Jacques Pessis reçoit Jacques Malaterre : réalisateur de « L’odyssée de l’espèce, » il a tourné la suite, en Chine : « Les derniers secrets de l’humanité ». Il les raconte dans un livre avant la diffusion à la télévision (éditions Glyphe).
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-02-26##
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00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:05 Le réalisateur que vous êtes est parvenu à raconter 7 millions d'années en 90 minutes.
00:11 Nous allons en avoir seulement 60 pour évoquer votre parcours qui lui-même relève de l'Odyssée.
00:16 Bonjour Jacques Malaterre.
00:18 Bonjour Jacques.
00:18 Alors, on vous connaît à travers l'Odyssée de l'espèce bien sûr.
00:21 Et puis, il y a un nouveau film, "Les derniers secrets de l'humanité",
00:24 bientôt à la télévision, mais pour l'instant un livre aux éditions Glyphe.
00:28 Et c'est l'occasion d'évoquer non pas l'humanité,
00:31 mais votre parcours aussi à travers des dates clés, le principe des clés d'une vie.
00:34 Et on va le faire aujourd'hui à travers la première date, le 9 décembre 1991.
00:40 Ce jour-là, c'est votre première télévision avec ceci.
00:43 [Musique]
00:47 "L'Opera Eccles de Zingaro" qu'on retrouve à la télévision.
00:50 Et vous avez réalisé un film de 58 minutes sur le cirque Zingaro.
00:53 C'est votre première télé ?
00:55 Oui, c'est ma première télé, "Le cabaret casse de Zingaro".
00:58 En fait, personne n'avait filmé encore jusque-là le terrible Barthabas.
01:02 Qu'on ne connaissait pas du tout.
01:03 Qu'on ne connaissait pas du tout, qui venait s'installer à Aubervilliers.
01:07 Ils refusaient toutes les caméras.
01:08 Et donc, c'était assez compliqué à filmer parce qu'il ne se passait pas grand-chose.
01:12 C'était plutôt une atmosphère qu'il fallait rendre.
01:15 Et pour essayer de connaître à la fois Barthabas et de m'immerger dans le théâtre Zingaro,
01:21 j'ai fait ce que je fais toujours depuis, c'est que je suis allé vivre avec eux.
01:24 Et pendant deux ans, je vais aller vivre avec eux et je vais faire trois films sur le théâtre Zingaro.
01:28 Je vivais Aubervilliers, il n'y avait encore pas de toilettes, on allait au café d'en face.
01:32 C'était la campagne en plein Paris.
01:34 Oui, et Barthabas vous a accepté, Jacques Malaterre, ce qui n'était pas le cas de tout le monde.
01:39 Ah, ce n'était pas le cas de tout le monde.
01:40 À l'époque, Barthabas n'était pas sociabilisé comme il est devenu aujourd'hui.
01:44 Moi, je l'ai vu sortir des caméras à coups de poing.
01:48 Je l'ai vu refuser d'être filmé, je l'ai vu refuser d'être passé à la télé.
01:51 Donc, il fallait être compté.
01:52 Mais finalement, l'histoire était longue parce que quand j'étais encore éducateur à Avignon
01:57 et que je m'étais acheté une caméra VHS, j'étais allé filmer des fous furieux qui refusaient aussi d'être filmés.
02:02 Mais ils m'avaient bien aimé.
02:03 Ils s'appelaient le Circa Ligre et c'était les débuts de Barthabas.
02:06 Il se trouve que ce reportage est passé dans le cadre de l'émission Océanique des idées des hommes et des œuvres,
02:13 qui était une émission de Pierre-André Boutan et Yves Gégu,
02:16 qui était un programme intellectuel, mais qui a préfiguré Arte.
02:19 C'est l'époque où on avait un peu le temps, il n'y avait pas de formatage du documentaire.
02:24 Je me souviens, j'avais fait à la fois la captation du spectacle, mais j'avais fait naissance de l'opéra équestre.
02:30 Et j'avais pu suivre, parce que Barthabas, j'avais pu l'apprivoiser en ayant filmé le cabaret équestre.
02:34 J'avais pu le suivre pendant un an dans sa création, filmer l'artiste fou en train de créer.
02:39 Alors, il y a Avignon qui est important pour vous puisque vous y êtes né, Jacques Manaterre.
02:44 Une enfance sérieuse, des études suivies.
02:47 Parce que je crois que votre père était professeur de mathématiques et il ne laissait rien passer.
02:51 - Mon père était professeur de mathématiques, il ne laissait rien passer.
02:53 Et ma mère, femme au foyer, une enfance heureuse dans Avignon, mais pas du tout.
02:59 Je ne m'imaginais jamais réalisateur un jour.
03:01 - Non, d'abord il y a le lycée Frédéric Mistral, dont les élèves ont été Frédéric Mistral,
03:05 mais aussi Bernard Kouchner.
03:07 Et puis René Char, qui un jour, pour une exposition de peinture,
03:10 a invité Jean Villard à faire quelques spectacles, c'est le festival d'Avignon.
03:14 - C'est cela, exactement.
03:15 - Et René Char, que vous avez filmé, que vous avez raconté aussi.
03:18 - J'ai raconté avec sa dernière épouse, Marie-Claude Char.
03:21 J'ai fait un portrait, c'était pour la série "Un siècle d'écrivain" sur France Télévisions.
03:26 Et j'ai pu le raconter, Marie-Claude m'avait fait vraiment entièrement confiance.
03:31 Donc j'ai pu pénétrer vraiment dans l'antre de René Char.
03:34 Et comme il avait tout laissé, trouver des mots de Paul-Éluard, des choses comme ça.
03:38 C'était assez magique.
03:39 - Alors il se trouve aussi qu'Avignon, vous avez fait vos débuts au théâtre, je crois,
03:43 dans un rôle muet.
03:44 - Oui, dans un rôle muet, effectivement.
03:46 Vous êtes très bien renseigné.
03:47 J'ai fait "Au théâtre du chien qui fume", mis en scène par Gérard Vantageoli.
03:52 C'était un spectacle qui s'appelait "La tente et la mort".
03:54 Et donc moi, j'étais dans la partie filmée.
03:56 Il adorait beaucoup filmer, Gérard.
03:58 Et donc j'ai été condamné à toutes les peines de mort.
04:00 On m'a coupé la tête, on m'a pendu, on m'a fusillé.
04:04 Voilà, j'étais condamné à mort universelle.
04:06 - Il faut savoir que vous avez vu quelques spectacles au festival d'Avignon, enfant,
04:10 puisque le lycée, il y avait des spectacles au festival d'Avignon.
04:12 - Oui, oui.
04:13 - Au festival d'Avignon.
04:14 - Oui, il y avait du spectacle.
04:16 Et puis moi, j'étais déjà quand même attiré par toutes ces salles tellement manques
04:19 et qui envahissaient la ville au mois d'année, au mois de juillet.
04:22 - Et pourtant, vous allez faire l'école Ferdinand Rey,
04:25 qui vous emmène à votre métier d'éducateur, ce qui n'a rien à voir.
04:29 - Non, ce qui n'a rien à voir, parce que vraiment, je me sens loin.
04:31 Je ne me sens pas du tout artiste, fils de prof de maths, mère au foyer.
04:35 Non, par contre, j'ai envie de changer le monde.
04:38 Voilà, moi, j'étais trop jeune pour avoir fait 68.
04:42 Et donc, j'avais quand même toute cette imprégnation d'une nouvelle société.
04:46 Donc, pour changer le monde, c'était quoi ? C'était éducateur.
04:49 Donc, je veux faire éducateur.
04:50 C'est ma volonté.
04:52 Je me vois éducateur chef, éducateur chef et directeur d'établissement un jour.
04:56 - Ce qui fait que vous êtes avec des inadaptés.
04:59 Vous avez failli prendre un coup de couteau un jour.
05:01 - Oui, très, très bien renseigné, vraiment.
05:05 Oui, on m'a cassé des balais en deux sur la tête.
05:07 J'ai été braqué avec des couteaux.
05:10 Oui, tout à fait.
05:10 Ou la personne vous dit, c'était d'ailleurs marrant parce qu'on était un centre pilote.
05:14 Donc, on travaillait vraiment avec peu de neuroleptiques, bien sûr, sans non-violence,
05:19 sans violence.
05:20 Et le gars me dit, mais de toute façon, même si je te tue, je suis fou.
05:25 Donc, je n'irai jamais en prison.
05:26 Ce fils n'est pas si fou que ça.
05:28 - Mais c'était dangereux comme métier.
05:30 - C'était, oui, c'était dangereux, mais c'est ce qu'on voulait.
05:34 C'est ce qu'on ne voulait surtout pas.
05:35 C'était, c'était, on voulait casser l'asile.
05:38 Donc, on était dans un établissement, j'étais au centre foyer d'API Le Luboron, à Cavaillon.
05:43 On était au puits du Luboron.
05:44 L'été, il y a des touristes qui s'arrêtaient pour nous demander des chambres, pensant que
05:47 c'était un bel hôtel.
05:48 Donc, on ne leur donnait jamais de chambre.
05:50 Et donc, là, on était vraiment, on travaillait, voilà, je vous dis, dans une espèce de non-violence
05:54 et avec le minimum de neuroleptiques en cachet.
05:58 C'est ce qu'on appelle la camisole de force en comprimé.
06:00 Donc, effectivement, on était à cheval sur des comportements, des fois, qui pouvaient
06:05 devenir très dangereux.
06:06 Et vous vous montez tente, c'était dans la cuisine d'un squat, je crois, où vous avez
06:10 Jacques Malaterre, fait de la radio libre, gratuitement, en interviewant Isabelle Adjani,
06:14 Léo Ferré.
06:15 C'est hallucinant.
06:16 Oui, oui, oui, c'est exactement.
06:17 C'est la cuisine de squat.
06:19 Radio Cavaillon, ça s'appelait.
06:21 On émettait à 10 kilomètres.
06:23 Et donc, je faisais une heure par semaine parce que je trouvais, à l'époque, c'était
06:27 en amour de la musique.
06:28 Moi, j'avais envie de faire une émission de travaillé, donc ça me demandait beaucoup
06:31 de temps de préparer une heure par semaine.
06:33 Je confirme.
06:34 Et donc, j'allais voir les gens et finalement, je faisais les artistes locaux.
06:39 Je me disais, mais quand même, le Luboron, il y a plein d'artistes connus.
06:42 Si j'arrivais à mettre la main là dedans.
06:45 Et finalement, j'avais commencé par le scénariste du Tigre qui m'a dit j'ai un ami qui s'appelle
06:50 Pierre Vanek, grand acteur du TNP, qui a adoré ce que j'ai fait, qui m'a dit j'ai un beau
06:55 frère qui est réalisateur, c'est Jean Becker.
06:57 Et comme ça, de fil en aiguille, j'ai pu interviewer effectivement Isabelle Adjani pendant
07:00 l'été meurtrier, alors qu'elle avait refusé toute interview.
07:02 Et puis aussi faire une rencontre magique, Léo Ferré.
07:05 J'ai fait l'interview de Léo Ferré, voilà, moi qui l'admirais.
07:08 Il a ouvert la porte de son hôtel et c'était fantastique.
07:10 Donc, cette émission là, a rapproché tous ces saltes et manques, m'a commencé à réveiller
07:17 en moi la fibre de... et pourquoi pas moi.
07:20 Voilà, et c'est pour ça que vous êtes devenu documentariste, qui est un métier qui n'était
07:23 pas si courant dans les années 80, Jacques Malaterre.
07:26 Non, non, non, il y avait ou le reportage ou la fiction.
07:29 D'abord parce qu'il y avait très peu de chaînes, donc il y avait très peu de place
07:32 pour le documentaire.
07:33 Et finalement, moi, dans le métier d'éducateur, ce que j'aimais, c'était la vie.
07:39 Et dans le documentaire, ce que j'aime, c'est raconter la vie.
07:41 Voilà, mais en même temps, vous n'avez pas fait d'école de cinéma, vous ne saviez rien
07:44 faire au départ.
07:45 Rien du tout.
07:46 Rien du tout.
07:47 Je me suis acheté un magnétoscope, à l'époque on portait encore les magnétoscopes sur l'épaule,
07:52 une caméra VHS.
07:53 Et j'ai commencé à filmer, mais pas à filmer papa-maman, mais à filmer les gens dans la
07:58 bus, comme ça que j'ai pu filmer, comme on disait tout à l'heure, le Cirque à Ligue
08:01 avec Barthabas.
08:02 Et puis, à l'intérieur de mon école, de mon centre d'éducateur, on avait le droit
08:08 à la formation permanente.
08:09 Donc j'ai pu avoir des droits, des formations à initiation à la vidéo, perfectionnement
08:14 à la vidéo.
08:15 Et là, c'était pour jeunesse et sport.
08:16 Et jeunesse et sport m'ont dit "Mais tu ne veux pas devenir formateur chez nous ?".
08:19 J'ai dit "Je viens juste d'apprendre".
08:20 Ils m'ont dit "C'est pas grave".
08:21 Et comme on apprend beaucoup en apprenant aux autres, j'ai continué à apprendre en
08:24 apprenant aux autres tout en restant éducateur.
08:26 Vous avez donné des cours, je crois, aussi à Marseille, de technique ?
08:29 Pareil, l'université de Provence, où il avait maîtrise en sciences techniques de
08:32 l'audiovisuel.
08:33 Moi qui n'ai pas le bac, je me suis retrouvé formateur à la fac, à corriger des maîtrises.
08:38 Et c'est pareil, la fac m'a dit "Oui, on n'a pas de bons formateurs, mais c'est des
08:41 gens que vous avez eu chez Jeunesse et Sport, il dit que vous êtes bien".
08:44 Et ils m'ont confié l'enseignement du film industriel.
08:47 J'en avais jamais fait de ma vie, mais comme un bon gitan, j'ai dit que je savais en faire.
08:51 Et tout le monde a été content, les étudiants, la fac et le commanditaire du film industriel.
08:55 Donc j'ai continué comme ça à donner des cours, tout en étant éducateur.
08:59 Donc je commençais vraiment à avoir Dr Jekyll et Mr Hyde.
09:02 Et en même temps, vous avez commencé à faire des films.
09:04 Et l'un des premiers, c'est une grande comédienne qui s'appelait Maria Cazares, dont vous êtes
09:09 tombé amoureux, parce qu'il n'y a pas d'autre solution.
09:11 Oui, ça c'est après avoir fait le premier film pour la 7/3 sur Zingaro.
09:15 J'ai eu la chance de faire un portrait, le dernier portrait de Maria Cazares vivante.
09:20 Elle avait 72 ans.
09:22 Elle était terriblement pleine de charme, pleine de charme.
09:26 Elle n'était pas du tout sexy, le sur-vêtement remonté sous la poitrine, deux cigarettes
09:30 en même temps, mais des yeux qui aimaient tellement la vie et qui aimaient tellement
09:35 les autres.
09:36 Ça a été un grand voyage.
09:38 J'ai beaucoup, beaucoup appris à la regarder, à la filmer au travail.
09:41 Elle a tourné, entre autres, dans un film culte, Les enfants du paradis.
09:44 Mais ce qu'on ne sait pas, c'est qu'elle a failli rentrer à la Comédie française,
09:47 mais elle a refusé parce qu'elle voulait conserver sa nationalité espagnole, parce
09:51 que son père Santiago Cazares Quiroga était le dernier président du Conseil de la République
09:56 espagnole.
09:57 C'est ça, c'était le Galicien.
09:58 Et elle a été aussi très liée à Albert Camus, je crois.
10:00 C'était l'amour de sa vie.
10:02 Moi, quand, avec Fabienne Pascot, on lui a posé la question "et Albert Camus ?" alors
10:07 que ça faisait plus de 50 ans, ses yeux se sont remplis de larmes.
10:09 Elle a dit "Camus, c'était tout".
10:12 Et puis vous avez aussi, Jacques Malaterre, interviewé des écrivains.
10:16 Et avant que Jean-Marie Euclésio soit pris Nobel, vous avez tourné un film sur lui,
10:21 pour un siècle d'écrivain.
10:22 Oui, bien sûr.
10:23 Je suis allé le filmer au Mexique, bien évidemment, dans le Michoacan, une région qu'il adorait.
10:29 Et après, il m'a dit, je lui ai dit "mais en France, qui vous aimeriez rencontrer ?"
10:34 parce qu'on faisait toujours, il y avait toujours une rencontre avec un autre artiste.
10:37 Et il m'a dit "j'aimerais bien rencontrer Tony Gattif parce que c'est le seul réalisateur
10:42 à qui j'ai donné le droit d'adapter une de mes nouvelles, mais je ne le connais pas".
10:45 Et moi, j'adorais Tony Gattif comme j'adore les gitans.
10:48 Et donc, j'ai organisé cette rencontre et depuis, Tony est devenu un ami.
10:52 Et voilà.
10:53 Et après, il y a eu bien d'autres choses.
10:54 On va évoquer une date qui est importante dans votre carrière, le 3 novembre 2003.
10:59 A tout de suite sur Sud Radio avec Jacques Malaterre.
11:02 Sud Radio, les clés d'une vie.
11:04 Jacques Pessis.
11:05 Sud Radio, les clés d'une vie.
11:07 Mon invité Jacques Malaterre.
11:08 Nous parlerons tout à l'heure de ce livre "Les derniers secrets de l'humanité"
11:12 qui raconte le tournage en Chine de votre nouveau film.
11:14 On en parlera également tout à l'heure.
11:16 On a évoqué vos débuts comme éducateur, votre arrivée à la télévision.
11:19 Et le 3 novembre 2003 est une date importante, votre consécration pour ce documentaire.
11:25 L'humanité est sur le point de faire un bond gigantesque.
11:29 Et cette fois, l'homme est lui-même à l'origine de la révolution qui s'annonce.
11:34 L'Odyssée de l'espèce, ce soir-là, vous recevez un set d'or pour un sujet qui était
11:37 au départ impossible à traiter à la télévision.
11:40 Impossible à traiter à la télévision.
11:42 J'étais devenu bankable à TF1 en fiction.
11:45 Et j'adore aller vers le film que je ne sais pas faire.
11:48 D'ailleurs, je ne sais toujours pas faire de film.
11:49 Et le jour où je sais, j'arrête.
11:51 Et donc, France 3 m'appelle et me dit "T'as fait de la fiction, t'as fait du documentaire,
11:55 tu ne veux pas essayer de faire une fiction qui raconterait la préhistoire d'une manière
11:59 documentée ?" A cette époque-là, je n'y connais absolument rien en préhistoire.
12:03 Neandertal pour moi c'est Cro-Magnon, Lucie c'est une chanson des Beatles.
12:06 Donc c'est le précipice.
12:07 Et je vais me jeter dans cette aventure pendant deux ans.
12:10 TF1 pendant deux ans me dira "Alors t'en es où de ton reportage sur les singes ?"
12:14 Mais j'en savais rien, je faisais le maximum qu'on pouvait avec Yves Copaz.
12:18 Et bien évidemment on va faire un des meilleurs scores de France Télévisions qui n'a jamais
12:22 été égalé depuis.
12:23 9 millions de téléspectateurs.
12:25 Et le film sur la scène préhistoire, l'Odyssée de l'espèce, passe encore toujours dans les
12:30 écoles et lycées.
12:31 Il n'y a pas un mois où on ne parle pas de l'Odyssée de l'espèce.
12:33 Alors ce soir-là, ce set d'or, c'était émouvant.
12:36 Sauf que, exceptionnellement, la cérémonie n'a pas été retransmise à la télévision.
12:39 Je ne sais pas si vous en souvenez, mais à l'Amnesia parce qu'il y avait un problème.
12:42 D'ailleurs, ça a été la dernière cérémonie des sets d'or.
12:44 Ça a été exactement.
12:45 C'est le dernier set d'or sorti des fourneaux.
12:47 Et c'était à l'Amnesia, la boîte de Johnny Hallyday.
12:51 Exactement.
12:52 Et vous n'étiez pas un habitué des discothèques en plus.
12:55 Je n'étais pas du tout un habitué des discothèques, non, pas vraiment.
12:57 Alors les sets d'or, on en parle beaucoup, mais on oublie qu'en 1966, c'est Jean Diveau
13:02 qui avait fondé Télé 7 jours, qui a créé la première cérémonie, l'équivalent des
13:04 sets d'or au château de Versailles.
13:06 Ça avait quand même une belle gueule.
13:08 Exactement.
13:09 Mais c'est un peu dommage que ça ait été abandonné et qu'il n'y ait plus ces récompenses.
13:12 On voit quand même l'émulation que créent les Césars.
13:16 Et je trouve que récompenser la télé pour la qualité d'un travail, c'est bien.
13:22 Mais c'est quelque chose qui est repris par les lauriers de l'audiovisuel, qui prime
13:25 vraiment la qualité et pas forcément la qualité à l'audience, la qualité du programme.
13:30 Alors, l'Odyssée de l'espèce, vous racontez quand même 7 millions d'années en 90 minutes.
13:34 Jusqu'à la naissance de l'art il y a 30 000 ans.
13:37 Ça demande une documentation délirante au départ.
13:40 Oui, je suis le roi de l'ellipse, 7 millions d'années en 90 minutes.
13:43 Une documentation délirante, oui, il faut d'abord beaucoup lire avant de rencontrer
13:47 les scientifiques.
13:48 Et une fois qu'on a beaucoup lu, on rencontre les scientifiques.
13:51 Et j'ai eu la chance d'avoir le plus grand professeur qui est devenu un ami, c'est Yves
13:55 Coppens.
13:56 Parce que Yves Coppens, il ne vous impressionne pas avec le savoir.
13:58 Il ne considère pas que le savoir, c'est un pouvoir.
14:01 Il considère que le savoir, ça se partage.
14:02 Et donc quand vous discutez avec Yves Coppens, vous avez l'impression d'en savoir autant
14:06 que lui.
14:07 Mais en même, mine de rien, il vous apprend les choses, il vous apprend les choses.
14:09 Et à un moment donné, quand il a vu que je maîtrisais suffisamment de choses sur la
14:13 préhistoire pour pouvoir le raconter aux autres, il m'a dit "Maintenant, rêve la petite histoire.
14:17 Rêve la petite histoire qui va raconter la grande histoire parce que ça, c'est à vous
14:21 les artistes de la rêver.
14:22 Nous, on n'a pas le droit les scientifiques."
14:23 Alors il se trouve aussi qu'il n'y a pas beaucoup d'archives sur la préhistoire, donc
14:27 il faut trouver de l'argent.
14:28 Il a fallu trouver beaucoup d'argent pour faire ce film, Jacques Malaterre.
14:30 Oui, il a fallu trouver plus de 3 millions d'euros.
14:33 À l'époque, c'était 3 millions d'euros.
14:34 Après le Homo Sapiens, ça a été 4.
14:37 Après le Sacre de l'Homme, ça a été 5.
14:39 Et les derniers secrets de l'humanité, celui de cette année, c'est 6 millions et demi.
14:42 Donc il faut trouver beaucoup d'argent.
14:43 Mais finalement, en fait, on se trouve quand même au volant d'un bateau, à la barre
14:49 d'un bateau exceptionnel.
14:51 Parce que combien de films il se ferait sur la préhistoire par an dans le monde ? Il
14:54 s'en fait peut-être un tous les 10 ans.
14:56 J'étais de ceux-là.
14:58 Et cette histoire-là, elle touche la planète entière, puisque c'est l'histoire de nos
15:01 ancêtres, mais pas nos ancêtres des Gaulois.
15:04 Non, les ancêtres de la planète, l'ancêtre de l'Homme.
15:06 Donc toutes les chaînes de télé sont intéressées par ça.
15:08 Voilà.
15:09 Alors vous avez fait un docu-fiction, et là aussi, c'était nouveau à l'époque, Jacques Malaterre.
15:12 Oui, d'ailleurs, on s'est fait beaucoup décrier au départ avec Yves Coppens, par la communauté
15:16 scientifique, pendant un an.
15:17 On nous a reproché d'avoir osé mettre en scène la préhistoire.
15:22 Effectivement, parce que c'est la première fois qu'on le faisait.
15:26 Mais Yves se targuait de dire à ses collègues scientifiques, en ayant fait une projection
15:32 au Collège de France pour les affronter, il dit "vous, vous avez 30 étudiants motivés
15:36 et que vous n'arrivez pas à tenir éveillés pendant une heure et demie.
15:38 Avec Jacques, on a tenu éveillés 9 millions de téléspectateurs en France et des centaines
15:42 de millions dans le monde".
15:43 Et depuis le docu-fiction, tous les scientifiques ont un rêve pour leur discipline, parce que
15:48 ça permet d'amener le savoir au plus grand nombre.
15:50 Alors, vous avez quand même engagé 150 acteurs, je crois, 200 figurants, à qui tout de suite
15:55 vous avez dit "vous serez mal payés, ça va être dur, ça va être épouvantable".
15:59 Et vos parents ne vous reconnaîtront pas, puisqu'ils ont 4 heures de maquillage par
16:01 acteur.
16:02 Donc, c'est pas un chemin pour devenir une star, mais je crois que c'est un chemin pour
16:07 l'acteur, c'est exceptionnel.
16:09 Là aussi, jouer un homme préhistorique, combien de fois on va lui proposer dans sa
16:13 vie ? Et après, le travail de l'acting est exceptionnel aussi, parce qu'il n'a pas de
16:18 modèle.
16:19 Il n'y a pas un commissariat ou un hôpital pour laisser inspirer des gens qui font ce
16:23 métier-là.
16:24 Il faut qu'il réveille l'homme préhistorique qui est en lui, parce qu'on est tous préhistoriques.
16:27 Et puis, il faut aussi résister au froid, à la tempête, car vous avez eu plein de
16:32 problèmes de ce côté-là.
16:33 Parce que là-dessus, je ne triche pas non plus.
16:35 C'est-à-dire que je tourne vraiment dans les lieux, dans la nature.
16:39 Et comme je dis toujours, on ne peut pas faire un film dans la nature, on fait un film avec
16:42 la nature.
16:43 Alors, des fois, vous avez prévu la tempête de sable, vous arrivez avec vos ventilateurs,
16:47 et puis en fait, il y a une tempête de sable qui vous est offerte par la nature extraordinaire
16:53 qui va presque vous empêcher de tourner.
16:54 Donc, on s'adapte et c'est comme ça que les acteurs fusionnent avec leur histoire,
16:59 la préhistoire.
17:00 Et vous avez tourné, je crois, en Afrique du Sud, principalement.
17:02 L'Odyssée de l'espèce, c'est principalement de tourner en Afrique du Sud, oui, dans toute
17:06 l'Afrique du Sud, de Johannesburg jusqu'à Cape Town.
17:09 Alors justement, vous l'avez évoqué, il y a une chanson qui est très importante pour
17:13 vous.
17:14 Alors, cette chanson des Beatles, on pensait au départ qu'elle était liée au LSD.
17:23 En fait, pas du tout.
17:25 C'est Julian Lennon, le fils de Julian Lennon, qui a fait un dessin qui a inspiré son père
17:29 et qui a écrit en fonction de cette petite amie qu'il avait, Lucy in the Sky.
17:33 C'est quand même autre chose.
17:34 C'est une très jolie histoire que j'ignorais.
17:35 Alors, c'est vrai qu'il se trouve qu'un des squelettes les plus complets a été trouvé
17:40 et a été appelé Lucy parce que justement, ceux qui le recherchaient écoutaient cette
17:46 chanson.
17:47 Qui passait à la radio, exactement.
17:48 Et c'est vous racontez aussi dans ce film, le premier humain, le premier outil, tout
17:52 y passe.
17:53 Tout y passe.
17:54 On part du premier outil, c'est Homo habilis.
17:56 C'est vraiment là le descendant.
17:58 On est des ses descendants directs.
18:00 Ça s'appelle l'homme habile.
18:01 Il va inventer l'outil.
18:02 Après, c'est Homo erectus, l'homme dressé.
18:05 C'est celui qui va commencer à voyager, à traverser le monde.
18:08 Et puis après, Homo sapiens, c'est nous, l'homme qui sait.
18:10 Puis vous évoquez aussi la clé pour comprendre la formation des océans avec le rift.
18:16 Avec le rift.
18:17 Et justement, c'est la théorie d'Yves Coppens qui a été mise à mal après qu'on a trouvé
18:23 le singe Toumaï, mais qui tient quand même la route.
18:26 C'est à dire qu'avec le rift, il y a d'un côté une savane qui va devenir sèche et
18:31 c'est avec des grandes herbes.
18:32 Et de l'autre, une forêt tropicale.
18:34 Dans la forêt tropicale, les singes vont rester singes.
18:36 Et dans cette savane où le singe va être obligé de marcher et de se mettre debout
18:40 au-dessous des herbes pour voir au loin, il va inventer la station debout.
18:44 Et aujourd'hui, ce parcours, c'est un itinéraire de neuf jours qu'on va faire en camping ou
18:48 ambivouac pour les touristes.
18:49 Ça a beaucoup changé.
18:51 Exactement.
18:52 Alors, il se trouve que vous avez regardé ce film quand il a été terminé dans un
18:56 PMU, dans un tabac.
18:57 Oui, oui, j'ai toujours aimé faire mes avant-premières en désacralisant l'objet.
19:02 Surtout pas d'inviter la famille ou les amis pour regarder religieusement la télé.
19:06 Non, c'est aller là où il y a les gens.
19:08 Parce qu'une fois de plus, c'est là où il y a les gens, c'est le public qui est là.
19:12 Et donc, je suis allé effectivement dans un bureau de tabac PMU avec quelques amis,
19:16 boire des coups.
19:17 On entendait la moitié du film.
19:18 On était heureux.
19:19 Et puis, il y a quelqu'un qui vous a téléphoné et pas n'importe qui.
19:22 C'est Jacques Chirac.
19:23 Exactement.
19:24 C'est Jacques Chirac qui, deux jours après, m'a appelé et m'a dit voilà.
19:28 En plus, il l'a fait directement.
19:29 Il n'est pas passé par un secrétariat.
19:32 Donc, il a dit allô, c'est Jacques Chirac.
19:33 Donc, je peux vous dire que là, déjà, à ce moment-là, on se dit qui est-ce qui
19:36 me fait une blague ? Donc, on ne dit pas bonjour, monsieur le président.
19:38 On dit oui, oui.
19:39 Et puis, il y a la deuxième phrase.
19:40 On comprend qu'on est en ligne directe avec le vrai.
19:43 Donc, on a les jambes qui tremblent.
19:44 Et là, il m'a dit voilà, écoutez, moi, ça fait des années que je n'ai pas appelé
19:47 un réalisateur.
19:48 Mais j'ai vu votre film deux fois.
19:50 Alors, je me suis dit déjà comment il a fait pour le voir deux fois.
19:52 Il a fait un magnétoscope.
19:53 Il a enregistré.
19:54 Et il a encensé le travail que j'avais fait parce que c'était quelqu'un qui était très
19:58 amoureux des arts premiers et donc forcément de nos ancêtres.
20:00 Alors, l'Odyssée de l'espèce, bien sûr, ça fait penser à l'Odyssée de l'espace.
20:03 Ça vous a bien sûr...
20:05 Il y a un jeu d'homo dessus qui m'a beaucoup amusé parce qu'au début, en toute modestie,
20:11 parce que je n'ai pas le talent de Kubrick, mais en toute modestie, au début, les gens
20:14 se trompaient et appelaient mon film l'Odyssée de l'espace.
20:16 Mais maintenant, les gens, quand ils veulent parler de l'Odyssée de l'espèce, l'espace
20:19 se trompe et l'appelle l'Odyssée de l'espèce.
20:21 C'est une belle consécration.
20:22 Il y en a eu deux autres derrière.
20:23 Il y a eu Homo sapiens, donc directement sur notre ancêtre direct.
20:28 Donc là, je faisais juste un voyage de 500 000 ans dans le temps.
20:31 Et après, il y a eu le sacre de l'homme.
20:34 C'est le néolithique.
20:35 Je l'ai fait avec Jean Guillen et Yves Coppens.
20:37 Là, c'est la sédentarisation de l'homme.
20:39 C'est là où il va inventer la civilisation et il invente le début des ennuis.
20:44 - Avec le recul, c'était une folie de faire ça, Jacques Malaterre ?
20:48 - Oui, peut-être.
20:50 Oui, je crois.
20:51 Oui, ça marche autant et je me passionne autant.
20:56 Moi, qui étais quelqu'un qui était au lycée, je n'aimais pas du tout les cours d'histoire.
21:00 D'ailleurs, un jour, j'ai reçu le courrier de mes profs d'histoire qui avaient retrouvé
21:04 mes coordonnées et qui disaient "Est-ce que c'est le même qui fait ces films à la télé,
21:07 qui s'endormait pendant mes cours ?"
21:09 Oui, c'était le même.
21:10 - Et le même, il y est retourné à l'école, mais on va en parler dans quelques instants
21:13 avec une autre date, le 29 août 2010.
21:16 A tout de suite sur Sud Radio avec Jacques Malaterre.
21:18 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:20 Mon invité est Jacques Malaterre, réalisateur de l'Odyssée de l'espèce, on en a parlé
21:27 tout à l'heure, et des Derniers Secrets de l'Humanité avec un livre qui sort chez Glyphe
21:31 et bientôt à la télévision.
21:32 Alors, votre parcours a démarré un petit peu par hasard, et puis il y a eu différents
21:37 films et il y a une date importante, le 29 août 2010.
21:40 Vous êtes de retour au pays Avignon pour présenter ce film en avant-première.
21:44 - Je suis Ao.
21:45 Je veux retourner là où je suis né.
21:49 - Le dernier Néandertal, votre premier film de fiction avec 40 avant-premières, je crois.
21:56 - Plus, 100.
21:57 - 100 ?
21:58 - 100, je suis dans l'Ignatius Record, c'est des vraies avant-premières.
22:00 J'étais au début du film et à la fin du film.
22:03 - Pourquoi autant d'avant-premières ?
22:04 - Parce que j'ai toujours envie d'aller chez les gens.
22:07 Moi, vous savez, j'adore les avant-premières avec le vrai public.
22:11 Pas forcément les avant-premières avec les gens de mon milieu, mais parce que c'est
22:15 là qu'on a le vrai retour, c'est là qu'on a les étoiles dans les yeux.
22:18 Et quand on a les étoiles dans les yeux, il n'y a pas besoin de se parler, c'est que
22:20 le film a marché.
22:21 - Oui, et vous êtes allé même en Lauser, je crois, au Cinématheatreur de l'Ondes
22:25 Mèndées, devant des collégiens, à présenter ce film.
22:27 - Oui, bien sûr.
22:28 J'ai fait énormément de scolaires, on l'a présenté en plein air.
22:32 Ce film parle à tout le monde parce que c'est l'histoire du dernier Néandertal.
22:36 Donc, c'était en fait, utiliser la connaissance que j'avais apprise en préhistoire pour faire
22:41 une fiction, pour inventer une fiction.
22:43 Et c'est là où la fiction, d'ailleurs, dépasse toujours la réalité, où la réalité
22:47 dépasse la fiction.
22:48 C'est que moi, j'avais imaginé, croyant faire quelque chose d'énorme dans ma fiction,
22:53 que Néandertal avait pu avoir une descendance avec Sapiens, ce qui à l'époque était
22:57 impossible.
22:58 Et l'année de la sortie du film, c'est-à-dire deux ans après l'avoir commencé, les scientifiques
23:02 ont annoncé que nous avions tous des gènes de Néandertal.
23:05 Donc, Néandertal et Sapiens s'étaient croisés et s'étaient aimés.
23:08 - Alors, vous avez tourné, je crois, en Sibérie ?
23:11 - Oui, alors j'ai tourné en Bulgarie, en Ukraine, dans le Vercors et en Camargue.
23:19 - Alors, je te demande, mais en Sibérie, c'était compliqué ? Parce que je crois qu'il y avait
23:22 une heure de motoneige pour se rendre sur les lignes.
23:24 - Oui, mais c'était vraiment des conditions de tournage.
23:29 Toujours pareil, parce que je veux qu'on tourne dans les conditions.
23:32 Donc, c'est vrai que c'est dur pour les acteurs, parce que les acteurs ont quatre heures de
23:35 maquillage.
23:36 Donc, quand il y a une heure de motoneige, d'abord, il faut se lever, on est à l'hôtel,
23:39 là, on prend la voiture, on va là où on maquille, c'est-à-dire dans des refuges où
23:43 il fait très froid.
23:44 Et après, on fait une heure de motoneige et on se retrouve pendant huit heures dans
23:47 la pampa avec des températures de -20, -30 degrés.
23:49 - Et après, on se démaquille pas tellement on est crevé.
23:51 - Exactement.
23:52 - Beaucoup d'acteurs me disaient "est-ce que je peux garder mon maquillage ce soir ?"
23:54 - Alors, il se trouve que ce film, "Le dernier né en dertal", curieusement, évoque les
23:59 valeurs d'aujourd'hui, Jacques Malaterre.
24:01 - Je crois que c'est la préhistoire qui évoque les valeurs d'aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui,
24:06 on sait plus trop, on ment, on perd nos valeurs.
24:08 Et on s'aperçoit que nos ancêtres, avec deux millions d'années de nomadisme, avaient
24:12 des vraies valeurs.
24:13 Le respect de l'autre.
24:14 On n'a jamais trouvé de traces de guerre à la préhistoire, parce qu'on était dans
24:19 le nomadisme, donc il n'y avait rien à prendre, il y avait tout à partager.
24:22 Et que leur seule mission, leur seul métier, c'était pas faire des films, c'était donner
24:27 la vie et la protéger.
24:28 Donc l'enfant des autres était leur enfant.
24:31 - Et finalement, les valeurs d'aujourd'hui, le rejet de la différence, de l'identité
24:36 non nationale et des familles recomposées, c'est dans ce film ?
24:40 - Complètement, c'est dans ce film-là, c'est dans la préhistoire.
24:43 Parce que d'abord, ils n'ont pas la notion de paternité.
24:46 Pour eux, les enfants, c'est des cadeaux de la vie.
24:48 Donc si vous n'avez pas la notion de paternité, tous les enfants du monde sont vos enfants.
24:52 C'est vachement plus généreux.
24:53 - Et vous évoquez aussi, Jacques Malaterre, dans ce film, la place de l'homme dans la
24:57 nature.
24:58 On en parle beaucoup aujourd'hui, mais quand vous avez fait ce film il y a 15 ans, on n'en
25:01 parlait pas.
25:02 - Non, on en parlait beaucoup moins.
25:03 Et là aussi, nos enseignes nous apprennent à vivre en harmonie avec la nature.
25:08 C'est-à-dire que même eux, à petite échelle, quand ils étaient un clan de 30-35, ils se
25:12 séparaient parce que clan de 30-35, vous commencez à épuiser l'environnement dans
25:17 lequel vous vivez.
25:18 Donc vous vous séparez pour aller ailleurs.
25:20 Et là aussi, ils migraient pour ne pas vivre tout le temps au même endroit et que la nature
25:26 ait le temps de reprendre ses droits.
25:27 - Mais à l'époque, l'écologie, on n'en parlait pas et ça n'intéressait personne.
25:31 - Non, non, non, parce que je pense qu'on était la nature.
25:34 - Alors il se trouve aussi que ce film est un message d'espoir.
25:38 Vous avez eu l'idée en décorant un roman au départ.
25:42 - Oui, c'était un roman.
25:43 C'est toujours mon été, du coup, je vois ce roman.
25:47 "Au le dernier néandertal".
25:48 Alors c'est vrai que le script ne m'a pas ressemblé du tout au roman, mais moi, j'ai
25:52 une fidélité.
25:53 Donc j'ai contacté l'auteur qui, au début, d'ailleurs, m'a dit "mais je ne comprends
25:57 pas pourquoi tu fais appel à moi.
25:58 Tu es incontournable en preuve d'histoire et puis le script, il ne ressemble pas vraiment
26:01 à mon roman".
26:02 J'ai dit "non, c'est le roman qui m'a donné l'élan, donc le roman mérite d'être cité
26:07 dans mon film".
26:08 - Mais il y avait quand même un danger, c'est qu'il y avait eu la guerre du feu de Jean-Jacques
26:11 Hano, Jacques Malaterre.
26:12 - Voilà, Jean-Jacques avait eu ce courage-là 30 ans avant de faire la guerre du feu et
26:17 quel courage il fallait de faire ce film-là.
26:19 En même temps, préhistoriquement, il avait vieilli, pas cinématographiquement, parce
26:25 que ça reste un grand film, mais on avait fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de découvertes
26:29 où notre ancêtre s'était upgradé, notre ancêtre s'upgrade au fur et à mesure des
26:33 années.
26:34 On pensait il y a 30 ans que c'était des imbéciles heureux.
26:36 Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'ils ont été doués d'une grande intelligence.
26:39 Donc il fallait passer par là.
26:41 C'est vrai que quelques fois, j'ai attendu des réflexions "ça vaut pas la guerre du
26:44 feu".
26:45 Je pense que les gens avaient oublié, gardé l'émotion de la guerre du feu, mais avaient
26:48 oublié des fois le côté un peu caricatural qui n'était pas le fait de Jean-Jacques,
26:52 qui était le fait des connaissances qu'on avait à cette époque-là sur nos ancêtres.
26:55 - Et la guerre du feu, c'était au départ un roman de Rossigny aîné que Jean-Jacques
26:59 Hano avait découvert en lisant le journal de Mickey, enfant, où il y avait cette bande
27:02 dessinée.
27:03 Et les bandes dessinées finalement sur la préhistoire, il y en a très peu.
27:06 La première, ça s'appelle "Les aventures de Tumac, fils de la jungle", ce qui est
27:10 sorti en 1948.
27:11 Il y a eu ensuite Timour et quelques autres bandes dessinées.
27:14 Et vous-même, vous avez fait des bandes dessinées ?
27:15 - Oui, à chacun de mes films, j'ai toujours accompagné mes films d'une bande dessinée.
27:20 On a toujours accompagné mes films d'un beau livre, d'un livre à dos et d'une bande
27:24 dessinée.
27:25 Toujours pour transmettre le plus possible le savoir au plus grand nombre.
27:27 - Mais la bande dessinée, c'est un travail très particulier.
27:29 - Alors, je ne fais que les scénarios.
27:31 Je n'avais pas la prétention de faire les dessins.
27:33 Et après, j'avais d'ailleurs créé un scénario sur l'Odyssée d'Ernest Shackleton,
27:38 qui est quelqu'un qui a voulu traverser l'Antarctique.
27:41 Je n'ai malheureusement pas pu trouver le budget parce que c'était trop cher.
27:46 Donc ce scénario-là est devenu une BD en deux tomes.
27:49 - Alors, je pense que la première électrice a été votre fille Sarah, qui a même tourné
27:53 dans ce film.
27:55 - Oui, Sarah m'accompagne depuis tout le temps dans mes tournages.
28:00 Au début, elle me suivait dans les tournages.
28:01 Donc je l'ai mise effectivement dans "Oh, le dernier Neandertal".
28:05 Elle avait six ans.
28:06 L'année d'avant, elle avait tourné en récatre et elle faisait une fille dans récatre.
28:11 Et je peux vous dire qu'elle préférait être habillée en princesse qu'habillée en petite
28:15 femme peu historique.
28:16 - Mais c'est vrai que c'est important justement de transmettre.
28:18 L'œil de l'enfant est important même.
28:20 - Oui, parce qu'on voit très vite, d'abord, parce qu'ils ne jouent pas, ils sont.
28:24 C'est-à-dire, ce que cherche l'acteur, c'est de ne pas jouer, c'est être.
28:27 Et moi, le public d'enfance, c'est un des plus beaux publics parce que si ça marche,
28:34 il y croit.
28:35 - Alors vous avez aussi montré d'autres talents et changé complètement de genre en travaillant
28:40 avec celui-ci qu'on connaît bien à Sud Radio.
28:42 * Extrait de "Chante les sardines" de Patrick Sébastien *
28:48 - Une chanson écrite en dix minutes sur un coin de table qui est devenue un hymne.
28:51 Patrick Sébastien, on ne vous l'imaginait pas, faisant le lycée de l'espèce et rencontrer
28:56 Patrick Sébastien, Jacques Malaterre.
28:58 - Alors Patrick, une phrase, il dit qu'il adore faire le grand écart.
29:01 Moi aussi, j'adore faire le grand écart.
29:02 Et c'est vrai qu'entre Bartabas et Patrick Sébastien ou entre René Chard et Patrick
29:06 Sébastien, on peut penser que c'est un abîme.
29:08 Et pourtant, Patrick est un grand auteur.
29:12 Personne ne le sait vraiment, mais il écrit des chansons à texte merveilleuses et des
29:17 poèmes merveilleux.
29:18 Et puis, c'est une grande table et c'est un gros travailleur.
29:21 Moi, je suis un gros travailleur.
29:22 Donc, entre gros travailleurs, on s'est reconnus.
29:23 Et Patrick est devenu un ami.
29:25 Et j'ai eu la chance de le mettre en scène dans ses chansons à texte et dans ses poèmes.
29:30 - Alors, vous l'avez rencontré comment au départ ?
29:32 - Alors, je le rencontre tout simplement.
29:34 C'était Anne Richard avec qui j'avais vécu, qui est une comédienne avec qui j'ai fait
29:37 sept films.
29:38 On n'était plus ensemble.
29:39 Elle me dit "tu sais, je ne connais pas Patrick Sébastien, il cherche un metteur en scène".
29:41 Bon, je lui dis "il vaudrait te rencontrer".
29:43 Donc, je vais le voir à Brissure-Marne, là où il a enregistré son émission.
29:47 Et je pensais voir un animateur avachi sur le canapé.
29:50 Et je vois quelqu'un de dos qui dirige cette émission-là comme si c'était la première
29:55 et la fausse note et les lumières.
29:57 Oh là là, je me dis ça va être une galère.
29:59 Je vais pouvoir rien faire avec cet homme-là.
30:02 Et je fais demi-tour.
30:03 - Oui, c'était le grand cabaret du monde.
30:04 - C'était le plus grand cabaret, exactement.
30:05 Et je fais demi-tour.
30:06 Et puis là, comme j'adore avoir peur de ne pas savoir faire les films, il y a une petite
30:10 voix qui me dit "tu as peur de ne pas savoir le faire ce film".
30:12 Donc, j'ai refait demi-tour.
30:13 Je lui ai tapé sur l'épaule et là, en une seconde, on s'est reconnus.
30:16 - Pourquoi ?
30:17 - Parce que je crois qu'on est tous les deux des gitanes dans l'âme.
30:23 On est tous les deux, on a tous les deux un peu un passif par rapport à la nuit, par
30:27 rapport à l'alcool, par rapport...
30:29 Tout ça, c'est inscrit dans nos regards et qu'on a tous les deux cette franchise et cette
30:33 grande gueule d'aller de l'avant et qu'on aime les choses et les gens simples.
30:37 - Alors, il y a eu plusieurs collaborations avec Patrick Sébastien, Jacques Malaterre.
30:40 La première, c'était "M.
30:42 Max et la rumeur".
30:43 - Oui, c'était pour ça que je voulais le voir.
30:44 Il avait écrit une pièce de théâtre dont il avait fait un scénario d'un téléfilm.
30:51 Voilà, et il cherchait un réalisateur pour le mettre en scène.
30:54 Et il avait rencontré quelques-uns qui ne lui plaisaient pas vraiment.
30:58 Et moi, quand je l'ai rencontré, j'ai dit "oui, je veux bien te mettre en scène, mais
31:03 on va travailler, on va répéter".
31:04 Ce qui est des choses qui ne se font jamais en téléfilm ni en cinéma.
31:08 Et moi, j'aime répéter.
31:10 Je prends 3-4 semaines par film, on répète.
31:12 Et mes films préhistoriques, c'est 6 mois les répétitions.
31:14 - Oui, mais Francis Weber appliquait toujours le même principe.
31:16 Quand il avait écrit un scénario, il partait 8 jours à la montagne avec ses comédiens,
31:20 par exemple Pierre Richard ou Gérard Depardieu, et on apprenait à répéter pendant 8 jours
31:24 quoi qu'il arrive.
31:25 - Bien évidemment, pourquoi ne répétons pas au cinéma alors qu'on ne peut rien changer
31:29 des choses quand on a tourné ? Répétons au théâtre alors qu'on peut changer les
31:32 choses tous les soirs.
31:33 C'est une espèce d'aberration artistique.
31:35 - Ensuite, vous avez co-écrit avec Patrick Sébastien et réalisé "L'affaire de Maître
31:39 Lefort", quelque chose de très particulier.
31:41 - Alors ça, c'est "L'affaire de Maître Lefort", c'est jouer un avocat.
31:43 Chaque fois avec Patrick, il a toujours eu lui aussi envie de se mettre en danger, aller
31:46 vers ce qu'il ne sait pas faire.
31:47 Donc c'était un petit avocat de province qui allait gagner son procès face à un ténor
31:51 du barreau, et ce ténor du barreau n'était autre qu'Éric Dupond-Brétille.
31:55 - Que vous avez convaincu de tourner.
31:56 - Que j'ai convaincu de tourner et que j'ai eu le plaisir de faire répéter dans sa cuisine,
32:01 dans le sud de la France, en toche d'avocat, à me faire sa plaidoirée en répétition
32:05 et après me regarder anxieux et me dire "ça va ?"
32:07 - Et ça a été une journée de tournage totalement folle.
32:09 - Ah oui, parce qu'Éric, bien sûr, avait un emploi du temps de surcharger de ténors
32:15 du barreau, donc il m'octroyait que quelques samedis et un samedi il a fallu faire 15 minutes
32:20 utiles dans la journée, personne ne mettait un dollar sur moi, personne ne pariait un
32:24 dollar sur cette journée, et on l'a tourné, et on l'a bien tourné, on ne l'a pas bâclé.
32:28 - Alors il y a eu aussi une chance sur 6 où on a vu Patrick Sébastien dans un rôle encore
32:32 plus particulier, très efféminé.
32:34 - Exactement, et je me souviens très bien, il venait de sortir de m'avoir vu le montage
32:40 de l'affaire de Maître Lefort, il me dit "mais ce scénario-là, il me manque une dimension,
32:44 il ne me fait pas peur", et je lui ai dit "et si tu jouais un homosexuel ?" et là j'ai
32:48 eu le choix de s'illuminer lui, cet homme infâme, et me dire "ah oui, ça, ça m'intéresse".
32:53 Et là, d'un coup, voilà, il a fait une prestation d'ailleurs magnifique, et où il a eu, justement,
32:58 on en parlait tout à l'heure, des lauriers d'or du Sénat, il a eu le prix du meilleur
33:01 acteur.
33:02 - Alors il y a eu aussi son spectacle, avant que j'oublie, que vous avez mis en scène,
33:06 carrément.
33:07 - Oui, ça c'est un grand souvenir, parce que je le poussais, je lui ai dit "mais Patrick,
33:11 montre, montre, montre que tu es un chanteur à texte, montre que tu peux dire des poèmes",
33:16 et je peux vous dire qu'on a fait une grande tournée dans plus de 100 théâtres en France,
33:21 et que j'ai vu Patrick, alors que je l'ai vu, sans l'ombre du trac, l'ombre d'une angoisse,
33:26 rentrer devant des scènes où il tremblait, une personne l'acclamait, là devant des théâtres
33:29 de 800 personnes, il tremblait, il me donnait la main, parce que pour lui c'était un énorme
33:33 enjeu, il ouvrait son cœur.
33:34 - Alors, le théâtre justement, il y a eu les Molières, et un jour, avant les Molières,
33:38 il y a eu un téléfilm, "Brûler Molière", que vous aviez réalisé.
33:42 - Que j'ai réalisé, que là aussi j'ai voulu être au plus près de la vérité historique,
33:46 donc j'ai travaillé avec Georges Forestier, qui est le biographe de Molière, qui a sorti
33:49 une biographie il y a deux ans, et j'ai pu ainsi ne pas tomber dans l'écueil d'un Molière
33:54 sale tément, comme Ariane Mouchkine a pu le montrer, ou comme depuis "La nuit des temps",
33:58 on montre un Molière qui était sur les routes de France et de Navarre, il n'a jamais été
34:01 sur les routes, il a joué que dans les châteaux, il était très intelligent, et il était aussi
34:05 valet du roi, ce qui n'a toujours jamais été montré.
34:08 - Et ça a été un film aussi autour de Tartuffe...
34:11 - Brûlant d'actualité, puisque Molière pendant 5 ans va se battre pour jouer le Tartuffe,
34:17 où il se moque de la religion, et la religion lui interdit, le roi lui interdit de jouer
34:21 cette pièce, et même on va le condamner au bûcher.
34:23 Donc on était en totale actualité avec ce qui se passait, et ce qui se passe toujours
34:29 dans notre pays.
34:30 - Pour votre culture personnelle, Tartuffe a été joué 172 fois au XVIIe siècle, 791
34:35 fois au XVIIIe, et jusqu'à aujourd'hui 9 553 fois.
34:39 - C'est un beau succès.
34:40 - Voilà, et bien je vous souhaite le même succès avec ce livre et ce film dont on va
34:43 parler dans quelques instants, à travers une autre date, le 16 janvier 2024.
34:48 A tout de suite sur Sud Radio avec Jacques Malaterre.
34:51 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
34:53 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jacques Malaterre, on a évoqué vos débuts,
34:58 l'Odyssée de l'espèce, vos rapports avec Patrick Sébastien, et donc le 16 janvier
35:03 2024 est sorti un livre, Les derniers secrets de l'humanité, coulisses d'un tournage en
35:09 Chine, aux éditions Glyphe, et c'est vraiment votre nouveau film qu'on attend sur les écrans
35:14 qui va sortir, mais c'est vraiment un tournage en Chine qui a été très compliqué, auquel
35:18 vous teniez.
35:19 - Oui je tenais, parce que d'abord avec Keev Koppens, on s'était dit, bon voilà, ça
35:22 fait 20 ans il y a eu l'Odyssée de l'espèce, il faut remettre à jour, on a appris des
35:25 choses, il y a plein de choses, il faut que ce film, ce film qui passe toujours dans les
35:28 écoles, il est un peu son successeur.
35:30 Et donc on s'est dit, voilà, Les derniers secrets de l'humanité, parce que c'est tout
35:34 ce qu'on a appris depuis 20 ans sur nos ancêtres.
35:37 Et j'ai dit à Yves, et pourquoi pas en Chine ? Il m'a dit, la Chine ça c'est parfait parce
35:41 que c'est une préhistoire qu'on ne connaît pas, et en plus pour le metteur en scène que
35:45 je suis, on pourra tourner des steppes gelées de Mongolie jusqu'aux forêts tropicales d'Ainan,
35:51 et on pourra jouer avec des animaux préhistoriques qui n'existaient que en Asie, comme le gigantopithèque
35:58 qui est l'ancêtre du gorille qui musait 3 mètres de haut, le stégodon l'ancêtre de
36:01 l'éléphant qui musait 4 mètres de haut, ou même le tigre à dents de sabre.
36:05 Donc tout ça a fait qu'on a écrit ce scénario pendant 2 ans, et que la Chine a tout de suite
36:10 dit oui parce qu'ils connaissaient notre travail entre Yves et moi pour travailler avec
36:15 nous et France Télévisions.
36:17 Mais voilà, 2 mois après avoir eu l'accord et pensant que j'allais partir, le Covid est
36:22 arrivé.
36:23 - Alors il faut savoir aussi que ce film, quand vous dites que la Chine effectivement,
36:26 il y a eu beaucoup de débuts, il y a 1 million d'années je crois qu'une femme a découvert
36:30 le feu, je crois qu'une autre a inventé l'art en gravant le premier coquillage, c'est en
36:34 Chine tout ça ?
36:35 - C'est en Chine, c'est en Chine parce que la préhistoire est un peu la même sur la
36:39 planète, donc quand on raconte en Chine, en Afrique, en Europe c'est la même, à 50
36:43 000 ans près, mais 50 000 ans après l'histoire c'est rien, c'est 2 heures.
36:46 Mais tout ça se passe en Chine oui, parce qu'en Chine au début on a pensé que la civilisation
36:51 remontait qu'à 500 000 ans, l'homme, et puis maintenant on est à 1 million puis on est
36:55 à 2 millions.
36:56 - Alors il se trouve qu'au départ on vous a dit ne fais pas ça en Chine, tu vas être
36:59 sur écoute, tu vas finir en prison, on vous a tout dit ?
37:01 - On m'a tout dit, on me prévoyait les pires cauchemars, je me demandais s'il n'y avait
37:05 même pas la police qui allait m'attendre à la sortie de l'avion, y compris même l'ambassadeur
37:08 de France à cette époque-là qui m'a dit "mais veillez-vous, vous allez être écoutés,
37:12 et puis ça va être la censure à tous les tournants".
37:14 Et bien après, sans le film, je peux dire aujourd'hui de l'expérience que j'ai vécue,
37:18 où je suis resté carrément plus de 2 ans en Chine, et où j'ai voyagé du nord au sud
37:22 et à l'ouest, que je n'ai jamais été aussi libre et aussi respecté dans mon métier
37:27 de réalisateur qu'en Chine.
37:28 - D'ailleurs curieusement, au départ le film a eu le feu vert des Chinois et pas des Français.
37:35 - Oui, parce que les Français, à l'époque, la personne qui s'occupait des documentaires
37:41 n'était pas intéressée par cette suite de l'Odyssée de l'espèce, qui est quand même
37:45 le meilleur Odimat de France Télévisions.
37:47 Et ce que c'est là aussi, c'est d'imaginer une Chine qui allait phagocyter le scénario,
37:52 ce qu'ils n'ont pas du tout fait, surtout qu'en plus à l'époque de la préhistoire,
37:55 la Chine n'existe pas, c'est juste des paysages.
37:58 Mais bon, voilà, en insistant, et puis grâce aussi à Taki Scandilis, qui travaillait sur
38:04 France 2 à cette époque-là et qui se rappelait du succès de l'Odyssée de l'espèce quand
38:09 l'Odyssée de l'espèce avait tué TF1, finalement France Télévisions a dit oui, et c'est tant
38:16 mieux parce que l'Odyssée de l'espèce, ces derniers secrets de l'humanité font partie
38:21 du patrimoine de France Télévisions.
38:22 - Oui, et puis la Chine vous a toujours attiré, Jacques Malaterre, je crois en 94, dans une
38:27 province des Yaodongs où personne n'avait vu quelqu'un.
38:30 - Oui, tout à fait.
38:31 C'était les provinces musulmanes qui venaient de s'ouvrir, donc quand je sortais, quand
38:36 j'arrivais dans un petit village chinois, quand un petit village chinois me dit "c'est
38:39 10 millions d'habitants" et qu'il n'a jamais vu d'Homme d'Occidentale, quand je sortais
38:44 à l'ouest du véhicule, j'avais des centaines de Chinois autour de moi.
38:48 Mais j'étais là, là, étroitement surveillé, comme je ne l'ai pas été en 2024.
38:54 - Et puis c'était à l'époque un pays un peu qui ressemblait à Paris, c'est-à-dire sale.
38:58 - Ah oui, tout à fait, pollué, sale, et puis exactement, et où les gens vivaient pour
39:05 eux-mêmes, vous bousculaient sans faire attention à vous.
39:08 - Peut-être qu'Anne Hidalgo a pris des leçons là-bas.
39:10 Alors, vous êtes retourné là-bas, mais surtout, effectivement, il y a eu le Covid,
39:16 et le Covid a tout arrêté.
39:17 - Le Covid a tout arrêté, et là j'ai eu la chance que mon producteur, Victor Robert,
39:22 avec Dispon7 Productions, m'a dit "Jacques, on n'arrête pas, nous.
39:24 On continue, tiens-toi prêt à partir.
39:26 Je m'en fous, ça va nous coûter de l'argent, ça va me coûter de l'argent, mais tiens-toi
39:29 prêt à partir."
39:30 Donc pendant un an, c'était "tu pars, tu pars pas, tu pars, tu pars pas, tu pars, tu
39:34 pars pas."
39:35 Moi j'avais envie de faire un film vraiment chinois, parce que comme à chaque fois je
39:37 veux vivre l'aventure, je veux me sentir en danger, et mes directeurs de production
39:41 me disent "non, faut que t'amènes des ex-occidentaux", pareil, parce que des fois que les Chinois
39:45 ne savent pas faire des films alors que c'est eux qui cosplayent son caméra.
39:47 Et donc le Covid, finalement, là, va m'aider.
39:53 Alors pendant un an et demi, c'est un peu une vie de schizophrène, parce que je sais
39:56 pas si je pars ou je pars pas.
39:57 Et puis au bout d'un an et demi, la Chine me dit "ok, tu peux venir, mais seul."
40:01 Et donc je vais partir seul en Chine.
40:04 Au lieu d'avoir un an, j'ai un visa de 6 mois, donc je vais faire en 6 mois un film
40:09 qu'il faut normalement un an à faire.
40:11 Et je commence par arriver dans cette Chine, à Shanghai, de nuit, où j'ai que des gens
40:15 cagoulés qui m'aspergent de produits, et qui vont m'enfermer dans une chambre d'hôtel
40:21 pendant 3 semaines pour faire cette quarantaine, pour être sûr que je n'ai pas de virus.
40:24 Mais je comprends à ce moment-là que le pays est en guerre, et que ces conditions-là,
40:28 finalement, qu'on pourrait taxer en France de liberticide, vont me permettre après d'être
40:33 libre de me promener partout en Chine où je veux, et de travailler sans masque avec
40:37 mes comédiens.
40:38 Donc la liberté, je la gagne après.
40:39 Sans parler le chinois ?
40:40 Sans parler le chinois, bien sûr, ça aurait été trop facile.
40:43 Mais c'est très compliqué à parler le chinois.
40:45 Donc j'avais des traducteurs qui parlaient français-chinois, anglais-chinois.
40:50 Et puis vous savez, au bout de 3-4 mois d'un tournage où on vit les uns avec les autres,
40:54 et les uns sur les autres, il y a le merveilleux traducteur du cœur, c'est les yeux.
40:59 On se parlait beaucoup avec les yeux.
41:00 Mais le Covid a continué, pendant le tournage, vous aviez un téléphone avec un QR code,
41:04 et vous auriez pu vous arrêter à n'importe quel moment, Jacques Malaterre ?
41:07 Complètement, oui.
41:08 On était testés, on a tous, pendant le film, on a fait 1900 tests Covid.
41:12 Moi, quand je suis revenu pour la post-production, c'était une période où il fallait se
41:17 faire tester tous les deux jours.
41:18 Et avec ce code vert, s'il était vert, vous passiez partout.
41:22 S'il était orange, il fallait vous faire retester.
41:25 Et s'il était rouge, là, c'était direct sur les adjéchos pour être soigné.
41:29 Et donc ça s'est bien passé, heureusement.
41:31 Et vous avez surtout découvert des gens très respectueux qui vous appelaient "Monsieur
41:35 le réalisateur".
41:36 Ah, j'ai découvert un respect du métier de réalisateur comme il n'existe plus en
41:40 Occident.
41:41 En Occident, il y a 20 ans, on était des architectes, les réalisateurs étaient des
41:45 architectes.
41:46 On les écoutait pour savoir comment il fallait construire la maison.
41:49 Maintenant, les réalisateurs, c'est des maçons.
41:52 On leur dit comment il faut construire la maison.
41:54 En Chine, on écoute encore le réalisateur, c'est lui qui sait.
41:58 J'ai fait des réunions avec CCTV où les réunions se terminaient en me disant "Mais
42:02 monsieur le réalisateur, c'est pas nous qui allons décider, c'est vous qui savez".
42:04 Et donc, il y a ce grand respect pour notre profession que, bien évidemment, j'ai cassé
42:09 ce mur-là.
42:10 Effectivement, on m'a mené dans des grands hôtels alors que mon équipe était dans
42:12 des hôtels plus modestes.
42:14 J'ai tout de suite voulu être avec mon équipe dans ces hôtels modestes-là.
42:18 Mais le respect, il est là.
42:19 Mais le respect, je crois, de l'autre, il est partout en Chine.
42:22 Il est partout.
42:23 Je veux dire, on vous respecte, on vous aime, on est bienveillants.
42:25 Et vous avez été traité quand même comme un chef d'État en arrivant à Pékin.
42:29 On vous avait fait visiter les plus beaux musées.
42:31 Oui, bien sûr, parce qu'ils ont ce sens de l'accueil et ils avaient envie de me montrer
42:37 leur préhistoire et donc de me faire partager le maximum de connaissances.
42:41 Puisque j'ai travaillé avec Yves Copenze, mais j'ai travaillé aussi avec une sommité
42:44 chinoise qui s'appelle le professeur Gao Qing sur leur préhistoire, sur leur connaissance
42:48 à eux.
42:49 Et c'est un mix de scientifiques chinois et français qui ont travaillé à l'élaboration
42:54 de ce film-là.
42:55 Alors le problème, Jacques Malaterre, ça a été le casting.
42:58 Je crois que vous avez vu des milliers de vidéos, des milliers de gens.
43:01 Oui, bien sûr, parce qu'il n'y a rien de plus difficile pour un acteur que de jouer
43:05 un homme préhistorique.
43:06 Donc, il faut le trouver, celui qui va accepter.
43:09 Parce qu'au début, je vois beaucoup de vidéos.
43:11 J'ai vu des milliers de vidéos et après, j'ai auditionné 1200 personnes auditionnées.
43:16 J'étais là, même si beaucoup de réalisateurs aujourd'hui, malheureusement, ne sont plus
43:19 à leur casting.
43:20 Moi, j'étais là parce que c'est moi qui vais travailler avec eux.
43:22 Et de ces 1200, j'en ai sélectionné 100.
43:24 Et après, je vais répéter trois mois avec eux pour essayer de faire ce chemin, ce retour
43:30 en arrière pour qu'ils redeviennent préhistoriques.
43:33 Parce qu'ils vont devoir manger de tout et ils vont devoir évoluer dans la boue, dans
43:37 la neige.
43:38 Et donc, il faut qu'ils soient et non pas qu'ils font semblant.
43:41 Et ils l'acceptent ? Ils l'ont accepté, ces comédiens ?
43:44 Oui, ils l'ont accepté.
43:45 Ils l'ont accepté avec générosité, avec cœur.
43:47 Puis parce que quand vous faites ces films, d'un coup, vous comprenez très vite qu'effectivement,
43:51 ces films-là, il s'en fait pas disparant.
43:54 Il s'en fait un tous les dix ans, que ce film-là va être vu sur toute la planète
43:57 et qu'il raconte l'histoire de l'humanité.
43:59 Donc, vous avez une espèce de responsabilité émotionnelle.
44:01 Et puis, une chose très importante pour vous, Jacques Malaterre, vous traitez les premiers
44:05 rôles comme les derniers de la même façon.
44:07 Oui, pour moi, il n'y a pas de star.
44:08 Mais même en France, quand j'ai travaillé avec des stars, pour moi, c'est pareil.
44:13 Tout le monde répète, tout le monde est là, tout le monde… J'ai le sens de la
44:16 troupe.
44:17 Vous voyez, je fais un film sur Molière, Molière, il avait le sens de la troupe.
44:20 Et à cette époque-là, celui qui avait le premier rôle dans une pièce pouvait se trouver
44:24 albardier dans une autre pièce parce qu'il a eu le plaisir de porter et de raconter l'histoire.
44:28 C'est ce que racontait Bourvil, quand il arrivait sur un plateau, il serrait la main
44:32 à tout le monde et en particulier tout de suite aux figurants parce que c'était eux
44:35 qui avaient le rôle le plus difficile.
44:36 Bien évidemment, parce que c'est les rôles les plus ingrats.
44:39 Et là, mes acteurs, ça pouvait être ingrat au départ sur le papier de se dire je vais
44:45 jouer sous la pluie, je vais jouer dans la boue, je vais jouer dans la neige.
44:48 On ne va pas me reconnaître et le réalisateur, il va me faire manger des acicots vivants,
44:52 des sauterelles vivantes, du rat, du cœur cru.
44:55 Sur le papier, ce n'est quand même pas très attirant.
44:57 Il y a aussi une comédienne que vous avez trouvée, Meng Lin, qui a été très courageuse
45:02 et sa vie est presque un miracle.
45:04 Oui, parce que vous m'en parlez, je suis tout de suite très ému parce qu'en fait,
45:09 quand elle apprend qu'elle est prise au casting, elle apprend qu'elle a un cancer.
45:12 Les médecins lui disent il faut te faire soigner.
45:14 Elle se dit que comme ça, une espèce d'instinct la pousse à dire non, finalement, je préfère
45:19 faire le film.
45:20 Au lieu de se faire soigner, elle va faire ce film là.
45:22 Un film où elle fait la chambrane, celle qui soignait à l'époque.
45:25 Et trois mois après les répétitions, le tournage du film et quatre mois après, quand
45:29 elle va aller faire ses analyses pour aller se faire soigner, son cancer aura disparu.
45:33 Comment expliquer ça ? C'est le film ?
45:35 C'est le film, c'est nos ancêtres, c'est l'énergie de l'acting, c'est quelque
45:40 chose, je sais que c'est vrai.
45:41 Elle n'était pas aller voir des sorciers, c'est des vraies analyses.
45:46 Et les médecins lui ont dit non, non, vous avez guéri.
45:48 Vous avez guéri comme on peut guérir du cancer, bien évidemment.
45:52 Alors il y a eu aussi le problème des décors parce que des forêts primitives, ça ne se
45:55 trouve pas en Chine.
45:56 Et vous avez trouvé un parc public entre deux autoroutes, je crois.
45:59 Oui, bien sûr.
46:00 Des fois, on va chercher très loin ce qui existe tout à côté.
46:02 Et je n'arrivais pas à trouver une jungle tropicale praticable parce que sinon, on
46:06 n'arrivait pas à avancer.
46:07 Et j'ai trouvé ce parc à Haïko, qui est donc sur l'île d'Hainan, qui est totalement
46:12 une forêt tropicale, mais praticable.
46:15 Donc voilà, du tournage, on entendait les klaxons et les bruits de moteurs qu'on n'entend
46:21 plus, je vous rassure, dans le film maintenant.
46:23 Oui, parce que moi, je me souviens, un jour, je suis allé en Chine.
46:25 Je n'ai jamais vu autant de voitures sur les périphériques, autant de gens qui criaient.
46:30 Oui, bien sûr.
46:32 Jamais autant de voitures, mais pas de bouchons.
46:34 Parce qu'on ne bloque pas les rues, on en crée d'autres pour justement faire circuler
46:38 les voitures.
46:39 Ça n'a rien à voir avec le décor du Lotus bleu de Tintin.
46:41 Ça a beaucoup changé.
46:43 Alors, il a fallu apprendre à vos comédiens la langue préhistorique.
46:47 Oui, alors c'était la langue préhistorique.
46:49 Depuis 20 ans, on a travaillé avec Yves Coppens parce qu'on n'aurait plus se dire,
46:52 tiens, on va prendre des coups à boire et puis on va inventer des mots.
46:55 On s'est dit, autant essayer d'être au plus près de la vérité.
46:57 Donc, on a pris des cris de animaux et on s'est dit, tiens, quand le singe s'est
47:02 levé, que son larynx s'est développé, qu'ils ne sont pas laissés creuser, comment
47:05 le cri est devenu son, ce son est devenu mot.
47:07 On a pris les mots qui sont un peu les mêmes partout dans le monde entier, comme maman,
47:11 papa, ça se dit un peu partout dans le monde entier.
47:13 Et on a créé un vocabulaire.
47:15 Alors, bien sûr, c'est certainement pas le langage de nos homo sapiens, quoique M.
47:19 Jourdain faisait de la prose sans le savoir.
47:21 On a peut être fait du sapiens sans le savoir.
47:22 Mais il y avait ce langage là.
47:25 Donc, nous, on a écrit les dialogues en français, traduit en chinois et traduit en préhistorique.
47:29 Et les acteurs ont appris ce langage là.
47:32 Alors, il se trouve aussi que vous avez fêté Noël en Chine et que vous avez passé des
47:36 soirées karaoké.
47:37 Oui, oui, oui, j'ai passé effectivement, j'ai passé.
47:40 C'était le nouvel an.
47:42 On arrive bientôt.
47:43 On a passé le nouvel an chinois.
47:44 C'est toujours décalé par rapport au nôtre.
47:46 Et donc, voilà, tous les acteurs ont fait la fête.
47:49 Et je suis parti avec trois de mes actrices faire un karaoké toute la nuit avec elles
47:53 et trois des actrices qui étaient merveilleusement gentilles, belles.
47:58 Et là, des fois, on ne regrette pas son métier de réalisateur.
48:01 Il se trouve aussi que la Chine, les Chinois ont vu le film.
48:03 Aucun problème.
48:04 Oui, parce que je me suis dit bon, tout le tournage s'est bien passé.
48:08 Je n'ai pas eu cette fameuse censure.
48:10 On ne m'a pas mis en prison.
48:11 Donc, maintenant que je vais leur montrer le film fini, c'est peut être là que le
48:15 coupret va tomber.
48:16 Eh bien, pas du tout.
48:17 Ils ont regardé dans des conditions merveilleuses, comme malheureusement, on ne regarde pas les
48:20 films ici.
48:21 Ils ont regardé ça sur un grand écran avec une grande sonneau.
48:24 Ils étaient douze.
48:25 J'avais l'impression d'être devant un bureau politique qui allait me couper la tête.
48:30 Et à la fin du film, ils m'ont remercié et n'ont changé qu'à peut être deux ou
48:34 trois mots de la voix off en me disant merci beaucoup et en me demandant quand est ce qu'on
48:39 va travailler ensemble.
48:40 Et quand est ce qu'on verra le film alors à la télévision ?
48:42 Bientôt ?
48:43 Bientôt, normalement, il est prévu, mais tout change, tout peut se bousculer à la
48:48 télévision.
48:49 Il est prévu le 12 mars, le mardi 12 mars.
48:50 Et il sera suivi d'un science-off, c'est à dire on va un peu plus loin dans la science
48:54 avec les images du tournage du film.
48:55 Donc, on verra l'envers du décor.
48:57 Alors, en attendant, on peut lire Les derniers secrets de l'humanité, un livre passionnant
49:01 dont vous parlez extrêmement bien, Jacques Malaterre.
49:03 C'est l'audition Glyphe.
49:04 Je le recommande à celles et ceux qui nous écoutent.
49:06 Et puis, bientôt pour de nouvelles Odyssées parce que vous n'allez pas vous arrêter
49:10 là ?
49:11 Non, non, non, non.
49:12 C'est l'aventure d'autres vies.
49:13 Et merci beaucoup pour ce temps que vous donnez à la parole et au cœur.
49:18 Merci à vous.
49:19 Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:20 On se retrouve bientôt.
49:21 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.