Avec Jean-François Bridet, conseiller municipal d’opposition, vice-président à la biodiversité de la Région Centre-Val-de-Loire à Chartres (Eure-et-Loire)
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NewsTranscription
00:00Le petit matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Glaze.
00:04Il est à 6h40 Sud Radio, la vie en vrai, c'est un projet qui suscite colère et incompréhension.
00:10A Chartres, des arbres centenaires ont été abattus pour y mettre à la place des parasols géants du béton.
00:15L'opposition dénonce une trajectoire anti-historique et nous sommes avec Jean-François Bridet. Bonjour.
00:21Bonjour.
00:22Et soyez le bienvenu sur Sud Radio, vous êtes conseiller municipal d'opposition écologiste à Chartres,
00:26par ailleurs vice-président à la biodiversité à la région Centre-Val-de-Loire.
00:30Alors c'est en octobre dernier que la ville a abattu ses 10 arbres centenaires
00:34pour y mettre à la place 32 parasols géants sur le parvis de la cathédrale de Chartres.
00:39Des parasols qui vont être déployés cette semaine, c'est ça ?
00:44Oui, c'est prévu le 17.
00:47Le 17.
00:48C'est la colère qui domine chez vous, le sentiment d'incompréhension aujourd'hui ?
00:54L'incompréhension plus que la colère, parce que la colère, vous savez, ça fait quelques années,
00:58bientôt à la fin du quatrième mandat du maire que nous avons appris à l'apprivoiser,
01:03vu les décisions effectivement anti-historiques et surtout anti-démocratiques,
01:08puisque c'est l'absence de concertation qui préside à beaucoup des choix qui sont faits.
01:13Juste une précision, ce ne sont pas des arbres centenaires,
01:15ce sont des arbres qui avaient une quarantaine, cinquantaine d'années.
01:18En revanche, l'iconographie et des vieilles cartes postales démontrent que dès 1850,
01:23à cet endroit-là, il y avait des arbres.
01:25D'accord, précision importante.
01:28Des arbres, en l'occurrence, qui ont été abattus en octobre dernier, en pleine nuit, c'est ça ?
01:32Oui, à trois heures du matin.
01:34Il y avait des amis déjà qui étaient sur place, qui ont pu en témoigner,
01:39comme les voisins d'ailleurs, qui n'avaient pas été avertis de cet abattage nocturne,
01:43qui relèvent pour nous de méthodes aussi, de personnes qui n'assument pas vraiment
01:49ces choix vis-à-vis de la population.
01:52Et tous les témoignages qui ont suivi par la suite,
01:55les gens qu'on a rencontrés sur place, démontrent à quel point il y a une incompréhension
02:00aujourd'hui avec les enjeux environnementaux évidemment et climatiques
02:04que tout le monde comprend, à se passer de ces climatiseurs gratuits.
02:09La ville de Chartres, qui a réagi auprès de nos confrères de France 3,
02:15qui dit qu'il est impossible aujourd'hui sur ce parvis de replanter des arbres en pleine terre
02:19suite à la découverte de caves lors de fouilles archéologiques.
02:24Ça s'entend comme explication, non ?
02:28Alors moi, je suis à la fois architecte et donc président de l'Agence régionale de biodiversité.
02:33Je sais qu'à quel point la présence de l'arbre en ville s'accommode de beaucoup de choses.
02:40Ces caves étaient là depuis le Moyen-Âge, si vous voulez,
02:44et les arbres, eux, sont arrivés dès le XIXe siècle,
02:48et même peut-être avant, mais on n'a pas de traces photographiques.
02:51Donc non, ça n'est pas un obstacle technique en soi.
02:54Et si une dizaine de, et là en l'occurrence d'Acacia, Forobinier était là,
02:59c'est bien qu'ils y ont trouvé à la fois suffisamment de nutriments
03:03et l'accès à l'eau qui leur permettait de s'épanouir.
03:08C'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu aucun problème jusqu'à présent avec ces arbres ?
03:11Non, ni de problème d'ailleurs sur le bâti et le patrimoine alentour.
03:18Non, il y a une décision qui correspond à un projet,
03:21un projet d'aménagement qui est un projet de minéralisation complète
03:26des pourtours de la cathédrale.
03:28Parasols géants, béton, pour remplacer des arbres ?
03:32Oui, alors je dis béton, en apparence c'est de la pierre,
03:36mais sur un lit de 30 à 40 cm de béton armé, en effet.
03:40Et puis on sait qu'un parasol, tout le monde l'a éprouvé,
03:46n'apporte absolument pas les mêmes bénéfices en termes de confort,
03:49de confort d'été que l'ombre d'un arbre,
03:53puisqu'il y a des phénomènes d'évapotranspiration
03:55qui permettent d'abaisser la température.
03:58Et puis il y a aussi à la fois le charme et la poésie pour les riverains,
04:02pour les gens qui sont là, d'entendre les oiseaux au petit matin, par exemple.
04:06Et puis pour les personnes qui habitent dans les étages des immeubles qui sont autour,
04:10c'est ce premier plan, cette vue sur les fronts des ondes,
04:13sur les feuilles, et même chose, c'est un changement complet du charme des lieux.
04:21Si plus est, sur le pari de la cathédrale, alors je ne sais pas à quoi ça ressemble,
04:25c'est parasol géant, mais de manière esthétique, ça fait aussi quelque chose, j'imagine ?
04:30Parce qu'une fois, il y a eu quelques essais de déploiement,
04:34compte tenu de leur dimension et de la densité,
04:36c'est une surface pratiquement continue de toile
04:39qui pourrait s'assimiler à un barnum, si vous voulez,
04:44qui fait que nous craignons, pour les gens, pour les clients,
04:48des cafés et des restaurants qui sont là, lorsqu'ils seront en dessous,
04:52que toute vue soit coupée, et sur le ciel, et sur la cathédrale.
04:57Le maire a l'habitude de dire que son projet, c'est un écrin pour la cathédrale.
05:00Je considère, et on a tellement d'exemples dans le monde entier,
05:04qu'un écrin pour une cathédrale, pour du patrimoine historique,
05:08un écrin végétal, c'est le plus beau des écrins.
05:11Je crois que la ville a quand même prévu de replanter des armes, non ?
05:14À terme ?
05:15Alors, il y a, à quelques dizaines de mètres de là,
05:19la cour d'une école désaffectée,
05:21où il est prévu une implantation de quelques armes,
05:23mais des armes qui existaient déjà il y a 5 ou 6 ans,
05:27qui ont été abattues pour les besoins du chantier.
05:30Donc, ce n'est pas de récompensation, ce n'est juste un remplacement.
05:33Il y a quelques plantations par ailleurs,
05:36mais il y a aussi beaucoup d'arrachages d'arbres,
05:37notamment, je pense, au quartier de la Madeleine,
05:39qui est un quartier populaire, avec d'un habitat locatif, HLM,
05:43où là, il y a quelques semaines,
05:45des dizaines d'arbres qui étaient là depuis 50 ans,
05:48qui profitaient du patrimoine commun,
05:49qui profitaient à toute la population,
05:51qui n'a pas de jardin, visuellement,
05:53et qui venaient pique-niquer en dessous, etc.,
05:55ont été abattus au profit d'une opération immobilière
05:59qui commence ces jours-ci.
06:00En un mot, Jean-François Bridé,
06:02est-ce qu'il y a des actions en cours devant la justice ?
06:05Non.
06:07Aujourd'hui, nous sommes dans une année préélectorale.
06:12Vous connaissez le temps de la justice.
06:14Nous avons déjà eu, avec des collectifs,
06:17affaire au maire vis-à-vis de la justice.
06:19Là, aujourd'hui, le temps est politique.
06:21Une dynamique de position à la fois de gauche,
06:26écologiste et citoyenne est en route.
06:28Nous se nourrions aussi de ces colères,
06:31de ces incompréhensions,
06:32et proposera un projet à construire avec les habitants
06:36au plus près des besoins,
06:39et qui passera plutôt de l'attractivité à l'habitabilité,
06:43si vous voulez, et au bien-être en ville.
06:45Jean-François Bridé, merci d'avoir été avec nous ce matin
06:48sur Sud Radio, conseiller municipal,
06:49opposition écologiste, vice-président à la biodiversité
06:52de la région Centre-Val-de-Loire.
06:53Merci d'avoir été avec nous ce matin,
06:55et passez une très belle journée.