• il y a 9 mois
Jacques Pessis reçoit Olivier Soliveres : ses spectacles pour adolescents ou familiaux triomphent depuis parfois 20 ans. Il vient de concrétiser son rêve : mettre en scène au théâtre, « Le cercle des poètes disparus » (Théâtre Antoine).

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-02-08##

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News
Transcription
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 Vous avez inventé une nouvelle forme de spectacle familial
00:09 qui vous permet d'être parfois joué dans sept salles en même temps.
00:12 Un record auquel vous ajoutez aujourd'hui la concrétisation d'un rêve d'adolescence.
00:17 Bonjour Olivier Solivérès.
00:19 Bonjour Jacques.
00:20 Alors vous êtes à l'affiche à Paris dans plusieurs salles.
00:22 Les principales en ce moment c'est les maturins avec les voyages de Pinocchio,
00:26 un spectacle familial qu'on va évoquer.
00:27 Et puis surtout, le cercle des poètes disparus au Théâtre Antoine
00:31 qui est un rêve aussi d'enfance.
00:34 Alors vous êtes un metteur en scène discret,
00:37 vous faites beaucoup de choses, on connaît mal votre parcours.
00:39 Donc si vous êtes d'accord, aujourd'hui on va l'évoquer dans les clés d'une vie
00:42 à travers des dates clés.
00:43 Allons-y.
00:44 Alors la première que j'ai trouvée c'est le 18 juillet 2011, votre première télé.
00:49 C'est le journal de France 3 avec un reportage.
00:51 On vous découvre en train de mener à l'entracte une enquête aux maturins,
00:56 au bar, et vous interrogez le public à propos d'un crime.
00:59 Et vous avez un brassard de police.
01:01 Dernier coup de ciseau.
01:02 - Dernier coup de ciseau, oui.
01:03 - Ça vous parle cette séquence ?
01:04 - Ah bah, plus très bien.
01:06 Mais en tout cas la pièce me parle puisque je l'ai jouée 8 ans
01:09 au Théâtre des Maturins, où j'ai créé le rôle du policier qui gère
01:14 et qui mène cette enquête.
01:15 Ça c'était mon parcours de comédien.
01:18 - Voilà, il se trouve en fait que cette pièce était interactive,
01:21 et toujours interactive puisqu'elle est toujours à l'affiche des maturins.
01:23 - Toujours, toujours.
01:24 - Et que vous aviez répété une pièce que vous ne jouez jamais le soir même.
01:29 - Jamais.
01:30 - C'est extraordinaire.
01:30 - Extraordinaire.
01:31 - Comment ça s'est passé ?
01:32 - C'est une pièce qui joue depuis plus de 35 ans aux Etats-Unis,
01:35 que Sébastien Zopardi, le metteur en scène, a adapté, a ramené en France.
01:40 Quand il m'a proposé le rôle, on s'est dit tous "mais il est fou, ça marchera jamais".
01:46 Et il m'a donné le rôle en me disant "bon je te préviens, c'est un peu compliqué ton rôle,
01:49 tu dois apprendre beaucoup beaucoup de choses, beaucoup de fins différentes,
01:52 il y a beaucoup d'improvisations".
01:54 Il m'a donné un texte d'une centaine de pages,
01:57 je me suis dit "bon ça va, apprends".
01:58 Elle me dit "ah non attends, il y a l'annexe".
02:00 Je me suis dit "l'annexe, qu'est-ce que c'est que ça ?"
02:01 Et là c'était un autre cahier avec plus de 100 pages,
02:05 avec toutes les questions qui revenaient aux Etats-Unis depuis 30 ans.
02:08 Et il fallait que je connaisse toutes les réponses,
02:10 parce que oui c'est interactif, il y a un meurtre au-dessus d'un salon de coiffure,
02:14 et les gens mènent l'enquête avec le commissaire de police que je jouais.
02:18 - Et vous avez un vrai brassard de police.
02:19 - Un vrai brassard de police, oui.
02:21 - Alors je trouve que c'est le principe des ligues d'improvisation, finalement,
02:24 qui sont nées en 77, on a un peu oublié, au Québec,
02:27 parce que les matchs de hockey ne marchaient plus.
02:29 Et à Montréal, Robert Gravel et Yvon Leduc ont créé un système
02:33 qui a fini par les championnats du monde, dans le monde entier.
02:36 - D'où l'arbitre d'ailleurs qui a toujours le maillot
02:39 comme les arbitres de hockey sur glace.
02:41 - Alors il n'y avait rien d'immersif quand ce spectacle est arrivé ?
02:45 - Non, pas trop, non.
02:46 - Parce qu'aujourd'hui c'est partout. - Beaucoup, oui.
02:49 - Alors, nous à l'époque, on l'a joué, on répétait,
02:54 on a répété pendant presque deux mois,
02:57 et le metteur en scène nous faisait les questions, les réponses,
02:59 ce qui pouvait se passer, ce qui ne pouvait pas se passer,
03:01 et on ne réalisait pas.
03:03 Le jour de la première, on ne pouvait pas savoir, c'était incroyable.
03:06 On se disait "là, à ce moment-là, peut-être que quelqu'un peut te dire ça".
03:09 Et oui, une personne te dit ça.
03:10 Et puis après, moi je l'ai joué plus de 2000 fois,
03:12 donc je peux vous dire que les gens...
03:14 Moi j'étais persuadé que les Parisiens...
03:16 Parce que moi j'ai eu la chance d'aller le voir aux Etats-Unis,
03:19 je suis rentré en France, je me suis dit "ça ne marchera jamais".
03:21 C'est fichu, parce que les Américains, ils levaient la main, ils criaient,
03:24 "c'est pas vrai, c'est faux".
03:25 Je me suis dit "non, à Paris, les gens vont être complètement coincés,
03:28 ils réagiront pas".
03:29 Je peux vous dire qu'on n'a rien à envier aux Américains.
03:31 Et encore aujourd'hui, ça marche toujours,
03:34 ça fait plus d'11 ans que ça joue au Maturin, et ça continue.
03:36 - C'est fou, hein ? - Oui, c'est fou.
03:36 - Alors, vos débuts avec Sébastien Zopardi et au théâtre,
03:40 c'est "Mission Florimont".
03:41 Une pièce, alors là, c'est pas du tout un policier,
03:43 ça se passe en 1534.
03:45 - Exactement, c'est une quête médiévale.
03:48 - Comment vous êtes arrivé là-dedans ?
03:50 - Alors, comment je suis arrivé ?
03:51 Alors moi, déjà, je viens de...
03:53 Je viens de...
03:54 J'ai commencé à 18-20 ans dans la Compagnie des Salgosses.
03:58 Puis après, je suis rentré à la Comédie italienne,
03:59 qui est un petit théâtre de la Guetto.
04:01 - On va en parler justement, mais au départ, "Mission Florimont"...
04:03 - En fait, c'est Sébastien qui m'a vu à la Comédie italienne
04:05 et qui m'a dit "je veux absolument te proposer un rôle".
04:08 Il m'a essayé dans plein de pièces, puis arrivée "Mission Florimont",
04:11 où je faisais beaucoup, beaucoup de personnages.
04:13 J'ai Charles Quint, des imprêtres, voilà, et c'était incroyable.
04:17 On a commencé au Tristan Bernard, puis fini au Michel,
04:19 enfin, on a été nommé aux Molières.
04:21 C'était génial.
04:22 - Et ce qui a de fascinant dans votre parcours,
04:23 c'est que vous êtes toujours attiré, Olivier Solivérès,
04:25 par les situations burlesques.
04:28 - Oui, parce que je viens de la Comédie des Arts,
04:30 et j'aime les situations.
04:31 J'aime avant tout les situations, oui.
04:33 - Alors, vous avez grandi à Servon, en Seine-et-Marne.
04:36 - Alors là, c'est pas où j'ai grandi.
04:37 Ma ville exacte, c'est Évry-les-Châteaux, en Seine-et-Marne,
04:40 à côté de Servon, c'est un petit village.
04:42 Oui, j'ai grandi là.
04:43 Mais j'ai fait mes premiers pas de professeur de théâtre à Servon.
04:47 - Servon, il y a une particularité, il y a un château
04:49 qui a été habité pendant des décennies par Hélène Martini,
04:51 la patronne des Folies Bergères, la reine de l'Union parisienne.
04:54 Elle est morte là-bas.
04:55 - À Servon ?
04:56 - À Servon, le château de Servon, ça lui a appartenu.
04:58 - Ah, vous me l'apprenez, je ne le savais pas du tout.
04:59 - Et cette dame était extraordinaire parce qu'elle a acheté les Folies Bergères
05:02 parce qu'en 1937, elle quittait la Pologne en se cachant.
05:06 Elle arrive à Paris, elle est danseuse nue aux Folies Bergères
05:10 et elle arrache le théâtre à la fin de sa vie.
05:11 - Incroyable !
05:11 - Incroyable !
05:12 - Je ne savais pas du tout.
05:13 - Il y avait tous les grands souvenirs des Folies Bergères à Servon.
05:16 - Bah écoutez, moi j'ai fait mes armes à Servon en tant que metteur en scène.
05:19 - Oui, parce que le théâtre, c'est une passion de toujours pour vous.
05:22 - Oui, c'est une passion depuis que j'ai 9 ans,
05:24 depuis que mes parents m'ont acheté un petit théâtre de marionnettes
05:28 alors que j'étais un enfant très timide, vraiment très timide.
05:32 Je ne parlais pas beaucoup à l'école, je n'avais pas beaucoup d'amis
05:34 et mes parents m'ont acheté un théâtre de marionnettes
05:37 et j'ai créé mes histoires dans ma chambre avec mes petites marionnettes,
05:39 mon petit théâtre, jusqu'au jour où j'ai fait en CM1 ou CM2
05:43 ma maîtresse qui me suit toujours depuis, qui s'appelait Madame Tabi
05:47 et qui... j'ai fait un expo avec mes marionnettes
05:50 parce que sûrement pour me cacher derrière mes marionnettes
05:53 et ça lui a donné l'envie de me donner le premier rôle à la fin de l'année de Knock
05:58 et ça a été une révélation pour moi.
06:00 Et à partir de ce jour-là, j'ai dit je veux en faire...
06:02 Je me souviens quand je suis rentré en 6ème,
06:04 un professeur de français nous avait demandé de faire une dissertation
06:08 en disant comment voyait à 40 ans.
06:10 Et je me souviens très bien que j'avais marqué...
06:13 Je me vois ou j'imagine courir de théâtre en théâtre
06:17 avec des textes de théâtre sous le bras.
06:18 - C'est ce qui s'est passé d'ailleurs.
06:20 - Oui, je touche du bois et c'est ce qui s'est passé, oui.
06:22 - Donc vos études, c'est le cours Florent des BAC.
06:25 - Oui.
06:25 - Vos parents étaient d'accord parce que votre famille n'était pas dans le spectacle.
06:29 - Pas du tout.
06:29 Mon papa est kinésthérapeute, ma mère orthophoniste,
06:31 mes parents n'étaient pas du tout d'accord.
06:33 Non, enfin, ils n'étaient pas d'accord.
06:35 Ils m'ont toujours aidé à faire mes cours.
06:36 Ils ont toujours aimé que je fasse du théâtre.
06:39 Ils m'ont toujours poussé, mais en faire un métier,
06:42 quand vous avez des parents de profession libérale
06:45 pour arriver à devenir comédien, ça fait peur.
06:48 - Alors donc le cours Florent, vous y arrivez à 18 ans.
06:51 - Oui.
06:51 J'ai commencé même à 16 ans en cours préparatoire,
06:53 puis après 18 ans, juste après le BAC.
06:55 - Et vous avez tout de suite compris que c'était ça qu'il fallait que vous fassiez.
06:57 - Ah mais depuis l'âge de 9-10 ans, je sais que c'était ma passion.
07:02 J'ai la chance de vivre de ma passion.
07:03 - Et la chance aussi, ça a été quand on est au cours Florent,
07:06 en général, on n'a pas d'engagement.
07:07 Et vous, vous avez trouvé un engagement tout de suite avec ce spectacle.
07:10 - Tant pis pour le monde extérieur et ceux qui pensent de toi.
07:15 - La famille Adams.
07:16 La famille Adams comédie musicale.
07:18 - Et vous avez joué dans la famille Adams dès vos débuts, Olivier Solivérès.
07:21 - Incroyable.
07:21 - Comment c'est venu ?
07:22 - Alors ça, c'est incroyable.
07:23 C'est mes parents qui m'ont amené un an avant au Café de la Garve,
07:26 à la Compagnie des Sales Gosses, qui jouait la famille Adams.
07:29 Et ils m'ont dit "Venez voir, on vous invite à Noël,
07:32 on va voir une pièce, la famille Adams".
07:34 C'est joué par des enfants professionnels.
07:36 Et comme t'aimes le théâtre Olivier, tu vas voir, c'est ça.
07:38 Et c'était incroyable.
07:39 Et un an après, mon petit frère Mathieu, qui a 4 ans de moins que moi,
07:43 qui faisait un petit peu de théâtre,
07:44 je cherchais des castings au Cours Florent
07:46 et je vois que les Sales Gosses cherchaient un enfant d'une quinzaine d'années.
07:51 Et du coup, je dis à Mathieu "Appelle-les, appelle-les,
07:53 va passer le casting, on sait jamais".
07:55 Et il appelle et puis il lui dit, d'ailleurs, il dit à la directrice du casting
07:59 "Mon frère, il est au Cours Florent, tout ça".
08:01 Et mes parents, voilà, travaillant, on était en Seine-et-Marne,
08:04 le casting était à Paris, ils m'ont dit
08:05 "Est-ce que tu veux bien l'accompagner, ton frère, au casting ?"
08:08 J'ai amené mon frère au casting.
08:09 La dame m'a dit "Est-ce que tu veux... C'est toi qui es au Cours Florent ?"
08:11 On dit "Oui".
08:12 "Est-ce que tu veux rester au casting ?"
08:13 Je dis "Bah oui, si vous voulez".
08:15 Je reste au casting et puis au bout de cinq minutes,
08:17 mon frère passait de son casting,
08:18 le metteur de scène s'est retourné vers moi, Philippe Bretin,
08:20 et m'a dit "Mais tu veux pas passer le casting, toi ?"
08:23 J'avais 18 ans, je lui dis "Bah oui, si vous voulez".
08:26 Et je me mets à passer le casting en même temps que mon frère.
08:28 Et il disait à mon frère Mathieu "Voilà, voilà, fais comme Olivier,
08:30 voilà, c'est comme ça qu'il faut, voilà, fais pareil".
08:33 Et puis le soir, ils nous ont rappelé,
08:34 on est rentrés dans notre petite Seine-et-Marne avec notre RER,
08:37 et le soir, ils nous ont appelés en disant "Vous êtes pris tous les deux pour le même rôle,
08:39 vous serez en alternance tous les deux".
08:41 C'est fou, hein ?
08:41 Il faudra voir que la famille Adams qu'on a vu à la télévision
08:44 est née en 1938, c'était des strips américains,
08:47 dans le New Yorker,
08:48 et aujourd'hui, non seulement il y a des séries télé,
08:51 il y a même un Flipper en 92
08:53 qui a été adapté sous la forme d'un jeu vidéo.
08:55 C'est incroyable.
08:56 Incroyable.
08:56 Alors, votre frère Mathieu, je crois qu'il a divergé,
08:59 aujourd'hui il est PDG de l'entreprise,
09:01 "Mamie Burger", ça n'a rien à voir.
09:02 Exactement.
09:03 C'est le commercial de la famille,
09:06 mais...
09:08 qu'ils remettent les pieds dans le tas,
09:09 je pense que ce n'est pas fini.
09:11 Alors, il y a aussi votre autre frère Thomas,
09:14 qu'on connaît bien, puisqu'il a joué Bastien dans "Intouchables",
09:17 il a été Harold dans "Harold et Maude",
09:19 il a joué Edmond dans "Edmond Rostand",
09:22 au cinéma,
09:23 et il a été aussi le voisin de Huguette et Raymond dans "Scène de ménage".
09:26 Aussi, un petit peu,
09:27 il a fait un seul en scène qui s'appelait "Venice des Pagnes",
09:29 une télé où il était nommé homolière.
09:31 Et il a démarré grâce à vous, "Divisa l'Iveres".
09:33 Dans les salles "Gosses", comment ?
09:35 Il a dans ma pièce, ado, oui.
09:37 Il a commencé dans ma compagnie, il a joué dans ma pièce.
09:39 Non, mais il a surtout été votre élève dans des cours de théâtre.
09:41 À Servon.
09:42 Avec un autre acteur bien connu maintenant,
09:44 qu'on voit beaucoup au cinéma, qui s'appelle William Lepguil.
09:47 Tous les deux, ils avaient 10 ans dans mes cours,
09:49 et après, ils sont rentrés dans ma compagnie,
09:52 ils ont joué ado, au point virgule, pendant 5 ans.
09:54 On va en parler justement, mais comment vous avez mis au point des cours de théâtre ?
09:58 Pourquoi, alors que vous êtes jeune comédien,
09:59 vous donnez des cours de théâtre à Servon ?
10:01 C'est pareil, le hasard de ma vie.
10:04 J'ai l'impression que ma vie était de toute façon un chemin de hasard,
10:08 et qu'il fallait prendre.
10:09 On m'a proposé, il y a une prof qui partait,
10:12 et la directrice de l'association m'a dit "toi, tu cours flan,
10:15 tu me connaissais, tu ne veux pas donner des cours ?"
10:17 J'avais 20 ans, je me suis dit "mais il y a des cours d'enfants ?"
10:20 "Oui, mais il y a aussi les ados et les adultes."
10:22 Et je me suis dit "bon, allez, j'ai pas peur, j'y vais,
10:24 on verra bien, on va s'amuser."
10:26 Et je me suis amusé, et surtout ce qui s'est passé,
10:28 c'est que j'avais beaucoup de jeunes, des enfants, des ados,
10:31 et puis il y a un cours le soir avec 5-6 adultes,
10:35 je m'embêtais un peu avec eux,
10:36 j'aime bien quand il y a du monde,
10:38 et du coup je me suis dit "allez, si, on mélangeait tout le monde."
10:40 Donc j'ai demandé "est-ce qu'on peut mélanger tous les cours,
10:42 adultes, enfants, ados ?"
10:43 La directrice m'a dit "mais tu auras moins de cours,
10:45 donc tu auras moins d'argent."
10:46 "C'est pas grave, on va s'amuser."
10:48 Et en fait, ce qui s'est passé à Sarvon,
10:50 c'est que j'ai créé une troupe avec des adultes, des enfants, des ados,
10:55 et on faisait des énormes spectacles à la fin de l'année,
10:57 parce qu'il fallait que je fasse jouer 36 personnes,
11:00 c'est là où j'ai commencé à écrire, parce que je ne trouvais pas de pièces,
11:02 et j'ai commencé à écrire mes délires.
11:04 J'avais des familles entières, ça c'était un bonheur,
11:07 les parents qui venaient, qui s'inscrivaient chaque année,
11:09 ils disaient "on s'inscrit avec nos enfants."
11:10 Ils venaient à 4, le père, la mère, les enfants,
11:13 et puis ils me disaient "tu sais, le soir,
11:15 d'habitude on regardait la télé en mangeant,
11:17 maintenant on révise nos textes de théâtre, c'est génial."
11:19 Voilà, et ce qui est génial,
11:20 c'est ce qui s'est passé aussi le 12 janvier 2008.
11:23 A tout de suite sur Sud Radio avec Olivier Solivérès.
11:26 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:29 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Olivier Solivérès.
11:32 Multicartes de théâtre avec les voyages de Pinocchio au Maturin,
11:36 et le cercle des poètes disparus au Théâtre Antoine,
11:38 et beaucoup d'autres choses,
11:39 car votre parcours, on a raconté vos débuts au cours Florent,
11:42 mais il y a une date importante, c'est le 12 janvier 2008,
11:45 la date du début de ce spectacle.
11:48 C'est un conte contemporain sur trois adolescents en texte d'amour.
11:53 Ado.
11:54 Alors ado, ça a démarré, mais vraiment, pour quelques temps,
11:58 pour quelques semaines, et c'est toujours à l'affiche.
12:00 Je vais même vous dire, pour juste un jour à la base,
12:03 c'était juste un jour, c'était pour mon petit frère Thomas Solivérès,
12:06 et puis pour William Lebguil que j'avais écrit ce spectacle,
12:09 puis un autre copain à eux qui s'appelle Quentin.
12:11 Et on l'avait joué juste en fin d'année pour juste, voilà,
12:13 et puis finalement... - À Servon au départ.
12:15 À Servon, ouais.
12:16 Et puis finalement, les parents sortant nous ont dit
12:19 "mais c'est incroyable ce spectacle, il faut le faire à Paris,
12:22 il faut le faire à Paris".
12:23 Et puis de fil en aiguille, l'année d'après, on l'a fait à Avignon.
12:27 Ça a marché.
12:29 Du coup, à Paris, c'est le théâtre des Trois Bornes à l'époque,
12:33 tenu par Sébastien Castro, Guillaume Bouchet,
12:35 et Méliane Mercagy qui m'ont dit "tu vas pas faire ado
12:38 aux Trois Bornes, dans cette petite salle de 40 places".
12:42 Et puis on a débarqué avec notre ado là-bas,
12:44 on a joué six mois, on collait nos affiches la nuit
12:47 avec Thomas, William, près du point-virgule,
12:49 parce que je me disais "c'est là où on doit jouer ado".
12:52 Et un jour, Antoinette Collin, la directrice du point-virgule,
12:54 est venue voir ado et nous a dit "l'année prochaine,
12:57 je vous veux au point-virgule".
12:58 Et on a débarqué six mois après au point-virgule
13:01 et on a joué cinq ans.
13:02 - Et ça continue régulièrement aussi ?
13:04 - Et ça continue toujours, on va fêter je crois l'année prochaine
13:06 les 20 ans, ça ne s'est jamais arrêté.
13:08 - Alors comment... - 20 ans, vous imaginez ?
13:10 20 ans, une pièce.
13:11 - Et une pièce en plus, qui a marché par le bouche à oreille.
13:14 - Ouais, complètement.
13:16 En fait, c'était juste par hasard,
13:17 c'est qu'il n'y avait pas de pièces sur les adolescents.
13:19 Et en plus, là, c'est une pièce jouée par des adolescents.
13:22 Ce qui me demande beaucoup de boulot,
13:23 parce que, évidemment, je prends des ados au départ,
13:25 mais qui grandissent, qui jouent 4-5 ans,
13:27 puis après, je suis obligé de retrouver des nouveaux.
13:29 - Mais c'est vrai, comment est venue l'idée de faire une pièce sur les ados ?
13:31 Parce qu'il n'y en avait pas à l'époque.
13:32 - En fait, c'est parce que j'avais...
13:34 En fait, ils se sont fait virer du...
13:36 Après, c'est à Revonges, je suis resté dix ans en prof.
13:39 Et je suis parti parce que je ne pouvais plus rester.
13:41 Une prof m'a remplacé.
13:42 Thomas et William sont restés dans cette école avec une nouvelle professeure.
13:46 Sauf qu'elle, ça ne s'est pas très bien passé.
13:48 L'année d'après, elle ne voulait plus les reprendre.
13:50 Et donc, mes parents, les parents de William ont dit
13:51 "Tu ne veux pas les prendre en cours, s'il te plaît ?
13:53 Viens en Seine-et-Marne au moins une fois par semaine."
13:56 Et je dis "Bon, je les adore trop les trois, je leur fais un cours."
13:58 Et du coup, je leur fais un cours tous les mardis soir,
14:02 pendant deux heures, en Seine-et-Marne.
14:03 Et puis, je devais leur écrire un spectacle.
14:05 Et un jour, je l'arrive et je leur dis, ils avaient 15 ans.
14:08 Et je leur dis "Écoutez, ça y est les garçons, j'ai trouvé ce qu'on va faire.
14:09 Je vais écrire un spectacle sur les trois petits cochons.
14:12 Parce que vous êtes trois, on va faire un truc sur les trois petits cochons."
14:14 Et là, ils me disent "Quoi ? Mais ça va pas, t'es fou !
14:16 On est des ados, nous ! C'est pour les bébés, les trois petits cochons."
14:19 Et le spectacle commence comme ça.
14:20 En fait, c'est l'histoire de trois petits cochons.
14:22 Les trois ados qui, sans le savoir, jouent l'histoire des trois petits cochons.
14:25 Qui craint le grand méchant loup ?
14:27 C'est peut-être vous, ce n'est pas nous.
14:29 Voyez comme d'ailleurs on tient le coup.
14:31 Tra la la la la.
14:32 Alors ce qu'il faut savoir, Walt Disney a rendu célèbre ces trois petits cochons.
14:35 Au départ, il en voulait deux.
14:37 Uniquement, il voulait le paresseux et le travailleur.
14:39 Et son équipe l'a convaincu de faire une version avec les trois.
14:42 Avec la maison en bois, la maison en paille et la maison en briques.
14:46 Sinon, ça n'aurait jamais existé.
14:47 Mieux le chiffre 3.
14:48 Toujours mieux je pense.
14:49 Exactement.
14:50 Alors, donc, vous créez cette pièce pour ados.
14:52 Mais en même temps, d'abord les ados, l'âge a évolué.
14:55 Au début du XXème siècle, il y a un psychologue qui a dit qu'un ados,
14:59 c'était de 14 à 24 ans.
15:00 Et aujourd'hui, c'est de 10 à 19 ans.
15:02 Et là, ça veut dire aussi que la pièce évolue
15:04 parce que les ados n'ont plus le même langage aujourd'hui.
15:06 Complètement.
15:08 Et du coup, comme j'engage des vrais ados,
15:10 eux-mêmes me disent quand on répète le texte,
15:12 ils me disent "ça Olivier, on ne peut plus dire ça.
15:14 Tu dois changer, on ne dit plus ça".
15:17 C'est ce qui me fait rester un peu à la page d'ailleurs.
15:19 D'accord.
15:19 Et puis moi, je commence à avoir des enfants qui grandissent aussi.
15:21 Donc, pareil, ils peuvent me dire...
15:24 Donc oui, le texte change depuis toujours.
15:27 Vous imaginez le texte, ça fait 20 ans.
15:29 La année prochaine, je crois qu'on fait les 20 ans d'ados.
15:32 Donc oui, il a bougé.
15:33 Parce que les expressions changent ou les situations changent ?
15:36 Les expressions changent beaucoup, oui.
15:39 Après, les ados restent les mêmes.
15:41 Ils ont les mêmes complexes.
15:42 Parce que nous, on parle beaucoup des complexes des ados.
15:44 Donc les complexes restent les mêmes.
15:46 Mais oui, les situations...
15:47 Et puis ça va beaucoup plus vite aujourd'hui.
15:49 Ils vont tellement plus vite qu'il y a 20 ans.
15:51 Et puis il y a des expressions.
15:52 Quand on entend les enfants dire "wesh" ou "génial",
15:56 ça n'existait pas il y a 20 ans.
15:57 Non, ça n'existait pas.
15:58 Et puis on a des mêmes nouvelles, Jacques.
16:00 Je peux vous dire...
16:00 Ah oui ?
16:01 Vous apprenez beaucoup de nouvelles ?
16:02 J'essaie de suivre, mais ils ont tellement envie.
16:04 De la musique, pareil.
16:05 Il y a... Il s'achante dans le spectacle, il s'adance.
16:08 Il y a des musiques que j'avais mises il y a 20 ans.
16:10 Je me souviens qu'il y a 20 ans, on faisait une parodie de Vincent Delerme.
16:14 Oui.
16:14 Malheureusement, j'aime beaucoup Vincent Delerme.
16:16 Mais aujourd'hui...
16:17 Ça n'est plus rien.
16:18 Pas plus trop, malheureusement.
16:19 Donc on est obligé de s'actualiser.
16:22 C'est... C'est... C'est...
16:22 C'est "Pomme", c'est...
16:23 Exactement.
16:24 C'est tout ce qui compte au temps.
16:25 Exactement.
16:26 C'est toute la force des ados d'évoluer comme ça.
16:29 Alors, ça veut dire aussi que les parents sont venus.
16:31 Au début, ils venaient discrètement en se cachant au fond de la salle, je crois, Olivier Célivère.
16:35 Complètement.
16:36 Complètement.
16:37 Les gens, quand ils viennent voir...
16:38 Les parents, quand ils viennent voir les spectacles jeunes publics,
16:41 je pense qu'ils se disent "C'est le moment, on va faire la sieste".
16:42 Oui.
16:43 Comme j'ai fait moi aussi, puisque j'ai quatre enfants.
16:45 Et c'est vrai qu'au début, on se dit "Bon, bah allez, c'est le moment".
16:49 Et c'est ce qui m'a amusé tout de suite, c'est d'écrire pour les enfants,
16:51 mais aussi pour les parents.
16:52 Et tout de suite, les parents ont adhéré, ont finalement adhéré,
16:55 ont mieux compris leurs enfants grâce à Ado ?
16:57 Peut-être.
16:58 Ouais, peut-être.
16:59 Ah, si j'en juge par votre biographie,
17:03 il y a deux autres pièces qui ont été créées.
17:05 D'abord, comme il dit, les trois bornes, "Western Love" et "Les Copains".
17:09 C'est vrai.
17:10 C'est quoi ces pièces-là ? C'était avant ?
17:11 C'était avant, oui.
17:13 Ça, c'était plus en tant que...
17:17 Je l'ai écrit, mais j'ai joué dedans, oui.
17:19 J'étais comédien, c'était un duo que je faisais avec un ami
17:22 qui s'appelait Nicolas Tarin, qui s'appelle toujours d'ailleurs.
17:24 C'était un duo qu'on faisait, c'était deux enfants, deux grands enfants
17:29 qui s'appelaient "Les Copains" et qui jouaient à des enfants.
17:34 "Les Copains", au départ, c'est une chanson de Brassens,
17:36 mais c'est aussi un film parce qu'il a écrit cette chanson
17:40 à la demande d'Yves Robert qui créait "Les Copains".
17:42 Et la première personne à avoir entendu cette chanson telle qu'elle existait,
17:46 c'est l'assistant d'Yves Robert qui s'appelait Patrice Lafon.
17:48 - Ah, génial !
17:50 On saluait "Sur les Copains" d'abord, d'ailleurs.
17:52 - Exactement.
17:53 - On saluait le spectacle, on finissait là-dessus.
17:55 - Alors justement, comment expliquer qu'un spectacle sur les ados marche depuis 20 ans ?
18:01 - Ben, je ne sais pas.
18:04 - Il n'y a pas de réponse ?
18:06 En plus, encore une fois, c'est le bouche à oreille comme le reste.
18:09 - Le bouche à oreille, et puis je pense qu'à l'époque,
18:11 alors maintenant plus, mais à l'époque, pendant très longtemps, on était les seuls.
18:16 Vous cherchiez un spectacle sur les adolescents, sur l'adolescence,
18:18 j'étais le seul, on était les seuls.
18:20 Il n'y avait pas d'autres spectacles sur l'adolescence.
18:22 Depuis, je pense que beaucoup de gens ont compris,
18:25 et maintenant vous en avez beaucoup plus, des spectacles sur l'adolescence.
18:27 - Mais ce qui est extraordinaire aussi, c'est que personne ne croyait au sitcom.
18:30 Quand Jean-Luc Azoulay a commencé "Saluer les Musclés",
18:32 Hélène, on l'a jeté de tous les côtés pendant des années.
18:35 Il ne voulait pas. On voit le résultat aujourd'hui.
18:37 - Nous, on a même, avec "Ados", on a même créé un horaire.
18:40 Au point-virgule, par exemple, il n'y avait pas l'horaire de 16h.
18:43 Moi, je ne voulais pas jouer à l'horaire des enfants,
18:45 je ne voulais pas jouer à 14h parce que je disais,
18:46 mais ce n'est pas un spectacle pour enfants, c'est un spectacle pour les ados.
18:49 Et après, 18h-19h, c'était trop tard.
18:52 Et du coup, Antoinette, la directrice du...
18:54 On a créé l'horaire de 16h au point-virgule.
18:56 Et personne n'y croyait. Et puis finalement, ça fait 20 ans.
18:59 - Oui, mais il faut trouver les comédiens aussi.
19:01 Trouver des ados, ce n'est pas évident.
19:02 - Non. - Comment on fait ?
19:04 - Surtout que dans "Ados", ils chantent, ils dansent, ils ont beaucoup d'humour.
19:08 Je fais des gros, gros castings, beaucoup de castings.
19:12 - Oui, c'est long. C'est souvent... D'ailleurs, à la base, il n'y avait que trois garçons.
19:16 Trois garçons dans "Ados". C'était les trois garçons.
19:19 Et il y a 5, 6, 7 ans, je ne sais plus, je ne sais plus les années,
19:23 je ne trouvais pas le troisième garçon.
19:24 J'avais trouvé deux garçons. Il m'en manquait un troisième.
19:27 Et c'est les deux que j'ai pris qui me disent,
19:28 "Mais écoute, si tu ne trouves pas de garçons, nous, on a une copine
19:32 qui est super drôle. Tu ne veux pas la voir ?
19:34 Elle chante divinement bien. Elle est marrante. Essaye de la voir."
19:37 Et je dis, "Vous savez quoi ? On ne trouve pas de garçons.
19:39 Ouvrons FI, voyons. Et puis j'adapterai."
19:42 Et puis cette jeune fille, c'est Lola Dubini qui est venue,
19:45 qui maintenant fait une grande carrière,
19:47 et que j'ai vue arriver avec ses grandes lunettes,
19:49 et qui m'a fait mourir de rire, qui a chanté, qui m'a dit,
19:51 "Mais moi, je n'ai jamais joué au théâtre."
19:52 - Alors, il se trouve aussi que cette pièce a permis de découvrir des jeunes
19:56 qui, finalement, n'auraient peut-être pas eu d'emploi plus tard.
19:59 - Oui, je pense que ce ne sont que des jeunes qui ont du talent,
20:02 mais c'est vrai que j'ai réussi à donner leur chance.
20:05 Ça, c'est ma plus grande fierté.
20:06 Tous les jeunes, ça commence par mon petit frère, évidemment,
20:09 par William Laguille, puis ça a suivi Lola Dubini,
20:12 Gwendal Marimoutou, il y en a plein.
20:15 Oui, ça, c'est génial.
20:16 - Alors, la comédie italienne dont vous avez parlé,
20:18 là aussi, vous avez été sociétaire de 1995 à 2019.
20:21 C'est le seul théâtre à Paris qui joue des pièces italiennes, je crois.
20:25 - Qui joue de la vraie comédie à l'art.
20:28 Je suis rentré à 20 ans, j'en suis sorti à 34 ans.
20:31 - Comment vous êtes arrivé là-dedans et pourquoi vous avez resté aussi longtemps ?
20:34 - Parce que c'était ma maison, j'y étais bien, j'apprenais mon métier.
20:37 J'étais au cours Florent le matin et le soir, j'allais jouer rue de la Gaîté.
20:41 J'ai beaucoup appris avec Attilo Maggiuli, le directeur du théâtre.
20:45 J'ai énormément appris, j'ai joué tout le répertoire de Goldoni.
20:49 J'ai tout fait là-bas, j'ai vraiment appris énormément.
20:53 - Goldoni, d'ailleurs, les Rustes ont été créés par Jean Villard en 1962
20:58 avec un jeune acteur qui s'appelait Michel Galabru,
21:00 qui est arrivé en retard, je ne sais pas si vous le savez,
21:02 parce qu'il y avait un match de foot entre l'Olympique albignonnais
21:05 et l'équipe du TNP.
21:07 - Alors je le sais parce qu'il était venu nous voir à la Comédie italienne.
21:10 Et du coup, il nous avait raconté cette histoire-là.
21:12 - Et il y a eu, il y a quelques temps, sur la façade de la Comédie italienne,
21:16 une affiche "Hidalgo, la reine des bobos".
21:18 Qu'est-ce que c'est que ça ?
21:19 - Ben c'est Attilo, il fait des pamphlets parfois, des pièces un peu provocantes.
21:26 On a eu la chance d'en faire une il y a des années,
21:28 qui s'appelait "George Bush ou l'étrange cow-boy de Dieu".
21:33 On a joué au début avec pas grand monde,
21:35 puis finalement il y a eu un truc qui s'est passé, un buzz,
21:39 et on a joué pendant plus d'un an et demi, c'était incroyable.
21:43 - Ce qui est incroyable aussi, c'est le succès d'un spectacle
21:45 qu'on va évoquer à travers une autre date, le 14 octobre 2023.
21:49 A tout de suite sur Sud Radio avec Olivier Solivérès.
21:51 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon ami Olivier Solivérès.
21:58 Nous parlerons tout à l'heure de ce succès au Théâtre Antoine,
22:01 le cercle des poètes disparus.
22:04 Et puis on a évoqué vos débuts, "Ado", une pièce qui marche depuis 20 ans.
22:08 Puis il se passe un autre phénomène avec vous,
22:11 et il y a une date importante, c'est le 14 octobre 2023,
22:14 première au Théâtre des Maturins de ce spectacle.
22:17 - Je vais vous raconter mon histoire préférée.
22:20 - Il ne te manquerait plus que la parole pour avoir l'air d'être...
22:22 - Les aventures de Pinocchio, mais revu et corrigé par Olivier Solivérès.
22:27 C'est un conte de Carlos Colody,
22:29 qui était au départ 15 nouvelles qu'il avait écrite pour un journal,
22:33 parce qu'il avait des dettes de jeu à payer,
22:35 qui est devenu un livre, et vous l'avez adapté à votre façon.
22:38 - Oui, j'ai essayé de l'adapter à ma façon.
22:41 - C'est-à-dire avec le rire et l'émotion.
22:43 L'histoire est la même, mais il se passe beaucoup de choses.
22:45 - Ça c'était mon 7e spectacle, donc jeune public,
22:48 et j'essayais de faire en sorte que tous mes spectacles ne se ressemblent pas.
22:53 C'est difficile, hein.
22:54 Mais celui-là, je voulais vraiment rester sur l'émotion.
22:58 Je voulais que ça soit émouvant, et évidemment drôle,
23:02 mais je voulais vraiment que ça soit le plus émouvant.
23:05 Des retours que j'ai, j'ai l'impression que ça c'est le pari gagné.
23:08 - Oui, c'est l'histoire, mais alors dedans,
23:10 d'abord il y a des moments totalement burlesques,
23:12 parce que ça, vous les affectionnez.
23:15 Vous avez des maîtres comme Laurel et Hardy,
23:17 comme Michel Audiard, c'est vraiment votre culto de base.
23:21 - Exactement, Charlie Chaplin, Laurel et Hardy,
23:25 Buster Keaton, Lémonty Piton.
23:27 Oui, ça c'est des gens qui me parlent, oui.
23:29 - Et vous avez adapté cela pour les enfants et pour les adultes,
23:33 car Pinocchio, quand on va le voir, c'est un spectacle pour enfants,
23:36 mais un spectacle familial.
23:37 - Moi je dis toujours maintenant que je fais des spectacles familiaux.
23:39 C'est mon plus grand bonheur, c'est de voir une famille entière rire,
23:44 pas toujours au même moment,
23:45 mais j'adore quand les parents rient à une blague
23:49 ou à une situation que les enfants ne comprennent pas,
23:51 et que les enfants regardent leurs parents en disant
23:53 "Ah, je suis content, t'es content".
23:55 L'enfant est content de voir leurs parents profiter,
23:58 et ça c'est génial,
23:59 parce qu'ils savent, les enfants,
24:00 que c'est pour eux qu'on vient voir ce spectacle.
24:02 Mais voir leurs parents rire,
24:03 ils sont tellement heureux de voir leurs parents rire aussi,
24:06 et de profiter, de faire en sorte que ce soit un moment familial,
24:09 tous ensemble, c'est ce qui me touche.
24:12 - Dans vos spectacles, dans Pinocchio par exemple,
24:13 il y a des situations que les enfants ne peuvent pas forcément comprendre,
24:16 mais qui les font rire quand même.
24:18 - Oui, bien sûr, ça c'est toujours très drôle.
24:20 Quand j'écris mes spectacles, je me dis "Bon,
24:22 celle-là va faire rire les parents".
24:25 Et puis souvent, je vois les enfants qui rient aussi.
24:27 Alors, c'est peut-être pas pour la même chose, mais...
24:30 Ouais, c'est ça, c'est le partage.
24:31 Si on doit rire tous ensemble, c'est chouette.
24:32 - Alors, il y a des évocations totalement viriles,
24:36 parce que moi je pense toujours à Robert Derry, au Branquignol,
24:39 qui ont inventé le genre,
24:40 avec Jacqueline Mayant de Funès et beaucoup d'autres.
24:44 Il avait la rigueur totale,
24:45 chaque chose devait se faire au bon moment et pas ailleurs.
24:48 Et sinon, un jour Pierre Tornade fait une erreur d'un mot,
24:52 il s'est fait insulter.
24:53 Je crois que vous avez le même problème.
24:54 - Un petit peu, oui.
24:55 - C'est-à-dire ?
24:56 - Je dis toujours à mes comédiens le souci du détail.
24:59 Ça, c'est très important pour moi.
25:00 - C'est-à-dire le souci du détail,
25:01 parce qu'il y a non seulement des mots à placer,
25:04 des phrases à placer...
25:05 - Et des rythmes aussi.
25:06 - Et le rythme est important.
25:07 - Ah, le rythme, c'est le plus important.
25:08 Vous savez, fado,
25:09 vous jouez un fado dérythmé, ça ne fera pas rire.
25:12 Il faut vraiment être dans le rythme.
25:14 Et ça, mes comédiens, quand je les engage,
25:16 c'est qu'on met en scène, ils savent.
25:18 Je suis tout le temps là, le rythme, le rythme, le rythme.
25:19 Vous ne pouvez pas aller...
25:21 Voilà, il faut rythmer, c'est important.
25:23 Les mots, le rythme, c'est important.
25:24 - Alors, le burlesque, car c'est du burlesque,
25:26 a eu son heure de gloire.
25:28 Moi, je me souviens des 4 mousquetaires,
25:29 je ne sais pas si vous connaissez, de Gilles Margaritis,
25:32 passé à la télévision en 53.
25:34 On le trouve encore sur YouTube,
25:36 où il y a des décors en carton-pâte,
25:38 où il y a Pierre Tchernia et Richelieu en Gilles Margaritis
25:42 qui revient pour faire le résumé permanent.
25:44 Le burlesque, ça n'a pas toujours été d'actualité ?
25:46 - Non, pas toujours.
25:47 - Et là, aujourd'hui, vous sentez qu'il revient,
25:48 que les enfants découvrent ça ?
25:50 - Je ne sais pas.
25:51 Moi, je pense que les gens ont envie de voir des choses, en tout cas.
25:55 Au-delà d'entendre, je pense que les gens ont envie de voir des choses,
25:57 de voir des images.
26:01 Moi, j'essaie de donner ça avant tout,
26:02 que les gens soient assis dans leur fauteuil
26:05 et s'en prennent plein les yeux aussi.
26:07 - Alors, ils s'en prennent plein les yeux et les oreilles
26:08 parce qu'il y a des chansons dans ce spectacle
26:11 qui sont des chansons qui ont été des classiques,
26:13 il y a la mère de Charles Trenet,
26:15 il y a Mon Vieux,
26:18 il y a beaucoup d'autres choses.
26:19 Et puis, il y a celle-ci qui a été adaptée récemment.
26:22 * Extrait de « La Tendresse » de Marie Laforêt *
26:31 Alors, je ne sais pas si vous le savez,
26:32 mais « La Tendresse » qui a été créée par Marie Laforêt et Bourville,
26:35 pendant le confinement,
26:36 plusieurs chorales se sont mutualisées en France
26:40 pour créer, et sur Internet, on voit une cinquantaine de personnes,
26:43 deux, trois chorales, qui chantent « La Tendresse ».
26:46 - C'est une chanson magnifique.
26:48 Moi, c'est pas pareil,
26:49 à un moment donné, on fait chanter une chanson de Barbara.
26:52 - Qui dit « Quand reviendras-tu ? »
26:54 - Moi, je trouve que c'est...
26:57 Dans « Chevalier, Prince et ses Dragons »,
26:58 à un moment donné, le chevalier chante « La Quête » de Brel.
27:01 Et je trouve ça...
27:02 Enfin, moi, c'est une fierté pour moi
27:04 que les enfants entendent des chansons comme ça
27:06 et que les parents se disent
27:07 « Oh là ! »
27:08 Oui, OK, c'est un spectacle jeune public,
27:10 mais on peut leur faire écouter des belles chansons.
27:12 Écoutez, au début du spectacle,
27:14 il y a la mère de Charles Trenet,
27:16 et j'ai vu un enfant, quand je suis allé voir le spectacle,
27:18 il me dit « Je connais pas cette chanson, elle est très belle ».
27:20 C'est ça qui est important pour vous.
27:21 - Moi, c'est gagner.
27:23 - Vous êtes un fan de chansons françaises ?
27:24 - Bien sûr.
27:26 - Toutes ces chansons, vous les avez fredonnées ?
27:28 - Oui, oui.
27:29 Vous savez, ma fille de 4 ans chante
27:31 « Dit quand reviendras-tu ? » de Barbara.
27:33 Vous voyez, 4 ans, elle la connaît par cœur.
27:35 - Une chanson d'ailleurs qui est en fait un clin d'œil
27:38 à un ambassadeur avec qui elle vivait à Bruxelles,
27:41 qui est parti un jour et qui n'est jamais revenu.
27:43 Et ça lui a posé un problème, et ça a fini par une chanson.
27:46 - Moi, je trouvais ça tellement beau de voir Gepetto
27:49 dans le vent de la baleine et dire
27:53 « Dit quand reviendras-tu ? » en pensant à Pinocchio.
27:56 J'aime bien ça, prendre des chansons connues
27:58 et essayer de les adapter.
27:59 Enfin, pas de changer les paroles, en tout cas,
28:01 je veux jamais changer les paroles,
28:02 mais en tout cas, essayer de les insérer au spectacle.
28:05 J'aime bien ça.
28:06 Puis ça parle aux parents aussi.
28:08 - Dans la salle, il y a des enfants très petits,
28:10 et quand ils voient le spectacle, on est à guignol
28:12 parce qu'ils hurlent comme guignols.
28:14 - À certains moments, oui.
28:16 Et puis je leur donne la chance de le faire
28:19 en tant que conscience de Pinocchio.
28:21 Très vite, la fée bleue explique à la salle
28:24 que c'est eux la conscience de Pinocchio.
28:27 Et ce qui est très drôle, c'est qu'on leur donne
28:29 à certains moments le droit de le faire,
28:31 mais que ça arrive qu'ils le font à des moments
28:34 où on ne pensait pas qu'ils le feraient.
28:35 - Ah oui, mais ils se déchaînent complètement dans la salle,
28:37 on est à guignol.
28:38 - Un petit peu.
28:38 - Ils se lèvent de leur fauteuil, ils vont vers la scène.
28:40 Enfin, c'est assez délirant.
28:41 - Ils sont...
28:42 - Alors, la troupe, ce sont cinq comédiens,
28:45 des inconnus,
28:46 et le casting a été beaucoup plus difficile
28:49 que vous le pensiez au départ, Olivier Solivérès.
28:51 - Oui, parce que déjà, trouver Gepetto,
28:54 ce n'est pas évident.
28:55 Je voulais vraiment des acteurs drôles,
28:59 mais aussi poétiques et qui chantent très bien.
29:02 Oui, j'ai eu un très gros casting.
29:04 Ça a été très long.
29:05 - Il faut trouver les bonnes personnes.
29:06 Il y a pourtant beaucoup de comédiens en France
29:08 qui peuvent faire ça, qui apprennent tout.
29:09 - Oui, oui, c'est de plus en plus.
29:12 Je pense qu'avant...
29:14 Ce que je vois surtout, c'est qu'avant,
29:15 les comédiens ne voulaient pas trop aller
29:17 dans les spectacles jeunes publics.
29:19 Alors que maintenant, ce n'est plus le cas.
29:20 Si vous saviez le nombre de CV que je reçois
29:22 tous les jours,
29:23 parce qu'ils voient, et pas que moi,
29:25 ils voient que les spectacles jeunes publics
29:27 sont de plus en plus haut de gamme,
29:29 qu'ils prennent du plaisir.
29:31 Moi, j'ai des comédiens,
29:32 ils jouent mon spectacle depuis 8 ans, 11 ans.
29:35 Le beau sud de Notre-Dame,
29:36 j'ai une comédienne qui s'appelle Clara Hays,
29:37 que j'embrasse,
29:38 qui joue depuis 11 ans, Esmeralda.
29:40 Elle a commencé à l'AV,
29:42 18 ans, 19 ans, voilà, elle a 30 ans maintenant.
29:44 - Est-ce que vous avez fait évoluer
29:46 le spectacle pour enfants ?
29:47 Pendant longtemps, c'était des cantines
29:50 avec un décor en carton-pâte.
29:51 - Oui, je ne sais pas si c'est moi
29:52 qui l'ai fait évoluer,
29:53 vous êtes gentil de dire ça, mais...
29:55 Oui, moi, je...
29:57 En tout cas, je ne me dis pas
29:58 je fais un spectacle pour enfants,
30:00 donc ça doit être moins bien.
30:01 Non, moi, je veux faire un beau spectacle
30:02 pour moi, pour mes enfants, à moi.
30:04 Et je ne me dis pas...
30:05 Et puis maintenant, surtout que j'ai...
30:06 Oui, ça marche.
30:07 Oui, mes spectacles durent longtemps,
30:09 donc j'ai la chance d'avoir des théâtres
30:11 qui m'appellent, qui me font des commandes
30:13 et qui mettent l'argent,
30:15 on ne va pas se mentir, et qui me...
30:16 Voilà, qui ne rechignent pas
30:18 et qui se disent "Vas-y,
30:19 moi, pour Les Aventures de Pinocchio,
30:22 je remercie le Théâtre des Maturins,
30:23 ils m'ont donné carte blanche".
30:24 - Oui, d'autant plus qu'il y a des effets spéciaux.
30:26 Ça, c'est nouveau,
30:27 les effets spéciaux au théâtre
30:29 et pour les enfants.
30:29 - Oui, oui, vous avez la chance que j'ai.
30:31 Vous voyez la baleine en hologramme.
30:35 Oui, ça coûte cher en plus à faire.
30:37 - Et ça aussi, vous avez découvert ce principe
30:39 dans les spectacles précédents.
30:41 - Oui, c'est pour Space Wars, au Théâtre Michel.
30:43 Moi, j'aimais pas trop la vidéo,
30:44 j'aimais pas trop la vidéo au théâtre.
30:46 Et puis pour Space Wars,
30:48 donc il fallait que je fasse
30:48 beaucoup, beaucoup de décors.
30:50 Et quand vous faites des spectacles pour enfants,
30:52 eh bien, vous n'avez pas la place beaucoup,
30:54 parce qu'il y a les grands.
30:56 Et c'est Sébastien Zobardi
30:57 qui dirige d'ailleurs le Théâtre Michel,
30:59 qui m'avait dit "J'adorerais avoir
31:00 un spectacle pour enfants,
31:01 mais j'ai pas de place".
31:02 Si seulement j'avais un spectacle
31:04 avec que de la vidéo, ça prendrait moins de place.
31:06 J'ai dit "Mais attends,
31:06 mais moi j'ai Space Wars si tu veux,
31:08 c'est tout en vidéo".
31:09 Parce que je trouvais que ça correspondait
31:10 bien à la vidéo.
31:11 Et là, on s'est éclaté.
31:12 C'est un jeune homme,
31:13 qui s'appelle, jeune homme ?
31:14 Un monsieur qui s'appelle Sébastien Mizermont,
31:15 qui m'a fait mes vidéos depuis des années
31:17 et qui maintenant fait les vidéos de tout Paris,
31:19 qui est incroyable.
31:20 - Et ça, c'est nouveau aussi au théâtre.
31:22 Space Wars, c'est une parodie de Star Wars.
31:24 Et ce qu'on ne sait pas d'ailleurs,
31:25 c'est qu'après avoir mordu dans un hamburger
31:28 et en déposant une olive sur le côté,
31:30 est né dans l'esprit de Georges Lucas,
31:32 l'idée du faucon millénaire.
31:34 - Et ça, je savais.
31:34 - C'est étonnant ça.
31:35 - C'est étonnant, je l'avais lu aussi.
31:37 C'est incroyable.
31:37 - Alors, il y a aussi dans ce spectacle,
31:39 beaucoup de ces effets spéciaux.
31:41 Mais il y a aussi,
31:42 vous avez inventé un genre qui est le pré-show.
31:44 Les gens arrivent dans la salle
31:46 et il se passe déjà quelque chose
31:47 de totalement délirant.
31:49 - Oui, alors, c'est très drôle que vous disiez ça
31:51 parce que j'ai eu ce débat
31:53 il y a quelques jours avec Jean-Marc Dumonté,
31:54 que j'embrasse,
31:55 mon producteur du sac d'épois disparu,
31:57 puisque c'est vrai que le pré-show,
32:00 je le fais depuis 12 ans, 15 ans,
32:02 depuis le Bossu Notre-Dame.
32:04 - Votre premier spectacle pour enfants.
32:05 - Mon premier spectacle pour enfants,
32:06 le Bossu Notre-Dame,
32:07 au point virgule,
32:08 après 4 ans de hado,
32:10 Antoinette Collin, la directrice,
32:12 me dit "tu ne veux pas me faire un spectacle pour enfants ?"
32:14 Je lui fais le Bossu Notre-Dame,
32:16 qui était tout masqué,
32:17 façon Comédie-Adele Arte,
32:19 puisque je viens de là.
32:20 Et en fait, dès la première,
32:22 tous les enfants, quand on a ouvert le rideau,
32:24 se sont mis à pleurer.
32:25 Ils avaient peur des masques.
32:27 Et donc dès la deuxième,
32:28 j'ai dit "combien vous savez quoi ?
32:29 Je pense qu'ils ne sont pas encore assez habitués aux masques.
32:31 Il faudrait qu'on fasse un pré-show
32:33 qui vous voit dans la queue, etc.
32:35 Et faisons."
32:35 Et c'est né de là, les pré-shows.
32:36 C'est né de ça.
32:37 Et du coup, je l'ai fait après,
32:39 parce que j'ai vu que les gens,
32:40 les parents adoraient ça.
32:41 Ils disaient "c'est chouette,
32:42 on n'est pas là en train d'attendre
32:43 pendant une demi-heure,
32:44 il se passe quelque chose sur scène."
32:45 Donc oui, je l'ai fait.
32:47 Et j'ai eu ce débat-là,
32:48 il y a quelques jours,
32:49 puisque dans le cercle des Poids Disparus,
32:52 je me suis dit "mais pourquoi je ne le fais pas aussi
32:54 pour le cercle des Poids Disparus ?"
32:56 Donc oui, aussi, au cercle des Poids Disparus,
32:58 vous verrez, il y a un pré-show.
33:00 Qui est en plus un peu...
33:03 un petit peu extraordinaire, vous verrez.
33:04 - Alors ce qui est extraordinaire aussi,
33:05 c'est qu'à chaque fois,
33:06 il se passe des choses délirantes
33:07 pour les parents, pour les enfants.
33:09 Dans le Pinocchio, il y a une pêche à la ligne,
33:11 il y a...
33:12 - Un pré-show, oui.
33:12 - Il y a...
33:13 Mais ça fait rire les enfants et les parents.
33:16 - Ben j'essaye, oui.
33:17 - Il faut à chaque fois trouver quelque chose de différent.
33:18 - Oui, exactement.
33:19 - Ce n'est pas simple.
33:20 - Ce qui est drôle aussi,
33:21 c'est que l'année dernière,
33:22 j'ai la chance d'avoir un spectacle au Théâtre Michel
33:26 et juste à côté au Théâtre des Maturins, un autre.
33:28 J'ai Space Wars,
33:29 j'ai Chevalier, Princesse et Dragon
33:30 qui jouent en même temps à 14h
33:32 dans deux théâtres qui sont collés.
33:34 Et du coup, l'année dernière, j'ai décidé de...
33:36 Chacun fait aussi un pré-show dans le théâtre
33:38 et j'ai décidé de faire le pré-show dans les autres salles.
33:43 Donc à un moment donné,
33:44 Chevalier va au Théâtre Michel
33:46 et Space Wars va au Théâtre des Maturins.
33:48 Ils font aussi un petit pré-show.
33:50 Alors on a inventé aussi la communication comme ça.
33:53 - Alors c'est vrai que ces spectacles-là,
33:55 vous les testez auprès de vos enfants ?
33:57 - Oui, c'est mon premier public.
33:59 Pinocchio, c'était une demande de ma fille,
34:02 qui a quatre ans et demi, Emma.
34:03 - Et quand un gag ne marche pas auprès des enfants,
34:06 vous l'éliminez ?
34:06 - Directement, oui.
34:08 J'essaie de leur expliquer,
34:10 mais...
34:11 Et puis, vous savez, mes enfants,
34:12 c'est mon public le plus dur.
34:14 Ils vont me dire quand ils n'aiment pas.
34:15 Space Wars, je l'ai fait pour mes grands
34:17 qui ont 10 et 13 ans,
34:19 qui eux, maintenant,
34:21 ils voulaient un truc pour les plus grands, Space Wars.
34:23 Oui, oui, et puis je leur lis,
34:25 dès que j'ai un petit doute,
34:26 j'écris à la maison, j'écris en vacances,
34:29 et je dis "Tiens, venez voir, je peux vous lire ça."
34:31 Et alors je leur fais les personnages, etc.
34:33 Et puis si je vois que ça arrive,
34:34 bon, je le garde.
34:35 Et puis si je vois que ça arrive pas,
34:37 ou alors ils me disent "C'est nul, on comprend rien."
34:39 Je passe vite.
34:40 - Ouais, il y a dans "Chevalier, princesse et dragon",
34:42 le chevalier, il s'appelle Maurice.
34:44 Les enfants ne comprennent pas forcément.
34:45 - Non.
34:46 - Mais les parents rigolent.
34:47 - Chevalier Maurice, oui.
34:49 Maurice Chevalier.
34:49 - Oui, exactement.
34:50 Et d'ailleurs, qui a fait un jour une chanson comique.
34:53 Il a parodié "C'est mon homme" de Miss Tinguette
34:55 en faisant "C'est ma bonne".
34:57 Et il a parodié Valencia avec Balancelat,
34:59 ce qui ferait scandale à cette époque.
35:01 - Exactement.
35:02 - Mais c'est un nouvel univers qui va aller très loin.
35:04 Vous allez encore plus loin que Pinocchio et d'autres.
35:06 Je suis sûr que vous allez continuer.
35:07 - Je sais pas.
35:08 Je sais pas, mais en tout cas, mes enfants me poussent.
35:11 Ma fille m'a déjà demandé le prochain.
35:14 Donc voilà, mais bon, je...
35:15 Je précise que "Les Voyages de Pinocchio",
35:17 c'est au théâtre des Maturins.
35:18 Alors, il y a des horaires le samedi et le dimanche.
35:21 Et puis, à côté de ça, dans un autre théâtre,
35:24 il y a un rêve que vous concrétisez.
35:26 On en parle avec la date du 24 janvier 2024.
35:29 A tout de suite sur Sud Radio avec Olivier Solivérès.
35:32 - Sud Radio, les clés d'une vie.
35:34 Jacques Pessis.
35:35 - Sud Radio, les clés d'une vie.
35:36 Mon invité, Olivier Solivérès.
35:38 Alors, j'ai calculé, effectivement,
35:40 vous avez régulièrement sept spectacles à la fiche.
35:43 C'est quand même pas mal. C'est un record.
35:44 - Je sais pas si c'est un record, mais oui, oui.
35:47 Sept en même temps qui jouent tous les samedis,
35:49 tous les dimanches, tous les jours pendant les vacances scolaires.
35:52 Et d'ailleurs, dans différents théâtres, c'est incroyable.
35:54 - Au final, d'ailleurs,
35:55 les comédiens disent que l'auteur est dans la salle.
35:57 Vous n'êtes jamais là.
35:58 - Je ne suis pas dans toutes les salles.
35:59 Mais j'essaie de faire le maximum.
36:01 Mais oui, je ne suis pas toujours là.
36:02 - Alors, ça, ce sont les spectacles pour enfants.
36:05 "Pinocchio" qui triomphe en ce moment.
36:06 Il y en a d'autres.
36:07 Mais depuis le 24 janvier 2024,
36:10 vous avez concrétisé un rêve en mettant en scène au Théâtre Antoine
36:13 l'adaptation d'un film cher à votre cœur.
36:16 "Le cercle des poètes disparus".
36:23 Et c'est en voyant ce film, finalement,
36:25 que vous avez eu envie de faire ce métier, Olivier Solivérès.
36:27 - J'avais déjà envie, mais ça a été...
36:29 Oui, pour moi, ça me parlait complètement.
36:31 C'était... Ça a concrétisé mon envie de faire du théâtre.
36:35 - Vous vous souvenez, c'était à quel âge ?
36:36 C'était où ?
36:36 - Oui, j'étais en troisième à peu près.
36:39 - Et vous allez au cinéma et vous voyez...
36:40 - Je l'avais vu avec la classe.
36:41 Avec ma classe, oui.
36:43 Et après, en seconde, j'ai eu un professeur qui était comme ça.
36:47 Un professeur de français qui nous faisait pousser les tables,
36:51 pousser les chaises, fermer les fenêtres,
36:53 mettre des bougies et faire lire des textes.
36:55 - Et vous vous êtes senti proche d'un des personnages, immédiatement ?
36:58 - Oui, de Niel Péré, oui, complètement.
36:59 - Pourquoi ?
37:00 - Parce que c'était...
37:03 Je veux pas dire que mes parents voulaient pas que je fasse du théâtre,
37:05 mais Niel, son père,
37:07 ne voulait vraiment pas du tout qu'il fasse du théâtre.
37:09 Mes parents m'ont jamais empêché de faire du théâtre.
37:12 De là à franchir le pas pour dire...
37:14 Faisant un métier, oui, c'est compliqué,
37:16 surtout quand vos parents sont en profession libérale.
37:19 Voilà, mais...
37:20 Oui, ça m'a marqué, cette envie,
37:23 cette soif de vouloir faire du théâtre à tout prix,
37:26 oui, ça m'a marqué.
37:27 - Et il faut savoir que le cercle des poètes disparus,
37:29 c'est basé sur les propres souvenirs de collège du scénariste Tom Schulman,
37:33 qui a ensuite remporté l'Oscar du meilleur scénario.
37:35 Et vous, c'est pas des souvenirs, mais c'est pas loin quand même.
37:39 - Ouais, c'est pas loin, c'est pas loin.
37:41 C'est vrai que c'est un projet qui me tenait à cœur depuis 11 ans
37:45 et que je suis heureux d'y arriver aujourd'hui.
37:48 J'y crois pas trop d'ailleurs, même moi encore aujourd'hui.
37:50 - Donc vous aviez décidé il y a 11 ans de faire ce spectacle.
37:52 - Pour mon petit frère Thomas Alivérès et William Eleb Gill à l'époque,
37:55 qui jouaient dans le Boston Notre-Dame.
37:57 Et je cherchais un projet pour les mettre en scène
38:00 dans un projet adulte.
38:02 Et je cherchais, puis tout d'un coup, le cercle des poètes disparus,
38:05 parce qu'il n'y a pas beaucoup de rôles de jeunes en théâtre.
38:08 Il n'y en a pas beaucoup.
38:09 D'ailleurs, ça a donné mes castings d'après,
38:12 où j'ai eu énormément de demandes de jeunes
38:14 qui voulaient jouer dans le cercle des poètes disparus.
38:16 Donc pour moi, c'était ça. Ça partait de ça.
38:18 Mon film préféré, pouvoir donner la chance à des jeunes sur scène,
38:21 pouvoir mettre en scène mon petit frère,
38:23 c'était ça le but à la base.
38:24 - Et alors finalement, le problème, ça a été de récupérer les droits.
38:28 - Entre autres, oui.
38:28 Je suis allé voir mon producteur de l'époque, Dado,
38:31 donc Jean-Marc Dumontet, je lui ai dit
38:32 "Écoutez, Jean-Marc, j'ai une idée,
38:33 est-ce que vous n'avez pas qu'on adapte le cercle des poètes disparus ?"
38:35 Il m'a dit "Quelle bonne idée, allons-y, on fonce,
38:37 on appelle les Américains, on achète les droits."
38:40 Les Américains, comme souvent, nous ont dit "No way,
38:42 il n'y a pas de pièces de théâtre, on ne donne pas les droits."
38:46 - Oui.
38:47 - Donc voilà, terminé.
38:48 - Qu'est-ce que vous avez fait ?
38:49 - J'ai pleuré.
38:50 - Oui ?
38:51 - Non, j'étais triste, je me suis dit "Bon, c'est raté."
38:53 Et deux ans après, je me souviens très bien de l'endroit où j'étais,
38:57 de ce coup de fil que j'ai reçu,
38:59 mon agent littéraire, à l'époque, m'appelle et me dit
39:03 "Écoute, les Américains, en fait, on ne l'a pas vu passer,
39:06 mais tu leur as donné l'idée, ils l'ont fait, la pièce de théâtre à Bordeaux,
39:09 pendant deux mois, avec Jason Sudeikis dans le rôle titre,
39:13 et ils viennent nous appeler en disant "Ça y est, si vous voulez,
39:15 on a la pièce de théâtre, est-ce que vous êtes toujours intéressé ?"
39:19 Et donc voilà, là, j'appelle tout de suite Jean-Marc,
39:22 "Allons-y, on fonce."
39:24 Et donc là, il a fallu récupérer les droits, etc.,
39:27 beaucoup de gens les voulaient, etc., etc., et ça a été long.
39:31 Et puis après, trouver l'acteur principal.
39:32 - Et d'abord, trouver l'adapter en français.
39:34 - Voilà, moi très vite, je me suis tourné sur Gérald Cibleras,
39:38 j'aimais beaucoup son travail, donc très vite,
39:40 moi je ne parlais pas assez bien anglais pour l'adapter,
39:42 donc j'ai demandé à Gérald de le faire.
39:45 Et voilà, et puis il y a eu, on a fait, Gérald et moi,
39:48 on a fait onze versions, on est allé jusqu'à onze versions.
39:50 - Pourquoi ?
39:50 - Bah parce que j'étais pas toujours satisfait,
39:53 et puis on a repris, parce que c'est long, il faut reprendre,
39:56 alors on partait, on partait pas du film,
39:57 on partait de la pièce de théâtre que les Américains nous avaient donnée.
40:00 Ils ont vraiment créé une pièce pour Broadway,
40:02 donc moins de personnages, etc., et donc on est parti de ça,
40:05 et puis on y a mis notre patte aussi à nous,
40:07 les souvenirs que j'avais, puis je voulais, j'avais,
40:10 je voulais vraiment que ça reste année 50 américaine,
40:13 que les gens, je voulais vraiment montrer cette époque,
40:15 et c'était important pour moi que les gens fassent aussi le rap,
40:18 voilà, cette passerelle entre aujourd'hui et une autre époque.
40:22 - Oui, parce que finalement, il y a une discipline en 59 à l'école en Amérique
40:27 que vous avez retranscrit dans ce spectacle, Olivier Solilès.
40:29 - Exactement, oui, c'est important pour moi de parler de ça.
40:31 Voilà comment c'était à une époque.
40:32 Alors je dis pas que c'est bien, je dis pas que c'est pas bien,
40:35 mais ça se passait comme ça.
40:36 Alors c'est très drôle, puisqu'aujourd'hui,
40:38 on parle de remettre l'uniforme à l'école, etc., etc.
40:41 Donc après, chacun fait son choix, chacun se fait son idée,
40:43 moi je laisse les gens sortir de la salle,
40:45 mais c'est drôle parce que, il n'y a pas que ça,
40:47 ça parle de plein d'autres choses, ce spectacle.
40:49 - Oui, parce que finalement, dans le film original,
40:52 il y avait des valeurs qui vous sont chères,
40:54 la transmission et la passion d'aller au bout de ses rêves.
40:57 Ça, c'est quelque chose d'essentiel pour vous,
40:58 qui vous a aussi donné envie de faire cette pièce.
41:00 - Essentiel.
41:01 Vous savez, mes parents...
41:04 Alors moi, j'ai pas eu mon baccalauréat,
41:07 et mes parents étaient très tristes que je n'ai pas mon baccalauréat,
41:11 parce que c'était un peu même la honte pour eux,
41:13 ils ont beaucoup d'amis médecins à l'époque,
41:16 et qui, tous leurs enfants avaient eux eu leur bac,
41:19 et mes parents étaient un peu tristes et un peu embêtés que moi je l'ai pas eu,
41:25 parce que je n'avais pas du tout assez travaillé.
41:27 Et bien c'est leurs amis qui ont dit à mes parents,
41:31 "Mais Olivier, il sait ce qu'il veut faire depuis qu'il a l'âge de 9 ans,
41:34 il a une passion qu'il a à l'âge de 9 ans,
41:36 laissez-le faire sa passion.
41:38 Nous, nos enfants, ok, ils ont eu leur bac,
41:40 mais ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire de leur vie,
41:42 laissez-le faire."
41:44 Et donc ils m'ont dit, "Alors ok, décide ce que tu veux faire maintenant."
41:47 - Et aujourd'hui vous faites ce spectacle.
41:49 - Les choses ne changent pas,
41:51 changez votre façon de les voir.
41:53 [Musique]
41:56 Vous croyez savoir quelque chose, vous pensiez voir loin.
41:58 - C'est vrai que même les musiques correspondent à l'époque.
42:02 - Ah bah oui, oui, tout.
42:03 On est dans les années 50.
42:04 Et vous verrez au début, si vous venez bien en avance,
42:06 vous verrez qu'on est plongé directement dans les années 50 américaines.
42:10 - Moi je me souviens avoir rencontré Carl Perkins,
42:11 l'auteur de Blue Sledgehose aux Etats-Unis,
42:13 qui avait une voiture avec écrit "Blue" derrière,
42:16 et une chemise bleue en permanence.
42:17 C'était extraordinaire.
42:19 Alors, il a fallu trouver les acteurs.
42:21 Vous utilisez régulièrement les acteurs inconnus,
42:25 mais là il fallait une tête d'affiche, Olivier Solévéresse.
42:27 - Oui, oui.
42:28 C'est une très grande salle, à Trentoine, donc oui,
42:30 il nous fallait une tête d'affiche.
42:32 Et donc on a vu plusieurs acteurs, jusqu'à...
42:37 Et puis en fait, on a fait en amont d'abord trouver les jeunes.
42:40 Donc là j'ai fait un gros gros casting.
42:42 Je pensais faire un casting d'une journée,
42:44 ça a duré plus d'une semaine le premier tour.
42:46 J'ai reçu plus de 1800 demandes.
42:48 J'avais des jeunes qui n'avaient même pas de rendez-vous,
42:50 qui venaient me mettre dans la queue
42:53 en espérant pouvoir que je puisse les voir.
42:54 Je recevais des textes d'agents de partout,
42:57 de France, qui m'envoyaient des jeunes.
43:00 Et donc c'est là où déjà on s'est dit "Ouh là, oui, il y a du monde".
43:03 Et puis donc j'ai trouvé les jeunes,
43:04 et après, trouvé l'acteur principal.
43:06 Donc j'ai fait des lectures avec les acteurs chevronnés,
43:10 et les jeunes, et Stéphane Fresse a été une évidence tout de suite.
43:14 - Il a hésité au départ à venir, et il a fait retransformer un peu le texte.
43:17 - Alors, il a hésité d'une part parce qu'il avait jamais vu le film.
43:22 Il a fait la lecture avec les jeunes,
43:24 et là il a pris une claque.
43:26 D'ailleurs il me l'a dit, il a tout de suite dit, il a dit "Ah !"
43:29 Quand j'ai commencé, il était là, tranquille à faire sa lecture,
43:32 et puis tout d'un coup il a entendu les jeunes,
43:34 et là il s'est dit "Ouh là, ah oui, j'ai un TGV à côté de moi".
43:38 Donc il s'est commencé à se mettre, et ça a été incroyable.
43:42 Et puis voilà, et puis après oui, on a retravaillé,
43:44 Baggerald, Sibleras, avec Stéphane Fresse et moi,
43:47 on a retravaillé, oui, pour qu'on soit tous d'accord sur le texte, c'était important.
43:52 - Aux Etats-Unis, pour le film, il y a eu le même problème, je sais pas si vous le savez.
43:55 Au départ c'était Liam Nelson qui devait jouer le rôle principal,
43:58 et le metteur en scène a changé, et c'est comme ça que Robin Williams a eu le rôle.
44:02 C'est quand même quelque chose de particulier.
44:04 Alors, ça veut dire aussi qu'il fallait le mettre en scène avec l'esprit de la classe.
44:09 C'était important, avec un tableau géant.
44:13 - Oui, alors ça j'ai cherché beaucoup, j'ai eu beaucoup d'intégralité.
44:16 En plus je suis j'aimo, donc je suis, ma femme qui est elle, Bélier,
44:21 imaginez bien, elle fonce, moi je mets toujours deux heures à décider ce que je veux faire.
44:25 Et là j'ai mis du temps à savoir ce que je voulais faire comme décor, oui.
44:29 Je ne savais pas si j'allais faire un décor très réaliste ou alors être un peu plus imagé.
44:34 Et puis est arrivée cette idée de grand décor géant de plus de 9 mètres de long,
44:38 pour pouvoir symboliser les choses.
44:39 Je voulais très vite que les gens se disent "Ok, il n'est pas en train de nous faire le film".
44:44 Et je pense que pour l'instant, vu les retours, c'est ce que les gens se disent.
44:47 Je ne fais pas une copie collée du film, moi je fais une pièce de théâtre.
44:50 - Et il y a une projection de vidéo, avec des craies.
44:54 - Un petit peu, oui, avec des craies sur le tableau.
44:57 - Alors, le personnage qui vous a fasciné dans le cercle des potes disparus,
45:02 c'est ce Professeur Keating, dès le départ.
45:04 C'est quelque chose qui vous a marqué ?
45:05 - Je pense que tout jeune adolescent rêverait d'avoir un prof comme ça.
45:10 Oui, il est incroyable.
45:11 Il donne envie, cette passion, je disais toujours à Stéphane Fresse,
45:14 "Voilà, sois passionné, sois passionné, il faut que tu entraînes les élèves sur scène,
45:18 mais que tu entraînes les jeunes, les gens dans la salle aussi, qu'ils soient passionnés".
45:22 Et c'est drôle, on a joué là, ça fait 5 jours qu'on joue,
45:25 j'étais devant la salle il y a 2-3 jours,
45:28 et il y a des jeunes de 25 ans qui sortent,
45:31 les larmes aux yeux, et qui commencent à dire "Roh, et voilà".
45:34 Et nous, là, on se retrouve dans notre vraie vie.
45:37 Et je trouvais ça génial de se dire,
45:38 ils ont envie de faire autre chose peut-être,
45:43 de vivre de leur passion.
45:43 Moi c'est ça que je rêverais, que les gens se disent en sortant,
45:46 "Ouais, j'ai toujours voulu faire du piano,
45:48 pourquoi je ne reviens pas à mes cours de piano ?"
45:50 C'est ça qui donne Keating, il donne l'envie de faire des choses.
45:54 - Oui, mais vous avez aussi un privilège, c'est d'être un passionné,
45:57 c'est pas si courant aujourd'hui, hélas.
45:59 - Oh, je pense quand même,
46:00 je pense que j'ai cette chance-là, oui, d'être passionné par ce que je fais,
46:04 de vivre de ma passion, ça c'est la plus grande chance que j'ai, oui.
46:07 - Mais avec de la persévérance et l'effort, comme dans le film,
46:10 et comme dans les pièces.
46:11 - Moi je me suis fait tout seul, ça c'est bien, on est bien d'accord.
46:13 J'ai pris mon temps, j'ai poussé personne, je vais doucement.
46:16 Vous savez, quand j'ai été nommé au Molière pour le Bossé Notre-Dame la première fois,
46:20 ce qui m'a touché le plus, c'est que les gens m'envoyaient des textos en me disant,
46:24 "Tu l'as mérité".
46:26 Pas par le spectacle, mais tu l'as mérité,
46:28 et parce que tu t'es fait tout seul.
46:30 Je me souviens que je construisais moi-même mon décor
46:33 jusqu'à 6h du matin, la veille de la première.
46:37 Ouais, j'ai pris mon temps, ça a été long, mais voilà, c'est très bien comme ça.
46:41 - Et puis il y a une expression qui est popularisée dans le film
46:44 et qui est présente dans la pièce, c'est "carpe diem".
46:47 Ça aussi, bon, peu de gens savaient ce que ça voulait dire avant le film.
46:50 - Oui, et après, beaucoup de gens,
46:54 on en a eu beaucoup ce débat avec Stéphane Fresse d'ailleurs,
46:56 parce qu'après il y a des gens qui n'ont pas vraiment compris "carpe diem".
46:59 "Carpe diem", ça ne veut pas dire "faites n'importe quoi".
47:02 Ça ne veut pas dire "claquez la porte et faites n'importe quoi".
47:04 Il faut penser, il faut savoir ce qu'on veut.
47:06 Ça veut dire vraiment "cueille le jour présent".
47:08 Ça veut dire "ne pense pas au lendemain, pense au présent déjà".
47:11 Voilà, et essaye de cueillir la fleur du jour présent.
47:16 C'est beau.
47:17 - Alors "carpe diem", pour l'instant, c'est écrit, je ne sais pas si vous le savez,
47:20 pour l'éternité sur la plaque de ciment de Raybould Williams
47:23 au Chines Theatre de Los Angeles.
47:25 - Incroyable. - C'est incroyable.
47:27 - Nous, on finit par "carpe diem" écrit sur le tableau.
47:30 Et puis, il y a une question que vous vous êtes posée.
47:32 Est-ce qu'on peut réellement penser par soi-même ?
47:34 Et ça, pour vous, c'est très important, Olivier Solivérès.
47:37 - Oui, je pense qu'on est dans une société où, malheureusement,
47:41 de plus en plus, on nous empêche de penser par soi-même.
47:44 Et oui, c'est une question importante.
47:46 Et j'ai envie que les gens se disent ça.
47:48 Est-ce qu'on peut penser par soi-même encore aujourd'hui ?
47:51 Je ne sais pas, je vous laisse réfléchir à ça.
47:53 - Mais finalement, votre spectacle arrive au bon moment.
47:55 Il y a dix ans, on ne s'en serait peut-être pas eu.
47:57 L'impact d'actualité. - Peut-être.
47:59 - C'est le destin, encore. - C'est le destin, exactement.
48:00 - Alors, aux États-Unis, la pièce qui a existé, et le film,
48:04 les écoles, les étudies, les universités les étudient.
48:08 Est-ce que vous pensez qu'en France, ce serait possible ?
48:09 Est-ce que vous attendez au théâtre des écoles, des universités ?
48:13 - On a énormément d'écoles qui viennent voir le spectacle, déjà.
48:16 Il y a énormément de collèges qui ont déjà réservé leur place.
48:21 Oui, il y a beaucoup de professeurs de français
48:22 qui veulent montrer le film, montrer la pièce à leurs élèves, déjà, énormément.
48:27 - Est-ce que vous pensiez que la dimension de ce film, de ce souvenir, était aussi fort ?
48:31 - Alors, oui.
48:34 Enfin, en tout cas, quand j'en parlais autour de moi,
48:36 et ça fait onze ans que je voulais faire ce projet,
48:38 donc j'ai eu le temps d'en parler autour de moi,
48:40 je me suis rendu compte que ça parlait à plein de générations.
48:43 Mais vraiment plein.
48:44 Pas qu'à une, pas qu'à la mienne, les gens qui ont 40 ans.
48:47 Non, ça parlait aux gens de... Même les trentenaires.
48:50 J'ai beaucoup de gens de 30 ans, de 25 ans dans la salle.
48:53 Des gens qui ont 75 ans, qui ont l'âge de mes parents.
48:56 Ça parlait à plein de générations.
48:58 C'était drôle.
48:59 Et d'ailleurs, quelqu'un m'a dit, j'ai l'impression que quand on est jeune,
49:02 le premier qu'on filme, qu'on nous demande "c'est quoi votre film préféré ?"
49:05 Souvent on dit "Le Cercle des Poètes Disparues".
49:07 C'est marrant comme ça a marqué beaucoup de générations comme ça.
49:09 - Eh bien, j'espère que ce sera aussi la pièce préférée de plein de générations.
49:12 C'est le Théâtre Antoine, tous les soirs à 21h, le samedi, le dimanche à 16h,
49:17 avec ce pré-show, avec ses comédiens, avec Stéphane Fresse et votre écriture.
49:21 Et en même temps, quand on a vu "Le Cercle des Poètes Disparues",
49:23 on court au Théâtre des Matures pour voir "Les Voyages de Pinocchio"
49:26 et puis les autres spectacles quand on a le temps.
49:27 - N'hésitez pas, exactement.
49:29 - Merci, bravo de tout ce parcours et continuez ainsi, ne lâchez rien.
49:32 - C'est gentil, merci Jacques.
49:33 - Carpe diem.
49:34 - Carpe diem, merci Jacques.
49:35 - Merci Olivier Solivérez, c'est "Cliquet d'une vie".
49:38 C'est terminé pour aujourd'hui.
49:39 On se retrouve bientôt.
49:40 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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