Jacques Pessis reçoit Jean Michel Ribes. Il a crée «Palace» et dirigé le théâtre du Rond Point. Il poursuit sa vie de metteur en scène avec « Projections privées».
Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
________________________________________
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
________________________________________
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC
##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-10-16##
Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
________________________________________
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
________________________________________
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC
##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-10-16##
Category
✨
PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité,
00:06les plateaux vous ont permis d'atteindre des sommets au cinéma,
00:09mais aussi et surtout au théâtre.
00:11Il fait tellement partie de votre quotidien
00:13qu'il est hors de question que vous le quittiez en disant un jour « rideau ».
00:16Vous le démontrez encore aujourd'hui.
00:18Bonjour Jean-Michel Rime.
00:19Bonjour Jacques.
00:20Alors, vous êtes de retour avec une mise en scène d'un spectacle,
00:23une projection privée qu'on va évoquer tout à l'heure,
00:25qui est au Petit Saint-Martin jusqu'à la fin de l'année.
00:27Mais vous savez le principe des clés d'une vie,
00:29vous étiez déjà venu il y a bien longtemps, il y a près de 1000 émissions d'ailleurs,
00:32c'est de parler de votre parcours à travers des dates clés.
00:35Donc j'en ai trouvé une qui n'est pas directement liée à vous,
00:39mais elle est importante.
00:40Le 29 mai 1963 est sorti ce film.
00:478 et demi de Fellini.
00:48Je crois que ce film vous a marqué Jean-Michel Rime.
00:51Ça m'a plus que marqué.
00:53Ça a été une espèce de révolution sensible.
00:58Tout à coup je me suis senti tout à fait chez moi.
01:00C'est-à-dire que ce côté oblique,
01:03ne prenant pas les autoroutes habituelles de la dramaturgie,
01:06pensant à côté,
01:08tout à coup j'ai trouvé que c'était
01:10tout à fait une atmosphère dans laquelle je nageais librement.
01:14Le titre du film, il faut le rappeler,
01:16c'est un rappel à la carrière du cinéaste,
01:18qui avait fait jusque-là 7 productions,
01:206 films et 3 demi-films.
01:22Au départ il devait s'appeler La Belle Confusion,
01:24ou Le Beau Désordre.
01:25Oui.
01:26Ça a changé.
01:27Ce qui n'était pas le cas d'ailleurs.
01:28C'était très structuré.
01:30C'était un film parlant fait sur les associations de mémoire.
01:33C'était très très beau.
01:35Vraiment c'est un film que je recommande.
01:38Évidemment le final et la musique sont très connus,
01:41mais c'est un film magnifique, fondateur.
01:43Vous avez dit un jour, Jean-Michel Rime,
01:45que vous pourriez passer des journées
01:47à voir des films de Fellini et de Buñuel.
01:49Oui.
01:50De Fellini et de Buñuel.
01:51J'aime bien aussi Bertrand Bligné qui est leur petit-fils.
01:54En effet Fellini c'est un empereur du plaisir pour moi.
01:58Ce qui est étonnant c'est que vous avez découvert Fellini
02:01alors que vous deviez aller voir Pouic Pouic de Louis de Funès.
02:03Oui.
02:04Ça c'est incroyable.
02:05J'étais tout jeune et j'étais avec mon ami Gérard Garros.
02:08Et on était allés dans le midi,
02:10on voulait absolument aller au cinéma.
02:11Il y avait Pouic Pouic, on voulait voir.
02:13Et quand on est arrivés la salle était pleine.
02:15Alors on s'est dit quand même,
02:16on ne peut pas repartir sans avoir vu un film.
02:18On est rentrés par hasard dans une autre salle
02:21et c'était 8h30.
02:22Voilà.
02:23Et Pouic Pouic c'était le premier grand film de de Funès
02:25où il était pour la première fois en tête d'affiche
02:27alors qu'il avait déjà joué la pièce mais dans un petit rôle.
02:30Oui.
02:31Et je crois que c'est Christian Marin qui a repris le petit rôle dans le film.
02:36Oui absolument.
02:37Alors...
02:38Je dis absolument et je ne l'ai pas vu.
02:40C'est pour avoir l'impression que je sais tout.
02:43Mais vous savez beaucoup de choses.
02:44Alors moi aussi je sais beaucoup de choses sur vos jeunes années
02:47qui n'ont pas été faciles,
02:48ça n'a pas été le plus beau film de votre vie.
02:50Non.
02:51Et je crois que vous avez été très marqué par la séparation de vos parents.
02:54Oui.
02:55Oui.
02:56Très.
02:57Et je crois que le théâtre et le cinéma vous ont aidé.
02:59Sûrement en disant que j'étais pas très bien équipé pour la réalité
03:04disons après le divorce de mes parents
03:06et il a fallu que je trouve des gens qui n'étaient pas non plus
03:09pour pouvoir communiquer avec eux
03:11et très heureusement j'ai rencontré des gens avec qui
03:14l'univers était identique.
03:16Je parle de Gerard Grouse, de Roland Theport, etc.
03:19Oui, qui ont marqué votre vie et dont on va parler.
03:21Alors je crois que vous au début sur scène
03:23c'est à la maison du Brésil, de la cité universitaire,
03:26dans Plouf, le petit fantôme.
03:28Oui.
03:29Vous savez des choses.
03:30Oui, c'est un jeune étudiant en cinéma brésilien
03:36qui était...
03:38ça s'appelait...
03:39enfin c'était La Fémis évidemment
03:41et qui cherchait un petit garçon pour jouer dans un de ses films.
03:46Donc ma mère qui est moitié américaine du sud
03:50on l'avait contactée par des amis
03:52et elle a dit que mon fils prétende au rôle.
03:56Je suis allé, j'ai été pris
03:58et alors après ce metteur en scène,
04:02ce jeune metteur en scène
04:04avait décidé de monter Plouf, le petit fantôme
04:06de Maria Massano.
04:07Maria Massano pour vous dire tout
04:09c'est l'équivalent du...
04:10enfin Plouf, le petit fantôme
04:12c'est l'équivalent du Petit Prince.
04:14Oui.
04:15C'est devenu, dans toute l'Amérique latine
04:17c'est un petit fantôme
04:19qui croit qu'il y a des gens
04:21alors que toute sa famille lui dit qu'il n'existe pas.
04:24Et voilà, on l'a joué à la maison de...
04:27oui, à la maison de...
04:29pas en Amérique latine,
04:30pas dans la maison de Brésil
04:31à la cité universitaire.
04:32Voilà.
04:33Et je crois qu'il y a eu six représentations.
04:34Oui.
04:35Et après malheureusement ça vous a coûté très cher.
04:37Ben ça m'a coûté d'autant plus cher
04:39que mon père qui était fou de rage
04:41d'apprendre que son fils
04:43sur lequel il n'avait peu de vues
04:45et dont il se foutait un peu
04:47mais allait direct à l'échafaud
04:50en faisant ce métier de...
04:52comme ça de comédien à son âge.
04:54Donc c'était pas sérieux.
04:55Non.
04:56Et donc il y a eu un procès, tout ça,
04:58avec ma mère
04:59et je me suis retrouvé en pension.
05:00Voilà.
05:01Et vous êtes arrivé à bord d'une Simca ronde
05:03qui était la voiture de l'époque la plus vendue, je crois.
05:05Ah bon ?
05:06Ah oui, c'était la...
05:07on l'appelait la ronde parce que ça fait hirondelle
05:09et c'était le symbole de la marque Simca.
05:11Ah oui.
05:12Mais vous savez beaucoup plus de choses que je ne pensais.
05:15Mais je m'en savais aussi beaucoup.
05:17Alors, le Mont-Sel, qu'est-ce que c'est ?
05:19C'était une école très difficile.
05:21C'était une école, oui,
05:23qui était une école, une espèce de palcopy
05:25des finishing school anglais
05:27où il y avait, vous savez,
05:29le sentiment corporel, etc.
05:32Les élèves étaient gardés par d'autres élèves, etc.
05:35C'était ça, un peu raté,
05:37qui était fait par des Suisses
05:39qui avaient investi à Jean-Josâs
05:41un grand parc et un château
05:43pour essayer de recommencer ça,
05:45de faire une copie de ça.
05:47Et là, je voyais que c'était quelque chose...
05:49n'importe qui rentrait, d'ailleurs.
05:52Les profs étaient plus ou moins diplômés.
05:57Et assez durs, en général.
05:59Oui, c'était très dur.
06:01Il y avait des aspirants, des capitaines.
06:05C'était le grade donné à certains élèves
06:07qui en commandaient d'autres, etc.
06:09C'était un endroit d'une discipline stupide.
06:15Et non, on s'est pas aimé.
06:17Il y avait un professeur qui a eu son heure de gloire,
06:19parce que je crois qu'il a été candidat
06:21au jeu L'Homme du XXe siècle, de Pierre Savag.
06:23Absolument.
06:25C'était le prof de mathématiques
06:27qui était sublimement drôle.
06:29C'était un gros monsieur,
06:31très sympathique, évidemment, très cultivé.
06:34L'Homme du XXe siècle, c'était un jeu historique
06:36à la télévision,
06:38parce que c'est la première fois qu'il y a des ordinateurs
06:40devant les candidats.
06:42On répond selon le principe d'aujourd'hui.
06:44L'ordinateur s'appelait Sidoni,
06:46et c'était un véritable événement.
06:48Et c'est Pierre Savag qui avait fait mettre au point
06:50ces ordinateurs venus d'Amérique.
06:52Oui, je ne savais pas tout ça,
06:54mais je suis content d'être venu.
06:56Il se trouve aussi que
06:58vous aviez aussi un prof d'espagnol très sympa,
07:00monsieur Vincent.
07:02Absolument.
07:04Il était un élève
07:06du MIME Marceau.
07:08Il voulait faire cette carrière dans le MIME,
07:10mais il n'était pas arrivé.
07:12Donc il était devenu prof,
07:14parce qu'il avait les notions d'espagnol assez complètes
07:16et poussées.
07:18Il enseignait l'espagnol en miment.
07:20Pour dire
07:22« on va monter l'escalier »,
07:24il le mimait.
07:26Pour dire « on va manger », il le mimait.
07:28Pour dire « on va en voiture », il le mimait.
07:30C'était assez étonnant.
07:32Je suis prof d'espagnol, alors que mon rêve
07:34aurait été de travailler comme Marceau.
07:36Donc surtout faites ce que vous avez
07:38envie de faire.
07:40Il se trouve aussi que c'est là
07:42que vous avez rencontré Gérard Garouste,
07:44avec qui vous avez beaucoup travaillé ensuite.
07:46J'ai non seulement beaucoup travaillé,
07:48mais c'est devenu mon meilleur ami.
07:50On ne s'est pas quitté depuis l'âge de 13 ans.
07:52Je l'ai encore eu au téléphone hier.
07:54Il a fait beaucoup de décors pour vous.
07:56Oui, et puis il a surtout fait
07:58une oeuvre importante ensuite,
08:00qui s'est pas terminée,
08:02mais qui est passée récemment à Beaubourg.
08:04Et puis il y a eu une bagarre mémorable,
08:06je crois, entre le surveillant général
08:08et un certain Michel Sardou, qui était élève.
08:10Oui, il y avait des gens étonnants
08:12dans cette pension.
08:14Il y avait des gens très différents.
08:16Il y avait Modiano aussi.
08:18Il y avait Sardou.
08:20Et il y avait,
08:22un peu moins rigolo
08:24et un peu moins chanteur, Balkany.
08:26Voilà.
08:28Sardou, c'était
08:30un cow-boy, c'était un héros,
08:32c'était un révolté, c'était quelqu'un qui gueulait
08:34tout le temps. Et il avait fini par
08:36casser la gueule au surveillant général.
08:38Evidemment, il s'est fait virer, mais c'était devenu
08:40une icône. Oui, mais vous lui avez quand même
08:42votre première danse avec une fille.
08:44C'est vrai. Il m'a invité à une surprise
08:46partie chez lui. J'étais tout jeune
08:48et c'était ma première danse
08:50avec une fille. Et puis, il y a eu
08:52aussi un premier spectacle que vous avez joué
08:54au Mont-Sel.
08:56Dans ce spectacle, il y a une chanson très connue.
08:58C'est pour pouvoir acheter
09:00l'entrecôte
09:02qui nourrira les chères
09:04chansons très célèbres des Frères Jacques,
09:06qui est dans Orion le Tueur, créé
09:08par la compagnie Jean-Pierre Grenet
09:10et les Frères Jacques débutants. Et vous avez joué ça
09:12au Mont-Sel. Oui.
09:14On m'avait interdit de faire le théâtre, évidemment.
09:16On m'avait jeté par la fenêtre
09:18et je suis rentré par la porte.
09:20Au contraire, ils avaient remonté
09:22Orion le Tueur et Les Précieuses Ridicules.
09:24Et ensuite, il y a eu le lycée Jean-Saïd
09:26et le bac, mais le bac, ce n'était pas
09:28votre tasse de thé.
09:30Ce n'est pas ma tasse de thé, mais je l'ai eue avec mention bien.
09:32Oui, quand même.
09:34Sans avoir énormément travaillé,
09:36vous étiez plutôt un élève chahuteur
09:38que travailleur. Oui, mais le chahut mène
09:40toujours à des positions plus importantes
09:42que le travail. Et vous aviez vraiment
09:44envie d'exercer ce métier depuis toujours ?
09:46Disons que oui.
09:48Je m'étais aperçu
09:50que c'était là où on pouvait
09:52partir, rêver, avoir des conversations
09:54qui n'étaient pas celles
09:56très ennuyeuses des adultes.
09:58Donc, je suis parti dans
10:00cette voie-là. J'ai commencé
10:02à écrire des trucs et à monter des pièces.
10:04J'ai trouvé un petit théâtre
10:06qui était le théâtre de plaisance
10:08perdu à Montparnasse
10:10et qui était un ancien garage
10:12avec un directeur incroyable
10:14qui s'appelait Jean-Jacques Asselagnan,
10:16communiste pur et pur, qui nous achetait des voitures
10:18en même niveau,
10:20on rigolait, c'était l'envers du marxisme.
10:22Et c'est là où
10:24j'ai commencé
10:26à monter des pièces.
10:28Mais sans avoir pris de cours de théâtre ?
10:30Disons que
10:32les divers endroits
10:34où j'ai été dans ma vie avant,
10:36du Mont-Sel, mes parents, etc.
10:38C'était des cours de théâtre parfaits.
10:40Mais c'est une autre forme de théâtre pour apprendre la vie.
10:42Oui, voilà. Alors justement, il y a eu
10:44d'autres choses dans votre parcours
10:46et j'ai trouvé une date intéressante
10:48et historique, c'est le 10 décembre 1988.
10:50A tout de suite sur Sud Radio
10:52avec Jean-Michel Rime.
10:54Sud Radio, les clés d'une vie.
10:56Jacques Pessis.
10:58Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Jean-Michel Rime.
11:00Nous parlerons tout à l'heure de projections privées
11:02au Théâtre du Petit Saint-Martin,
11:04une pièce qui est à l'affiche jusqu'à la fin de l'année
11:06et que vous avez mise en scène.
11:08J'en reviens à des dates importantes de votre carrière.
11:10On a vu vos débuts difficiles
11:12avec le Mont-Sel.
11:14Et le 10 décembre 1988,
11:16c'est la première fois et presque l'une des dernières fois
11:18à l'affiche de la comédie française
11:20avec La Cagnotte.
11:22Oui, alors...
11:24Il y a eu deux représentations, je crois.
11:26Il y a eu deux représentations.
11:28Au départ, les deux premières.
11:30Non, non, ça s'est joué normalement
11:32pendant 2-3 mois.
11:34Mais oui, c'est Le Poulain
11:36qui était venu voir
11:38un opéra bouffe que j'avais monté
11:40qui a eu un grand succès qui s'appelait Le Pont des Soupirs
11:42au Théâtre de Paris et qui a une chose
11:44assez amusante, d'ailleurs, c'est que
11:46on avait retrouvé cette oeuvre d'Offenbach
11:48peu connue, mais
11:50la musique était absolument intégralement
11:52retrouvée, mais il manquait des parcelles
11:54au livret.
11:56Je les avais réécrites.
11:58Donc, c'est vrai que
12:00ça amusait beaucoup les gens.
12:02Ça a fait, comme on dit aujourd'hui, un gros succès
12:04ou un triomphe. Et au lieu de le jouer
12:0612 fois, je crois qu'on l'a joué 183 fois.
12:08Bon.
12:10Et pour un opéra, c'était pas mal
12:12avec trois distributions. Et
12:14Le Poulain était venu, il avait été
12:16fou de joie, il m'a attrapé
12:18à la fin de la représentation, il m'a dit
12:20viens, viens, on va faire des choses ensemble.
12:22Viens me voir. Je suis allé le voir
12:24et il m'a proposé de monter la cagnotte.
12:26Voilà. Il était à l'époque administrateur
12:28de la Comédie Française, qui était un peu son rêve
12:30depuis toujours. Je sais pas, mais
12:32enfin. Il avait
12:34tout donné pour ça. Il faut savoir que Le Poulain,
12:36il a commencé dans le théâtre de façon très curieuse.
12:38Je sais pas si vous le savez. Il jouait au rugby à Toulon
12:40et puis le ballon sort
12:42dans la rue, il court le rattraper, il croise
12:44un copain qui dit je vais au cours
12:46de théâtre. Ah, je te suis. Et c'est comme ça
12:48qu'au lieu de finir le match de rugby, il était dans
12:50un cours de théâtre et qu'il a commencé à faire ses métiers.
12:52Il avait emmené le ballon au cours de théâtre. Oui, exactement.
12:54Il était capable de tout, Le Poulain.
12:56Quand on voit dans des pièces
12:58ou dramatiques ou comiques, il est génial.
13:00Oui, c'est un clown génial
13:02qui avait cette grande qualité
13:04qui lui a été beaucoup beaucoup reproché
13:06de faire rire dans des choses plutôt faciles
13:08mais aussi d'être un homme
13:10de culture et il pouvait
13:12aussi jouer une tragédie
13:14d'échine aussi bien qu'un
13:16théâtre de boulevard facile.
13:18Et puis être administrateur de la comédie française
13:20c'était plutôt une tragédie pour lui parce qu'il s'est
13:22retrouvé dans un milieu où il
13:24faisait des choses qu'il n'aimait pas.
13:26Et surtout, beaucoup de petits
13:28marquis de la culture
13:32le détestaient. Ils le considéraient
13:34comme quelqu'un qui se
13:36vendait la commercialisation
13:38la pire. Et moi je me
13:40souviens, c'était terrifiant parce qu'il y avait
13:42des gens dans le couloir de la comédie française
13:44qui ne lui parlaient pas. Des comédiens d'autres
13:46qui lui parlaient. Il y avait une espèce de scission
13:48incroyable. Et tout le monde se plaignait de
13:50n'importe quoi. Oui, ça
13:52je ne me rends pas compte mais...
13:54Ça retombait sur lui et il devait tout
13:56régérer. Oui, c'est-à-dire
13:58que oui, les gens essayaient de
14:00le clouer au pilori assez souvent.
14:02Il se trouve donc que vous vous retrouvez avec lui
14:04il vous propose cette pièce de la biche
14:06puis malheureusement, il
14:08va nous quitter. Oui,
14:10j'avais connu
14:12la première
14:14fois que j'avais connu, il me fait entrer dans son bureau
14:16avec une amitié
14:18chaleureuse et puis
14:20il me parle et puis
14:22tout d'un coup il saute sur son bureau
14:24et il se met à chanter
14:26les petites femmes de Paris, les petites femmes...
14:28J'adore ça, il me dit, j'adore ça, je les emmerde
14:30j'adore ça, tous ces
14:32petits ducs sinistres
14:34tous ces petits comédiens sans humour
14:36moi j'adore ça, voilà.
14:38Je ne sais pas pourquoi
14:40quelques jours après
14:42il reçoit un autre coup
14:44de téléphone ou quelque chose qui le bloque
14:46ou qui l'énerve
14:48et il se met dans un état d'horreur incroyable
14:50et il a une attaque cérébrale et il meurt.
14:52C'est fou, hein. Et donc son successeur
14:54vous appelle quelques temps plus tard pour
14:56remonter la pièce. Pas pour remonter
14:58mais pour continuer le projet.
15:00Et donc
15:02vous commencez à travailler
15:04et vous faites appel au départ à Jean-Luc Bideau.
15:06C'est Antoine Vides
15:08qui est venu et qui n'était pas
15:10exactement le double de
15:12notre ami Le Poulain
15:14mais je l'aimais beaucoup
15:16c'était un pinceau rire en vérité
15:18et en effet je lui ai dit
15:20pour jouer
15:22la cagnotte, c'est une pièce
15:24quand même très très drôle et pleine
15:26d'humour et je trouve que les comédiens
15:28qui restent libres pour ma distribution
15:30n'ont pas ce vice comiquet
15:32indispensable. J'aimerais
15:34choisir. Il m'a dit d'accord
15:36c'est Le Poulain qui m'avait dit d'accord
15:38et comment s'appelle-t-il ?
15:40Vitesse. Vitesse
15:42n'avait pas arrêté la chose et ses deux
15:44comédiens étaient Jean-Luc Bideau
15:46et Philippe Corsan. Corsan
15:48bien sûr, qu'il a découvert d'ailleurs
15:50Vitesse ne savait pas que c'était un comédien aussi
15:52extraordinaire. Oui, oui. Et
15:54Bideau ne voulait pas au départ.
15:56Bideau, c'est terrifiant, j'ai vécu
15:58l'une des moments les plus horribles de ma vie
16:00parce que Vitesse me dit
16:02attends, appelle-le, parce qu'il faut qu'il dise oui ou non, il faut
16:04qu'il nous réponde, maintenant on ne peut plus attendre. Donc il me fait
16:06rentrer dans son bureau, il me dit appelle-le
16:08il met le haut-parleur et j'appelle Bideau
16:10et Bideau me dit mais qu'est-ce que tu nous
16:12allez foutre avec ce Colin Froid
16:14qui dirige maintenant la Comédie-Française ?
16:16L'autre il entendait tout avec ce
16:18silex
16:20où il n'a jamais ri de sa vie, je préfère encore
16:22aller travailler avec Sime.
16:24Donc c'était
16:26terrifiant. Et alors là, Vitesse a une
16:28formule formidable, moi je n'osais plus
16:30le regarder.
16:32Et tout d'un coup il s'est approché de moi et il m'a dit
16:34je crois qu'il va accepter.
16:36Alors qu'en effet il a accepté
16:38il m'a dit je viens mais je veux rester un
16:40an, pas plus, il est resté dix ans à la Comédie-Française.
16:42Et c'est un comédien extraordinaire
16:44il avait été surtout connu par le grand
16:46public pour Et la tendresse bordel
16:48où il avait un rôle magnifique.
16:50Donc cette pièce est montée et ça fait
16:52un tabac et puis Vitesse va
16:54disparaître. Alors oui, Vitesse
16:56disparaît de la même
16:58façon d'ailleurs.
17:00Et
17:02j'étais là
17:04et
17:06j'ai ensuite
17:08courageusement
17:10Jean-Pierre Michel qui succédait
17:12à ses administrateurs m'a invité
17:14pour monter la première
17:16mise en gloire
17:18Jean-Claude Grimbert qui rentrait
17:20au répertoire de la Comédie-Française avec un morceau
17:22de tambour. Mais là personne
17:24n'est mort.
17:26Je n'ai pas porté poisse cette fois-ci et j'ai dit
17:28au revoir je ne peux plus remettre les pieds là parce que
17:30j'ai peur que ça recommence.
17:32Il y a un autre projet malheureusement qui ne s'est pas fait
17:34c'était la vie parisienne
17:36avec Yves Montand et Catherine Deneuve
17:38ce qui aurait été extraordinaire.
17:40Alors oui ça c'est
17:42l'association
17:44de deux producteurs
17:46Christian
17:48Fechner et Toscan du Plantier
17:50qui était à peu près le pôle nord et le pôle sud
17:52mais ils se sont rencontrés à Cannes
17:54et ils ont eu cette idée.
17:56Fechner était assez sûr que
17:58je pouvais amuser
18:00avec ce qu'il m'avait produit le Palas
18:02et Toscan du Plantier
18:04je venais de faire un film avec
18:06Arditi et Dominique Blanc
18:08une chose de
18:10Saint-Jean-Guétry. Donc tout d'un coup ça semblait
18:12coller et
18:14j'ai commencé à travailler, mon assistant
18:16a fait tous les repérages, j'allais voir régulièrement
18:18Yves Montand
18:20et puis d'ailleurs il me disait
18:22tu sais Jean-Michel, j'aime beaucoup
18:24cette histoire, il y a que une chose qui me gêne
18:26chez Offenbach, c'est la musique.
18:28Là ça va être un problème
18:30quand même, etc.
18:32Et puis
18:34on a travaillé
18:362-3 mois ensemble et puis il est mort.
18:38Donc ça ne s'est pas fait.
18:40J'en reviens à vos débuts parce que vous parlez du théâtre de plaisance
18:42et je crois que le premier spectacle que vous avez
18:44monté c'était « Il faut que le psychomore
18:46coule ». Non, c'est pas le premier
18:48spectacle que j'ai monté, j'en ai monté
18:503-4 avant, mais c'est
18:52disons la première pièce complète
18:54que j'ai écrite
18:56et qui a eu, enfin j'avais fait une chose qui s'appelait
18:58« Les fraises musclées » au théâtre de Moyère
19:00et « Il faut que le psychomore coule », oui c'est vrai
19:02tout d'un coup, je ne sais pas pourquoi
19:04je ne sais pas pourquoi
19:06tous les critiques sont venus dans ce
19:08petit théâtre, un jour j'ai vu
19:10des tonnes de voitures arrêtées, je croyais qu'il y avait un accident
19:12devant et non,
19:14ils étaient là et il y a eu
19:16un déchaînement critique
19:18ils avaient trouvé la perle
19:20de la perle cachée dans ce petit théâtre
19:22et là tout d'un coup je me suis aperçu que
19:24je montais en première division.
19:26Voilà, la critique disait
19:28de vous que vous étiez un poète et un charmeur
19:30Jean-Michel Ribery. Oui.
19:32Donc le spectacle a très bien marché, d'ailleurs vous faisiez
19:34les deux en même temps, vous alliez à la mobilette
19:36d'un théâtre à l'autre. Oui, oui, je faisais
19:38j'étais incumulable
19:40où il y avait
19:42donc il faut que le sitcom recoule
19:44où il y avait cette actrice extraordinaire
19:46qui était Renée de Saint-Cyr, vos auditeurs
19:48la connaissent ou s'en souviennent.
19:50La mère de Georges Lautenaire. Oui, mais qui était
19:52une star avant la guerre, formidable
19:54et oui
19:56donc je courais de Il faut que le sitcom
19:58recoule aux fraises
20:00musclées qui jouent au théâtre et caminés.
20:02Et il y avait un autre cumulard que vous avez connu à vos débuts
20:04c'est Jérôme Savary.
20:06Jérôme était un grand ami à moi
20:08et il était d'ailleurs
20:10il a commencé dans ce petit théâtre de plaisance
20:12aussi, on s'est rencontrés, il avait fait
20:14une chose extraordinaire Jérôme, il y avait personne
20:16on jouait devant personne
20:18et un jour il me dit tu sais pourquoi
20:20c'est parce que maintenant il y a deux scènes
20:22les gens ne peuvent plus quitter leur télévision
20:24c'est pas possible, il faut faire quelque chose et il avait
20:26inventé le fait de mettre
20:284 ou 5 postes de télévision face
20:30au public sur le bord de la scène qu'il laissait
20:32allumer pendant les représentations
20:34comme ça les spectateurs ne rataient pas leur
20:36film tout en voyant la pièce.
20:38Il était capable de tout. Moi j'ai un jour travaillé avec lui
20:40les répétitions ont duré
20:4235 jours, il y a eu 35 versions de la pièce
20:44que j'avais écrite.
20:46Alors ça c'est le côté théâtre mais il y a aussi
20:48un autre événement qui s'est passé dans
20:50votre carrière et qui est très important
20:52et on va évoquer cet événement à travers la date
20:54du 29 octobre 1988.
20:56A tout de suite sur Sud Radio
20:58avec Jean-Michel Ribe.
21:00Sud Radio, les clés d'une vie,
21:02Jacques Pessis. Sud Radio, les clés d'une vie
21:04mon invité Jean-Michel Ribe, nous parlerons
21:06tout à l'heure de projections privées
21:08au Théâtre de la Porte Saint-Martin que vous mettez
21:10en scène jusqu'au 29 décembre
21:12mais là on revient à votre carrière, on a évoqué
21:14vos débuts et vos premiers succès
21:16au théâtre et puis le 29
21:18octobre 1988
21:20cette date vous a marqué et a marqué l'histoire
21:22de la télévision.
21:28Palace.
21:30Quand on voit qu'il y a eu quand même 6 épisodes
21:32de 75 minutes, ce qui n'est pas énorme
21:34c'est complètement culte, on a l'impression
21:36que ça a duré 10 ans. Ça a été rediffusé
21:38sur toutes les chaînes, c'est incroyable.
21:40Oui, c'est
21:42c'est si vous voulez
21:44la première fois qu'un producteur
21:46nous faisait confiance
21:48avec, disons, des auteurs et des artistes
21:50qui n'étaient pas dans sa ligne.
21:52On n'était plus
21:54on n'était pas exactement
21:56dans les comédies de boulevard
21:58ou même dans l'efficacité
22:00de la parodie
22:02comme pouvaient l'être
22:04les inconnus qui l'étaient vraiment à l'époque
22:06et
22:08il m'a dit avec qui vous voulez travailler ?
22:10J'ai dit avec
22:12Valaski, avec Topor,
22:14avec Jean-Marie Gouriau
22:16auteur des brefs de comptoirs
22:18qu'il ne connaissait pas. Il m'a dit
22:20je vous fais confiance mais je vous préviens
22:22moi je veux que ce soit quelque chose de fort
22:24et qui ait une espèce
22:26de distribution aussi
22:28fortes que les films
22:30ou les téléfilms
22:32qu'on fait à la télévision. Moi je veux
22:34que tout d'un coup l'humour
22:36ait cette place là aussi.
22:38Et l'homme s'appelait Christian Fechner
22:40je crois que c'est François de Verny qui lui avait dit
22:42de s'adresser à vous. Christian Fechner
22:44on a un peu oublié mais d'abord il a été
22:46le producteur d'Antoine au moment des éducubrations
22:48il travaillait également à Bublil d'ailleurs
22:50qui a fait Les Misérables. Il a sauvé l'Alcazar
22:52il a recréé
22:54le Grand Guignol
22:56à Paris Place
22:58Kéchi et puis
23:00il a été un grand magicien
23:02il a été un disciple du...
23:04Champion du monde de magie.
23:06Il a même réglé des numéros de
23:086 Frédéroïd aux Etats-Unis. Absolument.
23:10Et donc un matin il vous appelle
23:12alors vous êtes en tournage. Oui un matin il m'appelle
23:14mon assistant
23:16me dit Christian Fechner qui veut te parler
23:18alors je le prends, je lui dis bonjour monsieur etc
23:20il me dit écoutez je voudrais vous voir
23:22moi je me demandais pourquoi parce que
23:24on n'était pas vraiment sur la même planète
23:26et puis on s'est rencontré
23:28et tout de suite
23:30on a eu de manière commune
23:32l'idée de faire quelque chose
23:34qui soit formidablement
23:36douce et accueillant
23:38et on a eu l'idée de Palace
23:40parce qu'il faut bien dire que dans les années 80
23:42c'est vraiment
23:44l'année de l'argent
23:46la décennie de l'argent
23:48et il m'a laissé libre cours
23:50alors c'est drôle parce qu'il me dit
23:52il m'a donné des choses, il m'a montré les mois
23:54ce qu'on a fait avec Topor etc
23:56on a beaucoup travaillé, on lui a écrit
23:58je me souviens je lui ai apporté
24:00j'ai apporté à son bureau
24:02nos écrits dans une
24:04semise verte
24:06le secrétaire Samuel Tivani en me disant
24:08oh là là sans cette semise il est superstitieux
24:10le vert ça porte malheur etc
24:12donc je suis rentré chez moi j'ai mis une semise bleue
24:14et
24:16pas de réponse
24:18pendant six mois. Alors au bout de six mois je l'appelle
24:20je lui ai dit Christian
24:22excusez-moi mais j'ai d'autres projets
24:24est-ce que vous avez une idée, ça vous amuse ou pas
24:26il me dit oui oui parfaitement on va le faire
24:28et d'ailleurs je vous signale
24:30que j'ai pris la décision de racheter les tuyaux de boulogne
24:32c'est formidable
24:34je me dis c'est absolument génial
24:36pour dire non
24:38parce qu'il ne va pas y arriver
24:40il va dire si je n'y arrive pas ce n'est pas de ma faute
24:42c'est parce qu'on a refusé
24:44non il a acheté les tuyaux de boulogne
24:46et là il a construit
24:48un accord complètement fou qui ont donné panace
24:50il se trouve que les tuyaux de boulogne
24:52pendant la guerre ont été réquisitionnés par les allemands
24:54on a tourné des films
24:56de propagande et après la guerre
24:58ce sont les américains qui sont venus en France
25:00pour tourner aux tuyaux de boulogne toute leur comédie musicale
25:02il y a eu 343 longs-métrages
25:04tournés jusqu'en 1990
25:06oui
25:08il vous fait une confiance absolue
25:10et puis en même temps le problème c'est que les chaînes publiques se désistent
25:12avant le tournage
25:14oui alors on avait tout prévu etc
25:16et puis tout d'un coup
25:18tout le monde dit non
25:20parce qu'ils avaient peur, c'était trop grand etc
25:22et on était à 15 jours du tournage
25:24c'est à dire qu'on allait faire la cassette
25:26la plus
25:28la plus serre du monde à produire
25:30et puis tout d'un coup
25:32on a eu l'idée de
25:34apporter ça à Canal Plus
25:36qui venait de commencer
25:38qui était déjà une scène nouvelle
25:40insolente et pleine d'humour
25:42et l'escure a dit oui moi ça m'amuse
25:44et on va le faire
25:46et à partir du moment où l'escure a dit
25:48on va le faire, les autres sont revenus
25:50et on a pu produire
25:52et quand on voit le casting de Palace
25:54que vous avez réussi à mettre au point
25:56je crois que personne n'a jamais fait ça
25:58il y avait aussi bien Jacqueline Maillan
26:00que Philippe Corsan
26:02que Valérie Lemercier qui débutait
26:04oui oui c'est une découverte de Palace
26:06et il y avait Carmé
26:08il y avait Clavier
26:10il y avait Blanc
26:12Carmé vous reprochez d'ailleurs
26:14votre allergie à l'alcool je crois
26:16ah oui
26:18j'étais très très ami avec lui
26:20j'ai fait des films après avec lui
26:22moi j'étais allergique à l'alcool
26:24je bois un verre de vin rose
26:26je suis en coma éthérique
26:28donc il me dit mais c'est pas possible
26:30je supporte pas ça, viens chez moi
26:32et le matin j'allais à Sèvres
26:34c'est lui, il posait sur son comptoir
26:365 ou 6 verres de blanc
26:38vas-y amuse-toi, dis-moi si ça te plaît
26:40il supportait pas que je puisse pas
26:42ingurgiter de l'alcool
26:44il était très très friand
26:46en plein tournage il disparaissait
26:48parce qu'il avait senti une odeur de lapin
26:50qui lui plaisait
26:52il frappait à la porte des gens
26:54il déjeunait avec eux, il fallait aller le chercher ensuite
26:56il était extraordinaire
26:58ce qui me fascinait c'était
27:00les endroits où il se passe rien
27:02les gens totalement inintéressants
27:04parfois il m'appelait
27:06dans les pauses de tournoi
27:08j'allais voir dans le bistrot d'en face
27:10j'allais avec lui, il me dit regarde
27:12le patron du bistrot, rien, c'est rien
27:14c'est extraordinaire
27:16il avait un confessionnel de campagne
27:18chez lui, c'est-à-dire un petit confessionnel
27:20pour le plaisir
27:22oui, il était
27:24anticlérical comme personne
27:26cette série Palace
27:28est devenue culte, totalement encore aujourd'hui
27:30il y avait Merci Bernard avant que tu aies ouvert la porte
27:32Merci Bernard a eu un immense succès
27:34c'était une belle pagaille aussi à France 3
27:36et je crois que l'un des fans
27:38c'était Jean-Luc Godard
27:40Jean-Luc Godard un jour m'a appelé
27:42c'était chez mes parents
27:44dans le Lot
27:46et on me dit il y a Jean-Luc Godard qui veut te parler
27:48je dis c'est une plaisanterie, pas du tout
27:50il m'a appelé, il me dit
27:52bonjour, c'est Godard, je vous appelle
27:54moi j'ai vu vos trucs, ça m'a bien plu
27:56j'ai plus d'idées
27:58est-ce que vous pouvez m'en donner
28:00c'est extraordinaire
28:02comment puis-je vous donner d'idées
28:04avec Villerey, tout ça
28:06je lui dis oui, on peut faire ça
28:08donnez-moi vos comédiens, pardon
28:10il y a Villerey, il y a Mélvane Arnault
28:12il y a Corsent, etc.
28:14il les a tous engagés, il a fait un film dont je me souviens plus le nom
28:16mais c'est parti de ça
28:18c'est bien Godard ça
28:20et puis les générations d'aujourd'hui ne le savent peut-être pas
28:22mais je l'aurai un jour
28:24ça vient de Palace
28:26ah oui, c'était le
28:28c'était le
28:30une séquence qui revenait tout le temps
28:32avec
28:34Marcel Philippot et Philippe Corsent
28:36Marcel Philippot était un client
28:38qui disait mais c'est pas possible
28:40il y a des verres dans la salade
28:42etc. et le directeur disait
28:44non monsieur, c'est pas des verres, c'est des limaces
28:46oh pardon
28:48et il disait je l'aurai un jour
28:50c'était une déclinaison sans fin
28:52et c'est devenu une pub que tout le monde aurait
28:54oui, c'est devenu une pub qu'une femme
28:56tout à fait extraordinaire, Anne Stock
28:58a voulu faire
29:00je ne sais pas, 20 fois, moi je ne voulais pas faire de pub
29:02si j'en avais fait c'était un monde que je détestais
29:04et elle a fini
29:06par me dire qu'est-ce que vous voulez
29:08pour le faire et moi pour qu'elle dise non
29:10j'ai dit moi je veux exactement
29:12le même décor que Palace, je veux exactement les mêmes
29:14comédiens et les mêmes
29:16techniciens, j'étais sûr qu'elle ne pouvait pas
29:18les retrouver, j'étais sûr comme ça c'était gagné
29:20elle allait me dire non, mais d'accord on le fait
29:22elle a tout retrouvé, il fallait
29:24que le premier épisode soit
29:26diffusé un mois après, je lui ai dit vous avez vu
29:28comment la
29:30est-ce que vous savez comment la pyramide de
29:32Khéops en Égypte a été construite
29:34il va falloir à peu près le même nombre
29:36de gens pour refaire tout ça
29:38à neuf. Et ça a marché
29:40et ça a marché, regardez, c'est
29:42une publicité qui est restée 13 ans
29:44ça ne se fait jamais, c'est la pub
29:46préférée des français mais il faut dire que
29:48on regardait sur tout ça pour la liberté
29:50de ton qu'on avait, les gens
29:52arrivaient en volant dans la chambre
29:54c'était totalement fou. Et la liberté
29:56de ton, il y a un de vos amis très cher
29:58qui l'a gardé toute sa vie. Je dors
30:00beaucoup, et comme il faut survivre
30:02avant ce réveil, en gros je fais
30:04tout ce que je peux. Topor
30:06Topor, Roland Topor. Pour moi c'est
30:08l'homme le plus étonnant que j'ai rencontré, chaque fois que je
30:10l'intervivais, il répondait par un rire
30:12et pas un mot de plus, c'était
30:14une sorte de génie discret, car il a fait plein de choses
30:16et on a un peu oublié
30:18Oui c'était
30:20un génie, c'est pour une fois
30:22quand on disait c'est génial, c'était
30:24pas usurper comme nom, comme adjectif
30:26Oui c'était un type
30:28tout à fait rare, extraordinaire
30:30Arabal disait c'est le type le plus intelligent
30:32que j'ai jamais rencontré, il a une oeuvre
30:34fondamentale, fondamentale
30:36énorme, aussi bien en dessin
30:38aussi bien en théâtre
30:40aussi bien en livre, aussi bien
30:42oui une oeuvre graphique, c'est lui qui a écrit
30:44ça aussi ça a été un événement
30:46très important
30:48ça a été Téléchat
30:50Téléchat il avait écrit
30:52une émission qu'il voulait pour les enfants
30:54mais il voulait pas que les parents s'emmerdent
30:56en la regardant, donc c'était une chose
30:58où les parents étaient contents de la voir autant que les enfants
31:00Et Polanski a tiré un film
31:02d'un de ses romans, Le Locataire
31:04Oui absolument
31:06Et c'est vrai que Beethoven ça faisait partie des génies
31:08sur Facebook il est en photo devant une bibliothèque
31:10totalement en désordre, ça lui correspond
31:12parfaitement
31:14Vous avez failli faire une encyclopédie je crois avec lui
31:16Qui corgne ?
31:18Qui corge ?
31:20Qui corge ?
31:22Parce que c'était l'envers de que sais-je
31:24D'accord
31:26C'est à dire qu'on voulait préserver
31:28tout ce qu'on ne savait pas
31:30qui était quand même une richesse incroyable
31:32et qui permettait
31:34à la fois d'un jour
31:36les découvrir et en même temps c'était une espèce
31:38d'inconscient qui nous permettait
31:40de faire des choses hors de l'autoroute
31:42balisée de la culture
31:44Il se trouve que parmi vos rencontres, car vous avez aussi
31:46un parcours extraordinaire Jean-Michel Rime
31:48Je crois que vous avez connu Raymond Queneau
31:50Ah oui, oui je l'ai connu
31:52j'ai même écrit des lettres
31:54Oui j'ai connu Raymond Queneau, j'avais
31:56ma mère s'était remariée avec un peintre
31:58Jean Cortot, un homme extraordinaire
32:00qui était ami avec beaucoup de gens d'artistes
32:02et Queneau venait souvent
32:04déjeuner à la maison
32:06moi j'étais tout petit et je me disais
32:08si c'est ça être adulte, je veux bien le devenir
32:10parce qu'il était extraordinaire
32:12il était une drôlerie infinie
32:14il était avec sa femme
32:16il l'accompagnait, Jeannine
32:18qui était Zazie finalement
32:20Oui Zazie dans le métro
32:22Oui c'était Zazie
32:24et qui n'avait qu'une obsession
32:26quand on déjeunait, c'était de le faire rire
32:28il éclatait de rire, on aurait dit
32:30une espèce d'éléphant qui s'étouffait
32:32c'était un homme extraordinairement
32:34à la fois gentil, inventif
32:36et surtout hors du commun
32:38Et il y a aussi quelqu'un qui vous a marqué
32:40c'est Ody Bertie
32:42que vous avez croisé aussi
32:44c'était la famille de ma tante
32:46et oui je l'ai croisé, c'était quelqu'un aussi
32:48ça faisait partie de ces gens
32:50qui avaient une liberté d'esprit
32:52de ces grands poètes
32:54que beaucoup de gens aimaient à l'époque
32:56maintenant ils se font rare
32:58Il y a quelqu'un aussi qui nous manque beaucoup
33:00et que vous avez vraiment beaucoup connu
33:02c'est Jacques Villeret
33:04Jacques, j'ai fait un nombre de choses insensées avec lui
33:06comme d'ailleurs avec Michel Blanc
33:08et Jacques, j'ai écrit des choses pour lui
33:10j'ai écrit un one man show
33:12j'ai fait un film avec lui, j'ai joué 11 rôles
33:14c'était un ami, vraiment un ami
33:16Et c'est un gâchis car
33:18il buvait par tristesse
33:20alors qu'il aurait pu faire beaucoup
33:22beaucoup plus de choses
33:24Et en même temps si l'on a fait
33:26un petit peu c'est aussi grâce à l'alcool
33:28Oui, et je crois qu'il y avait des déjeuners
33:30avec Dutronc aussi que vous faisiez
33:32Ah oui, on avait nos dimanches avec Dutronc
33:34à l'hôtel Saint-Jacques, PLM Saint-Jacques
33:36où Dutronc adorait imiter
33:38le chef cuisinier du restaurant japonais
33:40il coupait des homards
33:42en les lançant en l'air et Dutronc
33:44parlait comme ça comme lui
33:46pour essayer de parler japonais
33:48et ensuite comme c'était près de Sainte-Anne
33:50il allait à la librairie
33:52avec Jacques d'ailleurs et moi
33:54il allait à la boutique
33:56de l'hôtel, il achetait toutes les reproductions
33:58de la Joconde et dans la rue
34:00il les distribuait comme des tracts
34:02à tous les fous qui sortaient de Sainte-Anne
34:04Voilà, c'est une époque effectivement privilégiée
34:06Vous continuez aujourd'hui
34:08à évoquer justement votre retour à la scène
34:10à la mise en scène avec la date
34:12du 25 septembre 2024
34:14A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Michel Ribe
34:16Sud Radio, les clés d'une vie
34:18Jacques Pessis
34:20Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jean-Michel Ribe
34:22on a parlé de votre long parcours
34:24et puis aujourd'hui vous êtes de retour
34:26à la mise en scène
34:28c'est depuis le 25 septembre 2024
34:30il y a une pièce qui se joue à Paris
34:32au Petit Théâtre Saint-Martin
34:34qui est Projection Privée
34:36et c'est une pièce étonnante
34:38à trois personnages
34:40qui se moquent de la télévision
34:42et des feuilleteaux
34:44Plus que ça, c'est une pièce
34:46de Rémy De Vos
34:48j'avais d'ailleurs monté
34:50au rond-point
34:52une de ces pièces qui s'appelait Cadoc
34:54formidable
34:56et vous me dites
34:58je reviens à la mise en scène, je ne me suis jamais éloigné
35:00même après 22 ans d'élection du rond-point
35:02où j'ai fait beaucoup de spectacle
35:04je n'avais pas cru que ça allait m'arrêter
35:06mais voilà, je suis absolument
35:08c'est comme les cyclistes
35:10s'ils arrêtent de pédaler, ils tombent
35:12donc j'ai continué à faire mes petites bêtises
35:14et en effet
35:16là j'ai trouvé cette pièce absolument étonnante
35:18d'une cruauté incroyable
35:20et d'une drôlerie aussi forte
35:22qu'elle décruelle
35:24avec trois acteurs
35:26magnifiques qui sont
35:28Clotilde Mollet
35:30Joséphine Demout
35:32qui se cache dans les anneaux souvent
35:34et Gilles Gaston de Réfuses
35:36et c'est une pièce
35:38plus
35:40vous dites qu'il se moque
35:42de la télévision, plus que ça
35:44c'est une pièce qui montre
35:46avec une drôlerie encore une fois tragique
35:48mais une drôlerie formidable
35:50les dégâts que provoque
35:52l'addiction à la télévision dans un couple
35:54Oui, en fait
35:56il y a l'homme, la femme
35:58et puis une jeune femme qui apparaît
36:00sa vie devant la télévision
36:02C'est à dire que la femme
36:04ils sont déconnectés avec son mari
36:06elle tient le coup parce qu'il y a la télévision
36:08lui amène des filles dans son dos, elle les voit même pas
36:10et ensuite ce qui est assez étonnant
36:12c'est qu'une des filles qu'il ramène
36:14devient l'amie de la femme
36:16et devient contre
36:18le mari qui est son amant
36:20enfin c'est une espèce
36:22d'inversement, enfin de renversement
36:24de ciel mon mari
36:26des éternels trios de boulevard
36:28c'est à dire que c'est excessivement
36:30souhissif de les voir
36:32et de monter cette pièce
36:34Oui, le mari est tellement loin de sa femme
36:36qu'il ne connait même pas son prénom
36:38Exactement
36:40il lui dit tiens, j'ai amené une babysitter
36:42je pense que ce sera utile pour l'enfant
36:44et la femme lui dit
36:46c'est des choses qui m'intriguent, on n'a pas d'enfant
36:48c'est comme ça
36:50et ce qui est assez bien dans la pièce
36:52c'est que peu à peu
36:54cette espèce de trois solitudes
36:56qui vont tenir le coup et retrouver
36:58une communication entre eux
37:00se mettent à jouer
37:02à devenir les personnages de gloire, beauté
37:04et luxure, un grand feuilleton
37:06populaire et à ce moment là
37:08ils commencent peut-être à revivre
37:10Aujourd'hui on a les plateformes
37:12avec des jours et nuits, on peut regarder
37:14des films, moi je me souviens
37:16dans les années 60, il y avait une chaîne de télévision
37:18il y a 19h40, toute la France
37:20était devant Janine Camus ou Rock'n Ball
37:22il y avait 97%
37:24des français qui regardaient
37:26et qui suivaient avec passion
37:28mais ce n'était pas une addiction, c'était autre chose
37:30c'était le quotidien
37:32mais l'addiction à la télévision en feuilleton, ça peut exister
37:34C'est-à-dire que là
37:36c'est une addiction
37:38presque une béquille
37:40parce qu'elle n'a plus d'amour, plus rien, elle ne parle plus à son mari
37:42donc il faut bien qu'elle ait un moment
37:44quelqu'un avec qui elle puisse
37:46communiquer
37:48et c'est la télévision
37:50Il se trouve que le décor est très simple
37:52il y a un canapé
37:54et une télévision
37:56Non, il y a un canapé et des dizaines
37:58de télévisions
38:00Non, mais on les voit avant
38:02comme si c'était des télévisions qu'elle usait
38:04et qu'elle jetait un papier dans la corbeille
38:06et à la fin, toutes ces télévisions reprennent vie
38:08Vous êtes accro, vous-même, à la télévision ?
38:10Non, pas du tout
38:12Non, à un moment
38:14j'en ai fait beaucoup
38:16j'en ai fait beaucoup avec Armée
38:18merci Bernard de Palaz, j'en ai fait beaucoup
38:20mais non, je ne suis pas
38:22je pense que la télévision
38:24on jette son propre sur la télévision
38:26il y a des choses assez étonnantes
38:28dans la télévision
38:30qui ne peut naître qu'à la télévision
38:32et puis à part ça
38:34ce qu'il y a moi
38:36qui me gêne un peu
38:38et qui m'interdit peut-être
38:40de refaire partie de la bande télévision
38:42c'est que tout devient lisse
38:44tout devient bien élevé
38:46tout devient poli
38:48et je pense que
38:50l'humour, en tout cas
38:52l'intérêt de la création
38:54c'est de sortir de l'autoroute
38:56c'est ce que vous avez toujours fait
38:58et je crois que vous êtes un défenseur de la fantaisie subversive
39:00absolument
39:02c'est quelque chose qui n'est pas l'actualité pour l'instant
39:04oui, mais je ne pense pas
39:06qu'il y ait vraiment de fantaisie sans subversion
39:08c'est quand même ça
39:10il y a des gentils
39:12trucs bien élevés
39:14presque
39:16c'est comment va maman
39:18poil au dent
39:20mais en tout cas
39:22dans tout ce qui est l'humour
39:24peut-être à part
39:26sur Canal
39:28il y a encore
39:30je ne sais plus comment ça s'appelle
39:32mais cette émission
39:34Grolande
39:36je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de choses
39:38qui dérangent
39:40et en plus vous connaissez le sujet, vous avez fait deux livres
39:42importants qui sont des classiques sur les rires de résistance
39:44c'est-à-dire que c'est vraiment
39:46ça fait partie de la tradition française de Jean-Michel Rimes
39:48oui, absolument
39:50c'est-à-dire que
39:52c'est un incroyable nombre de gens
39:54qui ont pu permettre
39:56presque faire reculer
39:58des dictatures
40:00presque faire reculer la pensée unique
40:02presque faire reculer
40:04toutes ces prisons de raisonnement
40:06qui interdisent la pensée
40:08il y a eu, je ne sais pas quoi
40:10de Rabelais à Jarry
40:12des gens qui ont montré
40:14qu'on pouvait respirer ailleurs
40:16ou respirer autrement
40:18Topper et Harakiri justement
40:20en ont été des symboles
40:22vous savez Harakiri dont aujourd'hui
40:24on se moque à travers Farid Abdo
40:26Harakiri dans les années 60
40:28et début 70
40:30ça a bouleversé, c'est un événement
40:32presque littéraire qui a bouleversé
40:34l'humour en France
40:36qui a autorisé les gens
40:38à rire des choses qui étaient taboues
40:40il se trouve que ça s'appelait Harakiri jusqu'au jour
40:42où il y a eu balle tragique à Colombay
40:44un mort c'était le général de Gaulle
40:46et il se trouve que Sauron Cavana
40:48avait racheté un journal américain
40:50de bande dessinée Charlie
40:52et c'est pour ça que c'est nommé Charlie Hebdo parce qu'ils avaient le titre sous la main
40:54c'est pour ça et c'est aussi pour se moquer
40:56de celui qu'ils avaient condamné
40:58qui s'appelait Charles de Gaulle, qui s'appelait Charlie
41:00alors quand on voit ce spectacle
41:02projection privée que je recommande à celles et ceux
41:04qui nous écoutent, on reconnait tout de suite
41:06le style de la mise en scène de Jean-Michel Ribe
41:08il y a une marque de fabrique
41:10en tout cas il y a
41:12une direction d'acteur qui m'a passionné
41:14avec des acteurs tout à fait étonnants
41:16et qui ont été chauffés à blanc
41:18et oui
41:20moi j'aime le théâtre d'acteur
41:22j'aime le théâtre
41:24à la fois qui est comme une partition
41:26où il faut le chanter juste mais pas sortir
41:28de la partition
41:30de la ligne mélodique
41:32et là je veux dire qu'ils sont tout à fait extraordinaires
41:34vous savez moi j'ai eu la chance d'être pas mal
41:36joué à l'étranger et parfois
41:38on tombe sur des mises en scène beaucoup plus
41:40géniales que l'auteur
41:42et j'ai vu des choses qui ne ressemblaient plus
41:44à ce que j'avais écrit du tout mais bon
41:46je partais, j'avais un eczéma généralisé
41:48et je partais de la salle. Mais là
41:50je pense qu'on est près du cœur
41:52de ce que raconte Rémy
41:54qui est à la fois irrésistible
41:56et terrifiant. Vous voyez c'est
41:58Echilles chez les Max Brothers
42:00Oui et ce qui est étonnant aussi
42:02chez vous c'est votre catalogue d'acteurs
42:04vous pouvez prendre n'importe quelle pièce
42:06et Dieu sait si vous avez monté en 22 ans
42:08au rond-point, vous trouvez toujours
42:10le bon acteur, c'est rare
42:12Oui c'est essentiel
42:14c'est celui qui porte
42:16l'oeuvre qu'il a fait vivre
42:18auprès du public, l'acteur
42:20c'est essentiel
42:22Mais comment on fait Jean-Michel Rippe pour justement avoir
42:24une pléiade d'acteurs à disposition et sentir
42:26et penser à celui qui sera
42:28le bon. Donc j'ai la chance que beaucoup
42:30d'acteurs sont venus
42:32m'avoir pour
42:34j'ai plutôt envie de travailler avec moi
42:36et puis après
42:38c'est comme quand vous tombez amoureux de quelqu'un
42:40c'est immédiat
42:42mais
42:44j'ai eu la chance de travailler avec des gens
42:46célèbres comme Arditi, Dussolier
42:48et Michel Blanc
42:50avec qui j'ai beaucoup beaucoup travaillé
42:52ça se faisait assez
42:54naturellement au bout d'un moment
42:56ils savaient les bêtises que j'avais faites
42:58ça les amusait, ils avaient envie d'en partager avec moi
43:00donc ils ont continué
43:02mais c'était vraiment
43:04j'aimais pas les rigolos
43:06j'aimais les acteurs
43:08j'aimais les grands comiques
43:10et les grands comiques qui ont quelque chose
43:12de plus profond au fond d'eux-mêmes
43:14et je trouve aussi qu'il y a une chose étonnante
43:16c'est dire que si vous n'aviez pas dirigé
43:18le rond-point voici 22 ans
43:20ça serait devenu un showroom
43:22pour la haute couture. Oui, on est arrivé
43:24à un moment
43:26le théâtre allait être
43:28devenu en effet le showroom
43:30des couturiers de l'avenue Montaigne
43:32et je peux dire que la mairie était si courageuse
43:34parce que la somme d'argent qu'il leur proposait
43:36lui proposait était assez énorme
43:38moi je me suis battu tout d'un coup
43:40pour que ce soit, je leur ai dit
43:42le temple des auteurs vivants
43:44et j'ai tenu ma parole. Oui, et
43:4622 ans de travail quotidien c'est énorme
43:48comme travail. Oui parce que je
43:50continuais à faire du cinéma
43:52je continuais à faire des pièces etc
43:54mais c'était là de 8h du matin à 8h du matin
43:56il y avait 3 salles
43:58un restaurant, une librairie
44:00oui et faire
44:02qu'on a fait revivre ce lieu de manière étonnante
44:04Il se trouve aussi que le théâtre
44:06un jour Pierre Cardin m'a parlé de vous
44:08à propos d'une pièce qui s'appelait
44:10« Par-delà les marronniers » sur Michel Rimes
44:12qui était une pièce que vous avez montée à l'espace Cardin
44:14à ses débuts dans une petite salle
44:16Oui, j'avais monté ça au
44:18Festival du Marais
44:20il avait aimé, c'était 3
44:22histoire de 3 poètes
44:24dadaïstes qui sont les 3 suicidés
44:26qui étaient incroyablement subversifs
44:28et qui étaient Jacques Vaché
44:30Jacques Cravant et Arthur Rimbaud
44:32et Arthur Rimbaud
44:34pardon, ça aurait pu l'être
44:36Arthur Cravant et
44:38d'ailleurs Jacques Vaché c'est assez étonnant
44:40parce que Jacques Vaché pendant la
44:42guerre de 14 était
44:44interprète entre l'armée
44:46anglaise et l'armée française
44:48et il a envoyé des lettres
44:50à un médecin militaire, des lettres absolument
44:52insensées, un médecin militaire
44:54qui s'appelait André Breton
44:56et André Breton est devenu André Breton
44:58grâce à Jacques Vaché, il le disait d'ailleurs
45:00C'est extraordinaire. Alors il se trouve que ce spectacle
45:02a eu lieu dans une petite salle sauf un soir
45:04où Valéry Giscard d'Estaing est venu
45:06Jean-Michel Rimes. Oui, c'était extraordinaire
45:08il y avait, c'était les
45:10indépendants, je peux croire son mouvement
45:12Les Républicains indépendants
45:14Ils étaient arrivés
45:16à Paris pour fêter ça
45:18en croyant qu'ils allaient aller au Lido
45:20ou au je ne sais pas quoi
45:22et il y avait des trompettes partout
45:24et ils l'avaient amené
45:26voir ce spectacle
45:30incroyablement subversif
45:32mais parlant du dadaïsme
45:34et petit à petit la salle se vidait
45:36par rangs entiers et simplement
45:38Giscard et ses collaborateurs
45:40étaient restés au premier rang à la fin
45:42et il m'a dit
45:44Jean-Michel
45:46c'est très intéressant ce que vous nous dites
45:48c'était incroyable
45:50l'espèce de gap qu'il y avait entre lui
45:52qui était resté et tous ses
45:54adhérents de province qui avaient envie de
45:56venir faire la fête à Paris
45:58Il se trouve aussi que vous n'avez peut-être pas connu
46:00vos étrangers mais De Gaulle est venu chez vos parents
46:02et vos grands-parents
46:04en 47 je crois
46:06et puis vous avez écrit une lettre
46:08à René Coty
46:10Oui, c'était triste, je me souviens
46:12j'étais un jeune enfant et j'ai écrit une lettre
46:14qui m'avait répondu
46:16Il se trouve que René Coty
46:18Philippe Bouvard, jeune journaliste interview René Coty
46:20qui dit je ne veux pas quitter le pouvoir
46:22je resterai président. Il apporte ce papier
46:24au Figaro à Pierre Brisson qui dit
46:26je ne le passerai pas parce que De Gaulle doit venir
46:28sinon la France est foutue
46:30et ça a failli se faire
46:32Je crois que
46:34Coty a été très respectueux
46:36et content que De Gaulle arrive
46:38donner un coup de main
46:40Et puis il y a quelqu'un
46:42très connu aujourd'hui
46:44qui vous a aidé
46:46pour les mathématiques c'est Marc Delacharrière
46:48ça c'est extraordinaire
46:50Oui Marc Delacharrière qui est devenu
46:52une des icônes
46:54des grands
46:56grands milliardaires français
46:58quand il était
47:00étudiant
47:02il cherchait à gagner un peu d'argent
47:04et il donnait des leçons de mathématiques
47:06il m'avait donné des leçons de mathématiques
47:08d'autant plus d'une façon assidue
47:10qu'il est tombé fou amoureux de ma mère
47:12donc il venait surtout voir ma mère
47:14plutôt que moi
47:16Voilà un homme de théâtre qui pourrait vous dire
47:18faites des mises en scène pour moi
47:20Marc Delacharrière
47:22il nous a aidé au rond-point
47:24ça peut continuer maintenant
47:26je lui souhaite
47:28à mon avis vu votre style
47:30et vu cette pièce et tout ce qui vous attend
47:32vous avez encore un bel avenir devant vous
47:34oui je pense avoir 50-60 ans devant moi
47:36au moins
47:38et avec des pièces à chaque fois
47:40à la fois de nouveaux auteurs
47:42et à la fois j'ai le projet
47:44de faire une espèce
47:46c'est un projet avec un être exceptionnel
47:48qui est Patrick Robin
47:50je vais d'ailleurs le monter au rond-point
47:52qui est
47:54une espèce de facteur cheval de l'humour
47:56un poète de l'humour
47:58c'est lui vous savez qui imite le faux plat
48:00et le pain parasol
48:02c'est extraordinairement bouleversant
48:04d'une drôlerie infinie et qui sort justement
48:06du stand-uper
48:08lui c'est vraiment
48:10un grand poète de l'humour
48:12et j'aimerais aussi
48:14rendre hommage
48:16à tous ces gens qui ont été oubliés et délaissés
48:18depuis Chat Noir jusqu'à maintenant
48:20et bien sûr Pierre Dac
48:22et qui ont
48:24qui n'ont pas leur place
48:26ils n'ont pas la reconnaissance
48:28qu'ils devraient avoir car ils ont
48:30été
48:32presque le fruit
48:34ils ont été la semence
48:36qui a donné ce qu'il y a de meilleur
48:38aujourd'hui. Et le meilleur pour l'instant
48:40c'est d'aller donc au Petit Saint-Martin
48:42voir Projection Privé alors c'est du
48:44mercredi au samedi je crois que c'est à 21h
48:46au début c'était à 19h maintenant c'est à 21h
48:48Non c'est-à-dire qu'il y a une semaine pour satisfaire tout le monde
48:50une semaine à 21h la semaine d'après
48:52à 19h. Donc il faut choisir sur
48:54internet le bon horaire et c'est
48:56jusqu'au 29 décembre. Oui j'espère
48:58Je suis convaincu et peut-être peut-être au-delà
49:00non ? Peut-être au 29 décembre
49:02vous voulez dire de l'année d'après. Exactement
49:04Merci Jean-Michel Ryck, continuez ainsi
49:06ne changez rien. Bah écoutez
49:08je vais essayer, je vais essayer
49:10je vais peut-être changer une chose
49:12c'est que je vous verrai plus souvent. Avec joie
49:14Les clés d'une vie c'est terminé pour aujourd'hui
49:16on se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute
49:18de Sud Radio