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Chaque semaine, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
Transcription
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00:33 Salut à tous et bienvenue sur Ciné + Classique.
00:36 C'est l'heure de votre Vive à Cinéma consacré cette semaine à Sacha Guitry.
00:40 Au sommaire également, le Rosebud de Gilles Grangier,
00:44 la Mélodie du Bonheur de Jérôme Lemoynier
00:47 et le Cinéma Retrouvé de René Lalou.
00:49 Vous êtes prêts ? On y va !
00:51 (Musique)
00:57 Alors que la réputation de faire du théâtre filmé lui a longtemps collé à la peau,
01:01 Sacha Guitry a pourtant su montrer qu'il était, au-delà d'un dramaturge à succès,
01:06 un véritable cinéaste.
01:08 Avec plus d'une trentaine de films à son actif,
01:10 ayant influencé Orson Welles ou encore François Truffaut,
01:13 Sacha Guitry a réalisé un cinéma aussi libre que moderne.
01:17 Mais quel métier faites-vous donc ?
01:19 Le seul, le seul qui pouvait me mettre à l'abri désormais de toutes les tentations.
01:23 Le seul où je puisse exercer les dons que m'a fait la nature, sans risquer la prison.
01:28 Alors que onze de ses films ressortent en salles,
01:31 Noël Herp, écrivain et historien du cinéma,
01:34 et Nicolas Parizère, cinéaste, reviennent sur l'œuvre du maître.
01:38 (Musique)
01:48 Sacha Guitry, c'est vraiment l'auteur de Boulevard,
01:50 peut-être le plus célèbre de l'entre-deux-guerres,
01:52 disons de la période qui va de 1920 à 1940.
01:57 Gloire du boulevard, fils lui-même d'un grand comédien de boulevard,
02:00 Lucien Guitry, et qui regarde le cinéma d'un œil un peu méfiant.
02:05 Dès 1912 d'ailleurs, il est interviewé à ce sujet, il dit
02:09 « J'estime que le cinématographe n'est déjà plus à son apogée. »
02:12 Donc bon, c'était vraiment enterré assez vite le cinéma.
02:15 Pour lui, c'est vraiment une hérésie,
02:17 parce que le cinéma, c'est du réchauffé, c'est du refroidi,
02:20 le théâtre c'est du vivant.
02:22 Donc il y a cette idée que le cinéma n'étant pas un art du présent,
02:25 il n'est pas digne de relayer le théâtre.
02:27 - Bonjour. - Comment, vous êtes là ?
02:30 - Non. - Comment non ?
02:31 - Non, enfin oui et non, c'est-à-dire je suis dans la salle de bain
02:33 où je fume depuis une demi-heure, c'est devenu irrespirable,
02:35 alors je sors, bonjour. - Vous étiez là.
02:38 - Oui, j'étais là.
02:39 - Au début des années 30, le cinéma devient parlant,
02:41 et donc il y a des producteurs qui ont envie d'adapter
02:44 des pièces de Guitry au cinéma.
02:46 Et Guitry accepte de vendre les droits d'une de ses pièces
02:49 pour le cinéma.
02:51 C'est un film qui s'appelle "Le blanc et le noir".
02:53 Quand il voit le film, le film lui tombe des yeux,
02:55 alors que c'est sa pièce, alors que c'est ses mots,
02:57 et il voit donc comment il faudra le faire.
02:59 Et à mon avis, quand quelqu'un voit un film,
03:02 que ça lui tombe des yeux et qu'il se pose la question
03:05 de comment il l'aurait fait lui, il devient cinéaste.
03:08 - Elle a quelque chose dans l'œil ?
03:15 - Elle a quelque chose dans l'œil,
03:17 mais je ne le vois pas très bien.
03:19 - Moi, je vois tout, vous permettez ?
03:24 - On peut dire que Sacha Guitry a construit
03:31 sa pratique de cinéaste sur sa détestation du cinéma.
03:34 C'est-à-dire qu'il est une sorte d'amoureux inversé du cinéma,
03:38 un amoureux paradoxal,
03:40 qui va faire des films justement parce que le cinéma
03:44 permet de conserver le passé.
03:46 Donc tout ce qu'il reprochait au cinéma,
03:48 il va en faire une vertu de sa pratique.
03:50 Dieu merci, son cinéma ne va pas se borner à conserver le passé.
03:53 Il va être aussi un cinéma d'enregistrement du vivant.
03:56 Il a fait du cinéma moderne en croyant qu'il était
03:59 le conservateur d'un théâtre classique.
04:01 - Et il se met à adorer le cinéma,
04:13 et à adorer les moyens du cinéma,
04:15 et à vouloir tenter tout ce qui est possible
04:19 à faire dans le cinéma.
04:21 Du film historique, du mélodrame.
04:23 Entre 1936 et 1939, il fait plus d'une dizaine de films,
04:27 donc ça devient quelque chose d'extrêmement important
04:31 dans son emploi du temps.
04:33 Donc quand il se met à adapter ses propres pièces,
04:36 il sait immédiatement comment faire,
04:39 il sait immédiatement où mettre sa caméra,
04:42 il sait immédiatement comment découper.
04:45 - On disait souvent, surtout à l'époque,
04:47 "Oh là là, Guitry, c'est vraiment pas filmé,
04:49 il se contente de planter sa caméra,
04:51 il n'y a pas de mouvement de caméra,
04:53 il n'y a pas d'effet de montage, etc."
04:55 Ça, c'était ce que disait la critique professionnelle,
04:57 qui le vomissait.
05:11 - Or, quand on regarde un film de Guitry aujourd'hui,
05:13 il y a plein d'effets de cinéma qui ne sont absolument pas statiques.
05:16 Il y a de la caméra mobile, il y a des effets de montage.
05:20 - Il y a des morceaux de bravoure et des proies de mise en scène,
05:24 au sens corsésien du terme,
05:26 c'est-à-dire de travail de la caméra, de l'image, etc.
05:30 Vraiment quelque chose qui n'est ni de l'ordre du théâtre,
05:33 ni de l'ordre du visuel, du pictural,
05:36 mais vraiment quelque chose qui est de l'ordre
05:38 parfois du mouvement, de l'appréhension de l'espace, du rythme.
05:43 Il y a des choses complètement folles, dans "Faisons un rêve".
05:46 - Non, n'est-ce pas ? Elle aurait mieux fait de me dire
05:48 "Je ne viendrai pas, je ne viendrai pas, que j'en serais pas mort !"
05:52 C'est une femme délicieuse, t'as entendu ?
05:54 Moi aussi, je suis un homme délicieux.
05:56 Je n'aime pas beaucoup qu'on me fasse toiretter comme ça.
05:58 - Alors qu'on a l'impression, au début de la scène,
06:00 qu'on est au théâtre, quelque chose de très théâtral,
06:02 c'est un monologue qui fait le tour de cette pièce
06:04 et la caméra fait le tour à 360 degrés.
06:07 Il y a quatre murs, donc on n'est pas du tout au théâtre,
06:10 mais on est bel et bien au cinéma.
06:12 Et donc, oui, il y a quelque chose qui est de l'ordre du miracle
06:16 dans le fait que Guitry est en pleine possession de ses moyens tout de suite.
06:21 - Nous étions douze à table.
06:25 Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze.
06:34 Un plat de champignons du jour au lendemain me laisse à seul au monde.
06:40 - On a beaucoup dit qu'il était désinvolte,
06:42 que finalement le cinéma, ça ne l'intéressait pas tant que ça
06:45 et qu'il plantait sa caméra au hasard.
06:47 Pas du tout.
06:48 Et on s'aperçoit qu'il y a une intense préparation.
06:51 Il fait des storyboards, par exemple pour le roman d'un tricheur.
06:55 Tout le début du roman d'un tricheur,
06:57 ce début assez éblouissant avec l'évocation de l'enfance dans le village, etc.
07:03 - Oui, j'étais véritablement dépassé par cette catastrophe.
07:07 Et je m'en sentais pour ainsi dire indigne.
07:10 On peut pleurer son père ou sa mère ou son frère,
07:13 mais comment voulez-vous pleurer onze personnes ?
07:16 - Là, c'est ce qui fait du roman d'un tricheur un film très étonnant.
07:19 Non seulement d'assumer le texte théâtral, mais là, le texte littéraire.
07:24 Et l'écart entre le texte littéraire et la représentation cinématographique
07:28 qui fait du roman d'un tricheur un film révolutionnaire,
07:31 tout ça, c'était storyboardé de A à Z.
07:34 Tous les détails de son film sont réglés au millimètre.
07:37 Et si vous regardez bien, les films de Sacha Guitry ne sont pas du tout désinvolts.
07:41 Ils sont extrêmement rythmés, les effets de montage sont très précis,
07:45 il y a une musicalité des plans.
07:47 - Mais j'aimerais avoir aussi une anecdote théâtrale.
07:51 - Ah, papa, je crois que monsieur ne serait pas ennemi d'une anecdote en plus.
07:55 - Eh bien, nous jouions alors cette pièce adorable de Maurice Donnet,
08:00 intitulée "Amen".
08:02 - Dans "Le Comédien", son premier film réalisé après la guerre,
08:05 il y a tout, puisqu'il y a à la fois le côté archive, document d'époque,
08:09 où il évoque dans une sorte de biopic rapide la biographie de son père.
08:13 Il y a le côté adaptation de pièce, puisqu'il adapte une pièce
08:17 qu'il avait écrite 20 ans plus tôt pour son père.
08:19 Et en même temps, il y a, et c'est ce qui est le plus fascinant,
08:22 une sorte de face-à-face vertigineux.
08:24 - Il y a des scènes, notamment dans "Le Comédien",
08:26 où il joue évidemment son propre rôle et le rôle de son père.
08:29 Et à chaque fois, on sent une jubilation de Guitry à imaginer un découpage inventif.
08:35 - Sacha, sois gentille, passe-moi mon peignoir, s'il te plaît.
08:38 Je ne me vois pas bien, toi, en faisant ça.
08:40 J'en profite d'ailleurs pour te serrer la main.
08:42 - Mais je crois qu'il aime ça. Il aime que la fiction tremble sur ses bases.
08:45 Et il aime que ça ne soit pas tout à fait crédible.
08:48 D'ailleurs, le meilleur exemple de ça, c'est ses génériques.
08:51 Ses génériques permettent à la fois de consacrer le prestige de la fiction,
08:55 le prestige de la scène, et en même temps,
08:58 il y a toujours ce côté un peu pseudo-documentaire, pseudo-direct,
09:02 pseudo-vécu, qui est une manière de toucher les limites de la fiction.
09:07 - Ce film, je l'ai conçu et je l'ai réalisé moi-même.
09:11 La musique en a été composée par mon ami Adolphe Borchard.
09:20 Il y a évidemment une cohérence thématique, esthétique, extrêmement forte
09:26 dans le côté faussement amateur.
09:28 Et ce côté faussement amateur, je pense qu'on va le retrouver
09:30 chez Truffaut et Godard au début des années 60.
09:32 C'est ce côté bricolé, ce côté documentaire sur le tournage,
09:35 il est déjà chez Guitry.
09:37 Je dirais que Guitry aide tout cinéaste français
09:44 qui cherche à ne pas être un film-médium.
09:47 Un film français qui cherche à ne pas être académique.
09:50 C'est-à-dire, Guitry, une sorte de respiration de comment on peut faire un film
09:54 sur un sujet rabattu, connu, etc., mais avec une grande liberté.
09:59 - Il aime choquer aussi, je crois. Je crois que c'est quelqu'un qui aime choquer,
10:01 parce que c'est quand même un auteur qui parle de sexe,
10:04 qui parle des rapports hommes-femmes avec une certaine crudité,
10:07 qui nous montre un certain cynisme des relations amoureuses.
10:09 Je pense que c'est ça qui plaît encore aujourd'hui chez lui.
10:12 Mais il nous choque aussi parce que son écriture cinématographique
10:15 est constamment surprenante.
10:16 - Ça y est, ça y est ! - Ça y est, ça y est !
10:17 - Nous avons toute la vie ! - Ah, mieux que ça ! Mieux que toute la vie !
10:21 - Mieux que toute la vie ? - Oui, nous avons deux jours.
10:23 Le roman d'un tricheur, "Faisons un rêve" et "La Poison"
10:27 font partie des 11 films de Sacha Guitry qui ressort en salles en version restaurée
10:31 grâce aux Acacia dès le 1er novembre.
10:34 Et retrouvez "La Poison", mais aussi "Le Diable Boiteux", "Le Comédien"
10:38 et "Ils étaient 9 célibataires" disponibles sur myKanal.
10:43 "La Poison"
10:47 Réalisé par Gilles Grangier en 1958, "Le Désordre et la Nuit"
10:58 marque une nouvelle collaboration entre le cinéaste et son acteur fétiche,
11:02 Jean Gabin. Ils tourneront 12 films ensemble.
11:05 L'assassinat d'un trafiquant de drogue interprété par le tout jeune et épatant Roger Hanin
11:10 fournit au scénario la matière d'une intrigue assez classique.
11:13 Mais c'est par son atmosphère que ce film noir à la française
11:17 se démarque des autres opus estampillés Gabin 2ème période.
11:21 L'omniprésence du jazz, à l'écran comme sur la bande-son,
11:24 l'ambiance nocturne des clubs, les chambres d'hôtels sordides et les cafés déserts,
11:29 tout concourt à faire de ce désordre un drame poisseux et tourmenté.
11:33 Jean Gabin y interprète un flic fatigué et désabusé, rien de très surprenant jusque-là,
11:39 mais dont l'éthique professionnelle est à géométrie variable.
11:42 On le voit coucher dès le premier soir avec une suspecte de 30 ans saccadette,
11:46 addicte à la morphine par-dessus le marché.
11:49 Il deviendra son protecteur, n'hésitant pas à dissimuler des pans entiers
11:53 de l'enquête à ses supérieurs pour sauver sa jeune maîtresse.
11:57 On est loin du Gabin patriarche tendance réac,
12:00 symbolisant les valeurs morales de la France, si fréquents dans ses rôles d'après-guerre.
12:05 Face à une jeunesse représentée comme une génération perdue,
12:08 Gabin distribue quelques claques, mais n'a plus vraiment de leçons à donner,
12:12 ouvrant même la porte à une véritable histoire d'amour.
12:15 Gilles Grandjé en profite pour écorner la grande bourgeoisie et son hypocrisie
12:19 à travers un personnage de pharmacienne dilleuse,
12:22 incarnée merveilleusement par Daniel Darieu, regardez.
12:25 "Mais vous ne voyez pas qu'elle a le délire, qu'elle nage dans l'incohérence."
12:29 "Oh, alors là on nage tous, chacun dans son désordre, le sien, le mien et le vôtre.
12:34 Vous ne croyez pas qu'il serait temps d'en sortir de ce désordre, hein ?
12:37 Vous pourriez peut-être demander à votre mari de nous aider.
12:39 Je sais bien qu'il a la grâce divine, mais dans le fond, il doit bien être un peu au courant de vos amours, lui."
12:43 "Mes amours."
12:45 "Vous êtes un homme sans faille, vous, M. Valois. Un exemple moral."
12:51 "Sinon, vous sauriez qu'entre l'amour et la passion, il y a autant de différence qu'entre le jour et la nuit."
12:56 "Je détestais cet homme."
12:58 "Je le méprisais."
13:00 "Mais je ne pouvais me passer de lui."
13:04 "Vous y voilà quand même."
13:06 "C'est ce que j'ai vu de mon mari. C'est la bonté même, la générosité, l'intelligence."
13:11 "Albert Simoni était foncièrement mauvais, cupide et bête."
13:15 "L'un m'a rendu heureuse pendant des années, l'autre m'a rendu folle dès le premier soir."
13:19 "Pendant dix ans, j'ai été moi aussi une femme, comme beaucoup d'autres femmes, aimante, fidèle."
13:30 "C'est d'ailleurs, je crois, ce qui chez moi a tenté Simoni, ma fidélité."
13:34 "C'est avec les bonnes bourgeoises qu'on fait les meilleurs grutes, tous les séducteurs savent ça."
13:37 Les dialogues de Michel Audiard ne sont pas là pour amuser la galerie, ils sont précis et cinglants.
13:42 Et c'est dans cette catégorie que le petit cycliste était à son meilleur.
13:46 "Oh merde, merde, merde."
13:49 Noir c'est noir, mais il reste un peu d'espoir à la toute fin du film, quand le jour se lèvera enfin sur les personnages.
13:55 Mais je ne vous en dis pas plus.
13:57 Découvrez vite le "Désordre et la nuit" de Gilles Grandjier, 1958, dernier feu de Bengale de la qualité française,
14:04 juste avant la déferlante de la nouvelle vague, actuellement sur Ciné+ Classique et à tout moment sur My Canal.
14:10 "Où tu m'emmènes Valois ? Dis-le moi."
14:13 "Te soigner, t'en as besoin."
14:16 Nommé au César en 2007, dès sa première musique de film, pour la tourneuse de page de Denis Dercourt,
14:26 avec qui il collabore régulièrement depuis, Jérôme Lemoynier a également travaillé au cinéma pour des réalisateurs
14:33 comme Raphaël Najary ou Emmanuel Courcol.
14:36 Pour "Votre viva", il nous dévoile sa mélodie du bonheur.
14:39 C'est un film que j'ai vu quand j'avais une vingtaine d'années,
14:48 en fait dont j'ai gardé un souvenir immédiat et encore aujourd'hui.
14:53 C'est un ovni dans le cinéma pour moi et en particulier la B.O.
14:57 mais pas seulement, en fait, c'est le film dans son ensemble.
15:01 Et quant à la B.O., elle est articulée d'une façon assez, enfin originale, je sais pas si c'est original,
15:17 mais c'est très pertinent parce que c'est un seul thème et qui va rythmer tout le film.
15:24 Je peux le jouer là parce que c'est cinq notes qui sont...
15:29 Je dis cinq parce que c'est cinq notes différentes.
15:34 Il y en a quatre, on repasse par deux d'entre elles.
15:37 Et une dernière, cinq.
15:41 On a...
15:42 La musique, elle sort pas de...
15:56 Elle a été écrite par un monsieur qui s'appelle Alain Romans,
15:59 qui est un musicien d'origine polonaise, je crois,
16:03 qui a beaucoup vécu en France, qui est même un artiste de la musique.
16:06 Un musicien d'origine polonaise, je crois,
16:09 qui a beaucoup vécu en France, qui est mort à Paris, je crois.
16:11 Il a fait beaucoup de jazz, il était chef d'orchestre,
16:14 et qui a fait ce thème qui s'appelle "Quel temps fait-il à Paris ?"
16:18 Donc, déjà dans le titre "Quel temps fait-il à Paris ?"
16:21 c'est typiquement, voilà, on est en vacances et on passe un coup de fil à sa famille ou à ses amis,
16:25 on dit "Quel temps avez-vous pendant les vacances ?"
16:28 Et on se dit "Ah, il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:31 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:33 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:35 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:37 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:39 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:41 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:43 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:45 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:47 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:49 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:51 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:53 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:55 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:57 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
16:59 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:01 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:03 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:05 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:07 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:09 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:11 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:13 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:15 parce qu'il y a un moment où ça va être un peu compliqué,
17:17 et du coup, on est toujours heureux de le retrouver,
17:19 parce que ça ponctue toutes les scénettes,
17:21 et en fait, ça apaise, parce que quand on a ri,
17:23 et en fait, ça apaise, parce que quand on a ri,
17:25 on redevient juste spectateur neutre,
17:27 on redevient juste spectateur neutre,
17:29 on efface, et voilà autre chose qui arrive.
17:31 La bande-son, ce n'est limite pas la B.O.,
17:43 loin de là, loin de là, parce qu'en fait,
17:45 c'est tout est stylisé, et en fait, les sons directs,
17:47 les sons des ambiances, que ce soit la mer,
17:49 les sons directs, les sons des ambiances, que ce soit la mer,
17:51 que ce soit les voix, que ce soit un bruit,
17:53 que ce soit les voix, que ce soit les voix, que ce soit les voix,
17:55 que ce soit un bruit, que ce soit un bruit,
17:57 par exemple un bruit de porte, qui à chaque fois qu'elle batte,
17:59 et met un bruit, blouc, comme ça.
18:01 Mais qui est complètement surimpression,
18:05 Mais qui est complètement surimpression,
18:07 et très fort, et il n'y a rien d'autre quasiment.
18:09 Donc on est sur une espèce de stylisation sonore,
18:11 Donc on est sur une espèce de stylisation sonore,
18:13 mais aussi de la musique là.
18:15 C'est-à-dire que ça participe vraiment
18:21 à une émotion générale.
18:23 Aucun son n'a pas été
18:25 plié
18:27 dans une optique
18:29 de poésie
18:31 et de distanciation
18:33 par rapport à la réalité du son.
18:35 Pour moi, c'est de l'ordre du génial.
18:37 Précipitez-vous sur myKanal
18:41 pour replonger dans la mélodie du bonheur
18:43 de Jérôme Lemoynier, "Les vacances de M. Hulot"
18:45 de Jacques Tati.
18:47 En 1973, René Lalou
18:57 et Roland Thauport bousculent à la fois
18:59 le cinéma d'animation et la science-fiction
19:01 avec "La planète sauvage",
19:03 long métrage entremêlant graphismes
19:05 surréalistes et préoccupations écologiques.
19:07 À l'occasion de sa réapparition
19:09 en Blu-ray chez Potemkin
19:11 et dans le livre qu'il lui consacre,
19:13 Xavier Kawatopor et Fabrice Blin
19:15 reposent pour Viva Cinema
19:17 le pied sur cette extraordinaire planète.
19:19 Avant "La planète sauvage",
19:25 il y avait déjà eu une collaboration,
19:27 même deux collaborations entre Lalou et Thauport.
19:29 Ils ont réalisé deux courts-métrages.
19:31 Le premier, c'était "Les temps morts"
19:33 et ensuite "Les escargots".
19:35 "Les escargots" est pour moi le premier
19:37 film d'animation co-réalisé par Thauport et Lalou.
19:39 Ce film, ce petit court-métrage,
19:41 a remporté un tel succès en festival
19:43 que les producteurs ont lancé l'idée
19:45 de faire un long-métrage.
19:47 Ce qui était complètement fou à l'époque.
19:49 Là, quand on parle des débuts
19:51 de la préparation de "La planète sauvage",
19:53 on est en 1967, donc il y avait quand même
19:55 une grande traversée du désert
19:57 pour le film d'animation français.
19:59 C'était un énorme pari.
20:01 Je suis persuadé que Lalou et Thauport
20:03 ont voulu faire un film le plus large public possible.
20:05 Ce film est assez grand public
20:07 d'une certaine manière, tout en ayant
20:09 une esthétique très particulière,
20:11 très avant-gardiste, très dérangeante.
20:13 C'est cette rencontre entre les deux
20:15 qui fait de ce film
20:17 vraiment un ovni total
20:19 en 1973 et encore aujourd'hui.
20:21 L'instruction de Thieva se faisait
20:23 par l'intermédiaire d'un écouteur.
20:25 Cet appareil transmettait les leçons
20:27 qui venaient directement impressionner le cerveau.
20:29 Elle se gravait pour toujours dans la mémoire.
20:31 C'est la première fois
20:33 qu'un film d'animation de long métrage
20:35 dans un style qui n'est pas disneyen
20:37 sort en salle et s'adresse
20:39 aussi bien aux enfants qu'aux adultes.
20:41 Et en fait, le public français
20:43 manque cruellement de culture,
20:45 de l'animation,
20:47 ce qui fait que même s'il reçoit bien
20:49 La Plaie de Sauvage,
20:51 il va falloir plusieurs générations
20:53 avant que rentre dans les esprits
20:55 l'idée que l'animation française
20:57 est un genre de film de film de film.
20:59 L'idée que l'animation peut aussi
21:01 s'adresser aux adultes
21:03 et peut aussi s'intéresser
21:05 à des thèmes, à des sujets
21:07 comme la science-fiction, la politique,
21:09 les dimensions sociales, etc.
21:11 Ça, on est en train de le vivre aujourd'hui.
21:13 Donc le film a vraiment presque un demi-siècle d'avance.
21:15 Actuellement, on interroge
21:27 beaucoup La Plaie de Sauvage
21:29 à partir de son propos écologique.
21:31 Je ne suis pas très sûr que Lallou et Topor,
21:33 au moment où ils ont fait le film,
21:35 soient des écolos d'avant-garde.
21:37 Mais c'est vrai qu'on peut
21:39 la voir à l'intérieur du film
21:41 parce qu'effectivement, le film parle aussi
21:43 de la destruction de l'homme
21:45 et de la planète de l'homme rendue
21:47 invivable et effectivement
21:49 d'une post-humanité
21:51 qui serait
21:53 post-apocalyptique d'une certaine manière.
21:55 Il est grand temps, maître Signe,
21:57 que nous prenions des décisions réellement efficaces.
21:59 Je propose que les parcs soient
22:01 désommisés deux fois par cycle.
22:03 Je demande également
22:05 que l'élevage et la vente des hommes
22:07 de luxe soient strictement
22:09 réglementés.
22:11 On évoque souvent le fait que La Plaie de Sauvage
22:13 n'ait pas été
22:15 le début d'une école
22:17 du cinéma d'animation et notamment
22:19 du cinéma d'animation de science-fiction français.
22:21 Mais c'est là que c'était intéressant.
22:23 La Plaie de Sauvage a participé
22:25 pas en France,
22:27 mais au Japon notamment,
22:29 à cette éducation
22:31 comme ça et à cette...
22:33 Des auteurs se disent
22:35 pourquoi pas, on pourrait faire
22:37 des histoires de science-fiction
22:39 pour adultes, pour adolescents,
22:41 en animation.
22:43 Et là, on voit ce que ça donnait au Japon.
22:45 C'est une vraie culture, c'est une tradition.
22:47 Donc pas en France, mais indirectement
22:49 quand même, il y a eu des descendants de la loup.
22:51 [Musique]
22:53 C'est un classique.
23:03 Donc oui, il faut voir ou revoir La Plaie de Sauvage.
23:05 Et le revoir aujourd'hui, en plus,
23:07 quand on l'a découvert enfant,
23:09 c'est le revoir forcément avec un œil différent
23:11 et s'apercevoir de la richesse
23:13 du film, vraiment.
23:15 Chaque fois qu'on voit La Plaie de Sauvage,
23:17 le choc et la puissance
23:19 de ce film restent absolument la même.
23:21 Pour moi, c'est un film qui ne
23:23 s'érode pas avec le temps,
23:25 mais qui au contraire, garde
23:27 son incise,
23:29 enfin l'incise qu'il a
23:31 dans l'imaginaire reste absolument
23:33 très forte.
23:35 [Musique]
23:37 Parfait accompagnement du Blu-ray
23:45 édité par Potemkin,
23:47 l'édité de La Planète Sauvage
23:49 signée Xavier Kawatopor et Fabrice Blain
23:51 paraît aux éditions Capricci.
23:53 Et n'oubliez pas, votre viva vous attend
23:55 à tout moment sur les réseaux sociaux de Ciné+
23:57 et sur MyCanal.
23:59 [Musique]
24:01 [Musique]
24:03 *Musique d'outro*
24:22 [SILENCE]