Jacques Pessis reçoit Grégoire Colard. Son 51ème film, « Finalement ! » sort demain au cinéma. Les confidences d’un éternel jeune homme qui vient de fêter ses 87 printemps.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-11-11##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Vous avez passé votre vie professionnelle dans les coulisses du monde de la chanson.
00:09Vous vous êtes fait tout petit au milieu des plus grands.
00:12Vous le racontez aujourd'hui dans un livre dont le sous-titre pourrait être une formule qui nous est chère.
00:16Parlons vrai.
00:17Bonjour Grégoire Collard.
00:19Bonjour Jacques Pessis.
00:20Alors Grégoire Collard, vous publiez ici Ma mémoire est bonne,
00:23vos éditions auteurs du monde au cœur du show business.
00:26Il faut savoir que vous avez, pendant toute votre vie professionnelle,
00:28été attaché de presse à un métier qu'on connaît peu en même temps.
00:31Pas uniquement mais surtout.
00:32Surtout. Donc vous le racontez, vous avez côtoyé des stars.
00:35Oui.
00:36Et c'est pour ça aussi que je vous l'invite aujourd'hui parce qu'on va raconter une époque
00:40que les moins de 20 ans et même plus ne peuvent pas connaître
00:43qui est celle d'un show business de la joie
00:46avec quelques histoires croustillantes aussi que vous racontez dans ce livre.
00:49Et beaucoup de travail.
00:50Et beaucoup de travail, naturellement.
00:51Mais on va en parler justement.
00:53Et ce travail, on va le faire à partir des dates clés de votre parcours.
00:56La première que j'ai trouvée, c'est le 28 mai 1970.
01:00C'est le jour de la sortie de cette chanson.
01:03Quand soudain, semblant crever le ciel,
01:08et venant de nulle part,
01:11surgit un nez de noir.
01:13Cette chanson et son succès vous doivent beaucoup rire colère.
01:16Barbara, on a parlé toute sa vie dans ses mémoires et tout ça
01:19parce que j'avais monté à 20 ans une société de promotion pour les discothèques.
01:26Ça n'existait pas, la promotion club.
01:28Et donc, j'avais eu l'idée d'aller voir des maisons de disques
01:34et de leur dire, voilà, j'aimerais que vous me donniez
01:37un certain nombre de 45 tours de tel ou tel chanteur, tout ça.
01:42Et j'irai faire toutes les discothèques, en tout cas du bord de la mer,
01:46du nord de la France et jusqu'à la Méditerranée et tout ça.
01:50Alors, ils ont dit, ah bon, mais vous allez dans les discothèques,
01:53vous allez danser, vous allez boire.
01:55Non, non, non, pas du tout.
01:56J'aimerais avoir l'avis des DJ, comme on disait déjà,
02:00des disquaires dans les boîtes de nuit, dans les discothèques,
02:04soit pour les clubs, soit pour les chansons lentes,
02:08soit des chansons rapides et tout ça.
02:10Alors, donc, ah bon, on va voir.
02:12Ils étaient un peu méfiants.
02:13Et il était question que je demande à chaque disc jockey son avis
02:20sur telle ou telle chanson, tel ou tel artiste, tel ou tel rythme.
02:24Bien, donc je fais mon travail et tout ça.
02:27C'est pas facile parce que les DJ sont pas habitués à ce genre de choses au départ.
02:31Oui, ça n'existait pas.
02:33Ils pensent que vous êtes venu boire un verre gratuit.
02:35Ah oui, oui, vous voulez un whisky, vous voulez...
02:37Non, mais non, j'avais 20 discothèques à faire par nuit au nord de la France,
02:43en Vendée, sur la côte d'Azur.
02:47Et donc, il n'est pas question de boire un verre whisky dans la nuit.
02:51Mais en recevant une facture, disaient les DJ.
02:53Non, non, non, je voudrais votre avis, je vous donne un papier, vous l'écoutez
02:57et vous me le renvoyez en disant on aime, on n'aime pas, on va le passer à tel rythme et tout ça.
03:01C'était nouveau, ça n'existait pas.
03:03Et il n'y avait pas internet pour répondre, donc il fallait le courage, le temps d'écrire.
03:06Absolument.
03:07Ou me téléphoner aussi, bien sûr.
03:09Sur un fixe.
03:11Et puis, et donc je choisis les titres dans telle ou telle maison de disques.
03:15Et donc Barbara, l'Aigle Noir, je trouve ça magnifique, quelle belle chanson et tout ça.
03:20Et je vais, je fais les clubs.
03:22Et puis, ça plaît beaucoup.
03:24Les DJ ont répondu, donc je n'ai pas bu, je n'ai rien fait de mal.
03:29Et ils m'ont répondu que c'était Ersandinex,
03:32ils allaient le passer dans leur série de disques lents, dans les slow.
03:38Bon, et il y a eu tellement de réponses positives que la maison de disques a dit
03:42mais ça alors, Barbara qui est pratiquement inconnue en France,
03:46elle passe dans des petits cabarets à Paris pour 25, 50 personnes.
03:50Elle n'a jamais eu le moindre succès.
03:52Et même si on savait déjà que c'était quelqu'un d'extraordinaire.
03:57Et puis voilà.
03:58Et ils ont dit, bon ben on va le lancer à fond.
04:00Sauf que Barbara, un jour je la rencontre dans la maison de disques.
04:04Elle me dit, c'est vous Grégoire Collard et tout ça, oui.
04:08Mais comment se fait-il que vous ayez réussi à faire danser des gens,
04:13des jeunes gens sur cette chanson.
04:16Qu'ils se regardent, qu'ils s'apprécient, qu'ils s'embrassent et autres.
04:22Je dis, parce que la chanson est très belle.
04:24Non mais Grégoire, le texte.
04:26Quoi le texte ?
04:27Ben l'aigle noir qu'ils font sur une victime.
04:32Je dis, ah bon ?
04:34Mais c'est un inceste Grégoire.
04:37C'est l'histoire de mon père et moi.
04:40Et là dans ma tête je me suis dit,
04:42mais si j'avais su ça, jamais j'aurais proposé une chanson incestueuse
04:46dans les boîtes de nuit et tout ça.
04:49Et c'est là que la maison de disques a dit,
04:51bon ben alors on y va à fond.
04:53Et là c'était la folie.
04:54Et Barbara, à chaque fois que je la rencontre après,
04:57dans ses tours de chant, ses concerts à Paris ou ailleurs,
05:00elle en a toujours parlé dans sa mémoire.
05:03C'est parce que j'étais idiot que ça a marché.
05:07Il y a Francis Blanche dans son émission de radio
05:10qui se moquait de Barbara et de l'aigle noir,
05:12qui le passait toutes les semaines, le dimanche matin,
05:14sur Europe n°1 en disant n'importe quoi.
05:16Et ça a aussi aidé, mais il n'avait pas compris lui non plus,
05:19la réalité de la chanson.
05:20Ah, il n'a pas compris non plus ?
05:21Non, non.
05:22Ça vous êtes sûr ?
05:23Ah oui.
05:24Alors, votre vocation c'était pas de travailler dans les coulisses au départ,
05:27Grégoire Collard, mais d'être sous les projecteurs.
05:30Vous étiez un fan de Salvador Dali et de la pub du chocolat à l'envin.
05:33Ah oui, le monsieur, j'adore le chocolat à l'envin.
05:37Il était phénoménal quand même.
05:39Salvador Dali, ses moustaches, son personnage,
05:42il était drôle, ça m'amusait.
05:44Et j'adorais le chocolat, donc ça allait très bien.
05:46Il se trouve que moi je l'ai rencontré un jour,
05:48on l'a vu à l'hôtel Murice,
05:49et arrive Fernando Arrabal avec six filles en panne et en chaînés
05:54en disant c'est un petit cadeau, c'est des esclaves.
05:56C'était pour rire, mais on ne peut pas imaginer ça aujourd'hui.
05:59C'était un cadeau pour vous ?
06:00Non, c'était pour Dali.
06:02Et Dali l'a remercié.
06:03Mais c'était un côté surréaliste qu'on ne peut pas imaginer aujourd'hui.
06:06Il était improbable, oui.
06:08Votre métier au départ, c'était l'envie de faire du journalisme,
06:12et je crois qu'à cinq ans vous vous êtes auto-interviewé
06:15comme si vous étiez Alain Delon ou Grégoire Cahal.
06:18Oui, c'était un peu mon idole, il m'aime beaucoup,
06:21et donc c'était incroyable l'impact qu'il avait déjà physiquement,
06:28et puis aussi quand il parlait, et puis ses films.
06:32Et je trouvais ça incroyable d'avoir une telle carrière.
06:36Sauf qu'un jour, quelques années après, j'ai lu une interview de lui,
06:40où il disait que la célébrité c'est un enfer, c'est une prison.
06:44Je ne peux pas sortir de chez moi sans qu'il y ait des gens qui m'attendent,
06:47ou des photographes.
06:49Si je lève un verre, on dit que je bois.
06:52Enfin voilà, un verre d'eau en plus.
06:54Et j'ai dit, dans ma tête je me suis dit,
06:58je veux bien être célèbre, mais je ne veux pas être en prison.
07:01Donc ça m'a perturbé dans mes envies de devenir un star.
07:06Il se trouve que cet article a été paru dans Cinémonde,
07:09qui est un journal qui est né au moment du cinéma parlant.
07:12C'est le premier journal de cinéma quand le cinéma parlant est né.
07:15Vous me la prenez ça.
07:17Il a été dirigé par Maurice Bessy, et les signatures étaient célèbres.
07:20Il y avait Pierre-Marc Orland, Bless Sandra, Joseph Kessel,
07:23et Marcel Carné, pour qui vous avez tourné dans un film.
07:26En tout cas, sinon les autres, ce sont deux auteurs extraordinaires.
07:29Oui, Marcel Carné, j'ai été figurant.
07:31Alors j'ai essayé plein de choses quand même.
07:34J'ai voulu chanter, j'avais une brosse à cheveux dans ma chambre,
07:37j'ai commencé à chanter.
07:39Mes parents m'ont dit, les voix ça se plaît, il faut actualiser ça.
07:42J'ai pris un cours de guitare, on m'a acheté une guitare.
07:45J'ai trouvé ça épouvantablement difficile de mettre ses doigts sur le manche.
07:49Enfin j'ai essayé plein de choses.
07:52Et puis j'ai fait de la danse classique aussi.
07:56Enfin j'ai fait plein de choses.
07:58Mais c'était pour mon plaisir.
08:00Parce que j'avais déjà donc compris que la célébrité pouvait être dangereuse.
08:04Et je me suis dit, comment je peux être dans ce métier,
08:07en en profitant, en travaillant ?
08:09Eh bien, il faut que je travaille pour les autres.
08:12Il faut que je sois dans l'ombre de la lumière des autres.
08:15Ça on va en parler, mais surtout Marcel Carné,
08:17vous avez été figurant dans un de ses films,
08:19son avant-dernier film, Les Jeunes Loups.
08:21Les Jeunes Loups, oui.
08:23C'était un petit rôle de figurant.
08:25Ah oui, figurant, j'ai pas dit un mot, alors il n'y a pas de danger.
08:28Et il y a quelqu'un d'autre qui a été figurant dans ce film,
08:30il n'est même pas crédité, c'est Robert De Niro.
08:32Ah bon ?
08:33Qui débutait et qui est dans ce film.
08:34Ah, vous me la prenez.
08:35Pour quelques images.
08:36Il arrivait en France, il était là, il ne savait pas quoi faire.
08:38En tout cas, il n'était pas là quand moi j'étais sur le plateau.
08:41Oui, et il y avait aussi Elisabeth Tessier,
08:43qui débutait comme comédienne, qui est dans ce film.
08:45C'est fou, vous en savez des choses.
08:47Vous avez tourné aussi avec Vittorio Zicca.
08:49Oui.
08:50Dans un film qui s'appelait Le Nouveau Monde.
08:52Le Nouveau Monde.
08:54Mais ça n'a pas été plus loin.
08:56Le cinéma, non.
08:58Il y a eu les romans photos, ça vous a tenté ?
09:00Oui, alors ça, ça m'a beaucoup amusé.
09:03Les romans photos, il y avait des magasins à l'époque,
09:06où au milieu des publicités et tout ça,
09:09il y avait des photos qui racontaient une histoire en noir et blanc,
09:13avec des gestes arrêtés.
09:15Oh, oui, non, pourquoi pas ?
09:17Enfin, des choses comme ça.
09:19Donc, ce n'était pas difficile à faire,
09:21mais ça m'a beaucoup plu, ça, par contre.
09:23Là, je n'avais pas à parler, j'avais juste à prendre.
09:26Vous croyez ?
09:27Et l'inventeur, c'était Ciro Del Duca,
09:29qui avait créé ça en Italie.
09:31En Italie, c'était la folie en Italie.
09:33Il l'a importé en France, dans Télépoches naissants,
09:35et toutes les vedettes de la télévision de l'époque
09:37ont fait un roman photo.
09:39Et en France, c'est venu aussi après.
09:41Il y a plein de stars, même France Gall,
09:43on avait fait un pour je ne sais pas quel magazine à un moment.
09:46Oui, beaucoup en ont fait.
09:47Et puis, il y a eu une pub que vous avez tenté de faire.
09:49Vous avez passé une audition très, très chic, Grégoire Collard.
09:52Vous étiez bien habillé.
09:54Ah oui, oui, oui.
09:56J'avais compris, j'avais lu qu'il y avait des agences
09:59de mannequins enfants.
10:01Donc, évidemment, je me suis présenté.
10:02Oui, oui, pourquoi pas, et tout ça.
10:04Ils ont fait des photos, dès le premier jour,
10:07comme un portrait.
10:09Et puis, un jour, je suis convoqué.
10:11Ils m'ont dit, venez demain.
10:12Et puis, surtout, vous venez.
10:14Alors là, j'étais pas sale, sur moi.
10:16Mais ils me disent, il faut vous récurer à fond.
10:19Les cheveux, la peau, les pieds, tout.
10:21Alors, je me suis lavé comme jamais de ma vie.
10:24Et je vais au rendez-vous.
10:27On fait monter sur un tabouret.
10:29Et puis, on me dit, bon, vous n'allez pas enfiler ce short là.
10:36Il faut qu'on voit un peu vos jambes.
10:38Bon, très bien, elles étaient propres.
10:39Et puis, et voilà.
10:41Et le photographe arrive.
10:43Il ne photographie que des chaussures qu'ils m'ont fait essayer.
10:47Chaussures en cuir très belles.
10:49On n'a jamais vu ni mon mollet, ni mon visage, ni mes cheveux.
10:53J'étais propre pour rien.
10:55Et ça, ça m'agacait profondément.
10:56Je me suis dit, mais pourquoi ils disent pas les choses ?
10:59Alors, vous, vous dites les choses.
11:00En particulier, vous avouez que l'idole de votre enfance dans la musique, c'était elle.
11:10Ella Fitzgerald.
11:11Ella Fitzgerald.
11:12Elle a été la première femme noire américaine à recevoir un Grammy Award en 1958.
11:18Et à l'école, on se moquait de vous parce que vous aimiez Ella Fitzgerald.
11:21C'est assez particulier.
11:22Oui, c'est parce qu'un jour, là, j'étais au lycée.
11:24J'avais, je sais pas, 10, 12 ans.
11:26Et un des professeurs dit, la semaine prochaine, j'amènerai un électrophone.
11:34Je ne sais pas comment on disait.
11:35Un tourne-disque.
11:36Et chacun de vous, chaque élève apportera son disque préféré.
11:41Alors, moi, j'écoutais ça chez moi, Ella Fitzgerald.
11:43Et je connaissais quelques paroles, même de Ray Charles, de Heathrow, Jack et tout ça.
11:48Bon, bref.
11:49Et donc, évidemment, on le passe dans la classe.
11:53Mais elle chantait avec des onomatopées.
11:58Et les autres élèves, ils mordent rien, n'avaient jamais entendu ça.
12:01C'est quoi tout ça ?
12:03Et le professeur n'était pas content.
12:06Ce garçon, en parlant de moi, il est remarquable.
12:09Parce que c'est original.
12:11Mais c'est n'importe quoi tout ça.
12:12Et j'ai eu un 20.
12:14Voilà.
12:15Vous avez eu ensuite d'autres choses, d'autres bonnes notes, mais musicales.
12:18On va les évoquer à travers une autre date, le 31 décembre 1975.
12:23A tout de suite sur Sud Radio avec Grégoire Collard.
12:26Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
12:29Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité Grégoire Collard.
12:33Vous avez été, entre autres, attaché de presse.
12:35Et vous publiez vos souvenirs, si ma mémoire est bonne, au cœur du show business.
12:39Chez Auteurs du Monde.
12:41On évoque votre parcours, qui a commencé au lycée par la passion de la chanson.
12:46Et le 31 décembre 1975, il y a un événement, un fait divers qui se produit.
12:50Et vous êtes indirectement lié, puisqu'on enlève le PDG de Fronogramme, Louis Hazan.
12:55Qui est enlevé dans son bureau pendant une réunion et embarqué pendant six jours.
13:00C'est une histoire de fou.
13:01C'était incroyable.
13:03Donc je travaillais, j'avais été engagé chez Philips à la suite du succès de Barbara.
13:08Ils m'avaient engagé dans leur service de promotion.
13:11Donc tout va bien et tout ça.
13:13Et puis, il se trouvait qu'à l'époque, certains programmateurs d'émissions de télévision
13:21essayaient d'obtenir de moi, attaché de presse, mais des autres attachés de presse,
13:26de quoi déjeuner, de quoi leur acheter un maillot de bain pour leurs prochaines vacances,
13:31enfin des cadeaux.
13:32Et moi, ça c'était pas mon truc.
13:34J'ai dit non.
13:35Soit je parle bien de mes artistes et ils les engagent parce que c'est bien.
13:40Mais si je dois offrir des t-shirts, des foulards, un déjeuner, enfin tout ce qu'on veut.
13:44Donc j'avais dit au PDG, j'avais dit, moi je suis pas d'accord.
13:49Et il a poussé un soupir de soulagement en disant, ah oui, ça serait bien que ça s'arrête,
13:53ça, ces choses-là.
13:54Et puis, il se trouve qu'un jour, j'étais justement dans une radio,
14:00donc il m'a félicité, le PDG.
14:02Et j'apprends, dans cette radio, que mon PDG a été kidnappé.
14:09En pleine réunion ?
14:10En pleine réunion, avec un sac en jute et tout ça.
14:13Et puis, il a disparu et tout ça.
14:16Et alors, la radio, tout le monde veut.
14:19C'était repeint à l'époque.
14:21Donc, ils me disent, mais qu'est-ce qui se passe ?
14:25Mais j'en sais rien.
14:26J'étais pas là, chez Philips, ce matin.
14:29Il a été enlevé, je sais rien d'autre et tout ça.
14:32Mais inquiétude.
14:33Et puis, il a été enlevé par un directeur commercial
14:39qui me reprochait de faire des histoires d'argent,
14:44justement avec les radios ou les télévisions,
14:47et peut-être de toucher de l'argent moi-même.
14:50Et c'était lui l'escroc.
14:52C'est fou, hein ?
14:53Et en fait, il a été retrouvé au bout de six jours
14:55après une enquête de Claude Cancès, le commissaire.
14:58On l'a retrouvé dans une maison à Garches.
15:00Ils avaient construit un mur, il était sur un matelas derrière.
15:03Et il y avait des petits malfrats qui avaient fait le geste.
15:06Et votre directeur commercial était complice,
15:08était la taupe qui avait fait entrer ces malfrats chez Philips.
15:11C'est ça, oui.
15:12C'est lui qui avait organisé.
15:14Alors, à l'époque, il faut savoir que les maisons de disques
15:16n'avaient rien à voir avec aujourd'hui Grégoire Collard.
15:18C'était une petite famille.
15:20Ah oui, tout à fait.
15:21Tout à fait.
15:22Une famille avec ce qu'il peut y avoir dans une famille,
15:25c'est-à-dire des gens plutôt sympathiques,
15:27puis d'autres moins sympathiques, bien entendu.
15:29Des jalousies, des racontards et tout ça.
15:32Mais enfin, c'est un peu dans toutes les entreprises, j'imagine.
15:34Mais oui, pour moi, c'était une famille,
15:37parce que ce fameux PDG, Louis Hazan,
15:39était un homme charmant et tout ça.
15:41On me disait,
15:42mais comment vous voulez voir le PDG ce matin ?
15:46Non.
15:47J'y allais.
15:48Je frappais.
15:49Oui, Grégoire, et tout ça.
15:50J'étais le seul.
15:51Ce n'est pas grave,
15:52ce n'est pas un président de la République non plus.
15:54Et donc, ça se passait très bien.
15:56Et puis, je sentais qu'il avait confiance en moi.
15:59Alors, c'est la première fois
16:01qu'enfin, dans tous les petits métiers
16:03que j'aurais voulu faire comme danseur, guitariste et tout ça,
16:06enfin, quelqu'un trouvait que je pouvais rester là
16:09et revenir le lendemain.
16:10Oui, et quand on voit aujourd'hui l'ambiance des maisons de disques
16:12où il y a des chefs de produits
16:14qui parlent chiffres et pas musique.
16:16Ça, c'est sûr.
16:17Je me souviens de Sheila qui m'a raconté
16:19qu'elle avait conservé son livre d'or en 1964
16:22offert pour Noël par sa maison de disques
16:24et il y avait les démos du PDG
16:26jusqu'à la standardiste.
16:28C'était une petite famille.
16:30C'était encore un artisanat le disque à cette époque-là.
16:34On peut dire ça comme ça,
16:36mais je ne suis pas tout à fait d'accord non plus
16:38parce que quand même,
16:39moi, c'était Philips, Phonogram,
16:42c'était sérieux quand même,
16:44au niveau des écoutes,
16:46au niveau du travail en studio.
16:48Mais ça n'empêche que c'était des gens
16:50qui travaillaient entre eux
16:52sans se poser des questions de chiffre d'affaires
16:54à la fin de l'année.
16:55Pas toujours, en tout cas.
16:56Oui, enfin, moi, on ne m'en parlait pas
16:58de chiffre d'affaires.
16:59Le PDG ne me parlait pas d'argent.
17:01Mon salaire, c'était déjà compliqué,
17:03alors parler d'autre chose, non.
17:05Il se trouve que vous avez été engagé
17:07par quelqu'un qui est devenu ensuite
17:09célèbre niçois, notamment en parlant des chats,
17:11qui était Louis Nussera.
17:13Qui a son propre musée
17:15à son nom,
17:17donc, à Nice.
17:19Exactement.
17:21Il m'a amusé parce que...
17:23Ah, bonjour, vous avez été engagé,
17:25très bien, comme interchef de presse chez nous, très bien.
17:27Je voudrais vous dire quelque chose,
17:29c'est que moi,
17:31je n'ai absolument pas envie de vous parler
17:33du tout.
17:35Je dis, ah bon, pourquoi ?
17:37J'écris, je suis écrivain, j'écris de 4h du matin
17:39à 8h du matin, et après,
17:41ma journée est finie.
17:43Alors après, vous travaillez,
17:45vous, dans la maison,
17:47mais je ne suis pas forcément à votre écoute.
17:49C'est incroyable.
17:51Il était sincère, mais en même temps, il travaillait très bien.
17:53Et parmi ses meilleurs amis,
17:55il y avait non pas un niçois, mais un Cétois célèbre.
17:57C'est à travers
17:59de larges grilles que les femelles
18:01du canton contemplaient un puissant
18:03gorille, sans souci du candidaton.
18:05Son premier 25 cm
18:07chez Philips, d'ailleurs, avait garant gorille
18:09qui n'a pas été interdit, mais déconseillé
18:11à la radio en 55,
18:13sur les chaînes nationales, ce qui ne l'a pas empêché de faire un immense succès.
18:15De toute façon, c'était quelqu'un
18:17d'abord, il était communiste,
18:19ce qui n'était pas forcément bien vu dans cette France
18:21qui commençait à démarrer.
18:23Et Jean-François Sainz,
18:25il était amusant dans la mesure où
18:27bon, il était communiste
18:29et tout ça, donc il s'habillait
18:31simplement, avec des chemises pour l'eau,
18:33trois boutons et tout ça.
18:35Sauf qu'ils étaient en Cachemire.
18:37Donc c'était un communiste chic.
18:39Et puis un jour, il me dit, vous avez vu Grégoire,
18:41la moquette a changé
18:43chez Philips.
18:45J'en avais rien à faire de la moquette.
18:47Il me dit, c'est moi qui l'ai payé.
18:49Il parlait d'argent.
18:51Alors qu'il était communiste, ça m'amusait beaucoup.
18:53Oui, mais il avait beaucoup d'humour.
18:55Et vous avez réussi une performance,
18:57c'est de le convaincre de passer dans une émission de
18:59Guilux à la télévision.
19:01Un communiste chez Guilux, un chanteur communiste,
19:03qui sert la soupe
19:05aux publicités,
19:07à tout ça,
19:09toutes ces choses commerciales,
19:11c'était pas son truc, ça je le savais.
19:13Et puis Guilux, un jour sur son plateau,
19:15me dit, Grégoire,
19:17j'aimerais beaucoup recevoir, grâce à vous,
19:19Georges Brassens, qui n'est jamais venu,
19:21chez nous, chez moi,
19:23sur mon plateau,
19:25comment faire ?
19:27J'aimerais lui consacrer ce qu'on appelle un coup de chapeau.
19:29C'est-à-dire 4 titres dans la même émission.
19:31Et je me dis, oh là là,
19:33dans ma tête, ça va être compliqué, ça, Georges Brassens,
19:354 titres. Et j'ai une idée.
19:37Je dis, pourquoi pas,
19:39monsieur Guilux,
19:41je ne disais pas monsieur, mais on me disait Guy,
19:43évidemment. Guy,
19:45j'aimerais que vous me preniez 4 jeunes
19:47chanteurs, en balance.
19:49Il me dit, 4
19:51chanteurs, jeunes chanteurs
19:53inconnus dans la même émission. Je dis, non, non.
19:55Un par semaine,
19:57donc, 4 en tout,
19:59et puis Georges Brassens viendra.
20:01Il m'a dit, oui,
20:03Guilux, mais il fallait arriver à convaincre Georges Brassens.
20:05Je lui ai raconté ça,
20:07il m'a dit, je vous félicite,
20:09et j'irai.
20:11Il parlait doucement, comme ça,
20:13avec ces mots-là, j'aimais la sourire, comme ça.
20:15Et il aimait les jeunes, il les défendait.
20:17Et puis, quelqu'un d'autre que vous avez connu, bien avant
20:19qu'ils deviennent célèbres, c'était Jacqui,
20:21du club Dorothée. Alors Jacqui,
20:23je suis toujours ami avec lui, il est toujours aussi
20:25drôle, amusant,
20:27et inattendu,
20:29aussi bien quand il est à la télévision que dans la vie.
20:31C'est quelqu'un qui aime la musique,
20:33et tout ça. Et puis, on était engagés
20:35le même jour, par hasard, chez Philips.
20:37Et puis,
20:39au bout du deuxième jour, il y avait une
20:41grande table, blanche,
20:43un peu comme celle-ci,
20:45et il montait sur la table, à 10h du matin,
20:47l'heure de notre arrivée,
20:49chaque matin. Et il racontait
20:51une blague, ou deux blagues,
20:53comme ça. Mais, c'était
20:55tordant de rire, original,
20:57et tout ça. Et puis, un jour,
20:59j'ai dit, mais c'est incroyable, ce que
21:01tu écris. Il me dit, non, non, non, c'est pas moi,
21:03c'est un ami à moi, c'est un inconnu, il passe
21:05à Montparnasse, là, il faudrait que tu ailles le voir,
21:07et il s'appelle Coluche.
21:09Et tous les matins, il faisait un
21:11sketch de Coluche, que lui, il n'avait pas écrit,
21:13évidemment. Et c'est comme ça que j'ai
21:15découvert Coluche, et
21:17qu'il venait de temps en temps,
21:19voir Jacqui, d'ailleurs,
21:21et il était vraiment pas,
21:23presque pas connu. Donc, il passait
21:25inaperçu, quand il était dans la rue.
21:27Et puis, après, je l'ai vu toute ma vie,
21:29Coluche, puisque Michel Berger,
21:31France Gall, et tous les autres le fréquentaient
21:33aller chez lui, et tout ça.
21:35Justement, et France Gall, Michel Berger, ont beaucoup
21:37compté dans votre vie, et on va l'évoquer
21:39à travers une autre date, le 16 octobre
21:411978.
21:43A tout de suite, sur Sud Radio, avec
21:45Grégoire Collard.
21:51Grégoire Collard, attaché de presse
21:53journaliste dans le passé, écrivain
21:55aujourd'hui, avec ce livre,
21:57Si ma mémoire est bonne, au cœur du show business,
21:59auteur du monde. On l'évoque en fil rouge
22:01dans cette émission des Clés d'une vie,
22:03puisque les anecdotes qu'on raconte
22:05sont dans ce livre. On a évoqué
22:07vos débuts dans le monde du spectacle
22:09avec Phonogramme et Philips.
22:11Et puis, il y a une date importante dans votre vie,
22:13c'est le 16 octobre
22:151978,
22:17la sortie de cet album,
22:19de ce double album.
22:29Starmania,
22:31avec Balavoine, que vous avez
22:33assisté à la rencontre,
22:35Michel Berger et Daniel Balavoine, Grégoire Collard.
22:37C'est même encore avant,
22:39j'étais devant ma télévision,
22:41et je le vois chanter une certaine chanson
22:43à la télévision, ce Balavoine,
22:45archi inconnu. Et je suis frappé
22:47par sa voix et tout ça. J'en parle
22:49à France Gall,
22:51parce que je travaillais déjà avec France Gall
22:53et Michel Berger, qui cherchaient
22:55des chanteurs et des acteurs
22:57pour le futur Starmania.
22:59Et France regarde aussi à la télévision,
23:01elle fait des recherches,
23:03et elle me dit que c'est extraordinaire. Elle en parle
23:05à Michel Berger, qui me demande mon avis,
23:07et je lui dis qu'il faut
23:09absolument lui faire passer
23:11une audition pour être
23:13un rôle principal
23:15dans Starmania.
23:17Et donc il est convoqué,
23:19le Balavoine, il arrive,
23:21un peu dodu quand même,
23:23il jouait normalement
23:25un voyou qui ne mange pas sa faim,
23:27normalement, c'était ça son rôle
23:29à venir, et il était
23:31un peu dodu. Et puis
23:33les cheveux longs, ça allait pour un voyou,
23:35pas de problème.
23:37Et donc, il y avait
23:39Luc Plamondon aussi qui était là, moi j'étais là,
23:41Michel Berger et
23:43Franzia. Et donc,
23:45Michel fait 3-4 notes, tout ça,
23:47il lui montre un peu, et
23:49Balavoine fait la chanson
23:51comme s'il la connaissait depuis
23:53toujours. Il l'a adoptée
23:55immédiatement. Donc ça allait
23:57bien. Luc Plamondon
23:59était un peu récalcitrant parce que,
24:01franchement, il a redit, il faudrait peut-être
24:03maigrir un peu pour faire
24:05quelqu'un qui ne mange pas sa faim,
24:07c'est pas possible.
24:09Et puis, Balavoine
24:11dit, alors ça parle de quoi, votre
24:13futur comédie musicale ?
24:15Michel explique que c'est une bande de voyous
24:17qui envalisent, qui veulent
24:19kidnapper
24:21la fille d'un potentat
24:23dans une ville, contre Oranson, et tout ça.
24:25Et donc,
24:27c'est des gens qui ont faim,
24:29qui ont besoin de manger,
24:31donc, il a bien compris Balavoine,
24:33et Balavoine,
24:35on ne le savait pas, on l'a appris après,
24:37il ne voulait pas faire de comédie musicale.
24:39Et Michel lui dit,
24:41bon, je vais vous raconter de quoi il s'agit,
24:43c'est une bande de voyous qui fait un rap,
24:45et tout ça,
24:47et c'est un peu comme la bande
24:49Abadère.
24:51Et Balavoine, il fait, comment ça la bande Abadère ?
24:53Ah, vous ne connaissez pas ?
24:55Mais si ! Et il sort de sa poche
24:57de blouson, un livre de poche
24:59sur la bande Abadère, Balavoine.
25:01C'est comme ça que ça a commencé ?
25:03C'est comme ça que ça a commencé,
25:05d'une minute à l'autre.
25:07Balavoine avait fait deux bides d'albums,
25:09il avait dit, j'en sors un dernier,
25:11si ça n'en vend pas 30 000, j'arrête,
25:13c'était le chanteur, il en a vendu 150 000.
25:15C'est ça.
25:17Et c'est devenu, en même temps que Starmania,
25:19Balavoine a éclaté, a explosé.
25:21Oui, et c'est par sa présence
25:23que les financiers, bon, il y avait France Gall,
25:25forcément la femme du compositeur,
25:27Michel Berger, qui faisait partie du casting,
25:29mais,
25:31il n'y avait rien de décidé, et puis Balavoine,
25:33qui soudain explose au mois de septembre,
25:35donc, c'était,
25:37et c'était incroyable, quoi,
25:39que ça corresponde à l'actualité et tout ça.
25:41Et Balavoine,
25:43finalement, il ne voulait pas faire de comédie musicale,
25:45mais il a compris
25:47que c'était décisif pour lui,
25:49et les financiers,
25:51grâce à la présence de Balavoine, ont décidé
25:53de miser sur cette comédie musicale,
25:55qui était la première,
25:57de Michel Berger.
25:59Oui, c'était un opéra rock, personne n'y croyait,
26:01quand l'album est sorti, il y a beaucoup de gens qui ont dit,
26:03comme le spectacle pour les congrès,
26:05personne n'y a cru, et moi, je me souviens avoir vu
26:07le public venir de jour en jour,
26:09ce n'était pas évident au début, Grégoire Collard ?
26:11Personne n'y croyait.
26:13Personne n'y croyait. Alors, au départ, les financiers,
26:15mais bon, grâce à Balavoine et France Gall,
26:17bon, allez, on va mettre un peu d'argent,
26:19mais c'était récraque, quand même,
26:21ce n'était pas la folie, ce n'était pas des millions
26:23et des millions pour financer tout ça,
26:25tout était compté,
26:27mais,
26:29ça a pris,
26:31ça a commencé assez vite,
26:33t'es surpris, le premier soir, alors que les télévisions
26:35en disaient du mal,
26:37prédisaient un échec,
26:39comme vous venez de le dire,
26:41dès le premier soir, c'était complet,
26:43parce que c'était quand même très nouveau,
26:45et ça passait beaucoup en radio.
26:47Oui, et en même temps,
26:49on n'imaginait pas
26:51que Starmania deviendrait culte,
26:53quelques décennies plus tard.
26:55Ça a été joué dans plein de pays,
26:57aussi bien en Russie, en Chine,
26:59en Chine, c'était un peu compliqué
27:01pour Michel Berger, parce que les Chinois
27:03n'applaudissent pas pendant un concert,
27:05pas une seule fois, à la fin, oui,
27:07mais tout le spectacle se fait
27:09ensemble, sans insoupir,
27:11sans applaudissement, et Michel dit,
27:13non, on n'applaudit pas dans ce pays.
27:15Alors, il se trouve aussi que Michel Berger,
27:17c'était une complicité de plein d'années
27:19qui est née lorsque vous êtes allé le voir,
27:21et ça a été immédiat, un flash d'amitié,
27:23de complicité entre vous, Grégoire Collard.
27:25Oui,
27:27ça a été limite parce qu'il m'a convoqué,
27:29il m'a appelé,
27:31non, c'est pas ça, il est allé à RTL,
27:33où il a demandé
27:35un animateur,
27:37André Torrent, pour le citer,
27:39puisque c'est un ami,
27:41et ça ne marchait pas bien pour Michel Berger,
27:43pour ses propres 45 tours,
27:45et ses propres albums,
27:47et il a dit, est-ce que tu connaîtrais
27:49un attaché de presse, est-ce qu'il y en a un
27:51en France qui aime ce que je fais ?
27:53Et André lui a dit, ah oui, j'en connais un.
27:55Bon, il est snob,
27:57il est insupportable, il est autoritaire,
27:59et tout ça, et il aime le jazz.
28:01Michel,
28:03qui était fou d'Auré de Chaz, d'Ella Fitzgerald,
28:05il a fait une chanson, elle l'a, elle l'a d'ailleurs,
28:07plus tard, il a dit, je veux
28:09le rencontrer, et donc je suis allé chez
28:11Michel, et qu'il me dit,
28:13voilà, on se parle,
28:15et il me dit, j'ai fait un album pour France Gall.
28:17Quatre astrophes pour moi.
28:19J'aimais pas du tout ce qu'elle faisait
28:21avant, les poupées,
28:23les sucettes,
28:25le sacré Charlemagne,
28:27je trouvais ça... Elle chantait bien,
28:29mais c'était pas pour moi,
28:31j'aimais pas ça du tout. Je me dis, oh là là,
28:33comment je vais faire ? Donc j'ai fait un album,
28:35si vous voulez, vous pouvez l'écouter.
28:37Non, non, je vais l'emmener chez moi, je vais l'écouter tranquillement.
28:39Je voulais, au moins, être
28:41tranquille pour écouter ça et trouver mes arguments
28:43pour pas l'accepter. Puis finalement,
28:45je trouve ça très bien. Donc on lance le disque
28:47de France Gall, et puis, pour son album,
28:49à lui, un mois plus tard,
28:51il me dit, voilà, j'ai fait un album pour moi.
28:53Si vous voulez, vous l'en... Là, il me tutoyait,
28:55du coup, ça faisait un mois qu'on se connaissait.
28:57Tu pourrais l'écouter chez toi. J'ai dit, non,
28:59c'est d'accord. Comment ça, c'est d'accord ?
29:01Bah, du Michel Berger, c'est d'accord.
29:03Mais, effectivement, il est devenu
29:05culte petit à petit, mais je n'ai jamais
29:07connu quelqu'un d'aussi
29:09discret et d'aussi timide que Michel Berger
29:11et Grégoire Collard.
29:13Ah bon, alors ça, ça dépend des heures, parce que oui...
29:15Il était... réservé, on va dire.
29:17Réservé. Très gentil en interview,
29:19on y parlait, mais toujours réservé.
29:21C'était presque une qualité.
29:23C'est-à-dire que c'était pas un maître vu.
29:25Il faisait pas... Il voulait pas faire ce...
29:27Il voulait que ça marche pour lui,
29:29que ses chansons soient reconnues, que lui-même
29:31puisse faire des concerts plus tard. Il n'en faisait pas
29:33à ce moment-là. Il voulait
29:35être réputé. Bon. Mais
29:37de là à
29:39faire des courbettes, faire des photos à tout va,
29:41de tout raconter de
29:43ses amours naissantes,
29:45en tout cas avec France Gall ou
29:47son ancien
29:49rapport avec Véronique Sanson,
29:51son grand amour
29:53jamais oublié. Donc il était,
29:55oui, il était discret. Et puis,
29:57il s'habillait très mal.
29:59Parce qu'un homme, pour lui,
30:01ne pouvait pas être beau. Même lui, il pouvait pas être beau.
30:03Donc ça servait à rien.
30:05Les femmes sont belles, les hommes,
30:07ils les voyaient pas, parce que c'est un homme, c'est pas beau.
30:09Donc il s'habillait avec des vieux pantalons en
30:11velours, rapés,
30:13comme les Anglais, le dimanche, ils adorent
30:15porter des vêtements usés.
30:17Et puis, et un homme,
30:19voilà, ne pouvait pas être beau. Donc,
30:21il se trouvait, il se mettait pas
30:23en avant. Il a fallu du temps pour qu'il
30:25accepte de monter sur scène.
30:27En me surprenant, d'ailleurs,
30:29en mettant, sans que je le sache,
30:31un costume rouge vif
30:33à Paris, sur une scène
30:35parisienne. Et là, avec la bouche
30:37ouverte, j'ai dit, ah, Michel
30:39commence à s'habiller. Et moi,
30:41je lui achetais souvent des vêtements.
30:43Et comme il a une fameuse chemise
30:45qui était sur une pochette de disques aussi,
30:47avec des portées musicales,
30:49avec des notes, comme ça. Elle est beaucoup
30:51sur Google et partout.
30:53Et, peu à peu, il a écouté mes conseils,
30:55même s'il trouvait que ça faisait
30:57trop de couleurs, comme bleu, jaune, rouge, en même
30:59temps, ça faisait trop.
31:00Oui, mais France Gall était très utile
31:02dans ce quotidien, parce que son réfrigérateur
31:04était toujours vide, il se fichait totalement
31:06du quotidien, Michel Berger, Grégoire Collard.
31:10Oui, enfin, quand il était avec Véronique Sanson,
31:12c'était elle qui faisait les courses.
31:14Bon, après, il était désespéré,
31:16il était tout seul, donc il...
31:18Tout le monde, et moi, je connaissais
31:20pas encore. Et tout le monde était
31:22inquiet pour lui. Mais avec France Gall,
31:24qui faisait si bien la cuisine,
31:26et qui avait aussi une cuisinière
31:28marocaine,
31:30sa fameuse tarte aux poireaux irrésistible,
31:32il mangeait bien.
31:34C'est l'important. Et d'ailleurs, je crois que
31:36leur fils, Raphaël,
31:38vous doit son prénom.
31:40Ah oui, alors ça, c'est encore autre chose.
31:42Il se trouve
31:44que France Gall
31:46me dit
31:48je sais que
31:50tu fêtes ton anniversaire au mois de juillet
31:52à Lausanne-Jeunesse, et on va venir avec Michel.
31:54Je dis, ah bon, très bien.
31:56Donc, je loue
31:58une cadillac blanche, et tout ça,
32:00pour aller promener, et qu'on fasse la fête,
32:02et tout ça. Et trois jours avant, elle m'appelle
32:04et elle dit, non, non, finalement,
32:06on va...
32:08on va...
32:10on va pas venir,
32:12alors, mais voilà, avec ma cadillac blanche pour moi,
32:14tout ça, on va aller à Saint-Tropez,
32:16on va rencontrer Elton John, qui nous a appelés,
32:18et on va le rencontrer
32:20chez Eddie Barclay pour les soirées blanches,
32:22et puis,
32:24voilà, on va aller travailler aux Etats-Unis,
32:26on va enregistrer justement
32:28à Lausanne-Jeunesse, mais un petit peu plus tard,
32:30et tout ça. Alors bon,
32:32ils s'en vont, moi, je reste à Paris, j'ai des choses
32:34à faire. Et puis, j'appelle
32:36France, quand même, où elle m'appelle,
32:38elle m'a dit, c'est une catastrophe, je suis en
32:40studio avec Elton John,
32:42et son comparse,
32:44et le musicien,
32:46et il y a trois
32:48hommes dans le studio, et moi,
32:50j'ai des problèmes féminins,
32:52je me sens mal,
32:54je suis enceinte depuis
32:56deux mois,
32:58et je me sens pas bien, j'ai des
33:00troubles, et tout ça, et devant tous ces
33:02hommes, et tout ça, c'est pas possible.
33:04Bon, alors donc,
33:06ça se fait quand même, et puis,
33:08donc,
33:10ce bébé est annoncé,
33:12c'est le deuxième bébé,
33:14et ça sera un garçon,
33:16et un jour, j'arrive chez Michel et France,
33:18et je vois qu'ils se
33:20chamaillent un peu, comme ça,
33:22voilà, jamais méchamment,
33:24je dis, mais qu'est-ce qu'il se passe ?
33:26Oh, on se dispute parce qu'on cherche
33:28un prénom
33:30pour notre futur garçon,
33:32je trouve pas, je dis, vous pensez à quoi ?
33:34Oh, Gilbert,
33:38ou autre, enfin, des prénoms
33:40qui leur plaisent pas.
33:42Et toi, qu'est-ce que tu aimes Grégoire ?
33:44Quel est ton prénom préféré ?
33:46Ah, il y en a un, c'est celui d'un ange,
33:48d'un archange,
33:50Raphaël,
33:52on va l'appeler Raphaël, et Raphaël
33:54en Burgers, puisque c'est le nom de famille,
33:56le vrai nom de famille de Michel Burgers,
33:58et le fils s'appelle Raphaël
34:00Raphaël en Burgers.
34:02Il faut savoir qu'aujourd'hui, il s'occupe en coulisses de Starmania,
34:04et que physiquement, c'est le sosie de son père,
34:06c'est assez incroyable.
34:08Oui, et puis il fait fructifier,
34:10il va, je sais pas si vous le savez,
34:12il y a un titre inédit de
34:14Franz Gall qui va sortir le 8 novembre,
34:16qui s'appelle La prisonnière,
34:18et qui avait été écrite pour Starmania,
34:20mais finalement, il l'avait pas gardée à ce moment-là,
34:22et donc Raphaël,
34:24en Burgers, ou Raphaël Berger,
34:26mais enfin, c'est Raphaël en Burgers,
34:28a décidé de la sortir,
34:30comme il a pu sortir Vivre aussi, la chanson de Michel Burgers,
34:32pour une publicité
34:34pour une voiture allemande,
34:36et là, c'est La prisonnière,
34:38qui va sortir, et c'est un événement.
34:40Un événement. Un événement aussi,
34:42c'est ce livre, dont on va continuer à parler
34:44à travers la date de sa sortie,
34:46le 12 septembre 2024.
34:48A tout de suite sur Sud Radio, avec Grégoire Collard.
34:50Sud Radio,
34:52les clés d'une vie, Jacques Pessis.
34:54Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Grégoire Collard,
34:56on a parlé de vos débuts
34:58dans le côté attaché de presse,
35:00votre rencontre avec Michel Berger,
35:02et quelques autres,
35:04et vous publiez Si ma mémoire est bonne,
35:06le livre est sorti le 12 septembre 2024,
35:08au coeur du show business,
35:10il y a cinq mois pile,
35:12et c'est chez Auteurs du Monde,
35:14comment est née cette idée, et pourquoi ce livre ?
35:16Parce que tout le monde me demande,
35:18qu'est-ce que t'as fait
35:20avec tel chanteur,
35:22telle personnalité,
35:24telle personnalité,
35:26il faut nous raconter,
35:28alors dans des dîners,
35:30je raconte des anecdotes éventuellement,
35:32et les gens disent, mais pourquoi tu n'écris pas ça ?
35:34Et je me suis dit,
35:36et puis j'ai eu beaucoup de succès,
35:38j'ai fait un livre sur Michel Berger,
35:40un autre sur Franz Galle,
35:42et les gens aiment que je leur raconte,
35:44alors soit pas écrit, même dans la rue,
35:46il y a des gens qui me disent,
35:48oh Michel Berger, non je ne suis pas Michel Berger,
35:50ah non mais vous avez travaillé avec lui,
35:52il y a des gens qui sont pratiquement
35:54au bord des larmes,
35:56donc il y a de l'émotion,
35:58et je me suis dit, il faut que je fasse
36:00perdurer ça, pas forcément créer l'émotion
36:02et des larmes, mais partager
36:04avec le public
36:06ce que j'ai pu vivre de plus
36:08étonnant, de plus surprenant,
36:10de plus enrichissant, je ne parle pas d'argent là,
36:12mais à tout point de vue,
36:14et ben voilà, c'est ce que je fais.
36:16À Sud Radio, notre slogan c'est
36:18« Parlons vrai », et c'est vrai que dans ce livre,
36:20vous parlez vrai, en racontant
36:22les vérités, et avec Michel Berger,
36:24un jour, vous avez été le témoin
36:26de la naissance d'une chanson.
36:28On a tous quelque chose en nous
36:30de Tennessee
36:32Cette volonté
36:34C'est vrai que cette chanson,
36:36c'est Michel Berger qui a relancé
36:38la carrière de Johnny.
36:40Oui, Johnny
36:42était, comme dans
36:44toutes les carrières, un petit peu
36:46en perte de vitesse à ce moment là, au niveau des ventes
36:48et tout ça, et puis
36:50Michel Berger existait
36:52et Johnny
36:54a dit, il faudrait que...
36:56Donc il y a eu un dîner d'organisé chez
36:58Michel Berger et France Gall, et
37:00Johnny était là, avec sa compagne
37:02Nathalie Baye
37:04qui avait dit, il faut absolument...
37:06Mais Johnny, il était timide
37:08Alors, à la fois, c'était une idole,
37:10mais dire à quelqu'un, j'ai besoin de chansons
37:12comme un petit débutant
37:14qui n'était pas, c'est un peu compliqué.
37:16Et puis le dîner se passe
37:18et puis il ne se passe rien.
37:20On ne parle pas de musique, on ne parle pas de chansons,
37:22on ne parle pas de nouvel album et tout ça.
37:24Puis à la fin quand même du dîner, Johnny
37:26se lance et dit
37:28Michel,
37:30j'aimerais bien que tu m'écrives
37:32une petite chanson.
37:34Pourquoi petite ?
37:36C'est pas le bon terme, mais en tout cas
37:38pour convaincre quelqu'un,
37:40une petite chanson. Et Michel lui dit
37:42je ne fais pas de petite chanson.
37:44J'écris un album ou rien.
37:46Un album...
37:48Et puis voilà, ça se termine là.
37:50Et puis
37:52Johnny s'en va
37:54avec sa compagne.
37:56Et puis Michel, dans la nuit,
37:58il a écrit déjà deux chansons.
38:00Et c'est comme ça que c'est né.
38:02Après ils sont allés en studio,
38:04ils ont enregistré.
38:06Michel est devenu son metteur en scène pour passer à Bercy.
38:08Et ça a été un succès gigantesque.
38:10Il se trouve aussi que vous aviez
38:12connu Johnny Hallyday bien avant
38:14chez Philips, Grégoire Collard.
38:16Oui.
38:18La première année
38:20où je suis rentré chez Philips,
38:22il y avait ce qu'on appelle un congrès.
38:24Au mois de septembre, on présentait
38:26aux journalistes de toute la France,
38:28des journaux, la télé,
38:30les nouveautés de chez Philips.
38:32Les disques à sortir.
38:34Et Johnny
38:36était déjà dans la maison de disques
38:38et ça marchait bien.
38:40Il était invité là.
38:42Donc c'était finalement dans une salle pas trop grande.
38:44C'était bondé à craquer.
38:46Et Johnny arrive le dernier.
38:48Et moi j'étais déjà assis sur le rebord.
38:50Il n'y avait plus de chaise disponible.
38:52Comme ça, sur un bout de ciment
38:54ou je ne sais pas quoi.
38:56Un bord de fenêtre interne.
38:58Et il vient s'asseoir.
39:00Il me pousse presque.
39:02Puis il s'assoit là avec tout ça.
39:04Moi je suis un peu pétrifié parce que c'était déjà
39:06une célébrité quand même.
39:08Je n'avais jamais parlé.
39:10Et donc
39:12au moment où il me dit
39:14ça va, je fais pas trop.
39:16Il me dit moi non plus, on se casse.
39:18Je dis mais on ne peut pas.
39:20On se casse. Et on est partis.
39:22Dans la salle d'un côté pour un verre et tout ça.
39:24Et il a toujours été
39:26charmant avec moi. Puis un jour sur un plateau
39:28de télévision, à propos de l'album
39:30que Michel lui avait composé,
39:32il y avait une répétition chez Drucker.
39:34Et donc
39:36avec
39:38Johnny et Michel Berger.
39:40Et puis moi je regarde un petit peu sur
39:42un petit téléviseur
39:44comment c'est.
39:46La lumière est épouvantable. Johnny
39:48qui était loin d'être laid, il avait
39:50des cernes jusque là. Il faut le faire
39:52pour quelqu'un qui fait les lumières.
39:54Et donc je dis à Michel,
39:56ça sert pas du tout, il faut le refaire. Johnny
39:58il n'est pas beau. Il n'est pas bien.
40:00Ben, va lui dire.
40:02Enfin, je ne veux pas dire ça à Johnny.
40:04Bon, alors bref, je vais voir l'ingénieur
40:06lumière qui est sur un plateau, qui règle
40:08tout. Et je dis, excusez-moi,
40:10oui, qu'est-ce qu'il y a ? Pas très aimable le gars.
40:12Johnny
40:14il n'est pas très beau là.
40:16Mais un homme n'a pas besoin d'être beau.
40:18Non mais franchement,
40:20il y a de quoi exploser.
40:22Donc je vais revoir Michel.
40:24Il ne veut pas le monsieur qui fait les lumières
40:26et tout ça. Et tu vas voir Johnny.
40:28Alors je retourne voir
40:30Johnny qui me dit, oui, qu'est-ce qu'il y a Grégoire ?
40:32La lumière n'est pas bonne, il y a des cernes comme ça.
40:34Il me dit, là je suis avec 20 copains
40:36qui m'accompagnent tout le temps partout.
40:38Mais ils ne s'intéressent pas du tout à ce qu'on
40:40fait. Ils ne regardent pas le petit téléviseur,
40:42rien. Je peux avoir des cernes, je peux être
40:44enri, je peux...
40:46Et toi, tu viens me dire ça.
40:48Je dis, ben oui, merci
40:50Grégoire. Et ça a sauvé
40:52la situation. Et après il m'a toujours
40:54dit bonjour,
40:56pris comme ça,
40:58voilà, c'était sympa. Alors Michel...
41:00Il était timide. Très timide.
41:02Michel Bergé a été
41:04le producteur de ce disque de Johnny,
41:06mais il a aussi produit un autre album,
41:08beaucoup plus étonnant.
41:10C'est moi qui suis Golargol,
41:12le chanteur fanfole.
41:14Golargol Mireille.
41:16Mireille, car Mireille a 70 ans
41:18et remontée, c'est la mère
41:20d'un enfant français. 80 même.
41:22Non, elle avait 70, 75 ans,
41:24peut-être 80 à l'époque. Oh, elle n'était pas loin d'être 80, oui.
41:26Et Michel Bergé a produit
41:28un album de Mireille.
41:30Oui, parce qu'il la trouvait absolument
41:32charmante. Et puis c'était une légende
41:34dans le métier, ce petit
41:36chemin et tout ça. A 18 ans,
41:38elle avait été une star à Hollywood,
41:40enfin à New York, dans des comédies
41:42musicales. Elle avait travaillé avec Gershwin.
41:44Elle avait travaillé avec Gershwin, avait connu plein
41:46de gens dans les Etats-Unis. Elle avait
41:48ses publicités sur des bus.
41:50A 18 ans, c'est incroyable.
41:52Elle avait une voix, comme on a pu entendre
41:54deux secondes, extrêmement frêle
41:56et fine.
41:58Et puis moi, je l'avais connue parce qu'elle avait
42:00monté un petit conservatoire
42:02où il y avait plein d'élèves
42:04comme François Zardier et d'autres.
42:06Bien sûr, et ce petit conservatoire, il faut savoir
42:08qu'il était né en 1946.
42:10Quand Sacha Guitry avait
42:12dit à Mireille, vous devriez faire un petit conservatoire,
42:14la radio l'a acceptée
42:16pendant 6 mois et s'est restée 30 ans.
42:18A la télévision ? A la radio d'abord.
42:20Il y a eu la radio et ensuite la télévision. Ah oui, moi j'ai pas connu à la radio.
42:22Et c'est vrai que ce petit
42:24conservatoire, ça vous a marqué Grégoire Collard ?
42:26Oui, parce qu'elle m'a nommé administrateur
42:28ainsi que François Zardier. Ce qui ne voulait rien
42:30de tout, c'était juste pour les papiers
42:32certainement. Je n'ai jamais
42:34donné le moindre conseil aux élèves.
42:36Mais par contre, j'ai connu plein de gens
42:38et c'est là que j'ai connu François Zardier
42:40en tout cas, parce que
42:42elle venait et
42:44Mireille lui faisait des remarques.
42:46Parfois, un petit peu limite
42:48en disant, mais vous ne voulez pas chanter
42:50un peu ? Parce qu'elle chantait trop
42:52doucement, des choses comme ça.
42:54Bon,
42:56puis après, ils sont devenus vraiment amis.
42:58Mireille, c'était ce petit chemin
43:00et d'autres, c'était une personne extraordinaire.
43:02Mais qui acceptait
43:04les interviews quand la lune était montante
43:06ou descendante. Elle avait
43:08toujours peur de déranger, même
43:10lorsqu'elle se passait à la télévision.
43:12Peur de déranger, oui et non.
43:14Donc Michel lui avait promis,
43:16Michel Berger lui avait
43:18produit un album et qu'elle
43:20écrico-écrico-parolé
43:22avec ses élèves,
43:24certains de ses élèves
43:26et c'était vraiment extraordinaire.
43:28Mais il fallait faire des télévisions, donc
43:30voilà, je lui ai fait faire des télévisions
43:32donc c'était le Colas Rochot
43:34où il y avait des jeunes femmes un peu
43:36venantes et puis
43:38en soutien-gorge et culotte quoi.
43:40Et Mireille fait ça, elle dit, mais vous croyez ?
43:42Et tout ça. Mais tout le monde va se moquer de moi.
43:44Je dis, non, on va voir que vous, bien entendu.
43:46Puis après, je lui obtiens
43:48un article, un grand article
43:50dans un magazine
43:52qu'on peut citer peut-être, le magazine de lui
43:54qui est un magazine un peu chaud
43:56avec des filles peut-être un peu nues.
43:58Et je dis, voilà,
44:00vous avez un article
44:02qui est paru, allez l'acheter
44:04tout ça. Alors elle descend
44:06au kiosque en bas
44:08de chez elle et à la dame
44:10je voudrais le magazine de lui.
44:12Ah bon, madame ? Le lui, vous êtes sûr ?
44:14Oui, oui. Mais vous savez que
44:16c'est un magazine un petit peu érotique.
44:18Oui, mais je suis dedans.
44:20Elle n'était pas nue, bien sûr.
44:22Et elle était
44:24extraordinaire parce qu'elle l'a montré à tout le monde
44:26et était trop contente.
44:28Alors, il y a eu Mireille et François Zardy que vous avez cités.
44:30Vous avez également été
44:32le responsable de la sortie d'un album
44:34où il y avait cette chanson.
44:46Ça aussi, François Zardy, ça a été
44:48une belle aventure, Grégoire Collard.
44:50Elle avait un sacré caractère. Elle était
44:52à la fois très gentille et elle disait
44:54toujours non à tout.
44:56D'abord. Est-ce que vous voulez faire ça ?
44:58Non. Elle ne savait même pas de quoi on parlait.
45:00Non. Genre, je suis bien chez moi.
45:02Elle avait un sacré caractère
45:04tout en étant toujours
45:06un peu comme Michel Berger
45:08à la recherche de l'inspiration,
45:10faire mieux et tout ça. Elle n'était pas
45:12forcément sûre d'elle
45:14et
45:16en plus,
45:18elle avait des idées pour se connecter
45:20avec les astres,
45:22pour lire
45:24dans les écritures.
45:26C'est tout ce qui l'intéressait d'ailleurs.
45:28Elle a fait une émission de radio pendant quelques années
45:30sur Radio Monte Carlo sur ce sujet.
45:32Absolument.
45:34Elle adorait faire de la radio.
45:36Mais, elle n'était pas
45:38toujours aimable. Je l'avais interviewée en public
45:40dans un café qui s'appelait
45:42Le Moulin d'un Café.
45:44J'avais prévenu qu'il y aurait du monde et tout ça.
45:46C'est en direct.
45:48Ah bon, il y a du monde ? Mais les gens vont me parler.
45:50Ils ne vont pas la manger non plus.
45:52Bref, elle vient avec un très beau
45:54jeune homme qu'elle produisait.
45:56Je n'ai jamais su
45:58pourquoi il était là
46:00à part qu'il était beau
46:02et qu'il chantait bien. Mais, on ne sait pas.
46:04Je me suis posé des questions
46:06mais je n'ai jamais eu de réponse. En tout cas,
46:08elle vient. Forcément, elle s'installe
46:10je pose des questions. Alors, ceci, cela.
46:12Elle me dit non à tout.
46:14Mais non, Grégoire, ce n'est pas ça.
46:16Le micro, il n'est pas rouge.
46:18Il est bleu.
46:20Rien n'allait. J'ai passé une soirée abominable.
46:22Elle était très contente
46:24que je passe le 45 tours
46:26de son cœur poulain.
46:28Et puis,
46:30elle s'en va. Elle donne deux, trois autographes
46:32mais pas trop parce qu'elle avait peur.
46:34Comme si les gens allaient la frapper.
46:36Et me voilà dans la rue triste
46:38en me disant que c'était la pire interview
46:40de ma vie.
46:42C'est affreux. Quel métier je fais ?
46:44À huit heures du matin, mon téléphone sonne.
46:46Oui ?
46:48Allô, c'est Françoise.
46:50Oui, bonjour Françoise. Je suis un peu sur mes gardes
46:52parce que, comme ça s'était passé,
46:54elle pouvait me dire des horreurs.
46:56Vous savez quoi ? J'ai adoré l'émission.
46:58Je reviens quand vous voulez.
47:00Et dans ma tête, j'ai dit
47:02c'est ça. Pas tout de suite.
47:04Mais je ne lui ai pas dit ça.
47:06Dans ce livre, il y a beaucoup de stars
47:08que vous évoquez. De Isabelle Adjani
47:10en passant par Ariel Domballe
47:12ou Thierry Leluron. C'est vrai que vous avez vécu
47:14une époque privilégiée, Grégoire Collard.
47:16Pourquoi ? Parce que connaître des gens comme ça
47:18qui sont mythiques aujourd'hui, à une époque
47:20où il y avait de la joie, où il n'y avait pas beaucoup de chômage,
47:22c'est un privilège.
47:24Oui, c'est vrai.
47:26Absolument. Mais j'en ai bien profité.
47:28Je ne parle pas d'argent. Parce que
47:30quand on est dans l'intimité,
47:32dans le secret, dans la recherche
47:34d'inspiration, aussi bien de
47:36Thierry Leluron, qui était quand même
47:38très drôle. Toute la journée,
47:40avec sa réflexion, il avait un
47:42sacré vocabulaire.
47:44Il n'hésitait pas à dire
47:46pas des horreurs, mais des moqueries.
47:48Mais même Michel Bergé,
47:50qui était toujours aussi dans la recherche
47:52d'inspiration. Il parlait doucement
47:54comme ça. Il disait Grégoire,
47:56ne parle pas trop fort avec France.
47:58Je suis à la recherche de l'inspiration.
48:00Donc j'étais dans le quotidien. Et Thierry Leluron,
48:02c'était quelqu'un qui était très
48:04seul. D'abord, il n'était pas
48:06très grand. Il ne se trouvait pas beau, alors qu'il n'était
48:08pas si mal que ça. Et donc, il
48:10avait besoin de faire des connaissances
48:12impromptues,
48:14on va dire, la nuit.
48:16Alors, il voulait que j'accompagne
48:18tout le temps, partout. Alors, tous les midis,
48:20on allait chez Maxime's,
48:22où je n'étais jamais allé.
48:24Et au bout d'un moment,
48:26un mois, deux mois, je connaissais le menu
48:28de Maxime's, parce que
48:30les serveurs me tutoyaient,
48:32m'appelaient par mon prénom.
48:34Je faisais partie de la maison.
48:36Et puis, lui,
48:38il avait besoin
48:40d'être,
48:42de partir dans Paris la nuit,
48:44un soir dans sa Rolls, un soir dans
48:46sa Bentley. Il voulait que je l'accompagne.
48:48Mais moi, il fallait que je me lève le matin,
48:50chez moi. Et donc,
48:52il ne pouvait pas être seul. Il ne voulait pas
48:54rentrer chez lui. Et puis, en plus de ça,
48:56il faisait des mauvaises rencontres, ce qui fait que
48:58si le lendemain, on avait une télévision,
49:00par exemple, chez Daniel Gilbert,
49:02midi première, ça s'appelait,
49:04il arrivait avec des lunettes noires, parce qu'il avait
49:06un œil au bernois.
49:08Il y a plein d'anecdotes comme ça dans ce livre
49:10Simon Marébonne, et c'est vraiment
49:12le portrait d'une époque pour celles et ceux
49:14qui l'ont connu, et pour celles et ceux qui vont la découvrir.
49:16Je recommande ce livre,
49:18Simon Marébonne, au cœur du show business,
49:20chez Auteur du monde, de Grégoire Collat.
49:22Merci de l'avoir écrit,
49:24et merci de l'avoir écrit avec cette franchise
49:26et cette admiration pour les artistes.
49:28Ah bah oui, parce que
49:30j'aurais pas fait
49:32pour l'argent. J'en ai gagné de l'argent,
49:34j'étais payé. Mais je
49:36refusais énormément de choses.
49:38Mais en même temps, ce livre existe, et il faut vraiment
49:40le lire, parce qu'on apprendra quelque chose.
49:42Merci Grégoire Collat.
49:44Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:46On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.