• il y a 10 mois
Jacques Pessis reçoit Richard Cocciante : il est le compositeur de Notre Dame de Paris mais aussi de chansons devenus des succès dans plusieurs pays. La grande carrière d’un musicien discret qui, exceptionnellement, se raconte.

Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-01-08##

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Transcription
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 Vous avez couru dans les bambous avant d'être rattrapé par des succès
00:09 qui ne relèvent pas du miracle, même si Notre-Dame y est pour quelque chose.
00:13 Vos mélodies sont fredonnées dans le monde entier,
00:15 mais votre parole est rare.
00:17 C'est dire si je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui au micro de Sud Radio.
00:21 Bonjour Richard Cossiante.
00:22 Bonjour.
00:23 C'est vrai qu'on vous voit peu en France, vous êtes dans le monde entier
00:26 avec vos chansons, vos mélodies, vos comédies musicales.
00:30 Oui, je fais quelques émissions, mais j'en fais toujours moins, c'est sûr.
00:37 Mais quand je les fais, je préfère chanter,
00:41 je préfère utiliser ma voix plutôt que parler.
00:44 Aujourd'hui on va parler, alors bien sûr on vous connaît à travers Notre-Dame de Paris,
00:48 mais quand on voit votre parcours, c'est une chose parmi beaucoup d'autres
00:51 qu'on ne connaît pas forcément.
00:52 Donc on va essayer de les retrouver dans les clés d'une vie à travers des dates clés.
00:57 Et la première que j'ai trouvée Richard Cossiante, c'est le 7 janvier 1978,
01:02 votre première télé en France, dans Numéro 1 avec cette chanson.
01:06 Et pour qu'elle puisse encore chanter les chansons de notre bohème
01:15 Marguerita, dans un Numéro 1 avec Claudia Cardinal qui est muette devant vous.
01:19 Vous vous en souvenez ?
01:20 Oui, absolument.
01:21 Mais lorsqu'on parle de ma carrière, c'est sûr que c'est assez complexe
01:25 parce qu'on ne peut pas parler que de la France.
01:26 Bien sûr, mais on va en parler.
01:27 Il faut partager entre différents pays.
01:29 Il y a l'Italie, bien sûr, il y a tous les pays d'Amérique du Sud.
01:33 J'ai prévu d'en parler, ne vous inquiétez pas.
01:36 Bon, d'accord.
01:37 Ce Numéro 1 avec Claudia Cardinal, c'était votre première télé ?
01:41 En France.
01:43 En France, oui.
01:45 C'est Claudia qui m'avait demandé.
01:47 On ne me connaissait pas très bien ici, encore.
01:50 Et donc je suis venu et j'étais très heureux d'être invité de Claudia.
01:55 Oui, elle chantait elle-même.
01:57 Et il y avait Omar Sharif dans cette émission, je ne sais pas si vous vous en souvenez,
02:00 qui a fait un message d'espoir pour la France et les libertés.
02:03 Oui, je crois qu'il faut le faire encore aujourd'hui.
02:07 Je pense aussi, d'accord.
02:08 Alors, cette chanson "Margherita", elle est tirée d'un album concerto pour Margherita
02:13 qui était au départ pour l'Espagne et l'Amérique latine, Grisha Koscientz.
02:17 Non, c'est une chanson qui est née en Italie, Margherita, dit en italien.
02:23 Et c'était concerto pour Margherita.
02:26 Et de là, ça s'est reporté un petit peu partout dans le monde.
02:29 Il y a eu la version espagnole, qui a eu très grand succès.
02:33 Mais avant ça, il y a eu une autre chanson qui a annoncé cette Margherita.
02:40 C'est une chanson qui s'appelle "Bella senza anima".
02:42 Absolument.
02:43 Et qui est une chanson qui cassait un petit peu la manière de faire, de chanter en Italie.
02:54 Mais ça a, disons, bouleversé un petit peu ce pays.
02:58 Et ça a créé la même chose lorsqu'on est allé dans les pays en Espagne.
03:03 Et puis toute l'Amérique du Sud, au Chili, je crois qu'il y a encore des personnes
03:06 qui se rappellent de cette chanson tellement elle a impressionné.
03:09 Bien sûr.
03:10 Il y avait un journal d'ailleurs qui disait si notre équipe de football avait Richard Gossiante,
03:19 on serait premier.
03:21 Et ils étaient vraiment heureux, surtout très impressionnés par ce genre de chanson.
03:27 Alors, si on en revient au passé, vous parlez français, vous êtes né à Saigon,
03:31 d'un père français d'une mairie italienne,
03:33 mais vous êtes né au début de la guerre d'Indochine, quelques mois avant Richard Gossiante.
03:37 Et ça n'a pas fait...
03:38 C'est le contraire.
03:39 Vous savez, je suis né d'un père italien.
03:41 Et d'une mère française.
03:42 Et d'une mère française, c'est pour ça que je m'appelle Gossiante.
03:44 Ma mère était très très française, elle s'appelait Robert, de nom de famille.
03:50 Et donc je suis né au Vietnam, oui, ma langue maternelle, ça a été le français
03:55 pendant les 11 premières années que j'ai vécues là-bas au Vietnam.
04:02 Et lorsque je suis arrivé en Italie, je suis arrivé à Rome,
04:06 et là j'ai commencé à apprendre l'italien.
04:08 J'étais complètement désorienté par ce pays qui pour moi était très très...
04:16 m'a choqué un peu parce que, bon, déjà le climat,
04:21 parce que je suis arrivé à Rome, et Rome pour moi c'était une ville grise.
04:28 Bien sûr, lorsqu'on vient du Vietnam, c'est un pays plein de lumière,
04:32 plein de saveurs, plein d'odeurs.
04:35 Quand on arrive ici en Europe, c'est un petit peu tout fade.
04:39 - Mais le Vietnam, j'y reviens parce que, si mes calculs sont exacts,
04:42 vous êtes né juste avant la guerre d'Indochine.
04:44 Donc vous avez vécu, enfant, cette guerre d'Indochine au milieu des Bangou.
04:49 - Oui, il y a une première guerre d'Indochine, c'est-à-dire qu'il y a Dien Bien Phu et tout ça,
04:55 et puis après il y a les Américains qui sont arrivés.
04:58 Ça c'est la deuxième guerre, celle qui est arrivée après.
05:01 Je suis parti juste avant cette guerre-là.
05:03 On nous a conseillé de partir.
05:05 On a conseillé vivement de partir.
05:07 Et on a dû presque nous enfuir.
05:11 Et c'est grâce au fait que mon père était Italien,
05:15 ça a aidé au fait de pouvoir partir, parce que sinon, en étant Français, c'était très difficile.
05:20 - Et il y a quelqu'un d'autre dans votre cas, c'est Chantal Goya,
05:23 qui a été élevée en Indochine dans une plantation en caoutchouc.
05:26 Son père a failli être arrêté et ils ont fui juste au bon moment.
05:30 - Absolument. À ce moment-là, on n'avait pas le choix.
05:33 C'est-à-dire qu'il fallait absolument partir.
05:35 - Alors cette époque, vous l'avez quand même évoquée dans une chanson.
05:37 [♫ Chantal Goya - "Les Sous-Vieilles" ♫]
05:46 - "Indochine", qui est une chanson aussi, qui évoque cette époque,
05:49 les femmes qui sont à genoux pour laver le linge, les rizières...
05:52 - Oui, les sampans. - Voilà.
05:54 - Oui, c'est des souvenirs qui sont très impressionnants,
05:57 qui restent très très forts en moi.
06:00 Je garde cette envie de manger aussi des plats vietnamiens,
06:07 de vivre cette sérénité qu'ils avaient là-bas à l'époque,
06:13 malgré la guerre, c'était un peuple très affable.
06:18 Et lorsque l'on arrive en Europe, on est un petit peu heurté,
06:22 parce que toute la société est différente et dure.
06:25 C'est comme si là-bas, il y avait une manière de travailler,
06:31 d'échanger des idées qui sont très très libres, très très soft, disons.
06:38 - Alors quand vous arrivez en Europe, donc en Italie,
06:41 ce qui vous sauve, c'est que vous allez au lycée français, Richard Cossiante.
06:44 - Oui, ça a toujours été un mélange, ma vie.
06:46 Ça a été entre français, italien, italien, français, ça a toujours été ça.
06:50 Et donc oui, je suis allé au lycée français de Rome,
06:55 et donc je parlais français, et entre temps, j'avais des copains qui étaient italiens.
07:02 Et j'ai étudié, il y avait une matière spéciale,
07:07 qui s'appelait l'italien spécial, qui a journée, disons,
07:11 qui nous faisait donner des leçons de l'italien.
07:15 Donc à la fin, je parle l'italien comme le français,
07:18 et je pense que je suis le plus italien des français,
07:24 et le plus français des italiens, en tant que chanteur.
07:27 - Bien sûr. Alors il se trouve aussi que l'Italie, c'est le pays de l'opéra,
07:31 et ça vous a arrangé, parce que l'opéra, ça a tout de suite été votre passion.
07:35 - C'était la passion de mes parents, au Vietnam.
07:39 Ils aimaient l'opéra, mais ils aimaient aussi toute la musique française.
07:45 Je ne connaissais pas la musique italienne, c'est venu après.
07:48 Donc la première chose que j'ai apprise, c'est des mélodies,
07:54 c'est des grands interprètes.
07:56 Il y avait Brel, il y avait Brassens, il y avait Becco, tout ça.
08:02 Ça m'a impressionné beaucoup.
08:04 Ça m'a donné une forme de composition qui est basée sur la mélodie.
08:12 - Et en même temps, quand j'ai dit "l'opéra est italien",
08:15 c'est que le premier opéra de l'histoire, il a été créé à la fin du 16e siècle à Florence,
08:21 et c'est un opéra Eurydice de Giacomo Perri,
08:25 qui a ouvert ensuite la voie à d'autres, dont Monteverdi.
08:29 - Oui. C'est sûr qu'il y avait à l'époque le problème qui restait pendant pas mal de temps,
08:35 donner la priorité aux paroles ou à la musique.
08:40 Ça a été pendant des siècles le problème principal.
08:44 C'est ce qu'on ressent lorsqu'on entend l'opéra baroque.
08:49 Et après, disons que la musique a pris le dessus,
08:52 avec les grands compositeurs comme Verdi, comme Puccini, etc.
08:58 - Alors il se trouve que le lycée, c'est au lycée, quand vous a proposé,
09:01 un copain vous a dit "pourquoi tu ne serais pas un groupe ?"
09:03 et vous avez fait un groupe qui s'appelle The Nations.
09:07 - Oui, mais ça c'est en venant en Italie.
09:11 J'allais dans un club d'étudiants,
09:18 et ils avaient un groupe,
09:22 et donc ils m'ont proposé de rentrer dans ce groupe.
09:26 Or, moi je ne savais que chanter,
09:30 je ne savais pas jouer du piano,
09:32 et donc le bassiste,
09:37 qui était le fils de l'ambassadeur vietnamien,
09:42 - Quand même, oui !
09:43 - Il sait encore tout ça,
09:45 me dit "je te prête l'argent,
09:47 tu vas t'acheter un clavier, et tu vas apprendre."
09:52 Et j'ai dit "mais comment j'apprends ?"
09:54 C'est comme ça que je me suis mis à apprendre tout seul, le piano.
09:57 Et je suis entré dans ce groupe,
09:59 et très vite j'ai pris le dessus,
10:02 je me suis mis à guider le groupe,
10:07 parce que peut-être j'avais plus de...
10:10 j'étais doté, j'avais quelque chose en moi que les autres n'avaient pas.
10:14 - Ensuite vous avez fait votre premier disque,
10:16 mais sous un pseudonyme "Ricardo Conte".
10:28 C'est le premier disque de Richard Cochante, "Ricardo Conte".
10:31 - Oui, on ne voulait pas utiliser mon nom,
10:34 c'est-à-dire que "Ricardo Cochante", c'était trop compliqué,
10:37 donc ils ont tourné de tous les côtés,
10:40 c'était "Ricardo Conte", "Richard Cochante",
10:44 c'était tout ça.
10:46 Et finalement j'ai fait ce disque,
10:48 qui est sorti,
10:50 et j'ai eu un premier contrat avec RCA,
10:54 et en revenant d'une émission de télévision,
10:57 ils m'ont rendu le contrat.
10:58 Ils m'ont dit "vous ne m'intéressez plus".
11:00 - Carrément !
11:01 - Voilà, et donc j'ai dû recommencer à zéro,
11:04 avec une maison de disques un petit peu annexes de RCA,
11:09 puis à partir de là, je suis rentré par la porte de service,
11:12 une autre fois, et là ça a marché.
11:15 - Ils ont dû le regretter ensuite, de vous avoir refusé.
11:18 - Absolument, mais je pense que dans le côté artistique,
11:21 on ne comprend pas toujours les talents.
11:25 Les talents sont quelquefois les plus durs à comprendre,
11:29 parce qu'ils sont différents, ils sont durs,
11:32 ils ne proposent pas quelque chose qui est à la mode.
11:37 Alors ce que je proposais était complètement hors mode,
11:41 complètement hors contexte,
11:44 et donc on ne pouvait pas comprendre que ça pouvait être un succès.
11:47 - Et ça a marché, et ça a marché aussi un autre jour,
11:50 le 2 mars 1991.
11:52 On en parle dans quelques instants sur Sud Radio, avec Richard Cossiante.
11:55 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:58 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Richard Cossiante,
12:01 avec ce parcours incroyable que vous avez fait en France, en Italie et dans d'autres pays,
12:06 on va l'évoquer dans quelques instants.
12:08 On a parlé de vos débuts au Vietnam et en Italie,
12:10 et puis le 2 mars 1991,
12:13 vous remportez le festival de San Remo avec cette chanson.
12:17 - C'est "Stiamo insieme", c'est ça ?
12:27 - "Stiamo insieme", mais bon, ça arrive après beaucoup de succès qui sont arrivés avant.
12:34 J'étais une génération qui n'acceptait pas San Remo,
12:40 donc pour moi ça a été un pari, un challenge,
12:44 d'aller à San Remo, me présenter ce festival.
12:48 Ma génération était une génération de contestation,
12:53 et donc on ne voulait pas rentrer dans un créneau qui était commercial.
13:00 Et je me suis dit, une fois, il faut le faire, il faut oser,
13:05 et bon, j'ai gagné, et c'est bien.
13:08 - Le festival de San Remo, il faut savoir que c'est en pensant à ce festival
13:12 qu'on a inventé en 1954 le Grand Prix Eurovision de la chanson.
13:16 Ils se sont mis d'accord en disant on va faire la même formule,
13:19 et la première fois c'était en 1956 avec 7 candidats,
13:22 c'est la Suisse qui a gagné, et depuis ça a beaucoup évolué.
13:25 Mais la base c'est San Remo.
13:27 - Oui, ça a donné l'idée de faire un autre festival,
13:30 mais ça a malheureusement créé quelque chose en Italie,
13:34 c'est-à-dire qu'il n'y a pas de prix, il n'y a pas de Grammy,
13:37 pratiquement, en Italie, parce que San Remo prend trop de place.
13:43 Il prend toute la place, et à chaque fois qu'on parle de donner un prix
13:47 à la carrière, par exemple, un prix à ce qu'un artiste a fait pendant l'année,
13:54 ça ne marche pas, on ne veut pas le faire, et voilà.
13:57 Malheureusement. Donc c'est bien et mal.
14:00 - Alors j'en reviens un peu avant dans votre parcours,
14:02 vous partagez dès le départ entre l'Italie et la France,
14:05 et votre premier disque en français, Richard Cossiante, c'est celui-ci.
14:09 - "Nonne nui et nisa que tous les anges du ciel,
14:16 - Vous vous souvenez de cette chanson ? - Oui, bien sûr.
14:20 - C'est la première fois que vous allez en studio en France.
14:22 - Elle était italienne au départ, cette chanson ?
14:24 - Oui, elle était italienne, elle a été chantée d'ailleurs par un autre chanteur.
14:28 - Gianni Morandi ? - Morandi, Gianni Morandi.
14:31 - Et je l'ai proposée en français, et ça a été un assez bon succès à l'époque.
14:38 - Oui, mais en plus vous arriviez tout timide, moi je me souviens de vous,
14:41 vous chantiez, vous disiez trois mots,
14:44 on ne mesurait peut-être pas le potentiel de votre musique à cette époque-là.
14:48 - Non, comme j'ai dit au début, j'étais très atypique,
14:52 j'étais un introverti, donc ma seule manière de m'exprimer c'était le chant.
14:59 Donc je me mettais au piano, je fermais les yeux, je chantais, voilà, c'est tout.
15:03 - Et ça a marché quand même ? - Oui, parce que je pense que le public
15:07 comprend ce qu'il y a de vrai, d'authentique.
15:10 - Oui, le public a toujours raison par rapport... - Toujours raison.
15:13 - Charles Trenet disait "comment peut-on être directeur et artistique ?"
15:16 - Absolument. - Ça résume le parcours.
15:19 - Il a raison. Il avait raison, oui.
15:21 - En Italie ça a marché aussi, et en Espagne, vous l'avez évoqué,
15:24 la première chanson qui a marché en espagnol pour vous, c'est celle-ci, Richard Cociente.
15:28 - Richard Cociente.
15:30 - On reconnaît votre voix, on reconnaît votre style musical à chaque fois,
15:43 il y a une marque, Richard Cociente.
15:45 - Heureusement, je pense qu'un artiste doit avoir une marque,
15:49 sinon ce n'est pas un artiste, c'est une personne qui essaie de faire de la musique.
15:54 Mais le vrai artiste, il ne demande pas de faire ce qu'il fait.
16:00 Il est ce qu'il fait.
16:03 Il n'a pas le choix. On est condamné à être un artiste.
16:09 Et je pense que j'ai eu toujours ça sur moi,
16:13 ce fait que je faisais ça ou rien du tout.
16:17 - Vous avez fait... Alors cette chanson en espagnol,
16:20 je crois que c'est l'histoire d'une rupture avec une belle sans-âme,
16:23 une femme qui n'en valait pas la peine.
16:25 Et il y a l'expression "pauvre diable" dedans.
16:27 Et "pauvre diable", c'est Julio Iglesias aussi, avec sa chanson.
16:31 - Non, il n'y a rien à voir.
16:34 À part que Julio est venu bien après, bien après moi.
16:37 Mais cette chanson, c'était, oui, ça parlait d'une femme, tout ça,
16:43 mais ça parle surtout d'un rejet, d'une réaction.
16:51 J'étais introverti, je me disais que je ne serais jamais monté sur la scène de ma vie.
16:58 Je me disais que je n'aurais jamais chanté devant un public.
17:03 Et je me disais que personne ne me comprendra.
17:08 Et cette chanson est une réaction violente pour dire "écoutez-moi, j'existe, je suis là".
17:15 - Et le public vous a écouté.
17:17 Je crois que les arrangements, ce n'est pas n'importe qui qui les a faits.
17:19 Ce n'est pas un humoricone ?
17:21 - Oui, il y a un humoricone aussi dedans, oui, c'est sûr.
17:23 - C'est extraordinaire.
17:24 - Le public, ce n'est pas la maison de disques qui m'a donné le succès,
17:27 c'est vraiment le public. C'est le public qui a choisi.
17:30 Je me rappelle que j'ai été censuré à la radio, je ne pouvais pas passer.
17:35 - Ah bon, pourquoi ?
17:36 - Pour une sottise, une parole, "Elles sont spogliati", un truc comme ça.
17:41 Maintenant, "déshabille-toi", mais c'était rien du tout.
17:46 Le fait de ne pas passer à la radio à l'époque, c'est de ne pas pouvoir avoir le contact avec le public,
17:52 parce qu'il y avait une radio, une.
17:54 Et donc, ça a été très difficile au début,
17:56 et c'est seulement en faisant un tour de promotion
18:01 que la maison de disques a réussi à faire écouter le disque au public.
18:07 Et c'est le public qui, à la fin de l'été, m'a fait arriver premier au Hit-Parade.
18:15 - C'est ce qui a surpris les radios, non ? On vous a repassé à ce moment-là ?
18:18 Ils ont vu la censure ?
18:19 - Oui, bien sûr, ils avaient repassé, mais je me rappelle que c'était très difficile, la télévision,
18:24 parce que j'étais tellement différent des autres
18:28 qu'à chaque fois que je faisais une télévision, le metteur en scène se tirait les cheveux de tous les côtés
18:33 parce qu'il ne savait pas comment s'y prendre.
18:36 Normalement, il demandait de regarder la caméra, de sourire d'un côté, de bouger, etc.
18:42 Je me mettais au piano, je fermais les yeux, je chantais, c'est tout ce que je faisais.
18:46 Et donc ça a créé quelque chose de spécial.
18:51 Les gens m'ont élu comme quelque chose qui n'existe pas, un artiste qui n'existait pas avant.
18:58 Et je crois que c'est la grande qualité de l'artiste,
19:01 de ne pas exister avant, d'être le premier dans ce qu'il fait.
19:07 - Exister pendant, en quelque sorte.
19:09 - Pardon ?
19:10 - D'exister pendant.
19:12 - Oui, mais surtout être pas comme les autres.
19:16 - Mais c'est difficile à vivre ce genre de choses quand même. On se demande où on va.
19:20 - Bien sûr, c'est difficile à vivre pour le début, pour toute la carrière, le fait d'insister.
19:26 Insister sur le fait qu'on n'est pas comme les autres, je ne suis pas comme les autres.
19:33 D'ailleurs, vous avez dit, je ne fais pas beaucoup d'interviews, j'apparais peu à la télévision
19:39 parce que je reste dans mon coin, je suis isolé.
19:45 - Je disais que Magnum Horrycon qui fait des arrangements, c'est pas si fréquent à l'époque.
19:51 - Non, c'est pas fréquent du tout.
19:54 Au tout début de sa carrière, oui, il en faisait, il le faisait pour des artistes.
19:59 Puis après, du moment où il s'est mis à composer des chansons pour les films,
20:03 il a arrêté complètement et il a fait une exception pour moi.
20:06 - C'est un signe du destin et du succès.
20:10 - Oui, il était toujours très étonné par ce que je faisais.
20:14 Parce que moi, je ne lis pas la musique, je ne l'écris pas, je ne joue pas de piano.
20:19 Et il se disait, mais comment il fait ce mec-là, comment il fait à retomber toujours sur ses pattes ?
20:25 Et d'ailleurs, il m'appelait le chat, son chat.
20:29 - Vous avez fait une musique de film, c'est "Tandem" de Patrice Lecomte.
20:33 - Oui, j'ai participé à ce film.
20:36 C'était une chanson, d'ailleurs, c'est la seule chanson que je chante en italien, en France,
20:41 qui est "L'Ummi Orifuge".
20:43 Et donc c'est écrit, c'est une chanson que François Bernet m'avait proposée.
20:49 Après, j'ai travaillé le texte avec un auteur italien.
20:52 Et j'ai toujours été très étonné par cette chanson dans ce film.
21:00 Un film qui parle vraiment de la France, la France profonde.
21:05 Et là, Patrice Lecomte voulait justement un contraste.
21:10 Cette chanson en italien a fait son effet.
21:15 Cette chanson passait continuellement dans le film.
21:20 Au début, ça commence avec cette chanson.
21:22 Et ça n'a pas été un succès immédiat, comme beaucoup de mes chansons en France.
21:29 C'est progressif.
21:30 C'est arrivé au fur et à mesure.
21:32 Et maintenant, elle reste encore.
21:33 Elle est encore là.
21:34 Voilà.
21:35 Et justement, ce film s'appelait "Tandem".
21:36 Et un tandem a eu aussi un certain succès.
21:40 Et vous étiez l'un des membres de ce tandem à travers une date, le 11 août 1979.
21:45 A tout de suite sur Sud Radio avec Richard Cossiante.
21:48 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:50 Jacques Pessis.
21:51 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:53 Mon invité, Richard Cossiante.
21:55 Vous chantez beaucoup, vous parlez peu.
21:57 Aujourd'hui, on a la chance de vous avoir au micro de Sud Radio dans les clés d'une vie.
22:00 On a évoqué votre parcours au début.
22:02 Et c'est vrai que les succès sont venus tout de suite en France, en Espagne et partout ailleurs.
22:07 En Italie, bien sûr.
22:08 Et puis, j'ai choisi une date, le 11 août 1979.
22:11 D'après mes recherches, c'est la première fois que vous rentrez au Hit Parade Français avec cette chanson.
22:16 [♫♫♫]
22:31 Alors, coup de soleil, franchement, je vois encore des jeunes aujourd'hui qui connaissent cette chanson.
22:35 Ça a été un miracle cette chanson, Richard Cossiante.
22:37 Oui, alors avant ça, je veux dire que j'ai été au Hit Parade quand même avec Marguerite et avec Ymio Lefou.
22:44 Bien sûr, mais là, c'est cette chanson la date.
22:47 Cette chanson, c'est un petit miracle.
22:51 C'est une chanson qu'on m'a proposée encore une fois.
22:54 C'est Jean-Paul Dreaux qui l'a composée.
22:57 Et la maison de disque disait que Jean-Paul peut-être n'aurait pas donné l'image juste qu'il y a.
23:04 Donc, ils m'ont proposé, voilà.
23:06 Et je l'ai chantée en me disant "Waouh, c'est vraiment une belle chanson, quelque chose qui me vaut la peine".
23:15 Et je lui ai donné une griffe spéciale parce que normalement, cette chanson terminait toujours sur le même ton.
23:21 Moi, je monte à la fin, je monte de ton et j'arrache.
23:26 C'est ma caractéristique, arracher comme ça avec la voix.
23:30 Et c'est peut-être ça aussi qui a donné le succès à cette chanson, qui a de très beaux textes et de très belles musiques.
23:36 Oui, et qui est basée sur une histoire vraie.
23:38 Je sais que Jean-Paul Dreaux, que je connais bien, avait rompu avec une jeune fille.
23:42 Il a fait cette chanson et quand la chanson est devenue un succès, la jeune fille est revenue.
23:47 Je ne savais pas si ça donnait une note, mais en tout cas, je savais qu'il l'avait écrite pour cette fille qu'il avait vue comme ça, le balcon.
23:55 C'est une très belle histoire et Jean-Paul Dreaux a beaucoup de talent.
23:58 Il l'a aussi écrite tout doucement pour Bibi.
24:00 Très belle chanson.
24:01 Et puis, "Je veux de la tendresse".
24:02 Et puis, oui, et puis il a travaillé beaucoup avec moi.
24:04 On a fait deux disques entiers en tant que parolier.
24:08 Enfin, il écrivait des paroles pour mes musiques.
24:12 Et il y a de très belles chansons, "Au clair des silences", par exemple.
24:16 C'est une très belle chanson.
24:18 Le texte est écrit par Jean-Paul Dreaux.
24:20 Alors, il se trouve qu'on a parlé des pays où vous avez du succès, mais il y a un pays où vous avez du succès depuis le début.
24:26 Et où "Coup de soleil" a été aussi un succès, c'est le Québec.
24:30 Car le Québec, dès le début, on vous a adopté, Richard Costiante.
24:33 Oui, mais le Québec, le premier succès, c'était une chanson qui s'appelait "Si j'étais".
24:37 Exactement, qu'on va écouter.
24:39 Voilà.
24:40 Si j'étais le feu, je brûlerais l'univers.
24:46 Si j'étais le vent, je l'effacerais.
24:55 Si j'étais, c'était au tout début.
24:58 Au tout début, et après ça a continué, il y a eu plusieurs succès qui sont arrivés.
25:02 Et c'est un pays qui m'a adopté, en effet.
25:06 Dès le début ?
25:08 Dès le début, absolument.
25:10 Je suis allé faire de la promotion, souvent là-bas, et quelquefois c'est dur.
25:15 Je me rappelle qu'une fois, sous la neige, c'était dur pour moi, qui vient du sud.
25:23 Aller au Québec quand il fait très très froid, c'est quelque chose.
25:29 Et je me rappelle d'un épisode qui est incroyable.
25:32 On sortait d'un hôtel et la personne qui nous accompagnait nous disait
25:37 "Ah, vous voyez, à ce moment-là, j'ai oublié tous mes disques et tous les vinyles dans le coffre".
25:42 Et j'ai dit "Bon, rien, on va les retrouver".
25:45 Elle a ouvert le coffre et les vinyles étaient complètement gondolés.
25:49 À cause du froid.
25:51 Et donc, ça je m'en rappellerai toujours.
25:54 Ça m'a complètement impressionné.
25:56 Oui, en plus maintenant les Québécois ont trouvé quelque chose.
25:59 Il y a beaucoup de souterrains pour pouvoir se déplacer dans la ville à Montréal,
26:02 notamment quand il fait très froid.
26:05 Alors, le succès de "Trou de soleil" a été énorme.
26:08 Et dans la foulée, il y a un auteur-interprète célèbre, illustre, qui a travaillé avec vous.
26:16 J'ai envie de chanter
26:22 Tu me quittes, tu meurs de si mort
26:26 Je n'ai plus du cœur, du corps
26:29 Avec simplicité, avec Serge Lama.
26:33 Oui, après "Le coup de soleil", j'ai fait une tournée en première partie de Serge Lama.
26:39 Et c'est pendant cette tournée qu'on a élaboré cette chanson.
26:44 Il y avait un musicien aussi qui était avec nous, un guitariste.
26:49 Et ensemble, on a écrit cette chanson.
26:52 C'était le succès incroyable de Serge Lama ?
26:54 Ogier, il s'appelait Ogier.
26:56 C'était le succès incroyable de Serge Lama.
26:59 Je crois qu'il avait fait, en 70 représentations au Palais des Congrès à Paris,
27:04 330 000 spectateurs. C'était plein partout.
27:07 Oui, moi ce que j'ai fait, c'est la tournée en province.
27:11 Mais c'était aussi plein partout.
27:12 Oui, c'était plein partout.
27:14 C'était quand même un pari, parce que Serge Lama était très très attendu.
27:18 Lorsqu'on arrive en première partie, il faut convaincre les gens.
27:21 Il faut arriver et dire "bon, j'existe".
27:24 Donc, c'était pour moi...
27:28 J'ai toujours recommencé à zéro, à chaque fois que j'allais dans un pays.
27:34 J'étais très très connu en Italie, et là je recommençais encore une fois à zéro.
27:39 Très connu, et puis après je suis allé en Amérique du Sud, j'ai dû recommencer à zéro.
27:44 Et ça m'a servi beaucoup, parce que ça m'a servi d'école.
27:47 Et le fait de comprendre qu'à chaque fois, il faut recommencer à convaincre le public.
27:52 Ne jamais s'asseoir sur nos deux oreilles, et s'arrêter là.
27:58 Oui, mais on ne convainc pas le public de la même façon en France, en Italie, au Québec ou ailleurs.
28:02 Pour moi c'est pareil.
28:03 Le public comprend toujours l'âme, comprend toujours la musique, qui est un langage universel.
28:10 Donc, que ce soit dans une langue ou dans une autre, je pense que la vérité d'un artiste sort de toute façon.
28:19 Exactement. Alors Serge Lama, c'est venu commencer lui, qui vous a proposé d'écrire une chanson, parce que c'est un...
28:25 Non, c'est pendant la tournée.
28:26 Oui, comme ça.
28:27 Comme ça, c'est né d'une manière spontanée.
28:30 Et à la fin de la tournée, il y avait une chanson nouvelle.
28:33 En plus, Serge Lama écrit d'une façon prodigieuse, chaque mot.
28:36 Comment ça se passe ? Est-ce que vous faisiez de la musique avant ?
28:38 Parce que je me souviens que "Je suis malade", Alice Donna le reçoit chez elle, il est un peu triste, elle a des problèmes.
28:45 Elle se met au piano, dix minutes plus tard, la chanson a été écrite.
28:48 Oui, mais c'est souvent comme ça les chansons.
28:50 Les chansons naissent... Les plus belles chansons naissent comme ça, dingées, violemment.
28:56 Elles arrivent en nous et elles doivent être projetées.
29:00 Donc, je pense que celles qu'on étudie trop, les chansons qu'on étudie trop, selon moi, sont plus calculées mentalement.
29:10 Il fallait que le vrai succès, c'est la spontanéité.
29:14 Et Lama aussi, c'était la fête en tournée, c'était une boule d'énergie à l'époque.
29:18 Oui, oui.
29:20 Oui, c'était un grand showman, il avait quelque chose à dire au point de vue des textes, de la voix,
29:29 mais aussi une manière de se comporter sur la scène qui était forte, puissante.
29:32 Et pour vous, justement, qu'est-ce que le contraste derrière le piano ? C'était pas évident ?
29:36 Oui, mais lorsque je suis sur scène, il y a le piano, d'accord, mais à un certain moment je me lève, mais j'explose.
29:43 Et qu'on explose en bougeant ou qu'on explose intérieurement, je pense que c'est le public qui le comprend quand même.
29:51 La scène, ça vous a tout de suite plu ? C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de problème, de peur d'aller sur scène ?
29:57 Ah non, non, non. La scène pour moi, c'est la hantise. C'est la hantise, carrément.
30:02 Encore aujourd'hui, le fait de monter sur scène, c'est très compliqué, c'est très dur.
30:07 A chaque fois, au début, je demandais toujours à quelqu'un de me donner une claque avant de monter, parce que sinon je ne pouvais pas réagir.
30:16 Et donc, ça reste encore, après des années, après 50 ans, ça reste toujours un traumatisme, le fait de monter sur scène.
30:24 Pourquoi ?
30:25 Parce que je pense que la scène, c'est un autre monde. C'est comme passer sur une frontière.
30:32 Donc, cette frontière n'est peut-être pas celle qu'on vit. C'est la qu'on vit dans une réalité.
30:38 Là, c'est une autre réalité. Donc, ce transfert est dur et difficile.
30:44 Et une fois qu'on est sur scène, on le vit d'une manière, bien sûr, on rentre dans un esprit.
30:51 Mais le trac, c'est encore pour moi la chose principale que je dois affronter.
30:56 Remarquez, quelqu'un disait, un artiste qui n'a pas le trac, c'est qu'il n'a pas de talent.
31:02 On a toujours le trac avant d'entrer sur scène.
31:04 Je crois que c'était Aznavour qui disait ça, qui disait à un nouvel artiste.
31:08 Mais l'artiste disait, c'est bizarre, je n'ai pas le trac lorsque je rentre sur scène.
31:14 Et lui disait, t'en fais pas, avec le temps, tu l'auras et là, tu seras bien.
31:18 Et c'est Brel qui vomissait chaque fois qu'il entrait en scène.
31:22 Moi aussi.
31:23 Vous aussi ?
31:24 Voilà, au début, absolument.
31:25 C'est fou ça, ce genre de choses.
31:27 Mais c'est fou, je pense que c'est normal.
31:29 La scène, c'est un phénomène atypique.
31:33 Il y a des gens qui sont absolument brillants dans la vie et qui montent sur la scène et qui sont zéro.
31:41 Voilà.
31:42 Et nous, artistes, on est peut-être zéro dans la vie, mais on monte sur la scène et on brille.
31:47 Et donc, cette dimension, c'est une dimension qui est difficile à affronter.
31:52 Alors, il y a eu ensuite d'autres chansons et d'autres succès.
31:55 Vous avez changé de maison de disques et il y a une chanson qui a été enregistrée à Los Angeles.
31:59 Shincherita, qui a une particularité, vous l'avez enregistrée directement, Richard Corsiante, en quatre langues.
32:14 Oui.
32:15 Il y a deux disques comme ça que j'ai faits directement en quatre langues.
32:19 Oui, ça existe en italien, Shincherita, après Sincerita, après Sincerite, Sincerity, voilà.
32:28 En espagnol et en anglais.
32:29 Oui.
32:30 Et pourquoi Los Angeles ?
32:32 Eh bien, parce qu'il y a des musiciens exceptionnels.
32:39 D'ailleurs, dans ce disque, il y a des musiciens de Toto qui ont joué, le guitariste et le bassiste, je crois.
32:47 Et c'est une expérience nouvelle.
32:52 C'est une autre manière de voir la musique qui enrichit à chaque fois un personnage.
33:01 Et comme auteur, c'était la première fois que vous travailliez avec Etienne Rodagil, ce qui était quelque chose de très particulier aussi.
33:07 Très particulier, oui.
33:08 C'était intéressant parce que j'ai toujours aimé Rodagil, son écriture, sa manière d'écrire un petit peu non réaliste, un petit peu comme ça.
33:24 Mais bon, on a fait un beau disque ensemble.
33:30 Oui, en même temps, c'est quelqu'un, il arrive à telle heure, on l'attend pas.
33:34 Ah oui, il faut le supporter, voilà.
33:36 Je me souviens de l'interview de lui, c'était une bouteille de whisky pendant l'interview.
33:40 Il a tenu le choc.
33:41 Qui, ça ?
33:42 Rodagil.
33:43 Ah oui, c'est une personne assez spéciale.
33:47 Mais les artistes, souvent, ils sont spéciaux.
33:51 Alors, il y a aussi un concert spécial que vous avez fait, et moi j'en ai trouvé des traces, c'est à Florence, devant 40 000 personnes sur la place des seigneurs.
34:00 Alors vous avez dû avoir peur, mais c'était un beau concert.
34:03 J'ai toujours peur, d'où ?
34:05 Mais c'était un très beau concert.
34:08 Je me rappelle de ce concert, mais il y a aussi Vérone, que j'ai fait, les arènes de Vérone.
34:13 Et c'est toujours très impressionnant, comme ça, de se présenter devant une place ouverte.
34:20 Parce que la place des offices à Florence, tout le monde peut rentrer, c'est pas payant.
34:30 Il y avait 40 000 personnes ce jour-là.
34:32 Et c'était impressionnant.
34:33 Et puis, il y a eu aussi d'autres tournées, notamment, vous avez chanté à Miami.
34:37 Vous vous êtes installé à Miami pour chanter, ça aussi, ça a été une performance ?
34:41 Non, non, je suis allé à Miami, c'était pour reprendre le contact avec le marché américain, sud-américain.
34:48 Parce que, ce qu'on ne sait pas, c'est que tous les artistes sud-américains ont un centre à Miami.
34:55 Donc, c'était une manière de les rencontrer, de reformuler un petit peu toute la carrière.
35:02 Donc, reprendre le contact avec tous les pays d'Amérique du Sud.
35:06 Et ça a bien marché, j'y suis resté 4 ans là-bas.
35:09 Oui, c'est quand même pas mal.
35:10 Et puis, il y a aussi une autre chose, un autre concert très particulier.
35:13 On va l'évoquer à travers une date récente, le 16 décembre 2023.
35:17 A tout de suite sur Sud Radio avec Richard Cossiante.
35:19 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:22 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Richard Cossiante.
35:25 Écoutez, vous chantez d'habitude, là vous avez beaucoup parlé, vous allez continuer.
35:29 Parce qu'on découvre votre parcours qu'on ne connaît pas finalement, parce qu'il est international.
35:34 Il n'y a pas que Notre-Dame de Paris.
35:36 Et j'ai trouvé une date très récente, qui est le 16 décembre 2023.
35:40 Vous avez donné un concert au Vatican, à l'occasion des concerts de Noël, en présence du pape François.
35:46 C'est pas la première fois, mais c'est quand même un événement.
35:49 Oui, c'est un événement, c'est important.
35:52 Mais je l'ai fait, c'est une manière de donner quelque chose, une fois,
35:58 de parler un petit peu de ce problème que le monde a en ce moment,
36:04 et de partager cet anxiété qu'on a tous.
36:10 Ça consiste en quoi ces concerts de Noël ?
36:12 Ça se passe au Vatican, le pape est là, il y a plusieurs artistes.
36:16 Il y a plusieurs artistes, on chante des chants de Noël quelquefois,
36:20 mais ses propres chants.
36:22 Par exemple, moi j'ai chanté "La Vie Maria", qui était de Notre-Dame de Paris.
36:28 Puis après, je chantais "Les Sans-Papiers",
36:30 c'est là que je voulais donner quelque chose pour un contraste,
36:33 parler des gens qui n'ont rien du tout, qui sont réfugiés.
36:38 C'est un problème dont il faut parler,
36:45 et la chanson sert à ça, à communiquer ça au public.
36:49 "La Vie Maria", on va l'écouter, mais par Noa.
36:54 "On veut mourir des étrangers,
37:04 ils en viennent de partout.
37:11 On veut mourir..."
37:19 C'est un "La Vie Maria" qui vient de Notre-Dame de Paris.
37:22 - "La Vie Maria" païen. - Exactement.
37:24 C'est beau comme idée,
37:28 le fait qu'une personne qui ne croit pas dans notre religion,
37:32 dans la religion chrétienne,
37:34 se trouve dans l'église et est séduite par cette aura qu'il y a dedans,
37:39 ce message que, même si on ne le croit pas, on le perçoit.
37:44 Et ça, c'est très beau.
37:46 - En même temps, cette rencontre avec le pape, c'est devenu une tradition.
37:50 Je crois que c'est la quatrième fois que vous allez au Vatican pour des chants de Noël.
37:53 - Oui, j'y vais parce que je pense que c'est une chose importante.
37:58 C'est bien sûr aussi le fait de, de temps en temps,
38:05 pouvoir donner quelque chose aux autres.
38:08 - Vous avez rencontré le pape François, il vous a parlé, il vous connaissait ?
38:11 - Je ne le connaissais pas, mais je l'ai parlé, deux secondes bien sûr,
38:16 parce qu'on n'a pas beaucoup de temps.
38:18 C'est une personne très affable, très simple.
38:20 J'ai toujours aimé ce pape et je l'aime encore parce que je trouve qu'il est différent par rapport aux autres.
38:25 Il s'appelle François d'ailleurs pour cette raison,
38:27 parce qu'il a opté pour la simplicité, pour le fait de ne pas se parer du fait d'être pape,
38:35 mais être une personne simple qui représente Dieu sur terre.
38:39 - Vous aviez rencontré aussi Jean-Paul II et Benoît XVI.
38:42 Là aussi, vous aviez un peu parlé deux secondes ?
38:45 - C'est toujours un petit peu la même chose, il y a juste un échange de deux, trois mots,
38:50 mais je pense que ça suffit, on se regarde, on se serre la main et c'est déjà important.
38:56 - Et Jean-Paul II avait fait un disque qui s'appelait "Albapâter" pour le Jubilé de l'an 2000,
39:00 avec des textes religieux et des musiques beaucoup plus païennes.
39:03 Et ça a fait un peu de scandale à l'époque.
39:07 - Il faudrait mélanger les deux choses, qu'est-ce qui est religieux et qu'est-ce qui est païen.
39:11 - Voilà, c'est ça qu'il faut un petit peu se demander.
39:15 La frontière est vraiment très fine.
39:19 - Alors, "À laver Maria Paillin" s'est tiré de Notre-Dame,
39:22 Notre-Dame de Paris bien sûr.
39:24 Cette histoire de Notre-Dame de Paris, ça a débuté je crois par une rencontre avec Plamondon.
39:28 Je crois que c'était à La Rochelle, vous avez participé à une soirée
39:31 où vous avez fait connaissance de Plamondon, Richard Cocherle.
39:34 - Non, je travaillais déjà avec lui, j'avais fait des chansons,
39:37 on avait composé des chansons ensemble.
39:40 "L'amour existe encore" pour Céline Dion.
39:42 Pour moi, on avait fait "Question de feeling"
39:45 après que j'ai chanté avec Fabienne Thibault.
39:48 Donc il y avait déjà un contact avec Luc.
39:52 Et je sentais qu'il y avait quelque chose entre nous
39:56 lorsqu'on se voyait autour d'un piano.
39:58 Ça c'est un grand mystère parce qu'on est très différents dans la vie,
40:05 mais lorsqu'on se trouve autour d'un piano, quelque chose se passe.
40:08 Il y a une étincelle.
40:10 C'est pour ça qu'à un certain moment il est arrivé,
40:13 il m'a proposé d'écrire quelque chose auparavant,
40:18 et il me donne le sujet, c'est "Notre Dame de Paris".
40:20 - Alors on va en parler, mais avant je voudrais qu'on écoute
40:22 une de vos premières chansons avec Plamondon,
40:24 parce que c'est un succès aussi.
40:26 Et on s'en irait, la clé sous la porte
40:31 On s'en irait où, le vent nous emporte
40:38 L'instant présent, et c'est vrai qu'il y a un mélange
40:41 d'écriture de Plamondon et de Cottiante,
40:43 il y a quelque chose de miraculeux qui se passe,
40:45 et ça aussi c'était un succès.
40:47 Je crois que ce qui est important lorsqu'on travaille avec un auteur,
40:51 c'est de ne pas ressembler à ce qu'il y a autour,
40:56 parce que Luc il écrit avec beaucoup de compositeurs,
41:00 mais il faut se différencier, il faut être soi-même.
41:03 Et je pense que avec "Notre Dame de Paris",
41:06 justement, le grand pari s'était arrivé après Michel Berger.
41:13 Et donc ne pas être un autre Michel Berger,
41:17 mais être quelque chose de complètement différent,
41:19 même s'il avait le même auteur.
41:20 - Alors justement, c'est né comment ?
41:22 Un jour, il vient vous proposer le sujet ?
41:24 - Il vient me proposer le sujet,
41:26 et là j'ai eu un petit moment d'hésitation.
41:29 Je me suis dit, c'est tellement un sujet important,
41:33 c'est tellement fort,
41:35 et j'ai eu peur de ne pas être à la hauteur,
41:38 de faire quelque chose de mineur.
41:40 Bien sûr, il fallait donner quelque chose de fort, de puissant.
41:45 Et donc j'avais dans mes tiroirs,
41:49 j'avais une série d'airs que j'avais mis de côté.
41:53 Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs,
41:56 je ne voulais pas les chanter moi-même,
41:57 mais c'était une série d'airs que j'ai proposé,
42:01 que j'ai fait écouter à Luc à ce moment-là.
42:03 Et lorsque je l'ai écouté,
42:05 on est tombé sur un petit truc,
42:10 on chante avec ce qu'on appelle le yaourt, non ?
42:14 Oui.
42:15 Et donc je disais,
42:18 "Time, time",
42:23 et là il sort, il écrit "Belle",
42:26 c'est les premières paroles de l'œuvre,
42:30 c'est un mot qu'on dirait inventé pour elle,
42:33 et tac, on s'est regardé, on s'est dit,
42:35 je pense qu'on peut essayer de le faire,
42:37 parce qu'il y avait un grand contact, un feeling entre nous deux.
42:41 "Belle" qui a été créé par Garou.
42:43 "Il se met d'où dans les cheveux d'Esméralda"
42:48 "Belle, est-ce le diable qui s'est incarné en elle
43:05 pour détourner mes yeux du ciel ?"
43:08 C'est une mélodie qu'on retient tout de suite.
43:10 Oui, je dois dire que "Belle", il y a Garou.
43:12 Oui.
43:13 Mais il y a aussi Daniel Lavoie et Patrick Fiori.
43:15 Oui, bien sûr.
43:16 Je pense que c'est important.
43:18 Oui, c'est une mélodie qui est spéciale.
43:21 Mais voilà, ce que je veux dire, c'est qu'on n'écrit pas un succès,
43:26 on écrit des chansons.
43:28 C'est ce que j'ai essayé toujours de faire toute ma vie.
43:30 Je ne voulais pas, il ne faut pas dire,
43:34 "Oh, ça sera un hit", on ne s'est jamais dit ça.
43:37 Parce que le vrai hit, c'est le public qui le choisit.
43:42 C'est le public qui dit ça.
43:44 C'est une chanson.
43:45 Et "Tout notre dame de Paris" a été écrit dans ce sens.
43:50 C'est une oeuvre d'auteur.
43:52 Il n'y a aucun producteur qui s'est émissé dans l'oeuvre avant.
43:58 On a écrit tout comme ça.
44:02 Parce qu'on avait envie, parce que l'inspiration était puissante en nous.
44:06 Et tellement qu'à la fin, on s'est dit,
44:09 "Mais qu'est-ce qu'on va en faire de cette oeuvre ?"
44:11 Là, on a fait le tour de tous les producteurs de Paris.
44:16 Et à chaque fois, c'était, "Non, on ne veut même pas écouter,
44:19 parce que c'est un genre qui ne marche pas."
44:22 - Oui, on croyait.
44:23 - Donc, il y a seulement une personne qui a été poussée, d'ailleurs,
44:27 par un autre producteur, qui est Chardinard, qui est venu.
44:30 Et la première chose, on a organisé un piano
44:34 où je pouvais chanter tous les chœurs.
44:37 Et lorsqu'il est arrivé, il a dit, "Je ne veux pas produire,
44:41 mais je suis venu seulement par respect."
44:44 Alors, c'est déjà quelque chose de formidable.
44:46 Ça, c'était très bien.
44:49 Et donc, je me suis mis au piano.
44:51 Il y avait Luc à côté de moi.
44:52 J'ai chanté toute l'oeuvre du début jusqu'à la fin.
44:55 Et c'est là qu'il s'est levé à la fin.
44:57 Il nous a fait signer le livret.
44:59 Et il nous a dit, juste avant de sortir, il nous a dit,
45:02 "Je m'en vais au Palais des Congrès, réservé 4 mois."
45:05 Et là, on s'est regardé, on s'est dit, "Est-ce possible ?
45:09 Est-ce qu'on va les replier ?"
45:11 C'est l'oeuvre qui a convaincu.
45:15 C'est l'oeuvre qui avait sa force déjà, à l'époque,
45:18 et qui a convaincu une personne qui ne voulait absolument pas produire.
45:22 Et je pense que c'est ça, la grande qualité de Notre-Dame de Paris.
45:27 - Et le 16 septembre 1998, c'est la première à Paris.
45:30 Moi, j'y étais, et j'ai vu la salle se lever.
45:33 Je ne sais pas si vous avez ressenti ce moment-là,
45:36 mais c'est une intense émotion.
45:38 - Oui, c'est formidable.
45:40 Parce qu'en plus, cette chose se répète tous les soirs.
45:44 C'est incroyable. Il y a un standing ovation, toujours.
45:47 C'est incroyable.
45:49 C'est la force de ce miracle de composition.
45:56 Parce que c'est un miracle de composition.
45:59 Tout s'est mis à marcher dans Notre-Dame de Paris.
46:04 La mise en scène de Gilles Maheu,
46:07 les arrangements qu'on a faits avec Serge Pira-Tonnerre et Johnny Top,
46:15 et la chorégraphie de Martineau-Muller.
46:19 Les scènes, enfin, tout a marché.
46:24 Et c'est un miracle.
46:26 - Il y a une chanson qui a marché,
46:29 celle d'interprété par Bruno Pelletier,
46:31 "Le temps des cathédrales".
46:33 - Il est venu le temps des cathédrales.
46:38 Le monde est entré dans un nouveau millénaire.
46:46 - Et vous, vous êtes entré dans un nouveau millénaire aussi,
46:49 puisqu'il y a eu d'autres comédies musicales.
46:52 Je me souviens du "Petit prince" au Casino de Paris, en 2002.
46:55 C'est une production Richard Koch chante,
46:57 et un travail aussi, mais très compliqué.
47:00 - Oui, très compliqué.
47:02 Alors, ce que je voudrais ponctualiser,
47:05 c'est que malheureusement, on les appelle comédies musicales aujourd'hui.
47:09 Mais je ne suis pas très fan,
47:11 je n'aime pas beaucoup qu'on appelle comédies musicales,
47:14 parce que comédies musicales, c'est parler et chanter,
47:16 c'est plus léger.
47:18 Moi, ce que je fais, j'aime bien que ce soit chanté du début à la fin,
47:21 qu'il y ait une intensité.
47:23 J'ai pris ça de l'opéra.
47:25 C'est mon bagage que j'ai utilisé.
47:29 J'aime bien l'excès d'expression,
47:35 qui est toujours très forte dans "Notre-Dame".
47:38 On chante fort.
47:40 Et c'est la première fois qu'on entendait ce genre d'exposition.
47:45 C'était...
47:47 Le français, la manière de chanter en français,
47:51 est une manière plus sobre, littéraire,
47:54 tandis que l'italien est mélodique.
47:58 Et il chante fort.
48:00 Il y a ça dans "Notre-Dame de Paris".
48:02 Il y a cette force de la mélodie,
48:05 associée bien sûr au texte, qui est très beau,
48:08 mais il y a...
48:11 croire en ce que la musique peut donner.
48:14 Et dans tous les airs,
48:16 et il y en a beaucoup dans "Notre-Dame de Paris",
48:18 ça aussi, c'est une exception,
48:20 mais tous les airs ont cette qualité
48:23 qu'on est toujours enveloppé et pris
48:26 par ce qui est le miracle de cette mélodie,
48:31 si on réussit à l'écrire, bien sûr.
48:33 - Et de la langue, parce que votre dernier spectacle,
48:36 je ne parle pas de comédie musicale,
48:38 "Roméo et Juliette", est chanté en italien.
48:40 Et où vous le montrez dans le monde,
48:42 ce sera toujours en italien ?
48:44 - On va le montrer toujours en italien au début.
48:48 Mais c'est "Giulietta e Romeo",
48:52 et ce n'est pas "Roméo et Juliette",
48:54 parce qu'il y en a un qui existe ici.
48:57 "Giulietta e Romeo", pourquoi ?
48:59 Parce que l'oeuvre a été inventée au début
49:02 par des Italiens,
49:04 après Shakespeare s'en est inspiré.
49:06 Mais au début, c'était "Giulietta e Romeo".
49:09 D'ailleurs, les Italiens, ils sont galants,
49:11 donc c'est toujours la femme d'abord,
49:13 et l'homme après.
49:15 - En tout cas, c'est "Roméo et Juliette",
49:17 "Le Petit Prince", "Giulietta et Romeo",
49:19 qu'on verra très bien en France,
49:21 "Le Petit Prince", "Notre-Dame de Paris"
49:23 et tout le reste.
49:25 Je constate que vous avez déroulé une partition du succès,
49:27 et ça va continuer, parce que vous n'allez pas
49:29 vous arrêter comme ça, Richard Costa.
49:31 - Non, je ne m'arrête pas, bien sûr.
49:33 L'artiste ne va jamais en pension.
49:35 L'artiste, jusqu'à ses derniers jours,
49:39 essaie de s'exprimer, et j'essaie de le faire, bien sûr.
49:42 - Continuez à vous exprimer ainsi en musique,
49:44 pour notre bonheur, et pour celui de millions de personnes
49:46 dans le monde entier.
49:48 Merci Richard Cochian d'avoir accepté de parler,
49:50 Sierra, au micro de SUD Radio.
49:52 Merci pour cette émission,
49:54 et continuons à vous écouter avec bonheur.
49:56 - Merci.
49:58 - C'est terminé pour aujourd'hui, on se retrouve bientôt.

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