• le mois dernier
Jacques Pessis reçoit Yuri Buenaventura. Né en Colombie, ce musicien est devenu une star de la chanson dans le monde entier. Il a suivi des études supérieures à Paris et se raconte dans un excellent français.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-10-30##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous êtes entré dans la danse en imposant en France la salsa
00:10bien avant que son rythme soit en phase avec toutes les générations.
00:13Vous êtes un musicien du monde qui fait aujourd'hui un détour par la France avec un nouvel album.
00:18Bonjour, Youri Buenaventura.
00:20Bonjour Jacques.
00:21Alors c'est vrai que vous êtes une idole dans le monde entier.
00:23Tout le monde vous connaît par la salsa, par votre musique.
00:27Et vous sortez un nouvel album qu'on va évoquer tout à l'heure.
00:29Mais le principe des clés d'une vie, c'est un peu particulier.
00:32On évoque votre parcours à travers des dates clés.
00:34Donc j'ai cherché des dates qui correspondent à votre vie, ou pas forcément.
00:39Et la première que j'ai trouvée, c'est le 12 avril 1961.
00:42Ça ne vous concerne pas directement, mais écoutez.
00:4512 avril 1961, la mission est secrète.
00:47Baïkonour à l'époque n'existe même pas sur les cartes.
00:50À 27 ans, Gagarine glisse son mètre 57.
00:53Voilà, Youri Gagarine, le premier cosmonaute soviétique
00:56qui est devenu celui qui a volé à bord de Vostok.
00:59Le premier à avoir fait le tour de la planète.
01:02Et vous vous appelez Youri ?
01:04Oui, mon père était très admiratif de la rusie.
01:08Et il m'appelait en hommage à Youri Gagarine.
01:11Voilà, c'est comme ça que c'est né.
01:13Vous savez que c'est extraordinaire ?
01:15Pourquoi il a été choisi ? On ne le sait pas vraiment.
01:17En fait, il était un ouvrier au départ.
01:20Il avait d'excellentes aptitudes.
01:22Et il a été choisi parmi d'autres
01:24parce qu'il a été le seul, lorsqu'il est monté à bord du vaisseau,
01:27il a été le seul à enlever ses chaussures.
01:29Et qu'en Russie, c'est une tradition,
01:31on doit enlever ses chaussures quand on rentre quelque part.
01:34C'est merveilleux.
01:35Vous ne le saviez pas, ça ?
01:36Non, mais c'est merveilleux. Merci, Jacques.
01:38Alors, Youri, c'est votre prénom.
01:39Et Buenaventura, c'est aussi quelque chose de cher à votre cœur.
01:43Oui.
01:44Pourquoi ? C'est la ville où vous êtes né.
01:47Oui, exactement.
01:48Et pourquoi ce nom ?
01:50J'étais loin de mon pays.
01:52J'étais loin de Buenaventura.
01:54Mais surtout, en Colombie,
01:56il reste encore cette verticalité et ce regard excluant
02:01de la population noire
02:03qui est venue d'Afrique pendant l'esclavage.
02:06Et il y a des gens de Colombie qui pensent que Buenaventura,
02:09il y a trop de noirs et ça sent les poissons.
02:13Oui.
02:14Alors je me suis dit, OK,
02:16alors je vais mettre le nom de Buenaventura.
02:18Comme ça, ils sont obligés de dire le nom de mon village.
02:21Oui, mais en même temps, Buenaventura, c'est un port célèbre.
02:24En Colombie, c'est le port le plus célèbre.
02:26Et je crois qu'elle a été nommée ainsi
02:28le jour de la festivité de San Buenaventura,
02:31qui est le sein de la Colombie.
02:34De Buenaventura, oui.
02:35Oui, c'est drôle.
02:37Et je crois qu'on l'appelle aussi Buenaventura
02:39parce que c'est une baie tranquille.
02:40Oui, c'est une baie merveilleuse.
02:43C'est une île à l'intérieur d'une baie.
02:46Et il y a de très belles histoires
02:49dans la construction de cette communauté.
02:52C'est-à-dire ?
02:53D'abord, c'est une île où les Noirs marrons sont arrivés,
02:56les Noirs qui ont fui l'esclavage des Espagnols.
02:59Et deux, des histoires merveilleuses aussi,
03:01qui sont arrivées.
03:03Des autres histoires merveilleuses
03:05que l'on va parler tout à l'heure.
03:06Alors, il se trouve aussi que votre père,
03:09Don Manuel Bedoya,
03:10je crois qu'il était professeur de théâtre,
03:13donc ça vous a insufflé l'esprit artistique.
03:15Oui, mon père était un jesuite.
03:18Et il a quitté sa vocation sacerdotale,
03:22et il est parti, les sacerdotes,
03:24et il est parti dans le Pacifique colombien.
03:27Oui ?
03:27Oui.
03:28Et là, il a rencontré votre mère ?
03:30Non, il a rencontré ma mère au couvent,
03:33parce que ma mère était nonne.
03:35Incroyable !
03:36Oui, ils sont tombés amoureux,
03:38et ils sont partis.
03:40Et donc, vous êtes né en Colombie,
03:42et vous avez grandi en Colombie ?
03:44Oui, je suis né dans cette île,
03:47sur la côte Pacifique,
03:49très exubérante comme végétation,
03:53la cordillère des Indes, c'est merveilleux,
03:56et les baleines viennent de l'Antarctique,
03:59et elles s'accouchent en dehors du baie.
04:01Je suis né, heureux, là,
04:04et je suis parti à 19 ans de la Colombie.
04:07Et pendant les 19 premières années,
04:09vous avez fait vos études ?
04:10Oui.
04:11Des grandes, de hautes études quand même ?
04:12En fait, j'ai fait l'école première,
04:14après j'ai fait l'école secondaire,
04:16et j'ai fait quelques temps la biologie marine en Colombie.
04:19Mais j'adorais l'architecture,
04:21parce que j'avais fait des dessins avant.
04:25J'avais fait des dessins.
04:27Alors j'ai travaillé avec un ingénieur,
04:29et j'ai dessiné, je faisais les plans,
04:32les dessins,
04:34parce qu'il y avait des bases dans l'architecture,
04:36mais je faisais la biologie marine.
04:38Et quand je suis parti, j'étais dans la biologie marine.
04:41Et pourquoi ? Vous auriez pu faire carrière dans la biologie marine ?
04:44Oui, mais à cette époque,
04:46le directeur de l'association des pêcheurs artisans,
04:50il a pris de l'argent dans la caisse,
04:52et je me suis dit, non,
04:53il ne faut pas faire la biologie marine,
04:56il faut faire les sciences économiques.
04:58Et je suis parti faire ça.
05:00En même temps, vous avez découvert la musique,
05:02et je vois que vous avez découvert la salsa new-yorkaise au départ.
05:05Oui, et disons que
05:07toutes les migrations latino-américaines
05:09qui se sont retrouvées aux Etats-Unis,
05:11à Manhattan,
05:13à Harlem,
05:15dans le quartier de Harlem,
05:17ont rencontré aussi le jazz,
05:20les hommes noirs des Etats-Unis.
05:22Et cette rencontre était merveilleuse,
05:24parce que toute cette polyrhythmie de Panama,
05:26de Venezuela, d'Ecuador, de Pérou,
05:28de Colombie, de Cuba,
05:30s'est rencontrée avec les hommes du jazz,
05:33et la salsa est née dans cet univers urbain.
05:36Et, comme au Buenaventura est un port,
05:39les gens venaient avec les vinyles,
05:41et on échangeait les vinyles
05:43à Buenaventura,
05:45et c'est comme ça qu'on est devenus
05:47assez pointus
05:49dans la diversité musicale
05:51de cette différente musique
05:53de l'Amérique latine.
05:55La salsa, ce n'était pas exactement ça,
05:57mais dans les années 50,
05:59il y a une musique, un rythme un peu proche,
06:01qui a eu beaucoup de succès,
06:03c'est tellement beau,
06:06Mon cœur est prisonnier
06:09D'un amour insensé
06:13D'un amour insensé
06:16Vous connaissez Dario Moreno ?
06:18Oui, oui.
06:19C'est un personnage, il était énorme,
06:21on l'appelait le loukoum chantant,
06:23et je l'ai croisé, j'avais 6 ans
06:25quand je l'ai croisé, et qu'on me l'a présenté
06:27pour la première fois, il avait des costumes
06:29assortis à ses voitures.
06:31Il y en a mis comme ça ?
06:33Mais il a eu un immense succès.
06:35Et il dansait
06:37de façon extraordinaire aussi.
06:39Et il est mort
06:41bêtement dans un aéroport,
06:43on n'a jamais su pourquoi,
06:45et il s'est apprêté à jouer l'Homme de la Mancha
06:47avec Jacques Brel, je ne sais pas si vous le savez,
06:49et il n'a pas joué l'Homme de la Mancha à Paris.
06:51Mais ça fait partie des gens qui ont marqué le Mambo,
06:53le Mambo et la salsa, c'est proche finalement.
06:55C'est une musique qui, à l'après-guerre,
06:57a apporté beaucoup.
06:59Après la Deuxième Guerre mondiale,
07:01c'est une pièce actuelle en Europe
07:03parce que c'est une musique joyeuse
07:05et qui a amené,
07:07avec le Mambo et le Cha-Cha-Cha,
07:09a amené des outils
07:11pour donner de la force,
07:13pour donner aux Européens
07:15la joie de vivre.
07:17Et c'est une musique importante.
07:19Elle est mal connue, mais elle est très importante.
07:21Elle est mal connue, mais il y a aussi d'autres artistes
07:23mal connus en France, mais qui ont fait partie
07:25de votre culture de base et donné
07:27envie de faire ce métier.
07:29C'est Violeta Parra.
07:31Gràcias a la vida
07:35Que me ha dado tanto
07:37Gracias a la vida
07:39Cette femme, c'était une chanteuse chilienne
07:41qui est passée par la France,
07:43qui a été en Russie aussi,
07:45qui avait une dépression et qui est morte
07:47à 49 ans en se suicidant.
07:49Mais je crois qu'elle a beaucoup compté
07:51dans votre envie de faire de la musique.
07:53Oui, il y avait aussi
07:55une mélancolie qui existait
07:57qui vient des Amérindiens.
07:59Ça vient des Amérindiens.
08:01Ils ont une grande mélancolie.
08:03Elle m'a touché beaucoup,
08:05cette femme.
08:07Ça fait partie de celles qui vous ont donné envie de faire de la musique.
08:09Oui, par leur transparence, par leur honnêteté,
08:11par leur humanisme.
08:13Il y avait aussi Juan Manuel Serra,
08:15un catalan.
08:17Un catalan qui s'est présenté à l'Eurovision
08:19en 68.
08:21Il n'a pas été choisi parce qu'il voulait chanter en catalan.
08:23Il a été remplacé par une
08:25Maciel qui a remplacé le concours à sa place.
08:27Ah oui, c'est un grand auteur-compositeur.
08:29Et là aussi, ça vous a influencé ?
08:31Oui, Serra a fait
08:33de la musique,
08:35de la poésie de Machado.
08:37De Machado.
08:39Le poète espagnol Machado.
08:41Vous connaissiez ça en Colombie ?
08:43Oui, Juan Manuel Serra.
08:45Et il y a aussi quelqu'un d'autre
08:47qui vous a influencé, c'est Pablo Milanes.
08:56Paravivir.
08:58Qu'on connaît mal en France,
09:00mais vraiment, je crois que c'est un des pères
09:02de la salsa cubaine.
09:04Il est le père d'une musique
09:06qu'on appelle Le Filine.
09:08C'est une musique
09:10de la révolution cubaine.
09:12Très poétique,
09:14avec beaucoup d'espérance,
09:16beaucoup d'humanisme,
09:18beaucoup d'espérance dans l'être humain.
09:20Et ça m'a impacté beaucoup aussi, sa poésie.
09:22En même temps, tout ça vous a
09:24engagé vers la chanson
09:26et même vers l'engagement sociétal.
09:28Oui, parce que les contenus
09:30sont engagés envers l'humain.
09:32Et tout de suite, ça vous a intéressé.
09:34Oui.
09:36Et puis, il y a la musique traditionnelle de la Colombie,
09:38je crois que c'est le Vallenato.
09:40Qu'est-ce que c'est ?
09:42Le Vallenato, c'est un rendez-vous musical
09:44des étranges humains,
09:46entre les Amérindiens,
09:48les Européens avec l'accordéon,
09:50et la Huacharaca, c'est les Amérindiens,
09:52l'accordéon, c'est les Européens,
09:54et la percussion,
09:56c'est une sorte d'arabouka,
09:58une sorte de percussion qui vient du Maghreb.
10:00On ne sait pas que la Colombie
10:02est un tel terreau de musique, finalement, en France.
10:04Oui, la Colombie, on l'appelle les pays continents,
10:06parce que la Colombie est au nord de l'Amérique du Sud.
10:08Donc on a
10:10de l'Amazonie,
10:12on a de la Cordillère des Andes,
10:14on a de la Caraïbe, et on a aussi du Pacifique.
10:16Et le Panama, c'était
10:18un département de la Colombie.
10:20Et les États-Unis,
10:22avec sa volonté
10:24de domination sur le canal du Panama,
10:26ont séparé,
10:28par une stratégie politique, ont séparé
10:30le canal du Panama, et le Panama est devenu
10:32un pays, mais c'était un département.
10:34Donc on était vraiment vers le nord.
10:36C'est un pays merveilleux,
10:38il faut aller le voir.
10:40Et il y a une autre chanteuse célèbre d'ailleurs qui vient de Colombie, c'est Shakira.
10:42Ah oui, Shakira, elle est d'origine libanaise.
10:44Oui, mais elle a grandi en Colombie.
10:46Oui, elle est née en Colombie.
10:48Elle est née, ses parents sont d'origine libanaise,
10:50et c'est pour ça qu'elle fait la danse
10:52et montre tout ça depuis petite en Colombie.
10:54Mais elle est brune.
10:56Après, elle est allée aux États-Unis,
10:58et aux États-Unis, toutes les filles d'Amérique latine doivent se peindre
11:00les cheveux en blanc, alors c'est pour ça qu'elle
11:02est blonde, mais elle est brune.
11:04Vous connaissez bien la Colombie, mais vous connaissez bien aussi la France,
11:06et on va en reparler à travers une autre date,
11:08le 11 septembre 1959.
11:10Elle ne vous concerne pas, mais elle est importante.
11:12A tout de suite sur Sud Radio,
11:14avec Yuri Belaventura.
11:16Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessy.
11:18Sud Radio, les clés d'une vie.
11:20Mon invité, Yuri Belaventura,
11:22de passage en France, à l'occasion
11:24de la sortie de ce nouvel album dont on va parler tout à l'heure.
11:26On évoque votre parcours, parce que
11:28finalement, vous êtes une star mondiale, mais on ne connaissait pas
11:30la Colombie et les origines de la musique de la Colombie.
11:32Et vous connaissez aussi la France,
11:34car j'ai trouvé une date qui ne vous
11:36concerne pas. Le 11 septembre
11:381959, un jeune chanteur
11:40rentre en studio pour
11:42enregistrer ce qui va devenir un classique.
11:44Ne me quitte pas
11:48Il faut oublier tout
11:52Ne me quitte pas de Jacques Brel
11:54Un succès. Vous savez que cette chanson, il l'a
11:56terminée à Bordeaux. La maison de disques
11:58ne voulait pas la sortir parce qu'elle ne croyait pas.
12:00Toujours la maison des disques.
12:02On a mis la valse à mille temps
12:04en face A
12:06et quand il a fait l'Olympia, il a fait un tel triomphe
12:08que Ne me quitte pas est devenu un classique.
12:10C'est merveilleux, grâce à
12:12la vie qu'il a fait ça.
12:14Et si je parle de cette chanson, parce que vous l'avez aussi
12:16enregistrée beaucoup plus tard.
12:30Alors, c'est extraordinaire.
12:32Comment est venu le fait d'enregistrer Ne me quitte pas
12:34alors que vous êtes en Colombie ?
12:36Non, je faisais
12:38des études à Paris
12:40et j'ai regardé un téléviseur
12:42noir et blanc
12:44et je voyais Brel qui chantait
12:46comme ça. Mais je ne parlais pas français.
12:48Je voyais qu'il faisait comme ça
12:50Je disais c'est l'histoire d'un homme
12:52qui va mourir d'un arrêt cardiaque
12:54sur la scène.
12:56En 45 minutes de concert,
12:58il a changé deux fois de chemise
13:00tellement il transpirait. Et il vomissait
13:02avant chaque concert.
13:04Et donc vous avez été fasciné par cet homme ?
13:06Fasciné par cet homme et quand j'étais
13:08au studio, j'ai fermé les yeux
13:10pour chanter des autres titres.
13:12Les titres de l'album que j'avais écrit.
13:14Je voyais l'image de cet homme.
13:16J'ai dit à l'arrangeur et au producteur
13:18il faut qu'on fasse une version
13:20de cette chanson française qui s'appelle
13:22Ne me quitte pas.
13:24Je l'ai fait en bolero, salsa et bolero
13:26encore. Et salsa et mambo à la fin
13:28pour les
13:30danseurs français, pour que les français
13:32comprennent la salsa.
13:34Et ça a marché ? Ça a marché.
13:36C'est un grand succès encore parce que les gens
13:38l'ont comme référent,
13:40comme une clé d'accès à la salsa.
13:42Les francophones et francophiles, oui.
13:44Alors c'est arrivé après que vous ayez
13:46enregistré votre premier album,
13:48Héritage africain, et là ça avait été une catastrophe
13:50je crois même financière.
13:52Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
13:54J'ai produit l'album Héritage africain
13:56et à l'intérieur
13:58j'ai mis Ne me quitte pas.
14:00Et je
14:02devais tout l'argent au studio
14:04et j'ai devis l'argent à plein de monde
14:06parce que j'ai commencé à faire la production de l'album
14:08mais j'avais pas d'argent.
14:10Et je suis venu à Paris laisser ça à un
14:12ami qui s'appelle Rémi Colpacopoul
14:14qui était un journaliste à Paris, qui est décédé.
14:16Et Rémi
14:18a mis cette chanson à l'antenne
14:20et les gens l'ont appréciée
14:22et ça a démarré comme ça.
14:24Vous avez été le premier chanteur en France
14:26à obtenir un disque d'or avec cette chanson.
14:28Oui, on a eu 5 disques d'or
14:30à la fin, oui. C'est fou hein ?
14:32C'est encore le chemin de la vie.
14:34Et vous attendiez à ce succès ?
14:36Non, pas du tout.
14:38Moi je crois que
14:40quand on fait un album, quand on fait une chanson
14:42qu'une seule personne
14:44apprécie, c'est pour moi suffisant.
14:46Oui, mais là il y en a eu beaucoup plus.
14:48Alors la France, vous êtes donc venu
14:50pourquoi être venu à Paris faire des études de sciences
14:52économiques ?
14:54Je ne voulais pas aller étudier aux Etats-Unis
14:56je voulais venir étudier ici
14:58et j'avais l'impression que c'était
15:00plus facile pour moi
15:02le français et en fait c'est une langue
15:04très complexe et je croyais
15:06qu'il suffisait d'ajouter une E à la fin
15:08parce que c'est comme
15:10vous, quand vous parlez espagnol
15:12que vous rajoutez une A et vous croyez
15:14que c'est l'espagnol
15:16c'était un peu ça.
15:18Et je suis arrivé
15:20et j'ai eu beaucoup de mal au début.
15:22Vous avez appris le français, comment vous avez fait ?
15:24Je suis allé
15:26prendre des cours
15:28Je suis venu à l'université étudier
15:30sciences économiques mais je ne comprenais
15:32rien alors j'ai dû aller
15:34faire des études de la langue française.
15:36Et finalement vous avez fait
15:38ces études ?
15:40Je n'ai pas fini, j'ai fait un an et demi, douze ans
15:42des sciences
15:44en interne et après
15:46je me suis dédié exclusivement à la musique.
15:48Et vous avez commencé à chanter dans le métro je crois ?
15:50Oui, j'ai commencé à jouer
15:52dans le métro, je faisais des concerts
15:54internationaux sur la ligne 1
15:56et sur la ligne 4
15:58et pourquoi j'ai dit internationaux ?
16:00Parce que vraiment, un wagon
16:02de métro à Paris c'est le monde entier
16:04on prend un métro
16:06la ligne 4, Châtelet
16:08Gare de l'Est, il y a la moitié
16:10du monde dans un wagon
16:12donc la world music pour moi c'est jouer
16:14dans un wagon d'un métro parisien
16:16Vous étiez avec votre guitare ?
16:18Avec un bongo, avec une percussion
16:20Et les gens étaient étonnés ?
16:22Il y avait qui n'aimaient pas
16:24et il y avait qui s'est bougé les oreilles
16:26il y en avait qui appréciaient
16:28mais c'est le début
16:30d'un métier
16:32Et ça vous a permis de gagner un peu d'argent ? Parce que les gens étaient généreux ou non ?
16:34Oui, très généreux
16:36vous savez, mais généreux
16:38pas par la...
16:40on n'est pas généreux par la quantité
16:42on est généreux par l'attitude
16:44et l'attitude était
16:46très tendre, très humaine
16:48il m'a donné une pièce de monnaie
16:50c'était un franc français
16:52et dans la pièce il y avait une fille
16:54qui sémait la terre
16:56comme ça, la Marianne
16:58et moi je m'attardais à regarder cette pièce de monnaie
17:00de cette femme que j'ai trouvée belle
17:02et j'ai dédié mon album
17:04à la Marianne, j'ai dit
17:06à toi sublime femme, ma dédicace
17:08c'était à toi sublime femme
17:10qui sème la terre
17:14guidée par un soleil qui se lève
17:16pour accompagner ton peuple
17:18Et d'ailleurs la Marianne
17:20Brigitte Bardot a été à l'effigie de la Marianne
17:22et c'est elle qui a lancé
17:24le Mambo en France
17:26dans le film Et Dieu créa la femme
17:28Ah oui, elle adore la musique, je la connais
17:30Brigitte Bardot
17:32elle nous a appelé
17:34il y a quelque temps, on ne la voit plus
17:36mais elle adore le flamenco, la musique latine
17:38elle chante en espagnol
17:40elle chante de la musique vénézolienne, elle est spéciale
17:42cette dame, elle est forte
17:44Elle a 90 ans, elle est en pleine forme
17:46on lui a consacré une émission il n'y a pas longtemps
17:48C'est en dansant un soir
17:50avec son mari Roger Vadim qu'il la voit danser
17:52et il a ajouté
17:54cette danse au scénario de Et Dieu créa la femme
17:56avec une musique d'un compositeur
17:58Paul Misrachi et c'est devenu un immense succès
18:00Oui je connais
18:02Il se trouve aussi que dans le métro les gens dansaient
18:04Non pas du tout
18:06Dans les rames non
18:08plutôt dans les couloirs
18:10mais c'était interdit
18:12c'était plutôt nous qui dansions
18:14quand la police arrivait et qu'on devait partir
18:16C'était interdit de chanter dans le métro ?
18:18C'était interdit oui
18:20Vous arriviez quand même à le faire de temps en temps ?
18:22Oui on le faisait, c'était toléré
18:24Et les gens vous regardaient ou non ?
18:26Oui
18:28ça marchait un peu
18:30Moi je me souviens d'un jour
18:32c'est Jean-Jacques Goldman qui a chanté dans le métro
18:34comme ça pour rire
18:36Personne ne l'a remarqué
18:38Ça arrive souvent que des grands musiciens vont jouer
18:40dans le métro et les gens sont si pressés
18:42qu'ils ne voient pas
18:44Et c'est ensuite que vous avez découvert
18:46un groupe qui s'appelait Urpi
18:48un groupe latino-américain
18:50et vous êtes arrivé avec la fièvre latino
18:52qui arrivait à Paris
18:54Oui Urpi c'était un groupe de Peruviens
18:56et en fait je suis arrivé
18:58je me découvre avec ses frères latino-américains
19:00et on commence à jouer
19:02on jouait dans les couloirs
19:04du métro Saint-Michel
19:06et il y a un courant d'air impressionnant
19:08qui arrive
19:10et on jouait dans les couloirs
19:12des Peruviens
19:14c'était une très belle expérience de vie
19:16Oui mais en même temps la mode latino
19:18est arrivée à Paris à ce moment-là
19:20donc vous avez commencé à être dans les cabarets
19:22Oui on était à la tête
19:24de ce processus dans ces années-là
19:26Et vous avez commencé ensuite à chanter
19:28avec ce groupe
19:36Le groupe Caïman
19:38Pardon excusez-moi
19:40Mais ça c'est Caïman ?
19:42Oui c'est Ruben Enriquez avec le groupe Caïman
19:44Ah oui on a joué
19:46avec le groupe Caïman
19:48à Paris
19:50et c'est tout
19:52c'est le début de la musique
19:54Vous commencez à faire de la musique
19:56à chanter avec ce groupe et à être choriste aussi
19:58Oui exactement je ne chantais pas
20:00j'étais percussionniste
20:02et c'était les musiciens du groupe Caïman
20:04qui me disaient chante chante
20:06et je suis commencé à aller devant la scène
20:08Et il y avait un lieu à Belleville
20:10qui s'appelait La Java
20:12La Java c'était un club
20:14qui était dans le quartier de Belleville
20:16le maître Belleville
20:18et c'était une cave fantastique
20:20on rencontrait tout le monde
20:22tous les gens qui aimaient la salsa
20:24et les tambours et la fête
20:26c'était merveilleux
20:28Et ce lieu d'ailleurs était une salle dans les années 20
20:30où ont débuté Django Reinhardt
20:32Jean Gabin qui chantait
20:34et Edith Piaf qui était la Moum Piaf
20:36Dans cet endroit
20:38La Java, Edith Piaf
20:40et Django Reinhardt
20:42Ah c'est fantastique, il y a une énergie fantastique
20:44là-bas, j'espère que ça existe encore
20:46Alors vous avez commencé à travailler
20:48avec des joueurs de conga
20:50qui ont commencé à travailler
20:52avec vous, vous les avez accompagnés
20:54Oui exactement, des percussionnistes
20:56Oui, j'adore les tambours
20:58Et ça a changé votre vie au départ, vous avez senti que ça commençait
21:00avec ça ?
21:02Oui, parce que les tambours viennent d'Afrique
21:04Et tous ces tambours qui sont arrivés en Amérique Latine
21:06portent une mémoire
21:08portent un message
21:10et je crois que quand on est chanteur
21:12et on s'approche du tambour
21:14on ressent l'énergie
21:16et ce cheminement que la transhumance
21:18est en train de vivre
21:20Et l'énergie, ça a donné votre carrière
21:22et on va continuer à en parler
21:24avec une autre date, le 29 octobre 2006
21:26A tout de suite sur Sud Radio
21:28avec Youri Bonaventura
21:30Sud Radio, les clés d'une vie
21:32Mon invité Youri Bonaventura
21:34Vous avez toujours le sourire, c'est extraordinaire
21:36Ah vous aussi Jacques ?
21:38On est bien ensemble parce qu'on vous découvre
21:40Il y a votre nouvel album qui sort
21:42On sait que vous êtes une star mondiale
21:44Vous êtes en France en ce moment, donc on en profite
21:46pour raconter votre parcours
21:48à travers des dates clés
21:50Et j'en ai trouvé une importante, c'est le 29 octobre 2006
21:52C'est aussi un hommage
21:54que vous rendez à travers une chanson
22:02La veille en un manantial
22:06Le soplot
22:08susprendado lando
22:12Por los aires
22:14se vendan val
22:16Dans l'eau de la fontaine de Georges Brassens
22:18que vous avez enregistré
22:20pour les 25 ans de sa disparition
22:22Oui
22:24Comment c'est né ça ?
22:26Ça me touche beaucoup, j'aime beaucoup Georges Brassens
22:28J'aime sa poésie
22:30sa poésie populaire et universelle
22:32Pour moi c'est l'auteur-compositeur
22:34le plus
22:36universel de la France
22:38parce qu'il peut s'adresser
22:40avec sa poésie à un homme de l'Inde
22:42à un Africain
22:44Sa poésie
22:46touche tous les êtres humains
22:48Et vous avez commis comment ces chansons ?
22:50Je les ai connues
22:52à Paris
22:54avec une copine
22:56française qui adorait Georges Brassens
22:58et j'ai été invité
23:00dans son petit cours
23:02et toute cette musique
23:04résonnait dans ce cours parisien
23:06C'est vraiment
23:08la vie de la cour
23:10de ce qui se passe dans le peuple
23:12français à l'intérieur
23:14dans son intimité
23:16Brassens, je ne sais pas si vous le savez
23:18mais il se levait à 5h du matin pour écrire ses chansons
23:20d'abord il mettait son téléphone dans le placard
23:22pour que personne ne le dérange
23:24avec du coton dessus pour ne pas entendre l'ascension du téléphone
23:26et puis ensuite il travaillait
23:2825 versions d'une chanson
23:30pour avoir le texte exact
23:32et une musique, il faisait 10 musiques
23:34en même temps et il choisissait une musique
23:36sur une chanson
23:38C'était 8 mois de travail
23:40pour une chanson
23:42Et faire simple est très compliqué
23:44Et ces mélodies qu'on croit très simples sont très compliquées
23:46Donc vous avez connu Brassens
23:48et cette chanson vous l'aimiez particulièrement ?
23:50Oui, cette chanson
23:52je me suis fait tout petit aussi
23:54Oui, et vous comparez souvent
23:56la démarche de Brassens à celle de la salsa
23:58Oui, parce que
24:00la salsa est une musique populaire
24:02et la salsa
24:04a une dialectique
24:06très frontale et claire
24:08et genre Brassens est comme ça
24:10Alors votre démarche aussi
24:12vous avez commencé dans les cabarets
24:14et puis ça a monté petit à petit, petit à petit, vous avez trouvé des engagements
24:16comment ça s'est passé ?
24:18Des engagements dans la musique ?
24:20Oui, on a fait cette version
24:22de Jacques Brel
24:24et soudain ça embrassait un peu
24:26la France mais aussi la Martinique
24:28la Guadeloupe, la Guyane, le Canada
24:30Luxembourg, la Belgique
24:32la Suisse, les Maghreb, Maroc
24:34Tunisie, tous les pays francophones
24:36et on a commencé à voyager
24:38et à découvrir
24:40le monde, de la main de Jacques Brel
24:42parce que finalement c'était Jacques Brel
24:44qui a piloté la chose
24:46même s'il était décédé
24:48son oeuvre m'a guidé
24:50j'habite dans son oeuvre
24:52quand je l'interprète
24:54J'ai eu la chance moi
24:56d'assister à l'enregistrement d'une chanson de Brel
24:58de son dernier album
25:00il arrivait dans le studio, les musiciens étaient là
25:02il se lève quand il arrive
25:04il va au micro, il fait deux versions
25:06des Remparts de Varsovie
25:08un studio a venu près des Champs-Elysées
25:10il termine, il écoute les deux versions
25:12il en choisit une, il s'en va
25:14et les musiciens l'applaudissent
25:16c'était un moment unique
25:18alors il était malade
25:20il avait une force de chanter incroyable
25:22c'est des êtres
25:24d'exception
25:26qui sont nés ici
25:28moi ce que j'ai apprécié beaucoup de Jacques Brel
25:30à la fin quand il était malade
25:32c'est ses départs vers le sud
25:34il envoyait
25:36un signe, il envoyait un signal
25:38il dit
25:40allons chercher le sud
25:42et quand il est arrivé au Merquise, vous savez pourquoi
25:44il a choisi ce lieu ?
25:46il lui a donné sa carte d'identité
25:48il a dit, enfin on ne me connait pas ici
25:50je serai tranquille
25:52c'est extraordinaire ça
25:54alors dans votre carrière j'ai repéré
25:56un festival qui a vraiment été important
25:58c'est le festival Tempo Latino
26:00de Vic Fesenzac
26:02ça c'était aussi un grand moment
26:04il y avait 5000 personnes je crois
26:06c'était le tout début de ce phénomène
26:08latino ici
26:10faire ce score de monde
26:12aujourd'hui on fait beaucoup de monde
26:14donc faire 5000 personnes
26:16c'était une folie de réunir 5000 personnes
26:18qui aimaient la salsa
26:20c'était Vic Fesenzac
26:22au festival Tempo Latino
26:24dans les Gers
26:26et c'était l'orchestre Chavaro je crois
26:28c'est l'orchestre d'un vénézolien
26:30percussionniste
26:32qui s'appelle Orlando Polio
26:34et j'étais le chanteur de cette agroupation à ce moment là
26:36alors c'est en 96
26:38et à ce moment là il y a eu une autre chanson qui est sortie
26:40et qui a pas mal marché
26:44Musique
26:54Mi tranquillidad, qu'est ce que c'est
26:56Ma tranquillité
26:58Alors que vous êtes tout sauf tranquille
27:00Ah non je ne suis pas tranquille
27:02Vous avez une vie tellement
27:04Ah oui oui, j'ai compris
27:06Mi tranquillidad
27:08c'est un hommage
27:10à l'île ou jésus nid
27:12Cette île me donne une grande tranquillité quand je suis là-bas et c'est drôle parce que votre manière d'amener votre interview, votre émission, m'amène par des chemins, un peu à côté des chemins normaux dont on parle dans les interviews, c'est super, merci beaucoup.
27:31Merci à vous surtout. Alors surtout, cette chanson a marché, ce rythme a marché, finalement vous avez vu le rythme progresser en France petit à petit.
27:39Oui, au départ les français dansaient la salsa comme quand on sort un poisson de l'eau, on sort un poisson de l'eau et on ne sait pas par où il va partir, vous savez, il fait comme ça dans tous les sens.
27:51Ils dansaient comme ça la salsa et aujourd'hui il y a des champions mondiaux de la salsa qui sont français, des grands danseurs, il y a eu un engouement de cette musique et je suis très heureux d'avoir participé à apporter ça à la France.
28:06Et une musique qui touche, une danse qui touche les jeunes comme les anciens.
28:10Oui, ça c'est très intéressant parce que c'est une musique saine, c'est une musique pour la rencontre, il y a le contact physique mais il y a toute cette histoire de respect autour de ce dialogue, pour les personnes timides, pour les personnes qui ont du mal à avoir un contact, pour les gens qui sont plus extrovertis, c'est fantastique cette musique.
28:29Moi je suis en vacances à Fouras en face de Fort Boyard et tous les lundis à 10h il y a une professeure de salsa qui vient et toute la ville vient danser le lundi matin pendant le mois de juillet et d'août la salsa devant le port pendant une heure, une heure et demie et il y a 100 personnes qui prennent un cours de salsa, que des gens de la ville, ça prouve que ça a touché tout le monde.
28:51Oui, ça touche.
28:52Alors il y a aussi une version très particulière de la salsa que vous avez enregistrée avec Faudel.
28:59La salsa en rail avec Faudel et Yuri Buenaventura, comment c'est né ça ?
29:12Ça s'est né au studio de Peter Gabriel à Bristol en Angleterre, Peter Gabriel nous a invités avec Universal Publishing, ils nous ont invités pour des rencontres avec des différents musiciens du monde et là j'ai rencontré Faudel, on était dans les couloirs parce que tout le monde a pris les studios, on n'avait pas de studio et on s'est mis à parler de l'Algérie, de tout ce qui s'est passé en Algérie, de la Colombie et on s'est retrouvé à travailler ce titre et on l'a enregistré.
29:42Ça a super bien marché, oui.
29:44Mais ça prouve que la salsa peut s'adapter à tous les rythmes ?
29:46Je crois que oui, je crois que oui, parce que la salsa est composée des algorithmes européens mais de l'Afrique aussi, donc du coup je crois que c'est possible.
29:54Et puis je crois aussi que vous avez adapté la salsa sur des rythmes d'Elton John, de Michel Legrand et quelques autres.
30:00Oui, de Charles Aznavour, de Serge Giani, de Patrick Bruel, beaucoup d'artistes que j'aime en France, oui.
30:10Et à chaque fois l'adaptation est compliquée ?
30:12Surtout j'ai choisi des titres très bien écrits et très bien construits parce que nous avons un code polyrythmique qui est très exigeant à l'intérieur, ça s'appelle la clave, qui a 5 accents tous les 4 mesures.
30:26Et ces 5 accents sont compliqués à placer dans les 4 mesures, c'est de la polyrythmie.
30:33Donc les titres en lui-même doivent être très solides dès son intérieur pour pouvoir l'amener dans cette polyrythmie, oui.
30:41Et comment vous avez appris tout ça ? Parce que ça a pris des cours ou c'est venu naturellement ?
30:45C'est dans la culture, oui.
30:47Mais c'est devenu, parce qu'en général on prend des cours de musique pour apprendre tout ça.
30:51Non, la vie m'a permis d'apprendre sur le chemin.
30:56Par exemple quand on m'a donné les budgets pour faire un album, je ne m'achetais pas une Ferrari avec les budgets de la maison de disques, je les investissais dans l'album.
31:06Et du coup j'engageais des grands musiciens à Puerto Rico, à Cuba, à New York, en Colombie.
31:11Et je fais mes études sur la route avec des grands musiciens et je me suis fait entourer et accompagner des grands musiciens.
31:18Et puis en 2000, il y a un film qui s'appelle Salsa, de Joyce Buñuel, qui est la femme qui a été mariée au fils de Luis Buñuel.
31:25Et naturellement vous avez fait la musique.
31:27Exactement.
31:28Comment c'est venu ça ?
31:29Je l'ai connu, c'est une femme fantastique, c'était le film Salsa, effectivement de Joyce Buñuel.
31:35Et je fais cette bande sonore Salsa qui est un hymne pour les danseurs de Salsa.
31:40Mais ce qui m'a surpris, sans même, c'est qu'il y a eu un film qui s'appelle Ma femme s'appelle Maurice, avec Philippe Chevalier et Las Palaces.
31:46C'est un humour très particulier, totalement fou.
31:49Et vous avez fait aussi la musique.
31:51Oui, parce qu'ils sont fous.
31:53Je sais pas, parce qu'ils sont fous pour venir danser un film comme ça, la Salsa, oui.
31:58Vous l'a proposé, comment c'est venu ?
32:00Oui, exactement.
32:01Ils ont dansé la Salsa, je vois mal Chevalier et Las Palaces.
32:05Tout le monde peut danser la Salsa.
32:07Ils sont très célèbres à cause d'un sketch d'un train qui part pour Pau et qui ne partira jamais.
32:12C'est les problèmes de la SNCF racontés.
32:14Et ils ont fait un duo pendant des années qui a été un grand succès.
32:17Je sais pas si vous les avez vus sur scène.
32:19Non.
32:20Ah, c'est extraordinaire.
32:21Alors, il y a eu aussi dans vos musiques un groupe de rap cubain.
32:25Et vous avez fait un titre 300 kilos de rap.
32:27C'est venu comment ça ?
32:28Les Orichas.
32:29Là aussi la Salsa et le rap, c'est compatible ?
32:31Oui, parce qu'on parle de 300 kilos, parce qu'on parle toujours de la Colombie avec des kilos de la drogue, des kilos de ça.
32:37Oui, c'est la religion.
32:38Donc maintenant on va mener 300 kilos mais de rap.
32:42On a fait ce titre avec les Orichas qui sont des frères de la musique.
32:47Et ils sont venus sur l'album suivant avec une autre chanson.
33:04Cette chanson c'était aussi un succès, c'était des retrouvailles.
33:08Où tu es, c'est une question à Dieu.
33:10Quand on voit les scénarios géopolitiques, les guerres, les conflits, c'est une question qu'on se pose.
33:16Où tu es ? Où tu es ? Où tu es à ce moment-là ?
33:20Et puis il y a aussi une série, alors ça je connais mal la télévision colombienne,
33:23mais elle est privée, mais en même temps le pouvoir est derrière.
33:27Et il y a eu une série où Escobar est le patron d'Elmal.
33:30Oui, c'est une série sur la vie de Pablo Escobar, le criminel mafieux colombien,
33:35qui est sur les plateformes, sur Netflix et tout ça.
33:38Et j'ai fait toute la bande sonore, j'ai fait 300 tracks pour la série.
33:43Il y a 80 chapitres et j'ai fait toute la musique de la série de télévision.
33:48C'est assez étonnant ça aussi comme travail, c'est beaucoup plus compliqué.
33:52C'est un grand engagement de faire comprendre à la jeunesse colombienne d'Amérique latine et du monde.
33:56Parce que la série a été vendue sur 115 pays et elle est encore diffusée.
34:04Faire comprendre que Pablo Escobar ce n'était pas un Robin Hood, c'était vraiment un assassin.
34:10Et vous l'avez fait à travers cette série qu'on voit sur Netflix.
34:13Alors ça c'était le passé, mais on va revenir au présent avec la sortie de votre album le 13 septembre 2024.
34:19A tout de suite sur Sud Radio avec Yuri Buonaventura.
34:22Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
34:25Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Yuri Buonaventura.
34:28Alors on a beaucoup parlé de votre passé, de votre arrivée en France, de Brel, de Brassens.
34:34Et vous êtes dans le monde entier.
34:36Et vous revenez aujourd'hui en France pour quelques temps avant de repartir faire le tour du monde.
34:41Avec un album, ça fait 6 ans je crois que vous n'avez pas fait d'album.
34:44Et cet album est sorti le 13 septembre 2024 et on en écoute un titre.
34:59Alors ce retour, c'est quoi « Amame » d'abord ?
35:02« Aimez-moi » ?
35:03Oui, « Aimez-moi » en espagnol, en colombien.
35:06Et pourquoi ce titre ? Pourquoi avoir fait ce genre d'album ?
35:09Je crois Jacques, que quand on ne connait pas l'amour,
35:13quand on n'aime pas ou quand on n'est pas aimé,
35:17c'est quand on n'aime pas l'amour.
35:20Je crois Jacques, que quand on ne connait pas l'amour,
35:24quand on n'aime pas ou quand on n'est pas aimé,
35:28ou quand on ne veut pas aimer,
35:30j'ai l'impression qu'on est oublié de l'univers.
35:32Comment si l'univers t'avait oublié ?
35:35Parce que l'amour c'est la base de l'existence elle-même.
35:39Et à un moment donné je me suis senti comme ça,
35:43pas aimé.
35:45Et j'ai demandé à la vie de m'aimer, de ne pas m'oublier.
35:49Et l'album parle des histoires comme ça d'amour.
35:52On peut aimer aussi quelqu'un, on peut aimer la musique,
35:56on peut aimer son métier.
35:58Pour vous l'amour c'est général ?
36:00C'est général mais on peut se sentir pas aimé.
36:03Pourquoi ? C'est rare ce genre de choses.
36:05Quand on a du talent, quand on est gentil,
36:08qu'on ne pose pas de problème, on peut ne pas être aimé ?
36:11On peut se sentir pas aimé.
36:13Peut-être des jalousies aussi, non ?
36:15Les pays qui sont en conflit,
36:18la population a beaucoup de traumatismes.
36:21C'est-à-dire par exemple Gaza,
36:23ou les conflits qu'il y a aujourd'hui dans le Moyen-Orient.
36:26Ces jeunes, ces enfants vont avoir des traumatismes
36:29quand ils vont être grands.
36:31Et peut-être ils vont avoir du mal à aimer.
36:34C'est de ça aussi dont je parle.
36:36Alors justement cet album, il y a 6 ans vous n'aviez rien enregistré.
36:39Et non.
36:40Pourquoi ?
36:42Je ne sais pas.
36:44Je ne sais pas.
36:45J'écris quand je chante.
36:47J'écris les chansons quand je les chante.
36:49Et là vous avez senti que c'était le moment de faire cet album ?
36:51Oui, c'était le 30 décembre 2023.
36:54C'était les 5 heures du matin.
36:56Je venais d'une fête.
36:57On avait fait un concert dans la Feria de Cali.
36:59Il y a beaucoup de monde.
37:01Dans un stade.
37:02Et je suis arrivé.
37:04J'ai un appartement à Cali, en Colombie.
37:06Et je me suis senti très seul.
37:08Et je me suis mis à écrire cet album.
37:10Et la deuxième semaine de janvier, je suis parti à New York.
37:13Et je l'ai enregistré à New York.
37:15C'est-à-dire que c'est un rêve musical cet album ?
37:17Oui, c'est un rêve.
37:18C'est un rêve d'un monde meilleur ?
37:20Ou d'un monde où on serait aimé ?
37:22Oui.
37:23Exactement.
37:24Alors vous l'avez fait à New York.
37:26C'est aussi un hommage à la musique latine.
37:28Vous auriez pu l'enregistrer ailleurs qu'à New York.
37:30Pourquoi New York ?
37:31Parce que je n'étais jamais allé enregistrer à New York.
37:35J'ai joué à New York.
37:36J'ai joué aux Etats-Unis.
37:37Mais jamais j'ai enregistré l'album.
37:39Et j'ai découvert quelque chose qu'on oublie
37:42quand on vient d'un pays comme le nôtre,
37:44quand on joue la musique de notre pays.
37:46On est si fiers de notre musique
37:48qu'on perd de vue la peur des autres, des autres pays.
37:52Et aux Etats-Unis, les techniciens du son,
37:55les ingénieurs du son américains
37:58ont fait un grand apport par la prise du son,
38:01par leur vision de cette musique.
38:04Et tout ça, plus les intellectuels,
38:07plus les autres musiciens du jazz
38:09ont créé une diversité de la couleur
38:11qui est née à New York,
38:13dans le béton, dans les difficultés urbaines,
38:16dans l'exclusion et dans le racisme aussi
38:19d'une société immense comme la société new-yorkaise.
38:24Et le son salsa est né à l'intérieur de cette communauté.
38:27Mais c'est valable pour la salsa comme pour d'autres sons.
38:30Johnny Hallyday ou Eddie Mitchell ou d'autres
38:32sont toujours allés enregistrer aux Etats-Unis
38:34parce que le son était différent.
38:35Oui, c'est différent.
38:37Mais qu'est-ce qu'il y a de différent dans le son ?
38:39On dit que c'est pas la flèche, mais aussi l'Indien.
38:42C'est-à-dire que c'est pas seulement le micro,
38:44mais c'est l'Indien qui manipule la technologie.
38:48Alors il se trouve que cet album,
38:49c'est bien sûr aimé pour l'amour,
38:51mais aussi ça évoque vos racines.
38:54Oui, oui.
38:56Je suis très ancré aussi dans ma responsabilité
39:01vis-à-vis de ma famille en Colombie.
39:03De mes parents, de mes cousins, de ma famille.
39:06Et je crois que c'est une musique
39:08qui a besoin d'être nourrie constamment
39:10de sa propre culture
39:11pour pouvoir amener l'arôme, la fleur de cette musique.
39:14Oui, parce qu'en Suisse,
39:15vos ancêtres ont connu l'esclavage.
39:18Il y a eu plein de choses qui se sont passées
39:20qu'il faut ressurgir aujourd'hui
39:22et apprendre et découvrir par la musique.
39:24Oui, même si j'ai pas une tête d'Amérindien,
39:27mon crâne est plat de rire et c'est typique aux Amérindiens.
39:30Ça, par exemple, c'est le crâne plat de rire.
39:33Le crâne plat.
39:35Mais je suis né dans une île de noirs marrons
39:37qui ont fui l'esclavage,
39:38donc mon ethnie est noire.
39:41Vous voyez ?
39:43Mais le métissage qui vient de l'Europe,
39:46qui vient de la matière méditerranée d'Espagne,
39:49qu'on porte en soi, est aussi présent.
39:51Alors il y a aussi des musiciens
39:53qui vous ont influencé,
39:54comme par exemple Ray Barreto.
39:56Ah oui, Ray Barreto,
39:57qui en plus a enregistré avec Bernard Lavillier
40:00la salsa.
40:01Ray Barreto, grand percussionniste,
40:03très important.
40:04Il avait découvert le jazz à l'armée,
40:06au départ c'était le jazz,
40:07et il a évolué vers d'autres thèmes.
40:09Parce qu'on peut aller du jazz à la salsa.
40:11Oui, parce qu'on est frères.
40:13On a la même raisine, l'Afrique.
40:15Vous savez que le jazz est né en France en 1917,
40:18c'était une musique de sauvage pour certains.
40:20Le Casino de Paris ouvrait ses portes
40:22et il y a de New York, justement,
40:24Harry Pilser qui est arrivé avec un orchestre de jazz
40:26et ça a été l'arrivée de cette musique en France.
40:28Ça n'existait pas avant.
40:29Saint-Germain-des-Prés a embrassé le jazz.
40:33C'est fantastique,
40:34Miles Davis avec la comédienne...
40:38Juliette Gréco.
40:39Juliette Gréco qui...
40:40C'était fantastique ça.
40:42Alors, vous avez repris la tradition,
40:44mais il y a aussi des lignes mélodiques
40:45très particulières,
40:46pop, des percussions urbaines,
40:48c'est un mélange de musiques.
40:49Oui, on perd de vue
40:53les mélodies de la salsa viennent d'Europe.
40:56Les mélodies viennent de l'Europe,
40:58viennent d'Espagne,
40:59ce sont les lignes mélodiques
41:00qui sont méditerranéennes et européennes,
41:02les tambours et l'Afrique
41:04et donc le mysticisme amérindien.
41:06Tout ça c'est la salsa, oui.
41:08Donc on mélange tout pour refaire des rythmes d'aujourd'hui.
41:10Oui, exactement.
41:11Parce qu'il faut que les lisants aillent d'aujourd'hui
41:13et écoutent ça.
41:14Oui.
41:15Alors, dans cet album il y a plusieurs chansons
41:17et on va écouter un autre extrait,
41:19Tu Yo Yo.
41:23
41:44Alors, ça aussi cette chanson elle est née
41:46à partir de cette nuit,
41:48vous êtes entrée chez vous.
41:49Qu'est-ce que c'est cette chanson ?
41:51C'est le dernier dialogue que l'on a avec la personne avec qui on ne s'entend plus.
41:57Quand on commence à se dire, oui mais toi, toi fais ça, moi ça, toi, moi...
42:02C'est le dernier dialogue d'un couple.
42:05Et ça n'empêche pas de danser dessus même si c'est vraiment difficile.
42:08Exactement. C'est ça l'Afrique, c'est ça la merveille de la salsa et de ce brassage.
42:14Tu trouves qu'il y a toujours un message qui passe dans vos chansons
42:18et ce message est souvent francophile, Yuri Buonaventura.
42:22Oui, je ne peux pas encore écrire en français les chansons parce que j'ai essayé quelques titres.
42:28Et alors ?
42:29Oui, mais oui, ça reste ce que c'est, ça a le mérite d'être.
42:34Mais par contre, mon drapeau est accompagné des valeurs républicaines de la France.
42:41Mon drapeau musical, mon monde musical, ma patrie musicale, mon univers musical.
42:48Portent en elles-mêmes tout ce qu'il y a pris en France par rapport aux droits des hommes,
42:52les droits d'auteur, les valeurs républicaines et la lumière.
42:57Et je porte ça en moi et je les défends aussi.
43:00Vous les défendez dans le monde entier justement.
43:02Et il y a aussi vos rencontres d'artistes, car le fait de rencontrer des artistes d'autres pays,
43:08je pense à Césaria Evora, Kouskourika, Alpha Blondie.
43:13Ah oui, j'ai l'honneur d'y connaître Alpha Blondie, Anjou Sondour,
43:20j'ai connu Paco de Luzia, Émile Kouskourika, Goran Bergovic, César Evora,
43:24tous ces grands musiciens qui font la diversité de la planète.
43:29Manu Di Bango aussi, Rachida, tous ces musiciens.
43:34Et vous avez fait la synthèse, parce que chacun fait ça dans son coin,
43:37mais j'ai l'impression que dans tout ce que vous faites, il y a une synthèse de toutes ces musiques, Yuri Buonaventura.
43:41L'exemplarité des hommes, Salif Keïta, sa manière d'approcher l'art,
43:49Yuri Buonaventura, sa manière d'approcher l'art, Anjou Sondour, son engagement aussi avec l'Afrique.
43:53Tous ces hommes, Césaria Evora, la diva aux pieds nus,
43:57c'est des hommes qui ont respecté leurs racines, leur humanisme, et ils l'ont voulu partager.
44:05Et c'est un message dont on a plus que jamais besoin aujourd'hui ?
44:08Je crois que le monde réel est le monde d'un boucheron, le monde d'un pêcheur, le monde d'un travailleur.
44:17Je crois que le monde digital est un outil, mais il n'est pas la réalité.
44:24La guerre qu'on vit aujourd'hui, elle est réelle, ce conflit est réel.
44:28Ce n'est pas avec des likes, ou avec des « si on suit, on suit pas ».
44:34On a des positions et des grands philosophes qui sont sur Instagram,
44:38et je crois qu'il faut faire très attention à ça, parce que la réalité géopolitique est une autre.
44:46Les besoins de la planète, les escalades de violences nous amènent par une porte
44:50que peut-être on ne veut pas y aller, et la jeunesse ne connaît pas ça.
44:53Voilà, et il y a l'intelligence artificielle aussi qui arrive.
44:56Ça c'est un problème.
44:57Très intéressant outil, mais il faut faire très attention parce qu'elle ne peut pas être plus intelligente que nous.
45:03Oui, d'ailleurs il y a eu un match aujourd'hui, un concours de philosophie
45:06entre un élève de philosophie et l'intelligence artificielle, noté vraiment,
45:12et la copie a été corrigée 20 sur 20 pour l'élève, et 11 sur 20 pour l'intelligence artificielle.
45:18Donc elle a été largement battue, ce qui est quand même une bonne nouvelle.
45:21Et à chaque fois ce message vous le portez à travers le monde.
45:24Oui, c'est l'idée.
45:26C'est-à-dire que ce disque est sorti en France, mais va sortir dans d'autres pays.
45:29Oui, je pars à New York demain.
45:31Voilà, et dans cet album, il y a un autre titre qui s'appelle « Para Siempre ».
46:02Vous n'avez pas lésiné sur les instruments de musique qui vous accompagnent ?
46:05Il y a beaucoup d'instruments de musique, il y a des trompettes, il y a beaucoup de choses.
46:09Oui, trompettes, trombones, saxophones, il y a de la percussion, des congas, des timbales,
46:16des guiros, des maracas, des bongos, des cloches, piano, contrabasses, oui.
46:21Et ça, ça ne peut être que vrai ? Il ne peut pas être question de faire appel à des machines ?
46:25Non.
46:26Voilà, et ça vous y tenez ? C'est une question de budget, c'est quoi qui l'arrive ?
46:29J'y tiens, oui. C'est pour ça que je n'ai pas beaucoup d'argent.
46:33Il vaut mieux investir comme ça.
46:34Qu'est-ce que c'est « Para Siempre » ? Pourquoi cette chanson ?
46:37Parce qu'on doit être fidèle.
46:39C'est-à-dire ?
46:40Oui.
46:40Toujours en amour.
46:41C'est dédié à la loyauté, à la fidélité, aux promesses, à ce qu'on s'engage à dire et à faire.
46:50Ce que vous avez toujours fait.
46:51C'est ce que j'essaie.
46:52Mais vous avez appris ça au fil des années, à être fidèle, à défendre ses idées.
46:56C'est venu ?
46:57On se rend compte, avec le temps, qu'on a été fidèles.
47:01On se rend compte.
47:02On aime quelque chose.
47:03J'aime la musique.
47:05Même avec toutes les tempêtes, pendant la COVID, il y a toujours eu des idées pour aider les musiciens en Colombie.
47:17J'ai trouvé des idées.
47:19J'ai créé une fondation.
47:20J'ai travaillé pour...
47:23Je travaille pour produire des artistes émergents.
47:26On a 120 artistes en Colombie.
47:29Et c'est là, après, avec le temps, qu'on se rend compte qu'on a été fidèles à ça.
47:33Et la transmission est importante pour vous.
47:35Oui.
47:36Évidemment, bien évidemment.
47:38Sans la transmission, on n'existerait pas.
47:40C'est-à-dire ?
47:41On n'existerait pas si quelqu'un ne nous avait pas versé, si quelqu'un ne nous avait pas appris la langue ou a marché.
47:48On n'existerait pas sans la passation d'informations.
47:51Ça serait le néant.
47:52Et l'information qui passe, elle est importante parce que c'est selon l'information qui passe que l'avenir y est.
47:58En même temps, aujourd'hui, tout va si vite qu'on a du mal à faire cette transmission.
48:02Oui, non, mais l'être humain, il est merveilleux.
48:04Voilà.
48:05En tout cas, ce qui est merveilleux, c'est votre parcours et votre envie et votre défense de la musique.
48:10Yorei Buenaventura, ne changez jamais.
48:12Continuez dans cette voie avec cet album et les suivants.
48:14Et dans le monde entier, pour notre bonheur et pour l'avenir.
48:17Merci, Jacques.
48:18Merci beaucoup.
48:19Ce nouvel album est à disposition.
48:21Puis, on vous reverra en France pour des concerts, peut-être.
48:23Oui, le 8 avril à la salle Playel à Paris.
48:26Je vous invite.
48:26Merci, on y sera.
48:28Merci, Yorei Buenaventura.
48:29Et les Clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
48:31On se retrouve bientôt.
48:32Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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