• il y a 8 mois
Jacques Pessis reçoit Bernard Thevenet : surnommé Nanard par le public, il est une légende du Tour de France. L’un des cycles de son « Parcours de vie » qu’il raconte dans un livre (éditions de Mareuil).

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-04-29##

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Transcription
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 Vous avez commencé par les foins avant de faire beaucoup de nourri,
00:07 grâce à un col qui vous a conduit vers les sommets de la notoriété.
00:11 Des maillots jaunes vous ont permis de porter justement très haut
00:14 les couleurs du cyclisme français.
00:16 Bonjour Bernard Thevenet.
00:17 Bonjour.
00:18 Eh bien, quel bonheur de vous accueillir.
00:20 Et pas seulement parce que vous avez gagné beaucoup de courses,
00:22 mais vous êtes une légende du cyclisme français.
00:24 Merci.
00:25 Alors vous sortez un livre "Parcours de vie" chez Maru Éditions.
00:29 Et le principe des clés d'une vie, c'est de raconter ce parcours de vie
00:32 à travers des dates clés.
00:33 Alors, j'en ai trouvé plusieurs, mais la première est intéressante
00:37 car c'est votre première télé, le 25 septembre 1966.
00:41 Je ne sais pas si vous vous souvenez de "Sport Dimanche"
00:46 qui était l'émission de Raymond Marsillac.
00:48 Oui, oui.
00:49 Qui a permis de découvrir Michel Drucker et Thierry Roland et quelques autres.
00:53 Oui, oui, oui, une belle brochette.
00:55 Voilà.
00:55 Et ce jour-là, c'est un reportage sur vous, sur le Grand Prix des Nations,
01:00 une course contre la monte qui est organisée depuis 1965
01:02 et qui a connu quelques turbulences jusqu'à sa disparition en 1994.
01:07 Et je crois que vous êtes dans le concours amateur,
01:10 dans la course amateur, où vous finissez troisième à 18 ans.
01:13 Oui, c'est exact.
01:15 C'était le même parcours que les professionnels d'ailleurs.
01:18 Oui.
01:19 Simplement, comme on n'avait pas le droit,
01:21 il était interdit de courir en pro et amateur.
01:25 Donc, les organisateurs étaient les mêmes organisateurs que le Tour de France.
01:28 Ça s'était déjà godé Félix Lévitan.
01:31 Et donc, Félix Lévitan avait eu l'idée de faire la course amateur le matin
01:35 et la course professionnelle l'après-midi.
01:38 Comme ça, ça permettait de dire que c'était deux courses différentes.
01:41 Et malgré une crevaison, j'avais terminé troisième de la course amateur.
01:48 J'avais battu plusieurs professionnels d'ailleurs.
01:51 Et c'est peut-être ce qui avait un peu étonné
01:53 parce que j'étais le plus jeune concurrent de la course.
01:57 C'est ce qui avait étonné Robert Chappate et les autres.
02:00 Vous aviez 18 ans et le vainqueur était Jean Sadeau.
02:03 Et derrière, il y avait le Britannique Robert Hill.
02:05 Oui, exact.
02:06 Et la course des professionnels, c'est Jacques Antille qui l'avait remportée devant Jim Mondi.
02:10 Exactement.
02:12 Et alors, pour la petite anecdote,
02:14 c'est la première fois où je suis passé un contrôle anti-dopage.
02:16 C'est vrai ?
02:17 Oui, oui, oui.
02:19 C'est à noter parce que quand il y a eu des problèmes dans les années 90,
02:23 les gens pensaient que l'anti-dopage datait de quelques années.
02:26 Non, ça date depuis très très longtemps.
02:27 Oui, votre histoire d'anti-dopage, c'est totalement terminé, c'est oublié.
02:32 Et on a prouvé votre innocence depuis, je crois.
02:35 Alors, c'est quand même émouvant un premier podium de ce genre.
02:39 Oui, oui, mais malheureusement, il n'y avait pas de podium justement en arrivée.
02:43 Il y avait un podium, il y avait un bouquet de fleurs pour le premier, c'est tout.
02:47 C'était tout ?
02:48 C'était tout.
02:50 Il n'y avait pas une grande manifestation, une grande fête.
02:55 Pourtant, c'est vrai, je reconnais, je m'en souviens pas comme c'était hier,
02:59 mais enfin je m'en souviens très bien.
03:00 Et j'étais vraiment très très content parce que ça m'avait permis
03:04 non seulement de mesurer aux amateurs, mais également aux professionnels
03:08 puisque c'était le même parcours.
03:10 Et Anctil était au sommet de sa gloire encore.
03:12 Ah oui, Anctil était au sommet de sa gloire, oui, oui.
03:14 Oui, oui, c'était son, je crois que c'était son neuvième succès aux Nations.
03:18 C'était fou, c'était un champion unique.
03:21 Alors j'en reviens à vos débuts.
03:24 D'abord, il y a une légende qu'il faut rétablir.
03:27 Vous êtes né dans une ferme, à la ferme du Pou et pas ailleurs, comme le prétendent certains.
03:31 Voilà, parce que mes parents sont venus s'établir dans une ferme
03:37 dans un petit hameau qui s'appelle Le Guidon.
03:40 Quand j'avais 8 ans et quand je suis passé professionnel, j'habitais chez mes parents.
03:48 Donc mon adresse, c'était Le Guidon à Saint-Julien-de-Sivry.
03:50 Évidemment, un journaliste est tombé là-dessus.
03:52 C'était trop beau.
03:53 Donc il a dit que j'étais né au guidon.
03:55 La légende est partie.
03:56 Et après, j'ai eu beau essayer de le faire rectifier, mais c'était très, très compliqué de dire aux gens
04:03 non, non, mais je suis pas né au guidon.
04:04 Je suis né à 300 mètres à côté.
04:07 Mais bon, puis comme disait Junford, entre la réalité et la légende,
04:12 il vaut mieux choisir la légende.
04:13 Exactement.
04:14 Vous étiez chez vos grands-parents maternels, d'ailleurs.
04:16 Je suis né chez mes grands-parents maternels, oui.
04:18 Et vous aviez 9 mois quand vos parents ont déménagé à Maringue, je crois.
04:21 Oui, c'est ça.
04:22 Oui, oui.
04:23 Alors, c'était une métairie qui appartenait à mon grand-père maternel.
04:30 Et donc mes parents habitaient chez les parents de ma maman.
04:34 Et après, ils sont allés dans cette petite métairie à Maringue.
04:39 Donc j'avais 9 mois.
04:41 Et puis on est parti pour aller à la ferme du Guidon quand j'avais 8 ans.
04:45 C'est pour ça que pour moi, ma maison maternelle, c'est vraiment Maringue,
04:49 c'est pas le Guidon, parce que c'est là où j'ai vécu mes premières enfances.
04:54 Enfin, ma première enfance, c'est là où j'ai tout appris pour un CD.
05:00 Enfin, on apprend beaucoup de choses jusqu'à l'âge de 8 ans.
05:02 On découvre la vie, on découvre tout.
05:05 J'avais des copains, c'est un petit hameau, il y avait une vingtaine d'habitants.
05:10 Donc c'est là que j'ai commencé à jouer avec les voisins.
05:14 - Un saut de mouton, par exemple ?
05:16 - Oui, on jouait aux billes, on jouait au ballon.
05:20 Enfin, on avait un ballon pour tout le monde, mais on jouait au ballon de temps en temps.
05:23 Et puis des fois, on allait faire des petites balades dans les petits chemins.
05:29 On allait pêcher à la grenouille.
05:31 - Oui, et Maringue est célèbre pour un film, je ne sais pas si vous le savez,
05:34 mais des scènes du film Uranus de Claude Berry,
05:37 adaptées du roman de Marcel Aimé, ont été tournées à Maringue.
05:39 - Je pense que c'est pas le même Maringue.
05:41 - Ah si, c'est le même.
05:44 - Il a besoin de la campagne, d'une ambiance de guerre mondiale,
05:50 et c'était Maringue qui convenait parfaitement.
05:52 - Oui, oui, sur ça j'en apprends.
05:54 - Alors la première guerre mondiale, justement, elle a été funeste pour votre grand-père,
05:59 qui est mort, et votre grand-mère l'a appris quelques temps après.
06:04 - C'était pour mon grand-père.
06:06 - Rien à grand-père.
06:08 - Ma grand-mère était mariée avec un monsieur Martin.
06:11 Et ce monsieur Martin est parti à la guerre,
06:17 et ma grand-mère a accouché de son fils, qui s'appelle Joseph,
06:21 et elle a su un mois plus tard que son mari était décédé,
06:25 avait été tué sur le champ de bataille le jour de la naissance de son fils.
06:30 Et après ma grand-mère s'est remariée avec un monsieur Raveau,
06:34 qui donc lui est mon vrai grand-père.
06:36 - Voilà, et en même temps, elle a tenu sa ferme toute seule,
06:39 comme beaucoup de femmes qui faisaient des travaux pendant la première guerre mondiale.
06:42 - On oublie un petit peu ça, tout ce qu'on doit à ces femmes,
06:48 qui ont œuvré dans les champs, qui ont maintenu l'agriculture française,
06:56 donc ces femmes-là qui ont maintenu l'agriculture française,
06:58 pour pas que les Français meurent de faim,
07:00 qui ont maintenu cette agriculture à la force de leurs bras,
07:04 parce qu'il n'y avait pas les tracteurs, il n'y avait pas les choses qu'il y a maintenant.
07:07 C'était un travail extraordinaire.
07:09 - Le premier tracteur, je crois que vous vous êtes monté dessus,
07:11 c'est votre grand-père qui l'a eu.
07:12 - Oui, mon grand-père a été un des premiers à acheter un tracteur.
07:15 Il était assez fan du progrès,
07:20 donc il avait vendu ses chevaux pour acheter un tracteur.
07:24 - Et c'était vraiment un tracteur, ça coûtait une fortune à l'époque ?
07:28 - Pas si cher que ça, parce que je crois qu'il avait vendu deux chevaux,
07:31 et ça coûtait à peu près le prix du tracteur,
07:34 donc ça coûtait peut-être même un peu, mais en rapport, un peu moins cher que maintenant.
07:37 - Alors pour votre culture personnelle, le premier tracteur à vapeur, Yachni,
07:41 a été inventé par un Russe qui s'appelait Fyodor Blinov en 1881,
07:45 et le premier tracteur américain, c'était John Frolish en 1892 dans le Hoa.
07:51 - Ah oui, oui.
07:53 - Donc c'est bien avant les...
07:54 - Lui, il l'a acheté dans les années 30, je crois,
07:56 donc c'est pas dur, c'était un Ford, il n'y avait pas de tracteurs français,
08:00 c'était des tracteurs américains ou anglais.
08:03 Enfin, Ford, c'était américain.
08:05 - Exactement.
08:06 Alors, il se trouve aussi qu'il y a un lieu qui a compté dans votre enfance,
08:09 et vous en parlez dans ce livre, Bernard Thevenet, c'est le château de Launay.
08:13 - Oui, c'est un château où mon père a vécu là-bas quand il était petit,
08:20 parce que ses parents travaillaient au château de Launay.
08:24 Ça appartenait à des messieurs de Vosglas,
08:27 qui étaient donc propriétaires du château et des terrains environnants.
08:33 Et ma grand-mère maternelle était cuisinière,
08:37 et mon grand-père était cocher et basse courrier.
08:41 - Quand on lit ce livre, d'ailleurs, on s'aperçoit qu'il y a un côté Don Thonabé,
08:44 pratiquement, dans ce château, avec plein de personnel qui sert la famille Launay.
08:49 - Oui, oui, c'était l'époque comme ça.
08:51 D'ailleurs, il y a quelque chose qui m'a beaucoup surpris,
08:54 parce que, après, quand mes grands-parents ont pris la retraite,
08:57 ils sont venus dans une petite maison à Sainte-Foy.
09:00 Mais Mme de Vosglas, la châtelaine, venait voir ma grand-mère de temps en temps.
09:05 Et ma grand-mère s'adresse, elle, à la troisième personne.
09:08 - C'est fou, hein ?
09:09 - Elle disait... Ça m'avait marqué, mais dit "Madame a-t-elle de belles fleurs ?"
09:13 Alors, sur le coup, je croyais... J'ai regardé, je me suis dit "à qui s'adresse la grand-mère, là ?"
09:18 Mais non, c'était bien, à son ancienne patronne, elle lui parlait à la troisième personne.
09:21 - C'est fou, hein ?
09:22 Il y avait aussi l'école, et l'école, justement, s'adressait aux maîtres d'une autre façon qu'aujourd'hui.
09:26 - Ah ben, c'est sûr, oui, oui, oui. C'est pour ça qu'on me demandait "Ah,
09:29 est-ce que tu te souviens des prénoms des instituteurs ?"
09:32 Je dis "non", parce que...
09:33 Bon, sûrement que sur le coup, on le savait, mais comment on les appelait toujours par leur nom,
09:38 je me souviens pas du tout de leur prénom.
09:41 - Oui, et vous avez bien travaillé à l'école.
09:43 Je crois que vous avez été un pionnier des devoirs de vacances, aussi.
09:46 - Oui, oui.
09:47 Je dis "pionnier", c'est contre mon gré, en quelque sorte, parce que j'aimais pas trop ça.
09:52 Enfin, j'aimais les vacances, mais c'était des cahiers,
09:57 puis il fallait... il y avait un peu de...
10:00 C'était un peu une révision de ce qu'on avait fait dans l'année,
10:03 c'était pour éviter, pendant ces mois de vacances,
10:07 éviter de tout perdre, ce qu'on avait appris dans l'année.
10:11 Ça permettait de...
10:12 Il fallait... Il y avait de la dictée, il y avait du calcul,
10:16 il y avait des choses comme ça qu'il fallait...
10:19 Histoire de ne pas perdre le fil de l'école, quoi.
10:22 - D'ailleurs, ces cahiers de vacances ont été inventés pour la première fois
10:25 après la crise de 29, où les livres scolaires ne se vendaient plus.
10:28 Donc l'éditeur Robert Magniart a trouvé cette astuce
10:31 pour pouvoir faire du chiffre d'affaires pendant l'été.
10:34 Et je crois que vous avez vu votre certificat d'études
10:37 en parlant de la géographie du port de Bordeaux.
10:40 - Oui, alors à l'époque, on passait un certificat d'études à 14 ans.
10:45 Et puis après, on allait travailler à la ferme.
10:49 Et je me souviens que le certificat d'études, la question de géographie,
10:53 c'était... Il fallait dire ce qu'importait et exporter le port de Bordeaux.
10:59 C'est-à-dire, à l'époque, c'était quand même compliqué,
11:01 parce qu'aller demander maintenant à un gamin de 14 ans
11:04 ce qu'importe et exporte le port de Bordeaux,
11:06 je ne sais pas s'il y en a beaucoup qui peuvent répondre.
11:09 Je me souviens que j'avais eu beaucoup de peines,
11:11 j'avais extrapolé un petit peu, j'avais dit bon,
11:13 à Bordeaux, on fait du vin, donc on doit exporter du vin.
11:17 Et c'est où ? C'est en face de l'Amérique, en face des Antilles.
11:24 Bon, on doit importer, je ne sais pas, peut-être des bananes,
11:26 des choses comme ça.
11:27 Mais bon, je n'avais pas dû avoir une très, très bonne note en géographie.
11:30 - Bon, en tout cas, il y a eu d'autres étapes ensuite,
11:33 comme on dit dans le cyclisme.
11:34 Et on va en évoquer une à travers la date du 14 juillet 1970.
11:38 A tout de suite sur Sud Radio avec Bernard Thévenet.
11:41 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:44 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Bernard Thévenet,
11:47 champion cycliste de légende qui publie Parcours de vie
11:51 chez Mareuil Éditions.
11:52 On va évoquer ce livre tout à l'heure.
11:54 Mais votre parcours de vie, on a évoqué vos débuts à la campagne.
11:57 Et le 14 juillet 1970, j'appelle ça le premier sommet de votre carrière,
12:03 car c'est la 18e étape du Tour de France, Saint-Gaudens,
12:05 Slamanji, le Tourmalet et une victoire de qui ? Bernard Thévenet.
12:09 - Oui, c'était vraiment une victoire inattendue.
12:11 Parce que déjà, j'étais venu sur ce Tour de France en dernier ressort,
12:17 je dirais même en dernier accro, parce qu'il y a deux coureurs
12:19 qui sont tombés malades juste avant le départ.
12:22 Et le directeur sportif, Gaston Plot, était bien embêté
12:24 parce qu'il y avait un remplaçant,
12:27 mais il n'y avait pas prévu pour un deuxième remplaçant.
12:31 Donc, il m'a appelé la veille du...
12:34 Enfin, il fallait être présent le jeudi à Limoges.
12:38 Donc, il m'a appelé le mercredi.
12:40 - Il a téléphoné à votre mère, je crois, d'ailleurs.
12:42 - Oui, en réalité, il a envoyé un télégramme,
12:44 parce qu'on n'avait pas le téléphone.
12:47 Donc, il a envoyé un télégramme.
12:49 Des fois, je dis à mes enfants,
12:52 on avait pas le téléphone, mais on avait des nouvelles quand même.
12:56 Il y avait le télégramme.
12:57 Les gens, ils envoyaient un télégramme d'un endroit,
12:59 une demi-heure après, on l'avait, à 1000 kilomètres de là.
13:02 - Exactement.
13:03 - Les gens croient que parce qu'on n'avait pas le portable,
13:06 qu'on n'avait pas de communication, mais non, ça existait déjà.
13:09 Donc, il m'avait joint par télégramme.
13:12 Il fallait rappeler le service course.
13:14 J'ai rappelé.
13:15 Il m'a dit, écoute, il y a deux coureurs qui sont tombés malades.
13:18 Il faut que tu fasses le Tour de France.
13:19 Je dis, mais je ne suis pas préparé pour faire le Tour de France.
13:22 Moi, je ne savais pas du tout, ni physiquement,
13:26 ni moralement, ni mentalement, prêt pour faire le Tour de France.
13:31 Je dis, et si j'abandonne, qu'est-ce qu'on va faire ?
13:33 Il m'a dit, mais non, je tiendrai compte du fait que tu me dépannes là.
13:37 Et que ça, gnagnagna, bon.
13:41 Du coup, j'ai pris le départ du Tour de France.
13:42 La première semaine était dure.
13:44 - En plus, vous êtes arrivé, on vous a donné une valise.
13:47 Vous n'aviez pas le maillot.
13:48 Vous n'avez pas le nouveau vélo.
13:50 - Non, non, non.
13:51 Je lui avais demandé, je dis, mais qu'est-ce que je dois emporter ?
13:53 Je ne savais pas.
13:54 Il m'a dit, écoute, on va te fournir les maillots,
13:56 on va te fournir les cuissards, ta porte, les chaussettes, les gants et un casque.
14:02 Il faut mettre un casque parce qu'on passait en Belgique.
14:03 Il fallait mettre le casque en Belgique.
14:05 Et puis, bon, il dit, le reste, on verra.
14:09 On s'en...
14:10 T'inquiète pas, on te le fournira.
14:11 Effectivement, quand je suis arrivé, on avait droit à une valise neuve.
14:14 On avait droit à je ne sais pas combien de maillots, de cuissards.
14:17 Déjà, parce qu'avant, il fallait pleurer pour avoir un cuissard ou un maillot dans l'équipe.
14:22 J'ai dit, vraiment, ce n'est pas une course comme une autre, le Tour de France.
14:25 - Ah oui, ça, on peut le dire.
14:27 Mais en fait, vous vous êtes très vite acclimaté en huit jours.
14:29 C'était bon.
14:30 - Oui, oui.
14:31 Bien huit jours, parce que le huitième jour, j'ai failli être éliminé.
14:35 Parce que j'ai crevé, je me suis retrouvé dans un groupe.
14:39 On a chassé, cravaché pour ne pas être éliminé.
14:43 Puis après, ça allait de mieux en mieux.
14:46 Et puis, t'arrivais la dernière semaine où on devait faire le travail pour Raymond Delisle,
14:52 parce qu'il avait prévu de frapper un grand coup dans cette étape-là.
14:55 Puis malheureusement, il a été rejoint.
14:57 Mais moi, j'essayais de suivre les coups qui partaient derrière lui.
15:03 Et puis, à un moment, je me suis retrouvé derrière le groupe de tête.
15:07 Et quand je suis arrivé sur le groupe de tête, il y avait Robert Chapatte,
15:10 qui travaillait pour Europe 1 à l'époque, sur la moto,
15:15 et qui me dit, mais t'as vu comment tu es revenu sur le groupe de tête, là ?
15:19 C'est toi le plus fort.
15:20 Mais vas-y, attaque, qu'est-ce que t'attends ?
15:22 Je lui ai dit, je vais attaquer, comme ça, au moins, il parlera de moi à la radio.
15:26 On saura que je suis dans le Tour de France.
15:28 Et j'ai attaqué.
15:31 J'étais content, je croyais que j'étais en tête d'une étape de montagne du Tour de France.
15:35 C'est un peu plus loin.
15:36 Je vois un coureur devant moi, c'était Gilbert Bellone.
15:38 Il n'y avait pas les oreillettes, je n'étais pas au courant qu'il y avait un coureur devant.
15:42 Bon, alors, j'ai passé Bellone.
15:45 Après, mon docteur sportif est venu et il m'a dit, allez, t'es tout seul en tête.
15:49 Et puis, on n'avait pas les oreillettes, mais on avait quelques amis, si on peut dire.
15:56 Notamment un ancien coureur qui s'appelait Victor Cosson,
16:00 qui pilotait une moto que je connaissais bien.
16:02 Et lui, pendant toute la montée, il m'a donné les écarts, il m'encourageait.
16:05 Il me disait, allez, mais si, tu vas aller au bout.
16:07 C'est lui qui m'a donné confiance.
16:09 Et finalement, je suis arrivé à La Flamme Rouge, au dernier kilomètre.
16:12 J'avais encore, je crois, une minute et quelques d'avance.
16:15 J'ai dit, il faut absolument que j'aille jusqu'au bout.
16:17 Mais alors, j'avais mal aux jambes, j'avais mal partout.
16:20 Je n'avais jamais autant souffert sur un vélo.
16:25 Mais c'était une étape du Tour de France.
16:27 C'était tellement inespéré pour moi,
16:29 que je suis vraiment allé au bout du bout, mais j'ai réussi à gagner mon étape.
16:33 - Et le vélo, je crois que ça a commencé parce qu'il fallait aller à l'école
16:36 et qu'il y avait 5 kilomètres, Bernard Thévenet.
16:39 - Oui, mes parents m'ont acheté un vélo pour aller à l'école,
16:41 parce que c'était 5 kilomètres, ça faisait un peu loin quand même à pied.
16:44 Donc, mes soeurs allaient en vélo, les voisins allaient en vélo.
16:47 Donc, ils m'avaient acheté un vélo.
16:49 Donc, je faisais 10 kilomètres tous les jours depuis l'âge de 6 ans.
16:52 - Oui, et ensuite, il y a eu le scientifique à l'étude,
16:54 où vous avez eu beaucoup de mal à vous faire offrir un vélo de course.
16:58 - Oui, mais pour récompenser du certificat d'étude,
17:01 mes parents avaient... J'ai deux soeurs aînées,
17:04 mais mes parents leur ont offert un vélo moteur.
17:06 Et moi, ils voulaient me montrer où c'était le vélo moteur.
17:08 Puis je dis "non, moi je veux un vélo de course".
17:10 Ouh là là, mon père n'était pas d'accord, parce qu'il a dit
17:12 "s'il fait du vélo, il ne va pas m'aider comme il faut dans la ferme".
17:16 Donc, on a négocié.
17:17 Donc, finalement, il m'a acheté un vélo qu'on appelait demi-course,
17:21 un vélo qui avait un guidon de course avec un dérailleur, avec des garde-boues.
17:25 Mais bon, j'étais déjà content, parce que j'avais déjà prévu,
17:29 j'ai dit "je veux des garde-boues et puis je vais en faire comme un vélo de course".
17:32 - En fait, vous n'aviez pas envie de prendre la suite de votre famille à la ferme,
17:36 et dès 13 ans, vous avez dit "je serai coureur cycliste", Bernard Thévenet.
17:39 - Oui, enfin, je n'avais pas envie, vous avez raison,
17:42 je n'avais pas envie de prendre la suite, mais je rêvais.
17:47 C'était vraiment un rêve d'être coureur cycliste,
17:49 mais je ne savais pas du tout comment j'allais pouvoir faire,
17:52 je ne savais pas du tout comment j'allais pouvoir y arriver,
17:55 je ne savais pas si j'allais y arriver un jour.
17:57 Donc, c'est pour ça que, déjà, on me faisait offrir un vélo de course,
18:01 et puis j'ai eu la chance que dans mon petit village de Saint-Julien-de-Séverille,
18:05 à 500 habitants, il y a un autre garçon qui a commencé à faire des courses.
18:09 Donc, j'allais le voir courir dans les épreuves autour le dimanche,
18:14 donc ça me faisait ma sortie.
18:16 Après, à la fin de la saison, j'ai roulé un petit peu avec lui,
18:20 il m'avait dit "tu marches bien",
18:22 et à partir de là, j'ai dit "il faut absolument que j'arrive à m'inscrire dans des courses".
18:27 - Oui, je crois que la première course, vous l'avez faite à l'insu de vos parents.
18:30 - Oui, donc mon père ne voulait pas, je n'étais mineur,
18:36 donc il fallait qu'il me demande de licence.
18:39 J'avais demandé, il m'avait dit "non, non, non,
18:43 qu'est-ce que tu vas faire, on t'offre de prendre une licence, pour quoi faire, etc."
18:46 Alors du coup, j'avais vu le secrétaire du club,
18:48 le secrétaire du club ne s'est pas embêté, il m'a dit "ça ne fait rien,
18:51 je vais imiter la signature de ton père".
18:52 - Voilà, c'est comme ça, il était un peu surpris,
18:54 mais ça s'est arrangé ensuite parce que vous avez gagné,
18:57 et je crois que votre première grande course était à Monceau-les-Mines aussi.
19:00 - Oui, oui, enfin à Monceau-les-Mines, il y avait plusieurs clubs,
19:04 il y avait Monceau, il y avait Blanzy,
19:05 les coureurs là-bas avaient beaucoup de chance,
19:07 parce que toutes les communes autour avaient des courses pratiquement tous les dimanches.
19:13 Donc moi ma première course, je l'avais faite à Mâcon,
19:17 à l'insu des parents, et la deuxième course,
19:20 mon père a dit "bon, je vais aller voir ce que tu es capable de faire",
19:24 et c'était un petit village appelé Bourg de Tizi,
19:28 c'est dans le Rhône,
19:31 et là j'ai dit "il faut vraiment que je fasse quelque chose",
19:34 et du coup j'ai réussi à gagner la course.
19:36 - Voilà.
19:36 - Donc après ça allait un petit peu mieux,
19:38 mon père me laissait une demi-journée par semaine pour m'entraîner.
19:41 - Et vous évoquez la chanson dans ce livre,
19:44 il y a une chanson qui a marqué cette époque.
19:46 - "Dites-vous monsieur Fett que je sois un oiseau,
19:50 avec des ailes pour m'envoler là-haut."
19:54 - Jean-Claude Darnal, je crois qu'on est deux en France à connaître cette chanson,
19:58 vous et moi,
19:59 et Jean-Claude Darnal était une star, il a démarré en première partie de Brassens,
20:02 et ensuite il a chanté en Afrique, aux Indes, aux Etats-Unis, partout,
20:06 sauf en France.
20:08 Et vous adorez cette chanson.
20:09 - Moi j'aimais bien cette chanson parce qu'elle...
20:11 Je voudrais être un oiseau parce que c'est vrai qu'un oiseau il va où il veut,
20:16 il va partout où il veut, pour moi c'était la liberté personnifiée.
20:22 - Dans les courses que vous avez courues, il y en a une qui est étonnante,
20:25 c'est le Tour de Berlin, à l'époque où il y avait le mur de Berlin, Bertin.
20:29 - Oui, il y avait une fête, je ne sais pas si elle existe toujours,
20:33 mais il y avait la fête de l'amitié franco-berlinoise.
20:37 Et à cette occasion, il y avait une course, et j'étais au bataillon de Joinville,
20:43 et donc le bataillon de Joinville était invité pour participer à cette course.
20:47 Et c'était un circuit dans Berlin, parce que Berlin-Ouest c'était grand, c'était immense.
20:53 Et il y avait un circuit qui devait faire je ne sais pas combien, 2-3 kilomètres.
20:57 Et puis au début je n'étais pas trop bien,
20:59 puis petit à petit je suis revenu devant et j'ai eu le bonheur de gagner cette course.
21:03 Et puis deux jours après, on nous a dit "si vous voulez visiter Berlin-Est, vous pouvez aller à Berlin-Est".
21:09 - C'était un privilège, oui.
21:11 - Oui, oui. Par contre il faut être habillé en militaire.
21:15 Si vous êtes militaire, vous avez le droit d'y aller.
21:17 Autrement en civil, vous ne pouvez pas y aller.
21:18 Il y avait une convention qui était signée entre Berlin-Est et les alliés,
21:25 où il y avait des possibilités comme ça pour les alliés de pouvoir aller à Berlin-Est.
21:30 Donc j'ai visité Berlin-Est, j'avais visité également le mur,
21:34 on a fait tout le tour du mur, c'était impressionnant.
21:37 Vous voyez cette immense agglomération encerclée comme ça,
21:43 avec des maisons qui avaient été abattues, il y avait un Nomenstand,
21:51 et les maisons derrière, ils avaient mûré les murs, ils avaient mûré les fenêtres.
21:56 - C'est fou.
21:57 - Et ils nous disaient, on pouvait faire le tour,
22:01 et il y avait un endroit, le guide nous disait "regardez là, on va vous prendre en photo".
22:05 "Ah bon ?" "Oui, oui".
22:05 Et il y avait un Wopo, un Allemand de l'Est, qui était là,
22:10 et il photographiait absolument tous les gens qui passaient devant,
22:13 qui regardaient comme ça, ce truc-là.
22:16 Et après quand on est allé dans Berlin-Est, c'était quand même pas très reluisant.
22:22 Berlin-Ouest avait été reconstruit,
22:24 mais Berlin-Est, il y avait encore beaucoup de ruines.
22:27 - Oui, et ça, vous étiez en militaire, et ensuite vous avez pris du galon.
22:31 Et on va l'évoquer à travers une autre date, le 20 juillet 1975.
22:35 A tout de suite sur Sud Radio, avec Bernard Thévenet.
22:37 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Bernard Thévenet,
22:45 un champion cycliste dont le nom est une légende,
22:48 et qui publie "Parcours de vie" chez Mario Editions,
22:51 un livre où vous racontez justement votre parcours.
22:54 Alors, votre parcours, on a commencé à l'évoquer à travers vos débuts.
22:57 Et il y a une date importante, le 20 juillet 1975,
23:01 le jour où vous recevez ceci.
23:03 - Il a le maillot, il a le maillot, le maillot, le maillot jaune.
23:09 Il a le maillot...
23:10 - Vous connaissez ces chansons de Marcel Hamon, "Le maillot jaune" ?
23:12 - Oui, oui.
23:13 - Et c'est le jour où vous êtes sur les Champs-Elysées avec le maillot jaune.
23:16 - Oui, c'est le jour où le président de la République me remet le maillot jaune.
23:21 C'est la seule fois d'ailleurs dans le Tour de France où un président de la République
23:24 a remis un maillot jaune.
23:25 - C'était Valéry Giscard d'Estaing à l'époque.
23:26 - Oui, oui, oui.
23:27 - Et c'était en plus, je crois, le premier Tour de France qui arrivait sur les Champs-Elysées.
23:32 - Oui, c'était la première fois où ça arrivait sur les Champs-Elysées.
23:35 On avait fait une...
23:36 C'était Yves Mourouzi qui avait initié cette nouveauté.
23:42 Et on avait fait le parcours une fois.
23:46 Il nous avait fait faire le parcours un jour à 13h.
23:52 On avait été escorté par la police.
23:55 C'était au mois d'avril, quelque chose comme ça.
23:58 Donc on a fait ce circuit là.
24:00 Et franchement, sur le coup, on a dit "mais ça fait bizarre de finir le Tour de France
24:03 en tournant en rond comme ça".
24:05 Parce qu'à l'époque, dans le Tour de France, on allait d'une ville à une autre et ainsi
24:09 de suite.
24:10 Maintenant, ça a changé parce qu'on tourne des fois aussi en rond.
24:11 Mais ça nous faisait bizarre quand même.
24:14 On a dit "bon, ça fait rien, on va voir".
24:17 Puis finalement, quand on a vu le succès que c'était sur ce parcours sur les Champs-Elysées,
24:21 on a dit "ça serait bien de recommencer".
24:23 Puis finalement, on a recommencé depuis tous les ans, depuis 1975.
24:27 - L'émotion justement quand on se retrouve devant la Concorde avec le maillot jaune sur
24:32 un podium avec tant de monde.
24:33 Qu'est-ce qu'on ressent Bernard Thévenet ?
24:34 - C'est difficile à dire parce qu'on est tellement...
24:40 Comment dire ?
24:42 C'était contre Edi Merckx.
24:47 Même s'il avait plus de deux minutes d'avance au classement général, il y avait toujours
24:52 cette appréhension de lui voir faire quelque chose d'ailleurs.
24:55 Quelque chose d'extraordinaire d'ailleurs.
24:57 Il m'a attaqué juste au départ.
24:59 Donc il est parti au départ et je courus après.
25:03 J'ai réussi à le rattraper avant de s'en remettre des champs.
25:05 Mais il était tellement prêt à attaquer à n'importe quand que tant que la course
25:11 n'était pas finie, on ne pouvait pas être tranquille.
25:13 Donc j'ai fini la course et tout de suite après, il y avait la presse, il y avait l'armise
25:18 du maillot, il y avait des tas de choses.
25:20 On n'a pas le temps de savourer son succès finalement.
25:23 - C'est fou.
25:24 Mais Merckx, effectivement, vous aviez détruit la légende.
25:26 - Oui, oui, oui.
25:27 Mais oui, tant que je n'avais pas franchi la dernière ligne d'arrivée, le dernier tour,
25:33 je n'étais pas vraiment euphorique, je n'étais pas tranquille.
25:38 - Alors je crois qu'en revanche, dans votre village, ça a été la fête.
25:42 Je crois que les cloches ont sonné pendant toute la journée, Bernard Thélé.
25:45 - Pendant deux heures.
25:46 - C'est énorme, deux heures.
25:48 - Pendant deux heures.
25:49 Pour un petit village de 500 habitants, avoir le vainqueur du tour dans son village, c'était
25:55 quelque chose d'extraordinaire puisque ça ne s'est jamais renouvelé d'ailleurs.
25:59 - Mais vous avez été accueilli là-bas comme un roi.
26:02 - Oui, un peu, mais comme un roi si on veut.
26:07 Parce que tous les gens me connaissaient, je connaissais tout le monde.
26:09 Donc finalement, j'ai gagné le Tour de France, mais j'étais toujours le petit gars de Saint-Julien-de-Sévry.
26:13 Tout le monde connaît tout le monde, donc on ne peut pas donner le champ.
26:19 On est comme on est, tout simplement.
26:21 - Il y a quelqu'un qui était ravi de votre victoire, c'était Jacques Anctil, parce qu'il
26:24 n'a pas battu son record.
26:27 - Exact.
26:28 Alors pour la petite histoire aussi, Jacques, quand j'ai pris le maillot, il restait huit
26:33 jours à peu près.
26:34 Il venait voir tous les soirs pour me voir comment ça allait, pour me donner des conseils,
26:39 pour m'encourager, me rassurer aussi.
26:42 C'est vrai qu'il m'avait beaucoup rassuré, parce que Jacques Anctil, c'est quelqu'un
26:47 qui était sûr de lui.
26:48 Donc il m'avait beaucoup aidé mentalement parce qu'il me rassurait en me disant "tu
26:54 vois bien, non non, mais t'inquiète pas, t'as vu en montagne, il ne peut pas te suivre,
26:58 et puis sur le plat, mais tu ne risques rien sur le plat, comment veux-tu qu'il t'attaque
27:00 ?" des choses comme ça, parce qu'il voulait absolument que je puisse gagner ce Tour de
27:05 France pour pas que Eddy Merckx en ait un de plus que lui.
27:09 - Voilà.
27:10 Alors tout je crois s'est joué à la quinzième étape, avec l'arrivée à Pralou, qui a été
27:14 un événement.
27:15 - Oui, oui, Pralou c'était un événement, parce qu'à huit kilomètres de Pralou, de
27:23 l'arrivée à Pralou, c'est une station de ski, à huit kilomètres de l'arrivée, j'avais
27:27 perdu le tour et en haut je n'avais pas gagné, mais enfin j'avais versé le résultat.
27:32 Donc ça a marqué énormément les gens.
27:35 En plus il y a eu un incident, parce que, enfin c'est un accident même, il y a une
27:41 voiture de la voiture de la Bianchi qui est tombée dans un ravin, dans la descente du
27:45 col d'Alos.
27:46 Et à l'époque, il y avait peu de moyens, il y avait un seul hélicoptère de la télévision,
27:52 et les services de sécurité ont demandé à l'hélicoptère de la télé de retourner
27:57 en arrière dans la descente du col d'Alos pour voir si les occupants de la voiture avaient
28:03 besoin d'aide-secours.
28:04 Heureusement, ils n'ont pas besoin.
28:05 Mais quand l'hélicoptère est revenu sur la course, moi je vais dépasser 10 mercs.
28:09 Donc les chroniqueurs, les reporters étaient complètement perdus, parce qu'ils me voyaient
28:16 à la télé, ils croyaient que je chassais derrière mercs, alors que c'était l'inverse,
28:19 c'est mercs qui étaient derrière.
28:20 Et d'un seul coup, ils attendaient mercs sur la ligne d'arrivée, ils m'ont vu arriver
28:23 moi.
28:24 Donc tout le monde était surpris.
28:26 Et c'est peut-être aussi ce qui a encore plus marqué les gens.
28:30 - Alors il se trouve que "Pralou", ça signifie "précultivé" pour le foin et les pâturages.
28:34 Ça tombe bien parce que le foin, finalement, vous en êtes beaucoup occupé, et ça a formé
28:38 votre force physique, justement, Bernard Thévenet, quand vous n'étiez pas encore coureur cycliste.
28:44 - Oui, parce qu'à la campagne, on commençait à travailler dès l'âge de 7 ou 8 ans.
28:48 On fait des travaux qui sont à la hauteur de la force d'un enfant, mais on commence
28:54 à travailler très très tôt.
28:56 Les jeudis, parce qu'à l'époque, le jour de congé scolaire, c'était le jeudi.
29:03 Les jeudis, on aidait les parents, on faisait des petits travaux à la ferme pour soulager
29:11 un petit peu les parents.
29:12 - Et même le matin, avant d'aller à l'école, c'était la vaisselle, je crois.
29:15 - Oui, quand on était petit, on faisait la vaisselle le matin avant d'aller à l'école,
29:20 parce que ma mère travaillait beaucoup dehors, beaucoup au champ, et donc elle n'avait pas
29:26 toujours le temps de tout faire.
29:28 Donc avec ma sœur, on faisait la vaisselle avant d'aller à l'école.
29:33 - Dans ce livre, Bernard Thévenet, Parcours de vie, vous expliquez qu'on monte le galibier
29:37 par 40 degrés, ce n'est pas plus chaud que quand on charge un char de foin dans le charrolet.
29:41 - Oui, parce que le foin pour nous, pour les charrolets, c'était très important, parce
29:47 qu'on était éleveurs de bétail, et évidemment on garde le bétail pendant l'hiver, donc
29:52 il faut le nourrir pendant l'hiver.
29:54 Donc c'était un des gros moments de l'année, la saison des foins, c'est un gros moment
30:02 de l'année, et c'est là où on prie le ciel pour ne pas qu'il ne pleuve, parce que si
30:06 le foin il mouille, après il se gâte.
30:08 Et c'est pour ça que le foin, on a intérêt à le rentrer quand il fait très chaud, comme
30:13 ça il sèche bien, il est bien sec.
30:15 Et quand il fait chaud, à l'époque il n'y avait pas les trucs pour monter sur les chars,
30:21 on les montait à la fourche, et c'est vrai qu'il fait chaud.
30:25 - Et ça a laissé peu de temps pour s'occuper d'autre chose, et je crois que pendant le
30:29 Tour de France, le facteur venait à porter des journaux qui permettaient à votre famille
30:36 et aux familles des voisinages de suivre le Tour de France.
30:39 - Oui, le facteur était sympa, parce que quand il y avait le Tour de France, souvent
30:44 il achetait le journal, et puis il le portait au Hamo, comme ça tout le monde, en le Hamo
30:49 les gens se le repassaient, comme ça tout le monde pouvait lire un petit peu le résultat
30:53 des courses, les résultats du Tour de France.
30:57 C'était le seul sport auquel les gens s'intéressaient, le Tour de France.
31:03 - Et ça vous intéressait déjà ? - Oui, oui.
31:05 - Votre père s'y intéressait ? - Oui, parce qu'on en parlait, on parlait
31:08 de Louis Obobé, on parlait d'Antonin Roland, parce qu'Antonin Roland était de Villefranche-sur-Saune,
31:14 donc c'était pas très loin, il était un peu considéré comme un... pas comme un enfant
31:18 du pays, mais presque quoi.
31:20 Donc les gens s'intéressaient au Tour de France pour ça.
31:24 - A l'époque vous n'aviez pas la télévision, vous ne regardiez pas les étapes ?
31:26 - Non, on n'avait même pas la radio à l'époque, alors on n'avait que le journal.
31:31 - Vous savez qu'à la télévision, les premières années, lorsque le journal télévisé est
31:35 né, on ne faisait pas les étapes en direct, on les tournait, il y a un avion qui ramenait
31:40 la bobine et c'était le lendemain, la diffusion des extraits de l'étape de la veille.
31:45 - Oui, oui, oui, assez rapidement quand même ils ont réussi à faire des extraits de l'étape
31:51 de la journée, mais c'est vrai qu'au départ, oui, il y avait toujours un jour de décalage.
31:57 - Vous avez aussi une particularité Bernard Thevenet, vous gagnez les courses dans les
32:01 années impaires.
32:02 - Oui, j'en ai gagné dans les années impaires aussi, mais peut-être des mois importantes,
32:06 c'est pour ça que ça m'a marqué.
32:08 - C'est vrai que le Tour 77 par exemple, vous aviez été malade d'avant, on ne vous espérait
32:13 pas et vous gagnez.
32:14 - Oui, enfin, on se posait un peu des questions parce que j'avais été battu dans le quatrième
32:23 du Dauphiné par Bernard Rinault.
32:24 - Qui débutait à l'époque.
32:26 - Qui débutait, c'était sa troisième année de pro, mais c'était sa première grande
32:31 victoire Bernard.
32:32 Les gens se demandaient, est-ce que tu allais pouvoir battre, il y avait Didier Thurot à
32:40 l'époque qui était quand même un Allemand, qui était connu, il y avait Zutmelt, il y
32:43 avait Von Nimm, il y avait Kuyper, il y avait quand même des gros, il y avait Dimerckx
32:49 encore en 77.
32:50 Donc il y avait quand même des candidats importants à battre pour pouvoir remporter
32:55 son offense.
32:56 - Et vous avez gagné sur les dernières étapes et grâce au contre la montre en particulier.
33:00 - Oui, oui, oui, où j'ai gagné le Tour de France c'est dans l'étape de l'Alpe d'Huez.
33:06 - Encore la montagne.
33:08 - Parce que ce jour-là, Von Nimm, Zutmelt, Kuyper s'étaient ligués contre moi et je
33:15 me suis battu tout seul contre les trois, c'était vraiment très très dur, mais j'ai réussi
33:18 à conserver le maillot jaune à l'Alpe d'Huez pour 8 secondes et c'était très important
33:23 parce qu'il y avait le contre la montre dont vous parlez là, trois jours plus tard et
33:28 comme on n'avait pas beaucoup de renseignements à l'époque, c'était très important de
33:31 partir derrière son adversaire.
33:33 Donc c'était un avantage de pouvoir partir derrière Kuyper, mais bon, j'avais 8 secondes
33:38 d'avance au classement général et il restait 51 kilomètres contre la montre, il fallait
33:42 quand même se bagarrer, c'était pas gagné, loin de là.
33:44 - Oui, en même temps le mental est très fort dans ces cas-là Bernard Thévenet.
33:47 - Oui, il faut avoir le mental, il faut avoir confiance en soi, mais bon, grâce à ma victoire
33:57 sur Eddy Merckx deux ans avant, j'avais acquis quand même une confiance et un mental, parce
34:07 que moi je bats du Merckx quand même, c'est pas Kuyper qui va m'embêter là quand même.
34:11 - Le seul problème dans ces cas-là c'est la célébrité parce qu'il y a les cocktails,
34:15 il y a les petits fours qu'on mange, le foie qu'on peut prendre, ça aussi c'est un danger
34:20 Bernard Thévenet.
34:21 - Oui, c'est un danger parce qu'on est invité, on se dit "bon, je vais faire attention",
34:25 on fait attention, mais bon, on est réinvité quelques jours après, puis la fatigue a
34:31 tendance à s'accumuler sans qu'on s'en rende bien compte.
34:34 On est invité à gauche à droite, puis finalement on prend l'entraînement un petit peu plus
34:39 tard dans la saison, et tout ça fait que c'est un peu dangereux parce qu'on arrive
34:50 à un moment de la saison où on n'a pas l'entraînement qu'on devrait avoir.
34:54 - Surtout qu'à l'époque vous étiez, je crois, quelqu'un qui parlait peu, et vous
34:58 avez commencé à parler, on le constate aujourd'hui, à l'âge de 40 ans.
35:01 - J'étais très très timide quand j'étais jeune, j'avais peur de parler avec les gens
35:08 parce que j'avais toujours peur qu'ils me jugent mal, qu'ils pensent que j'avais mal
35:12 parlé, qu'ils pensent que...
35:14 En plus j'avais un complexe parce que j'étais un paysan qui sortait du fin fond de la campagne,
35:22 mais après quand on monte de catégorie dans le cyclisme, on rencontre des coureurs qui
35:27 viennent un peu plus de la ville, qui viennent un peu plus, donc qui ont une expérience
35:32 ou une faconde un peu différente.
35:35 Donc au départ j'étais complexé parce que j'avais l'impression qu'il me manquait quelque
35:41 chose par rapport à ces gens-là.
35:42 - Vous êtes un paysan qui est devenu ce qu'on appelle une grosse légume, et on va en parler
35:46 à travers la date de la sortie de ce livre, le 28 mars 2024.
35:50 A tout de suite sur Sud Radio avec Bernard Thévenet.
35:52 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Bernard Thévenet, on a évoqué votre parcours
36:00 de champion avec toutes ces courses et notamment ces deux tours de France qui vous ont permis
36:04 d'entrer dans la légende, et la légende vous la racontez dans ce livre qui est sorti le
36:08 28 mars 2024, Parcours de vie, chez Marie-Hélène Rédition.
36:13 C'est un livre très particulier puisqu'il y a deux co-auteurs, Albin Novarino-Potier
36:18 et André Corban, et c'est un livre à la fois sous forme de récit de votre parcours
36:22 et sous forme d'entretien.
36:23 C'est assez étonnant.
36:24 - Oui c'est vrai que c'est un peu...
36:27 Il y a deux parties mais qui sont intimement mêlées, intimement liées dans ce livre.
36:34 Il y a des questions que se posent, Albin Novarino à mon sujet, donc elle me pose des
36:42 questions.
36:43 - Tu es journaliste, tu écris des livres.
36:44 - Et puis il y a André Corban qui lui raconte ce qu'il a retenu de ma carrière.
36:49 - C'est un entretien intime parce que finalement on connaît le champion mais on ne connaissait
36:53 pas vraiment l'homme.
36:54 - Oui, parce que j'ai déjà fait plusieurs livres chez De Mareuil, mais la plupart des
37:03 livres racontaient la carrière.
37:05 Je voudrais autre chose, parce que la carrière les gens commencent à connaître, ça fait
37:10 un moment.
37:11 Ce que je voudrais c'est montrer qu'un garçon qui vient du fin fond de sa campagne, à partir
37:18 du moment où il est motivé, à partir du moment où il a un but, il peut très bien
37:23 réussir dans un domaine où il n'y a absolument pas de prédilection parce qu'il n'y a personne
37:30 autour de lui qui va l'encourager, qui va l'aider à faire ça.
37:35 C'est à lui, c'est à chacun, quand on a une passion, c'est à chacun de se donner
37:40 les moyens de travailler pour pouvoir assouvir sa passion et grâce à cette passion arriver
37:45 à haut niveau.
37:46 - Et quand vous avez commencé à rêver à cette carrière, vous pensiez que vous seriez
37:50 un tel champion avec d'autres repous ?
37:51 - Non, pas du tout.
37:52 C'est vrai que je suis un bon fils de paysan, un pied après l'autre.
37:58 Ne pas brûler les étapes.
38:01 En rêve, oui peut-être, mais c'était vraiment un rêve, ce n'était même pas un but, c'était
38:05 vraiment un rêve.
38:06 Le rêve au début, comme tous les coureurs débutants, le rêve c'est de pouvoir passer
38:13 professionnel un jour.
38:14 Puis quand on est professionnel, c'est de pouvoir participer au Tour de France et puis
38:18 quand on est dans le Tour de France, c'est de pouvoir gagner une étape.
38:20 Et puis après, c'est de pouvoir être sur le podium.
38:22 - Alors ce qu'on apprend aussi dans votre livre, si on ne le savait pas, c'est votre
38:25 passion pour les livres.
38:26 Je crois que votre grand-mère cachait les livres quand vous arriviez chez elle.
38:30 - Oui, comme j'étais très timide, je n'aimais pas trop parler, donc j'aimais beaucoup lire.
38:35 Je lisais beaucoup, je lisais tout ce qui me tombait sous la main.
38:41 Et alors pour la petite histoire, ma grand-mère était abonnée à un journal.
38:46 Elle recevait le journal tous les jours.
38:48 Et le lundi, le journal, il y avait des pages jaunes dedans, des pages sport.
38:54 Elle ne lisait pas du tout.
38:56 Donc elle me gardait ces pages-là.
38:57 Alors elle les mettait de côté parce que j'allais lui donner des petits services comme
39:01 ça de temps en temps.
39:02 Et quand j'avais fini les petits services chez elle, je disais "Tiens, pour te récompenser,
39:06 paf, elle me donnait cet encart sur le sport.
39:10 Et c'est vrai que cet encart, ça m'a permis d'aimer le sport.
39:14 - Et d'ailleurs, je crois qu'elle a tenu ensuite des cahiers d'écoliers avec vos courses,
39:19 vos victoires, etc.
39:20 - Mes deux grands-mères, je les suis longtemps après, mais mes deux grands-mères, chacune
39:25 de leur côté, sans se concerter, elles avaient acheté un cahier d'écoliers.
39:28 Et dessus, elle marquait la date, le nom de la course, la place que j'avais faite et éventuellement
39:34 un petit commentaire si j'avais chuté, si j'avais crevé, des petites choses comme ça.
39:39 - Et il paraît que l'une d'entre elles a même écrit un jour au général de Gaulle,
39:42 président de la République, pour se plaindre.
39:44 - Alors, c'était en 1968, il y avait les Jeux de Mexique où j'étais champion de France
39:50 amateur.
39:51 Et le sélectionneur ne m'a pas retenu.
39:52 Et il y a eu un journaliste qui était passé dans le petit village de Saint-Julien-de-Séverille
40:00 et il lui avait dit "mon petit-fils n'a pas été retenu, mais je vais écrire au général
40:04 de Gaulle" parce qu'elle avait une affinité avec le général de Gaulle, c'était la même
40:07 année que lui.
40:08 Mais je ne pense pas qu'elle lui ait écrit, je ne sais pas.
40:10 On n'a jamais retrouvé ni trace de lettre, ni rien.
40:13 Je pense que c'était juste une menace comme ça.
40:15 - Oui, c'était une bonne menace.
40:17 Alors, ce qu'on apprend aussi dans ce livre, Bernard Tévenez, c'est votre culture, pas
40:21 celle du paysan, mais Lamartine, Victor Hugo, ça vous passionne ?
40:25 - Oui, ça me passionne.
40:27 J'aimais bien lire.
40:28 Lamartine, il était de Saône-et-Loire aussi, donc c'était normal qu'on l'apprenne.
40:35 Mais Victor Hugo, à l'époque, on apprenait beaucoup de poèmes ou de récits de Victor
40:40 Hugo.
40:41 - D'ailleurs, vous avez appris par cœur, et il est dans ce livre, un extrait des "Chant
40:44 des Châtiments".
40:45 L'expiration.
40:46 - Oui, oui, un tout petit...
40:47 C'était il y a longtemps, j'ai un peu oublié quand même depuis.
40:53 Mais quand j'ai passé mon certificat d'études, il y avait une épreuve, c'était chant ou
41:02 poésie ou récitation.
41:03 On me demande de chanter, j'ai dit non, parce que j'étais en Rouaix ce jour-là.
41:07 J'ai dit non, je suis en Rouaix, je ne sais pas bien, je ne sais pas...
41:10 Bon, elle m'a dit, bon, alors j'avais récité la "Retraite de Russie" de Victor Hugo.
41:17 - Oui, parce que finalement, la chanson, ce n'était pas votre truc, la musique non plus.
41:21 - Non, je chante faux comme tout, je ne chante pas, parce que sinon tout le monde s'en va,
41:24 donc je ne sais pas chanter.
41:25 - Mais pourtant, vous aimez Brel, vous aimez Piaf, vous aimez Jolie.
41:28 - Ah non, mais j'aime bien écouter les chansons, j'aime bien les chansons de cette époque-là,
41:32 parce que les chansons, il y avait une belle mélodie qui souvent était accompagnée d'une
41:38 belle histoire en même temps.
41:39 - Exactement.
41:40 Et il y a une chanson aussi qui vous a marqué et qui fait partie de votre Marseillaise personnelle.
41:45 - Là-bas, au Connemara, on sait tout le prix du silence.
41:55 - C'est vrai qu'on ne peut pas entendre aujourd'hui une soirée dans un bar sans terminer par
41:59 les lacs du Connemara.
42:00 Il y a une histoire d'ailleurs dans cette chanson, parce qu'elle a fait le tour de France.
42:04 En fait, quand Jacques Reveau devait aller voir Michel Sardou pour la composer, Sardou
42:08 changeait d'adresse régulièrement.
42:10 Il voulait aller à Genève, à Mégev.
42:11 Donc, il le suivait avec sa voiture.
42:13 Et les voyages ont fait que le piano s'est déréglé et que les sons ont permis de créer
42:18 ceux du lac du Connemara.
42:19 - Ah oui ? - Oui.
42:20 - Ah oui, belle histoire.
42:21 - Et pourquoi cette chanson, Bernard Thévenet ?
42:23 - Parce que je trouve que la mélodie est très belle, elle est entraînante.
42:28 Et puis, parce que là aussi, ça raconte une histoire.
42:36 Ça raconte une histoire des Irlandais.
42:38 - C'est fou, c'est fou.
42:39 - C'est toujours intéressant quand une chanson peut raconter quelque chose de...
42:44 Je sais pas, c'est peut-être un peu mythique, c'est peut-être un peu réel, mais ça peut
42:50 paraître réel.
42:51 Les paroles peuvent s'adresser à...
42:54 - Oui, Pierre Delenoy est revenu d'un voyage en Irlande et l'idée est née comme ça.
43:00 Et vous avez failli, je crois, faire un autre métier, Bernard Thévenet, c'est être électricien.
43:05 - Oui, oui, j'aimais bien la mécanique, l'électricité.
43:09 Ça me plaisait bien.
43:10 D'ailleurs, à la maison, je bricole pas mal l'électricité.
43:12 Moi, j'aime bien bricoler à la maison.
43:14 J'aime bien réparer un petit peu tout.
43:17 Je suis pas du genre à jeter...
43:19 On me le reproche tout le temps à la maison, d'ailleurs, parce que j'ai plein de choses
43:21 qui traînent, mais je suis pas du genre à jeter quelque chose qui marche plus.
43:24 J'ai toujours envie de le réparer.
43:25 - Vous avez pris une autre orientation et finalement, vous avez continué.
43:29 Parce que quand la carrière s'est arrêtée, vous avez continué dans le monde du cyclisme,
43:33 d'abord comme directeur sportif, ensuite comme consultant.
43:35 Vous avez fait plein de choses.
43:36 - Oui, oui, c'est bien de pouvoir rester.
43:38 Parce que quand on arrête le cyclisme, c'est comme quand on arrête une carrière sportive.
43:45 Ça change du tout au tout, du jour au lendemain.
43:49 On n'a plus du tout les mêmes repères.
43:51 On s'éloigne de la plupart de ses amis et de ses connaissances parce qu'eux, ils continuent
43:59 à tourner avec le cirque alors que nous, on reste dans notre coin.
44:02 Donc, on a quand même toujours cette envie.
44:06 Dès qu'on m'a fait appel pour devenir directeur sportif, j'ai dit oui parce que c'était
44:15 mon milieu.
44:16 C'est là où j'avais mes amis.
44:17 C'est là où j'avais mes connaissances.
44:18 - Et vous avez aussi été consultant pour France Télévisions et vous avez été récompensé
44:23 d'un set d'or en 1998.
44:25 - Oui, avec Patrick Chen pour les reportages du Tour de France sur France Télévisions.
44:32 J'aimais beaucoup travailler avec Patrick Chen parce que c'est un grand professionnel
44:37 comme j'aimais aussi travailler avec Christian Prudhomme.
44:39 On a fait trois Tours de France ensemble avec Christian Prudhomme.
44:42 Avec Christian Prudhomme, ce sont des journalistes que j'aime bien parce que ce sont des gens
44:50 qui travaillent beaucoup.
44:51 Ils ne sont pas seulement devant le micro et commentent la course.
44:56 Avant, ils recherchaient.
44:57 J'ai beaucoup appris avec eux.
44:59 J'ai beaucoup travaillé avec eux parce qu'avant, ils préparent des papiers, des choses.
45:06 Ils préparent vraiment leurs reportages.
45:08 Ils n'arrivent pas comme ça de but en blanc.
45:10 - Et il y a aussi une autre course qui aujourd'hui vous importe.
45:15 Yves Montand l'a un jour évoqué.
45:17 - Je ne sais pas si vous connaissez cette chanson, "Velle vive" d'Yves Montand qui évoque
45:29 les six jours de Paris au lendemain de la guerre.
45:31 Et aujourd'hui, il n'existe plus malgré une tentative en années 80.
45:35 Mais il y a une course à Grenoble et vous êtes chef de piste.
45:38 - Oui, il y a une course qui s'appelait aussi "Six jours" avant qui a été arrêtée pendant
45:43 un moment parce que la municipalité n'était pas trop favorable pour relouer la piste.
45:48 Et finalement, l'ancien organisateur Gishanal a réussi à relouer cette piste.
45:55 Et maintenant, on organise les trois jours de Grenoble qui sont très différents de
45:59 ce qui existait avant, mais qui permettent à la piste de revivre et qui permettent à
46:04 des coureurs ou des coureuses de piste de pouvoir se montrer au public, de pouvoir courir,
46:14 de pouvoir s'exprimer.
46:15 - Et en plus, c'est une course qui est une fête populaire.
46:17 C'est vrai que le cyclisme, c'est aussi une fête populaire.
46:20 Vous l'avez constaté pendant le Tour de France, vous continuez à le constater, Bernard
46:23 Thébé.
46:24 - C'est une fête populaire.
46:25 Je ne sais pas si vous avez regardé Paris-Roubaix l'autre week-end, mais c'est vraiment une
46:34 grande fête.
46:35 D'ailleurs, ça devient peut-être un peu dangereux parce que les gens font peut-être
46:37 un peu trop la fête.
46:38 Mais c'est vrai qu'il y a une fête autour du cyclisme.
46:42 Les gens viennent voir le cyclisme, c'est aussi pour participer à une fête.
46:48 Et dans les six jours, c'est ça aussi, sauf que c'est dans un endroit clos, un endroit
46:52 fermé.
46:53 Mais je pense que les gens ont besoin de faire la fête.
46:57 De temps en temps, on vit des moments qui sont souvent moroses.
47:02 Donc pour les gens, ils viennent et dans le sport et faire la fête en même temps.
47:07 - Il y a aussi une cyclo sportive, Bernard Thévenet.
47:10 - Oui, les cyclo sportives sont des épreuves qui ont été inventées il y a une quarantaine
47:15 d'années et qui sont ouvertes à tout le monde.
47:20 C'est une cyclo sportive qui a lieu à côté de Parel Monial.
47:23 Dans une cyclo sportive, il y a deux circuits.
47:27 Mais ce qui caractérise la cyclo sportive surtout, c'est qu'il y a un repas après.
47:31 Et nous, au repas, on sert évidemment, comme on est en charolais, on sert un pavé de bœuf
47:36 charolais et un fromage de chèvre charolais à hopé.
47:39 - Et Parel Monial est célèbre parce qu'Émile Buisson était là-bas, les Nijuliks numéro
47:45 1.
47:46 - Oui, oui, oui.
47:47 - Vous ne l'avez jamais croisé ?
47:48 - Non, non, non.
47:49 Et même si on n'est pas trop entendu parler, pourtant quand on habitait à Maringues, on
47:55 habitait à 12 kilomètres de Parel Monial.
47:58 Mais les gens en campagne n'aimaient pas trop en parler, n'aimaient pas trop parler des
48:04 mauvais garçons.
48:05 - Il est devenu célèbre quand Roger Bornich l'a arrêté.
48:08 Et sur le conseil d'Alain Delon, on a fait un livre et un film, Free Story.
48:12 C'est comme ça qu'on a découvert Émile Buisson.
48:14 - Oui, oui.
48:15 - Et il y a aussi les vêtements Bernard Thevenet.
48:18 Vous continuez à travailler complètement dans cet univers Bernard Thevenet.
48:21 - Oui, j'ai arrêté les vêtements parce que ça faisait beaucoup de travail.
48:27 Donc, j'étais associé avec un ami, on a vendu l'affaire il y a 3-4 ans et on est un
48:33 peu plus tranquille maintenant.
48:34 - Et tranquille avec des souvenirs et des livres.
48:37 Il y a un humoriste qu'on a un peu oublié et dont vous êtes fan, c'est Alexandre Vialat.
48:41 - Oui, oui, oui, c'est vrai que oui.
48:44 Il n'a pas été médiatisé comme il l'aurait mérité.
48:50 - Il écrivait des romans et des articles de journaux et il faisait le courrier du cœur
48:54 dans les journaux et il s'écrivait à lui-même les propres lettres pour le courrier du cœur.
48:58 C'était un roi du canular.
48:59 - Oui, oui, oui, ça oui, certainement.
49:01 - Et maintenant l'avenir Bernard Thevenet.
49:04 - L'avenir, je vais m'occuper de...
49:07 Je travaille toujours pour un Morisport Organisation.
49:11 Je suis directeur de l'épreuve du Criterium du Dauphiné, Montvergne-Rhône-Alpes.
49:22 Je fais le Tour de France avec eux également, je fais les relations publiques.
49:26 Donc je m'occupe de différentes choses.
49:29 Je suis un des organisateurs du Champion de France de la gendarmerie également.
49:32 On fait courir les gendarmes, c'est très bien, et les gendarmettes aussi.
49:35 Et puis j'ai quatre petits-enfants, quand j'ai le temps je m'en occupe aussi.
49:40 C'est très intéressant également.
49:41 - Oui, il doit être fier de vous parce que votre parcours est étonnant.
49:45 Et il est raconté dans ce livre "Parcours de vie" chez Marie-Élission,
49:48 que je recommande à celles et ceux qui vous connaissent ou qui ne vous connaissent pas,
49:52 parce qu'on découvre le champion mais aussi l'homme.
49:54 Merci d'avoir accepté de l'écrire et merci d'avoir accepté "Ces clés d'une vie".
49:58 - Merci beaucoup.
49:59 - "Les clés d'une vie" c'est terminé pour aujourd'hui.
50:01 On se retrouve bientôt.
50:02 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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