• l’année dernière
Jacques Pessis reçoit Dominique Guillot. Ses rôles dans « La crim » et dans « Demain nous appartient » lui ont permis de devenir un acteur populaire. Il a aussi joué des classiques parmi lesquels « L’avare » un millier de fois.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-12-10##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Vous avez fait des rêves de théâtre sous le soleil de Nice
00:08avant de les concrétiser sous des projecteurs beaucoup moins naturels.
00:11Vous avez touché à tous les genres du classique en passant par le polar et la comédie musicale
00:16et cela sans jamais la moindre fausse note.
00:18Bonjour Dominique Guillot.
00:20Bonjour Jacques.
00:21Alors on vous connaît à la télévision notamment grâce à des séries comme La Crime
00:25où Demain nous appartient et quelques autres
00:27Mais vous avez un parcours tout à fait étonnant
00:29et le principe des clés d'une vie étant de le raconter
00:32on va l'évoquer aujourd'hui à travers des clés à l'occasion d'une comédie musicale
00:36que vous mettez en scène, assez étonnante aussi, qu'on évoquera tout à l'heure.
00:40Alors la première date que j'ai trouvée ne vous concerne pas directement je vous rassure
00:44mais elle est importante dans votre parcours.
00:47C'est le 9 septembre 1668.
00:49Ce jour-là la pièce Lavar est créée au théâtre du Palais Royal.
00:53Et Lavar ça a été très important dans votre vie.
00:56Oui ça a été mille fois plus important que le reste.
00:59C'est là-dessus que vous voulez m'amener.
01:01En effet c'est le rôle de Cléante.
01:03Je l'ai joué à cette époque-là.
01:05J'étais un jeune premier en fin d'apprentissage chez Florent je pense
01:11et je l'ai joué sur une, deux, trois productions
01:13jusqu'à ma dernière qui était la millième.
01:16Mais mille fois Lavar c'est étonnant.
01:18Oui alors divisé par trois mises en scène pourquoi pas.
01:21Et puis franchement je vous avoue que c'est pas parce que vous avez un comédien
01:25qui vous parle en face de vous et qui ne pourrait pas dire le contraire
01:28mais vraiment Molière.
01:30Vraiment Molière souffre qu'on le joue sans cesse, sans s'y ennuyer.
01:35Vraiment c'est vraiment une partition tellement musicale
01:40et qui appelle tellement notre engagement immédiat de chaque moment
01:45qu'on s'ennuie jamais.
01:47Surtout que trois metteurs en scène différents ça doit être trois visions différentes de Lavar.
01:50Et bien évidemment.
01:52Cette fameuse langue dont on vient de parler plus une vision en effet
01:55avec une obligation entre guillemets de donner une autre image au spectacle.
01:59Il faut savoir que Lavar est né parce que Molière avait quelques soucis avec ses créanciers
02:05et après le succès d'Amphitryon il a écrit Lavar.
02:07Absolument, absolument.
02:09Alors vous avez joué cette pièce pour la première fois à la Première Enseignement
02:12Dominique Guillot en 1989 au Théâtre Régional des Pays de la Loire
02:16qui était à Cholet je crois.
02:18Oui, donc le centre était à Angers
02:22et ça a permis de vendre un très joli hommage à Jean Guichard
02:25qui était un merveilleux comédien et un merveilleux metteur en scène
02:28avec qui j'avais travaillé sur ce spectacle.
02:30Il était un des trois arpagons certainement le plus impressionnant que j'ai eu
02:36et c'était une très très belle rencontre au Théâtre Régional des Pays de la Loire.
02:41Oui, ce sont des théâtres qu'on n'imagine pas aujourd'hui
02:45où il y a une vie culturelle importante.
02:48Une énorme vie, vraiment.
02:50Beaucoup de créations, beaucoup d'accueils
02:52mais beaucoup de créations, oui, vraiment.
02:54Alors il se trouve aussi que Molière c'est effectivement l'idâle pour apprendre son métier
02:58du côté de la Loire mais vous êtes né à Aubenas dans l'Ardèche.
03:02Oui, je suis né dans l'Ardèche.
03:04Alors je n'ai pas gardé grand chose d'éducation car je l'ai quitté à l'âge de 3 ans
03:09on en garde peu de choses.
03:11Pourtant, c'est fou, il y a quelque chose de...
03:15C'était un peu via Jean Ferrat qui était un Ardèchois aussi.
03:19Je sens quelque chose de là-bas.
03:21Cette campagne peut-être si naturelle, oui.
03:23D'ailleurs, il est décédé à l'hôpital d'Aubenas.
03:25Oui, absolument.
03:27Je ne veux pas dire de bêtises en disant qu'il est né en Ardèche.
03:29Je ne peux peut-être pas mais en tout cas,
03:31ça a été un porte-étendard de l'Ardèche
03:33et de la belle Ardèche
03:35comme étant représentatif de la nature pure
03:37et de l'anti-développement, anti-mondialisation
03:41comme s'il avait connu ça à cette époque-là.
03:43L'Ardèche était vraiment le drapeau
03:45de ce combat et cette revendication.
03:47Poétique, poétique en plus.
03:49Poétique, oui.
03:51En fait, il vivait, Jean Ferrat, dans la région parisienne.
03:53Il part en vacances quelques semaines dans l'Ardèche.
03:55Il découvre Antrègue, la montagne.
03:57Il lui en fait une chanson.
03:59Et c'est comme ça qu'il est resté.
04:01Ce n'était pas prévu du tout au départ.
04:03Elle est donc tous visitée Antrègue.
04:05C'est très très beau.
04:07Ce qui est étonnant, Dominique Guillot,
04:09c'est que vos parents n'ont rien à voir avec cet univers.
04:12Absolument.
04:14Et une mère enseignante dans un collège
04:16où vous avez été.
04:18Où j'ai été son élève, oui absolument.
04:20Et alors ?
04:22Au collège, ça a été très compliqué.
04:24Je voulais absolument avoir ma mère comme prof.
04:26Je m'entendais tellement bien avec ma mère.
04:28Et puis, en effet, il a été question
04:30que ce ne soit pas le cas du tout.
04:32On a assisté tous les deux.
04:34Ma mère m'a dit, écoute, le principal m'a accordé
04:36que tu le fasses à la seule condition
04:38que tu m'appelles Madame Guillot
04:40Les trois premiers jours.
04:42Il faut savoir que ce collège
04:44est quand même lié à un mauvais souvenir
04:46qu'une chanson évoque.
04:56La chanson de Joe Dassin.
04:5826 boulangères ont assuré
05:00que c'était elle la boulangère,
05:02alors que c'est totalement faux.
05:04Mais vous, c'est lié à un souvenir car je crois
05:06que vous avez volé des petits pains au chocolat.
05:08C'est incroyable.
05:10J'en reparlais avec mon amie d'enfance
05:12il y a quelques jours.
05:14C'était les personnes qui nous vendaient
05:16le pain au chocolat à la récréation.
05:18Et ce jour-là, j'avais pas, je sais pas,
05:20un franc 50 qu'il fallait.
05:22Et j'ai profité qu'ils aient tourné le dos.
05:24Quelle horreur. Des gens adorables, merveilleux,
05:26dont on se souvient encore le nom.
05:28Avec mon amie d'enfance, 40 ans après.
05:30Comme quoi, on les respectait quand même.
05:32Mais c'était des enfantilles.
05:34Vous n'avez pas eu d'ennuis au collège après ?
05:36En effet, il n'y a pas de proverbe
05:38qui vole un pain au chocolat.
05:40Ça doit être pour ça.
05:42En même temps, vous étiez bon en français.
05:44Mais les autres matières, c'était pas ça.
05:46A commencer par le sport.
05:48Je ne sais pas comment j'ai fait.
05:50Je m'en suis rendu compte après.
05:52Et ça s'étend jusqu'au bac.
05:54Je crois que je ne suis pratiquement
05:56jamais allé au sport.
05:58A commencer par le collège
06:00dans lequel ma mère était en effet enseignante.
06:02Je ne sais pas comment j'ai réussi à m'échapper.
06:05Je n'ai pratiquement aucun souvenir
06:07de cours de sport.
06:09On ne vous a jamais cherché ?
06:11On a dû me chercher.
06:13Je devais venir, repartir.
06:15C'est incroyable.
06:17Je souffrais beaucoup à l'idée d'y aller.
06:19Je n'aimais pas ce moment.
06:21Je ne sais pas.
06:23Je ne l'ai pas encore analysé.
06:25C'était très physique.
06:27C'était sport.
06:29Est-ce que c'est cette chose physique
06:31entre nous qui ne me plaisait pas ?
06:33Il y a quelque chose dans le sport
06:35qui ne m'interpelle pas.
06:37Quand on est acteur, il faut être sportif
06:39en cours sur scène.
06:41Je ne sais pas si c'est sportif
06:43mais il faut être bien
06:45avec son corps.
06:47Il faut l'écouter et faire très attention.
06:49C'est un instrument.
06:51C'est un des seuls métiers dans lequel
06:53nous sommes l'instrument
06:55et l'interprète.
06:57Il faut que l'instrument soit en bon état
06:59et l'interprète pour pouvoir jouer dessus.
07:01Vous débutez à la scène Dominique Guillot
07:03et votre découverte du théâtre
07:05se passe au palais des congrès de Jean Lépin
07:07à la fin d'une année scolaire.
07:09J'espère que vous ferez monoraison
07:11parce que qui serait mieux que vous ?
07:13C'était en effet...
07:15Je devais avoir 13 ans
07:17et c'était à l'issue
07:19d'un an ou deux
07:21de cours d'art dramatique
07:23en option scolaire.
07:25Non, même pas en option.
07:27C'était un divertissement
07:30qui est proposé par le collège
07:32et puis on a présenté cette pièce
07:34avec l'ami d'enfance dont je viens de vous parler
07:36qui s'appelle Isabelle
07:38et qui était un agent artistique
07:40et j'ai eu ce coup de foudre.
07:42Je m'en souviens encore aujourd'hui
07:44vraiment
07:46je me souviens du gros plan que j'ai fait
07:48du gros plan imaginaire
07:50parce qu'on fait des gros plans que dans sa tête
07:52du rideau qui s'ouvre
07:54sur la salle alors qu'on était installés
07:56Isabelle et moi sur deux chaises
07:58Je me suis dit avant de dire le premier mot
08:00Je veux faire ça !
08:02Immédiatement !
08:04Et je m'en souviens maintenant comme si c'était vraiment avant-hier
08:06Vous vous souvenez du spectacle que c'était ?
08:08Oui, c'était Fils de Personne de Monterland
08:10Il se trouve ensuite que vous décidez
08:12d'entrer au conservatoire de Nice
08:14mais il y a un problème, vous avez 13 ans
08:16alors que l'âge minimum pour entrer
08:18c'est 14 ans.
08:20Oui absolument, j'ai eu de la chance là aussi
08:22je suis rentré sur dispens
08:24et ma maman
08:26m'a beaucoup aidé, elle m'a dit
08:28tu ne peux pas rentrer, c'est 14 ans
08:30j'ai voulu voir le directeur
08:32avec maman, elle m'a amené dans son bureau
08:34je suis monté sur le bureau du directeur
08:36et je lui ai
08:38raconté, dit
08:40comme dirait Jean-Laurent Cochet
08:42une fable de La Fontaine, extrêmement convaincu
08:44et il m'a laissé rentrer à 13 ans et demi
08:46au conservatoire national
08:48de région de Nice
08:50Et je crois qu'à 16 ans vous avez eu un premier prix
08:52J'avais terminé mon
08:55mon cursus à 16 ans
08:57devenait donc une très très bonne nouvelle
08:59et puis en même temps un très gros problème
09:01vous vous en doutez pour la suite
09:03à 16 ans et 3 mois
09:05bloqué
09:07entre guillemets dans le parcours
09:09qui était incandescent
09:11et au bout de deux ans
09:13trois ans, que faire ?
09:15Oui mais surtout que c'est assez rare
09:17votre mère avait dit, ok fais ce que tu aimes
09:19en général les parents disent, passe ton bac d'abord
09:21et on verra ensuite. On a eu de la chance
09:23et en effet je pense que
09:25le trio dont vous parlez s'explique
09:27aussi et s'équilibre avec le
09:29quatuor que nous étions, avec ma grande soeur
09:31Véronique qui a 4 ans et demi de plus que moi
09:33et qui est concertiste et qui était pianiste
09:35donc elle a ouvert la voie déjà
09:37de quelque chose qui n'était pas du tout
09:39dans leur parcours à eux
09:41à mes parents, elle a ouvert une voie artistique
09:43c'est le piano qui est rentré chez nous
09:45très jeune par ma soeur Véronique
09:47ça a ouvert la voie de tout
09:49en fait après, de toutes acceptations
09:51pour aller vers le bien et l'accomplissement
09:53de ce qu'on voulait vraiment faire
09:55et l'une et l'autre
09:57que j'étais.
09:59Et donc vous allez à Paris, vous tentez votre chance
10:01c'est le cours de Jean-Laurent Cochet qui est très dur
10:03et le cours Florent. Exactement, cours Jean-Laurent Cochet
10:05d'abord, j'y suis resté longtemps
10:07je devais y rester quelques mois ou peut-être un an ou deux ans
10:09j'y suis resté 4 ans et demi, je suis vraiment
10:11tombé amoureux, j'ai senti
10:13l'indispensabilité de cet enseignement
10:15et il dispensait
10:17au delà d'un cours
10:19c'était quelque chose de très
10:21d'abord, de très averti
10:23c'est la personne
10:25certainement la plus cultivée
10:27de théâtre
10:29j'entends, mais certainement de beaucoup d'art
10:31que j'ai croisé dans ma vie
10:33et qui se servait de cette
10:35de l'évidence
10:37que lui faisait l'art en lui
10:39pour en faire un enseignement
10:41c'était à la fois précis et pas précis
10:43pour ceux qui
10:45le défendent
10:48ils savent que c'était pas si précis
10:50que ça et puis pour les personnes
10:52qui n'ont pas toujours
10:54sinon apprécié
10:56du moins validé l'enseignement de Jean-Laurent Cochet
10:58c'était
11:00vraiment
11:02trop sérieux, trop strict
11:04mais je pense qu'on fait pas de maison
11:06même
11:08la maison dansante de Prague
11:10ou je dirais pas la tour de piste parce que c'était
11:12pas prévu, mais en tout cas sans belle fondation
11:14ça c'était vos fondations
11:16tout de suite il y a eu le côté artiste
11:18et ça on va l'évoquer à travers une autre date
11:20le 1er mars 1999
11:22à tout de suite sur Sud Radio avec Dominique Guillot
11:24Sud Radio, les clés d'une vie
11:26Jacques Pessis
11:28Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Dominique Guillot
11:30nous parlerons tout à l'heure d'Edwig
11:32and the Hungry Inch, pardon pour la prononciation
11:34on en parlera
11:36on revient à votre parcours
11:38effectivement on a évoqué vos débuts
11:40à Nice, votre arrivée à Paris, au Cours Florent
11:42il y a une date importante dans votre parcours
11:44c'est le 1er mars 1999
11:46c'est le début d'une comédie
11:48musicale adaptée d'un album
11:50de Herbert Pagani
12:06La cuisine, le ménage et l'amour dans Mégalopolis
12:08premier album d'Herbert Pagani
12:10moi j'ai rencontré Herbert Pagani à cette époque là
12:12j'étais un fan absolu, on était beaucoup
12:14il a disparu trop tôt
12:16et vous vous êtes retrouvé à la tête de cette comédie musicale
12:18tête d'affiche
12:20ah oui quelle chance, vraiment
12:22alors je ne le connaissais pas non plus
12:24et c'est vrai que je l'ai découvert
12:26grâce aux producteurs qui m'avaient proposé
12:28ce spectacle
12:30et
12:32j'ai passé une audition pour ce spectacle
12:34tout à fait
12:36naïvement comme ça
12:38et ils cherchaient
12:40un rôle secondaire
12:42ils m'ont appelé le soir et ils m'ont dit
12:44je suis choisi à l'unanimité pour le rôle principal
12:46en fait
12:48donc j'ai lu
12:50cette vision de Pagani
12:52qui était extraordinaire pour ceux qui ne connaissent pas
12:54Mégalopolis ou l'oeuvre visionnaire
12:56de Pagani, en effet c'est passionnant
12:58et musicalement c'était très beau aussi
13:00on s'est beaucoup amusé
13:02il se trouve que Herbert Pagani était peintre, sculpteur, comédien
13:04chanteur et il avait débuté grâce à
13:06Brel, il avait écrit une lettre à Brel
13:08qui n'était jamais parvenu, mais sa femme l'avait fait parvenir
13:10à Jacques Brel et il a pu commencer
13:12comme ça dans ce métier là
13:14et faire une carrière trop courte puisqu'il est mort je crois
13:16à 44 ans d'une leucémie
13:18mais en même temps, Mégalopolis, quand on voit
13:20cette comédie musicale, c'est l'ancêtre
13:22de Starmania. Complètement
13:24complètement et c'est vrai
13:26qu'on traitait des mêmes sujets
13:28on s'était représenté
13:30non pas de la même façon
13:32parce qu'il n'y avait pas
13:34Starmania avec quelque chose de plus
13:36et qui a une cohérence
13:38évidente en connaissant
13:40les deux interprètes, si tant est qu'on connaît un peu
13:42l'interprète qui était Pagani, à savoir
13:44un homme avec une très jolie voix
13:46chaleureuse à la Fugain, c'est à dire
13:48c'est pas du bel canto non plus
13:50ce qui a
13:52inspiré
13:54Michel Berger
13:56c'était des Fabienne Thibault, c'était des France Gall
13:58etc. Donc là il s'est amusé
14:00et on part en effet dans des musiques
14:02qui étaient plus, alors aussi
14:04peut-être un tout petit peu plus disco
14:06mais surtout plus
14:08florte
14:10plus musicalisée
14:12Oui mais en même temps c'était une comédie musicale
14:14sur l'écologie avant la lettre et sur le monde
14:16de demain qui ressemblait à celui de Starmania
14:18Oui oui, complètement
14:20Alors il se trouve que vous jouez Dominique Guillaume avec Francis Lalanne
14:22ce qui ne devait pas être simple tous les soirs
14:24Ben on le sait
14:26alors vraiment c'est un artiste écorché
14:28quand on parle des femmes
14:30misérables, on parle de ceux qui sont
14:32qui sont incompris et souvent
14:34dans leur art, je pense que
14:36Francis maintenant
14:38on est vieux tous les deux, lui et moi
14:40et je peux me permettre de commencer à penser que
14:42que oui il a certainement
14:44d'une évidence incontestable
14:46quelque chose en lui qui croit
14:48qu'il n'a pas été compris et ça doit être très dur à vivre
14:50et pour ça
14:52je suis très tolérant
14:54j'ai toujours été très tolérant des gens qui souffrent
14:56dans ce métier
14:58d'un problème d'expression et j'ai même été
15:00je n'attribue pas du tout un rapport de cause à effet
15:04je ne l'attribue pas du tout à Francis
15:06c'est loin de là
15:08j'ai même toujours été, vous savez, ces comédiens
15:10dont on dit oh il est un peu aigri
15:12j'ai beaucoup de peine pour ces gens là
15:14parce qu'être aigri ce n'est qu'une conséquence
15:16alors oui ça mord un peu
15:18mais leurs conséquences
15:20ça nous mord un peu, bon c'est pas très agréable
15:22oh il est aigri, eux c'est plus grave
15:24la source est plus lourde
15:26Voilà, mais en même temps
15:28Francis Lannes travaillait tous les soirs avec lui
15:30c'était déjà pas facile, c'est pratiquement impossible
15:32aujourd'hui, mais c'était pas facile
15:34Oui, non, c'était pas toujours facile parce que c'était
15:36quelqu'un qui vivait vraiment, qui arrivait au théâtre
15:38le soir avec toute sa journée
15:40émotionnelle
15:42en lui, bouillonnante
15:44une journée à laquelle
15:46il ne trouvait pas de réponse
15:48et pour laquelle il en cherchait
15:50tout le temps, tout le temps, tout le temps
15:52trop, et qui fait qu'en effet
15:54il était celui-là
15:56tous les soirs, donc c'était très
15:58très irrégulier
16:00bien sûr, mais je pense que
16:02je pense que pour cet adjectif-là
16:04c'est pas sur cet adjectif-là qu'il m'appellerait
16:06en me disant, qu'as-tu osé dire ?
16:08Je pense qu'il dirait, en effet, oui, j'espère bien
16:10Il se trouve que vos débuts
16:12dans la chanson, je crois que c'est à la fin du Cours Florent
16:14Poil de Carotte, que vous avez adapté
16:16qui était votre livre préféré
16:18Oui, c'est vrai, c'est fou
16:20et je me suis rendu compte que c'était pour
16:22l'atelier de fin d'année du
16:24Cours Florent, à l'époque, on
16:26présentait un spectacle
16:28dans lequel on jouait ou pas, mais en tout cas
16:30qu'on avait écrit ou mis en scène
16:32et j'avais choisi d'adapter Poil de Carotte
16:34qu'en effet que j'adorais
16:36je lisais beaucoup à ce moment-là, Poil de Carotte
16:38bien sûr, mais le journal de Julien Renard
16:40qui est un bijou
16:42et j'ai eu cette idée
16:44d'un coup de l'adapter
16:46alors on dit comédie musicale
16:48ça a dû traîner, mais en fait c'était presque une opérette
16:50parce que c'était entièrement sur des airs
16:52de Feinbach, voilà, exclusivement
16:54Et il se trouve que Poil de Carotte, au départ, ce sont
16:5648 nouvelles pour des journaux
16:58qu'il a ensuite réunis en livre sans imaginer
17:00que ce serait un classique. Alors il se trouve
17:02aussi que la chanson, ça vous a marqué
17:04vous avez interprété un jour au Théâtre
17:06des Champs-Elysées, Félix Leclerc
17:08de Beniguiau, pourquoi ?
17:09Oui, c'est une envie que j'avais grâce à mon grand-père
17:11qui écoutait ce disque
17:13chez lui, il avait un tourne-disque qui me
17:15plaisait beaucoup, qui était un
17:17très vieux meuble, je pense des années
17:1950-55, de chez la voix de son maître
17:21je ne pense pas que je fasse une publicité
17:23aujourd'hui, en citant
17:25cette marque-là sur pied, quelque chose
17:27un très bel objet en bois, en acajou
17:29et qui, et il n'avait qu'un seul
17:31grand album, un seul 33 tours
17:33il y avait plein de petits 45, mais un seul
17:3533 tours, et c'était un 33 tours
17:37de Félix Leclerc, donc quand je venais chez lui
17:39à chaque fois que je venais chez lui, je voulais que ce
17:41tourne-disque tourne
17:43et pour ça, et bien
17:45je m'écoutais du Félix Leclerc
17:47Félix Leclerc qui ne voulait pas venir à Paris
17:49au départ, quand Jacques Canetti est allé le chercher
17:51en 1950, il disait mais la France
17:53c'est très très loin, bon un Québécois à l'époque
17:55c'était le mieux du monde, il est venu au
17:57Théâtre des Trois Beaudets, il a fait une grande carrière
17:59il est devenu ami avec Raymond Devos
18:01qui l'a suivi jusqu'au bout, et si Raymond Devos
18:03a fait une fondation, c'est grâce à la fondation
18:05Félix Leclerc à Québec
18:07Oh d'accord, magnifique, magnifique,
18:09quelle belle personne, on parle de gens
18:11de haut niveau
18:13Alors la comédie musicale, je crois que votre découverte
18:15de la comédie musicale, c'est
18:17Katz aussi, de mon bureau
18:19Ah oui, franchement,
18:21ça date de
18:232010
18:25je pense, c'est un moment avant que
18:27je monte ma première comédie musicale
18:29je vous laisserai en parler à Paris
18:31et
18:33j'ai découvert plusieurs spectacles à ce moment-là
18:35et c'est vrai que Katz m'a quand même
18:37vraiment profondément
18:39étonné
18:41à tout niveau, on est vraiment transporté
18:43je crois que
18:45j'ai aimé l'objet,
18:47l'outil, comédie musicale
18:49pour transmettre quelque chose
18:51comme étant
18:53possiblement parfait, étant un art en lui, tout seul
18:55en regardant Katz, oui, en découvrant Katz
18:57Et Katz, c'est ce qui a permis à David McIntosh
18:59de gagner son premier combat
19:01il a monté Les Misérables, mais il a aussi monté
19:03Le Fantôme de l'Opéra, et Avenue Q
19:05en Angleterre, Avenue Q que vous avez monté
19:07en France, et qui a été un véritable événement
19:09car c'était une comédie musicale avec des marionnettes
19:11Oui, exactement, les marionnettes
19:13et des humains, c'était comme un grand
19:15Muppet Show, et avec donc
19:17en grandeur nature, avec
19:19ça s'appelait Avenue Q, il y avait donc une avenue
19:21en grandeur nature aussi
19:23sur la scène, avec en effet des marionnettes
19:25animées par des humains
19:27visibles, et qui leur faisaient dire
19:29tout ce qu'on n'ose pas dire en général
19:31Oui, et d'ailleurs Bruno Gassiou avait adapté en français
19:33le texte, et j'avais pas choisi l'auteur
19:35par hasard, et ça s'appelait
19:37Avenue Q parce que les avenues A, B, C, D
19:39etc. étaient trop chères, exactement, Avenue Q
19:41plus on s'éloigne, quand le Q
19:43éloigne sous-entend qu'on est
19:45très très loin. Chez nous, c'est mal
19:47tombé, ça s'est
19:49appelé Avenue Q, on a réfléchi longtemps
19:51si on le changeait, et puis en effet
19:53c'était presque une marque Avenue Q à Bredouille
19:55donc on a essayé de ne pas le changer
19:57En même temps, ça a dû faire un peu scandale, on s'est dit
19:59qu'est-ce qu'il y avait dedans ? On a un peu surfé
20:01dessus parce qu'en effet
20:03il y a aussi un peu de
20:05il faut dire, c'est le terme, il y a aussi un peu de Q
20:07dans ce spectacle, donc
20:09finalement c'était
20:11un tout petit peu corrélatif, oui.
20:13Et d'ailleurs c'était une parodie d'une émission américaine
20:15qui s'appelle 1 rue Sésame. Exactement.
20:17Une émission éducative
20:19pour les enfants, les tout petits petits
20:21les zéros à 6 ans, et en effet
20:23ce qui était drôle c'est de retrouver les mêmes codes
20:25éducatifs en disant, non non non
20:27les enfants, en fin de compte la vie c'est pas ça
20:29du tout du tout, et ces mêmes
20:31marionnettes, alors c'est pas
20:33exactement les mêmes, elles sont évidemment toutes
20:35très inspirées
20:37intelligemment inspirées, elles contredisent
20:39en fait, et elles ouvrent la voie
20:41à la contradiction
20:43à la réflexion personnelle. Il faut savoir qu'1 rue Sésame
20:45est venue en France, et c'était trop court
20:47pour une émission du mercredi après-midi,
20:49donc Christophe Isard, le producteur, a ajouté
20:51un autre dessin
20:53animé qui est devenu Casimir. Oh mon dieu
20:55quelle chance. C'est comme ça que c'est né.
20:57Quelle chance j'ai eu alors. Ca a fait 2 ans de travail quand même
20:59venir Q. Oh oui, oui, oui, c'est un très très
21:01très gros travail, oui, au moins 2 ans de travail.
21:03Pourquoi ? Parce qu'il fallait tout préparer, il fallait être meticuleux ?
21:05Il fallait d'abord, bien sûr,
21:07déjà faire l'adaptation avec Bruno,
21:09et Bruno a pris le temps de le faire et c'était très bien,
21:11mais il fallait aussi faire un très gros casting,
21:13il y avait beaucoup de gens sur scène, donc très grosse audition pendant 4 mois,
21:15rien que pour les auditions,
21:17et beaucoup de répétitions, et apprendre à tous ces acteurs
21:19de manipuler la marionnette,
21:21tout ça en chantant beaucoup, en jouant la comédie,
21:23j'ai eu un casting merveilleux, merveilleux.
21:25Et ça a marché pendant 5 mois Bobby ? Oui, ça a très
21:27très bien marché, je me souviens de la joie
21:29du public le premier soir, ce qui est toujours
21:31mon premier cadeau à chaque
21:33mise en scène, je regarde vraiment
21:35les gens. Alors ça c'est le travail
21:37mise en scène, mais il y a aussi d'autres choses,
21:39et on va évoquer aussi une date clé de votre parcours,
21:41le 11 juin 1999.
21:43A tout de suite sur Sud Radio,
21:45avec Dominique Guillot.
21:47Sud Radio, les clés d'une vie,
21:49Jacques Pessis. Sud Radio, les clés d'une vie,
21:51mon invité Dominique Guillot, nous parlerons
21:53tout à l'heure d'Hedwig and the Angry Inch,
21:55mon anglais est absolument nul,
21:57mais on se débrouillera quand même,
21:59une comédie musicale que vous montez à la Scala,
22:01on a évoqué vos débuts
22:03à Nice, vos débuts à Paris
22:05avec la comédie musicale,
22:07et puis il y a une date très importante,
22:09le 11 juin 1999.
22:17Je ne sais pas si vous êtes qui, lieutenant ou capitaine,
22:19comment il faut vous appeler, mais vous êtes
22:21Alexandre Siskowski, dit Sisko,
22:23dans La Crime, et ça, ça a été
22:25une aventure incroyable.
22:27Aventure incroyable, que je dois entièrement
22:29remercier vraiment à son créateur
22:31et réalisateur, Miguel Courtois,
22:33qui, à ce moment-là, a beaucoup insisté,
22:35parce qu'à ce moment-là,
22:37on se disait tous,
22:39oh, les séries policières, c'est pas terrible,
22:41c'est pas terrible en France, etc., et en fait,
22:43les séries policières, en effet,
22:45on avait encore les vieilles séries policières
22:47en tête, et puis Miguel Courtois est arrivé avec
22:49une idée très, très, très, très moderne.
22:51Et il a insisté un petit peu,
22:53c'est vrai, pour que je le fasse, et
22:55tellement merci.
22:57J'avais peur de faire ce genre de séries, Dominique.
22:59J'avais peur de faire une série tout court, en fait,
23:01parce que j'avais commencé par un téléfilm,
23:03un Unitaire, ce qu'on appelait à l'époque, et puis j'ai eu
23:05beaucoup de chance, cet Unitaire, et c'était en
23:0793, il avait,
23:09cet Unitaire,
23:11c'était le rôle principal. J'ai eu beaucoup de chance.
23:13C'était Le Rêve d'Esther.
23:15C'était Le Don.
23:17Et c'était, Le Rêve d'Esther,
23:19c'était juste après. Mais j'ai eu
23:21beaucoup de chance, et en effet, après, voilà,
23:23Le Rêve d'Esther, c'était des très, très beaux Unitaires. J'ai eu beaucoup de chance.
23:25C'était des très, très belles fictions, comme Les Moissons de l'Océan,
23:27etc. Et quand on m'a
23:29proposé une série, ça veut dire
23:31on ne s'arrête plus. Nous, on voyait, à ce moment-là,
23:33nos séries, c'était Julie Lescaut,
23:35Navarro,
23:37etc. On n'avait pas
23:39cordier. On regardait, on savait,
23:41on allait faire des guests dedans, ce que je faisais,
23:43c'est-à-dire un guest principal, le tueur,
23:45ou la victime.
23:47Et c'était très amusant à faire,
23:49mais on avait peur de
23:51s'enfermer, entre guillemets. Je dis ça
23:53avec la mémoire de ce qu'on se disait à l'époque.
23:55On avait peur de se trouver
23:57menotté dans une série.
23:59Alors, c'était peut-être le cas pour
24:01certains. Peut-être que certains se sont menottés ou non,
24:03mais en effet, quand le projet était beau
24:05comme celui-ci, et comme il l'a vendu
24:07à ses acteurs, et comme il
24:09l'a assuré, comme il a tenu parole,
24:11mais quelle chance
24:13qu'on ait tous fait cette série La Crime.
24:15La Crime, au départ, c'est la continuité
24:17des Brigades du Tigre, dans la réalité.
24:19C'est-à-dire qu'elle devient ensuite la Brigade
24:21Spéciale Criminelle, la Brigade Criminelle,
24:23et le 22 août 1944,
24:25on l'appelle La Crime, pour éviter
24:27de la confondre avec les Brigades Spéciales des Renseignements Généraux.
24:29Ah, d'accord.
24:31C'était un retour de guerre.
24:33Donc, vous êtes arrivé là-dedans, avec un rôle de lieutenant,
24:35sans imaginer que ça allait durer neuf saisons.
24:37Exactement. Bien sûr que non.
24:39On l'a fait une saison, et puis en effet, ça a
24:41tellement été beau et aimé
24:43qu'en effet, les saisons se sont enchaînées,
24:45et on en a fait neuf, oui. Oui, parce qu'au début, ça a commencé doucement,
24:47il y avait Drôle de Zapping la première fois en face de vous,
24:49qui avait fait un carton,
24:51vous étiez deuxième, et puis petit à petit, c'est monté.
24:53Parce que la série,
24:55je peux le dire maintenant sans faire de la contre-publicité,
24:57parce que ceux qui la connaissent, la connaissent,
24:59et ceux qui ne l'aiment pas ne la regarderont plus maintenant,
25:01mais à l'époque, on disait, pour ceux qui ne l'aimaient pas,
25:03c'est la série qui donne le mal de mer.
25:05En fait, la caméra bougeait beaucoup, elle était très mobile,
25:07c'était une caméra un peu à l'américaine
25:09qui était un peu inspirée de
25:11NYPD Blue, qui passait
25:13à ces années-là, en fin de compte.
25:15Ça ressemblait beaucoup à NYPD Blue.
25:17Donc une caméra très mobile,
25:19qui allait chercher les actions, qui allait chercher les sentiments,
25:21les regards, etc., qui donnait cet aspect
25:23policier un peu plus voyeur, un peu plus
25:25accidenté.
25:27Tout le monde n'appréciait pas ça. Donc on a mis du temps.
25:29Oui, mais en même temps, c'était des enquêtes très poussées.
25:31Oui, elles étaient très poussées.
25:33J'en parlais il n'y a pas longtemps, je viens de finir il y a deux jours
25:35un tournage pour TF1
25:37en réalisateur, et on avait un problème
25:39de montre-t-on le sang,
25:41ne montre-t-on pas le sang ?
25:43Et aujourd'hui, on a plus
25:45de mal à montrer des choses un peu violentes.
25:47Alors, il y a certainement des raisons
25:49dont je n'ouvrirai certainement pas le débat.
25:51Je n'en ai pas les éléments, mais
25:53artistiquement, c'est vrai qu'on est
25:55beaucoup plus limité. On allait très
25:57très loin à ce moment-là. Dans la crime, on allait
25:59très très loin. Des enquêtes très poussées, des meurtres
26:01très poussées, des images poussées, oui.
26:03Et puis, ce qui sauvait le truc, c'était que l'équipe
26:05était soudée. Oui, c'était vraiment
26:07une équipe de cinq, et
26:09elle avait pour, entre autres
26:11chartes, cette série,
26:13c'est qu'il n'y avait pas une image
26:15dans la série dans laquelle il n'y avait pas au moins
26:17l'un de nous. Voilà. Et il n'y avait pas de stars
26:19non plus. Et pas de stars, exactement.
26:21Et on avait une histoire,
26:23on suivait cette histoire par nous, par les flics.
26:25C'était très intéressant.
26:27Et puis, petit à petit, au fil des saisons, vous avez,
26:29vous êtes monté en grade, vous étiez lieutenant, vous êtes devenu
26:31capitaine. Je suis devenu capitaine, en effet,
26:33à un moment où, en effet,
26:35la production a tourné, la distribution
26:37a tourné, on est passé,
26:39on a accueilli Isabelle Otero,
26:41on a acquitté Clotilde de Bézère, de la comédie française,
26:43qui jouait notre première commandante.
26:45C'était juste extraordinaire.
26:47Une actrice fabuleuse.
26:49On a accueilli Claire Neboux. Donc on a un peu changé
26:51dans nos... Oui, et puis vous avez pris un an
26:53de battement comme restaurateur
26:55pour une raison très précise, en
26:57n'apparaissant que dans une scène dans chaque épisode.
26:59Absolument. Et vous savez pourquoi ?
27:01Allez-y, parce que vous avez réalisé
27:03la saison. Oui, oui. J'ai osé
27:05demander, en effet, sur ce projet-là,
27:07après beaucoup de
27:09tournage, comme on vient de l'évoquer,
27:11pour le coup, j'avais
27:13une certaine notion technique et puis
27:15artistique de l'ensemble et j'avais
27:17un certain
27:19fantasme, quoi,
27:21de mettre en image tout ça.
27:23J'ai osé le demander et ça s'est
27:25par chance produit. Le producteur a dit oui.
27:27La direction de la fiction
27:29à ce moment-là a dit oui
27:31aussi. Laurence Bachmann a dit oui
27:33à la fiction et je me suis par chance
27:35retrouvé réalisateur, pour ma première réalisation.
27:37Mais il fallait quand même jouer quelques scènes
27:39dedans. Donc, en effet, on a
27:41décidé que ce flic prenait l'année sabbatique de
27:43flic et qu'il tiendrait les restaurants d'à côté, où
27:45les flics viendraient se débriefer une à deux fois par épisode,
27:47ce qui me permettait de faire deux petites
27:49apparitions dans mon propre film.
27:51Franchement, c'était extraordinaire.
27:53Et vous avez donné à cette série
27:55une dimension cinématographique
27:57qui a encore fait progresser l'audience.
27:59Oui, j'ai vraiment...
28:01Je me suis un peu plus battu...
28:03Miguel, déjà, courtois, s'était battu
28:05comme toute petite révolution artistique.
28:07On se bat toujours un petit peu parce que
28:09les choses font peur et l'inconnu
28:11fait toujours un peu peur à certains.
28:13Et j'ai voulu encore aller plus loin encore
28:15et j'avais certainement cette envie
28:17de faire du cinéma à ce moment-là.
28:19Et je me suis dit, je pense que chaque film
28:21peut être un vrai film.
28:23Donc je l'ai rendu plus cinéma
28:25encore, c'est-à-dire moins
28:27accessible
28:29tout le temps, moins facile
28:31à regarder peut-être.
28:33Et surtout, votre personnage a évolué.
28:35Il n'a jamais perdu ce côté
28:37fragile.
28:39Et ça, c'est le comédien qui a voulu donner
28:41un côté fragile à un personnage
28:43qui ne devrait pas avoir de sentiments au départ.
28:45Non, mais vous savez, les racines.
28:47Alors, lui était
28:49slave. On connaît les racines
28:51slaves et puis
28:53l'influence que les slaves
28:55ont sur les arts, sur la musique.
28:57On connaît aussi
28:59celle des latins, que je suis,
29:01que nous sommes. Et c'est vrai que
29:03ce sont des racines
29:05qui, à mon avis, parlent tout le temps.
29:07Et qui
29:09vibrent beaucoup.
29:11Celle de Siskowski était une racine slave
29:13qui ne vibre pas de la même façon.
29:15C'est pas sur le même instrument
29:17qu'en effet une racine méditerranéenne
29:19que j'ai. Mais ça vibre beaucoup aussi.
29:21Et j'aime beaucoup ça. Je fais ça que pour ça.
29:23Ça, c'est vrai, mais surtout
29:25vous avez surtout
29:27devenu populaire avec cette série.
29:29Du jour au lendemain, ça a changé votre vie,
29:31Dominique Guillot. Oui, ça a
29:33permis de
29:37d'avoir d'autres opportunités, bien sûr.
29:39Et d'avoir d'autres chances. Et que les choses se facilitent un petit peu.
29:41Oui, ça a changé la vie.
29:43Même dans la rue ? Et puis même dans la rue, oui, bien sûr.
29:45C'est très agréable. On vous en parlait ?
29:47Beaucoup. Beaucoup, beaucoup.
29:49C'était une grande fierté.
29:51Et je m'en félicite.
29:53Une grande fierté pour mes parents.
29:55C'est une récompense merveilleuse
29:57pour si on peut commencer à faire
29:59déjà une sous-boucle.
30:01Mais de la confiance qu'ils ont eue
30:03quand ils m'ont poussé
30:05même à partir à Paris pour travailler.
30:07C'était un dramatique à 16 ans et demi.
30:09Quelle récompense pour eux. J'y pensais
30:11tout le temps. Je ne me défais
30:13jamais de cette idée de reconnaissance envers mes parents
30:15dans ce que je fais.
30:17Il se trouve aussi que vous avez une particularité,
30:19c'est-à-dire que vous êtes aussi à l'aise à jouer les gentils
30:21ou les défenseurs de l'ordre à l'écran
30:23que les méchants, dans Louis Labroquante
30:25et autres séries d'Amélie Guillot.
30:27Oui, c'est amusant, mais
30:29en fait, on dit
30:31c'est très... parce qu'on dit souvent
30:33les acteurs qui pleurent. C'est dur de pleurer, etc.
30:35Et souvent les acteurs de comédie disent
30:37à raison. Vous savez, c'est très très dur de faire rire aussi.
30:39C'est très impressionnant. On voit quelqu'un qui pleure,
30:41on dit oh là là, les larmes coulent, etc.
30:43Et là, c'est un petit peu la même chose.
30:45C'est un petit peu le même principe, le gentil et le méchant.
30:47C'est facile de faire un méchant.
30:49Vous savez pourquoi ?
30:51C'est écrit dans le texte, déjà.
30:53Si vous dites tout droit les mots qui sont écrits dans le texte,
30:55si je vous dis droit dans mes yeux j'ai envie de vous tuer, Jacques,
30:57ça suffit.
30:59C'est tout de suite très méchant. Je vous ai pas dit
31:01je vous adore, Jacques. Ça change tout, déjà.
31:03Donc c'est une chance, le texte,
31:05quand c'est bien écrit, le personnage
31:07qui existe déjà, qui est très très très
31:09pré-fabriqué dans le travail
31:11qu'on a à faire. Et puis après,
31:13il faut s'amuser à faire quelque chose qu'on...
31:15Ça tient toujours de l'ordre du fantasme,
31:17pour moi, je trouve, qu'on fantasmerait
31:19de voir, si on voulait voir ce méchant,
31:21comment j'aimerais le voir, ce méchant ?
31:23Et puis on le fait. On essaye, du moins.
31:25Vous adorez jouer les méchants, de temps en temps.
31:27Donc j'aime beaucoup jouer les méchants, de temps en temps.
31:29Ça me déplace, un petit peu, parce que j'ose dire
31:31que je ne fais pas partie des méchants. Je ne pense pas.
31:33Je ne pense pas non plus. Alors, est-ce que
31:35la crime vous a offert une popularité
31:37qui a continué quand vous êtes arrivé dans
31:39Demain nous appartient de Louis Guillaume ?
31:41Bien sûr. Alors ça, c'est une popularité encore
31:43différente et assez
31:45incroyable, dont je parlais
31:47avec une amie actrice
31:49qui rentre dans la série, là,
31:51ces jours-ci, et je lui ai dit, tu vas vivre quelque chose
31:53de très particulier, c'est-à-dire que
31:55le fait d'être dans un rôle
31:57qui est diffusé
31:59tous les jours, car c'est une série qu'on appelle
32:01série quotidienne, c'est diffusé tous les jours,
32:05aiguise encore plus
32:09l'intimité que le public
32:11ressent envers les personnages
32:13que nous jouons.
32:15Comme on passe tous les jours à l'antenne,
32:17on tourne ça dans
32:19le sud de la France, à 7, il n'y a plus
32:21de secret.
32:23Le public, beaucoup de public,
32:25beaucoup de fans sont là pour en direct
32:27nous voir. Je dis nous,
32:29c'est plutôt eux, parce que je suis
32:31moins présent qu'eux, mais c'est vrai que
32:33j'ai une vie de archi
32:35vedette quand je suis à 7, c'est certain.
32:37Mais en même temps, vous êtes arrivé dans cette série,
32:39là aussi, vous avez un peu hésité.
32:41Oui, c'est vrai que j'ai un tout petit peu hésité
32:43et je me souviens avoir fait
32:45avoir essayé de monter un accord
32:47avec la production de quelques jours
32:49de tournage par mois,
32:51pas plus, pas moins, pour que ce soit quand même
32:53intéressant qu'il y ait un minimum d'espace pour pouvoir
32:55fabriquer quelque chose, mais pas plus non plus.
32:57Toujours cette angoisse peut-être
32:59d'être menotté, peut-être, oui.
33:01Vous êtes parti, vous êtes revenu.
33:03Exactement, j'ai une vraie liberté
33:05et puis tant que
33:07je ne les embête pas trop, ils me rappellent un petit peu
33:09et donc ça a fait de ce rôle
33:11un personnage alternant
33:13sans la régularité
33:15que j'espérais, qui était utopique bien sûr,
33:17mais en tout cas, ça revient à peu près au même.
33:19Je suis un petit peu là et j'ai beaucoup aussi de liberté.
33:21Oui, et de liberté aussi
33:23de réaliser, car là aussi, vous avez fait
33:25comme dans La Crime, quelques épisodes
33:27en réalisation.
33:29En effet, il y a une récidive.
33:31J'ai commis la même chose et c'est assez incroyable
33:33parce que dans La Crime, on se faisait cette réflexion
33:35que bon, c'était déjà... Alors à l'époque,
33:37dans La Crime, c'était vraiment tout simplement
33:39la première fois que ça se faisait.
33:41J'étais un acteur, mais je m'en souviens très bien
33:43de cette époque-là.
33:45Un peu populaire que nous étions,
33:47on était passé derrière la caméra d'une de ces séries
33:49très populaires. Et là encore
33:51sur Demain nous appartient,
33:53oui, c'est la première fois. On a eu deux actrices
33:55qui ont réalisé, puis qui ont un autre
33:57parcours, qui vont revenir réaliser, mais c'est vrai que moi,
33:59j'alterne les deux et quelle chance !
34:01Oui, mais en même temps, le tournage est très différent car
34:03autant on peut prendre son temps un peu sur La Crime, autant
34:05Demain nous appartient. Dominique Guillot, ça va très vite.
34:07Oui, ça va très très vite. C'est la seule différence
34:09qu'il y a entre un tournage de quotidienne et
34:11parce que techniquement, ça ressemble à notre tournage.
34:13On a un très beau studio, en l'occurrence
34:15sur une des équipes, l'équipe principale
34:17qui tourne le plus de minutages par jour.
34:19Un très beau studio avec des décors
34:21magnifiques. C'était, enfin,
34:23un beau budget. Et
34:25pareillement en technique
34:27avec deux très bons acteurs qui savent tous
34:29leurs textes, avec des très beaux costumes, des lumières.
34:31Je m'enferme dans ce studio et je tourne.
34:33Sauf qu'en effet, on tourne dix minutes utiles
34:35par jour. Alors, je ne sais pas si ça parle
34:37beaucoup aux auditeurs, mais pour faire un film
34:39de budget correct,
34:41on tourne à peu près une minute,
34:43deux minutes, trois et encore
34:45minutes par jour. C'est-à-dire
34:47un jour de tournage représentera deux minutes
34:49dans le film. Nous, c'est au moins dix
34:51et ça peut arriver à quinze minutes.
34:53Ça veut dire que tout est fait mais en accéléré.
34:55Il faut apprendre le texte ? Il faut que les acteurs soient
34:57absolument prêts
34:59sur leur texte et
35:01j'ajoute toujours et je parle à mes comédiens
35:03pour cela, je leur rappelle à chaque fois
35:05que je passe, en plus de ça,
35:07d'apporter son talent,
35:09d'être conscient du talent qu'on a,
35:11de pourquoi on est là, de quel est le talent qui a fait
35:13que c'est nous qui jouons ce rôle-là, eux surtout
35:15parce qu'ils jouent vraiment tous les jours, donc on peut se
35:17lasser et on peut perdre quelques
35:19motivations nobles, ce que je peux
35:21comprendre aussi. Il faut quand même
35:23se raviver parce qu'en effet, vous êtes à l'antenne.
35:25En tout cas, sous ma réalisation, je leur
35:27conseille de poser là leur talent
35:29et qu'on s'occupe de le filmer.
35:31C'est la seule différence, c'est qu'on n'a
35:33pas plus de temps que ça pour en partager
35:35le plaisir. Qu'ils fassent leur travail,
35:37on fait le nôtre et ça donne quelque chose de formidable
35:39parce que c'est pas mal du tout
35:41Demain nous appartient, je vous assure, tourner si vite.
35:43Ah oui ? Ah oui.
35:45Nous, on va vite passer au sujet suivant qui est l'actualité
35:47à travers la date du 3 décembre 2024.
35:49A tout de suite sur Sud Radio
35:51avec Dominique Guillot.
35:53Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
35:55Sud Radio, les clés d'une vie.
35:57On a invité Dominique Guillot, on a parlé
35:59de votre parcours depuis vos
36:01débuts de La Crime de Demain nous Appartient
36:03qui vous ont rendu populaire.
36:05Au milieu de tout ça, il y a une actualité
36:07puisque le 3 décembre 2024
36:09à la Scala a débuté Edving &
36:11The Angry Inch. Pardon pour la prononciation.
36:13Ça fait deux fois et c'est presque
36:15parfait. C'est The Angry Inch parce que ça
36:17précède une voyelle. Vous vous souvenez
36:19des cours d'anglais ? C'est tout. Très lointain
36:21les cours d'anglais.
36:23Et on a déjà assez de mal à parler français.
36:25Je suis bien d'accord avec vous.
36:27C'est une comédie musicale rock
36:29que vous avez découvert à Broadway et que vous importez
36:31en France et qui est une comédie
36:33très spéciale qui est très ancienne
36:35mais qui est dans l'actualité Dominique Guillot.
36:37Oui, complètement. C'est fou. Elle a été créée
36:39en 98 en
36:41off-off-off Broadway avec
36:43rien du tout par
36:45John Cameron Mitchell et Stephen Trask qui ont écrit
36:47respectivement le livret et la musique
36:49et les paroles.
36:53Et qui ont créé ça en effet
36:55avec l'image et la production
36:57tout à fait adéquate au sujet
36:59à savoir une chanteuse qui se retrouve
37:01je peux en donner le sujet ?
37:03Allez-y.
37:05Une chanteuse qui vient
37:07de l'Irlande de l'Est et qui pour
37:09traverser le mur
37:11elle a dû se marier avec
37:13un sergent américain et donc
37:15elle s'est fait opérer pour traverser
37:17ce mur, pour rencontrer
37:19enfin la liberté par la voix de la chanson
37:21du rock, etc.
37:23On reparlera plus précisément après.
37:27Elle a été un mauvais garçon
37:29à Berlin. Elle a été un mauvais
37:31garçon parce qu'elle rêvait
37:33de liberté donc elle était déjà désobéissante.
37:35Et puis, il y a de quoi
37:37à Berlin-Est
37:39être un peu désobéissant au moins
37:41dans ses rêves, c'est ce à quoi
37:43on assistait.
37:45Alors en effet, la musique
37:47a été le
37:49vecteur, l'instrument
37:51de sa voix
37:53pour la liberté, oui, vers la liberté.
37:55Et donc finalement, ce personnage
37:57découvre la musique et il y a beaucoup de musique rock
37:59dans ce spectacle. Beaucoup de musique rock.
38:01En fait, cet enfant
38:03de Berlin-Est rêvait
38:05beaucoup de
38:07Iggy Pop,
38:09de Freddie Mercury,
38:11ce sont des chansons qui
38:13parlaient
38:15évidemment de liberté et qui parlaient surtout
38:17de
38:19déjà du non-binaire, c'est-à-dire
38:21que nous
38:23on l'exprime autrement de notre génération.
38:25Jacques, on l'a dit mille fois,
38:27notre vie n'est pas toujours tout blanc
38:29ou tout noir mais vraiment, tout n'est
38:31pas toujours tout blanc ou tout noir. C'est ce que dit cette
38:33comédie musicale qui ouvre
38:35toutes les nuances
38:37sur la pensée intérieure,
38:39la pensée personnelle
38:41et aussi la pensée
38:43sur le collectif, enfin le regard qu'on a
38:45sur la vie. Alors il se trouve que cette
38:47comédie musicale, elle date de 1998
38:49et qu'aujourd'hui avec tout ce qui se passe autour
38:51des phénomènes des transgenres, des changements de genre,
38:53etc., elle est d'actualité.
38:55Il se trouve qu'elle est d'actualité. En effet,
38:57quand elle s'est créée en 1998 dans ce
38:59petit format dont je parlais
39:01tout à l'heure, elle ne s'attendait pas à ce qu'en fin de compte
39:03ça colle tout de suite
39:05déjà à quelque chose que
39:07les gens ressentaient comme quelque chose qui allait venir,
39:09qui allait être un sujet et
39:11très vite c'est devenu un film qu'a réalisé
39:13John Cameron Mitchell, qui était un film
39:15somptueux, que vraiment
39:17j'invite vraiment à voir
39:19tous vos auditeurs, on peut trouver ce film
39:21réalisé et
39:23joué, interprété par lui.
39:25Il joue un Edwig
39:27extraordinaire. Il faut être un acteur
39:29merveilleux. Rien que pour cela, c'est merveilleux
39:31d'aller voir le spectacle Alaska.
39:33C'est ça qui est important
39:35parce que finalement, ce personnage
39:37il est en recherche de son
39:39premier amour, qui est une star du rock.
39:41C'est là où le rock intervient, Damien Guillot.
39:43Oui, absolument.
39:45Il est perdu aux Etats-Unis
39:47en femme
39:49et, entre guillemets, pour rien
39:51car quelques mois après avoir
39:53fait cette opération, le mur de Berlin est tombé.
39:55C'est le côté fable, le côté
39:57récit, le conte de cette histoire.
39:59Cette histoire est tellement belle
40:01parce que c'est une très belle histoire d'amour,
40:03malheureuse comme souvent
40:05elles le sont, mais c'est une histoire
40:07qui transporte tellement les romantiques.
40:09Il a fait tout ça par romantisme.
40:11Il s'est même opéré pour traverser le mur
40:13pour partir aux Etats-Unis, croyant que
40:15c'était un geste inutile.
40:17Abandonné sur place aux Etats-Unis,
40:19il se retrouve pauvre,
40:21femme, mais
40:23il se dit qu'il y a certainement
40:25une cohérence là-dedans.
40:27Enfant déjà, il rêvait de tout ça.
40:29Il rêvait certainement d'être un peu chanteuse de rock
40:31pour vivre la liberté sur scène.
40:33En même temps, ce qui est étonnant, c'est que
40:35cette comédie musicale est récompensée en 1991
40:37par 4 Tony Awards, c'est l'équivalent
40:39des Césars ou des Molières
40:41et qu'aujourd'hui seulement, la découvrent en France
40:43grâce à vous. Comment êtes-vous tombé là-dessus ?
40:45Je suis tombé sur le film
40:47en 2005.
40:49J'ai eu l'habitude de dire
40:5118 ans, mais maintenant qu'elle a été montée
40:53il y a un an et demi à Avignon,
40:55ça doit être 19, mais j'ai mis
40:5718 ans à la monter.
40:59Comment est venue l'idée ?
41:01J'ai vu le film, j'ai été transporté,
41:03vraiment transporté
41:05par le sujet
41:07et la forme.
41:09J'ai adoré les musiques et je vous avoue
41:11que
41:13l'univers rock n'est pas
41:15exclusivement,
41:17ni même pas grande partie
41:19de ce que j'écoutais habituellement,
41:21mais que ce
41:23rock là
41:25m'a complètement
41:27cristallisé
41:29sur
41:31des sentiments d'une telle précision.
41:33C'est piégeant
41:35tellement c'est bien fait, c'est piégeant
41:37tellement c'est beau. Alors en effet, quand on parle
41:39avec eux, avec Stephen Trask
41:41et John Cameron Mitchell, ils ont des inspirations
41:43très précis qui sont David Bowie,
41:45qui sont Queen, qui sont Mercury, qui sont
41:47ce sont des
41:49inspirations
41:51aussi qui sont évidemment
41:53assez incontestées
41:55et ils ont sublimé ça en rajoutant
41:57un sentiment et une très très très très
41:59belle histoire. Oui car c'est l'histoire
42:01de la musique d'une époque
42:03qui est dans cette histoire
42:05mais d'abord il a fallu obtenir les droits
42:07ce qui n'était pas simple parce que les Américains
42:09sont très pointilleux sur le sujet, David Bowie.
42:11Alors c'était la deuxième fois que je m'attaquais
42:13et je l'ai fait quasiment tout seul
42:15et c'est cette deuxième
42:17fois surtout que je m'attaquais à la demande
42:19de droits pour un Broadway
42:21show et ça c'est pas n'importe quoi
42:23il a fallu bien deux ans rien que pour ça
42:25au moins deux ans de discussion parce que
42:27les Américains ont un Broadway
42:29show et ça a beaucoup de valeur pour eux
42:31et en l'occurrence ce qui
42:33fonctionne et celui-ci a été vendu dans déjà
42:35pas mal de pays dans le monde, ils attendaient
42:37impatiemment la France. Mais personne n'y avait pensé
42:39en France. Non. C'est bizarre.
42:41Je leur ai demandé après avoir beaucoup
42:43sympathisé avec eux
42:45à qui ils avaient refusé avant
42:47et à part des compagnies
42:49amateurs qui l'ont monté
42:51et par dizaines
42:53comme quoi il y a une
42:55envie, il y a quelque chose qui bouge
42:57et à chaque fois que ça s'est fait, des petits lieux évidemment
42:59mais je me suis quand même renseigné
43:01ces compagnies amateurs à chaque fois ont fait un
43:03événement, très bel événement
43:05souvent complet, dithyrambique
43:07donc il y avait quelque chose. Aucune
43:09production professionnelle n'y est
43:11allée pendant toutes ces années.
43:13C'est moi qui allais frapper, frapper
43:15et qui finalement
43:17ai réussi à trouver une production qui a eu confiance.
43:19C'est assez bizarre d'un point de vue des producteurs
43:21peut-être parce que finalement pour eux
43:23la comédie musicale c'est un grand spectacle
43:25avec 25 personnes sur scène.
43:27Alors la différence c'est qu'en effet ils sont 6
43:29parce que l'histoire raconte que
43:31le spectacle en lui-même
43:33en une soirée c'est vraiment, on assiste à un
43:35concert de cette fille dont on
43:37parle, Hedwig, qui est devenue donc une chanteuse
43:39de rock américaine et qui
43:41pour se débrouiller fait des chanteurs
43:43des petits concerts de rock dans des endroits
43:45où elle peut. Elle se finit dans des fonds
43:47de restaurants chinois, elle fait vraiment
43:49des concerts vraiment très, très, très miteux
43:51pour survivre et c'est à ça qu'on
43:53assiste. On assiste à un des concerts
43:55comme tous les soirs, le long de sa tournée
43:57et elle passe par la Scala. Sauf que
43:59évidemment tous les soirs il se passe quelque chose
44:01c'est la même chose tous les soirs, bien sûr
44:03c'est un vrai spectacle, c'est une
44:05vraie pièce de théâtre.
44:08Il se passe quelque chose qui casse
44:10complètement et son concert et son
44:12parcours à elle et le
44:14parcours de sa vie, l'envie de
44:16continuer, sa vision, tout ça en direct
44:18en plein concert.
44:20Oui, mais ce qui est étonnant c'est que c'est un
44:22immense travail et quelque chose de très original
44:24que personne n'avait encore exploité, c'est pas simple
44:26à mettre en scène Dominique Guillaume. Non, c'est pas simple
44:28à mettre en scène en effet parce que
44:30voir comment c'est un beau concert avec
44:32des...
44:34Vous allez voir, l'image est très
44:36riche en fait. Elle est
44:38très libérée,
44:40elle est très queer parce qu'elle est très
44:42queer.
44:44La protagoniste
44:46principale qui est Hedwig
44:48elle s'amuse
44:50avec les couleurs, elle s'amuse avec la joie, elle s'amuse
44:52avec la provocation par l'image
44:54par la forme. C'est très
44:56c'est très
44:58excitant visuellement.
45:00En même temps, c'est une
45:02comédie musicale qui date de 1998
45:04et en 2024, il faut
45:06l'adapter à l'ère du temps.
45:08Oui, absolument, mais il se trouve qu'elle
45:10s'adapte toute seule, c'est ça qui est merveilleux
45:12c'est qu'elle s'est adaptée, elle a fait son
45:14autoréglage. C'est en effet en
45:1698 qu'elle était certainement pas
45:18réglée, pas synchrone
45:20par rapport à
45:22la conjoncture, encore moins
45:24ici, en France, parce que
45:26vous voyez bien, même après son succès
45:28à Bredouin et dans le monde entier, elle n'est pas venue en France.
45:30C'est peut-être en effet
45:32cette
45:34synchronicité qui s'est faite, je crois,
45:36toute seule, qui fait que ça se
45:38règle et que ça devient complètement
45:40complètement
45:42adéquate à aujourd'hui.
45:44Et il ne fallait pas tomber non plus dans le piège
45:46des cabarets transformistes, comme
45:48Madame Arthur ou Michoud. C'est pas du tout le cas
45:50en effet, et je sais que
45:52je me suis beaucoup amusé à les voir, en effet, chez Michoud
45:54et je vois aujourd'hui encore
45:56beaucoup de spectacles de drag
45:58autour de nous. Les spectacles
46:00drag montent, et alors, quel talent !
46:02Tout ce qu'ils font, je suis complètement
46:04épaté à chaque fois, comme un enfant. Mais c'est vrai que
46:06Hedwig and the Ingrange, c'est pas ça.
46:08Ça veut pas dire c'est mieux,
46:10entendons-nous bien. Hedwig
46:12and the Ingrange est vraiment
46:14c'est quasiment
46:16une pièce de théâtre. C'est presque
46:18un opéra. Tellement l'histoire
46:20est forte et tellement on en ressort
46:22bouleversé, transporté,
46:24transporté. Et
46:26le fait qu'elle soit
46:30opérée, un peu
46:32malgré elle, mais amoureuse
46:34de sa destinée
46:36malgré ses incidents
46:38ou peut-être
46:40aussi grâce à ses incidents,
46:42elle décide d'épouser, en effet,
46:44ce parcours si atypique.
46:46Elle décide de le pousser plus loin. Et c'est pour ça
46:48que le spectacle, il est
46:50très...
46:52Il est too much, beaucoup. Parce qu'elle
46:54est too much. Parce que pour supporter sa souffrance
46:56d'origine, elle donne
46:58un cadeau tous les soirs, qui est un concert
47:00explosif et généreux.
47:02Oui. Et en même temps, il y en a qui vous diront
47:04oui, vous exploitez l'air du temps avec le tranchant.
47:06Pas du tout. Ça n'a rien à voir, Dominique.
47:08Pas du tout. Tellement pas du tout. Vraiment, je suis tombé
47:10amoureux, une fois de plus, de cette
47:12histoire. Et vous voyez, je dis bien histoire, une fois de plus.
47:14Et c'est pourquoi j'invite les spectateurs à venir
47:16le voir comme une très très très très
47:18grande pièce de théâtre.
47:20Je suis tombé amoureux de cette histoire-là. On n'était pas du tout
47:22dans ce sujet-là. C'était en 2005.
47:24Et je ne...
47:26Je ne...
47:28Je ne me félicite absolument pas
47:30qu'elle tombe en ce moment, parce qu'on en parle.
47:32Vraiment pas. Non, non.
47:34Il fallait en tout cas trouver le comédien idéal, Dominique Guillot.
47:36Et vous avez trouvé Brice Allérez,
47:38qui venait, lui, du classique.
47:40Ah oui, c'est un vrai, grand
47:42comédien. Et entre autres de
47:44classique et aussi de théâtre moderne.
47:46Mais j'entends quand vous dites classique, c'est de théâtre.
47:48Purement de théâtre. Et vous avez raison.
47:50Brice est un
47:52acteur très rare que j'aime beaucoup.
47:54Et avec qui j'avais déjà travaillé.
47:56Que j'avais fait tourner dans
47:58un de mes films sur M6, il y a quelques
48:00années, à qui j'avais promis
48:02qu'il se passerait de grandes choses entre nous.
48:04Quand on me l'avait proposé en casting,
48:06j'ai dit, oh, mais je veux ce garçon-là.
48:08Et en plus, je veux le rencontrer depuis longtemps.
48:10J'adore cet acteur. Et le premier jour de tournage, je suis allé le voir.
48:12Et je lui ai dit, on va faire cette série tous les deux.
48:14Mais on va faire de grandes choses un jour.
48:16Alors c'est vieux, ça fait peut-être 20 ans.
48:18Et là, on a fait
48:20une grande chose tous les deux.
48:22Edwig and the Angry Inch est pour moi, certainement,
48:24le spectacle
48:26où j'ai eu le plus de
48:28plaisir.
48:30C'est plus que du plaisir, c'est un
48:32accomplissement total de mon
48:34métier de metteur en scène,
48:36de visionnaire, d'inventeur. Et Brice,
48:38il est vrai qu'il a joué quasi 200
48:40pièces et les plus beaux rôles.
48:42Il me dit que c'est certainement son plus beau rôle.
48:44Vous êtes à l'escalade jusqu'au début janvier.
48:46Mais ce n'est que le début de l'aventure, Dominique Guillot.
48:48Parce qu'un spectacle comme ça,
48:50qu'on met des années à préparer,
48:52ce n'est pas pour un mois. J'espère bien.
48:54Si vous croyez en cette justice,
48:56j'espère aussi. Ça part en tout cas en tournée.
48:58Ensuite,
49:00de janvier à mai, mais peut-être que vous avez
49:02des infos là-dessus. Moi non plus.
49:04En tout cas, je sais que ça part
49:06pas précis à vous donner. Mais en tout cas,
49:08précisément, elles sont programmées et il n'y a plus qu'à aller
49:10chercher les dates de tournée
49:12autour de chez vous.
49:14Il y a pas mal de dates entre janvier et mai.
49:16Et en attendant, à l'escalade,
49:18quand vous voyez le parcours que vous avez accompli,
49:20vous en revenez, vous êtes surpris,
49:22Dominique Guillot ? Oui, je suis surpris.
49:24Parce que de toute façon, ce n'est pas ce à quoi
49:26je m'attendais. Et honnêtement,
49:28je ne sais plus vraiment ce à quoi je m'attendais
49:30non plus. Mais je suis quand même surpris.
49:32En tout cas, continuez comme ça.
49:34L'escalade à Paris,
49:36jusqu'au début de l'année,
49:38tous les soirs, et puis
49:40une tournée ensuite, et puis d'autres aventures, car
49:42vous n'allez pas en rester là.
49:44Non, je n'espère pas. Je le souhaite aussi.
49:46Et vous reviendrez en parler dans les Clés d'une Vie.
49:48Merci beaucoup Jacques, c'est un plaisir. Et réciproquement,
49:50merci Dominique Guillot. Les Clés d'une Vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:52On se retrouve bientôt. Restez fidèles
49:54à l'écoute de Sud Radio.

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