• il y a 10 mois
Jacques Pessis reçoit Reem Kherici : elle a débuté à la télévision avant de se tourner vers le cinéma. Elle a consacré sept ans à écrire, jouer et réaliser « Chien et chat », une comédie évènement par son style et ses effets spéciaux. Le film sort demain.

Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-02-13##
Transcription
00:00 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis. - Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité. Vous avez travaillé comme une bête pendant plusieurs années pour écrire et réaliser un film dont les stars ne sont pas des cabots authentiques comme on en croise parfois sur les plateaux, mais un chien et un chat virtuel, mais néanmoins très attachants. Bonjour, Rime Kérici.
00:21 - Bonjour Jacques, comment ça va ? - Très bien, vous êtes au micro, moi je suis fan depuis toujours. Vous sortez un film demain, Chien et Chat, qu'on va longuement évoquer, et vous avez un parcours atypique et passionnant et passionné, et le principe des clés d'une vie, c'est d'évoquer ce parcours à travers des dates clés.
00:35 Alors, on va le faire ensemble. La première date ne vous concerne pas directement, mais elle est importante dans votre vie, c'est le 22 février 1997, c'est la naissance de Fun TV.
00:45 - Ah ouais ! - Et Fun TV, ça a été votre premier employeur ? - Ça a été mon premier employeur, c'est là où j'ai rencontré Philippe Lachaud, c'est là où j'ai commencé à devenir chroniqueuse, à oser prendre la parole, à être filmée, et à découvrir une autodérision que je ne connaissais pas, et un métier qui me plaisait, qui était celui de divertir.
01:06 - Voilà. Alors, il faut savoir que Fun TV, c'était la première télévision à proposer des interventions et des animateurs filmés, ensuite, grâce à un multiplex et un système analogique, ce que tout le monde fait aujourd'hui, a commencé par Sud Radio, puisqu'on est sur une chaîne YouTube qui a 900 000 abonnés.
01:22 - Alors, vous avez débuté, je crois, comme stagiaire à Fun Radio. - J'ai débuté comme stagiaire à Fun Radio, j'étais ravie de pouvoir servir des cafés à 6h du matin, j'ai beaucoup appris, et j'étais heureuse d'avoir un pied dedans, et quand on vient pas du milieu artistique, pouvoir rentrer dans les coulisses, c'est quelque chose de fou, et y travailler encore plus, donc j'ai vraiment aimé ça.
01:46 - Oui, et vous êtes une privilégiée, parce qu'en général, il faut avoir fait une école pour rentrer aujourd'hui dans une radio ou une télé, c'était pas du tout votre cas.
01:53 - Non, j'avais réussi à avoir une convention de stage, et en fait, c'était un peu le Graal, c'était le ticket gagnant, la convention de stage, et j'encourage d'ailleurs tous les jeunes qui veulent travailler et qui savent pas comment faire, à faire des stages très jeunes, dès la 3ème, pour pouvoir commencer à avoir des petits contacts, et renifler un peu les cordes de métiers qu'on connaît pas forcément.
02:12 - Et des stages où on travaille quelquefois 12 à 15 heures par jour, ça vous arrivait ?
02:17 - Oui, mais moi j'ai jamais vu mon travail comme un travail, encore aujourd'hui, même si je suis éreinté, je suis passionnée, et donc du coup, je compte pas mes heures.
02:26 - Alors, en même temps, les radios, vous les écoutiez à Neuilly déjà, quand vous avez grandi ?
02:31 - Ma maman écoutait les infos à la radio, et je trouvais que ça me parasitait un peu l'esprit, j'aimais pas du tout ça, non. Flash-info, tout ça, je trouvais en fait que les infos en boucle, j'en étais un peu allergique, oui.
02:49 - Et vous savez qu'il y a une station très célèbre qui est née à Neuilly, au moment des radios libres, c'est Pierre Bélanger qui crée le 10 juin, janvier 1983, la Voix du lézard, et c'est une des premières stations interdites, il repart au travail, et il va fonder Skyrock.
03:04 - Ah, génial !
03:05 - Et c'est né à Neuilly, Skyrock. Alors, Neuilly c'est votre ville de naissance, vous avez grandi, et à l'inverse de la radio, il n'y a pas toujours eu de bonnes ondes.
03:13 - Non, non, non, j'ai eu une enfance pas simple, en tout cas très contrastée, difficile, mais je remercie mon destin aussi, parce que la résilience c'est vraiment une de mes clés, et aussi mes petits soucis sont des sources d'inspiration profondes, et qui me permettent de créer en y insufflant finalement beaucoup d'humanité.
03:40 - Alors, il faut savoir, Imker, ici, que votre père est Tunisien, que votre mère est Italienne, qui se sont séparés, et que vous avez grandi la semaine avec votre mère.
03:48 - J'ai grandi la semaine avec ma douce maman, qui s'est sacrifiée pour nous offrir une jolie vie, en tout cas pas une vie dans des conditions où on pouvait apprendre, être dans des bonnes écoles, être entourée d'un bon entourage, et elle voulait nous donner les clés pour pouvoir avancer, oui, avec les bons codes de politesse et tout ce qui va avec.
04:11 - Oui, en même temps, il n'y avait pas beaucoup d'argent à la maison, il fallait se débrouiller.
04:14 - Non, il n'y en avait pas. Mais j'aime bien ça aussi, j'aime bien avoir connu, le mot misère c'est peut-être un peu fort, mais j'aime bien avoir connu la peur du lendemain, parce qu'aujourd'hui j'ai encore énormément la tête sur les épaules.
04:33 - La priorité quand j'ai commencé à gagner des sous, c'était de pouvoir m'offrir un toit, parce que je n'avais pas envie d'être angoissée comme ma maman, et comme beaucoup d'autres mamans, hélas, aujourd'hui, à ne pas savoir comment payer son loyer.
04:44 - Et ça m'a aussi permis de me dire qu'il était très important de pouvoir être accomplie en tant que femme de manière professionnelle, et de ne pas compter sur un homme pour ça, parce que justement quand on se sépare, quand on divorce, on est un peu mal en point.
04:58 - C'est ce qu'était ma mère, mais ce sont des leçons de vie que j'ai adoré avoir, et que j'essaie quand même d'inculquer à mes fils aujourd'hui.
05:06 - À propos de leçons, il y a une chanson qui date de bien avant votre arrivée sur Terre, que vous auriez sans doute chantée si vous aviez grandi à cette époque.
05:14 - Qui a eu cette idée folle, un jour d'inventer l'école ?
05:22 - C'est ce sacré Charlemagne !
05:25 - En fait, France Gall, quand elle l'a enregistrée, elle a dit "vous ne sortirez pas ce disque, il est nul", elle a vendu un million d'exemplaires.
05:32 - Trop bien !
05:33 - Et c'est vrai que si j'ai choisi cette chanson, c'est parce que l'école, votre père rêvait que vous fassiez de hautes études, et vous, vous ne vouliez pas, Rinké Rissi.
05:41 - Non, j'ai eu le courage de vouloir vivre ma vie pour moi, très jeune, et donc mon papa voulait de manière très bienveillante à ce que je fasse de hautes études, pour pouvoir avoir une sécurité, une sécurité d'emploi, une sécurité financière.
05:54 - Et ce n'était pas le travail qui me faisait peur, c'est que j'avais besoin d'être animée, peut-être que c'est ma nature de devoir être passionnée pour donner le maximum de tout.
06:05 - Donc, mon père m'a fait travailler sans relâche pour que je puisse être première de la classe.
06:11 - En vacances, on faisait le programme de l'année d'après, de manière à ce que j'ai suffisamment d'avance et que je sois bonne.
06:16 - Je l'ai été pendant un certain temps, et j'ai été, hélas, privée de tout ce qui était artistique, parce que c'était plutôt les saletins banques qui faisaient ça.
06:23 - Et pourtant, c'est là où, maintenant je le dis avec le recul, j'étais vraiment douée, et c'est là aussi où j'avais ma particularité.
06:32 - J'étais bonne, j'étais bonne dans la créativité, mais ça ne paraissait pas sérieux.
06:37 - En même temps, vous aviez envie de faire ce métier, vous ne saviez pas trop ce que vous aviez.
06:41 - Non, mais c'est ce qui est bien dommage, justement, c'est que, en fait, comme les métiers artistiques à mon époque n'étaient pas vraiment valorisés, parce que ça faisait peur,
06:49 - on n'a pas essayé de réfléchir à ce qu'on pouvait faire de ce joyau, j'entends, parce que j'étais peut-être un diamant brut,
06:58 - j'étais entourée de tout, mais je savais très bien dessiner, j'aurais pu faire des écoles d'architectes,
07:02 - j'avais des qualités artistiques qu'on ne voulait pas voir, parce que c'était trop inquiétant.
07:08 - Et si on m'avait donné, finalement, un tremplin là-dedans, j'aurais peut-être été meilleure aujourd'hui dans ce que je sais faire.
07:16 - Mais déjà, vous étiez entourée non pas de jouets, mais de livres, il y avait une prédisposition.
07:20 - Oui, mais ça c'est parce que mon père me voulait cultiver, donc du coup il me faisait lire des livres qui étaient un peu trop pointus pour moi,
07:27 - et je les lisais par corvée, et là encore, c'était une manière qui n'était pas assez pédagogique de me faire prendre goût au travail.
07:34 - En revanche, il me demandait de souligner au crayon à papier tous les mots que je ne connaissais pas, d'aller chercher dans le dictionnaire, de faire le résumé en une page, en un paragraphe et en un mot.
07:42 - Donc il m'a appris l'esprit de synthèse, mais surtout, mon père m'a appris à travailler sans relâche, et une discipline qui est très importante quand on est scénariste,
07:52 - parce qu'en fait, on ne va pas au travail pour écrire un scénario, il faut se donner une discipline, écrire tous les matins, revenir à la charge, revenir à la charge, pour livrer un scénario satisfaisant.
08:03 - Donc je le dois à mon père, même s'il ne le savait pas.
08:06 - Oui, il ne l'a pas su malheureusement. Mais alors il se trouve aussi qu'à cette époque, on avait de l'attention. Aujourd'hui, on a démontré que l'attention des enfants avec les réseaux sociaux est limitée à 8 secondes. C'était pas votre cas ?
08:19 - Non, c'est dramatique ça. Moi j'essaye avec mon fils de lui dire que de toute façon, quand il me dit "mais je m'ennuie", je lui dis "mais tu as une chance folle de t'ennuyer, ennuie-toi, c'est la meilleure chose qui peut t'arriver".
08:30 Et donc mes enfants, eux sont obligés de... déjà ils n'ont pas le téléphone, mais ils sont obligés de s'ennuyer. C'est comme ça de toute façon qu'on crée, c'est comme ça qu'on part dans son imagination, et c'est comme ça aussi qu'on réfléchit je pense.
08:44 - Et vos vraies classes finalement c'est la radio, parce qu'en étant stagiaire, vous avez réussi, et c'était pas si fréquent à l'époque, d'arriver à l'antenne Rigne-Pierre ici.
08:53 - Mes vraies classes, elles sont quotidiennes, même avec vous aujourd'hui, à l'instant où je vous parle, j'ai l'école de la vie. J'ai appris à la radio, j'ai appris avec la bande à Fifi, je suis vraiment quelqu'un de terrain qui a appris son métier, le métier de réalisatrice, d'auteur, de scénariste, d'actrice, j'ai fait aucune école, mais je suis vachement à l'écoute de ce qui se passe autour de moi, et des gens que j'ai en face de moi.
09:14 - Et vos premières émissions, je crois que c'était "Le Week-end", "Les filles"... - "Les filles du Week-end", c'est ça.
09:18 - Parce que c'était rare aussi à l'époque ce genre de choses. - C'était une chronique où je parlais des voyages insolites, des pays et des traditions un peu burlesques que les pays faisaient.
09:29 - Voilà, c'était de l'humour, et c'est comme ça que j'ai rencontré Philippe Lachaud et qu'on a commencé à travailler ensemble, on était en 2000 il me semble.
09:35 - Oui c'est ça, et effectivement, vous avez découvert l'humour, les canulars, c'était pas du tout votre univers au départ.
09:41 - Non, non, à l'origine je devais faire des écoles de stylisme, j'étais assez passionnée par la mode et le design, et puis la vie a choisi un autre chemin qui est tout aussi beau et qui est plein de surprises,
09:54 et donc du coup, oui, l'humour est venu taper à ma porte sans que je sache que je pouvais en faire d'ailleurs.
10:01 - Mais ça a été immédiat, une fois que vous avez commencé, c'est parti.
10:04 - Oui, c'est parti quand même doucement, on n'est pas arrivé sur le devant de la scène du jour au lendemain, mais en tout cas une fois que ça a commencé, c'est vrai que j'ai gardé cette voie là.
10:19 - Et ce qui était important à l'époque à la radio, c'était pas l'audience, c'était la qualité, on pouvait imaginer sans arrêt, Crime Quérissi.
10:26 - Oui, mais moi c'est mon besoin vital d'être au moins la moitié du temps peut-être dans l'imagination.
10:38 Je suis une rêveuse compulsive, en tout cas j'aime me projeter, même mon angoisse me nourrit, enfin je suis souvent dans ma tête.
10:48 - Oui, et vous n'êtes pas seulement dans votre tête, vous êtes ailleurs. Alors on a parlé de radio, mais il y a un autre univers que vous avez découvert, et il y a une date importante dans votre vie, le 17 mai 2006.
10:58 A tout de suite sur Sud Radio avec Rime Quérissi.
11:01 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:04 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Rime Quérissi. Nous parlerons tout à l'heure de "Chien et chat", un film qui sort demain sur les écrans, et une comédie que je vous recommande particulièrement, et on expliquera pourquoi.
11:14 Alors on a parlé de vos débuts à Fun Radio, et puis il y a une date importante, c'est le 17 mai 2006, le début du 59ème Festival de Cannes, où vous êtes présente à travers cette émission.
11:25 Le grand journal de Canal+, et vous êtes avec la bande à Fifi, c'est arrivé comment ce passage sur Canal alors que vous étiez tranquille sur Fun Radio ?
11:38 - C'est arrivé grâce à Philippe Lachaud. Philippe en parallèle de Fun TV était déjà au journal de Carl Zero sur Canal+, il faisait des sketchs qui s'appelaient "La cavale d'info",
11:48 et après on a été sollicité par le grand journal qui avait une pastille plus longue, qui était animé par Michel Deniso, on a fait des sketchs, on était assez novices,
11:58 mais dans le bon sens du terme, on ne se prenait pas la tête, on n'était pas dans le jugement, on faisait des blagues qui de temps en temps étaient nulles, c'est pas grave,
12:06 on a écumé quelques bides, mais surtout c'était une très très belle école. Et puis l'école du direct c'est très difficile.
12:12 - Oui mais c'est très dur, mais même dans le genre bide, la plus belle chose que j'ai connue, c'est un jour un chansonnier qui arrive sur scène, et il voit un spectateur dans la salle,
12:20 il se retourne et il se dit "ça doit être une véritable méprise", et il est sorti de scène.
12:24 - Ah écoutez, moi j'aurais joué pour ce spectateur en le remerciant.
12:26 - On est d'accord. Alors, il se trouve que Michel Deniso vous a repéré, il faut savoir que Michel Deniso au départ il était journaliste,
12:33 il était le joker de Yves Morouzi sur le joint de 13h de TF1, et finalement quand Pierre Lescure l'a remarqué à Radio Monte Carlo, il l'a engagé pour Canal+ qui n'existait pas,
12:43 et ça a permis de faire sa carrière. Et il vous a repéré Michel Deniso.
12:47 - Oui, lui et Laurent Bon, les producteurs de l'émission Le Grand Journal, mais c'était une vraie école pour nous.
12:54 L'école du direct, de devoir écrire quotidiennement des sketchs, de devoir se mettre en danger quotidiennement en direct,
13:01 face à des invités qui jouaient plus ou moins le jeu, ça dépendait, c'était assez stressant.
13:06 - Et puis c'est une époque où on pouvait encore tout dire sans que les réseaux sociaux s'en mêlent.
13:10 - Ah oui, nous on n'a pas connu les réseaux sociaux, alors on aurait peut-être acquis beaucoup plus de notoriété que les réseaux sociaux aussi,
13:16 mais moi je suis assez nostalgique de cette période sans réseaux sociaux.
13:20 - Oui, parce qu'en plus on avait le temps d'apprendre son métier sans être jeté du jour au lendemain.
13:24 - Oui. - Alors je crois qu'il y avait l'anniversaire du jour dans les rubriques.
13:27 - C'est ça, l'anniversaire du jour, on souhaitait tous les jours un anniversaire à une célébrité,
13:31 à travers des gags de bon goût, mauvais goût, ça dépendait des goûts.
13:35 - Alors si je parle du Festival de Cannes, c'est que c'est à la fois un bon et un mauvais souvenir,
13:39 parce que vous avez eu un soir, Rime Kéressy, un trou de mémoire.
13:42 - C'était pas au Festival de Cannes que j'ai eu un trou de mémoire, mais c'était quand même au Grand Journal de Michel Deniso,
13:46 et du coup je redoutais que ce trou de mémoire revienne, parce que le trou de mémoire apparaît
13:51 quand on est submergé par le stress en fait. C'est ça, et là, être en direct au Grand Journal,
13:55 j'étais terrifiée à l'idée que ça pouvait m'arriver.
13:58 Ça ne m'est pas arrivé, mais une fois qu'on a terminé le sketch, j'ai pleuré,
14:02 parce que j'ai relâché la pression, mais j'ai trouvé que c'était très très difficile comme exercice.
14:07 - En même temps, ce trou de mémoire, c'était quoi ? Vous aviez oublié le début du sketch ?
14:10 - J'avais oublié la suite du sketch. J'étais arrivée avec Philippe Lachaud, je commençais mon sketch,
14:15 et donc j'ai dit ma bonne phrase, et puis après je me suis mise dans la position du spectateur,
14:20 et j'ai complètement lâché le fil du sketch, et quand Philippe Lachaud dit le mot sur lequel je dois rebondir,
14:27 je sais que je dois dire quelque chose, mais je suis à la rue. Je ne sais plus du tout de quoi on parle,
14:33 où on est, qu'est-ce que je dois faire, et le stress m'envahit, et donc du coup ça revient encore moins dans ma tête,
14:39 et j'ai un vrai black-out, comme on dit. Ça n'est jamais revenu.
14:43 Et en direct, faire une bourde comme ça, ça paraît très très très long son moment de solitude.
14:48 - Et comment on fait dans ces cas-là pour se rattraper ?
14:50 - Ah ben je ne me suis pas rattrapée, c'est Philippe Lachaud qui m'a rattrapée,
14:53 et qui a dit "alors à ce moment-là, tu devrais dire..." et je dis "ouais, je ne connais pas la suite, j'étais ailleurs,
15:01 ça ne remontait pas au cerveau, il y avait un bug".
15:04 - C'est ce qui t'est arrivé un jour à Edith Piaf sur scène, elle chantait "Mon Violicien",
15:08 et puis finalement, elle a un trou de mémoire, elle reprend la chanson,
15:11 elle a eu tellement d'applaudissements qu'elle a fait semblant d'avoir ce trou de mémoire tous les soirs ensuite.
15:16 C'est quand même très fort.
15:18 Et Francis Blanche aussi l'a fait, dans une pièce qui s'appelle "Adieu Berthe",
15:21 il a un vrai trou de mémoire, il a fait trois minutes d'improvisation qu'on trouve aujourd'hui sur les réseaux,
15:26 avec Laurence Riester, en racontant n'importe quoi,
15:29 et le public était hilar, parce que finalement, le trou de mémoire, ça fait rire le public.
15:33 - Oui, alors là, moi en l'occurrence, j'avais plus l'air d'un lapin pris dans les phares d'une voiture,
15:38 on voyait que le cerveau buguait réellement.
15:42 - Alors, le Festival de Cannes, vous avez découvert cet univers,
15:45 qui est en même temps très particulier, c'est la fête, ce sont des gens sérieux, c'est un autre monde.
15:50 - Avec la bande, on avait du mal à imaginer qu'on était payés,
15:54 pas beaucoup, mais on était quand même payés pour venir au Festival de Cannes,
15:58 on rêvait un rêve éveillé, c'était très particulier.
16:02 On était dans une genre de bulle assez naïve,
16:08 mais on n'était pas avec les stars, on était à côté.
16:12 - C'est-à-dire ?
16:13 - On était des petits bouffons.
16:18 - Vous n'étiez pas dans les grands dîners, les grandes soirées ?
16:20 - Non, pas du tout, non, non, non, non, non,
16:22 on était encore vus comme des... on n'était pas forcément très considérés.
16:28 - Ça ne vous gênait pas forcément ?
16:29 - Non, parce qu'on était entre nous et qu'on était ravis,
16:32 et qu'on était quand même en pleine conscience qu'on avait beaucoup de chance d'être là où on était,
16:35 même si on n'était pas forcément adulés ou respectés, c'est pas très grave.
16:39 - Et ça vous a fait découvrir le cinéma, Rimké Réussi ?
16:42 - Oui, ça m'a fait découvrir le cinéma, oui et non.
16:47 En fait, c'est plutôt Philippe Lachaud qui a toujours voulu faire du cinéma,
16:50 et un jour, on a regardé OSS 117, et quand j'ai vu ce film,
16:54 je lui ai dit "tu vois, si un jour je dois faire du cinéma, ça serait pour faire des films comme ça",
16:58 c'est comme si j'avais fait un appel à l'univers, OSS 117 II était en préparation,
17:03 ça se tournait au Brésil, dans ma tête j'avais tout l'air d'une brésilienne,
17:06 finalement j'ai fait une nazie, mais en tout cas j'ai décroché ce rôle,
17:10 et ça a été un vrai tournant dans ma vie.
17:14 - Voilà, on va en parler justement tout à l'heure,
17:16 mais je reviens à le cinéma, le cinéma, enfance, vous n'avez pas le temps d'y aller,
17:20 ou pas l'argent pour y aller ?
17:21 - Non, pas l'argent pour y aller, encore une fois, je vous le disais,
17:25 l'art n'était pas au rendez-vous chez moi, et oui, on n'allait pas au cinéma.
17:32 - Mais en même temps, vous sentiez que vous aviez ce besoin d'écriture déjà ou pas du tout ?
17:37 - J'étais bonne en rédaction, et j'avais surtout un besoin d'évasion,
17:41 comme je n'étais pas vraiment très épanouie dans le monde réel,
17:45 et donc du coup je m'évadais dans l'imaginaire, j'avais un chat déjà à l'époque,
17:50 donc je jouais avec lui, je jouais avec mes poupées,
17:55 je partais beaucoup dans mon imaginaire et je rêvais à un monde meilleur, depuis toute petite.
17:59 - Alors il y a eu aussi une autre émission, je crois, sur "Vous êtes passée sur France 4",
18:03 comme invitée dans "La porte ouverte", c'était quoi ça aussi ? C'était autre chose ?
18:09 - Ça c'était vraiment une virgule d'apparition, j'apparaissais régulièrement dans cette émission,
18:17 il n'y a pas eu de... Il ne s'est rien passé de très intéressant dans cette émission.
18:21 - Sauf que le présentateur a fait une carrière ensuite, c'était Cyril Hanouna.
18:24 - Oui. - À l'époque il n'était pas grand-chose, personne ne le connaissait, il allait d'échec en échec.
18:29 - Oui, oui, oui, oui, il allait d'échec en échec, je ne sais pas s'il allait dans des échecs en échec,
18:35 il faisait quand même des choses, il était moins populaire qu'aujourd'hui.
18:39 - Il avait fait un spectacle, un seul en scène au théâtre Trévise,
18:43 et la photo existe toujours dans les toilettes du théâtre Trévise.
18:46 - Super. - Le théâtre s'est commencé aussi parce que la bande, vous vous êtes retrouvée au Splendide.
18:51 - On s'est retrouvée au Splendide sur les pas de la troupe du Splendide justement,
18:58 pareil, on a fait une pièce produite par Dominique Farruggia, qui n'a connu aucun succès,
19:06 c'était aussi une période aussi joyeuse que traumatisante,
19:11 parce que quand on est sur scène, on s'inquiète toujours de savoir si la salle est remplie,
19:15 est-ce que c'est rempli, est-ce qu'on va remplir,
19:17 et c'est le côté de l'artiste qui est le plus difficile à vivre,
19:21 au même titre que quand on sort un film la veille de la sortie comme aujourd'hui,
19:25 on est terrifié et très fragile de savoir si le public sera au rendez-vous.
19:30 - Vous êtes une inquiète ? - À la veille de la sortie, oui.
19:34 - Mais sinon dans la vie, non ? - Ça dépend.
19:37 - Vous faites trop de rêves pour être inquiète ? - Je suis inquiète qu'ils ne se réalisent pas.
19:42 - Mais vous faites tout pour qu'ils se réalisent ? - Absolument.
19:44 - Et ça prend du temps, de l'énergie ? - Ça prend, il y a un côté obsessionnel,
19:49 je dois l'avouer, je lâche rien, de toute façon je n'arrive pas à lâcher un projet qui me tient à cœur,
19:58 quand on me dit non, souvent ça me donne des ailes pour essayer d'aller encore plus haut,
20:03 et il faut vraiment que la raison du non soit bien intégrée et compréhensive pour que j'abandonne.
20:10 - Eh bien comptez sur moi pour ne pas vous lâcher comme ça,
20:13 on se retrouve dans quelques instants avec une autre date, le 15 avril 2009.
20:17 A tout de suite sur Sud Radio avec Rime Kherissi.
20:19 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Rime Kherissi,
20:25 nous parlerons tout à l'heure de "Chien et chat", ce film étonnant qui sort demain,
20:29 il y a beaucoup de choses à dire, et puis on en revient à votre carrière,
20:32 alors il y a eu Fun Radio, il y a eu la télé, il y a eu le festival de Cannes en tant qu'humoriste,
20:39 et puis, vous en avez parlé tout à l'heure, le 15 avril 2009 est sorti ce film.
20:44 OSS 117 ne répond plus, je précise que le thème principal, "Rio ne répond plus",
20:54 est un réarrangement de la musique brésilienne "Os Grios" composée par Marcos Valles,
20:59 sorti en 68, année où se déroule le film.
21:02 Et effectivement, ce sont vos débuts au cinéma, et vous rêviez d'être dans ce film.
21:06 - Écoutez, je rêvais en pensant que c'était littéralement impossible,
21:10 mais quand j'ai appris qu'OSS 117 II allait se tourner et qu'un casting était ouvert,
21:16 comme il se passe au Brésil et que je suis un peu typée,
21:19 je me suis dit "j'ai toute ma place pour jouer une brésilienne",
21:22 bon finalement j'ai joué une nazie, ça a été la chance du débutant.
21:25 J'ai fait ce casting alors que je n'avais jamais fait de casting de ma vie,
21:28 je n'avais jamais joué, je n'avais jamais fait d'études de cinéma ou de théâtre.
21:33 Et voilà, je me suis retrouvée à jouer avec Jean Dujardin à Rio,
21:40 sous la direction de Michel Azanavissus, qui est brillantissime.
21:43 Et c'est là d'ailleurs que j'ai rencontré mes producteurs,
21:46 qui deviendront mes producteurs en tant que réalisatrices.
21:49 - Et c'est vrai que vous n'aviez pas fait d'école de cinéma du tout ?
21:51 - Non, parce que de toute façon, déjà une école de cinéma, il fallait la payer,
21:55 et puis mon père, encore une fois, qui était pour les études,
21:58 a été pour des études qui étaient beaucoup plus scientifiques.
22:00 - Le casting a été immédiat, vous avez été choisie tout de suite ?
22:03 - Non, j'ai remuécié les terres pour passer le casting,
22:06 on me l'a refusé parce que j'étais trop typée, pas assez connue,
22:09 pas assez vieille, pas assez d'expérience, enfin bon.
22:12 Toutes les excuses étaient bonnes, et en fait je ne les ai pas...
22:16 Je voulais passer les essais, quitte à me prendre un non de toute façon.
22:20 Quand on te dit non, on n'a rien d'autre à perdre que d'aller chercher le oui.
22:24 Et j'ai passé les essais, j'ai décroché le rôle,
22:28 et c'est probablement une des raisons pour lesquelles je suis là aujourd'hui.
22:32 - Alors le personnage, effectivement, Fraulein Frieda, était une nazi,
22:35 mais elle se prénommait aussi Carlotta. - Carlotta !
22:38 - Et je ne sais pas si vous le savez, mais dans le film "La Momme verde gris",
22:41 joué par Dominique Wims, et bien c'est Carlotta qui s'oppose à Eddie Constantine,
22:46 qui est le Hammy Caution. - Ok, je ne savais pas du tout.
22:49 - Il y a un clin d'œil, effectivement, au film d'Eddie Constantine,
22:51 qui est un cinéaste qui est allé à la télé, qui a été le premier à faire des films d'espionnage de ce genre.
22:57 Alors, vous découvrez quand même un univers que vous ne connaissez pas,
23:00 parce que le cinéma pour vous, ce n'était pas la télévision.
23:03 - Non, c'est un univers que je trouvais beaucoup plus rassurant,
23:06 puisque là on n'était pas en direct, donc on avait le droit de se tromper,
23:10 mais même si on ne se trompe pas, savoir qu'on a le droit de se tromper,
23:13 c'est un vrai confort. Et puis, il y a quelque chose qui me fascine au cinéma,
23:18 et qui m'intrigue encore aujourd'hui, après 15 ans d'expérience.
23:21 J'adore ça, c'est les décors. À quel point on peut voyager dans le temps.
23:25 Donc là, on part en 68, justement, et je commence à avoir un déclic
23:30 de comprendre qu'on peut raconter une histoire, qu'on peut voyager dans le temps,
23:34 qu'il y a des personnages séduisants qui peuvent être interprétés par des acteurs, des actrices.
23:40 La musique du film, enfin, tout me parle.
23:44 - Vous découvrez que vous êtes une raconteuse d'histoire, finalement ?
23:47 - Encore. Je le découvre sur le tard, quand j'écris "Paris à tout prix",
23:52 mais en tout cas, je comprends comment on raconte une histoire.
23:56 - Alors justement, les décors de ce film, "OSS 117", ont rappelé l'époque où il se déroule,
24:02 puisqu'il y avait des vieux projecteurs avec des costumes fidèles à ceux de l'époque.
24:06 On avait veillé à chaque détail de ce genre.
24:08 - Oui, Michel Zanavissus a beaucoup de goût, Mamar, qui était le chef décorateur aussi,
24:13 il y avait un budget qui leur permettait aussi de pouvoir avoir des décors parfaits.
24:18 J'aimerais beaucoup, beaucoup, beaucoup revivre cette expérience.
24:23 Je me rappellerais toujours d'un matin sur Copacabana,
24:29 qui est donc la plage du Brésil, où je suis descendue 20 minutes avant,
24:34 juste pour prendre conscience de la situation.
24:38 Je me rappelle exactement comment j'étais habile, l'odeur de l'air, la lumière qui se réveillait,
24:44 et je me disais "c'est dingue".
24:46 - En plus, vous ne connaissiez pas forcément les romans de Jean Bruss, ce n'était pas à vos époques.
24:51 - Non, pas du tout.
24:52 - Vous savez que, lui, au départ, Jean Bruss a fait différents métiers, il a fait de la résistance,
24:56 il a été agent secret après la guerre, et c'est comme ça qu'il a commencé à écrire des romans en 1949.
25:02 Le premier s'appelait "Tu parles d'une ingénue", et ça a eu un immense succès.
25:05 C'était le plus grand succès de librairie à l'époque, il s'est tué en 1963,
25:09 mais sa femme et ses enfants ont ensuite repris le flambeau.
25:12 Il y a eu des années où on n'a pas parlé de lui, et les films l'ont relancé.
25:16 Vous ne connaissiez pas ses romans, ce n'était pas votre lecture favorite.
25:20 Ce qui s'est passé, c'est que ce film a bien marché, et que dans la foulée,
25:24 vous avez tourné quelque chose qui était vraiment lié à vous, qui était "Une nuit d'amère".
25:28 - Oui, j'ai une petite apparition, j'ai un très bref souvenir de ce film, je m'en rappelle à peine.
25:34 - Oui, mais en même temps, vous avez été choisie pour un tout petit rôle.
25:37 - Oui, Jamel Ben Salah, le réalisateur, m'avait proposé un rôle que j'ai hésité,
25:42 je ne savais pas trop, puis finalement je suis venue sur le plateau,
25:45 je suis venue au lycée Pasteur, qui est un lycée qui était à côté de mon lycée.
25:49 - À Neuilly, oui. - À Neuilly, et donc je me suis dit, après tout, pourquoi pas.
25:53 Je n'en garde pas un souvenir, le rôle était assez inintéressant.
25:56 - Une libanaise, je crois. - Je ne sais plus. - C'est une libanaise.
25:58 - C'était assez inintéressant comme rôle, mais ça me permettait quand même
26:03 de faire mes armes, de pratiquer mon métier, parce que c'est ça qui est important aussi
26:08 quand on est acteur, c'est de pratiquer, et hélas, on ne peut pas toujours,
26:12 surtout au début, avoir des rôles comme au SS-117, cultes.
26:17 - Et le lycée Pasteur, d'ailleurs, où a débuté une troupe splendide,
26:21 vous vous êtes allée ensuite dans un autre lieu.
26:23 Alors, il y a eu ensuite un film avec Michael Youn, qui était Fatal,
26:26 là vous êtes journaliste animatrice, c'est plus près de ce que vous êtes.
26:29 - Oui, là j'ai un délicieux souvenir de Fatal Bazooka qu'on a tourné à Montréal,
26:34 avec Michael, Stéphane Rousseau et plein d'autres acteurs de talent,
26:38 et c'était une très belle expérience, parce qu'encore une fois,
26:42 moi j'aime bien les tournages qui sont à l'étranger, il y a une sensation de colo,
26:46 non seulement on découvre un pays, et puis on a la chance de pouvoir se retrouver le soir,
26:50 de papoter, tout ça. Moi, mon rôle, j'étais très très confiante dans ce rôle-là,
26:54 parce que justement j'avais été animatrice, donc j'avais juste à exagérer
26:57 et à tirer les traits de l'animatrice esservelée que pouvait être le personnage de Malaysia,
27:03 et je me suis vraiment bien entendue avec Michael, qui a un gros bosseur lui aussi,
27:08 et oui, ça a été une super connerie. - Et qui vient de la télé aussi.
27:11 - Et qui vient de la télé aussi.
27:12 - Mais c'est vrai que c'est une façon aussi d'apprendre son métier,
27:15 en faisant plusieurs films comme ça, et puis surtout, ça vous a donné le déclic
27:20 pour faire autre chose, et notamment ce film.
27:23 [Musique]
27:31 - "Paris a tout pris", votre premier film, alors là, on passe directement
27:34 de l'animatrice de la comédienne à auteur-réalisatrice-comédienne. C'est un pari.
27:40 - Ah, c'est un pari, et puis, écoutez, je suis à même émue en écoutant le thème musical.
27:46 Quelle expérience, quelle chance j'ai eu de pouvoir trouver ma voix sur un coup de poker.
27:52 Puisqu'en fait, ce qui se passe, Philippe Lachaud voulait faire du cinéma,
27:55 voulait être réalisateur, et donc on était une bande très unie,
27:59 et je me suis retrouvée à pouvoir, pour un quiproquo, trouver un pitch alléchant
28:06 qui était "Paris a tout pris", l'histoire d'une pépette parisienne
28:08 qui, du jour au lendemain, se retrouve expulsée dans son pays d'origine, le Maroc,
28:11 parce qu'elle n'a pas les papiers. Et là, je fais un coup de poker,
28:17 et j'en parle au producteur d'OSS 117, qui me dit "ça m'intéresse",
28:21 et je lui dis "ok, mais je veux écrire et le réaliser", et jouer le premier rôle.
28:24 Il me dit "oui", alors je ne sais faire aucun de ces trois jobs.
28:28 Évidemment, il allait s'assurer que j'allais être bien entourée,
28:31 et que je n'allais pas déconner, mais ça a été un moment de vie
28:36 qui m'a offert le plus beau métier que je pouvais pratiquer,
28:41 puisque réalisateur, c'est raconter des histoires, les mettre en image,
28:45 les accompagner de musique, choisir ses comédiens, donc choisir ses poupées,
28:49 quand on est enfant comme moi, c'est un peu ça, c'est mon âme d'enfant
28:52 qui a le droit de jouer à la poupée en géant.
28:55 - Oui, en même temps, je crois que l'idée était née lors d'un festival en Tunisie.
28:58 - C'est ça. Pour la petite histoire, je suis en promotion de Fatal Bazooka,
29:03 et Alain Gollemann, le producteur de Fatal Bazooka, note que j'ai un peu de réparti,
29:08 et il me dit "est-ce que tu écris ?" et je lui dis "oui", j'écris rien du tout,
29:12 mais je sais que la bande à Fifi veut écrire, et donc je lui dis "oui, oui",
29:16 il me dit "ah, j'aimerais bien te lire", donc là derrière j'appelle Philippe Lachaud,
29:19 je lui dis "p'tite, faut trouver une idée, Alain Gollemann veut lire",
29:23 et on brainstorme comme ça, on trouve pas, et je suis invitée au festival du film de Tunisie,
29:30 je suis d'origine tunisienne, de par mon père, et là on me bouscule à droite, à gauche,
29:35 et je suis un peu soupolée, perchée sur mes talons, et je me dis "alala,
29:39 heureusement que j'habite pas ici", et pam, le déclic, qu'est-ce qui se passe
29:43 si une pépette comme moi est renvoyée dans son pays d'origine, la Tunisie,
29:47 et je me dis "ah bah tiens, ça pourrait faire un film de comédie",
29:50 et c'est comme ça que tout a commencé.
29:52 - Oui, en plus les expulsions, on en parlait pas autant qu'aujourd'hui à l'époque.
29:54 - On en parlait, ça commençait en 2010, on en parlait,
29:58 et du coup c'était un sujet d'actualité, qu'on pouvait détourner en comédie,
30:02 mais avec de la profondeur, et c'est ce que j'aime faire quand je raconte mes histoires,
30:06 et quand je réalise mes films et que je les écris, j'aime bien avoir une trame de comédie,
30:11 certainement, mais aborder des sujets de fond, sans quoi je trouve ça un peu vide.
30:17 - Oui, et en choisissant le Maroc plutôt que la Tunisie ?
30:19 - J'ai choisi le Maroc pour des raisons esthétiques, j'avais envie de pouvoir contraster
30:23 la France, notamment Paris, et le monde de la mode qui est un peu blanc,
30:31 papier glacé, assez froid, avec le retour aux origines, au Maroc,
30:35 avec la patine, la rouille, l'ocre, et donc artistiquement j'avais envie d'avoir
30:43 deux couleurs, deux pays, Paris et le Maroc, la France et le Maroc,
30:50 avec deux couleurs très différentes.
30:52 - Il y a eu un moment très difficile, vous avez eu un accident qui aurait pu mal se terminer ?
30:55 - Oui, j'ai foncé dans la caméra, en fait, le premier interlocuteur que mon personnage a
31:03 est un taxi, et je voulais que ce soit un taxi qui représente les taxis qu'on peut connaître
31:08 de temps en temps au Maroc, qui conduisent très mal.
31:10 - Ah, j'ai remarqué, oui !
31:12 - Qui ont en tout cas une notion du code de la route qui est différente d'une autre.
31:15 - C'est le premier qui passe qui a gagné.
31:17 - C'est ça, et donc là, c'est exactement ce qui s'est passé, l'acteur en question
31:22 a pris le rôle très au sérieux, et me donnait le texte sans regarder la route,
31:28 et je lui disais "Devant vous, devant vous", et il pensait que je jouais bien,
31:31 alors que je lui disais juste que devant nous, il y avait un 4x4 qui arrivait,
31:34 et on s'est pris le 4x4 de plein fouet, et moi j'ai eu la caméra qui m'a explosée au front,
31:41 et j'ai eu une bosse, quand je dis une bosse, les auditeurs se rendent pas compte,
31:46 c'était vraiment de la taille d'une casserole, ça prenait tout mon front,
31:51 et le volume faisait au moins, ça débordait de 5 cm, c'était énorme, énorme.
31:58 - Ce qui a été énorme aussi, c'est le film suivant, "Jour J", parce que vous avez continué,
32:02 et là aussi, ça a été un vrai succès, c'était une jarte-soiffée originale,
32:05 parce que vous avez réinventé votre ville dans une forme différente, Rémi Péricy.
32:09 - Vous êtes bienveillant, merci. "Jour J" a été mon deuxième film,
32:13 j'ai abordé un sujet qui me touche, on en a parlé justement,
32:16 c'était d'être une femme avant d'être la femme de quelqu'un d'autre,
32:19 et notamment là, le personnage de Julia Piaton se marie peut-être un peu trop tôt,
32:23 et peut-être pas pour les bonnes raisons, peut-être pour rentrer dans les codes,
32:26 peut-être pour satisfaire ses parents, peut-être parce que leur loge biologique tourne,
32:30 mais avant toute chose, il faut être prête et rencontrer la bonne personne.
32:35 Donc j'avais envie d'aborder ça, puisqu'à l'époque, quand j'ai écrit, j'avais 30 ans,
32:39 et j'avais pas envie de me caser avec n'importe qui, c'était un sujet qui me tenait à cœur,
32:42 je voyais autour de moi mes camarades de classe, qui étaient mariés,
32:46 qui avaient déjà des enfants, et certaines d'entre elles, je pense, se sont allées trop vite.
32:51 - Voilà. En tout cas, ce film a été aussi un immense succès,
32:55 et ça a confirmé votre talent, parce que c'était un risque, un deuxième film.
32:59 - Oui, je sais pas si c'était un énorme succès, si ça a confirmé mon talent,
33:03 en tout cas, ça m'a permis de déguiser ma réalisation,
33:07 et de me préparer au gros projet que j'avais déjà en tête à l'époque,
33:13 qui était "Chien et chat".
33:14 - Eh bien, on va l'évoquer justement à travers la date de sa sortie,
33:17 demain, le 14 février 2024.
33:19 A tout de suite sur Sud Radio, avec Rime Kérici.
33:22 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
33:25 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Rime Kérici.
33:27 Alors, on a évoqué la télévision, vos débuts au cinéma,
33:31 avec ces deux films qui ont bien marché, et puis, le 14 février 2024,
33:35 demain, sort "Chien et chat", dont voici la bande originale.
33:39 * Extrait de "Chien et chat" *
33:45 Alors, ce film, ça innove complètement, c'est-à-dire que c'est une comédie,
33:49 il y a des comédiens, mais il y a aussi un chien et un chat
33:53 qui sont les véritables stars du film.
33:55 - Tout à fait. La chatte, Mainkou Ndiva, doublée par Inès Reg,
34:02 et le chien, qui est un bébé labrador, est doublé par Artus,
34:05 et ce sont les deux rock stars du film, c'est vraiment un film familial.
34:09 On a un public de 3 à 75 ans, dans les salles, on les a rencontrés,
34:14 et c'était mon rêve depuis toute petite de faire parler les animaux.
34:17 J'ai habité avec ce chat, Ndiva, qui était une source d'inspiration,
34:22 une muse, qui ressemblait vraiment à un personnage de Disney,
34:26 et je cohabitais avec elle, et je me disais,
34:28 "Mais j'aimerais bien lui écrire un film", alors on sait que les chats
34:32 sont indomptables, donc du coup, il fallait la faire en 3D.
34:36 Ça n'a jamais été fait en France. Au début, mes producteurs
34:39 étaient assez réticents, parce que ça allait m'imposer des années de travail,
34:43 ils ne savaient pas si j'étais prête et si j'allais être assez assidue,
34:46 et puis c'est aussi un budget qu'on n'a pas l'habitude de donner à une femme,
34:50 mais à force de travail, comme le dit Jacques Brel, il y a un peu de chance, 5%,
34:54 et 95% de boulot, et on a vraiment fait les 95% de boulot,
34:58 pendant 7 ans, sans relâche, pour pondre chien et chat.
35:01 - Oui, et c'était d'autant plus difficile que pour réaliser ces effets spéciaux
35:05 avec le chien et le chat qui sont virtuels, il faut le préciser,
35:08 vous avez travaillé avec des gens qui, eux aussi, débutaient dans le genre.
35:12 - Mais ça ne s'est jamais fait en France, et aujourd'hui, on est vraiment
35:16 très fiers du résultat, les gens nous comparent vraiment aux Américains,
35:19 mais on n'a jamais fait un film qui mélange des personnages normaux
35:24 comme Franck Dubosc, Philippe Lachaud et moi-même, dans un décor qui est le Canada,
35:29 à l'intérieur, on a intégré deux stars virtuelles, donc il fallait se projeter,
35:34 il a fallu travailler sur des storyboards animés avant le tournage,
35:38 enregistrer les voix des acteurs avant le tournage pour pouvoir minuter tout ça,
35:42 et après, tourner comme un vrai film. On était au Canada,
35:46 donc on a tourné quand même par -37°C, tout le monde a été très courageux,
35:49 et une fois qu'on est revenus, alors qu'un montage classique d'un film
35:53 se fait en 3 mois, nous on a mis 2 ans, parce qu'il a fallu intégrer
35:57 nos deux stars, nos deux bêtes virtuelles, à l'intérieur des décors
36:02 qu'on avait filmés au Canada.
36:04 - Oui, il y avait même une chose particulière, à certains moments,
36:07 il fallait des peluches pour remplacer les comédiens, c'est-à-dire le chien et le chat.
36:11 - Oui, on avait besoin, pour pouvoir diriger nos regards,
36:14 ou pouvoir avoir une notion de la taille du cadre,
36:19 il fallait qu'on ait des doublures, ou des gabarits,
36:23 qui nous permettaient de ne pas filmer n'importe quoi,
36:27 et pas filmer... enfin, on filmait 30 secondes, quand on avait besoin
36:31 de 20 secondes utilisables, mais on filmait du vide à l'origine,
36:35 donc il fallait quand même se projeter.
36:37 - C'est une folie, vous avez cru à certains moments que vous n'y arriverez pas ?
36:40 - J'ai toujours eu la foi, parce que je croyais en ce rêve,
36:44 et puis j'étais convaincue qu'on était capable d'y arriver.
36:47 Évidemment, j'ai été plus d'une fois découragée, j'ai pleuré, j'ai douté,
36:51 mais j'ai jamais perdu la foi, peut-être parce que mon chat, Diva,
36:55 était à mes côtés et qu'elle me le rappelait sans cesse,
36:58 et aussi parce que j'étais habitée par ce projet, l'âme d'enfant
37:01 qui veille sur moi, ne cessait de me dire "Crois en tes rêves".
37:05 - Oui, et en même temps, c'est un projet artisanal, alors que c'est un gros...
37:08 au lieu d'avoir 300 animateurs, vous en aviez 30,
37:11 au lieu d'avoir 80 jours de tournage, vous en avez eu 36.
37:13 - Absolument, absolument. On a tout fait avec des tout petits moyens,
37:17 mais tout le monde s'est vraiment plié en quatre pour que le film se fasse.
37:23 La station d'animation, je salue vraiment tous les animateurs,
37:26 Christian Rongé, qui est le producteur, on s'est donné à fond.
37:32 Moi, j'ai donné sept ans de ma vie, j'ai sacrifié de temps en temps
37:35 mon rôle de maman pour pouvoir être présente sur ce bébé qui est chien et chat.
37:40 Et aujourd'hui, je suis tellement heureuse, si vous savez,
37:42 on rencontre le public, le public est dithyrambique sur le film.
37:45 Pour certains, c'est le premier film qu'ils ont vu de leur vie,
37:48 je parle des petits, et pour d'autres, les parents sont très contents
37:52 parce qu'ils disent "Bon, bah moi j'ai amené mon enfant,
37:54 je me suis éclatée parce qu'il y a quand même Philippe Lachaud,
37:56 Franck Dubosc, il y a des gags, on voyage au Canada,
37:59 il y a des cascades, il y a de l'aventure, il y a du suspense,
38:02 il y en a pour tous les goûts.
38:03 - Oui, alors l'histoire, il faut la préciser, vous êtes au départ Monica,
38:06 qui est une star d'Internet grâce à Ronchard.
38:09 - C'est ça, j'ai voulu un peu m'amuser des réseaux sociaux
38:12 et on sait que les influenceurs sont très connus en ce moment
38:18 et de temps en temps, il y en a qui sont connus pour leurs animaux
38:21 et en l'occurrence, Diva, le personnage chat,
38:24 qui est la rockstar du film, perd sa maîtresse
38:28 et elle rencontre en fait un chien.
38:30 Donc en gros, c'est l'histoire d'un chien et d'un chat
38:32 qui perdent leur maître et qui vont devoir s'allier pour les retrouver.
38:35 Le maître, c'est Franck Dubosc et moi, Rimkir ici,
38:38 et nous-mêmes, on est très différents,
38:40 donc c'est deux couples en gros que tout oppose,
38:43 diamétralement opposés, qui vont devoir allier leurs forces
38:46 et leurs différences pour pouvoir retrouver leur maître respectif.
38:50 - Alors, avec Franck Dubosc, vous avez donné un rôle
38:52 très différent de Camping Paradis, c'est presque un contre-emploi pour lui
38:55 puisqu'il est un voleur qui va faire tout ce qui est possible et imaginable
38:59 pour vous aider et s'en sortir.
39:01 - C'est un gentleman cambrioleur à l'anglaise
39:04 et du coup, j'ai soigné son look, il est extrêmement beau, vous le verrez.
39:08 Et puis c'est aussi un contre-emploi pour Philippe Lachaud
39:11 qui a toujours joué les gendres idéals et les gentils gars
39:16 et là, il joue le méchant, mais le méchant drôle, évidemment.
39:20 Donc du coup, oui, j'aime sortir de ma zone de confort
39:25 et embarquer aussi les autres avec moi dans une zone qu'ils ne connaissent pas.
39:28 - Puis il y a des scènes de cascades qui n'étaient pas faciles à réaliser.
39:31 Je crois qu'à un moment, Philippe Lachaud est tiré par une voiture,
39:36 c'est pas simple à faire à l'écran.
39:38 - Oui, il y a des sauts de plusieurs mètres de haut sur des buildings new-yorkais,
39:44 il y a des cascades avec des voitures, des cascades avec des surfs.
39:48 J'ai voulu offrir aux spectateurs français un spectacle à plusieurs rendez-vous.
39:53 Donc des cascades, de l'aventure, des beaux paysages, des animaux, des dialogues, des vannes.
39:58 - Et des décors, parce que je crois que le Canada vous tentait, notamment les lacs.
40:02 - Oui, j'ai vécu au Canada il y a quelques années
40:05 et j'ai été frappée par la beauté des décors là-bas, surtout en hiver.
40:09 Tout est enneigé, je me rappellerai toujours de ce moment.
40:12 J'ai traversé un lac gelé en moto-neige et ça ressemblait à un plan de cinéma,
40:16 comme un travelling.
40:18 Et je m'étais dit que j'aimerais beaucoup filmer là.
40:21 Et d'ailleurs, je trouve que la scène la plus réussie du film, c'est la scène du lac.
40:25 - En même temps, les Canadiens ont un truc que j'ai découvert à Montréal,
40:29 quand il fait très froid, à Montréal, toutes les rues,
40:31 il y a des souterrains pour aller d'un magasin à l'autre.
40:34 Ils ont tout prévu.
40:35 - Oui, ils ont tout prévu. Ils sont pas fous comme moi à rester 8 heures dehors
40:38 pour tourner dans un congélateur et des films...
40:42 Non, non, évidemment, ils sont équipés pour pouvoir parer à ces -37°C,
40:48 mais nous, quand on s'est retrouvés en train de tourner par -37°C,
40:51 le premier jour de tournage, par exemple, les caméras n'ont pas pu fonctionner
40:54 à cause du froid.
40:55 - Et je me souviens d'un invité qui était à Montréal,
40:59 il a eu le malheur de laisser ses disques à 33 tours dans le coffre de sa voiture.
41:02 Ils étaient congelés quand il a ouvert le coffre de sa voiture.
41:04 - Ah oui, oui, non mais on tient pas.
41:06 C'est assez inhumain.
41:08 Moi, le soir, après chaque jour de tournage,
41:11 je me prenais des bains à l'aspirine, tellement j'étais contractée de froid, de stress.
41:17 Ça a été un tournage très éprouvant.
41:19 Ça se voit pas du tout à l'image.
41:21 Ce qu'on voit à l'image, ce sont des très très beaux paysages,
41:23 et c'est ce qu'il fallait.
41:24 - Alors, "Les animaux qui parlent", finalement, Disney l'a créé au départ,
41:27 avec notamment Donald, qui était au départ un type qui avait fait de la pub pour le lait
41:32 et que Walt Disney a repéré avec sa voix.
41:34 Mais c'est pas évident d'écrire des dialogues de dessin animé,
41:37 lignes de dessin animé pour un chat et un chien.
41:39 - Pour moi, ça l'est.
41:40 Pour moi, c'est évident d'écrire des dialogues pour les animaux,
41:43 puisque je vis avec eux depuis toujours et j'ai l'impression qu'ils me parlent.
41:46 Donc, leur donner la parole avec notre langage à nous, ça a coulé de source.
41:53 Je suis une enfant, je parle aux animaux.
41:56 Dans la rue, quand je marche, je salue les chiens.
41:59 Je passe pour une folle, mais je dis bonjour aux chiens,
42:01 et le chien me répond, et on se comprend.
42:03 Donc, non, non, ils sont comme nous, on est des animaux.
42:06 - Et la première série à la télévision, je ne sais pas si vous le savez,
42:09 Rime-Kerissi, où il y a eu des animaux, c'était celle-ci.
42:12 - Approchez tous les amis, les grands et les petits,
42:16 regardez bien, le cœur fier et l'œil malin,
42:21 voici venir au loin votre amie Saturna.
42:24 - Dans les années 60, c'est le feuilleton vedette de la télévision, Jean Tourane,
42:28 il avait des canetons qui changeaient régulièrement,
42:31 et il tournait les aventures de ces canetons qui parlaient
42:33 avec la compositrice de Robert Lamoureux au sommet de sa gloire.
42:36 C'est la première fois qu'à la télévision, on voyait des animaux parler.
42:39 - Mais moi j'adore, vous vous rappelez de cette pub "Essoo" ?
42:42 - Bien sûr !
42:43 - Et ça, c'était une de mes pubs préférées.
42:45 Oui, moi j'adore, en fait, je trouve que les animaux ont un langage du corps
42:49 qui en dit long, ils sont drôles, ils sont complètement fous,
42:53 ils ne mentent pas, ils sont attendrissants.
42:57 Et puis l'avantage dans "Chien et chat", c'est qu'on a fait un design
43:00 qui nous a permis quand même de les anthropomorphiser,
43:02 quand j'entends "anthropomorphiser", c'est-à-dire qu'ils ont quand même,
43:05 malgré tout, des expressions humaines qui font qu'on s'identifie à eux.
43:09 - Alors ce qui est étonnant aussi, c'est le suspense,
43:11 jusqu'à la dernière image, on ne sait pas ce qui va se passer,
43:14 et ça, dans ce genre de film, c'est rare aussi, Rimkéry, ici.
43:17 - J'ai essayé de tenir un rythme, déjà, parce que je sais que les enfants
43:21 ont besoin d'être captivés, donc le film ne fait que 1h20,
43:25 et évidemment, le rythme est très très très très très tenu,
43:29 vous n'avez pas le temps de cligner des yeux,
43:31 oui oui, c'est un road trip rock'n'rollesque, déjanté,
43:36 pour les grands comme les petits.
43:38 - Et il a fallu l'écrire tout en musique, je crois que vous écrivez
43:40 avec toujours un fond musical.
43:42 - J'écris certaines scènes en musique, et elles me donnent en fait un mood,
43:47 un état d'esprit pour écrire la scène, et ça m'aide beaucoup
43:50 pour les scènes d'émotion, j'écris en musique, oui, souvent.
43:54 - Et puis il a fallu trouver sur Instagram des images de chats,
43:57 ça a été un gros travail ça aussi.
43:59 - Alors, pour pouvoir documenter les animateurs, même si je n'étais pas sûre
44:04 à 100% que le film allait se faire, durant les 5 années qui ont été
44:07 la pré-production du film, soit je prenais des photos de mon chat,
44:11 Diva, sous diverses poses, qui pour moi étaient différentes expressions,
44:17 soit j'allais sur internet et j'enregistrais toutes les vidéos
44:22 qui allaient nourrir les animateurs, de "voilà comment je veux qu'il tombe",
44:26 "voilà comment je veux qu'il parle", "voilà comment je veux qu'il renifle",
44:29 "voilà comment je veux qu'il remue son popotin", et ils avaient des références
44:33 pour tous les plans quasiment, et si ce n'était pas le cas,
44:35 c'est moi qui me mettais à mimer.
44:37 - Il y a eu beaucoup d'avant-premières dans toute la France ?
44:39 - Oui, beaucoup d'avant-premières dans toute la France,
44:42 et d'ailleurs pour tous les auditeurs qui m'écoutent, je les remercie
44:45 pour leur soutien, leur mot bienveillant, c'est un cadeau quand on est artiste
44:50 et qu'on travaille longtemps derrière son ordinateur,
44:53 le graal, la carotte plutôt, c'est de se dire un jour je rencontrerai le public,
44:59 un jour le public sera là et recevra ce film, et là c'est le cas en ce moment.
45:04 C'est la meilleure partie d'un film, c'est juste avant sa sortie,
45:08 quand on ne sait pas encore quelle est sa sentence,
45:10 et qu'on se dit que tout est possible et qu'on a quelques retours du public positifs.
45:15 - Et offrir du rêve aujourd'hui au public c'est un privilège Rimké Rixi ?
45:18 - Ah oui, écoutez je ne savais pas que ça allait être mon métier,
45:21 je remercie la vie de pouvoir divertir les gens,
45:25 peut-être que pour certains, vu que j'écris pour les enfants aussi aujourd'hui,
45:30 une référence, peut-être que je vais les marquer à vie,
45:33 peut-être que je vais être leur premier film au cinéma,
45:35 et je ne m'attendais pas à ce que ça me donne autant de plaisir
45:38 de donner du plaisir aux autres.
45:40 - Et vos premiers films, notamment le premier, a été vu dans plusieurs pays,
45:43 je crois plus de 15 pays, 50, vous n'en revenez pas encore ?
45:48 - Je n'en reviens pas encore, non,
45:52 et en même temps je comprends qu'il y a des sujets qui sont universels,
45:57 et peu importe la langue, nous touchent, donc tant mieux.
46:01 Je crois que "Chien et Chat" aussi, déjà rien que le titre,
46:04 "Chien et Chat" ça parle à tout le monde,
46:07 donc voilà c'est aussi ça qui me plaît, c'est de mettre de côté aucun public,
46:11 que ce soit par l'âge, par la différence de classe sociale,
46:15 ou oui, pour "Chien et Chat" il y a des blagues pour les enfants,
46:20 pour les grands, pour les petits, pour les moyens,
46:22 pour les femmes, pour les hommes, pour les amoureux des animaux,
46:24 pour les égoïstes, pour tout le monde en fait.
46:26 - Et il y a la sincérité aussi jusqu'à l'accent,
46:28 puisque les Québécois parlent québécois.
46:30 - Oui, je tiens à être sincère, je pense que c'est important.
46:34 Mon producteur m'a toujours dit, en fait un film peut marcher
46:37 à partir du moment où il est en adéquation avec celui qui le raconte.
46:40 Donc on ne cherche pas en fait à gagner du cash,
46:45 on cherche à raconter des histoires sincères, qui divertissent,
46:49 et je pense que c'est comme ça qu'on peut durer dans le temps.
46:52 - Et l'avenir justement maintenant ?
46:54 - L'avenir c'est de m'occuper de mes enfants,
46:56 que j'ai un peu délaissé pendant ces quelques années de tournage
47:00 et de prépa intensif, et je dois vous avouer que j'ai envie
47:03 de remettre le pied à l'étrier et d'écrire "Chien et Chat" n°2.
47:06 - Il faut le faire, en tout cas "Chien et Chat" n°1,
47:08 je suis convaincu que ça va toucher beaucoup de monde.
47:10 C'est un film qu'on ne peut pas lâcher jusqu'à la fin.
47:12 Moi j'ai eu beaucoup de mal à ne pas le voir jusqu'au bout.
47:15 Et puis je vous souhaite tout le succès que vous méritez,
47:19 avec l'énergie que vous conservez, que vous ne lâcherez jamais.
47:22 "Chien et Chat" se sera sur les écrans à partir de demain.
47:24 Je le recommande fortement à celles et ceux qui nous écoutent,
47:26 et ils sont de plus en plus nombreux.
47:28 Merci Irine Kierisi, et à bientôt pour d'autres aventures.
47:31 - Avec grand plaisir, merci beaucoup.
47:33 - Merci, "Les clés d'une vie" c'est terminé pour aujourd'hui.
47:35 On se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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