• hier
Jacques Pessis reçoit Marilyne Canto. Cette comédienne doit sa popularité à Alex Hugo où elle a incarné la commissaire Christine Dorval. Elle a joué beaucoup d'autres rôles au cinéma et au théâtre.


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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-12-17##

Category

Personnes
Transcription
00:00Les clés d'une vie, celles de mon invité, jouer régulièrement des petits rôles ne
00:07vous empêche pas de mener une grande carrière et cela sans faire le moindre cinéma.
00:11C'est peut-être pour cette raison que l'on vous a surnommé l'illustre inconnu et pas
00:15seulement parce qu'à l'écran comme à la scène, vous êtes un petit soldat.
00:19Bonjour Mariline Cantot.
00:20Bonjour.
00:21Alors c'est vrai qu'on connaît votre visage, on connaît votre nom, mais on ne connaît
00:24pas votre parcours.
00:25Et là, à l'occasion de la sortie d'un film et d'une série télé, je dis que c'est
00:28l'occasion de mieux vous connaître parce que vous avez fait beaucoup beaucoup de choses
00:32dans votre vie.
00:33Oui, absolument.
00:34Alors on va l'évoquer à travers des dates clés, c'est le principe des clés d'une vie,
00:37et je vais vous donner une première date qui vous a marqué le 11 janvier 78, la sortie
00:43de ce film.
00:44Chanson de Vance Schumann qui a démarré sa carrière en l'oubli avec des chansons pour
00:58Elvis Presley, qui n'a jamais rencontré, parce que c'est son mentor, son collaborateur
01:02Doc Pommus qui rencontrait Presley pour placer des chansons.
01:05D'accord, je ne savais pas du tout ça.
01:07Alors c'est vos débuts à l'écran dans ce film, dans ce film Hôtel de la plage, où
01:13vous êtes Juliette et vous avez à peine 16 ans.
01:15Comment c'est arrivé ça ?
01:16Alors c'est arrivé par une copine à moi.
01:20On était au lycée et puis elle me dit tiens, il y a un casting sauvage, il y a un casting
01:25qui se fait pour un film.
01:27Est-ce que tu as envie de venir avec moi pour passer des essais ? Elle, elle avait très
01:30envie.
01:31Moi, j'avais plus ou moins envie, mais comme ça, un peu pour l'accompagner.
01:37Et j'ai fait ces essais et j'ai été retenue par elle, malheureusement.
01:41Et voilà, ça s'est fait, mais très, très, très simplement, ils m'ont demandé d'improviser.
01:46Moi, j'ai improvisé.
01:47Et puis ensuite, je me suis retrouvée sur ce film l'été d'après, c'était l'été.
01:51Mes parents m'ont laissé aller sur ce tournage et c'est comme ça que ça a commencé.
01:57Je crois que c'était à Pérosguirec.
01:58Exactement.
01:59C'était à Pérosguirec.
02:00D'ailleurs, Auguste Lavelle avait une maison et où Thierry Leluron est enterré.
02:03Ah d'accord, je ne savais pas non plus.
02:05Alors, se retrouver comme ça l'été pendant les vacances scolaires à Pérosguirec pour
02:09tourner un film, ce n'est pas désagréable.
02:11Voilà, exactement.
02:12Ça a commencé par une expérience très agréable et en plus, j'avais l'impression d'être
02:17en totale liberté puisque j'étais sans mes parents et que je découvrais à la fois
02:20un tournage et puis des vacances.
02:23Pour moi, c'était comme des vacances et un tournage.
02:25C'était les deux.
02:26Et en plus, Michel Lang a été quelqu'un de très gentil vis-à-vis des comédiennes.
02:29Il n'y avait que des jeunes autour de vous.
02:30Absolument.
02:31On était toute une bande de jeunes plus des adultes.
02:33Il y avait Guy Marchand, il y avait Daniel Seccaldi, je ne me souviens plus de tous les
02:38noms des acteurs, mais il y avait plein d'acteurs qui étaient très paternels ou maternels.
02:44On était très encadrés.
02:46C'est un film quand même où vous avez débuté, où ont débuté Anne Pariot, Sophie Barjac
02:51et quelques autres.
02:52Oui, absolument.
02:53Et c'est le genre de comédie qu'on ne fait plus aujourd'hui.
02:56Non, je pense que non, ça se fait plus.
02:58C'était une comédie à la fois avec chansons, une comédie populaire.
03:02Non, il y en avait.
03:03Je ne pense pas qu'on en fasse dans ce genre là, non.
03:05Et le film avait très bien marché puisqu'il avait été dixième au box office devant
03:09les Bronzés.
03:10Ah bon ?
03:11Et oui, il avait battu les Bronzés.
03:12Il avait fait 2 700 000 entrées contre 2 300 000 aux Bronzés à l'époque.
03:16Ah oui.
03:17Donc, c'est un film très populaire.
03:18Alors, c'est vos jeunes années.
03:19Alors, vos jeunes années, il y a à la fois Oran et Paris, le Foumour Saint-Antoine,
03:24Marine Cantot.
03:25Surtout Foumour Saint-Antoine.
03:26Moi, j'ai connu, voilà, je connais, j'ai beaucoup, j'ai grandi dans le Foumour Saint-Antoine
03:31et j'ai sillonné, je pense, je continue à habiter pas très loin de ce quartier-là
03:36auquel je suis très attachée.
03:37Vous avez, vous êtes née, je crois, Oran et vous êtes partie tout de suite.
03:40Oui, tout de suite.
03:41J'avais un mois.
03:42Donc, je ne connais rien.
03:43Oui, voilà.
03:44Donc, je ne connais rien.
03:45Je ne connais pas grand-chose de ce pays.
03:46Alors que le Foumour Saint-Antoine, le quartier du meuble, ça vous est très familier.
03:49Tout à fait.
03:51C'est-à-dire, ce livre, ce quartier a donné lieu à un best-seller, je ne sais pas si
03:54vous savez, qui s'appelle, qui est un livre de Jean Diveau, 249 Boulevard Saint-Antoine.
04:00Jean Diveau, qui avait été fondateur de Télé 7 Jours, prend sa retraite.
04:03Il se souvient de ses jeunes années au Foumour Saint-Antoine.
04:05Il en fait un roman.
04:06Et ça a été le début, alors qu'il était à la retraite, d'une carrière de romancier
04:10qui a duré 30 ans.
04:11Ah, d'accord.
04:12Et ça a été le point de départ.
04:13Et vous avez vu, ce quartier a changé, c'est un quartier méconnu, finalement, du grand
04:17public.
04:18Oui et non, parce que c'est quand même un quartier où les manifestations passent.
04:21C'est quand même un axe.
04:22Donc, je pense, la place de la Bastille, c'est quand même assez connu.
04:27Donc, non, je pense que c'est un quartier qui a énormément changé.
04:30Parce que maintenant, il n'y a plus du tout cette tradition du meuble, de l'ameublement
04:34et tout ça.
04:35Maintenant, il y a des grandes marques qui font ça.
04:36Du coup, ça a changé, oui, ça devient un quartier commerçant et avec plein de restaurants.
04:45C'est un quartier assez joyeux, assez populaire et joyeux.
04:48Oui, en même temps, c'était le quartier des ébénistes quand vous étiez enfant.
04:50Absolument, des ébénistes.
04:52Il y avait des...
04:53Comment tu appelles ça ?
04:54Ceux qui vernissent le bois.
04:56Enfin, bon.
04:57Non, il y avait des...
04:58Je m'en souviens bien de ça, comme un quartier que de meubles.
05:01Voilà.
05:02Et votre père, je crois, était chauffeur-livreur.
05:04Votre mère travaillait dans une boutique d'habillement et après, ils ont fondé leurs
05:07entreprises.
05:08Exactement.
05:09Oui.
05:10Tous les deux.
05:11Ma mère a commencé comme vendeuse et puis ensuite, elle a eu son propre magasin et
05:15mon père a commencé dans une société de transport et puis après, il a créé sa
05:19société de transport lui-même.
05:21Et le samedi, pendant que votre mère travaillait, il vous emmenait au cinéma, Marine Cantot.
05:26Exactement.
05:27Vous savez tout.
05:28Oui, oui.
05:29J'allais tous les samedis au cinéma avec mon père, quasiment.
05:31C'était des westerns, je crois.
05:33Oui.
05:34Je pense qu'il aurait aimé avoir des garçons et puis surtout, lui, il aimait les films
05:39d'action ou les westerns.
05:40Donc, on allait voir essentiellement des films d'action et des westerns.
05:43Je crois que vous avez vu plusieurs fois Rio Bravo.
05:46Oui.
05:47Mais surtout 40 tueurs.
05:48Oui.
05:49J'ai vu beaucoup.
05:50Vous savez tout.
05:51Oui, j'avais que des images de films d'action, de films avec des chevaux, des westerns, des
05:57grands espaces.
05:58On allait surtout voir ça.
06:00Et 40 tueurs, c'est un film de Samuel Fuller.
06:02Pourquoi ce film vous a marqué ? Pourquoi l'avez-vous vu tant de fois ?
06:04Sans doute parce que ça a marqué mon enfance et que du coup, j'ai voulu le revoir pour
06:10comprendre à quel point ce film m'avait marqué, je pense.
06:15Et puis, Samuel Fuller, après, j'ai vu ses films.
06:17Donc, je pense que j'ai voulu revoir le premier film que j'ai vu de Samuel Fuller.
06:21En même temps, c'était un film, je crois, avec une comédienne, Barbara Stanwyck, qui
06:24était une star du polar et du western.
06:27Oui, exactement.
06:28Qui est une actrice extraordinaire.
06:30Absolument.
06:31Qu'on a un peu oublié.
06:32Elle a été nommée quatre fois aux Oscars et elle a juste eu un Oscar d'honneur à
06:35la fin de sa carrière.
06:36Ah oui, ah oui.
06:37Oui, mais elle a eu quand même une carrière passionnante.
06:39Elle a travaillé avec des grands metteurs en scène quand même.
06:41Et le western vous fascinait ?
06:43Oui, j'étais obligée.
06:44De toute façon, je n'avais pas le choix.
06:45Et non, en plus, c'était des grands metteurs en scène, Howard Hawks ou Ford, c'était
06:52des grands metteurs en scène, donc je voyais des beaux films.
06:55C'était des westerns, mais c'était des très beaux films.
06:58Et vous avez un point commun avec un autre grand metteur en scène qui considère justement
07:02ce film 40 tueurs comme son film préféré.
07:04Il dit que c'est le meilleur film de son auteur.
07:06Chaque scène de ce plan est magnifique, est une richesse d'inventions et foisonne d'idées
07:12de mise en scène.
07:13Et on se croirait chez Abel Gance.
07:15Et ce garçon qui considère ce film comme le meilleur de sa carrière, c'est Jean-Luc
07:19Godard.
07:20Ah oui ?
07:21Oui, fan de 40 tueurs.
07:22Ah, c'est incroyable.
07:23Je ne savais pas.
07:24Mais oui, mais je l'ai revu récemment, ce film, et effectivement, c'est incroyablement
07:28bien mis en scène, incroyablement rythmé.
07:32C'est vraiment un film marquant, je trouve.
07:34Et puis, il y a un autre film qui vous a marqué, mais dans des circonstances différentes.
07:44« Nuée et brouillard » que vous avez vu à l'école, Marine Gantot.
07:48Absolument.
07:49Ils nous ont montré ça dans le cadre d'un cours d'histoire.
07:55Et ça a été un tel choc, c'était tellement violent à recevoir et tout que je suis sortie
08:03de la classe parce que c'était trop dur à voir et j'arrêtais pas de pleurer.
08:09Et vous étiez en quelle classe ?
08:10On devait être en quatrième.
08:13C'est très tôt pour m'en rappeler.
08:14Oui, c'est très très tôt.
08:15Ce film a quand même marqué une époque.
08:17Il a été commandé par le comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale et il a été
08:22interdit au Festival de Cannes parce que c'était la réconciliation franco-allemande.
08:25Et oui, mais je pense que c'était nécessaire que la professeure d'histoire nous montre
08:32un film qui parlait réellement de ce qu'avait été l'Holocauste.
08:38Mais c'est vrai que c'est un film d'une telle force, d'une telle puissance d'évocation
08:44au fond parce que c'est pas un film qui montre, c'est un film qui dit, qui parle.
08:48Je crois que vous avez fini à la firmerie ce jour-là.
08:51Oui, absolument.
08:52J'étais trop secouée, oui.
08:54Vous l'avez revu ce film ensuite ?
08:56Non, je ne l'ai pas revu.
08:58Alors, vous êtes comédienne, Maline Canto, mais au départ, votre vocation, c'était
09:01la danse.
09:02Oui, je voulais faire de la danse classique, je voulais être danseuse.
09:07J'en faisais tout le temps, régulièrement, mais assez vite, je me suis aperçue que j'y
09:11n'y arriverais pas.
09:12Je ne supportais pas la douleur, en fait, parce que ça passe quand même pas mal par
09:17la douleur.
09:18Et je ne dépassais pas ça, donc les pointes, ce n'était pas pour moi.
09:22Et le cinéma vous a tout de suite attiré, la comédie ?
09:25Oui, je pense qu'en faisant de la danse, j'avais envie, sans doute, de m'exprimer,
09:29sans doute de jouer quand même, parce que la danse, on exprime des choses.
09:33Et puis, comme j'ai fait ce film, je me suis dit, au fond, ce n'est pas par hasard.
09:38Les choses n'arrivent pas par hasard, les choses, elles arrivent parce qu'on en a envie,
09:41finalement.
09:42Et si je me suis retrouvée sur ce film, c'est parce que, sans doute, secrètement, j'avais
09:44envie de jouer.
09:45Oui, et en même temps, vous avez beaucoup appris sur ce film Hôtel de la plage.
09:50Oui, j'ai appris, j'ai découvert ce que c'était qu'un plateau de cinéma, ce que c'était
09:53que la concentration, ce que c'était que le moteur coupé, ce que c'était que vraiment
09:59un tournage de l'intérieur.
10:00Et vous avez revu ce film récemment ?
10:02Pas du tout.
10:03Je ne l'ai jamais revu, figurez-vous, non.
10:05Vous en avez vu d'autres, je crois, en séchant l'école parfois pour aller au cinéma ?
10:10Oui, régulièrement, oui.
10:11C'est-à-dire ?
10:12Ah mais j'allais, en fait, je disais que j'allais, je disais que j'étais au lycée,
10:15mais en fait, je séchais, puis j'allais voir plein de films, j'achetais l'officiel des
10:19spectacles et j'allais tout le temps au cinéma.
10:21Et personne n'a jamais rien dit, vos professeurs, vos parents ?
10:24Si, j'ai quand même redoublé, si vous voulez.
10:26Oui, d'accord.
10:27Donc, si, si, je me faisais engueuler par mes parents qui disaient, bah non, t'arrêtes
10:32d'aller au cinéma et tu vas en cours.
10:34Mais c'était vraiment une passion, c'est devenu une espèce de fascination, quoi.
10:39Vous pensiez qu'un jour vous en feriez votre métier ?
10:41Oui, je pense, enfin, en tout cas, je savais que cette espèce d'attirance pour les acteurs
10:47ou cette espèce d'attirance pour cette forme d'expression, oui, j'en ferais quelque chose,
10:52oui.
10:53Et vous en avez fait quelque chose et on va l'évoquer à travers une autre date, le 7
10:56juillet 1981.
10:57A tout de suite sur Sud Radio avec Marie-Dyne Cantot.
11:01Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:04Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Marie-Dyne Cantot, nous parlerons tout à
11:08l'heure de votre actualité, de vos actualités dans le cinéma, la télévision.
11:12En même temps, on vous découvre, car encore une fois, on connaît votre nom, on connaît
11:15votre voix, on connaît votre visage, mais on ne connaît pas votre parcours.
11:19Donc, on a commencé avec l'hôtel de la plage et puis le 7 juillet 1981, c'est une date
11:24importante, car débute à Avignon ce spectacle.
11:27Qu'est-ce que c'est que ça ? La danse du diable ? C'est pas possible, la fameuse
11:31danse du diable, oui, c'est lui qui l'a inventée tout seul, non ?
11:34La danse du diable de Philippe Cobert, et ça, c'est quelque chose qui vous a marqué
11:37beaucoup.
11:38Ah ouais, c'était extraordinaire, la puissance poétique de Philippe Cobert, oui.
11:43J'ai dû revoir le spectacle, pareil, plusieurs fois, parce qu'après il l'a joué à Paris,
11:49et c'était d'une telle liberté, d'une telle drôlerie, d'une telle poésie que...
11:54Oui, ça m'a marquée, oui.
11:56Ça a évoqué la jeunesse d'un enfant du pays provençal, on évoquait toute l'époque,
12:01le bac, sous 68, les événements historiques qui ont bouleversé la société, et vous êtes
12:07arrivée à Avignon pour voir ce spectacle ?
12:08Mais non, j'allais à Avignon, en fait, pour voir des pièces de théâtre, parce que je
12:13commençais à avoir envie de faire du théâtre, et je suis tombée par hasard sur ce spectacle,
12:19et ça m'a fascinée, oui, vraiment.
12:21Qu'est-ce qui vous a fascinée ?
12:22La puissance burlesque de Philippe Cobert, et puis son écriture aussi, c'était une
12:29écriture...
12:30C'était pas vraiment du one-man-show, c'était un vrai spectacle de théâtre, mais il était
12:36seul en scène.
12:37Pendant trois heures ?
12:38Oui, pendant trois heures, et il représentait tellement de personnages, il représentait
12:42sa mère, il représentait De Gaulle, il représentait Mouchkine, il représentait toutes sortes de
12:46personnages, c'était entre la comédie à l'art et le monologue, presque, mais il
12:53était extraordinaire, oui, ça m'a marquée, vraiment, j'ai beaucoup d'admiration pour
12:57son travail.
12:58Et je crois ensuite, Marlène Cantot, que vous avez suivi Cobert à la trace, presque.
13:01Oui, j'ai vu tous ses spectacles.
13:02Il le sait, vous l'avez eu parlé ?
13:04Bien sûr, on s'est rencontrés plusieurs fois, il connaît mon travail, et lui aussi,
13:09oui, je suis allée voir tous ses spectacles, oui.
13:13Il racontait justement comment il avait pris ses premiers cours de théâtre, et je crois
13:16que le théâtre a fait aussi partie de votre ADN depuis vos jeunes années.
13:20Oui, après, effectivement, j'ai voulu, après avoir fait l'Hôtel de la Plage, j'ai fait
13:25d'autres films, mais ça ne me suffisait pas, j'avais envie d'essayer de dire Shakespeare,
13:29de dire Chekhov, de dire d'autres, des textes, des grands textes, et j'ai commencé par faire
13:34le cours Florent, puis la classe libre, puis j'ai passé le conservatoire, et puis je l'ai
13:40raté, et puis j'ai passé le TNS, et je l'ai réussi.
13:42Le TNS, c'est le Théâtre National de Strasbourg, qui est le second cours d'art dramatique
13:47en France, très suivi, où il y a peu de monde d'ailleurs.
13:49Oui, on est douze élèves, et c'est tous les deux ans le concours.
13:52Et là, il fallait lire des textes ? Et là, en tout cas, on ne faisait que du théâtre,
13:59on travaillait des pièces de théâtre, que ce soit de Musset à Racine, en passant par
14:04toutes sortes de textes, mais Chekhov, et c'était bien d'essayer, c'était bien de se coller
14:12à ça, de se coller au théâtre.
14:14Et Marlène Quanteau, je crois aussi que le théâtre, dès vos jeunes années, vous alliez
14:18au théâtre, mais toute seule, comme ça, pour le plaisir ?
14:20Pareil, oui.
14:21Voir quoi ?
14:22Mais j'allais un peu par hasard, par exemple, je me souviens, j'étais voir la pièce de,
14:26la première fois, Patrice Chéreau, c'était Pierre Guint, je m'étais inscrite en fait
14:29au Théâtre de la Ville, et j'allais au Théâtre de la Ville voir les spectacles.
14:32Et à force, j'allais à l'Odéon, j'allais dans les lieux où il y avait un théâtre
14:40de qualité, et j'ai pu voir des tas de pièces, oui.
14:43En même temps, c'était complémentaire du cinéma ?
14:45Oui, c'était aussi intéressant que le cinéma, bien sûr, oui, oui.
14:49Alors, il y a quelqu'un aussi qui a beaucoup marqué votre carrière à vos débuts, et
14:53qui a été important, vous allez reconnaître sa voix.
14:55J'ai commencé très jeune à adapter des œuvres qui n'étaient pas destinées au théâtre.
15:01Jean-Louis Barre, la première fois, c'était en l'hiver.
15:03Mais oui, parce qu'en fait, c'est la première personne qui m'a donné ma chance au théâtre,
15:08qui m'a engagée.
15:09J'étais encore au cours Florent, et voilà, on savait qu'il passait une audition, je
15:14suis allée passer l'audition, et j'ai été engagée sur un spectacle qui s'appelait
15:19« Angelo tirant de Padoue ».
15:20Oui, qui est une pièce de Victor Hugo, qui a été créée au Théâtre français, à
15:27la Comédie française.
15:28Et c'est vrai qu'il vous a repéré tout de suite, comment ça s'est passé ?
15:30Oui, pareil, j'ai passé une espèce d'audition, et puis tout de suite, il m'a dit « c'est
15:37bon, c'est vous ».
15:39Jean-Louis Barreau, il faut savoir qu'à l'époque, je crois qu'il avait repris le
15:41Théâtre du rond-point.
15:42Oui, il dirigeait.
15:43Voilà, c'est-à-dire qu'il avait eu le Théâtre d'Orsay, qui est devenu aujourd'hui
15:47le Musée d'Orsay.
15:48Ça fermait, c'était une ancienne gare, et on lui donnait le rond-point, qu'ensuite
15:51Jean-Michel Ribes a développé.
15:52Absolument, oui.
15:53Et là aussi, c'est lui, on oublie qu'il a créé ce théâtre, qu'il a fait tout pour
15:57que ce théâtre existe.
15:58Jean-Louis Barreau ? Oui, c'était vraiment un amoureux, un passionné de théâtre, c'était
16:03sa vie, il n'aimait que ça.
16:06Et il vous a appris beaucoup de choses ? Oui, j'ai appris beaucoup de choses, j'ai
16:09surtout appris par une actrice qui s'appelait Geneviève Page, qui avait le rôle principal
16:14et qui était extraordinairement puissante.
16:16Donc j'ai beaucoup appris en la regardant travailler, oui.
16:20À travers les répétitions, comment elle travaillait, oui, j'ai beaucoup appris.
16:24Mais Jean-Louis Barreau comme metteur en scène, il était très dur aussi, très précis.
16:27Oui, absolument.
16:28Je ne sais pas s'il était dur, mais je dirais qu'il était précis dans sa mise en scène.
16:33Et il faisait sortir les acteurs d'eux-mêmes.
16:35Ah, il n'y avait pas besoin de la faire sortir d'elle-même Geneviève Page, elle était
16:43assez excessive naturellement.
16:45En même temps, elle était excessive, mais en même temps, elle vous a beaucoup appris.
16:48Qu'est-ce qu'elle vous a appris, Marie-Lyne Cantot ?
16:50À la fois la puissance et à la fois la rigueur.
16:54C'était quelqu'un qui travaillait énormément et qui, à chaque répétition, essayait de
17:01proposer.
17:02Elle avait surtout une espèce de force incroyable.
17:05Et ça, c'était assez admirable à voir pour moi, jeune actrice, de voir à quel point
17:10elle était capable d'occuper le plateau, juste par sa présence et par son autorité
17:15naturelle.
17:16Elle avait une autorité naturelle.
17:17Moi, ce qui m'attriste, c'est que Jean-Louis Barreau, qui a été un grand metteur en scène,
17:21a fini sa vie tout seul chez lui.
17:24Il est venu prise en Wilson avec Madeleine Renaud, sa femme.
17:26Personne ne venait le voir.
17:27Un jour, j'ai voulu faire un film sur lui, je suis allé le voir, il était très fatigué.
17:31La télévision n'en voulait pas.
17:32Jean-Louis Barreau n'intéressait plus personne après qu'il ait arrêté de faire du théâtre.
17:36Je ne savais pas.
17:37C'est fou, hein ?
17:38Ah oui, c'est fou.
17:39Parce qu'il avait une carrière extraordinaire.
17:41Oui, absolument.
17:42Et c'est grâce à lui aussi que vous avez pu communiquer régulièrement avec une autre
17:46légende.
17:47Atmosphère, atmosphère.
17:48Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?
17:51Puisque c'est ça, vas-y tout seul à la barène.
17:54Bonne pêche et bonne atmosphère.
17:56Arletty qui, en fait, lui, jouvait dans Hôtel du Nord la traite d'atmosphère et c'est
18:01pour ça que cette réplique culte est née.
18:02Et Arletty, vous étiez une inconditionnelle, Marilyn Canto, et vous ne l'avez même pas
18:07rencontrée, mais vous l'avez eue au téléphone.
18:08En fait, c'était justement par Jean-Louis Barreau.
18:10Je parlais un jour avec Jean-Louis Barreau et je lui disais mon admiration pour Arletty
18:15et il m'a dit qu'en fait, elle vit toute seule, elle était aveugle.
18:19Et il me dit, prends son numéro et appelle-la.
18:23Je dis, mais non, mais j'oserais jamais.
18:24Et il me dit, si, si, ça lui fera plaisir.
18:26Donc, je l'ai appelé, j'ai pris mon téléphone, je lui ai téléphoné, je suis tombée sur
18:31elle directement avec cette voix incroyable qu'on entend là et on a commencé à parler.
18:36Je lui parlais des répétitions avec Jean-Louis Barreau, donc ça lui faisait plaisir.
18:40Ça lui faisait plaisir d'entendre parler du théâtre, de Jean-Louis Barreau, de Madeleine
18:44Renaud, tout ça.
18:45Et assez régulièrement, après, on s'est parlé.
18:47En fait, elle me disait, rappelons-nous, je la rappelais et je l'appelais régulièrement.
18:53Je l'appelais souvent à chaque anniversaire.
18:56La date de mon anniversaire, pour moi, c'était mon cadeau que je me faisais.
18:59J'appelais Arletty, on parlait et elle me parlait de sa vie.
19:02Mais elle voulait, moi, j'avais envie de la rencontrer, mais elle ne voulait pas parce
19:05qu'elle ne préférait pas qu'on la rencontre.
19:08Elle voulait juste qu'on parle au téléphone.
19:10Mais pourtant, des gens allaient la voir, Georges Brialy allait la voir régulièrement.
19:14Oui, peut-être, mais moi, je ne la connaissais pas.
19:16Je n'avais pas cette relation qu'elle avait avec Brialy.
19:19Mais en tout cas, elle était toujours chaleureuse, toujours drôle, toujours vive comme elle était.
19:24Moi, j'étais un jour dans son appartement, l'interviewee, chez Jusqu'à Villège.
19:28Elle avait un tout petit appartement de deux pièces.
19:30Elle était aveugle, mais elle voyait quelque chose puisque c'était la sortie d'un livre
19:33et qu'elle m'a dédicacé le livre.
19:36Elle signait, elle était capable d'écrire.
19:38D'accord.
19:38Mais ça fait aussi partie des légendes d'une époque, Arletty.
19:42Oui, c'est un cinéma qui vous a marqué aussi.
19:45Oui, puis surtout elle, parce qu'elle est à la fois très drôle.
19:48Je trouve Arletty est très, très audacieuse.
19:51Je trouvais elle très insolente dans son jeu.
19:53Donc oui, oui, c'est bien sûr, moi, je l'aime, j'ai beaucoup de passion pour Arletty, oui.
19:59Et quand vous voyez tous ces acteurs et que vous avez appris, notamment à Strasbourg,
20:03beaucoup de choses, vous sentez le travail que ça représente derrière?
20:07Oui, en tout cas, je vois leurs propositions, ce qu'ils proposent, en fait.
20:11Je vois à quel point ils se sont, ils se sont, ils ont créé un personnage et c'est pas eux.
20:17Vous voyez des choses comme ça.
20:19Donc oui, oui, c'est comme le Louvre.
20:21Plus on voit de tableaux, plus, enfin, vous voyez, on va au Louvre pour voir des grands maîtres.
20:25Et moi, j'allais au cinéma ou au théâtre pour voir des grands maîtres et m'en inspirer.
20:30Arletty, c'en était une, par exemple, une inspiration.
20:33Il y en avait beaucoup d'autres?
20:34Oui, enfin, non, il y avait Gina Rolands, par exemple.
20:37Oui, voilà.
20:38Ou Magnani, voilà.
20:39Et Bette Davis, voilà.
20:40C'est les trois, je pense, les trois Bette Davis, Magnani et Gina Rolands.
20:44Bette Davis qui a eu une fin de carrière extraordinaire, car elle est revenue alors que personne ne croyait plus en elle.
20:49Et vous savez comment?
20:50Allez-y, je sais, mais racontez-le.
20:53En fait, elle a mis une annonce dans le journal en disant qu'elle était une actrice qui n'avait pas si mauvais caractère que ça et qui avait fait ses preuves et qui cherchait du travail.
21:02Et résultat, elle a fait une immense carrière.
21:04Non, ça, c'était quand c'était à la fin de sa carrière.
21:07Elle a eu une espèce de trou et comme elle ne travaillait plus, elle s'est dit je vais mettre une annonce dans le journal.
21:12Mais elle a fait une immense carrière ensuite.
21:13Ah oui, absolument, à la télévision, à la télévision.
21:16Elle est venue à Paris, d'ailleurs, pour la révolution, pour les festivités de la révolution.
21:20Et elle était toujours dans une forme incroyable et avec une énergie incroyable jusqu'au bout.
21:24Moi, j'ai vu des images d'elle vers la fin de sa vie.
21:28On lui rendait hommage.
21:29Elle était toujours aussi piquante, toujours aussi insolente.
21:33On va continuer à parler de vous avec une autre de vos activités et la date du 14 septembre 2016.
21:39A tout de suite sur Sud Radio avec Mariline Cantot.
21:41Sud Radio, les clés d'une vie.
21:43Jacques Pessis, Sud Radio, les clés d'une vie.
21:46Mon invité, Mariline Cantot.
21:48On connaît votre nom, votre visage, votre parcours est méconnu.
21:52Et on l'évoque aujourd'hui à l'occasion de la sortie de plusieurs activités qu'on évoquera tout à l'heure.
21:57Et on a beaucoup parlé de votre passion du théâtre, du cinéma, de vos premiers rôles avec Jean-Louis Barreau.
22:03Puis, il y a une date importante, c'est le 14 septembre 2016, votre apparition dans cette série de télévision.
22:12Alex Hugo, c'est la première fois que vous arrivez dans Alex Hugo.
22:16Je crois que c'est la commissaire Christine Dorval, ancienne coéquipière d'Alex Hugo à Marseille.
22:23Vous arrivez dans la saison 2.
22:25Oui, absolument.
22:26C'est drôle parce que ça me fait penser au Western quand j'entends la musique.
22:31Je me dis en fait, c'est sans doute pour ça aussi que j'ai fait cette série parce qu'il y avait dans cette série,
22:35il y a de grands espaces, il y a presque un peu les valeurs qu'on retrouve dans les Westerns avec l'Hunson Cowboy, oui.
22:46Comment êtes-vous arrivée dans cette série, Marie-Lynne Cantot ?
22:49Alors, je suis arrivée dans cette série de façon un peu classique, c'est-à-dire que c'est un réalisateur qui a pensé à moi
22:57justement parce qu'il cherchait un personnage féminin, il voulait créer un personnage féminin.
23:01Et ce réalisateur a dit, j'aimerais bien faire des essais avec Marie-Lynne Cantot, donc j'ai fait des essais, je ne sais pas s'il a vu beaucoup d'actrices.
23:08J'ai fait des essais, puis j'ai été prise et j'étais heureuse parce que j'entrais dans la série et on créait un rôle féminin à l'intérieur d'une série où il y avait beaucoup d'hommes.
23:18Voilà, et je crois que l'épisode où vous arrivez s'appelle La Dame Blanche.
23:21Oui, absolument.
23:22Et c'était une aventure policière, c'était une énigme d'une certaine Dame Blanche qui était une femme, qui était une femme,
23:28c'était une énigme d'une certaine Dame Blanche qu'il fallait résoudre.
23:31Oui, c'était ça.
23:33De toute façon, le rôle, c'était une commissaire.
23:35Donc l'idée, c'était si j'étais bonne de résoudre les enquêtes.
23:38La Dame Blanche, d'ailleurs, c'est le surnom d'une dame qui s'appelait Giulia Occhini,
23:42qui était une femme de médecin, qui était la maîtresse de Fausto Coppi,
23:45grand champion de cyclisme des années 40 et qui était lui aussi marié.
23:49Et ça a été un des premiers scandales sportifs en Italie.
23:52Quand on a appris que Fausto Coppi avait une maîtresse surnommée la Dame Blanche
23:57parce qu'elle était toujours à côté de lui en blanc.
24:00C'est une histoire qui a marqué l'histoire de l'Italie.
24:02Et vous avez aussi des origines un peu italiennes.
24:04Oui, oui, oui.
24:05Alors, grâce à Alex Hugo, du jour au lendemain, votre vie change.
24:08Mariline Canto, vous devenez populaire.
24:11Oui, je dirais pas qu'elle change du jour au lendemain, mais disons que oui,
24:14je deviens, je deviens populaire, je deviens, je rentre dans l'appartement des gens
24:18et je deviens, je deviens, je leur deviens familière.
24:22Ça change votre vie dans la rue, un peu partout.
24:24Oui, ça change.
24:25Ça change, mais c'est toujours très sympathique et très agréable.
24:29Donc ça, ça m'empêche.
24:31Oui, ça a changé. Oui, oui, il y a un avant et un après Alex Hugo.
24:34Parce que jusque là, vous connaissez un public,
24:36vous connaissez, mais un public spécialisé, notamment au théâtre.
24:39Oui, ou de films quand même, quand même, parce que j'avais quand même tourné des films.
24:43Donc pas tant le théâtre que le cinéma.
24:45Alors, Alex Hugo démarre.
24:47Vous pensez que ça va durer une ou deux saisons?
24:49Ça va durer huit saisons.
24:52Ah, il y a huit saisons déjà.
24:53Oui, oui, j'ai enchaîné parce qu'en fait, ça se passait bien.
24:58Les tournages se passaient bien et les partenaires, j'aime beaucoup mes partenaires.
25:02Donc j'ai continué à travailler avec eux.
25:05Oui, mais en même temps, c'est un travail très particulier.
25:07On a peu de temps pour tourner.
25:08Il faut que ça aille vite.
25:09Oui, c'est différent les travails sur les séries que le travail au cinéma.
25:14C'est très ramassé dans le temps.
25:16C'est très, on fait beaucoup de séquences.
25:18On a un peu moins le temps que dans le cinéma.
25:21En même temps, c'est des grands espaces comme vous les affectionnez.
25:24Oui, non, mais c'était quand j'ai vu en fait les premiers que j'ai vus,
25:28parce que les premiers ont été faits sans moi.
25:30Ça m'a frappé à quel point, justement, ça faisait penser.
25:32Enfin, en tout cas, c'était cinématographique.
25:35La façon de filmer, la façon de mettre des personnages isolés dans des grands
25:39espaces, ça m'a fait penser à un western.
25:42Alors au bout de huit saisons, vous avez dit j'arrête parce que vous aviez envie
25:45d'autre chose?
25:46Oui, parce que je pense que j'avais fait le tour à la fois du personnage,
25:51souvent dans ces séries, on essaie de pas trop se répéter.
25:54Et je pense qu'on est arrivé à un, voilà, comment dire?
26:00On avait fait un peu le tour du personnage et on pouvait se répéter.
26:05Donc, ce n'était pas la peine.
26:06Ça me semblait juste d'arrêter comme Lionel a arrêté aussi.
26:09À peu près au même temps que vous, Lionel.
26:11Oui, absolument.
26:12Et on avait un peu tous les deux le même sentiment, c'est à dire qu'on pouvait
26:15continuer à être moi, commissaire, lui, gendarme.
26:18Mais on avait peur de se répéter.
26:21Et les téléspectateurs vous ont pas regretté?
26:23On vous a pas...
26:25Si, énormément. Mais à chaque fois, je...
26:27Alors, il est question qu'on en refasse un, un tout dernier juste.
26:30Enfin, un où on reviendrait Lionel et moi.
26:32Et oui, pourquoi pas?
26:34Enfin, peut être pas de façon récurrente, mais pourquoi pas revenir, oui.
26:37Oui, parce que je crois que le dernier épisode, les indomptés,
26:40laissait place à un retour possible.
26:41Exactement, oui, parce qu'en fait, moi, j'avais demandé, j'avais dit,
26:44mais pourquoi on me ferait pas mourir?
26:46Et ils n'ont pas voulu.
26:48Ils ont dit non, non, non, non, non, non, parce qu'on sait jamais
26:51si elle revient, la commissaire.
26:52Oui, c'est un classique, d'ailleurs, faire mourir les interprètes
26:55quand on va faire partir.
26:57Moi, j'avais envie d'une belle mort.
26:58C'est raté, c'est raté.
27:00Vous avez échappé belle.
27:01Les séries télé, ça a commencé très tôt, je crois, Marilyn Canto,
27:04puisque vous êtes dans Joël Mazard avec Véronique Jeannot à ses débuts.
27:07Oui, et à vos débuts.
27:08Oui, j'ai fait cette série là, qui était aussi très populaire
27:13et qui était une série très, très moderne finalement,
27:16parce que c'était une série sociale sur des élèves dans des lycées techniques,
27:20en banlieue.
27:21C'était une série, au fond, assez incroyable, moderne là dessus,
27:26sur le thème d'un film social, de films sociaux.
27:31Oui, d'ailleurs, ça se passait dans la banlieue parisienne.
27:34C'était un lycée professionnel avec des thèmes qui sont aujourd'hui
27:37d'actualité, les problèmes des lycées.
27:38Exactement, exactement.
27:40Et avec vraiment des cas de numéros alchoniques.
27:44Enfin, c'était assez nouveau.
27:46Ce n'était pas édulcoré, ça traitait de vrais problèmes.
27:49Et là aussi, vous étiez arrivée à la suite d'un casting ?
27:52Pareil, oui.
27:53Avec Véronique Jeannot qui débutait ?
27:56Oui, alors moi, j'étais dans la deuxième saison.
27:58Ça s'appelait Pause Café et ça a commencé par Pause Café.
28:02Et moi, j'ai fait Joël Mazard dans la deuxième saison.
28:05Mais en même temps, c'est une série qui a aussi marqué votre public.
28:08Énormément.
28:09On vous en parle encore ?
28:10Oui, et comme j'étais assez désagréable avec Véronique Jeannot, on m'en voulait.
28:16Il y a eu plein de spectateurs qui me disaient
28:17non, non, mais oh là là, vous êtes horrible avec Véronique Jeannot.
28:20Mais bon, c'était mon rôle, ce n'était pas moi.
28:22Alors, ce qui est étonnant, c'est le nombre de second rôles que vous avez fait
28:26au cinéma ou à la télévision, dans des genres très différents.
28:31C'est à dire, vous passez Marilyn Canto de La clé sur la porte d'Yves Boisset
28:35à Qu'est-ce qui fait craquer les filles de Michel Vaucorey.
28:38Et vous êtes dans Elle voit des nains partout de Jean-Claude Sussfeld.
28:40C'est quand même des films très différents.
28:41Oui, absolument. Mais ça, c'était les débuts.
28:44Après, j'ai fait d'autres choses, mais c'était au début, c'était ça.
28:47Oui, on me proposait des films.
28:48J'étais très heureuse de tourner.
28:50Alors oui, j'acceptais.
28:51Et à chaque fois un casting ?
28:53Oui, parce que c'est pas après.
28:55Non, après, c'était après, on m'appelait directement.
28:57Non, je ne fais pas à chaque fois passer des castings.
28:59Voilà, mais en même temps, c'est assez rare de tourner des films aussi
29:02différents quand on est une jeune comédienne.
29:04Oui, oui.
29:05Et puis, les choses se faisaient naturellement.
29:09Vous voyez, je commençais ma carrière d'actrice.
29:12J'avais joué avec Jean-Louis Barraud où j'avais fait cette série.
29:16Et puis, les choses se faisaient naturellement.
29:17Les films s'enchaînaient assez naturellement.
29:19C'est un privilège ?
29:21C'est une chance, oui.
29:22Vous avez même tourné avec Claude Chabrol, je crois.
29:24Oui.
29:25C'est-à-dire, c'était dans l'ivresse du pouvoir.
29:27Oui.
29:28Ça aussi, c'est très particulier.
29:29Chabrol, c'est un bon vivant.
29:32Oui, c'était plus qu'un bon vivant.
29:33C'était un type assez extraordinaire de vitalité, de vitalité.
29:39Et ça vous touchait, ce genre de personnage ?
29:44Ah oui, Claude Chabrol, parce qu'il est tellement intelligent,
29:47tellement vif et tellement drôle.
29:49Et puis, il a un amour à la fois des acteurs, du cinéma, du plateau,
29:55de vivre, de vivre bien.
29:57Il était assez exceptionnel là-dessus, Claude Chabrol.
30:00Et puis, le problème, c'était les déjeuners qui n'en finissaient pas pendant le tournage.
30:03Finalement, pas tant que ça, mais c'était bon.
30:06La particularité, c'est que c'était une bonne cantine.
30:09En tout cas, tout au long de votre carrière, vous avez fait des choses très différentes.
30:13Vous êtes un juge dans un scandale d'État
30:16et vous êtes la mère de Florence Arthaud, dernièrement, dans Flos.
30:19C'est des choses très différentes.
30:21Oui, mais c'est ça l'avantage de ce métier.
30:22C'est-à-dire que, heureusement que je n'ai pas joué que des commissaires,
30:26même si j'en ai fait plusieurs récemment.
30:29Vous avez été accusé de meurtre aussi, je crois, dans une série télé.
30:32Oui, je trouve bien être criminelle un peu de temps en temps, pas que policière.
30:38Et Florence Arthaud, jouer la mère de Florence Arthaud,
30:41c'était aussi quelque chose de pas simple,
30:43parce qu'il faut se mettre dans la peau du personnage qui a existé.
30:46Oui, et je n'ai pas vu beaucoup de...
30:50J'ai vu quelques images de sa mère.
30:52Mais je me suis inspirée d'après ce que Géraldine Danon m'a raconté
30:58et puis de ce qu'on savait un peu d'elle et du rapport qu'elle avait à sa mère, surtout.
31:03Et vous êtes allée toujours suivant vos envies.
31:06Oui.
31:07Oui, je fais des choix sur des scénarios qui me plaisent et des rencontres,
31:12surtout des rencontres avec des réalisateurs ou des réalisatrices qui me plaisent.
31:15Et puis, vous avez commencé à passer de l'autre côté de la caméra
31:18en étant assistante réalisatrice avec le Chœur fantôme de Philippe Guirel.
31:23Oui. Pourquoi ce changement?
31:25Pourquoi quand on est comédienne,
31:26on ne devient pas toujours assistante réalisatrice?
31:29Non, mais j'avais déjà, avant de faire ça,
31:31j'avais déjà fait un court métrage qui s'appelait Nouilles
31:35et j'avais envie de réaliser un long métrage.
31:37Et puis, il s'est trouvé, je ne sais plus comment,
31:40je ne me souviens plus exactement comment, je me suis retrouvée à rencontrer Philippe Guirel.
31:45Et voilà, il m'a proposé d'être son assistante.
31:48Et j'avais envie d'apprendre comment c'était de l'autre côté de la caméra,
31:51mais dans la fabrication, parce que de l'intérieur, vraiment.
31:55Et résultat, vous avez tellement appris de choses
31:58que vous avez réalisé votre premier long métrage, écrit ou joué,
32:01Le sens de l'humour, qui a été un long métrage pas facile à monter
32:04parce qu'un premier film, ce n'est pas simple.
32:06Il faut des aides de différentes fondations.
32:09Oui, oui, mais j'ai eu l'Aventure 7, j'ai eu la Fondation Gannes.
32:13Ce n'était pas un film à gros budget,
32:15mais on l'a fait avec pas énormément d'argent, mais suffisamment pour le faire bien.
32:19Vous aviez envie de faire ce métier de réalisatrice?
32:22Oui, j'avais envie de réaliser, oui.
32:23Le métier, je ne sais pas si je dirais que c'est le métier de réalisatrice,
32:27je dirais que j'avais envie de réaliser ce film-là,
32:29ces films-là, voyez, précisément, ce qui n'est pas pareil.
32:32Voilà, et des films que vous avez écrits parce que ça venait du fond de vous-même.
32:36Voilà, c'est des films nécessaires.
32:37Et le sens de l'humour, vous l'avez bien entendu.
32:41Curieusement, ce titre n'avait jamais été pris au cinéma.
32:43Non, oui.
32:45C'est assez curieux, oui.
32:47Le sens de l'humour, ce n'est pas les mêmes pour les Français, pour les Américains.
32:50Et même les Chinois ont un sens de l'humour particulier.
32:53Ils jouent sur les jeux de mots et les métaphores.
32:56Parce qu'on ne sait pas, la jeune génération chinoise adopte l'humour,
33:00ce qui n'est pas évident de leurs aînés.
33:01Alors, il y a eu aussi différentes choses.
33:04Il y a eu un film qui a été très important.
33:08C'est un film pour la paix au Proche-Orient,
33:10que vous avez réalisé, un documentaire pour Arte.
33:13Là aussi, vous êtes un peu en avance sur votre temps.
33:17Oui, j'espère être en avance sur mon temps et j'espère qu'il y aura la paix, oui.
33:21Comment c'est venu ce documentaire?
33:22En fait, c'est venu par Arte, qui a une collection qui s'appelle Square Artists.
33:27Et le principe de cette émission, c'est de faire un portrait d'une personne de son choix.
33:31Enfin, qu'un réalisateur, une actrice ou un réalisateur,
33:34un artiste fasse le portrait d'une personne de son choix.
33:38Et moi, j'avais rencontré un peu par hasard un militant pour la paix.
33:43Et je me suis dit qu'au fond, j'avais envie d'entendre parler de ça.
33:46Qu'est-ce que c'était de faire la paix?
33:47Comment on fait la paix concrètement
33:50dans une région où apparemment, ce n'est pas d'actualité?
33:56Et vous avez rencontré, je crois, le président du Forum International pour la Paix.
33:59Voilà, il s'appelle Ofer Bronstein.
34:01Il a deux passeports, un passeport israélien, un passeport palestinien.
34:04Il a travaillé sur les accords d'Oslo et il continue à militer pour la paix.
34:09Donc, je l'ai suivi en Palestine, en Israël.
34:13Et je l'ai suivi pour voir son action.
34:15Qu'est-ce que c'était? Comment on mettait, comment on travaillait à la réconciliation?
34:19C'est quelqu'un de très secret.
34:21On n'entend pas beaucoup parler dans l'actualité.
34:23Maintenant, un peu plus quand même, parce qu'avec tout ce qui s'est passé récemment,
34:27on l'a entendu beaucoup sur les chaînes de télévision.
34:30Parce qu'il connaît bien le sujet.
34:33Là aussi, vous avez été en avance parce que vous avez traité le sujet
34:36avant même les événements qu'on connaît aujourd'hui.
34:39Oui, oui.
34:40Et vous avez l'espoir que ce film apporte quelque chose
34:42et que ce que vous racontez dans ce film se concrétise, que la paix arrive?
34:46Bien sûr, bien sûr.
34:47Je pense qu'il n'y a pas d'autre choix.
34:49On est bien d'accord.
34:50Une autre date importante dans votre vie,
34:52c'est une date future, le 1er janvier 2025.
34:55A tout de suite sur Sud Radio avec Mariline Canto.
34:58Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:00Sud Radio, les clés d'une vie.
35:02Mon invité, Mariline Canto.
35:04On a donc parlé de votre parcours de Alex Hugo au agent Louis Barraud,
35:08en passant par des documentaires que vous avez faits.
35:11Une carrière très, très riche.
35:13Et le 1er janvier 2025 sort un film, Une Plus.
35:17Six Jours, un film de Juan Carlos Medina, où vous êtes à l'affiche.
35:21Et là aussi, c'est un film très différent.
35:23C'est encore une histoire de police.
35:25Oui, c'est un vrai thriller assez dur sur un flic qui cherche,
35:33qui fait une enquête sur un enfant qui a disparu.
35:38Et c'est un film assez haletant, très prenant.
35:41Je ne l'ai pas vu, le film, j'ai juste lu le scénario.
35:44Et moi, je joue une commissaire qui va être entre ce flic qui veut
35:48rouvrir l'enquête et moi qui refuse de rouvrir l'enquête.
35:51Donc, cette espèce de dilemme entre eux et de bagarre entre eux deux.
35:55En fait, il n'a pas trouvé le couvert de ce kidnapping.
35:58Quelques années plus tard, le hasard le met sur la piste de ces kidnappeurs.
36:01Exactement. Et lui, il veut absolument rouvrir l'enquête.
36:05Et moi, je sais que ce sera très compliqué.
36:08Donc, je lui donne six jours pour, le film s'appelle comme ça,
36:12pour retrouver, pour rouvrir cette enquête et trouver l'assassin.
36:17Il y a un côté 24 heures chrono dans ce film.
36:19Voilà, c'est ça, tout est tendu à cause du temps qu'il a pour régler cette enquête.
36:26Et là aussi, ce sont des rôles très, très durs.
36:28Oui, là, pour le coup, c'est un rôle très dur.
36:30Mais justement, c'est ça qui est intéressant,
36:32c'est que c'est vraiment, elle est incroyablement autoritaire et à la fois,
36:38on va dire, elle le soutient et elle est dans un grand dilemme.
36:42Elle le soutient et à la fois,
36:43elle ne veut pas qu'il déborde et elle sait qu'il est capable de déborder.
36:46Et commissaire de police, finalement, ça devient une de vos étiquettes.
36:50Oh non, j'espère pas.
36:51Non, mais vous en avez fait quand même pas beaucoup.
36:53Oui, j'en ai fait trois.
36:54Oui, voilà.
36:56Mais en même temps, la police est au courant, ils vous en ont parlé.
37:00Oui, parfois, ça m'arrive de rencontrer des policiers qui me reconnaissent et qui sourient.
37:05Mais non, il s'est trouvé qu'il y a beaucoup de séries policières aussi à la télévision.
37:10Donc voilà, ça s'est trouvé comme ça.
37:12Alors Juan Carlos Medina, c'est un réalisateur qui a fait une série,
37:16je crois qu'il s'appelait Insensible, qui a été un gros succès.
37:19Et puis, il a disparu à jamais, d'après Arlan Coben.
37:22Ça, je ne sais pas si vous connaissez ces films-là.
37:24Ça a été un immense succès, il a disparu à jamais.
37:26Oui, oui, oui, oui, non, mais je pense qu'il a une vraie...
37:29Il aime ça, les thrillers, et je pense qu'il est très fort là-dessus.
37:32Et les thrillers, pour vous, ça vous fascine ?
37:35Oui, quand c'est bien réalisé, oui, oui.
37:37Mais à regarder aussi ?
37:38À regarder aussi, oui.
37:39Et Arlan Coben, vous connaissiez ?
37:41Je connaissais, oui.
37:43Il y a une chose extraordinaire sur lui.
37:45Il y a quelques années, il dit, voilà,
37:46j'étais à l'université en première année aux Etats-Unis.
37:49Puis il y a un copain que je me fais, je lui dis bonjour.
37:53Bonjour, Albi.
37:54Pendant des mois, on se salue.
37:55Bonjour, Albi. Bonjour, Arlan.
37:57Et au bout des mois, il dit Albi.
37:59Il ne s'appelle pas Albi, il s'appelle Albert.
38:01Et c'est Albert de Monaco.
38:03Et c'est comme ça qu'il est devenu copain avec le prince de Monaco.
38:06D'accord.
38:07Alors ce film, c'est un de plus.
38:09Mais il y a aussi, vous avez tourné avec Costa Gavras
38:12dans un film qui s'appelle Le Dernier Souffle, je crois.
38:15Oui, et qui n'a rien à voir.
38:18Je ne joue pas du tout une commissaire.
38:20C'est vraiment un film qui parle de la fin de vie.
38:22C'est un film assez engagé et assez politique finalement,
38:27puisque Costa, il a toujours fait ça.
38:30Il a toujours quand même toujours
38:32essayé de faire avancer les choses et de faire réfléchir.
38:35Et là, c'est un film qui parle de comment mourir dignement,
38:39comment bien mourir.
38:41En fait, c'est un médecin, un écrivain qui confronte
38:44leur façon de voir la fin de vie.
38:46Voilà. Et là, vous êtes arrivée comment?
38:48Là, j'ai été contactée par la femme de Costa Gavras que je connaissais,
38:52qui est la productrice et qui est la femme de Costa Gavras et aussi productrice.
38:57On se connaissait et elle a parlé de moi à Costa parce qu'il cherchait une actrice.
39:02Et j'ai tout simplement été pris un rendez-vous.
39:05On a fait un rendez-vous avec Costa Gavras.
39:07Et puis, quelques jours après le rendez-vous, il m'a dit voilà,
39:11on fait le film ensemble.
39:12Et votre rôle?
39:14Mon rôle, c'est la femme de Denis Podalides, qui va soutenir,
39:19qui est à la fois à l'origine d'un livre qu'ils vont écrire ensemble.
39:24Et c'est voilà, c'est à la fois une histoire d'amour à l'intérieur du film.
39:29Et comment elle va aider cette femme à faire que son mari prenne en main ce sujet?
39:37Alors, Costa Gavras, on l'a reçu dans les Clés d'une vie quand il a publié ses mémoires.
39:41J'ai eu en face, il y a trois ans, un jeune homme et avec presque 90 ans,
39:45il reste un jeune homme passionné.
39:46Ah oui, c'est extraordinaire.
39:48C'est extraordinaire à quel point il est
39:51vif, vivant, drôle, intelligent, élégant.
39:55C'est très impressionnant.
39:57C'est un exemple.
39:59J'aimerais...
40:00Oui, je trouve qu'il donne énormément de courage, en fait,
40:03à continuer à faire du cinéma, à continuer à vivre de sa passion.
40:06Peut-être qu'au fond, la passion, si on la vit aussi intensément, on est en forme.
40:11C'est votre cas?
40:12J'espère bien.
40:15Vous vous rendez compte du privilège
40:16que vous avez vécu et que vous vivez votre passion depuis toujours?
40:18Oui, oui, c'est vraiment ça.
40:20Vous le mesurez?
40:21Bien sûr, je le mesure, oui.
40:22Oui, oui, c'est un...
40:24Oui, je le mesure.
40:26Alors, il faut savoir que Costa Gavras, il a démarré grâce à Montant et Signoret,
40:30qu'il a connu à Saint-Paul-de-Vence, et personne ne voulait de Costa Gavras en France.
40:34Et Montant et lui ont fait un film ensemble.
40:36Ça a été Compartiment Tueur.
40:37Et ensuite, ça a été un grand succès aux Etats-Unis.
40:40Et Montant a continué à être complice avec lui.
40:42Oui, mais il aime beaucoup les acteurs, Costa Gavras.
40:46Il est vraiment attaché aux acteurs et il les entoure et il les aime.
40:50Mais ça se sent dans ses films.
40:52En même temps, vous avez toujours travaillé avec des géants.
40:56Il y a beaucoup de géants dans votre...
40:58Il y a des metteurs en scène très variés.
41:00Oui, mais c'est ça qui fait, en fait, le plaisir de ce métier,
41:03c'est de rencontrer toutes sortes de metteurs en scène
41:06et des grands metteurs en scène qui sont inspirants.
41:08Oui, mais ce qui est étonnant, on vous appelle effectivement l'illustre inconnu.
41:12Vous avez fait tout ça.
41:13Mais qui m'appelle comme ça?
41:14J'ai vu un article où on vous appelle l'illustre inconnu.
41:16Ah bon? Ça alors?
41:18Mais en même temps, on vous connaît.
41:19Mais finalement, vous n'avez pas fait parler de vous dans les médias
41:23autant que beaucoup d'autres qui font moins de choses que vous.
41:25Oui, mais parce que sans doute, ce qui m'intéresse plus,
41:29c'est pas tant d'apparaître que de m'exprimer, que de jouer.
41:31Voilà, vous jouez beaucoup.
41:33Et je joue beaucoup.
41:34Et il y a aussi une série qui est passée à la télévision dernièrement,
41:37qui est Follow, encore une histoire policière.
41:39Oui, mais pour le coup, c'est une histoire policière très particulière
41:42parce que ça passe par les réseaux sociaux.
41:46C'est un tueur en série qui sévit
41:48et qui utilise les réseaux sociaux pour manipuler tout le monde.
41:52C'était assez, vraiment très bien là-dessus, le scénario, le sujet.
41:56Et les réseaux sociaux, c'est une découverte pour vous?
42:00Oh non. Enfin, vous voulez dire dans ce film?
42:02Dans ce film ou dans la vie.
42:04Parce que vous n'êtes pas quelqu'un qui communique non plus sur les réseaux sociaux.
42:06Non, non, non, pas énormément.
42:07Non, j'en ai pas besoin, oui.
42:08Mais je trouvais que là, pour le coup,
42:11le sujet de manipuler tout le monde par les réseaux sociaux,
42:14c'était assez moderne et assez malin.
42:17Et jamais, jamais fait.
42:19Oui, car à la fois, vous êtes pour le classique ou pour le moderne?
42:22Ah bah oui, les deux.
42:25On ne va pas choisir.
42:26On peut être que pour le classique et le moderne.
42:30Alors cette série, je crois que c'était six épisodes et vous avez tourné dans le métro.
42:34On a tourné, moi, j'avais pas de scène dans le métro,
42:37mais on a tourné dans le métro, effectivement.
42:38Et d'ailleurs, c'est un film qui se passe beaucoup dans les sous-sols parisiens.
42:44Il y a les catacombes, il y a le métro.
42:45C'est un film très parisien,
42:47mais il a une façon de filmer Paris qui est assez incroyable, assez crépusculaire.
42:53Et ça donne vraiment une identité à la série qui est différente des autres.
42:57Les catacombes aussi, vous êtes allée dans les catacombes?
43:00Alors non, moi, justement,
43:01j'étais moi, celle qui dirige de l'intérieur de la police.
43:05Comment aller dans les catacombes?
43:06Je suis la commissaire, donc je n'étais pas sur le terrain,
43:08mais je dirige l'opération.
43:10Et je crois que les catacombes, on a découvert en 2004,
43:13je ne sais pas si vous le savez,
43:14Marilyn Canto, à 18 mètres sous terre, une salle de cinéma clandestine
43:18de 400 mètres carrés.
43:20Pendant des années, il y a un groupe qui est venu dans une salle de cinéma,
43:23dans les catacombes, sans être inquiété et qui a fait des soirées, des projections.
43:28Oui, c'est extraordinaire.
43:30On ne sait pas ce qu'il y a dans les catacombes.
43:32Je ne savais pas du tout.
43:33C'est fou, c'est fou, une salle de cinéma.
43:35Et puis, il y a une autre série,
43:37il y a un autre film, une autre série,
43:39Vivre avec nos morts, que vous avez tourné régulièrement.
43:42Vous n'arrêtez pas.
43:43Oui, alors ça, c'est une série très, très bien écrite par Noé Debré
43:48et réalisée par Keren Benrafael.
43:51Et c'est inspiré du livre de Delphine Orvilleur.
43:55Et c'est l'histoire d'une jeune rabbine qui fait ses débuts.
43:57Et chaque épisode, c'est un cas de conscience de cette jeune rabbine.
44:01Et là encore, vous jouez un rôle précis ?
44:04Là, je joue...
44:06En fait, dans chaque épisode, il y a un guest.
44:08Et moi, je joue un des guests qui est
44:10confronté à ce que son fils devienne orthodoxe.
44:13Son fils devient religieux.
44:14Et elle, elle ne l'est pas du tout.
44:16Et elle est confrontée à cette situation-là, cette mère.
44:18Comment on fait pour tenir des personnages aussi différents
44:21les uns des autres ?
44:22Marilyn Quanto, ce n'est pas évident ?
44:24Mais oui, mais c'est ça, jouer.
44:26C'est-à-dire qu'on nous fait une proposition et aussitôt,
44:29l'imagination se met en route et on fait des propositions.
44:32Mais c'est ça, jouer, c'est à chaque fois chercher,
44:36trouver, changer de personnage, changer de costume, comme les enfants.
44:42Vous êtes restée une enfant de vous-même, non ?
44:44J'espère bien.
44:46Et le théâtre ? Il y a très peu de théâtre dans votre biographie ?
44:48Oui, bizarrement, j'ai fait le TNS et après le TNS,
44:51j'ai un peu joué à Vignon avec Jour d'œil.
44:54Enfin, j'ai joué deux, trois pièces, mais assez vite,
44:57j'ai été happée par le cinéma ou la télévision et j'ai fait assez peu de théâtre.
45:01Mais je vais en refaire bientôt, sans doute.
45:02Ah bon ?
45:03Et en même temps, il y a eu des festivals extraordinaires.
45:07Je crois qu'on pourrait vous donner, vous mettre dans le livre des records
45:10pour le festival du film de Clermont-Ferrand.
45:13Vous avez présenté sept films, je crois.
45:14Ah oui ? Oui, puis surtout, j'ai eu à chaque fois des prix.
45:17À chaque fois que j'ai réalisé un court-métrage, j'ai eu un prix à Clermont-Ferrand.
45:21Donc oui, je connais bien Clermont-Ferrand.
45:24Mais sept films récompensés, ce n'est pas si courant ?
45:27Non, ce n'est pas si courant, oui.
45:29Et puis, il y a d'autres sujets qui vous tiennent à cœur.
45:31C'est la violence, c'est un sujet d'actualité,
45:32la violence faite aux femmes.
45:34Oui.
45:35Ça, c'est aussi quelque chose d'important pour vous.
45:38Oui, parce que, en tout cas, j'ai fait un film qui s'appelle H24,
45:42qui était un film, oui, militant, on peut le dire, sur les violences faites aux femmes.
45:47Et oui, effectivement, il faut qu'on en parle.
45:52Et effectivement, il faut qu'on cherche des solutions légales et...
45:57Et qui aident les femmes.
45:59Et qui aident les femmes.
46:01Encore une fois, quand on passe d'un sujet à l'autre, on a des comédies,
46:04mais on a des sujets aussi d'actualité.
46:06Vous avez...
46:07Vous êtes toujours sur l'actualité.
46:09Très discrètement et sur l'actualité.
46:11Mais c'est drôle que vous parliez de ça,
46:13parce que, d'un coup, là, on parlait du conflit au Moyen-Orient.
46:16On parle de H24, qui est un film sur les violences faites aux femmes.
46:19On parle de Costa Gavras, qui parle de la fin de vie.
46:22Oui, c'est vrai.
46:23Il se trouve que je suis dans des projets ou dans des films
46:26qui sont engagés politiquement, oui.
46:29Et à chaque fois, on vous appelle ou est-ce que c'est vous qui forcez la porte ?
46:33Non, H24, on me l'a proposé.
46:35Et vraiment, je voulais participer à ces films qui sont 24 portraits
46:39de cas de violences faites aux femmes.
46:42En quatre minutes, je crois.
46:44Oui, en quatre minutes.
46:45C'est assez impressionnant.
46:46Ils sont formidables, les films.
46:47On peut les revoir en replay.
46:49Le film de Costa...
46:50Mais je pense qu'il n'y a pas de hasard, vous voyez.
46:51C'est-à-dire que je pense qu'on attire les gens.
46:54Enfin, on se retrouve sur des projets parce qu'on est proche de ces projets.
46:58Vous les voyez intimement et que je pense que Costa ou les...
47:03Comment ça s'appelle ?
47:04Bon, le film que j'ai fait, que j'ai réalisé, c'était un sujet qui me passionnait.
47:07C'est un sujet dont j'avais envie de parler.
47:09On ne se retrouve pas par hasard sur les projets.
47:11Je pense qu'on les attire.
47:13Est-ce que vous n'avez pas le sentiment, Marlène Canto, d'être une actrice à part ?
47:15C'est-à-dire que par rapport à beaucoup d'autres,
47:17vous faites plein de choses dans des genres très différents,
47:19ce qui n'est de moins en moins fréquent.
47:22Oui, à part oui, je dirais ça.
47:24Vous avez raison.
47:25Oui, oui, parce que à la fois, j'ai réalisé et à la fois,
47:29je me retrouve sur des projets ou populaires comme Alex Hugo ou Costa Gavras,
47:34qui est aussi un cinéma, j'espère, populaire, ce film-là.
47:38Mais c'est vrai, oui, je me sens privilégiée, assez privilégiée et assez à part, oui.
47:43Et Six Jours qui sort le 1er janvier, c'est aussi quelque chose qui vous tient à cœur ?
47:46Oui, parce que j'aime beaucoup mes partenaires.
47:49Il y a Samir Boajila, Yannick Chouara, Gilles Cohen.
47:54J'ai pris beaucoup de plaisir à jouer avec mes partenaires et à rencontrer Juan Carlos.
48:00Les Six Jours, pour une génération de Français,
48:02c'est une course cycliste avant la guerre au Veldiv.
48:06Il y avait six jours de course le soir sur des pistes avec une fête, un bal.
48:11C'était un événement parisien de l'avant-guerre qui a disparu ensuite
48:14et qu'on a tenté de ressusciter en vain sous Jacques Chirac.
48:18Ah non, je ne savais pas.
48:19Et ça s'appelle Les Six Jours, la course des six jours.
48:22Mais là, et l'avenir maintenant ?
48:24Et l'avenir, alors là, je viens de tourner un film,
48:28donc je ne sais pas quand est-ce qu'il va sortir, un premier film.
48:31Et j'ai un projet de théâtre.
48:33Mais j'en parle pas trop parce que j'attends de savoir si ça va vraiment se faire.
48:37Mais de toute façon, je suis pas inquiétée pour vous.
48:38Il y a plein de choses qui vont se faire
48:40et qui vont continuer à vous permettre de faire le métier que vous rêviez de faire.
48:43Oui.
48:44Alors ne changez rien.
48:45Six Jours, c'est pour le 1er janvier.
48:47Le reste, c'est aussi sur Internet.
48:49On trouve à volonté les films de Marilyn Canto.
48:53Continuez comme ça.
48:55Et je suis content qu'on ait pu parler de vous et raconter tout ce que vous avez fait
48:59et tout ce que vous avez encore à faire.
49:00Merci beaucoup.
49:02Merci. Les Clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:04On se retrouve bientôt.
49:05Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.
49:07Merci.

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