• le mois dernier
Jacques Pessis reçoit Laurence Jyl. Elle a signé des romans et des comédies a succès. Sa nouvelle pièce, « Un atelier pour deux » est au Théâtre de Passy.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-10-08##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous avez grandi dans les coulisses des théâtres,
00:09vous êtes ainsi presque naturellement passé aux actes
00:12dans un univers où il y a encore et toujours un boulevard,
00:15dans tous les sens du terme. Bonjour Laurence Gilles.
00:17Bonjour Jacques Pessis et bravo pour cette introduction.
00:20Ah ben c'est le minimum parce que je vous retrouve,
00:23parce qu'il y a longtemps qu'on ne vous avait pas entendu
00:25et c'est vrai que vous êtes de nouveau à l'affiche
00:28avec une pièce dont on va parler tout à l'heure,
00:30au théâtre de Pessis, mais on va aussi évoquer votre parcours
00:33parce que vous avez un parcours tout à fait étonnant,
00:35Laurence Gilles, et c'est le principe des clés d'une vie,
00:38à travers des tas de clés.
00:39Et la première que j'ai trouvée,
00:41alors ça ne vous concerne pas directement,
00:43mais c'est lié à votre famille,
00:45le 20 janvier 1961,
00:48pour la première fois il y a du théâtre pour les jeunes
00:50à la télévision.
00:52Le générique du théâtre pour la jeunesse,
00:55Don Quichotte,
00:56et je crois que c'est votre père Yves Jamiac
00:58qui a écrit ce premier théâtre pour la jeunesse.
01:00Ah c'est incroyable.
01:01Et alors il avait écrit l'adaptation théâtre
01:05qu'avait créé Philippe Cléau au théâtre des Célestins,
01:09et après effectivement au théâtre de la jeunesse
01:11il a repris une adaptation qui n'est pas totalement la même
01:14mais qui est formidable, je ne vais pas dire le contraire.
01:16Il se trouve que le théâtre pour la jeunesse,
01:18on l'a un peu oublié,
01:19c'était la première émission culturelle pour enfants,
01:22à l'époque on faisait Rémi Culture avec enfants,
01:25à la télévision c'est Claude Santelli
01:27qui prenait des œuvres majeures
01:29et qui les faisait adapter pour les adolescents.
01:31Et ça marchait très très bien et les adultes regardaient.
01:33Et les adultes regardaient, c'était, disons,
01:35aussi pour les jeunes, pas que pour les enfants,
01:38mais c'est vrai que c'était une très très bonne idée
01:40de construire un théâtre pour les jeunes.
01:42Pas que pour les enfants,
01:43mais c'est vrai que c'était une très très bonne idée
01:45de Claude Santelli et que c'était magnifique.
01:47Et mon père d'ailleurs a fait plusieurs émissions
01:51pour ce théâtre de la jeunesse,
01:56dont Aesop, avec Michel Bouquet,
01:58notamment, qui était formidable aussi.
02:00Il a fait Gargantua aussi.
02:01Et Gargantua !
02:02Ambroise Paré.
02:03Alors votre père, Yves Jamyac,
02:04bon vous êtes toute petite à cette époque,
02:06vous n'avez pas vu le théâtre pour la jeunesse ?
02:08J'en ai bien entendu parler, évidemment.
02:11Et j'ai vu les podcasts, comme on dit maintenant,
02:13et ce qu'on ne disait pas à l'époque.
02:15Alors il se trouve que votre père, Yves Jamyac,
02:17a écrit beaucoup de pièces, on va en parler,
02:19mais pour les adolescents, il a aussi fait
02:21l'un des feuilletons les plus célèbres
02:23de l'histoire de la radio,
02:24L'Homme à la voiture rouge.
02:25Vous savez tout, Jacques Pestis, c'est formidable.
02:27Alors là, j'ai une anecdote absolument étonnante,
02:29d'ailleurs, par rapport,
02:30il y avait 1800 épisodes de ce feuilleton,
02:33et tout d'un coup, c'était, je ne sais pas
02:35si on a le droit de donner la marque,
02:37c'était Aesop.
02:40C'est Aesop, et Aesop, tout d'un coup,
02:42a fait un sondage,
02:44et ils sont arrivés à voir que
02:49tout le monde, ou presque, connaissait,
02:52en tout cas, sinon ne suivait,
02:54mais au moins connaissait ce feuilleton,
02:56L'Homme à la voiture rouge,
02:57et ils ont décidé d'arrêter en disant,
02:58bon ben c'est bon, allez 1800 épisodes,
03:00on arrête tout comme ça.
03:02Mais c'est vrai que c'était, ça j'ai vécu,
03:05j'ai vécu mon père écrivant ça quotidiennement,
03:07ça c'était étonnant aussi.
03:08Oui, c'était l'époque où il y avait des feuilletons
03:10sur Radio Luxembourg, il y avait 42 rues courtes,
03:12et Tarville, écrite par Rémy Forlani,
03:14il y avait La famille du raton,
03:16et il y avait les sitcoms avant l'heure pour les femmes,
03:18et il y avait Ça va bouillir, avec Zappi Max.
03:21Ah, ça je ne m'en souviens pas par contre !
03:23Il y a eu 3000 épisodes, et l'auteur Saint-Julien,
03:25qui était Hugo Dehaene, partait régulièrement en Neuven,
03:28car il allait boire dans le quartier de Pigalle,
03:30et il fallait le retrouver, le dessouler,
03:33pour avoir la suite du feuilleton.
03:35Ah oui, ça c'est étonnant.
03:36Et alors, moi j'ai aussi une anecdote sur ce feuilleton,
03:39L'homme à la voiture rouge,
03:40c'est que mon père, au bout de 3 mois de travail,
03:43assis du quotidien, s'est dit
03:45je vais prendre 8 jours de repos.
03:47Et donc il part pour Saint-Jean-Cap-Ferrat,
03:50et il plonge, et il remonte à la surface,
03:55et il y avait devant lui, je crois qu'il s'appelait
03:57Monsieur Morel, Jean Morel,
03:59le réalisateur qui était là aussi,
04:01c'est-à-dire que ça ne pouvait pas lui échapper,
04:03même en vacances, il tombait sur le réalisateur.
04:06Oui, l'histoire c'était d'un Stéphane Berrier,
04:08qui était un champion de tennis,
04:10et qui était mêlé à des aventures incroyables, policières.
04:12Alors, vous êtes né à Paris, l'Orangile,
04:14vous avez donc grandi dans cet univers,
04:16et je crois que votre découverte de la scène,
04:18c'est dans votre landau,
04:19quand vous êtes le bébé du Christ.
04:21Bravo, bravo Jacques Pessier.
04:23En effet, ça je ne m'en souviens pas,
04:24comme vous pouvez penser,
04:25mais je l'ai entendu dire, oui, oui,
04:27parce que mon père écrivait une passion à l'époque,
04:31et du coup, bien sûr, avec maman,
04:34j'allais dans le landau,
04:36autour du théâtre concerné,
04:39et on disait, oh, c'est la petite fille du Christ, voilà.
04:42Et d'ailleurs, La Passion du Christ,
04:44il y a eu un film réalisé par Mel Gibson en 2005,
04:47qui a été tourné entièrement en araméen,
04:50si je sais pas si vous le savez,
04:51et c'est le film en langue étrangère
04:53le plus rentable au box-office américain de l'histoire.
04:55Ah oui, c'est fou ça.
04:56C'est un miracle.
04:57Oui, c'est un miracle.
04:58Alors, votre mère n'est pas auteur,
05:00mais elle est poétesse et mélomane d'Orangina.
05:02Oui, absolument,
05:03et même peintre,
05:04parce qu'elle a peint de très jolis tableaux de fleurs, notamment,
05:08mais surtout, ma mère,
05:10elle a été vraiment, avec mon père,
05:12elle a fait une équipe,
05:13c'est-à-dire que quand mon père écrivait,
05:15il n'y avait pas à l'époque de...
05:19De fax ou d'ordinateur.
05:21Non, comment on appelle ça ?
05:22Des ordinateurs.
05:23Oui.
05:24Donc, il écrivait vraiment sur papier,
05:26et à chaque fois qu'il terminait une scène,
05:28il allait la lui lire dans le salon à côté,
05:31et si elle n'avait pas les réactions qu'il espérait,
05:34il déchirait carrément la scène.
05:36Donc, elle a été vraiment très, très importante
05:38dans la vie professionnelle de mon père.
05:40Et curieusement, Laurent Gilles, vos parents,
05:42vous les appeliez pas à papa et maman,
05:43mais Yves et Jeanne.
05:44Oui, et oui.
05:45Et oui, alors ça, je ne saurais vous dire,
05:47mais mon fils m'appelle Laurence aussi,
05:49donc ça tient une famille, j'imagine.
05:51Vous avez passé vos jeunes années dans les coulisses des théâtres.
05:53Oui, absolument.
05:54Donc, c'était forcément une obligation
05:56que j'ai envie d'y toucher d'une façon ou d'une autre,
05:59et bien sûr, par la comédie en premier.
06:01Voilà.
06:02Mais en même temps, les coulisses des théâtres
06:03n'avaient rien à voir avec aujourd'hui.
06:05D'abord, on entrait facilement.
06:07Oui, bien sûr, on entrait facilement.
06:10Mais ça, je me rappelle vraiment le plaisir
06:12que j'ai eu d'être dans ces coulisses,
06:14avec l'odeur des coulisses,
06:15et puis la rencontre des comédiens,
06:18la mise en scène.
06:20C'est vraiment des souvenirs magnifiques
06:23que j'ai de cette époque.
06:25Et également, la peur qu'on avait
06:27des critiques théâtraux
06:28quand la première arrivait.
06:31J'avais moi aussi, en tant qu'enfant,
06:34les mêmes craintes que mon père
06:36en tant qu'auteur de Jean-Jacques Gauthier,
06:39en l'occurrence, qui était l'un des grands
06:41critiques dramatiques de l'époque.
06:43Oui, c'est-à-dire que Jean-Jacques Gauthier
06:44remplissait ou vidait une salle, selon sa critique.
06:46Absolument, absolument.
06:47Et votre père, au théâtre, on va en parler,
06:49a pris des bides et des succès.
06:51Bien sûr, comme tout auteur, je pense.
06:53Mais je me rappelle aussi, un jour,
06:55c'était la première d'une de ses pièces
06:58à la Michaudière, qui s'appelait
07:00« A Capuco, Madame »,
07:01avec Micheline Boudet et Philippe Nico.
07:05Et on était allés au restaurant,
07:08parce que la critique du Figaro,
07:11à ce moment-là, apparaissait avant minuit.
07:15Elle était déjà écrite pour le lendemain.
07:17Et on attendait ça.
07:19On était chez Lippe.
07:20Et je me rappelle encore qu'on attendait.
07:22Et tout d'un coup, la critique est parue.
07:24Et c'était Micheline Boudet
07:26ou l'art de jouer Jamiac.
07:27Et on était tranquilles.
07:28On a pu dormir tranquillement jusqu'au lendemain.
07:30C'est vrai qu'aujourd'hui, on boucle un journal,
07:32comme on dit, à 18h.
07:33À l'époque, à minuit, on pouvait encore envoyer
07:35un article qu'on dictait.
07:36C'est fou.
07:37Vous le savez d'autant plus, bien sûr.
07:40Oui, oui, c'était incroyable.
07:42Alors, « A Capuco, Madame » et d'autres pièces,
07:44il y en a eu quatre, je crois,
07:46qui ont été tournées pour le théâtre ce soir.
07:47Car au théâtre ce soir, c'est aussi un événement
07:49pour Yves Jamiac, votre père, Laurent Gilles.
07:51Absolument.
07:52Et moi, je trouve que c'était une émission formidable.
07:54Je me demande si elle ne va pas réapparaître.
07:56Est-ce que ce serait une bonne chose
07:57pour les pièces et pour les auteurs ?
07:59Parce qu'une fois que, effectivement,
08:01la carrière d'une pièce est terminée,
08:03si en plus, on peut la voir, justement,
08:06dans une émission comme au théâtre ce soir,
08:08c'est formidable.
08:09Effectivement, il y en a eu quatre, je crois,
08:11avec Michel Roux.
08:12Vous allez me le dire.
08:13Oui, il y a eu « Monsieur Amilcar »,
08:15« Acapulco Madame », « La queue du diable »
08:17et « La zalée ».
08:18Ah, bravo !
08:19Et Michel Roux était aussi un comédien
08:21qui travaillait à l'année, à l'époque.
08:23Ça n'avait rien à voir avec aujourd'hui.
08:25C'était une des grosses vedettes du théâtre,
08:28de toute façon, que j'ai eu le bonheur d'avoir
08:30dans deux de mes pièces, en plus.
08:31Et là, effectivement, il jouait une pièce
08:34de mon père, en l'occurrence,
08:36vous le dites, vous l'avez citée,
08:37c'est-à-dire « La zalée ».
08:41Mais je trouve qu'à l'époque,
08:43on ne jouait pas pour 100 représentations.
08:44On pouvait jouer pour un an, deux ans, trois ans.
08:46Ah, c'était le bonheur, oui.
08:47C'était le bonheur.
08:48Parce que là, c'est terrible,
08:49parce qu'effectivement, je m'aperçois,
08:51même quand un spectacle fonctionne,
08:53il a une vie relativement courte.
08:56Et à cause peut-être aussi des comédiens
08:59qui ont d'autres horizons à...
09:03Ils ont des projets de cinéma, tout simplement.
09:05Surtout le cinéma qui nous...
09:08Je ne peux pas dire qu'il tue le théâtre,
09:10évidemment pas.
09:11Mais c'est vrai qu'il nous embête un peu.
09:13Alors, résultat des courses, Laurent Gilles,
09:16vous voulez être comédienne au départ.
09:18Voilà, ça c'est mon grand malheur.
09:20Contre l'avis de mon père,
09:22qui savait toutes les difficultés de ce métier,
09:26et Dieu sait s'il y en a,
09:27et j'ai quand même voulu, bien sûr,
09:29et j'ai commencé par être comédienne,
09:31mais je n'étais pas une grande comédienne non plus.
09:33En tout cas, l'un de vos premiers rôles,
09:34c'est à la télévision,
09:35avec quelqu'un qui va devenir très connu.
09:38Une chance que j'ai des projets pour deux.
09:40Qu'est-ce que vous croyez ?
09:41Moi aussi j'ai des projets.
09:43Le cyborg ou le voyage vertical,
09:451970, un inconnu qui chante dans cette pièce,
09:49Gérard Depardieu, et vous avec des couettes.
09:51Et moi avec des couettes,
09:53et même avec une...
09:54Non, c'était des couettes,
09:55et puis après une fausse perruque
09:56pour faire beaucoup plus sexy.
09:58Enfin, oui, oui.
09:59Mais oui, j'ai eu le plaisir, en fait,
10:03d'être avec Gérard Depardieu
10:06qui démarrait sa carrière,
10:07et moi aussi, évidemment, la mienne.
10:09Mais c'était tout à fait étonnant.
10:11Et alors, il avait tellement peu de sous à l'époque,
10:14j'ai le droit de dire ça,
10:16c'était l'époque où les canettes de coca ou d'eau,
10:21on pouvait les rapporter,
10:23elles étaient consignées.
10:25Et pendant le tournage,
10:26parce que ça a été une télé aussi,
10:28pendant le tournage,
10:29maman était venue sur le plateau,
10:30et elle rendait les canettes vides
10:33à Gérard Depardieu
10:34pour qu'il aille récupérer les sous correspondants.
10:36On est bien loin du compte, là, maintenant.
10:38Exactement.
10:40C'est à l'époque que vous prenez votre pseudonyme,
10:42Gilles,
10:43qui est, je crois, lié à trois prénoms.
10:45Absolument.
10:46Alors, Jeanne, le prénom de ma mère,
10:47Y, celui de mon père Yves,
10:49et le mien, Laurence.
10:50Parce que c'est vrai qu'on était très, très fusionnels,
10:53on faisait un trio dans cette famille.
10:55Et puis, il y a eu aussi d'autres fans,
10:57et on va en parler à travers une autre date,
10:59le 3 mai 1978.
11:01A tout de suite sur Sud Radio,
11:03avec Laurence Gilles.
11:04Sud Radio, les clés d'une vie.
11:06Jacques Pessis.
11:07Sud Radio, les clés d'une vie.
11:08Mon invité, Laurence Gilles,
11:10comédienne au départ,
11:11aujourd'hui, auteur de théâtre,
11:13et d'autres choses.
11:14Un atelier pour deux est à l'affiche au Théâtre de Passy.
11:16On va en parler tout à l'heure, votre dernière pièce.
11:18Mais on évoque votre parcours,
11:20votre père Yves Jamiac, on en a parlé.
11:22Et puis, vous avez eu un autre fan,
11:24et je remonte à la date du 3 mai 1978.
11:27Écoutez.
11:28C'est peut-être justement parce qu'on me connaît mal, là.
11:30Parce que la fantaisie...
11:32René Fallet, meilleur ami de Brassens,
11:34qui était le premier à parler de vous à la télévision,
11:36Laurence Gilles.
11:37Formidable.
11:38Vous êtes formidable, Jacques Pessis,
11:41de me faire remonter ces choses-là.
11:43En effet, j'étais éblouie d'avoir Fallet,
11:46parce que je sortais un livre,
11:48ce n'était pas mon premier livre,
11:49c'était mon second,
11:50où vous le savez mieux que moi, sans doute.
11:52Non, c'était Le mari de maman.
11:54C'était Le mari de maman ?
11:55Oui, dans l'émission Le livre du mois,
11:58présentée par André Bourin.
11:59C'est incroyable, parce que...
12:01Je pensais que c'était celui qui avait trait au cyclisme,
12:05ce qui aurait été plus normal de Fallet.
12:07Ah bon, oui, alors d'accord.
12:09Et donc, René Fallet, à l'époque, est un écrivain célèbre.
12:12Il a fait La soupe au chaud, que tout le monde connaît.
12:15Et puis, c'est le meilleur ami de Brassens.
12:17Et d'ailleurs, quand les gens n'aimaient pas Brassens à ses débuts,
12:19ils les traitaient d'oreilles de lavabo.
12:22Et comment Fallet s'est retrouvé à parler de votre livre, finalement ?
12:25C'est un miracle.
12:26Vous me posez la question ?
12:28Eh bien, j'ai un problème avec ça.
12:30Je pense qu'on lui avait envoyé ce livre.
12:33Il se trouve que ce livre a eu un très gros succès,
12:35un démarrage magnifique.
12:37Puisque c'est Michel Déon qui, la première fois,
12:41a fait un article sur le journal du dimanche.
12:44Et puis après, Alain Decaux.
12:47On sait que les succès, on ne sait pas vraiment
12:50comment tout d'un coup ça prend de l'importance.
12:52Et du coup, je pense que...
12:54Ou on m'a demandé de l'envoyer à Fallet,
12:56ou il l'a reçu d'une façon ou d'une autre.
12:58Mais je me rappelle maintenant, grâce à vous,
13:00que ça avait été pour moi quelque chose de magnifique.
13:03Parce que l'histoire, c'était un enfant de 10 ans
13:06qui considérait le divorce de ses parents comme une chance.
13:09Oui, dans un premier temps.
13:11Parce que la maman quittait le papa
13:13pour un industriel riche ici.
13:15Mais forcément, le papa étant un peintre
13:18sans beaucoup d'argent, ça lui paraissait magnifique.
13:21Et puis tout d'un coup, elle s'est aperçue, cet enfant,
13:23que papa et maman, c'était quand même plus gay.
13:25Et elle a tout fait pour faire que les parents
13:28se rencontrent, se retrouvent à nouveau.
13:31Et quand elle a réussi à le faire,
13:33elle était ado, et du coup ça l'intéressait beaucoup moins.
13:36Elle avait sa vie à vivre aussi.
13:38C'était un peu ça l'idée.
13:39Vous êtes comédienne au départ,
13:41et vous décidez d'écrire L'Orangile
13:43parce que vous lisez Geneviève Dorman,
13:44qui était à l'époque très connue.
13:45Bravo !
13:46Et effectivement, ça s'appelait Le bateau du courrier,
13:49ce roman que j'avais lu d'elle.
13:51Et ça m'avait...
13:53Enfin, je l'avais adoré.
13:55Mais en même temps, je m'étais dit,
13:57c'est une façon d'écrire simple
13:59que c'est presque à ma portée.
14:01Enfin, c'est pas gentil de dire ça,
14:03mais au contraire, dans mon esprit, ça l'était.
14:05On peut donc écrire d'une façon aussi fluide.
14:09Et du coup, c'est ce qui m'a fait me lancer dans l'écriture.
14:12Il y a quelqu'un qui vous a donné des conseils à l'époque,
14:14c'est un académicien à Goncourt, Armand Ladoux.
14:17Il a fait plus que me donner des conseils.
14:19Il m'a mis vraiment le pied à l'étrier
14:22ou le stylo à l'étrier.
14:25Il a fait que mon livre
14:27a été édité par Julliard.
14:29Et grâce à lui, effectivement,
14:31ça a été formidable.
14:33Mon début de carrière, en fait.
14:35Vous avez réalisé ce qui se passait à l'époque ?
14:37Pas du tout, je trouvais ça tout à fait normal
14:39que ça fonctionne.
14:41Dès le deuxième livre,
14:43j'ai vu que j'avais eu beaucoup de chance au premier,
14:45évidemment,
14:47mais ça me paraissait normal.
14:49Mais c'est vrai que c'était un gros succès
14:51puisqu'il a été traduit en plusieurs langues,
14:53même au Japon.
14:55Rétrospectivement, maintenant que vous m'en parlez,
14:57je suis éblouie.
14:59Je crois que ce livre symbolisait
15:01le bonheur de vivre de l'époque.
15:03Oui, peut-être.
15:05En plus, j'avais une chance,
15:07c'est qu'il y avait très peu de jeunes écrivaines.
15:09J'avais 19 ans.
15:11Du coup, ça faisait de l'effet à tout le monde.
15:13Alors que maintenant,
15:15il y a beaucoup de jeunes écrivaines,
15:17donc c'est plus difficile.
15:19Il y a plus de rivales.
15:21Dans votre premier livre, Laurent Gilles,
15:23vous êtes récompensé par un prix de l'Académie française,
15:25le prix Alice Louis Berthoud.
15:27Merveilleux, j'ai eu ça.
15:29J'ai eu même un prix à Cannes,
15:31au Palm Beach de Cannes.
15:33Je vous dis, je trouvais ça totalement normal.
15:35Mais l'Académie française,
15:37c'était un prix de 2000 francs.
15:39C'est quand même pas mal à l'époque.
15:41Cette femme, Alice Louis Berthoud,
15:43rendait hommage à son mari
15:45qui avait été tué lors de l'assassinat du roi d'Yougoslavie
15:47à Marseille.
15:49Elle avait plus que moi sur le prix Alice Berthoud.
15:51Je suis éblouie.
15:53Jacques Pessis.
15:55Il y a aussi Bernard de Fallois
15:57qui était chez Julliard,
15:59éditeur incroyable.
16:01J'ai adoré Bernard de Fallois.
16:03Forcément déjà, c'était mon premier éditeur.
16:05J'ai publié
16:07trois livres
16:09chez Julliard,
16:11sous son égide.
16:13C'était un homme absolument incroyable.
16:15Un collectionneur de montres,
16:17entre autres,
16:19mais qui avait le sens,
16:21vraiment le sens du texte,
16:23le sens de ce qu'il fallait
16:25à l'époque aussi.
16:27Magnifique. J'ai un énorme souvenir
16:29de Fallois.
16:31Il a même fondé sa maison d'édition
16:33et c'est lui qui a relancé Pagnole
16:35alors que personne ne lisait plus Pagnole.
16:37En plus, je dois aussi
16:39à Bernard de Fallois
16:41d'avoir rencontré Pierre Daninos
16:43et sa femme, son épouse,
16:45qui sont devenus des amis
16:47on ne peut plus intimes,
16:49et à qui je dois encore, à Marie-Pierre,
16:51de parler un vrai français.
16:53Car à chaque fois que je faisais une erreur,
16:55elle me reprenait, ce qui m'agaçait.
16:57Donc, par exemple, je pars à Paris,
16:59non, je pars pour Paris.
17:01Je pars à vélo pour Paris.
17:03Enfin, et tout ce genre de choses.
17:05Et c'est resté en moi et je lui enseigrais
17:07encore.
17:09Pierre Daninos a été un écrivain célèbre
17:11avec les carnets du Major Thompson.
17:13En réalité, dès qu'on l'interviewait, il avait peur.
17:15Il avait une dizaine de papiers devant lui
17:17pour ne pas faire la moindre erreur.
17:19Ça, je ne savais pas, je l'ignorais.
17:21J'aurais peut-être dû faire la même chose
17:23mais vous ne m'avez pas prévenu à ce temps.
17:25On parle naturellement sur Sud Radio
17:27et on parle vrai, c'est le principe.
17:29Alors, il se trouve aussi que
17:31j'en reviens à Bernard de Fallois, il avait une particularité
17:33lorsqu'il dictait à sa secrétaire
17:35un message, il avait un vieux lecteur de cassettes
17:37et il dictait sur des cassettes
17:39les messages pour sa secrétaire.
17:41Je ne me souvenais pas de ça du tout.
17:43Mais ça ne m'étonne pas parce que
17:45à mon avis, tout doit être étonnant
17:47si on se réfère à la vie
17:49de Bernard de Fallois parce que c'était vraiment
17:51quelqu'un d'exceptionnel.
17:53Il se trouve que le succès n'a rien changé à votre vie.
17:55Laurent Gilles, vous avez toujours vécu
17:57chez vos parents ou tout près de chez vos parents ?
17:59Oui, parce que comme je vous l'ai dit, on était
18:01très proches, très fusionnels
18:03au point que
18:05quand j'étais petite, quand j'avais
18:0712-13 ans, les amis de mes parents
18:09m'invitaient aussi.
18:11Et même, je me rappelle,
18:13je ne sais pas si
18:15Jean-François Noël, ça vous dit quelque chose ?
18:17C'était un écrivain
18:19déjà à l'époque,
18:21qui faisait de la radio aussi je crois.
18:23Et il avait
18:25dans son intérieur
18:27des tableaux un peu osés
18:29et il les enlevait tous
18:31quand j'arrivais. Je trouvais que c'était quand...
18:33Je ne les ai pas vus à l'époque donc,
18:35mais je l'ai su, j'ai su l'anecdote
18:37d'une grande gentillesse.
18:39Et de bon goût.
18:41Il se trouve aussi que votre père, Yves Jamien, qu'est-il pensé de cette carrière
18:43d'écrivaine que vous commenciez ?
18:45Alors, mon père était très content
18:47parce qu'il ne m'a pas
18:49du tout encouragée pour
18:51le côté comédien.
18:53Mais moi,
18:55en fait, c'était lui l'auteur
18:57dans la famille. Donc,
18:59je n'osais même pas prendre
19:01mon stylo. Et puis, c'est pour ça que
19:03je n'ai pas commencé par le théâtre mais par
19:05le livre. Parce qu'il n'écrivait
19:07pas de livre ou pratiquement pas.
19:09Et donc, je suis
19:11partie sur l'écriture littéraire.
19:13Et puis après, je suis arrivée
19:15quand même au théâtre.
19:17Discrètement,
19:19pour ne pas faire d'ombre
19:21dans la famille à mon père qui était
19:23l'auteur dramatique de la famille.
19:25Et puis, il se trouve que grâce
19:27à Marc Mercadier, en l'occurrence,
19:29j'ai eu cette première pièce
19:31qui s'appelait Les voisins du dessus.
19:33Il y a eu aussi d'autres livres avant.
19:35Il y a eu des succès et des moins de succès.
19:37Il y a quand même eu deux prix de l'Académie française.
19:39Ensuite, pour Bellissimo et pour
19:41Le nez à la fenêtre.
19:43C'est pour ça que je pensais à Fallet.
19:45Le nez à la fenêtre, c'était justement
19:47en 1983.
19:49Et il s'agissait
19:51justement
19:53de la passion d'un petit garçon
19:55pour un ancien coureur cycliste.
19:57Et donc, Fallet
19:59normalement avait dû
20:01s'intéresser à ça. Mais aussi
20:03les journalistes, dont Robert
20:05Chapatte, à l'époque,
20:07qui avait soutenu ce livre
20:09puisqu'on parlait évidemment du tour de France.
20:11Et je crois que c'est devenu un téléfilm.
20:13Et c'est devenu un téléfilm, absolument.
20:15Un joli téléfilm.
20:17Mais je crois, malheureusement,
20:19ne pas y avoir participé en tant que
20:21scénariste. Je le regrette encore.
20:23Et puis, il y a le mari de maman qui a failli se tourner
20:25et qui ne s'est pas tourné.
20:27Alors, le mari de maman, en effet, parce que
20:29bizarrement, Chabrol
20:31s'y intéressait.
20:33Avec sa
20:35co-scénariste, à l'époque, qui s'appelait
20:37Odile Barsky.
20:39Et ça ne s'est pas fait parce
20:41qu'il a voulu en faire quelque chose
20:43d'un vrai drame.
20:45Et ce n'était pas vraiment le propos, parce que c'était quelque chose
20:47de léger. Et bien sûr
20:49que ça aurait été formidable que Chabrol le tourne.
20:51Mais ce n'était quand même pas
20:53le sujet. Donc, ça ne s'est pas fait.
20:55Mais il y a beaucoup de choses comme ça qu'on adorerait
20:57qui se fassent et qui ne se font pas.
20:59Il y a une autre chose qui s'est faite.
21:01Et on va en parler à travers une autre date.
21:03Le 16 mai 1979.
21:05A toute file sur Sud Radio avec Laurence Gilles.
21:07Sud Radio, les clés d'une vie.
21:09Jacques Pessy.
21:11Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Laurence Gilles.
21:13Fille d'Yves Jamyac,
21:15auteur célèbre. Vous avez commencé
21:17comme comédienne. Vous êtes devenue
21:19romancière à succès.
21:21Et puis, vous avez fait d'autres choses du théâtre.
21:23On va en reparler avec un atelier pour deux
21:25qui s'affiche aujourd'hui au Théâtre de Passy.
21:27Et puis, il y a une date, le 16 mai 1979.
21:29Vous allez au Festival
21:31du Livre de Nice qui fête ses dix ans.
21:33Et vous ne voulez pas y aller au départ
21:35parce qu'il faut prendre l'avion.
21:37Exactement. Oui, oui.
21:39Je ne reviens pas que vous sachiez tout à ce point-là.
21:41Oui, oui, c'est exact.
21:43Vous arrivez là-bas. Vous partez avec Micheline Boudet.
21:45Qui a été une comédienne
21:47du français.
21:49Qui s'est reconvertie, elle, dans les romans.
21:51C'était une superbe comédienne du français.
21:53Qui a joué dans une des pièces de mon père, justement.
21:55Et la pauvre, effectivement,
21:57j'avais tellement peur de prendre l'avion
21:59qu'elle a été obligée, avec moi,
22:01de prendre le train. Mais on est revenus par avion.
22:03Et puis, vous arrivez au Festival du Livre
22:05de Nice et vous achetez un livre
22:07à cet écrivain.
22:09Dans ma petite tronche, à ce moment-là, je me suis dit, ça sera moi.
22:11Et j'ai choisi ce nom comme ça.
22:13Alphonse Goudard.
22:15Le corbillard de Gilles. Je crois que c'était
22:17sur le haut de la pile.
22:19Oui, j'achète, mais surtout
22:21ce qui a séduit, tout à fait,
22:23en ma personne,
22:25Alphonse Goudard, c'est qu'il y avait
22:27une sorte de pince-fesse
22:29à Nice, dans les hauteurs de Simier.
22:31Et il y avait
22:33une sorte de foodtruck, on n'appelait pas ça à l'époque
22:35une foodtruck, qui vendait des barbes à papa.
22:37Et moi, j'ai une passion pour les barbes à papa.
22:39Donc, je suis allée acheter, enfin, prendre
22:41ça ne se vendait pas, ça s'offrait
22:43une barbe à papa.
22:45Et ça, ça a fait un effet à Alphonse Goudard.
22:47Je n'ai pas compris encore pourquoi.
22:49Mais c'était quand même le début
22:51de notre aventure.
22:53Le livre s'appelait Le corbillard de Jules, c'était l'histoire d'un homme mort
22:55au champ d'honneur pendant
22:57la guerre, et son père ramène le corps
22:59chez lui, dans une petite camionnette.
23:01Et c'était la suite d'un livre
23:03qui s'appelait Les combattants du petit bonheur,
23:05qui avait obtenu le prix Renaudot.
23:07Et d'ailleurs, ils considéraient cela comme le quatrième top
23:09d'une saga, les chroniques de Mauvaise Compagnie,
23:11qui ont été préfacées par Frédéric Dard, je crois.
23:13Exactement.
23:15Frédéric Dard était un fan d'Alphonse Goudard.
23:17Absolument, d'ailleurs.
23:19Et Alphonse Goudard, pour celles et ceux qui l'ont oublié,
23:21il a tout connu, je crois, les hôpitaux, la prison, tout.
23:23Oui, il a écrit
23:25La cerise,
23:27il a écrit sur la prison,
23:29sur l'hôpital, notamment.
23:31Et moi, je suis tombée en admiration
23:33devant son écriture,
23:35qui est magnifique,
23:37et qui est toujours, parce qu'on peut toujours acheter
23:39un livre de Goudard, et c'est vraiment
23:41d'une humanité extrême.
23:43Et quand il part de la prison,
23:45les gens
23:47relativement
23:49petits qu'il a fréquentés,
23:51il en parle avec une générosité
23:53extrême, donc c'est magnifique.
23:55C'est un grand écrivain,
23:57vraiment. Alors, au départ, vous le rencontrez
23:59ce jour-là, mais vous l'aviez déjà rencontré quelques années
24:01plus tôt, à un dîner,
24:03je crois, et vous aviez 13 ans.
24:05Chez Jean Delannoye, effectivement,
24:07mes parents étaient amis avec
24:09Jean Delannoye et son épouse,
24:11et il y a eu un dîner, et comme je vous le disais,
24:13on m'invitait toujours en même temps
24:15que mes parents, et donc j'étais invitée
24:17à ce dîner avec, et il y avait
24:19Alphonse Boudard qui préparait
24:21à ce moment-là, Flick Story.
24:23Oui, car Flick Story a été adapté
24:25au cinéma avec Alain Delon,
24:27et Alain Delon était à l'origine, d'ailleurs, du roman,
24:29puisque Roger Borniche était un inspecteur
24:31et qui a dit, et Delon lui a dit,
24:33écris ton livre. Et il a écrit une trentaine
24:35de livres ensuite, Borniche, et il nous a
24:37quittés, je crois, à 101 ans, il y a deux ans.
24:39Et Borniche était venu à la maison, chez mes parents,
24:41et c'était incroyable parce que
24:43donc il y avait un dîner prévu chez mes parents,
24:45et avant que
24:47Borniche n'arrive, il y avait
24:49le garde du corps
24:51qui est venu sonner à la porte de notre
24:53appartement, et pour vérifier
24:55si tout était normal dans l'appartement
24:57pour que Borniche puisse arriver tranquille.
24:59C'est dingue. Borniche qui était
25:01un écrivain d'une bavarde, vous commencez
25:03à parler avec lui, il y en avait pour trois heures.
25:05Ça c'est sûr. Et il se trouve, Jean Delannoye,
25:07on l'a un peu oublié aujourd'hui, c'était le premier
25:09lauréat du Festival de Calme de la
25:11Palme d'Or avec la Symphonie pastorale.
25:13Eh bien, je l'ignorais,
25:15merci Jacques Pessine, et c'était un
25:17homme absolument charmant, et sa femme aussi.
25:19Ce sont des gens que j'ai eu la chance de fréquenter
25:21grâce à ma famille, justement,
25:23et mes parents, et maintenant que
25:25vous en reparlez, ça me fait
25:27revenir des tas de souvenirs magnifiques,
25:29effectivement. Il a vécu jusqu'à 102 ans, je crois,
25:31Jean Delannoye, oui. Aussi, et Borniche
25:33et Delannoye, on y est peut-être pour quelque chose.
25:35Je pense. Alors il se trouve
25:37que dans ce livret, vous y allez,
25:39Alphonse Boudin est là, et vous
25:41le reparlez quelques années plus tard.
25:43Oui, j'en reparlais parce que j'étais trop jeune,
25:45mais ils préparaient donc Flick Story, puisqu'ils
25:47en parlaient à table, et je me disais
25:49il y avait peut-être un rôle pour moi dans le
25:51film. Et bon, bien sûr,
25:53j'étais trop jeune pour qu'il y en ait un,
25:55mais ça m'avait marqué, parce que je suis
25:57tout près de l'auteur, du scénariste,
25:59parce que j'avais déjà envie d'être
26:01comédienne à l'époque, évidemment. Bon, mais ça
26:03ne s'est pas fait comme vous pouvez imaginer,
26:05et donc après, je ne l'ai plus
26:07revu, je l'ai revu
26:0910 ans après, enfin 8-10 ans après,
26:11je pense. Oui, et là, vous lui avez parlé de ce dîner ?
26:13Et je lui ai parlé de ce dîner, absolument,
26:15et j'en ai même parlé
26:17dans un livre que je lui ai
26:19consacré, qui était
26:21paru...
26:23À la table ronde. À la table ronde, et qui s'appelait
26:25Ce que je sais d'Alphonse. Oui, car
26:27effectivement, vous racontez l'homme qui avait
26:29pas que des relations mondaines.
26:31En effet, ça c'est sûr, c'était
26:33pour moi quelque chose de très nouveau,
26:35bien sûr, puisque moi, je
26:37connaissais vraiment le côté plutôt
26:39artistique et bon chics
26:41bon genre
26:43des rencontres, et tout d'un coup,
26:45oui, je découvrais d'autres horizons.
26:47Oui, parce qu'il avait plein de copains truands.
26:49Oui, bien évidemment. Et moi, je me souviens
26:51un jour, on en avait parlé, il connaissait très bien
26:53à Pigalle, c'est quand vous aviez un problème,
26:55il fallait aller voir Pierrot le boxeur
26:57au Cancan, qui arrangeait tout.
26:59Et Alphonse Boudard le connaissait très bien.
27:01Bien sûr, forcément, il connaissait
27:03beaucoup de bandits,
27:05comme on disait, mais il y avait
27:07entre ces bandits et lui,
27:09un avocat merveilleux qui s'appelait
27:11Jean-Louis Pelletier, qui est devenu le parrain
27:13de notre fils d'ailleurs, et qui
27:15était un sublime avocat d'Assise
27:17d'ailleurs, et qui faisait un peu
27:19le tampon entre Boudard et ses
27:21connaissances, on va dire.
27:23Et pour une jeune fille comme vous, Laurence,
27:25ça vous faisait pas peur ?
27:27Ça m'excitait plutôt, mais effectivement
27:29j'avais des petits frissons
27:31au début, après je m'y suis
27:33faite largement.
27:35Ces bandits étaient des bandits d'honneur, c'est une autre époque ?
27:37Bien sûr, et puis ils étaient charmants
27:39avec moi, et d'un dont je me souviens pas
27:41du nom, mais qui
27:43a eu justement
27:45avec Alain Delon, il y avait
27:47un problème, et vous allez sûrement
27:49me rappeler le nom, enfin bon, de toute façon c'est pas
27:51grave, mais c'était des bandits
27:53de gentils bandits
27:55en tout cas, quand je les ai connus.
27:57Et vous découvrez des restaurants
27:59qui sont mythiques à Paris, comme la tour
28:01de Montlhéry chez Denise ?
28:03C'est une merveille, mais c'est
28:05le premier restaurant où Alphonse Boudard
28:07m'a invitée, et
28:09j'y m'étais faite toute belle, sexy
28:11au maximum, et quand je suis arrivée
28:13il faut dire que devant ce restaurant
28:15qui est dans le quartier des Halles,
28:17c'est un peu affreux
28:19l'entrée, et je me suis dit mince, mais c'est là
28:21où ils m'invitent, ils pouvaient pas m'inviter dans un grand restaurant
28:23et je crois même avoir enlevé mes talons
28:25trop, en me disant c'est pas la peine
28:27pour aller dans un bouche pareil
28:29et en fait c'est un restaurant magnifique
28:31où sont venus des tas de gens
28:33importants d'ailleurs, et où il a
28:35fêté son prix Renaudot.
28:37Et Raymond Moretti,
28:39qui était un ami, venait le 28
28:41août pour fêter Noël avec des copains.
28:43Et les clients étaient très surpris.
28:45C'était une ambiance merveilleuse.
28:47Vous découvrez des amis communs
28:49dont André Pouce, je crois.
28:51André Pouce, oui, parce qu'André Pouce a eu
28:53la gentillesse de tourner
28:55un de mes films,
28:57justement, enfin téléfilm,
28:59et il se trouve que c'était un grand
29:01ami d'Alphonse Boudard, donc ça nous
29:03a rapprochés aussi.
29:05André Pouce qu'on a vu dans des seconds rôles au cinéma.
29:07Et qui était un excellent acteur
29:09et justement
29:11le livre dont vous parlez, Le nez à la fenêtre,
29:13c'est lui qui jouait
29:15l'ancien coureur cycliste
29:17avec je crois Marc Villalonga
29:19à l'époque qui jouait sa femme. Oui car il a été
29:21coureur cycliste, il a été agent artistique,
29:23il a été l'amant de Piaf aussi.
29:25Mais curieusement, il devait
29:27au départ prendre l'avion
29:29où Marcel Cerdan
29:31a fini ses jours. Ah ça j'ignorais.
29:33Et finalement, il y avait un problème de place,
29:35de papier, il n'est pas monté à bord
29:37de l'avion. C'est fou ça. C'est fou.
29:39Il a échappé à la mort
29:41le 27 octobre 1945. C'est extraordinaire.
29:43Et puis il y avait aussi, Le corbillard de Jules
29:45est dédié d'ailleurs à Louis Nussera,
29:47qui était un écrivain très particulier
29:49de l'Issoie. Il y avait une passion
29:51des chats. Alors ça,
29:53j'ai la même d'ailleurs, mais
29:55Nussera aussi a été un amour,
29:57il est devenu un ami
29:59pour moi aussi, parce que
30:01il a vraiment soutenu
30:03notre
30:05liaison, mais ça ne fait pas
30:07bien. Il était très
30:09proche d'Alphonse et de moi
30:11et c'était
30:13un super ami qui est mort
30:15dans des conditions lamentables, c'est-à-dire à vélo,
30:17renversé par une voiture à Nice,
30:19enfin tout près de Nice, à Mont-Sartout je crois.
30:21C'était désolant et
30:23c'est drôle parce que, enfin c'est pas drôle,
30:25il est mort très peu de temps
30:27après Alphonse et
30:29ma première réaction que j'avais
30:31écrite d'ailleurs à sa femme, c'était
30:33presque bien qu'Alphonse
30:35ne l'ait pas vu ça, parce que
30:37ça aurait été pour lui quelque chose de terrible.
30:39Je crois qu'une bibliothèque à Nice porte son nom
30:41et un pont,
30:43le lesteron entre Gillette et Broc
30:45porte aussi son nom.
30:47Vous auriez pu épouser un milliardaire,
30:49et vous avez préféré
30:51Laurence Gilles.
30:53Je vais vous dire, j'ai failli le faire
30:55et comme je suis blonde et bête,
30:57je ne l'ai pas fait.
30:59C'est vrai parce que
31:01j'étais très proche
31:03à un moment d'Yves Piaget
31:05et
31:07puis bon,
31:09ça ne s'est pas fait parce que
31:11je ne trouvais pas assez
31:13à mon goût sans doute. À l'époque, je ne me rappelle
31:15pas vraiment, mais ça devait être ça.
31:17C'était proche de ça.
31:19Et heureusement, puisque
31:21j'ai rencontré Alphonse Boudard.
31:23Vous avez 18 ans, une histoire
31:25où il y a une double liaison et un enfant,
31:27c'est assez rare ce genre de choses.
31:29C'est-à-dire le problème, enfin l'enfance
31:31c'était à 22, mais
31:33je crois que ça c'était
31:35un problème pour mon père
31:37surtout, parce qu'ils avaient à peu près
31:39le même âge.
31:41Si j'ai fait
31:43un enfant, un fils avec le
31:45gentil concours d'Alphonse Boudard,
31:47c'est un peu grâce à mon père qui
31:49à chaque fois qu'il voyait un bébé, disait
31:51je veux un petit fils, j'en veux un, j'en veux un
31:53parce qu'il avait peur justement
31:55de cette différence d'âge et qu'Alphonse avait déjà
31:57deux enfants de mon âge à peu près, deux garçons
31:59de mon âge, et mon père pensait que
32:01il n'accepterait pas
32:03de faire un troisième enfant. Eh bien oui,
32:05il a accepté.
32:07D'autres histoires, vous les avez
32:09racontées à la télévision, parce que vous avez aussi
32:11ce métier, vous avez été la première à faire
32:13des réalités scénarisées à la télévision,
32:15Laurent Gilles. Je ne sais pas si j'étais la première.
32:17Ah oui, vraiment ? Oui, ça s'appelait
32:19Le jour où tout a basculé.
32:21Oui, mais je...
32:23C'est un concept allemand qui est arrivé en France.
32:25Jacques Pessis, je n'étais
32:27pas la première, nous étions plusieurs auteurs à le faire.
32:29Oui, mais vous avez été dans
32:31les premières, ça c'est très
32:33possible. Et j'en suis ravie parce que
32:35c'est un concept
32:37relativement simple pour un auteur
32:39parce que ce sont
32:41des vingt minutes déjà. Donc
32:43on cherche un sujet, et puis on l'écrit
32:45en vingt minutes. Mais ce qu'il y a de drôle,
32:47c'est qu'il y a, quand on rend
32:49le texte, qui est validé
32:51par la chaîne, il y a après
32:53des lisseurs. Qu'est-ce que sont les lisseurs ?
32:55Eh bien les lisseurs, ce sont
32:57des...
32:59des auteurs, certainement un peu, mais
33:01qui font en sorte que
33:03tous les dialogues de tous les
33:05épisodes de chaque auteur se
33:07ressemblent, qu'il n'y ait pas un style
33:09séparé. Donc il faut
33:11que tous les...
33:13Ils lissent les dialogues. Donc
33:15il m'est arrivé de regarder
33:17un épisode que j'avais écrit
33:19en me disant, tiens, c'est quoi
33:21ce truc ? Et puis au générique
33:23j'ai vu que c'était de moi. Mais voilà,
33:25je trouve que les lisseurs, c'est
33:27quelque chose d'assez étonnant.
33:29J'ai appris quelque chose, vous ne connaissez pas cette profession.
33:31Et puis on va apprendre aussi d'autres choses
33:33sur votre vie à travers la date du 28 septembre
33:352024. A tout de suite sur
33:37Sud Radio avec Laurence Gilles.
33:39Sud Radio, les clés d'une vie.
33:41Jacques Pessis. Sud Radio, les clés
33:43d'une vie. Mon invité Laurence Gilles, on découvre
33:45votre parcours depuis vos jeunes années
33:47comédienne, romancière à succès
33:49et puis auteur de télévision
33:51et auteur de théâtre. Et donc
33:53depuis le 28 septembre 2024,
33:55il y a au Théâtre de Passy
33:57tous les soirs à 21 heures
33:59un atelier pour deux qui est une
34:01comédie, une comédie que vous avez
34:03signée avec un couple
34:05qui n'est pas un vrai couple.
34:07Voilà, je ne l'ai pas signée avec ce couple, attention.
34:09Non, non, vous l'avez signée et c'est joué.
34:11Oui, c'est joué
34:13par deux merveilleuses, enfin, ils sont trois
34:15magnifiques, j'ai la chance d'avoir
34:17un casting formidable, dont Véronique
34:19Jeanneau qui est merveilleuse,
34:21Jean-Luc Moreau qui est une merveille aussi
34:23et puis un que l'on connaît moins
34:25mais qu'on va connaître de plus en plus
34:27qui s'appelle Emmanuel Guttierez.
34:29Alors il se trouve qu'au départ, c'est une comédie
34:31avec un couple
34:33dont Jean-Luc Moreau, Véronique Jeanneau
34:35qui a un atelier sculpture mais qui n'est pas un vrai couple.
34:37Alors voilà, ça c'est le problème
34:39que j'avais envie de parler
34:41d'amour sur toutes ses formes. Et l'amour
34:43bien sûr, quand on parle d'amour
34:45on parle de sexe, mais
34:47l'amour ce n'est pas que ça. Et l'amour
34:49il y a un grand rival
34:51au sexe, c'est
34:53la complicité. Et tout d'un coup
34:55il peut y avoir quelque chose
34:57aussi fort que l'amour intime
34:59dans un lit, c'est l'amour
35:01dans un atelier notamment
35:03de création.
35:05Complicité dans la création et c'est
35:07énorme. Et je voulais montrer aussi ça
35:09et donc bien sûr, il y a
35:11une rivalité qui s'annonce
35:13pour détruire cette
35:15complicité.
35:17Voilà, il se trouve que Véronique Jeanneau tombe amoureuse d'un homme.
35:19Voilà, elle tombe amoureuse d'un homme
35:21assez fort. C'est-à-dire que ce sont
35:23donc deux sculpteurs,
35:25un sculpteur
35:27j'ai horreur de ce mot sculptrice
35:29enfin, un sculpteur moderne
35:31et Jean-Luc Moreau
35:33est un sculpteur en taille directe
35:35très classique. Mais ils partagent
35:37le même atelier depuis 22 ans
35:39chacun vivant
35:41sa vie sentimentale
35:43séparément, mais
35:45chacun se retrouvant pour
35:47soutenir l'autre dans la création. Et puis
35:49tout d'un coup cette
35:51Véronique Jeanneau alias
35:53Sabine vient
35:55dire à Bertrand
35:57que elle part pour l'Australie
35:59avec un amour
36:01qu'elle découvre au bout de 22 ans
36:03tout d'un coup, c'est la
36:05c'est la panique
36:07dans l'atelier
36:09c'est surtout la panique pour Bertrand, le sculpteur
36:11qui bien que
36:13n'aimant que les garçons
36:15tout d'un coup tient à cette femme
36:17plus qu'à tout. C'est une idée qui n'a pas
36:19été exploitée dans la comédie ou dans le boulevard
36:21J'espère, je crois pas
36:23à moins qu'on me démontre
36:25le contraire, mais c'était vraiment
36:27une envie de montrer
36:29cette complicité
36:31autre que l'amour
36:33sexuel. Parce que ça peut aussi
36:35être autre chose. Alors je parle
36:37pas entre
36:39adultes, je parle pas bien sûr
36:41de l'amour d'un parent pour son enfant
36:43ça n'a rien à voir avec ça, mais
36:45c'est tout d'un coup
36:47on arrache une partie de
36:49soi quand l'un des deux s'en va
36:51et qu'est-ce qui se passe ?
36:53Qui va gagner ? Est-ce que c'est
36:55le futur qui s'annonce ?
36:57Ou est-ce que c'est le passé qui va rester ?
36:59Oui, mais c'est pas facile d'en faire une comédie
37:01Alors voilà, c'est pour ça que ça
37:03n'est pas une grosse comédie comme on
37:05pourrait s'attendre, c'est pas une grosse
37:07comédie de boulevard. Et d'ailleurs, ce qui me fait plaisir
37:09c'est que les gens qui viennent en pensant
37:11que ça n'est que ça, et qui viennent quand même
37:13avec plaisir, découvrent
37:15quelque chose de plus profond et ça les
37:17étonne et je crois
37:19que ça leur plaît beaucoup.
37:21Vous êtes venue comme ça ?
37:23Oui, ça m'est venu comme ça, mais pas tout de suite.
37:25Je pense que ça a mûri
37:27depuis plusieurs années et tout d'un coup
37:29ça m'est apparu comme indispensable
37:31à écrire, comme souvent
37:33les choses mûrissent et puis se déclarent
37:35et là ça s'est déclaré
37:37et voilà. Alors j'avoue
37:39que je suis très très contente
37:41et très très contente du montage surtout
37:43de la compréhension qu'ont mes comédiens
37:45de leurs personnages
37:47et puis du résultat que ça donne
37:49et franchement
37:51ils sont magnifiques
37:53et Jean-Luc Moreau m'a dit quelque chose
37:55qui m'a fait plaisir, il m'a dit
37:57il y a
37:59des comédiens
38:01il y a des rencontres de rôles
38:03et de comédiens et là
38:05j'ai une rencontre avec ce rôle
38:07et ça se voit parce qu'il est merveilleux
38:09et Véronique aussi bien sûr
38:11et même Emmanuel Gutiérrez
38:13Il se trouve que Jean-Luc Moreau
38:15fait la mise en scène et joue le rôle
38:17un des rôles principaux, ce qui n'est pas si fréquent
38:19chez lui parce qu'il a été comédien et il se consacre à la
38:21mise en scène. Oui c'est pour ça que j'étais d'autant plus contente
38:23qu'il joue le rôle
38:25qu'il accepte
38:27de le jouer mais moi je suis
38:29une grande fan de Jean-Luc et nous nous
38:31fréquentons depuis très très longtemps puisque
38:33il a été mon comédien
38:35très souvent mon metteur
38:37en scène et là il est
38:39les deux donc je suis absolument
38:41enchantée et surtout enchantée
38:43de ce qu'il fait
38:45de l'importance qu'il
38:47donne à ce spectacle.
38:49Et Véronique Jeannot a fait du théâtre
38:51on la connait à la télévision avec Pause Café
38:53et tant d'autres séries mais là ça fait quelques
38:55années qu'elle n'était pas revenue et vous l'avez
38:57convaincue de remonter sur scène ?
38:59Je l'ai convaincue en lui faisant lire la pièce
39:01elle a lu la pièce et elle m'a fait
39:03le grand bonheur de l'aimer
39:05et de vouloir la jouer
39:07et elle est magnifique
39:09effectivement dans un registre
39:11qu'on n'a pas forcément l'habitude de lui
39:13voir et les gens là aussi sont un peu surpris
39:15ils viennent pour elle bien sûr aussi
39:17puisqu'ils l'adorent mais tout d'un coup ils la voient
39:19dans un registre différent et c'est un plus.
39:21Alors il se trouve que la comédie
39:23et le boulevard vous connaissez depuis
39:25vos jeunes années forcément
39:27Laurence Gilles mais là vous avez modernisé
39:29le genre en apportant
39:31une sorte de tendresse
39:33qui n'est pas forcément palpable dans les
39:35comédies de boulevard. Alors c'est gentil
39:37de me dire ça mais alors ça je
39:39pense que je le tiens en tout cas
39:41un peu de mon père parce que
39:43ces comédies de boulevard
39:45étaient toujours avec un fond de tendresse
39:47ou d'amour ou de subtilité
39:49donc c'était pas le grand boulevard
39:51c'était
39:53un peu la comédie
39:55à l'anglaise quoi
39:57et c'est un peu ça mon atelier pour deux
39:59on pourrait
40:01dire que c'est une comédie à l'anglaise.
40:03Oui mais en même temps c'est un travail très particulier
40:05parce qu'il n'y a pas beaucoup de comédies
40:07de ce genre, c'est une technique que vous avez acquise
40:09au fil des années Laurence Gilles. Oui oui bien sûr
40:11et je crois que
40:13je pense que c'est
40:15l'une des pièces dont je suis
40:17la plus fière
40:19c'est à dire que j'ai
40:21atteint ce que j'avais envie d'atteindre en fait
40:23et à chaque fois que j'y vais
40:25je me dis
40:27oui c'est bien, c'est ce que je voulais faire
40:29c'est ce qui passe et c'est ce que je voulais
40:31donc j'ai atteint un peu mon but
40:33avec cette pièce en effet.
40:35Et dans la salle il y a toutes les générations
40:37parce qu'il y a les anciens qui connaissent le boulevard
40:39et les jeunes. Absolument et c'est ça qui me fait
40:41très plaisir aussi, c'est que les jeunes
40:43sont très contents
40:45et sont contents du texte parce que
40:47souvent on parle de la pièce, des comédiens
40:49et là pour mon égo
40:51c'est tout à fait agréable
40:53parce qu'on parle beaucoup du texte
40:55ce qui vient sans doute
40:57de justement ce qu'on n'est
40:59pas sûr de trouver dans une comédie de boulevard
41:01toujours en tout cas, pas toujours
41:03et là les gens trouvent à réfléchir
41:05et j'en suis
41:07très très heureuse.
41:09Et puis en même temps il y a presque une nostalgie
41:11d'une époque où il y avait des Jacqueline Maillan
41:13des Jean-Pierre Darras, des Michel Roux, des Jean-Jacques
41:15qui remplissaient les salles pendant des années.
41:17Absolument, absolument et là
41:19alors moi j'adorerais que
41:21mon équipe remplisse la salle
41:23pendant des années, là bon c'est une reprise
41:25je suis déjà très contente parce que ça avait très très
41:27bien marché avant l'été
41:29et là les directeurs
41:31dont Jean-Georges Tarot
41:33ont eu envie de reprendre
41:35la pièce et ça me fait un grand plaisir
41:37parce qu'en plus c'est un très joli théâtre
41:39très joli petit théâtre
41:41à Rue de Passy
41:43qui est assez récent
41:45il a trois ans je pense
41:47c'était un vieux cinéma
41:49une vieille salle
41:51et Jean-Georges Tarot a fait tout
41:53reprendre, remettre
41:55en modernité
41:57et c'est très agréable d'y être
41:59parce qu'en plus on voit de partout
42:01c'est en descente
42:03donc même si on est au dernier rang
42:05on voit parfaitement
42:07c'est top, je suis absolument ravie d'être là
42:09alors le rythme de l'écriture aussi
42:11ça a changé, on n'écrit plus
42:13pour le théâtre comme on écrivait il y a 10, 20
42:15ou 30 ans, le rythme est très différent
42:17dans les phrases, dans l'ambiance
42:19dans l'écriture
42:21oui effectivement
42:23alors ce que j'essaye en revanche d'éviter
42:25c'est le français
42:27maintenant
42:29le pas que
42:31et ça fait débat
42:33ça c'est hors de question pour moi
42:35parce que je suis pour le vrai français
42:37et donc là je milite
42:39contre ces affreuses
42:41phrases, donc ça en revanche
42:43sur ce plan là on me trouvera
42:45pas forcément moderne
42:47parce qu'il n'y a pas ce genre là
42:49de parler français
42:51à la mode
42:53en revanche oui oui je pense que
42:55c'est plus rapide, c'est un rythme plus rapide
42:57les phrases plus courtes peut-être
42:59mais encore que
43:01mes comédiens m'ont dit à la première
43:03lecture, c'est très écrit
43:05oui oui c'est très écrit
43:07c'est un vrai texte
43:09et à une époque il y avait un entract, on avait deux parties
43:11il fallait aller au bar
43:13alors là malheureusement pour le bar il n'y a pas d'entract
43:15mais c'est fini aussi les gens
43:17j'ai l'impression que c'est fini, je ne sais pas
43:19peut-être dans certains théâtres c'est encore le cas
43:21de moins en moins
43:23et le théâtre justement au départ
43:25vous ne vouliez pas écrire pour le théâtre
43:27oui à cause de papa
43:29et c'est venu avec les voisins du dessus
43:31c'est venu alors oui
43:33en fait c'est grâce à ma
43:35première productrice qui s'appelait
43:37Dominique Villard
43:39qui avait les tournées barrées
43:41et puis
43:43grâce à Philippe
43:45Nico qui avait
43:47lu cette pièce et qui l'a fait lire
43:49alors c'était une succession
43:51quand on dit les étoiles sont alignées
43:53c'est une succession de choses
43:55positives c'est à dire que
43:57Nico l'a fait lire à cette productrice
43:59qui l'a fait lire à Marc Mercadier
44:01Marc Mercadier a dit je veux le jouer
44:03et à partir de là c'était
44:05ma carrière d'auteur
44:07dramatique a démarré
44:09grâce à Mercadier qui a été absolument
44:11sublime et avec des exigences
44:13qui me servent encore parce que
44:15quand ça n'allait pas sur le texte
44:17elle exigeait à juste titre
44:19et ça a été vraiment
44:21j'ai eu la chance
44:23d'avoir Mercadier et
44:25Michel Roux
44:27et il y a eu Pierre Doris aussi
44:29c'était avec Pierre Doris qui était formidable aussi
44:31en fait j'ai eu
44:33une grande chance pour cette pièce
44:35une grande chance pour mon premier livre
44:37et les deux ont fait démarrer mes deux carrières parallèles
44:39et Pierre Doris on le connait
44:41pour ses histoires affreuses
44:43qu'on ne pourrait pas raconter aujourd'hui
44:45j'ai déchaîné les réseaux sociaux
44:47il m'est arrivé une aventure étonnante
44:49il devait avoir 90 ans, je note bien
44:51la date pour l'appeler pour faire un article
44:53j'appelle, je lui ai parlé à Pierre Doris
44:55c'est impossible il est mort ce matin
44:57j'ai cru vivre une histoire de Pierre Doris
44:59c'est vrai en plus, c'était vrai
45:01le jour de son anniversaire de ses 90 ans
45:03c'est incroyable
45:05mais c'était un amour d'homme
45:07on n'aurait pas pensé qu'il faisait ces histoires abominables
45:09parce qu'il était délicieux dans la vie
45:11et vous avez fait tourner des comédiennes
45:13qui avaient d'autres objectifs au départ
45:15comme Annie Cordy
45:17comme Jacquie Sardou
45:19c'était pas évident, il faut avoir l'idée
45:21oui oui c'est formidable
45:23mais ce qui est formidable c'est qu'elles ont accepté de jouer mon texte
45:25ça c'est sûr
45:27et puis j'ai aussi une grande amie
45:29j'ai eu Nicole Calfant
45:31et puis j'ai eu une grande amie, c'est Agathe Nathanson
45:33qu'on a reçue à ce micro
45:35voici quelques mois
45:37et qui était absolument ravie de votre accueil
45:39et qui a joué avec Pierre Doris
45:41Pierre Doris, l'une de mes pièces
45:43Pierre Doris, pardon, non, Michel Roux
45:45ça s'appelait
45:47Un Suédois ou Rien et c'était au Théâtre Fontaine
45:49et c'était magnifique
45:51et cette Agathe Nathanson
45:53qui vient de sortir un livre magnifique
45:55elle a dû vous en parler
45:57est restée une amie
45:59mais on ne peut plus proche
46:01et puis vous avez fait travailler aussi
46:03Patrice Laffont entre deux émissions de télévision
46:05alors là absolument
46:07et ça m'a fait de la peine sa disparition
46:09effectivement parce que lui aussi
46:11c'était un homme adorable
46:13j'ai une petite
46:15anecdote mais c'est pas
46:17contre lui mais c'était trop marrant parce que
46:19souvent il changeait mon texte
46:21et je lui disais Patrice
46:23c'est pas ce mot là
46:25et il me disait
46:27bon mais c'est pareil
46:29ça veut dire la même chose alors je lui dis oui mais c'est pas
46:31totalement la même chose et puis
46:33je lui ai dit ce qu'il fallait pas dire
46:35si tu jouais du Molière tu ferais pas ça
46:37et il dit mais t'es pas Molière
46:39et ça m'amuse parce que
46:41je lui ai tendu une perche
46:43mais tellement énorme que je m'en suis
46:45voulu moi même après il m'a dit ma pauvre fille
46:47il avait beaucoup de mots
46:49il était adorable Patrice
46:51les mots il les connaissait pour avoir fait
46:53des chiffres et des lettres pendant 17 ans
46:55pour l'instant un atelier pour deux
46:57mais l'avenir Laurence Gilles
46:59alors l'avenir figurez-vous
47:01Jacques Pessis que j'ai encore 3 pièces
47:03à monter
47:05et dont une
47:07et puis je voudrais aussi
47:09reprendre justement
47:11le Don Quichotte qu'avait créé
47:13Philippe Clay
47:15qui est tellement magnifique et comme je vois qu'on
47:17remonte beaucoup Cyrano en ce moment
47:19et je trouve que ce Don Quichotte
47:21mérite d'être repris
47:23et donc j'ai une idée mais dont je vous
47:25parlerai pas maintenant parce que c'est
47:27encore secret mais franchement ça mériterait
47:29d'être remonté
47:31et c'est une
47:33pièce tellement belle
47:35un texte tellement beau, une adaptation tellement belle
47:37qu'elle avait été jouée à Madrid
47:39dans l'adaptation française
47:41c'est-à-dire qu'ils avaient pris l'adaptation française
47:43pour la traduire en espagnol pour la rejouer
47:45chez eux quoi en fait
47:47donc ça c'est un de mes projets
47:49et puis deux pièces
47:51qui j'espère vont se monter bientôt
47:53c'est tout le mal que je vous souhaite
47:55en tout cas en attendant on va aller voir un atelier
47:57pour deux au Théâtre de Passy
47:59avec Véronique Jeannot
48:01Jean-Luc Moreau
48:03et ce troisième comédien qu'on va découvrir
48:05et puis continuez à vivre ainsi
48:07votre passion et à nous la faire partager
48:09Merci beaucoup, merci beaucoup
48:11Merci Laurence Gilles, l'écrit d'une vie c'est terminé
48:13pour aujourd'hui, on se retrouve bientôt, restez fidèles
48:15à l'écoute de Sud Radio

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