:57 Paris en ce moment-là, un Paris Match, je m'en souviens, avec un spécial Beatles que
03:03 ma mère m'offre.
03:04 Et là, je vois ces quatre garçons dans le vent avec ses cheveux longs, Ringo, Paul,
03:09 George, quatre copains qui font de la musique ensemble.
03:12 Et à partir de ce moment-là, je me suis dit ça, ça peut être une des clés de ma vie.
03:17 Trouver des copains au lycée et pourquoi pas un jour faire de la musique.
03:20 Il se trouve que Hey Jude a une particularité, elle dure 7 minutes 11 et le manager des Beatles
03:26 ne voulait pas que cette chanson soit enregistrée en disant "elle passera jamais à la radio".
03:30 Oui, c'est ça qui est génial.
03:31 C'est la magie de tous ces gros tubes.
03:34 On se dit ça ne marchera jamais.
03:35 Mais il faut dire que cette atte libre, parce que ça dure tellement longtemps à la fin,
03:39 ça résume toute la pop-musique.
03:41 Et je crois qu'on vit tous sur ce single à l'heure actuelle, quoi qu'il arrive.
03:45 Il se trouve, Jean-Pierre Madère, que vous êtes dans la musique, mais dans votre famille,
03:49 il n'y avait pas de musicien au départ.
03:50 Non, c'est juste un rêve d'adolescent d'appartenir à une bande, essayer de se trouver des copains
03:56 à l'école.
03:57 C'est appartenir à quelque chose de...
03:59 J'avais des parents un peu âgés aussi, qui ne comprenaient pas trop ce que je faisais,
04:03 qui étaient adorables.
04:04 Maman était infirmière, papa était hôtelier, il partait souvent.
04:07 Il faisait ce qu'on appelait à l'époque les saisons.
04:09 Et là, l'envie d'être avec des copains, j'étais fils unique aussi, peut-être ça
04:16 jouait là-dedans.
04:17 Et j'étais dans un collège à la Côte-Pavée à Saint-Joseph, chez les jésuites.
04:21 Mes parents ont fait beaucoup de sacrifices pour que j'aie cette éducation.
04:25 Et j'ai beaucoup aimé.
04:26 Et dans la cour de récréation, un certain Daniel et un certain Patrick...
04:30 On va en reparler.
04:31 On va en reparler, jouer un peu de musique.
04:33 Et c'est avec cette bande que je vais refaire ma vie.
04:35 - Alors je précise que ce lycée Saint-Joseph où vous êtes allé, il y a quand même
04:40 deux élèves célèbres.
04:41 Clément Hadder, pionnier de l'aviation.
04:42 - Oui, exactement.
04:43 - Et Jean-Luc Rechman.
04:44 - Et Rechman qui était là-bas, qui est devenu "the voice".
04:47 - Alors, votre enfance Jean-Pierre Mader, c'est aussi Toulouse, un quartier tranquille,
04:52 métissé, près de la place du Salin.
04:54 - Oui.
04:55 J'adorais ce...
04:56 Parce que j'allais voir les gens jouer au boule.
04:57 C'est vrai que Toulouse a été une ville qui a reçu les premiers réfugiés espagnols,
05:02 du franquisme.
05:03 Et c'était un quartier comme ça, mélangé, où les gens...
05:07 Voilà, ça jouait...
05:08 Il y avait beaucoup de pétanque, puisqu'il y avait cette place du Salin, c'était le
05:12 lieu de...
05:13 Et moi, tous les soirs, j'avais la permission d'aller faire un petit tour.
05:16 Et je regardais ces gens et je jouais avec eux, d'ailleurs, à la pétanque.
05:20 Et c'était formidable parce qu'on ne sentait pas, évidemment, la ville changer.
05:26 En tout cas, moi j'ai été élevé par la concierge qui était espagnole et ça m'a
05:30 donné une ouverture d'esprit que peut-être je n'aurais jamais eue si j'avais été dans
05:36 un autre milieu.
05:37 Et le fait d'habiter dans ce quartier populaire, un peu chic quand même, mais avec des gens
05:41 un peu bigarrés, ça m'a permis d'avoir une ouverture d'esprit que j'ai toujours gardée
05:45 en mémoire.
05:46 Et vous avez également été un bon élève à l'école.
05:48 Je crois qu'il n'y a aucun problème en français comme en maths.
05:50 Oui, j'adorais.
05:51 Alors le français, ça a été une découverte parce que quand on lit les grands classiques,
05:56 si on veut bien se donner la peine, et là je passe le...
05:58 Je sais qu'il y a un stagiaire, il faut vraiment, quand j'ai lu Balzac, la chartreuse de Parme,
06:06 Victor Hugo, mais tout d'un coup ça sonne, n'importe quel rappeur peut prendre Victor
06:10 Hugo et il fait un morceau dans la journée tellement c'est fort.
06:13 Et donc tout d'un coup j'ai découvert la littérature française à l'école puisque
06:16 chez moi on ne lisait pas.
06:18 Et les maths, ça a été un truc inné chez moi.
06:20 J'adore les maths et j'aurais pu d'ailleurs faire une grande carrière dans les maths si
06:25 la musique ne m'était pas tombée dessus.
06:26 Alors il se trouve que la littérature, votre livre préféré Jean-Pierre Madère, je crois
06:30 que ce sont les mémoires d'Adrien de Marguerite Ursenach.
06:32 C'est incroyable.
06:33 Parce que je le relis tous les 10 ans et je l'ai relu il n'y a pas longtemps au Maroc
06:38 et vraiment ça m'a fait un bien fou.
06:39 Parce que je me dis le talent c'est ça.
06:42 Enfin le génie.
06:43 Parce que voilà, tout d'un coup cette femme raconte cette histoire de cet empereur, un
06:48 peu comme ça qu'il veut prêcher dans ce rhum sanglant, une sorte de paix.
06:52 Et c'est pour tous les hommes politiques, je trouve que c'est un livre, si on devrait
06:56 leur conseiller à donner, lisez ce livre de Marguerite Ursenach.
07:00 Il faut savoir que Marguerite Ursenach, grâce à Jean-Denis Meusson, est devenue la première
07:04 femme élue à l'académie française.
07:06 Et elle avait une particularité, lorsqu'un journaliste écrivait sur elle, elle renvoyait
07:11 un petit mot avec les corrections en français des mots qui ne lui convenaient pas.
07:15 À l'encre verte.
07:16 Et nous sommes quelques journalistes à avoir des souvenirs de Marguerite Ursenach.
07:20 Et vous en avez personnellement ?
07:21 J'en ai, oui.
07:22 Avec seulement deux fautes dans mon article, je trouvais que c'était très bien parce
07:25 qu'il y en avait beaucoup plus ailleurs.
07:26 C'est 18 ans, de faute.
07:27 Et puis alors, il y a eu aussi une période, il y a eu la bande dessinée, effectivement,
07:33 avec Black et Mortimer et Tintin aussi.
07:36 Ah oui, ça c'est des souvenirs incroyables.
07:38 Parce que la première fois qu'on lit Tintin, maman partait en cure à l'enthasmatique
07:44 aux Obones, qui était du côté de Pau.
07:47 Et il y avait une petite bibliothèque qui louait les livres un jour.
07:50 Voilà, j'ai vu Tintin et le premier que j'ai lu, c'était l'oreille cassée.
07:55 Et là, c'est formidable parce qu'on rentre dans un univers de lignes claires.
08:01 Et plus tard, ça va me suivre parce que j'irai beaucoup en Belgique travailler, faire de
08:04 la musique et je rencontrerai Edgar P.
08:07 Jacobs.
08:08 Je rencontrerai beaucoup de monde.
08:09 Et cette bande dessinée, cette ligne claire, ça m'a toujours parlé.
08:12 Et c'est marrant, moi qui vais beaucoup à Biarritz, je vois souvent le repreneur de
08:17 Black et Mortimer qui s'appelle Floche.
08:19 Et on discute ensemble pas mal.
08:21 Et c'est vrai que ces gens, quand même, ils m'ont beaucoup amené dans l'imaginaire.
08:25 Il se trouve que Edgar P.
08:27 Jacobs, Edgar Pierre Jacobs, avant d'être dessinateur et de travailler avec RG, il a
08:32 été chanteur d'opéra à Lille.
08:33 Il était bariton.
08:34 Oui, bravo.
08:35 Et il a mené la revue à Lille avec Miss Tinguette.
08:39 Il a été un des boys de Miss Tinguette.
08:42 Parce que c'était un gabarit particulier.
08:45 Exactement.
08:46 Et puis, il y avait aussi une autre forme de loisir que vous pratiquiez le soir à la
08:50 maison.
08:51 Thierry Laffronde.
08:52 Thierry Laffronde.
08:53 Oh là là.
08:54 Ben oui, ça c'était le dimanche à la télévision.
09:03 C'était formidable parce que Jean-Claude Roux, ça me faisait rêver.
09:07 Et à un moment, d'ailleurs, dès que j'avais les cheveux longs, on me disait "tiens, tu
09:11 ressembles à Thierry Laffronde".
09:12 Ah bon ? Oui, oui, c'était drôle.
09:14 Alors, ce qui est curieux, c'est que Jean-Claude Roux a tourné un nombre record de rôles
09:18 pour la télévision et la seule chose dont on lui parle, c'est Thierry Laffronde.
09:21 Ben oui, parce que c'était magique.
09:23 Il était génial dans son rôle.
09:25 Une sorte de Robin des Bois, un peu 2.0.
09:27 Et sa fiancée, Isabelle dans le feuilleton, c'est la mère de Zabou.
09:32 Ah d'accord, ok.
09:33 Exact.
09:34 C'est vrai.
09:35 Donc vous voyez, c'est la grande famille du spectacle.
09:37 Et puis, il y avait aussi le petit train de la mémoire que peu de gens connaissent.
09:40 Ah, ce Rebus, là.
09:41 C'est génial.
09:42 Un petit train avec un Rebus.
09:43 Et surtout la musique.
09:45 Oui, qui était formidable.
09:46 Qui était formidable, cette musique.
09:48 Avec une guitare en Palachados.
09:50 Je ne sais plus, moi ça fait...
09:53 Exactement.
09:54 Et alors, il se trouve que ce petit train était fait dans le salon du producteur.
09:59 Il l'avait mis sur un meuble, un petit train, et il tournait avec une petite caméra.
10:02 Mais yes.
10:03 Et puis, il y a aussi...
10:04 Vous êtes tombé amoureux, comme tout le monde, de Diana Rigg dans Chapeau Blanc et
10:08 Boîte de Fire.
10:09 Ah, ça a été mon premier fantasme, on va dire, sexuel.
10:11 On peut le dire quand même à la radio de ça.
10:12 On peut tout dire à Sud Radio, on parle vrai.
10:14 Parce que franchement, c'est la première fois de voir cette belle brune, comme ça,
10:17 avec ses pantalons en cuir.
10:20 Je me suis dit, mais waouh.
10:21 C'est ça que je...
10:23 Et puis finalement, l'amour de la littérature et des classiques vous a permis de comprendre
10:28 la mécanique des phrases, ce qui vous a été utile ensuite dans la chanson, Jean-Pierre
10:31 Madel.
10:32 Oh, sûrement.
10:33 Sûrement, parce que...
10:34 Oui, je pense qu'il y a une métrique.
10:36 Je pense que oui, il y a une métrique qui est tirée des mains.
10:41 De toute façon, la musique, c'est avant tout des croches, des doubles croches.
10:44 C'est des subdivisions quelque part.
10:46 C'est des mesures aussi.
10:47 Il y a un côté comme ça.
10:49 Oui, on l'a vu hier soir.
10:51 On vient de finir avec Star 80 le Paris-Bercy, qui s'appelle maintenant l'accord Arena.
10:58 Voilà, je vais y arriver.
10:59 C'est l'accord Arena.
11:00 Et c'est vrai qu'hier soir, on avait un petit problème de séquence à un moment donné,
11:05 qui était un peu décalé.
11:06 Mais pourquoi ? Parce que c'est des maths.
11:07 On était décalé d'une croche.
11:09 Et une croche, c'est le quart d'un temps.
11:11 Et nous, on va prendre le temps de se retrouver dans quelques instants avec une autre date,
11:15 le 16 mars 1983.
11:17 A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Pierre Madère.
11:20 Sud Radio, les clés d'une vie.
11:22 Jacques Pessis.
11:23 Sud Radio, les clés d'une vie.
11:25 Mon invité Jean-Pierre Madère.
11:26 A l'occasion de la sortie de ce livre autobiographique, On connaît ma chanson, de Macumba à Star
11:33 80.
11:34 Toute une vie en musique chez Privas.
11:35 Effectivement, la musique a occupé votre vie.
11:37 Et il y a une date que j'ai repérée, qui est aussi très intéressante, le 16 mars
11:41 1983.
11:42 C'est votre première chanson à l'occasion de votre première télé.
11:46 Il voulait que je me mette à table.
11:50 Il voyait pas que j'étais l'inattaquable.
11:53 Faux coupable.
11:54 Faux coupable, la vie à plein temps, une émission diffusée uniquement dans une région
11:59 de France.
12:00 Et vous êtes là, tout timide, sur ce plateau, en évoquant votre début de parcours et en
12:05 vous disant "mais les radios libres vont beaucoup péder".
12:08 C'est vrai, oui, mais c'est le début de l'ouverture des ondes.
12:12 Après l'alternance politique, c'est Mitterrand qui ouvre.
12:16 Et tout d'un coup, toutes ces radios ont besoin de nouveaux visages.
12:19 Et j'en fais partie un petit peu.
12:21 Pas comme Jean-Jacques Gullman, pas comme Axel Bauer, mais j'ai mes premières cinq
12:27 minutes de gloire avec ce titre Faux coupable qui est un hommage appuyé à Alfred Hitchcock.
12:34 Et c'est une sorte de chanson qui préfigure un peu Disparu, puisque c'est une sorte
12:40 d'enquête où je me fais enlever.
12:42 Déjà on sent que mon terrain va être vers ses paroles un peu particulières.
12:49 Le décor de cette émission, je ne sais pas si vous vous en souvenez, c'est un mur.
12:52 Vous chantez devant un mur.
12:53 Oui, je chante devant un mur, absolument.
12:55 Alors, cette chanson Faux coupable est née d'une rencontre avec Richard Seyff grâce
13:00 à sa femme, Jean-Pierre Madière.
13:02 Exactement.
13:03 J'ai regardé le mercredi après-midi.
13:05 Évidemment, j'étais musicien dans un petit orchestre de balle, mais pour compléter
13:09 un peu, parce que je vivais tout seul à cette époque.
13:13 À ce moment-là, c'est vrai que j'allais à côté vendre des disques.
13:18 J'étais disquaire le mercredi après-midi.
13:20 Il y avait une très, très jolie femme dans le magasin d'à côté, une sorte de Diana
13:24 Rigg que je regardais, évidemment.
13:26 Et un jour, je l'ai abordée et je suis rentrée dans ce magasin.
13:29 Et elle m'a dit mon mari est musicien.
13:31 Ah bon, vous êtes marié ? Bon, d'accord.
13:33 Oui, c'est la vie.
13:34 Et elle me dit voilà, il s'appelle Richard Seyff.
13:37 Je dis Richard Seyff, celui qui a écrit les plus belles chansons de Gérard Lenormand
13:40 et Maï Brant ?
13:41 Elle me dit oui, oui, absolument.
13:43 Dites-lui que je suis à côté s'il peut passer un jour.
13:46 Et dans le magasin d'à côté, un jour est rentré Richard Seyff et lui aussi, il avait
13:51 envie de se réinventer quelque part.
13:53 Et je lui ai fait écouter tous ses disques un peu nouveaux.
13:56 Police, les Clash, les Bugles, tous les tubes un peu New Wave.
14:02 Et c'est vrai que lui, qui était très chanson française, grâce à moi, je pense, on peut
14:06 le dire, a redécouvert un peu la musique qui se faisait outre-Atlantique et a eu envie
14:12 de se dire mais pourquoi après tout, j'essaierai pas moi aussi de composer des choses dans
14:17 cet esprit ?
14:18 Il m'a demandé mais vous faites de la musique ?
14:20 Je dis absolument.
14:21 Je suis bassiste, je joue tous les week-ends.
14:23 Il me dit ça serait bien qu'on se voit et qu'on essaye peut-être de faire quelque
14:27 chose ensemble.
14:28 Et allez savoir Jean-Pierre, peut-être on va trouver des mélodies, des choses intéressantes.
14:33 Et je savais pas que ça allait être la rencontre qui allait tout fédérer.
14:36 Oui, une rencontre importante, il vous a beaucoup appris Richard Seyff.
14:39 Ah ben oui, parce qu'il avait tout le savoir-faire des années 70.
14:43 Tout d'un coup, il était passé un peu de mode lui aussi.
14:46 Il avait vécu tous les grands succès de Gérard Lenormand.
14:50 C'est ma prière pour Maëbranthe, quelques titres pour Claude François.
14:53 Et il était un peu à la recherche d'une nouvelle idée.
14:57 Il était très jeune, il n'avait que 30 ans et c'est très jeune dans ce métier
15:01 aussi.
15:02 Comment se réinventer, comment se renouveler ? Et je connaîtrais ce problème moi, 10
15:06 ans plus tard.
15:07 Bien sûr.
15:08 Alors il se trouve que votre premier gala, c'est au Liban, à Beyrouth, dans une ville
15:13 en guerre et ça vous a surpris Jean-Pierre Madère.
15:16 Oui, parce qu'on était partis un peu à la fleur au fusil, tous les copains.
15:18 J'avais été engagé, j'étais content.
15:20 C'était trois semaines pour jouer dans un casino.
15:22 J'accompagnais Pascal Danel, les neiges du Kilimanjaro, la plage romantique.
15:27 J'avais passé l'audition, il m'avait trouvé très bien.
15:30 D'ailleurs il en parle souvent, il dit "dans mon groupe j'ai eu Laurent Woulzy et Jean-Pierre
15:34 Madère".
15:35 Et c'est vrai, j'étais bassiste.
15:36 Et quand on est arrivé là-bas, c'était pendant la guerre et tout d'un coup, c'était
15:41 un peu flippant de voir tout cet espace dévasté par les bombes.
15:46 Et ces gens qui avaient mis des guirlandes de Noël, c'était pendant les fêtes de
15:49 Noël, et ils avaient décoré ces ruines avec ce qu'ils avaient trouvé.
15:53 Et on avait fait ce chemin jusqu'à Jounier, un casino, où là il y avait la richesse,
16:00 les call girls, les émirats arabes, une vie cachée un peu, avec la religion.
16:07 Et tous les soirs on jouait dans ce casino, et on faisait ça le comble tous les soirs.
16:12 On avait un succès immense.
16:13 Si bien que Pascal m'avait dit "écoute, tu as l'air de plaire aux Libanaises, il
16:18 faudrait que tu me chantes un rock".
16:20 Et j'avais improvisé un Johnny B.
16:22 Good en yaourt.
16:23 Il se trouve que ce casino est l'un des rares casinos du Moyen-Orient, et le bénéfice
16:28 quotidien, je me suis un peu renseigné un jour parce que je suis allé faire un spectacle
16:31 là-bas, c'est 800 000 euros par jour.
16:33 Et ça permet de financer beaucoup de choses au Liban.
16:36 Nous, Pascal Dalet.
16:38 Alors il se trouve aussi que ça vous a rappelé un film qui est "Voyage au bout de l'enfer".
16:44 Oui, parce qu'il y avait un cinéma, et donc les après-midi, au bout d'un moment, il
16:49 y avait beaucoup de bruit de bombes au loin.
16:51 Et donc je l'ai vu trois, quatre fois là-bas.
16:53 Et donc quand on voit ce film incroyable au milieu de cette guerre en suspens qui s'arrête,
17:00 qui reprend, avec des gens qui sont habitués à la vivre tous les jours, qui vont faire
17:04 des courses, qui vivent en famille, etc.
17:06 Tout d'un coup, ça m'a vraiment marqué.
17:08 Je me suis rendu compte de la chance que l'on avait à ce moment-là de vivre en France
17:12 aussi paisiblement.
17:13 Et Robert De Niro a été très marqué par ce film, parce que les coups, il les a vraiment
17:17 reçus, il a dit que c'est le tournage le plus difficile de sa carrière.
17:20 Ah oui, c'est terrible.
17:22 Alors la chanson pour vous Jean-Pierre Maders, ça a commencé dans la cour de récréation
17:26 du lycée.
17:27 Absolument.
17:28 Avec deux copains.
17:29 Avec deux copains, mais voilà, appartenir à une bande, refaire le monde, ne plus avoir
17:35 d'heure, essayer de veiller le soir, écouter la radio.
17:37 Je crois que c'est la radio, moi, qui m'a le plus influencé.
17:41 J'écoutais beaucoup Michel Ancelot à l'époque sur Europe 1.
17:43 Et puis aussi Sud Radio, je crois.
17:45 Et Sud Radio, beaucoup.
17:46 C'est la radio de ma région.
17:47 Et j'avais un petit cahier, j'écoutais le hit parade de Frank.
17:50 Et là, tous les soirs, je marquais, je disais "Maman, attends, les Beatles sont baissés,
17:55 tiens, il y a David Alexander Winter qui est numéro un avec O Lady Mary.
17:58 Ah tiens, il y a les Turtles qui remontent."
18:01 Et je trouve que ce petit cahier, d'aimer autant la radio, c'est au parleur, il est
18:08 magique.
18:09 Parce que pour un musicien, la première fois où je me suis entendu à la radio, je crois
18:14 que c'est comme quand un gamin voit la première fois la mer.
18:17 Pour moi, ça y est, j'avais réussi quelque chose.
18:20 Après, c'est allé plus loin.
18:21 Bien sûr que c'est important, mais pas tant que ça.
18:23 Ce qui a été important, c'est cette première écoute, la première fois.
18:27 Voilà.
18:28 Et il se trouve ensuite qu'on vous a proposé d'aller dans un orchestre, parce que vous
18:30 aviez appris la basse, qui s'appelait Les Gaulois.
18:33 Les Gaulois.
18:34 Alors ça, j'en parle souvent avec quelqu'un quand même qui a fait un chemin incroyable
18:37 et que j'aime beaucoup, c'est Francis Cabrel.
18:39 Puisque Francis Cabrel a joué dans cet orchestre aussi.
18:42 Et donc, il n'y a pas longtemps, on en a parlé, puisque j'ai tourné dans son dernier
18:46 clip, qui est un hommage appuyé à la ville de Toulouse et à tous les troubadours.
18:51 Et voilà, à travers Claude Sicre, qui est un personnage un peu atypique, qui a inventé
18:56 les repas de quartier.
18:57 Et c'est vrai qu'avec Francis, lui, il a vécu différemment le bal.
19:01 Parce qu'il était magasinier, il travaillait, il était fiancé.
19:05 Il avait ses chansons écrites dans un magasin de chaussures entre les boîtes.
19:10 Oui, c'est vrai.
19:11 Donc, pendant un an, il était magasinier dans un magasin de chaussures.
19:13 Et moi, j'étais le jeune étudiant un peu insouciant.
19:15 On avait deux, trois ans de différence.
19:17 Et à l'époque, ça faisait beaucoup.
19:18 Donc, tout d'un coup, c'était un grand pour moi, Francis.
19:20 Et il se trouve que pour entrer dans cet orchestre, vous avez passé une audition, Jean-Pierre
19:25 Madère, sur cette chanson.
19:26 Pierre Grocolla, un maître.
19:27 On l'entend pas.
19:28 Je ne l'ai jamais reçu dans l'écriture.
19:29 Oui, c'est dommage.
19:30 Moi, je ne comprends pas.
19:31 C'est quel genre d'artiste ?
19:32 C'est un artiste qui a fait un chemin incroyable.
19:33 C'est un maître.
19:40 C'est quelqu'un qui m'a beaucoup influencé.
19:42 Je dirais, allez, dans la trilogie madérienne, il y a Ébisamment, Alain Chamfort.
19:47 Il y a William Scheller, mais c'est trop particulier au piano.
19:51 C'est Eric Satie, William Scheller.
19:54 Et après, il y a Pierre Grocolla.
19:55 Parce que Pierre Grocolla, c'est quelqu'un qui, quand on pense à Laurent Voulzy, à
20:00 la carrière qu'il a eue, Pierre aurait pu...
20:02 Pour moi, c'est ce niveau-là.
20:04 C'est quelqu'un que j'ai bien connu, que chaque fois que je le vois, je l'aide.
20:09 J'ai envie de l'embrasser.
20:11 J'ai envie de lui dire, allez, Pierre, il faut...
20:13 Mais c'est vrai que c'est quelqu'un d'un peu atypique, de très timide, renfermé un
20:17 peu sur lui-même.
20:18 Et c'est dommage.
20:19 La dernière fois que j'ai interviewé, c'est en 1974.
20:21 Ça remonte à loin.
20:23 Il se trouve aussi que vous allez connaître, Jean-Pierre Madère, les galères des musiciens
20:27 avec la vieille voiture, les balles.
20:30 C'était très particulier.
20:31 Oui, mais c'est la vraie France.
20:33 Moi, je suis content parce que, vous voyez, hier soir, j'étais à Bercy.
20:36 Je peux très bien parler avec le patron de Davas, mais je peux très bien parler avec
20:39 quelqu'un qui a un petit comité des fêtes et qui va organiser sa fête annuelle, qui
20:43 va mettre tout son cœur là-dedans.
20:45 Et le bal, ça m'a appris ça.
20:46 Et vous étiez musicien à l'époque, mais vous êtes chanteur et la première chanson
20:50 que vous interprétez, c'est celle-ci.
20:51 "Soldats, ne tirez pas, je ne suis pas armé.
20:56 Soldats, ne tirez pas, je vais vous expliquer."
20:59 C'est une chanson de Gérard Lenormand, écrite par Maurice Vidalin.
21:03 Oui, Vidalin, exactement, qui était préfet de Paris, je crois.
21:06 Non, non, ça c'est Louis Hamad.
21:07 Ah, c'est Louis Hamad, voilà.
21:08 Vidal, c'était le copain de Beko, qui se débutait au cabaret à Auteuil avec lui.
21:12 Exact.
21:13 Et bien, franchement, oui, c'est la première chanson.
21:14 Voilà, ça, Francis le chantait.
21:16 Il a fallu à un moment donné remplacer Francis Cabrel.
21:18 Et on m'a donné tous les Gérard Lenormand.
21:20 Il y avait celui-là.
21:21 Et donc, un dimanche après-midi, je me suis avancé et j'ai chanté "Soldats, ne tirez
21:26 pas".
21:27 Et ça a commencé et ça a continué.
21:28 On va évoquer une date qui n'a rien à voir avec vous, mais quand même qui a un lien.
21:32 C'est le 3 février 1949.
21:34 A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Pierre Madère.
21:37 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:40 Jacques Pessis.
21:41 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:42 Mon invité Jean-Pierre Madère.
21:44 Ce livre "On connaît ma chanson" de Macumba à Star 80, chez Privat, que je vous recommande
21:49 parce que si vous connaissez Jean-Pierre Madère et ses chansons, vous en apprenez encore plus,
21:53 comme nous aujourd'hui, avec les clés d'une vie.
21:56 Alors, 3 février 1949.
21:57 Pourquoi je parle de cette date ? Parce que c'est la sortie d'un film qui s'appelle "L'île
22:02 au complot".
22:03 Un film où l'agent fédéral Rigby se rend sur une île quelque part en Amérique centrale
22:08 pour briser un racket de moteur d'avion.
22:10 Et puis c'est en voyant ce film que vous avez eu le déclic pour une chanson.
22:14 Exactement, c'est vrai.
22:15 Bravo.
22:16 Et dans ce film, il y a Ava Gardner.
22:17 Ah oui, alors elle est sublime.
22:19 Quand on a démarré la chanson avec Richard, on ne pensait qu'à Ava Gardner et on se disait
22:24 où c'est qu'on la situe, qu'est-ce qu'elle peut faire.
22:27 Ava Gardner, il faut savoir qu'elle a vécu une romance fabuleuse avec Frank Sinatra.
22:32 Elle ne s'en est jamais remise.
22:33 A tel point que le soir, à 3h du matin, elle buvait du whisky en écoutant les chansons
22:38 de Sinatra et en l'insultant parce qu'il chantait faux.
22:40 Alors, vous, vous ne chantez pas faux.
22:42 Elle a de l'oreille alors.
22:43 Parce qu'il chante drôlement bien.
22:45 Alors, si je parle du complot et vous, vous ne chantez pas faux, c'est parce que c'est
22:48 l'origine de cette chanson.
22:49 Alors ça, on danse tous les soirs encore aujourd'hui avec cette chanson.
23:03 C'est incroyable.
23:04 C'est fou parce que voilà, quand une chanson, c'est un petit bout de sa vie.
23:09 On a créé ça avec Richard dans un taxi.
23:11 On partait, on revenait après le succès de Disparu.
23:16 Richard me dit mais qu'est ce qu'on va faire après ? Et Richard encore à cette idée,
23:21 il me dit mais tu avais fait un début de chanson pour Philippe Laville.
23:24 Tu ne te souviens pas de ce truc ? Voyons, chante-moi un peu.
23:27 Alors, je lui chante dans le taxi comme ça, un peu, je le souviens vaguement.
23:30 Et je lui dis tu vois, ça serait bien.
23:33 Il me dit ça serait bien que cette fille, tu sais, comme Ava Gardner, dont on a vu le
23:37 film, elle serait dans une île.
23:39 Là, elle cherche le bon client.
23:40 Elle veut aller, c'est une migrante, tu vois, elle veut un monde meilleur.
23:44 Et je lui dis oui, elle serait dans un club.
23:47 Je lui dis elle serait au Mukombo ou au César Palace.
23:50 Tu vois, il me dit non, non, non, au Macumba, elle danse tous les soirs.
23:53 C'est lui qui a trouvé ça.
23:54 C'est fou.
23:55 C'est parti là dessus.
23:56 Oui.
23:57 Alors le lendemain, on rentre à Toulouse.
23:58 Je prends la guitare.
23:59 Lui aussi.
24:00 On fait deux.
24:01 On a deux textes complètement différents.
24:03 Moi, le mien était plus obscur.
24:05 Je me souviens qu'elle se faisait graver les prénoms de soi-disant des enfants qu'elle
24:09 n'aurait jamais.
24:10 Je me dis ouh là, ça, on va peut être le mettre de côté.
24:12 J'aimais bien Richard quand il avait des idées comme ça.
24:15 Ça, on va le mettre de côté.
24:16 On verra un peu plus tard, Jean-Pierre.
24:18 Je crois que la chanson a été enregistrée en Italie à Rimini.
24:21 Voilà, c'est à dire qu'au début, on a enregistré à Paris et à Toulouse, bien sûr,
24:24 au studio Condorcet, mythique.
24:26 Et je me suis pris un peu au sérieux, c'est à dire que tout d'un coup, j'ai convoqué
24:29 tous les cuivres.
24:30 Je me suis pris un peu pour Quincy Jones et mon producteur, en écoutant cette espèce
24:35 de salsa avec ses cuivres, m'a dit il me semble que je préférais ton petit brouillon
24:40 avec tes petits doigts, tes petites synthés.
24:42 Ça fait musique de vieux.
24:43 J'ai dit comment une musique de vieux avec tous les meilleurs cuivres de Paris, comment
24:47 c'est possible et tout.
24:48 Et ce qu'il y a eu de formidable, c'est que François Zardy, qui était dans cette
24:53 maison des disques dans les couloirs, a dit à Alain Puglia, qui était le patron de cette
24:58 maison des disques, il faut qu'il aille remixer.
25:01 C'est pas bien.
25:02 Il faut qu'il aille remixer à Londres, comme Étienne Dao, comme toute la nouvelle vague.
25:06 Et là, j'ai eu cet instant, pour une fois, de créativité forte.
25:11 J'ai dit que si tout le monde va à Londres, il ne faut pas aller à Londres.
25:14 Je suis en train d'acheter beaucoup de disques en ce moment de la new wave italienne.
25:18 Il faut aller en Italie.
25:19 Il faut aller à Rimini.
25:20 C'est là où ça se passe.
25:22 Ils sont en train d'envahir l'Europe de leurs sons et de leur rythme.
25:26 On va partir en Italie.
25:27 Il a trouvé l'idée géniale.
25:29 Et deux jours après, j'étais à Rimini sur l'Adriatic avec tous ces gens qui ont
25:33 fait des tubes internationaux.
25:34 Et Rimini, qui est la ville de Fellini, il y a aujourd'hui un musée Fellini à Rimini
25:39 qui est très visité par le monde entier.
25:41 Alors, la chanson sort.
25:42 Vous faites une émission de télé, Cocorico Boy, et là, c'est parti.
25:45 Oui, parce que déjà, les filles étaient super jolies, très belles, déjà.
25:50 Dès qu'elles ont entendu la chanson, c'est bien ça.
25:52 Alors, je sortais d'un cercueil.
25:54 Ça, c'était les idées à Colaron.
25:56 Et au milieu des filles, je chantais Macumba.
25:59 Et dès le lendemain, parce que c'était diffusé en direct.
26:02 Dès le lendemain, toutes les radios l'ont joué.
26:05 Et je tournais le poste et j'entendais peut-être cinq, six fois la radio.
26:09 Et même, il y a eu 40 versions étrangères, je crois.
26:11 Oui, alors ça, c'est Henri Bellolo.
26:12 Henri Bellolo, c'est le papa des Village People.
26:14 C'est l'un des Français qui a réussi dans la période du disco aux Etats-Unis avec
26:18 Jacques Morali.
26:19 Un jour, à la sortie d'Europe 1, il vient me voir et me dit "écoutez, je viens d'écouter
26:23 l'émission que vous avez faite.
26:25 J'adore votre chanson.
26:26 Je pense qu'elle a un potentiel international.
26:28 Souhaitez-vous que je devienne votre éditeur mondial ? "
26:32 Mon sous-éditeur mondial.
26:33 Et donc, à l'époque, il me dit "vous me connaissez ? "
26:35 Je lui dis "mais c'est Monsieur Bellolo qui était vraiment quelqu'un que j'adorais
26:40 parce qu'on lui doit aussi Patrick Juvé, on lui doit les Ritchie Family et surtout
26:43 les Village People.
26:44 C'est peut-être 60 millions de disques vendus.
26:47 Et donc, du coup, il y a eu une version espagnole qui a marché assez rapidement et qui a envahi
26:54 après toute l'Amérique du Sud.
26:55 On doit avoir une quarantaine de versions aujourd'hui.
26:58 Et vous avez un jour entendu la chanson à Buenos Aires, 20 ans plus tard.
27:01 Exactement.
27:02 J'étais en voyage avec mon joli guide qui s'appelle Nathalie et franchement, on était
27:08 dans un taxi et on attendu un groupe local, sorte de cumbia.
27:11 C'était ce fameux Macumba.
27:13 Alors c'est Macumba, la reina del lugar.
27:16 Voilà, c'est la reina del lugar.
27:18 On peut l'admettre.
27:20 Alors Macumba est arrivé, mais vous l'avez dit tout à l'heure, Jean-Pierre Madère,
27:23 il y a une chanson qui est devenue un succès juste avant.
27:25 Alors ça, c'est le premier succès.
27:40 Il y a besoin beaucoup au cinéma, cette chanson Jean-Pierre Madère.
27:42 Encore une fois, la chance aussi.
27:44 Puis le talent de savoir aussi prendre l'air du temps.
27:49 On va voir le film de Costa Grava.
27:51 J'avais la musique complète comme on l'entend là.
27:53 Le brouillon était assez similaire à ce qu'on a enregistré et je chantais "hit
27:58 and run".
27:59 Bon, un, deux, trois.
28:02 Et tout d'un coup, Richard, qui était plus texte que moi, il me dit "fi perdue".
28:07 Bah, il fit perdu, mais bon, c'est pas terrible tout ça.
28:11 Bon, bref.
28:12 Et on va voir "Portée disparue" de Costa Gravas.
28:15 Et là, en sortant du cinéma, encore lui, si y a pas Richard, on est mal.
28:20 Il me chante à l'oreille "disparue, tu y as 10".
28:25 Et tout d'un coup, ça y est.
28:27 Le film qu'on venait de voir, cet enlèvement en Argentine qui peut marcher sur deux niveaux,
28:32 une histoire d'amour, mais aussi quelque chose qui se passe sur le règne de Pinochet,
28:37 les Fort Falcone qui enlevaient les gens, etc.
28:39 Et qui rimaient avec les hommes parce qu'on s'est dit "mais avec quoi on va faire rimer
28:43 Fort Falcone ?" qui était la voiture des milices secrètes qui enlevaient les gens
28:48 politiquement.
28:49 Ils arrivaient en Fort Falcone.
28:51 Et Falcone, tout d'un coup, on a eu l'idée de deux hommes.
28:54 - Alors il se trouve que c'est une chanson que personne n'en voulait au départ, Jean-Pierre
28:57 Vallée.
28:58 - Alors personne, ça c'est le...
28:59 Quand on parle des Judes et des Tubes, c'est exactement ça.
29:01 On a fait le tour de toutes les maisons de disques, personne n'en voulait.
29:05 C'est bien, c'est un peu un telo, c'est un peu noir, c'est un peu ceci, c'est blanc.
29:10 Et puis y a eu l'idée de me dire "j'adorais Africa" de Rose Laurence qui était vraiment
29:17 une amie.
29:18 J'adorais "Le Coup de Folie" de Thierry Pastor et j'avais l'idée de me dire qu'un petit
29:24 label, peut-être c'était mieux pour moi, et à l'arracher, j'ai réussi d'avoir un
29:29 rendez-vous de dernière minute avec Floren H, qui est un label qui a disparu aujourd'hui,
29:34 qui faisait ce genre de musique.
29:35 Et tout de suite, le PDG a écouté, il a pas fini la chanson.
29:39 J'ai dit "bon, on a pris le bide", il m'a rendu la cassette et il m'a appelé "Jeune
29:43 Homme".
29:44 J'ai dit "mais y a d'autres titres, monsieur, après."
29:46 "Jeune Homme, c'est pas le moment d'écouter le reste, je vous envoie le contrat de Rose
29:50 Laurence, si ça vous va, on va être numéro un des clubs cet été."
29:54 Et il avait raison.
29:55 À l'été 84, avait Jeanne Mas, qui cartonnait aussi, disparu, devenu un vrai numéro un
30:02 des clubs.
30:03 Et vous avez même entendu la chanson siffler dans la rue.
30:06 Oui, c'est le premier sentiment qu'on entend, je pense, un peintre, c'est pas péjoratif,
30:12 mais c'est vrai que, en passant à Toulouse, justement, pas loin de la place du Salin,
30:15 c'était rue du Languedoc, je revends encore parce que c'est des souvenirs forts, dans
30:20 une vie de musicien, j'entends...
30:23 J'entends "Disparu", c'est dingue.
30:26 Et c'est ce que disait Piaf, elle disait "une chanson est connue quand le petit télégraphiste
30:31 la siffle dans la rue".
30:32 Ah, là c'est le télégraphiste, moi c'est le peintre.
30:34 Il se trouve que, bon, même, ça change votre vie.
30:38 À la banque, on vous parle autrement.
30:40 Ah oui, parce qu'au début, souvent, j'avais du mal, j'étais un peu à découvert, et
30:45 la réflexion c'était "d'accord, vous faites de la musique, monsieur Madère, mais votre
30:49 métier c'est quoi ?" Et donc, le lundi d'après, le 5 janvier, tous les auteurs-compositeurs
30:57 attendent la SACEM, de Jean-Jacques Goldman à Jean-Jacques Debout, ça c'est sûr.
31:02 Et donc du coup, je reçois un chèque, et avec ma première épouse, je suis content,
31:07 parce que je me dis "tiens, je vais pouvoir aller vivoter pendant un an, jusqu'au moment
31:12 où elle me fait remarquer qu'il y a un zéro de plus".
31:15 Et ça c'est drôle, parce que je me suis dit "voilà, j'étais aussi content sur le
31:19 zéro en fait".
31:20 Et c'est ça qui est magique dans nos métiers, de se dire que bon, un zéro c'est mieux quand
31:24 même d'avoir de plus, un zéro de plus.
31:26 Mais ça me suffisait.
31:28 Et donc, le lendemain, il a fallu aller porter le chèque à la banque.
31:31 Et là, j'ai savouré ce moment comme jamais on le savoure.
31:34 J'ai bien fait la queue, tranquille, et j'ai posé le chèque sur le comptoir, et il y avait
31:39 une jolie somme.
31:40 Et du coup, le même banquier qui me disait "mais quel métier vous faites, M.
31:45 Manère ? Est-ce que vous voulez voir un conseiller ?"
31:46 Je lui ai dit "non, mettez-moi ça sur le compte, j'ai d'autres projets".
31:50 - Alors, il se trouve que musicalement aussi, vous avez eu d'autres projets.
31:54 La chanson "Un peu moins marché", et vous êtes devenu directeur artistique d'une chanteuse,
31:59 et vous avez eu un succès avec cette chanson.
32:01 - "Pas de rêve d'amour, pas de C.M. caché au lendemain des rêves"
32:11 - "Puis T.
32:12 Lampeur et Arpego"
32:13 - Ah oui, oh là là.
32:14 Outé, c'était vraiment quelqu'un que j'avais rencontré par mon manager.
32:19 On était relativement copains au départ.
32:21 Et elle voulait faire un album en français, pour ses amis français.
32:24 - Oui, car elle parlait très bien français.
32:25 - Elle parlait très bien français, elle est allemande, elle est de Mumster, elle est bien
32:30 connue dans le monde anglo-saxon.
32:33 C'est la plus grande chanteuse de Kurzweil qu'il y a au monde.
32:37 Et elle a fait pendant très très longtemps la comédie musicale "Chicago".
32:41 Elle est restée 8 ans à l'affiche à New York.
32:43 Elle est partie s'installer à New York après.
32:45 - Et elle vit aujourd'hui à New York ? - Elle vit à New York, voilà.
32:48 - Elle s'occupe de journalisme et de peinture ?
32:49 - Absolument.
32:50 C'est une sorte de Marlène Dietrich, on va dire, du monde d'aujourd'hui.
32:54 Et quand on a démarré son album, je l'ai amenée chez Polydor, et elle a séduit tout
33:04 le monde.
33:05 Et on est parti sur cette idée d'un premier album qu'on a enregistré ensemble à Norvège,
33:10 avec le pianiste de Ray Charles.
33:11 Tout d'un coup, là j'ai besoin de me réinventer, je sens que le succès, je suis passé de
33:16 mode.
33:17 Les filles qui m'attendaient devant la porte ne m'attendent plus, elles attendent un MC
33:19 Solar ou les Boys Band, on sent que la musique a changé.
33:22 Je suis relégué un peu, un peu, oui Jean-Pierre on l'aime bien, il est sympa, mais c'est
33:26 un peu années 80.
33:27 Voilà, maintenant ça l'est jamais assez, mais à l'époque ça l'était trop.
33:31 Et du coup, "Où t'es" me permet de changer mon vocabulaire musical, d'écrire des cordes,
33:38 de redevenir un peu...
33:40 Et le téléphone ressonne tout d'un coup.
33:42 C'est ça qui est magique, parce que le succès de cet album, qui a relativement bien marché
33:46 en France, mais surtout a marché en Allemagne sous le nom de French Album, parce qu'elle
33:50 chante en français.
33:51 Donc du coup, on est arrivé vraiment à avoir un très très beau score à l'étranger,
33:55 qui m'a permis d'avoir un téléphone qui ne sonnait plus pendant deux ans chez moi
33:59 à Toulouse, à ressonner tout d'un coup.
34:01 Et il y avait Art Mango aussi.
34:02 Alors c'est ça, parce que quand on a démarré, j'ai senti que musicalement j'avais besoin
34:08 de quelqu'un de beaucoup plus jazzy que moi.
34:09 Donc généralement, moi j'ai démarré un peu les titres, et lui il les complétait
34:16 formidablement bien, avec une culture harmonique que je n'ai pas vraiment, parce que lui vient
34:20 vraiment d'une musique assez jazz.
34:22 Moi je viens vraiment de la pop.
34:23 Alors on ne va pas rentrer dans la technique, mais voilà, c'est des majeurs mineurs, lui
34:27 c'est plutôt des septièmes diminuées, etc.
34:29 Et on est arrivé à trouver un climat en mélangeant ces deux univers, qui lui allaient
34:33 comme un gant.
34:34 Et je crois que cet album est très réussi.
34:36 Et on fait un petit coucou à Art Mango, qui avec notre ami Ivan Kejus, s'occupe aujourd'hui
34:40 du groupe Toulouse Contours.
34:41 Oui c'est vrai, Toulouse Contours, il tourne et c'est formidable qu'il puisse faire ça
34:45 et continuer.
34:46 Et Michel, je l'encourage.
34:47 Il vient me voir à Biarritz souvent, je l'aime beaucoup.
34:49 Nous on aime beaucoup notre conversation, en tout cas je suis sûr que les auditrices
34:53 et les auditeurs l'apprécient.
34:54 Donc on va continuer avec une autre date, le 12 octobre 2023.
34:58 A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Pierre Madère.
35:01 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:04 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité Jean-Pierre Madère.
35:08 On a évoqué vos débuts, votre succès, bien sûr Macumba, bien sûr Hotel Hampeur.
35:14 Et tout ça est dans ce livre, On connaît ma chanson, de Macumba à Star 80.
35:19 Toute une vie en musique chez Privas.
35:21 Il est sorti le 12 octobre 2023.
35:23 Je sais que vous avez hésité à écrire ce livre, Jean-Pierre Madère.
35:27 Oui, ça me gênait un peu.
35:28 Je trouvais ça prétentieux.
35:29 On a trouvé un système qui est vraiment bien.
35:35 L'éditeur, un jour, est arrivé avec à peu près 80 pages que je trouvais très très
35:42 bonnes.
35:43 Je lui ai dit "mais c'est bien, c'est Pascal Alquet avec qui tu travailles qui a écrit
35:47 ça ?"
35:48 Et c'est bon, on a compilé plein d'interviews que tu as faits et on l'a mis en forme.
35:53 Et je me suis rendu compte qu'on pouvait à ce moment-là peut-être poursuivre le projet
35:59 devenu cohérent à ce moment-là.
36:01 Parce que je trouvais que d'abord c'était un récit un peu socio-historique.
36:06 Ça ne parlait pas que de moi, ça parlait d'une époque.
36:08 C'est la fin des années 70, le début des années 80, le palace à Paris.
36:12 Et puis surtout c'est l'histoire de quoi ? De quelqu'un de province qui vient d'un
36:17 milieu qui n'est pas très aisé, qui n'a rien à voir avec la musique et qui va de
36:24 fil en aiguille de l'école en massacrant les morceaux des Beatles jusqu'à devenir
36:32 bassiste dans un orchestre qui va gravir comme ça et qui va suivre l'histoire de la musique
36:37 en France.
36:38 Et je pense que ça peut être utile à des jeunes musiciens qui aujourd'hui sont un
36:42 peu perdus dans ce magma du streaming, des choses comme ça.
36:46 C'est vraiment le reflet d'une époque où tout pouvait être possible encore.
36:51 Et aujourd'hui, je l'espère pour cette nouvelle génération aussi, bien sûr.
36:55 Et c'était beaucoup plus difficile qu'on imagine parce qu'il n'y avait pas les réseaux
36:58 sociaux.
36:59 On allait en province, on ne savait pas où aller, on ne connaissait personne.
37:01 On ne connaissait personne et surtout il fallait passer par le studio d'enregistrement qui
37:06 coûtait très cher à l'époque.
37:07 Là, ça s'est démocratisé aujourd'hui avec des ordinateurs, avec des cartes son,
37:12 avec des choses plus faciles pour enregistrer.
37:14 Mais à l'époque, c'était vraiment un parcours du combattant.
37:17 Et ce livre parle de ça avant tout, parle aussi de tous ces musiciens de province, d'une
37:22 époque de la liberté sexuelle, des premières drogues aussi qui font leur apparition dès
37:26 la fin des années 70.
37:27 Et voilà, je crois que ce qui m'a plu, c'est la dimension socio-historique.
37:32 Et en même temps, vous évoquez des chanteurs très connus et le premier que vous avez rencontré,
37:36 c'est celui-ci.
37:37 Christophe, que vous avez connu tout jeune par votre père, je crois.
37:48 Exactement, on était dans un hôtel à Gauves-Juan et là, quelqu'un arrive avec une belle voiture
37:57 de sport.
37:58 Je ne suis pas très doué en voiture, je ne sais pas ce que ça serait, mais c'est une
38:00 très belle voiture et je vois sortir.
38:02 On me dit "mais c'est Christophe le chanteur avec un copain, il venait boire l'apéritif
38:06 dans ce petit hôtel, là, un Ricard, tranquille".
38:10 Et je ne le savais pas encore, mais quelques années plus tard, on allait passer quelques
38:14 jours ensemble.
38:15 Il est venu me voir dans un premier temps à Toulouse, ça a été d'ailleurs assez épique.
38:20 Un soir, j'entends sonner à ma porte, je vis dans un quartier près de Saint-Cernin et
38:25 dans une voiture, là aussi, qu'il avait louée, une Maserati, enfin, un truc décapotable,
38:30 tous les voisins regardaient à la fenêtre.
38:32 Il m'amène voir jouer des gens au boule, il voulait aller jouer au boule, mais il me
38:37 dit "mais on ne parie pas de l'argent à Toulouse ?"
38:39 Je dis "non, non, c'est des papys, tout ça".
38:41 Il y avait un club de jazz à côté et on est allé voir un concert de jazz, il était
38:45 2h du matin, je me demandais ce que j'allais faire avec Christophe, il me dit "c'est loin
38:48 Montpellier ?"
38:49 Je dis "non, non, tu prends la route, c'est à 2h, allez, je m'en vais, je t'embrasse".
38:53 Et en tee-shirt, il est parti en décapotable, il était 2h du matin, il aurait dû arriver
38:57 à 5h-6h du matin à Montpellier.
38:59 Il a eu beaucoup de voitures, toutes les voitures possibles et imaginables, jusqu'au jour où
39:03 le nombre de points étant bien supérieur à celui du retrait de permis, il a renoncé
39:07 à tout.
39:08 Il a renoncé.
39:09 Mais on a passé de bons moments ensemble parce qu'ils m'ont fait un vrai privilège, j'ai
39:14 travaillé sur une chanson qui s'appelle "Comme un interdit" avec lui pour la rendre plus
39:18 radiophonique avec Francis Dreyfus qui a été longtemps son mentor et j'étais à
39:24 Ferber avec lui pendant 2-3 jours et à un moment donné il m'a demandé quel était
39:29 son album préféré.
39:30 Il savait que j'adore "Le beau bizarre" qui est un album où il y a tout Bachung,
39:34 il y a toute cette nouvelle vague française et il a demandé à Eudeline, l'ingénieure
39:41 du son mythique de Ferber, il a sorti le disque, il l'a mis et comme on était en boîte
39:47 de nuit, par-dessus sa voix, il m'a rechanté tout l'album.
39:51 - C'est incroyable ça !
39:52 - Il y a aussi une chose qui a compté dans votre formation et vous en parlez beaucoup
39:58 dans ce livre Jean-Pierre Madère, c'est l'apprentissage de l'anglais.
40:01 Vous l'avez appris par les musiciens, par les gaulois paradoxalement.
40:05 - Paradoxalement on apprend en travaillant, mais qu'est-ce qu'ils racontent au fait,
40:11 et c'est vrai qu'en chantant des chansons anglaises, on apprend l'anglais en fin de
40:15 compte.
40:16 - Et il y a une chanson anglaise qui vous a marqué.
40:17 - Les Moody Blues.
40:26 - Magnifique ça !
40:27 - Alors cette chanson, il se trouve que Justin Eward l'a écrite parce qu'il venait de rompre
40:31 avec une jeune femme qui lui a offert des draps en satin blanc.
40:33 - Exactement ! Et là en ce moment, ils ont une synchro somptueuse, la preuve parfois.
40:39 Et c'est fou parce que ce groupe, ça a été l'un de mes premiers concerts.
40:42 - A Paris ?
40:43 - Oui, je les ai vus à la salle, Playl, maman m'avait laissé partir, j'avais pris le
40:47 train de nuit, à l'époque il y avait des couchettes, j'étais arrivé à Paris et j'avais
40:51 vu les Moody Blues à la salle Playl, j'avais 16 ans, 17 ans, ce qui est jeune pour partir
40:56 tout seul, et c'est un groupe que j'ai adoré, évidemment, et cette chanson, reprise aussi
41:02 dans cet extra un peu par Léo Ferré, quand il dit un Moody Blues qui chante des nuits
41:06 de satin, et ça c'est, voilà, ça fait partie de toute ma culture, de mon ADN.
41:10 - Et votre culture musicale à Paris, vous l'avez également fait parce que vous habitiez
41:14 juste à côté du Palace à la grande époque.
41:16 - Eh oui, mon producteur m'a dit "je t'ai trouvé un petit hôtel", c'est vrai qu'il
41:19 était pas terrible mais il avait pas vu que c'était Cité Bergère, un tout petit hôtel
41:24 mais qui devait valoir, allez, aujourd'hui l'équivalent de 40 euros, il m'avait pris
41:28 ça avant que ça marche, et en fait tous les soirs j'étais au Palace, et j'écoutais
41:31 tout ce qui sortait, et je parlais avec Pacadis, avec tous les gens, et j'ai rencontré les
41:38 frères Circus là-bas, à cette époque.
41:39 - Ils sont venus au Pacadis, c'était un journaliste de Libération.
41:42 - De Libération, pardon, oui, qui était un peu fou.
41:45 - Il vivait dans le luxe tous les soirs, et il habitait une chambre de bonne avec 200
41:50 flambes.
41:51 - C'était un flambeur, comme on appelle les beaux magnifiques.
41:55 - Exactement.
41:56 Et quelqu'un qui vous a marqué aussi parce que les rencontres ont été très importantes,
42:00 c'est Jean-Jacques Goldman, car vous l'avez vu monter en puissance.
42:03 - Oui, parce qu'avec Faux coupables j'ai démarré des plateaux avec Jacques Bancarel,
42:08 c'était un producteur qui était spécialisé dans les premiers plateaux FM, et dans ces
42:13 plateaux il y avait beaucoup d'artistes à devenir, et ce Jean-Jacques Goldman, très
42:18 sympa, on parlait de Bonet M, parce qu'il est très large dans ses goûts musicaux,
42:23 d'ACDC, surtout de Statu-Quo qui était son groupe préféré, et pendant l'histoire,
42:29 pendant le temps de 2-3 mois, moi j'avais Faux coupables qui stagnaient un peu, et
42:33 j'ai vu l'ascension d'Il suffira d'un signe, j'ai vu l'hystérie naître dans les salles
42:38 dès qu'il apparaissait, avec sa petite cravate noire et sa chemise blanche, et j'ai vu Jean-Jacques
42:44 devenir Goldman.
42:45 - Mais comment on explique justement ce succès ? Moi un jour il m'a expliqué que c'était
42:50 beaucoup beaucoup de travail une chanson, des mois et des mois, mais c'est quand même
42:54 un phénomène unique.
42:55 - Oui, il a incarné, je crois, une génération, physiquement d'abord, il était très beau,
43:01 il avait une très très belle allure, et puis les valeurs qu'il revendiquait, je crois,
43:07 c'était les valeurs qu'on avait envie à l'époque, en tout cas d'entendre, de la part
43:11 d'un chanteur, on quittait un peu le strass des années 70, un peu le whisky, tout ça,
43:16 on avait affaire à quelqu'un qui peut-être ressemblait, j'ai envie de dire, le chanteur
43:22 citoyen, mais c'est un peu ça.
43:24 Jean-Jacques a incarné pour moi une nouvelle figure, une nouvelle façon de vivre aussi,
43:30 parce qu'il ne vivait pas dans le luxe, il n'avait pas de bagnole de course, tout d'un
43:36 coup c'était vraiment un exemple qui, je crois, nous a permis tous de garder la tête
43:42 sur les épaules, je pense qu'il a été très plus important qu'on le croit.
43:44 - Oui, moi je me souviens d'un jour où je suis allé interviewer à côté de Marseille,
43:49 on pouvait déjeuner au tennis ou au golf, le golf était meilleur que le tennis, mais
43:53 il allait au tennis parce que si le patron du tennis apprenait qu'il allait au golf,
43:56 il était puni de court pendant trois semaines.
43:58 - Ah ça c'est sûr.
43:59 - Et il l'acceptait.
44:00 - Et c'était un plan de cul que je suppose.
44:01 - Exactement.
44:02 - Alors revenons à Star 80 parce que finalement, aujourd'hui, Star 80 vous a permis de revenir
44:08 au premier plan et tout a commencé, je crois, avec le Tour de France féminin.
44:12 - Oui, ça a été la première fois où le téléphone ressonne pour ces fameuses années
44:17 80 et c'est marrant parce que c'est une société de relations publiques qui me dit voilà,
44:24 on a Rose Laurence qui chante Afrika, Jeannie Longo est là, on veut absolument créer un
44:30 couple et donc on a pensé à vous et donc je me suis retrouvé à faire les 35 premières
44:35 dates du Tour de France féminin où je chantais Ma Kumba, El Afrika et ensemble on finissait
44:42 avec Jeannie Longo, on faisait Full Sentimental d'Alain Souchon aux arrivées et c'était
44:48 une prise un peu humble mais elle a été nécessaire de revenir dans ce métier, pas
44:53 par la petite porte mais c'est une façon de...
44:56 Et j'avais l'impression que grâce à Rose aussi qui était une femme extraordinaire
45:01 que tout pouvait repartir et quelques mois plus tard, le téléphone n'a pas arrêté
45:08 de sonner pour ces fameuses années 80.
45:10 - Oui et je crois qu'il y a une émission de télévision qui a été déterminante,
45:13 c'est Symphonic Tour.
45:14 - Oui, exactement, c'est le Symphonic Show de France Télévisions où là, il y a une
45:20 petite anecdote, Jacques, il faut que je vous la raconte parce que c'est Michel Sardou,
45:24 je suis avec Jimmy Somerville, on discute, moi j'adorais Bronsky Beat, on s'était rencontrés
45:30 à l'époque, tout ça et cette émission, j'ai l'impression, barbait bien Michel Sardou
45:35 qui nous a demandé s'il pouvait passer avant nous, si on pouvait, comme ça il en finissait
45:40 du Lac du Colémarat, il nous a fait croire qu'il avait un repas de famille important,
45:44 on lui a dit oui mais supposons qu'on lui ait dit non, tout d'un coup, ce qui s'est
45:50 passé, le directeur des variétés qui s'appelait Karnikoff, Nicolas, nous a vu seul parce que
45:57 Michel partait chanter et c'est là où il est arrivé pour nous parler, mais qu'est-ce
46:02 que vous faites, tout ça c'est super, je suis tellement fan de votre musique et l'agent
46:07 qui nous avait trouvé la télé a eu peur peut-être qu'on le double, qu'on fasse des
46:12 télés sans lui et du coup il lui dit mais Olivier, il s'appelle Olivier Keffer, mais
46:18 Olivier ça fait des années que je te vois traîner, mets-moi ça dans des zéniths et
46:23 Olivier lui dit mais tu crois que j'ai l'argent de faire ça, débrouille-toi avec l'argent,
46:26 si tu me mets ça avec une belle programmation dans les zéniths, je veux voir Jimmy Somerville,
46:31 je veux voir Madère, je veux voir Emily Ma, je veux voir ceci, Cookie Dinkler, je veux
46:34 voir tous les Tuesdays 80, tu fais toutes les émissions de la chaîne et tu fais un
46:39 spécial Drucker, débrouille-toi.
46:40 On a fait le Michel Drucker, ça marchait très moyen au début, un jour de pluie on
46:45 avait fait 6 millions de spectateurs et le lendemain les 4 premières dates à une semaine
46:50 étaient complètes.
46:51 Et le Stade de France pour la première édition ça a été des places à 10 euros.
46:55 À 10 euros, voilà parce qu'ils avaient un système comme pour les matchs de rugby
46:58 pour faire venir du monde, on a joué devant 50 000 personnes et le premier Stade de France
47:03 c'était 10 euros la place.
47:04 Il y en a eu 3 ensuite.
47:05 Et après il y a eu 3 ensuite.
47:06 Et le plus étonnant c'est un concert à Miami Beach quand même.
47:09 Ah ça c'était bien parce qu'on a joué au Philmore, moi quand je voyais Jimmy Hendrix
47:13 enregistre au Philmore je me disais "Waouh ça doit être énorme cette salle".
47:16 Et en fait un jour pour la communauté française, après Johnny, après Gaden Malley, on est
47:20 allé jouer à Miami et on a joué au Philmore.
47:23 Et juste à côté il y a un hôtel où Paul Henca a écrit la version américaine de Comme
47:28 d'habitude, "My Way".
47:29 Ah ça je ne savais pas.
47:30 C'est juste à côté.
47:31 Ah génial.
47:32 Alors aujourd'hui c'est un phénomène incroyable, vous en êtes le premier surpris
47:35 je suis sûr.
47:36 Oui parce qu'on ne peut pas prédire faire 7 millions de tickets, je ne vois pas qui
47:41 peut prédire ça.
47:42 Hier soir on a joué à la Cora Arena qui était à 14 000 personnes, l'année prochaine
47:49 on a 60 dates à peu près, la plupart sont déjà complètes.
47:52 Donc c'est magique parce que j'ai l'impression qu'on appartient définitivement au patrimoine
48:00 festif.
48:01 C'est-à-dire Macumba, Born to be Alive, c'est l'année où on a rencontré sa femme,
48:07 et il y a une nouvelle génération aussi qui vient, il y a beaucoup de jeunes dans
48:10 la salle qui étaient passés.
48:11 Mais c'est ça qui est étonnant.
48:12 Parce que je le vois, j'ai la chance de partager ma vie entre Toulouse et Biarritz,
48:16 et qu'est-ce que je peux nous entendre ? Alors c'est des chansons festives, dans les
48:20 bars, dans les cafés, dans les autotampons, c'est vraiment le patrimoine.
48:27 Et c'est une note d'espoir en même temps.
48:28 Et c'est une note d'espoir parce que c'est vraiment une période moins anxiogène, et
48:33 c'est la première et dernière fois pour l'instant, je dis bien pour l'instant, où
48:37 on a dansé, et surtout on peut danser sur du français.
48:41 Parce que tous ces titres-là qui étaient trop 80, maintenant sont devenus pas assez
48:45 80, et c'est tous des numéros de club.
48:48 Les Démons de minuit, Born to be Alive, Macumba, etc.
48:53 Phil Barnet, Sabrina.
48:54 Phil Barnet, Sabrina.
48:55 Voilà.
48:56 Et tout ça, c'est vrai que tous les gens, c'est des refrains en français, tout le
48:59 monde chante avec nous, et quand vous avez une salle de 14 000 qui chantent votre refrain,
49:03 je peux vous dire, on se dit qu'on a réussi sa vie quand même.
49:06 Alors je précise que la tournée Star 80 avec une nouvelle mise en scène continue
49:10 tout 2024, et que vous serez à l'Accord Arena de Paris le 26 mars 2024.
49:15 Et oui, on en rajoute une date, et attention, hier j'ai appris par le producteur, par
49:19 Decibel, qu'on était à 60% de remplissage déjà.
49:22 Voilà, j'espère que le livre aura le même succès.
49:24 Ça s'appelle On connaît ma chanson, de Macumba à Star 80 chez Priva.
49:28 C'est votre vie, mais c'est aussi une leçon de vie pour les musiciens.
49:32 Merci de l'avoir écrit, puis continuez comme ça Jean-Pierre Madère.
49:34 Merci Jacques.
49:35 Merci les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui, on se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.