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Chaque semaine, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
Transcription
00:00 ...
00:26 -Je sentais mon sexe se durcir.
00:30 Je me suis serrée contre elle.
00:32 -Vous êtes bien sûr classique.
00:36 C'est parti pour votre vivace cinéma,
00:39 qui vous propose une rencontre autour de Jean Eustache.
00:42 Au sommaire, le rosebud de Blake Edwards,
00:45 la mélodie du bonheur de Charles Baptiste
00:48 et une rencontre avec Jean-François Balmer.
00:51 -Les vacheries se préparent.
00:53 -C'en a l'air.
00:54 -Haha !
00:55 ...
00:57 -Jean Eustache,
00:58 l'auteur d'un film essentiel, "La Maman et la Putain",
01:02 triangle amoureux libre et désespéré
01:04 dans le Saint-Germain-des-Prés des années 70.
01:07 Le film "3h30 en noir et blanc",
01:09 avec Jean-Pierre Léo, Bernadette Lafon et Françoise Lebrun,
01:13 fit sensation à Cannes,
01:14 où il obtint le grand prix spécial du jury en 1973.
01:17 Observateur privilégié en tant qu'assistant de Eustache,
01:21 Luc Béraud a rassemblé ses souvenirs de tournage
01:24 dans un livre d'un cinéaste au travail
01:26 dans le coeur de la fabrication de "La Maman et la Putain",
01:30 mais aussi des films réalisés par la suite,
01:32 dont "Mes petites amoureuses",
01:34 rencontre avec l'auteur de ce making-of posé sur le papier,
01:38 Luc Béraud.
01:39 ...
01:44 -Et voilà Jean.
01:45 ...
01:47 -Je me souviens qu'il m'avait demandé
01:49 de faire un plan de travail de "Mes petites amoureuses".
01:52 C'était un été, l'été 61.
01:56 Et on se voyait plutôt à la coupole.
02:00 Il me faisait lire des pages,
02:02 qui étaient des pages assez étranges, assez violentes,
02:05 très écrites.
02:06 Et c'était des dialogues.
02:10 Et puis un jour, il m'a dit,
02:13 au cours de l'hiver 60...
02:17 Peut-être en décembre, peut-être en janvier,
02:20 il a dit "écoute, on fait pas "Mes petites amoureuses",
02:23 on va faire ce film".
02:24 Ce qu'il était en train d'écrire.
02:26 Il vivait des histoires un petit peu chaudes, un peu serrées,
02:32 entre différentes compagnes.
02:35 Et donc il en retracé les épisodes,
02:41 et qu'il réécrivait entièrement.
02:44 C'est très littéraire, "La maman et la putain".
02:48 C'est bourré de références.
02:50 Je sais que j'ai trouvé un mémo de Stach
02:53 qui écrit à Cottrell, le producteur,
02:55 et qui dit "Qu'est-ce qu'on fait avec Gallimard ?"
03:00 Parce qu'il y avait du Bernanos,
03:04 du Proust, bien sûr, beaucoup, il était très Proustien,
03:07 "Bataille", etc.
03:09 C'est long, long, long.
03:20 C'était même pas des dialogues, c'est des monologues.
03:23 C'était parfaitement écrit.
03:25 Et il était même extrêmement pointilleux.
03:29 C'était l'époque où les matelas étaient par terre.
03:32 Il n'y avait pas de... Bon, voilà, 68, machin.
03:36 Donc ça veut dire qu'on était toujours bas.
03:39 La caméra était toujours sur un petit pied
03:41 pour être à la hauteur des acteurs,
03:43 puisqu'il y avait beaucoup de scènes assises sur le lit.
03:47 Il y avait très peu de meubles dans nos appartements à ce moment-là.
03:51 Et donc Jean était toujours assis en tailleur, à côté de la caméra,
03:55 et il ne regardait pas les acteurs, il les écoutait,
03:59 et il suivait sur son texte.
04:02 Et il avait établi avec Jean-Pierre Léo...
04:05 Vraiment, les tirades qu'il avait à se taper, c'était énorme.
04:10 Et Jean-Pierre avait des problèmes de mémoire.
04:13 C'était un tournage qui était très anxiogène pour lui.
04:18 Et Jean le maltraitait.
04:21 Alors ça mettait Jean-Pierre Léo dans un état de...
04:25 Pas de crainte, mais d'excitation,
04:28 qui fait partie de son interprétation.
04:31 C'est très fort, ce que ça arrive à créer.
04:34 Et Jean était là, donc, moteur.
04:37 C'était des longues séquences.
04:39 On chargeait la caméra avec des bobines de 120 mètres.
04:42 Et puis, dès qu'il y avait un truc, coupé !
04:45 Et Léo faisait très...
04:48 Un metteur en scène laisse finir la prise,
04:51 et après, il lui dit qu'à tel endroit, il serait mieux...
04:55 En principe, à voix basse, on chouchoute son comédien.
04:59 Coupé ! "Qu'est-ce qu'il y a, Jean ?"
05:01 "Tu sais très bien, moteur !"
05:03 Et donc, ça mettait ce pauvre Léo dans un état de tension terrible,
05:09 et qui fait l'interprétation...
05:11 C'est une forme de direction d'acteur,
05:14 puisque Léo est assez différent dans ce film
05:16 de ce qu'il fait chez Truffaut ou chez Godard.
05:19 Et en plus, Jean était extrêmement rigoureux sur sa mise en scène.
05:25 Il était très précis sur les cadrages, les places des comédiens, et tout ça.
05:30 Et on n'avait pas de...
05:32 Il y avait très peu de matériel. On tournait en 16 mm.
05:35 Et l'équipe, je crois qu'on était 12 à tout casser.
05:39 Et...
05:41 Et Jean était un personnage très attachant.
05:44 Il était, à des moments, absolument insupportable.
05:48 Il pouvait se mettre dans des rages folles, quitter le plateau,
05:51 mais on sentait qu'il souffrait.
05:54 C'était les souffrances de la création, si vous voulez.
05:58 Et donc, on était plutôt en empathie avec lui.
06:01 Or, de temps en temps, ça frictionnait un petit peu,
06:04 mais pas vraiment.
06:06 On sentait qu'il se battait avec lui-même.
06:09 C'est le combat avec l'engin.
06:11 Voilà.
06:13 Je revois ma blouse noire Lorsque j'étais écolier
06:17 Sur le chemin de l'école Je chantais à pleine voix
06:23 Des romances sans parole Vieilles chansons
06:28 D'autrefois
06:31 Douce France
06:36 Cher pays de mon enfance
06:40 Les repérages avec Eustache, ça consistait à...
06:43 à retrouver les lieux où les choses s'étaient passées.
06:46 Et il y a un truc qui nous a tous stupéfaits,
06:50 c'est que la fameuse scène dans "Mes petites amoureuses",
06:53 où enfin il arrive à mettre le grappin sur une petite...
06:58 et il l'emmène dans les hautes herbes et tout ça.
07:02 Et on cherchait un endroit, vous savez, les assistants,
07:06 les chefs opérateurs, on cherche un endroit
07:08 qui va être cinématographique.
07:10 Et puis finalement, on lui proposait des endroits tous plus beaux.
07:15 Enfin, on essaie de rendre les choses plus belles que la réalité.
07:21 Et puis finalement, il nous dit "Non, on va tourner là".
07:25 Il nous emmène dans un endroit qui était...
07:27 En arrivant sur les lieux, il dit "Mais il y avait une haie, là..."
07:30 "Ah là là, ils m'ont changé mon décor, etc."
07:33 Mais hop, on a tourné là.
07:35 Et on a tourné là, on a planté, on a fait des faux buissons,
07:39 des trucs comme ça.
07:40 Et puis en plus, on était en plein vent,
07:42 en conditions pas bien, mais voilà, on a tourné là.
08:03 -Son enfance avec sa grand-mère à Pessac,
08:07 c'était les verres paradis.
08:10 Et puis tout d'un coup, sa mère vient le récupérer,
08:13 le prive d'école, le met au boulot,
08:17 des boulots à la con et tout ça.
08:20 Donc c'est difficile pour quelqu'un.
08:24 C'était un être douloureux.
08:26 -On part en voyage ?
08:28 -Moi, je pars.
08:30 Mamie m'accompagne à la gare.
08:32 -Où vas-tu ? -Chez ma mère.
08:34 -Pour les vacances ? -Non, pour toujours.
08:37 -Maman ! Il s'en va pour toujours !
08:40 Vous partez ?
08:42 -Pas moi, il part seul.
08:44 -Il y a eu un truc terrible pour lui,
08:50 c'est qu'il avait une immense affection
08:55 et voire même complicité avec sa grand-mère.
09:00 Avec laquelle il a fait un film qui s'appelle "Odette Robert".
09:05 Et qu'il a filmé.
09:07 Il l'a filmé, qui racontait sa vie d'ouvrière et de pauvre.
09:13 Et Odette Robert est morte
09:17 au début du tournage de "Mes petites amoureuses".
09:21 Et on a cru que ça allait...
09:25 Parce que j'ai Jacqueline Dufran qui joue le rôle
09:28 dans "Les petites amoureuses".
09:30 Et on s'est dit que ça allait être une catastrophe.
09:33 En fait, non, ça n'a pas été une catastrophe,
09:36 mais ça en était une quand même.
09:38 C'est-à-dire qu'il a fait le film quand même,
09:41 mais il se mettait dans des états épouvantables.
09:44 -Comme je le savais depuis longtemps sans me l'avouer,
09:51 ma mère avait décidé de ne plus m'envoyer au collège.
09:54 Je ne comprends pas, puisque l'enseignement est gratuit.
09:58 Les cours, oui, mais c'est pas tout.
10:01 Il y a les livres, les cahiers, les vêtements.
10:04 Il faut s'habiller pour aller à l'école.
10:07 Je le sais bien.
10:09 -Et on avait un sentiment de gâchis en disant que c'est fou.
10:16 Il a tout. Il a des comédiens formidables.
10:19 Il a des techniciens, Nestor Almendros, etc.
10:22 Bernard Aubouyeusson.
10:24 Et puis il est là, il vient pas, il est sourd.
10:28 Jean avait une grande passion pour une boisson, un whisky,
10:34 un bourbon qui s'appelle le Jack Daniel.
10:37 Et quelle ne fut pas notre surprise quand on a vu le film en projection,
10:42 quand il était terminé,
10:44 qu'il a mis sur un des cartons "Conseiller technique",
10:48 Jack Daniel.
10:50 Il disait que ce que je voulais faire
10:53 était toujours mieux que ce que j'ai fait.
10:56 C'est terrible de dire ça.
10:58 -Au travail avec Eustache,
11:00 une coédition Actes Sud-Institut Lumière,
11:03 document précieux pour les amoureux d'Eustache et du cinéma.
11:07 Luc Béraud raconte avec précision et légèreté
11:10 l'aventure toujours mouvementée qu'est la fabrication d'un film.
11:14 Pour retrouver les films de Jean Eustache,
11:17 précipitez-vous sur Classique.
11:24 Dans "Qu'as-tu fait à la guerre, papa" 1966,
11:27 Blake Edwards, le réalisateur de "La partie",
11:30 écrit, produit et réalise une comédie
11:33 qui mêle 3 de ses thèmes de prédilection,
11:36 la guerre, le travestissement et l'alcool.
11:39 Si le film commence de manière réaliste,
11:42 Edwards a été soldat et a même été blessé au combat,
11:46 il bascule vite vers le burlesque.
11:49 Ici, les soldats ne sont pas des héros,
11:52 mais des soldats de la guerre.
11:54 La situation est savoureuse.
11:56 Un capitaine pointilleux mais inexpérimenté
11:59 se retrouve à la tête d'une escouade de briscards
12:02 pour conquérir un emplacement stratégique,
12:05 le village italien de Valerno.
12:07 Le délire peut commencer sur fond de choc des cultures.
12:12 Les Italiens acceptent immédiatement la reddition
12:15 à condition qu'on les laisse organiser une grande fête.
12:19 S'en suivent des péripéties et des gags typiques de Blake Edwards
12:23 avec son lot de chutes, de travestissements
12:26 et de quiproquos.
12:28 "Qu'as-tu fait à la guerre, papa" reprend une thématique chère
12:32 et qui est très bien réalisée.
12:34 - C'est un film qui est très bien réalisé.
12:37 - C'est un film qui est très bien réalisé.
12:40 - "Qu'as-tu fait à la guerre, papa" reprend une thématique chère
12:44 à Edwards, celle du rapport entre apparence et réalité.
12:48 Italiens et Américains vont ainsi jouer à la guerre
12:51 pour tromper leur hiérarchie et leurs ennemis.
12:54 ...
13:19 - Attaque, frère!
13:22 ...
13:34 - Oh, beautiful one! Beautiful!
13:36 - Lieutenant, look at that!
13:38 ...
13:43 - What do they think they're doing?
13:45 ...
13:47 - Wait a minute! You're not supposed to be up here!
13:51 ...
14:11 - Des morts passent ainsi pour des vivants,
14:14 des Américains pour des Italiens et des hommes pour des femmes.
14:19 - Les Américains sont des hommes.
14:20 ...
14:22 - Les Américains sont des hommes.
14:24 ...
14:26 - Les Américains sont des hommes.
14:28 ...
14:30 - Les Américains sont des hommes.
14:32 ...
14:34 - Les Américains sont des hommes.
14:36 ...
14:38 - Les Américains sont des hommes.
14:40 ...
14:42 - Les Américains sont des hommes.
14:44 ...
14:47 - Charles-Baptiste confirme l'ambition pop et mélodique de sa musique.
14:50 Cinéphile, le chanteur multiplie les clins d'oeil au 7e art
14:54 comme avec l'un de ses clips dans lequel il rend hommage
14:57 au ballon rouge d'Albert Lamoris, "Sa mélodie du bonheur".
15:00 Pour en parler, nous avons installé Charles-Baptiste
15:03 au piano du club de jazz 38 Rives.
15:06 ...
15:16 - "Le ballon rouge", c'est un film qui date de 1956,
15:19 qui est un court-métrage, une trentaine de minutes,
15:22 qui est quasi muet, en fait, il y a très peu de paroles,
15:25 dans lequel la musique a une grande part.
15:28 C'est un film d'Albert Lamoris
15:30 qui a fait jouer dans ce film son propre fils, Pascal.
15:34 C'est l'histoire d'un petit garçon qui a une relation d'amitié
15:37 très émouvante avec un mystérieux ballon
15:40 qui semble comme animé de sentiments humains.
15:43 ...
15:52 Le compositeur s'appelle Maurice Leroux.
15:55 C'est une musique typique, je dirais, peut-être des années 50,
15:59 où on utilise toujours des grands orchestres de l'âge d'or
16:03 du cinéma muet, on va dire, des années 20-30,
16:05 mais qui apporte aussi des petites touches de musique jazz
16:09 de cette époque-là, des vibraphones, des glockenspiels,
16:12 des choses comme ça.
16:14 ...
16:22 On sent que Maurice Leroux a voulu emprunter des choses à Schumann
16:26 qui avait écrit les scènes d'enfants ou les papillons,
16:30 qui sont des prémisses de la musique très naturaliste et figurative,
16:33 où ça bruit, finalement, les papillons.
16:36 ...
16:39 Les papillons.
16:41 ...
16:48 Ça pourrait être littéralement dans le même morceau.
16:51 -Attends-moi, là.
16:54 ...
17:11 -C'est un thème qui est en majeur, en fait,
17:14 mais c'est un majeur qui est très nostalgique.
17:17 Il va le jouer au début et à la fin.
17:21 Il va en D bémol majeur.
17:23 Puis, quand le petit garçon rencontre le ballon,
17:26 il va juste le monter d'un demi-ton.
17:28 Ensuite, le thème va complètement disparaître,
17:31 apparaître peut-être un petit moment très symboliste
17:34 au moment où il rencontre une petite fille avec un ballon bleu,
17:38 comme une sorte de réminiscence.
17:41 ...
17:52 Il joue vraiment avec la hauteur du ballon.
17:55 Ensuite, il va jouer avec la dimension mineure
17:59 pour apporter un effet un peu de balancier.
18:04 ...
18:12 ...
18:18 Ce thème-là, c'est vraiment, pour moi, le thème du sentiment
18:21 et peut-être le thème du petit garçon.
18:23 Le ballon, lui, a son thème propre,
18:25 qui est un thème qui est d'ailleurs dans le prolongement.
18:28 ...
18:30 Comme ça.
18:32 Ce qui est intéressant, c'est qu'il va jouer avec tous ses chromatismes
18:34 selon que le ballon descend, remonte.
18:37 Ça va tout le temps accompagner ses mouvements.
18:40 -Ballon !
18:41 ...
18:49 -Il va jouer même avec la ficelle du ballon.
18:51 Au début, c'est un peu tout en birlificoté.
18:54 ...
18:57 Ensuite, il va peut-être dérouler un peu la pelote.
19:01 ...
19:04 Et ensuite, il croise des religieuses à un moment.
19:07 Là, c'est carrément...
19:09 ...
19:23 Et puis, il y a des moments de silence quasi total.
19:26 Parfois, on entend un cri d'enfant.
19:29 C'est vraiment tous les moments où le personnage et le ballon
19:31 se retrouvent confrontés à la société.
19:33 C'est comme si, finalement, dans la société,
19:35 il n'y avait plus de musique, il n'y avait que du bruit.
19:38 Et ça, je trouve que c'est une très belle image dans le film.
19:41 ...
19:49 Cette partition, comme ce film,
19:51 je crois aujourd'hui à une dimension mythologique.
19:54 Comme les mythes, que ce soit Ulysse, Antigone,
19:58 c'est éternel, en fait.
19:59 C'est devenu quelque chose qui est dans un monde si ancien,
20:02 mais dont la vérité est éternelle,
20:04 que c'est impossible que ça vieillisse, en fait, fondamentalement.
20:08 -Votre Viva vous recommande l'album "Grand enfant" de Charles-Baptiste
20:12 que vous pourrez retrouver sur scène le 29 février prochain
20:15 au Café de la danse à Paris.
20:18 ...
20:28 Repérée par Yves Boisset au Conservatoire national d'art dramatique,
20:32 Jean-François Balmer fait à 27 ans ses premiers pas au cinéma
20:36 dans "RAS" 1973.
20:38 Victime d'un accident qui lui rend l'élocution difficile,
20:41 le comédien a malgré tout accepté pour "Votre Viva"
20:44 de revenir 50 ans en arrière
20:47 ses souvenirs de ce grand film sur la guerre d'Algérie.
20:49 -Attention !
20:51 Attention, j'y vais.
20:53 -Tu l'as, la montagne, derrière ?
20:55 -Tiens, Girod, un beau souvenir de guerre !
20:58 -Non, sergent, je voudrais faire une photo des copains.
21:01 -Elle va être floue, ta photo !
21:03 -Yves Boisset prenait souvent des jeunes acteurs.
21:09 J'étais au conservatoire
21:12 avec Weber et Villerey
21:16 et puis en fait, c'est Francis Huster
21:19 qui devait faire mon rôle.
21:22 Huster a eu la bonne idée
21:26 d'être engagé à la comédie française
21:31 et puis Weber et Villerey
21:34 ont beaucoup poussé pour que je le fasse.
21:38 J'ai dit...
21:40 Moi, je pense que je suis pas fait pour ça.
21:45 -C'est la vie de château ?
21:47 -C'est la vie de château.
21:50 -Merci.
21:52 Merci.
21:56 -RAS fit polémique à sa sortie
21:58 car il traite avec réalisme de la cruauté de la guerre d'Algérie
22:02 du point de vue d'un bataillon disciplinaire
22:05 composé de réfractaires au service militaire.
22:08 -Merci, mon adjudant chef.
22:10 C'est la vie de château. Merci, mon adjudant chef.
22:13 -Étant donné que je suis Suisse,
22:17 j'étais le seul probablement
22:21 à avoir fait le service militaire.
22:25 Et c'était 4 mois
22:28 d'école de recrut,
22:32 comme on l'appelle là-bas.
22:34 -Pour obtenir un compte si parfait,
22:36 il faut 20 ans de service actif.
22:39 T'as encore beaucoup à faire.
22:41 -Qu'est-ce que tu crois ? Je suis un rappelé comme toi.
22:44 -Personne t'a obligé à prendre des galons.
22:47 -Défenseur d'un cinéma social et engagé,
22:50 Yves Boisset réalise près d'un film par an depuis 1968.
22:54 RAS est déjà son 6e long métrage.
22:57 -Il a été très généreux,
23:00 très gentil, Boisset,
23:03 parce que globalement,
23:06 c'était notre premier film
23:09 qui était tourné à 12h en Tunisie
23:14 pour des raisons assez évidentes.
23:18 -Grâce à l'aide d'un jeune producteur tunisien de 23 ans,
23:22 Tarak Ben Ammar, Yves Boisset peut reconstituer en Tunisie
23:26 l'Algérie où la situation politique rend tout tournage impossible.
23:30 -Voilà, c'est tout ce qu'on a trouvé.
23:35 C'était un tournage assez difficile
23:39 parce que l'Oued débordait
23:43 et il fallait faire de grands détours
23:47 pour se trouver sur le lieu de tournage.
23:53 -Si la guerre d'Algérie est souvent évoquée dans le cinéma français
23:57 par Lamarge ou L'Orcham,
23:59 comme dans "Adieu, Philippines" de Jacques Rosier
24:02 ou dans "Les parapluies de Cherbourg" de Jacques Demy en 1964,
24:06 "RAS" est, 10 ans après la fin de la guerre,
24:09 l'un des rares films à aborder frontalement le sujet dans le cinéma français.
24:13 -Regarde-moi ces cons, ils se croient dans un western.
24:16 -Boisset, c'est quand même un cinéaste de l'actualité
24:22 et puis, souvent,
24:25 il s'exposait sur des sujets difficiles.
24:32 -Contraint par la censure à supprimer une scène de torture,
24:35 "RAS" sort dans les salles françaises au coeur de l'été 1973.
24:39 Si certaines séances sont perturbées par des militants d'extrême droite,
24:42 le film obtient un grand succès commercial
24:45 avec plus d'un million d'entrées.
24:47 -On l'a eu, on l'a bien eu !
24:49 -C'est du folklore.
24:51 -On a agi et les mecs ont bougé.
24:53 -C'est un personnage difficile.
24:56 Moi, je suis, soit disant, plutôt sympathique
25:01 et puis j'ai beaucoup de personnages antipathiques dans ma carrière.
25:09 -Ne rigole pas, petit !
25:11 (Tirs)
25:13 -Il a préfiguré tous les personnages que j'ai joués plus tard.
25:22 -Un grand merci à Jean-François Balmer pour cet entretien.
25:27 Retrouvez "RAS", d'Yves Boisset, actuellement sur Ciné+ Classique.
25:31 Quant à votre Viva, il reste toujours au garde-à-vous
25:34 sur les réseaux sociaux de Ciné+ et à tout moment sur MyKanal.
25:38 -Si t'es blagueur, papa, je te laisse pas place !
25:41 ...