Chaque semaine dans Viva Cinéma, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
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Court métrageTranscription
00:00 *Générique*
00:29 Salut à tous, vous êtes bien sur Ciné + Classique
00:31 et c'est parti pour votre Vive à Cinéma
00:33 consacré cette semaine au cinéaste
00:35 Joseph Losey.
00:37 Au sommaire également le Rosebud de
00:39 William Wellman, la mélodie du
00:41 bonheur de Albin de la Simone
00:43 et une brève rencontre sur le thème
00:45 de l'océan au cinéma. On y va !
00:47 *Musique*
00:53 L'occasion de la nuit Joseph Losey
00:55 sur Classique était trop belle pour ne pas
00:57 revenir sur ce cinéaste à part, ce
00:59 maverick comme disent les américains.
01:01 Sa filmographie riche de 34 films
01:03 passe par plusieurs périodes américaine,
01:05 anglaise et française.
01:07 Mais quel homme se cache derrière ce cinéaste
01:09 exilé ? C'est en partie à cette question
01:11 que répond le très beau documentaire de
01:13 Dante Dessartes, Joseph Losey, l'Outsider.
01:15 Votre Vive à la rencontrer pour
01:17 qu'il vous parle du maître Joe.
01:19 *Musique*
01:21 *Musique*
01:23 *Musique*
01:25 Je pense qu'il vaut mieux en prendre encore une, vu que ça commence.
01:29 Essayons encore une fois.
01:32 Joseph Losey, l'outsider, pourquoi outsider ?
01:35 Comme un cheval de course. On ne l'attendait pas, il arrive.
01:39 C'est un peu sa trajectoire.
01:40 C'est aussi celui qui vient de l'extérieur.
01:43 C'est très présent dans les films de Losey.
01:46 Il y a un schéma qui se répète,
01:48 qui est l'irruption d'un personnage extérieur dans un milieu
01:51 avec des visées souvent mystérieuses,
01:54 parfois perverses, qui arrivent à s'introduire dans ce milieu
01:57 pour le pervertir ou le détruire.
01:59 Le film assez emblématique de ça chez Losey, c'est "The Servant",
02:03 avec Doug Bogard,
02:04 où un domestique prend le pouvoir sur son maître
02:07 dans le Londres des années 60,
02:09 au moment où ce monde est en train de se finir.
02:13 - Je ne t'en supporterai plus. - Prends ton pigsty !
02:15 - Ce n'est pas mon pigsty, c'est le tien ! - Tu es un creux !
02:17 - Personne ne me parle de ça. - Tu sais ce que tu es ?
02:19 - Je sais tout. - Tu es un pêcheur !
02:21 - Pêcheur ? - Je vais te montrer ce que je suis.
02:24 - Je vais te montrer ce que je suis. - Je suis un homme d'hommes,
02:26 et tu n'es pas un homme d'hommes !
02:28 Il y a ça dans plusieurs films de Losey.
02:30 Je me suis dit que ça pouvait être emblématique du personnage,
02:33 parce que lui-même est un personnage marqué par le McCarthyisme
02:37 et qui a été exilé des États-Unis,
02:39 et qui a dû se reconstruire complètement,
02:41 et qui s'est retrouvé dans la société anglaise
02:43 comme un outsider lui-même.
02:45 Puis plus tard, dans la société française, avec M. Klein,
02:48 également avec un regard extérieur sur une histoire qui lui était étrangère,
02:52 mais qu'il a réussi à s'approprier merveilleusement.
02:55 Le centre d'intérêt pour moi,
02:58 c'est l'indifférence des gens envers la souffrance des autres,
03:02 tant qu'ils ne sont pas eux-mêmes concernés.
03:04 Ce qui est passionnant chez Losey,
03:07 c'est que sa vie est aussi fascinante que son oeuvre,
03:11 et que l'un nourrit l'autre.
03:13 Ce qui lui est arrivé dans la vie,
03:14 c'est de perdre son père jeune,
03:17 qui l'a fait arriver au moment de la crise de 1929 à New York,
03:20 et donc finalement avoir une sorte d'engagement politique
03:22 très à gauche aux États-Unis,
03:24 en réaction à ce qui se passait, qui était quand même une déflagration à l'époque.
03:28 Donc il fait du théâtre politique, il en fait longtemps.
03:31 Contrairement à quelqu'un comme Wells,
03:33 qui est une sorte de Wonder Boy, qui lui aussi vient du théâtre,
03:35 et qui très vite est considéré comme un génie,
03:38 lui, il rame Losey longtemps.
03:40 Et il finit par faire son premier film à presque 40 ans,
03:43 à un moment justement où le maccartisme commence à l'étau,
03:46 se resserre un peu sur beaucoup de producteurs,
03:48 et réalisateurs, et scénaristes à Hollywood.
03:51 Et donc, au bout de quatre films, il est exilé,
04:04 et il pense qu'il ne pourra plus jamais travailler.
04:07 Et donc, seconde reconstruction, déjà, passage du théâtre au cinéma,
04:11 avec justement tout ce background de l'amour du jeu des acteurs.
04:16 Puis, l'exil à Londres, où il doit recommencer à zéro,
04:19 il pense qu'il ne pourra plus jamais bosser, il est très paranoïaque,
04:22 on pense que peut-être il va être enlevé pour être ramené aux États-Unis,
04:25 à ce moment-là.
04:26 On ne sait pas exactement de quelle forme ça va prendre encore.
04:29 Et grâce à la rencontre de Doug Bogard,
04:31 il réussit à faire un film en Angleterre.
04:34 Je pense que c'est juste pour moi de dire que ma carrière,
04:37 et même l'existence d'une carrière,
04:40 a été transformée par Doug's acceptation de "Sleeping Tiger",
04:45 parce que sans ça, je pourrais juste avoir été mort.
04:49 C'est toujours des films très petits, petit budget,
04:52 très inventifs, parce que très pauvres, très fauchés, en fait.
04:56 Et il se construit petit à petit, en faisant des films de genre, d'abord,
05:00 puis en les transformant pour en faire des films très personnels.
05:04 Et il va arriver dans les années 60,
05:06 au moment de l'explosion du cinéma d'auteur en Europe,
05:08 pour devenir, lui, un auteur presque européen, finalement.
05:12 -I like to make women happy.
05:14 ...
05:16 I think that's conceited.
05:18 ...
05:19 Just accurate.
05:21 ...
05:26 -Let's see what you can do.
05:28 ...
05:32 Don't fall in love with me.
05:33 ...
05:35 -Losey n'est pas un anti-sentimental.
05:37 Il se protège de ses propres sentiments.
05:40 Quand on voit Eva, justement,
05:42 c'est un film qui déborde de sentimentalité intérieure
05:46 et qui ne s'autorise pas à s'exprimer.
05:48 Je pense que c'est ce qui crée beaucoup de tension
05:51 dans les films de Losey.
05:52 Les personnages ne se laissent pas aller à pleurer.
05:55 On voit très rarement quelqu'un pleurer dans un Losey.
05:58 Ou alors, ça veut dire autre chose.
06:00 Et donc, c'est aussi le spectateur qui éprouve.
06:03 Et on éprouve beaucoup dans les films de Losey.
06:05 ...
06:13 -Losey, pour moi, c'est un cinéaste metteur en scène.
06:16 Et en même temps, il est très inventif formellement.
06:18 Ce qui fait que c'est jamais du théâtre filmé.
06:21 C'est très fluide.
06:22 C'est en mouvement. Ce sont des plans longs,
06:24 mais qui ne semblent pas longs,
06:26 parce qu'ils sont en perpétuelle transformation.
06:29 ...
06:35 ...
06:41 ...
06:51 -Quand Losey découvre Pinter, c'est presque par hasard.
06:54 Il commence à être connu.
06:56 Il a fait une ou deux pièces.
06:57 Il commence à faire parler à Londres. Il est jeune.
07:00 Il s'est intéressé, Pinter, à un livre
07:02 que Losey voulait adapter dix ans plus tôt.
07:05 Et quand Dorg Bogart lui dit qu'il y a un jeune type
07:08 qui l'a fait, cette adaptation, tu devrais regarder,
07:11 la rencontre se fait comme ça.
07:13 Ils se sont plus quittés.
07:14 Même s'ils ont fait que trois films, ils ont essayé d'en faire davantage.
07:18 Et je pense que Pinter arrive, sans doute inconsciemment,
07:23 à ce qu'on fasse un élixir de Losey.
07:25 Il pousse Losey dans ses retranchements.
07:27 -Pinter est peut-être le plus économique et le plus libre
07:31 de cette génération.
07:33 On peut admirer "The Servant" pour sa construction quasi Hitchcockienne.
07:38 Et on peut aussi voir tout le côté psychanalytique du film
07:42 avec tout, effectivement, les histoires de domination,
07:46 d'homosexualité larvée, rentrée, inconsciente.
07:49 Peut-être, je ne sais pas, d'ailleurs,
07:50 mais on peut y faire cette lecture-là, et je la trouve très intéressante,
07:54 de lutte des classes paradoxales,
07:56 parce que c'est des rares classes inférieures, entre guillemets,
07:59 qui n'est pas en opposition avec son patron, le domestique.
08:02 C'est en ça aussi que c'est intéressant.
08:03 -Pinter, il est très cynique, il est très drôle,
08:24 ce que n'est pas réellement Losey. Losey est quelqu'un d'assez sérieux.
08:27 Mais l'humour de Pinter va ensemencer les films de Losey
08:31 et les rendre à la fois cruels et drôles,
08:34 et noirs et sombres.
08:35 Ce sont des films très complexes, et je pense que c'est une association idéale.
08:38 Losey utilise le temps comme peu l'on fait au cinéma,
09:01 c'est un des premiers à avoir réussi à déstructurer de manière intelligente un récit.
09:05 Losey n'est pas scénariste,
09:19 et de la même manière qu'il prenait une pièce de théâtre,
09:22 par exemple, de Bertolt Brecht,
09:23 et il essayait de voir comment il pouvait en tirer la substantifique moelle
09:26 pour en faire quelque chose de personnel,
09:28 il faisait pareil au cinéma.
09:30 C'est-à-dire que, que ce soit des films dont il commandait lui-même l'écriture
09:35 auprès d'autres auteurs, dont Pinter,
09:38 ou des films qu'on lui apportait, comme par exemple "M. Klein",
09:42 il arrivait toujours à trouver l'angle pour pouvoir y mettre du Losey.
09:45 Je pense qu'avec "M. Klein", il a réussi à renouveler encore,
09:57 alors qu'il est déjà relativement âgé,
09:59 dans une langue qui n'est pas la sienne, le français,
10:02 la thématique de l'outsider et du double,
10:04 puisqu'il y a une histoire d'identification dans beaucoup de ses films.
10:07 Là, le personnage qui rentre dans un milieu pour le détruire,
10:13 on ne le voit pas.
10:15 Il est omniprésent, c'est le deuxième M. Klein,
10:17 mais on ne le voit jamais. On le cherche.
10:20 Et donc, je pense que là, il nous permet à la fois
10:23 de rentrer psychologiquement, ce qui est rarement fait,
10:27 dans des personnages d'une époque sombre de l'histoire.
10:30 Quand on traite les périodes sombres de l'histoire,
10:32 souvent, on traite l'histoire avant tout.
10:35 Lui, il traite les personnages avant tout,
10:37 et l'histoire se construit autour.
10:39 Ce qui la rend d'autant plus véridique, d'une certaine manière,
10:44 parce qu'on la voit de l'intérieur.
10:46 C'est quelqu'un, en plus, qui évolue dans son style
10:54 tout au long de sa carrière,
10:55 même âgé, fait encore évoluer son cinéma.
10:58 C'est ce qui me touche chez Losey.
11:00 C'est un maître au sens où,
11:02 même si on se sent loin de son univers,
11:04 on apprend toujours de lui.
11:05 J'invite tous les jeunes cinéastes à revoir des Losey,
11:09 quelle que soit l'époque,
11:10 pas uniquement les grands qu'on connaît, mais ceux du début.
11:13 Retrouver Eva, The Servant, Le Rôdeur et Accident,
11:21 quatre des nombreux chefs-d'oeuvre de Joseph Losey
11:24 à l'heure de la nuit qui lui est consacrée sur Ciné+ Classique,
11:26 le tout accompagné de Joseph Losey, l'Outsider,
11:29 le très éclairant documentaire de Dan Dessart
11:32 sur ce cinéaste aussi insaisissable que génial.
11:35 Véritable légende d'Hollywood, William Howellman,
11:51 à 55 ans, et autant de films à son actif
11:54 lorsqu'il entreprend ce western atypique Convoi de femmes.
11:57 L'idée est toute entière contenue dans le titre.
12:00 Un cow-boy dur et misogyne, interprété par Robert Taylor,
12:04 a pour mission de convoyer 150 femmes de Chicago à la Californie,
12:08 où elles doivent être mariées à des fermiers célibataires.
12:11 Spectateurs et spectatrices de 2024,
12:13 j'entends d'ici vos cris de protestation.
12:16 Comment des femmes convoyées à travers les États-Unis
12:19 peuvent être données en mariage à des Péquenauds,
12:22 belle vision patriarcale du monde ?
12:25 Et vous avez raison.
12:26 Sauf que, ne l'oublions pas, le film se passe en 1851,
12:29 et Frank Capra, grand ami de Howellman
12:32 et auteur de l'argument d'origine,
12:34 s'était inspiré d'une histoire vraie.
12:36 Passée cette mise au point historique,
12:38 le film n'échappe pas au machisme de son époque, les années 50,
12:41 tout en comportant une vraie dimension féministe,
12:44 et c'est là tout le paradoxe. Regardez.
12:47 Vous pouvez conduire un cheval ?
12:49 Pas juste conduire, mais conduire.
12:55 Vous pouvez conduire un équipe de mules ?
13:09 Un équipe de quatre mules de l'âne.
13:12 Vous pouvez conduire un cheval ?
13:14 Vos noms, s'il vous plaît.
13:23 Ina Brent.
13:25 Martha Jones.
13:26 Jean Johnson.
13:28 Marguerite O'Malley.
13:30 Merci.
13:31 Vous pouvez faire un tir ?
13:36 Je veux dire, tirer.
13:37 Tirez ce que vous tirez.
13:39 Tirez ce que vous tirez.
13:41 Tirez ce que vous tirez.
13:43 Tirez ce que vous tirez.
13:46 Tirez ce que vous tirez.
13:48 Tirez ce que vous tirez.
13:50 Tirez ce que vous tirez.
13:52 Tirez ce que vous tirez.
13:54 Tirez ce que vous tirez.
13:57 Tirez ce que vous tirez.
13:59 Tirez ce que vous tirez.
14:01 Tirez ce que vous tirez.
14:03 Tirez ce que vous tirez.
14:05 Tirez ce que vous tirez.
14:08 Tirez ce que vous tirez.
14:10 Tirez ce que vous tirez.
14:12 Tirez ce que vous tirez.
14:14 Tirez ce que vous tirez.
14:16 Tirez ce que vous tirez.
14:18 Tirez ce que vous tirez.
14:20 Tirez ce que vous tirez.
14:22 Tirez ce que vous tirez.
14:25 Tirez ce que vous tirez.
14:27 Tirez ce que vous tirez.
14:29 Tirez ce que vous tirez.
14:31 Tirez ce que vous tirez.
14:33 Tirez ce que vous tirez.
14:36 Tirez ce que vous tirez.
14:38 Tirez ce que vous tirez.
14:40 Tirez ce que vous tirez.
14:42 Tirez ce que vous tirez.
14:44 Tirez ce que vous tirez.
14:46 Tirez ce que vous tirez.
14:48 Tirez ce que vous tirez.
14:51 Tirez ce que vous tirez.
14:53 Tirez ce que vous tirez.
14:55 Tirez ce que vous tirez.
14:57 Tirez ce que vous tirez.
14:59 Tirez ce que vous tirez.
15:01 Tirez ce que vous tirez.
15:04 Ne vous inquiétez pas, mon amour.
15:06 Tournez-vous plus près de la voiture.
15:08 ...
15:10 ...
15:12 -Après des débuts dans le jazz, Albin de la Simone s'est rapidement imposé dans la chanson.
15:18 S'il compose en son nom propre, avec plus de 7 albums à son actif, il est aussi compositeur et arrangeur pour d'autres.
15:25 Il nous accueille pour partager avec nous sa mélodie du bonheur, les notes languoureuses de l'ABO de Basic Instinct.
15:31 -Je reviens de loin.
15:33 -What's your new book about ?
15:35 ...
15:37 -A detective.
15:40 He falls for the wrong woman.
15:42 ...
15:44 ...
15:46 -What happens ?
15:48 -She kills him.
15:50 -J'ai choisi de vous parler du film de Paul Verhoeven, Basic Instinct,
15:55 parce que c'est un film dont l'ABO a compté dans ma vie.
15:59 Quand le film est sorti, il date de 1992 ou un truc comme ça.
16:03 C'est une période où j'étais jeune musicien et je sais pas, l'ABO m'a vraiment frappé.
16:09 J'ai acheté le CD et je l'ai beaucoup écouté.
16:12 C'est une BO que j'ai eue indépendamment du film.
16:15 C'est quelque chose qui m'a apporté au-delà du film.
16:20 ...
16:31 -Le film commence déjà par le thème principal,
16:35 qui joue beaucoup sur le trouble, l'ambiguïté, le mystère.
16:38 Total Recall et Basic Instinct sont deux films de Verhoeven,
16:42 avec musique de Jerry Goldsmith.
16:45 Les deux, dans les thématiques, jouent beaucoup sur le doute et l'ambiguïté.
16:49 Ils ont dû se mettre d'accord
16:51 sur l'idée que ça joue sur le possible, l'impossible,
16:55 on sait, on croit savoir, mais on a rien compris.
16:58 Je crois que ça doit les obséder un peu tous les deux.
17:01 ...
17:09 L'ambiguïté dont je parle et le doute que véhicule la musique,
17:13 il est aussi présent dans toutes les scènes de sexe.
17:16 Dès la première scène, c'est érotico-voluptueux,
17:20 mais bizarre. On sent qu'il va y avoir un truc bizarre.
17:24 La musique est présente là
17:26 et elle soutient tout à fait l'érotisme du truc,
17:29 mais il glisse quelque chose d'inconfortable.
17:31 Il y a un truc important dans la BO,
17:34 c'est que ça s'appuie du début à la fin
17:37 sur un intervalle entre deux accords
17:39 que j'ai l'impression d'avoir entendu pour la première fois à cette époque-là.
17:43 Après, je ne suis pas encyclopédique du tout.
17:46 Et que j'ai entendu dans presque toutes les musiques de film après,
17:50 notamment beaucoup de musique de Hans Zimmer ou de Desplat,
17:54 des trucs où, quand il faut marquer le mystère...
17:58 Je vais vous jouer les deux accords en question.
18:01 Il y a un truc où on a l'impression que ça glisse,
18:08 qu'on a un glissement de terrain.
18:11 Chaque accord amène à...
18:20 Comme si on retournait le cube,
18:22 qu'on voyait un autre angle et que tout basculait.
18:25 En revoyant le film, j'ai eu une énorme surprise
18:36 qui ne m'était pas apparue à l'époque.
18:38 Ce film est hyper Hitchcockien,
18:39 dans lequel on ajoutait ce qui, à l'époque, ne se disait pas,
18:43 c'est-à-dire le cul, la drogue et les corps.
18:47 Mais sinon, ça fonctionne pareil.
18:49 Il y a les mêmes plans, les mêmes voitures, même les héroïnes.
18:52 C'est grâce Kelly.
18:54 Ça m'a vraiment frappé à quel point c'était un film de Hitchcock,
18:57 à quel point la musique s'inspirait des codes de Bernard Herrmann
19:01 et de toutes les musiques de l'époque,
19:03 avec un peu de modernisation, de synthé dans le grave.
19:07 Mais globalement, le thème est joué par des cordes,
19:10 pas à l'unisson, mais en tutti, c'est-à-dire tout ensemble,
19:14 qui jouent une première partie du thème
19:16 et répondent les flûtes et les vents, les flûtes au bois.
19:20 Ça fait un changement de timbre en plein milieu de la phrase.
19:23 Ça commence par un genre de bourbier dans le grave.
19:26 Le thème joué au violon.
19:32 Les flûtes et les vents qui répondent.
19:39 * Extrait de « The Last of Us » de George Michael *
19:42 Là, on a les deux intervalles dont je vous parlais.
19:54 Si ça, c'est pas mystérieux.
20:00 Après...
20:04 * Extrait de « The Last of Us » de George Michael *
20:07 Ça joue aussi beaucoup sur les chromatismes, c'est-à-dire...
20:15 On glisse.
20:21 C'est tout le temps un genre de dérapage.
20:23 On sait jamais quand ça va arrêter.
20:26 Ça décroche d'un octave, ça change de son.
20:28 C'est ça qui me plaît.
20:31 Votre vivave recommande chaudement le 7e album d'Albin Delassimone,
20:34 « Les 100 prochaines années »,
20:36 à retrouver en concert le 23 avril prochain au Trianon.
20:39 * Extrait de « Les 100 prochaines années » de Albin Delassimone *
20:42 Pour fêter sa réouverture, le Musée national de la marine
20:53 explore jusqu'au 5 mai prochain
20:55 les nombreux liens entre océan et cinéma
20:58 dans une grande exposition.
21:00 Votre vivave vous emmène à la rencontre
21:02 du commissaire de l'exposition Laurent Manoni.
21:05 En sa compagnie,
21:06 cap sur les nombreuses représentations de la mer dans les films.
21:10 À 50 m de la surface,
21:12 des hommes tournent un film.
21:14 Munis de scaphandres autonomes à air comprimé,
21:18 ils sont délivrés de la pesanteur.
21:20 Ils évoluent librement.
21:22 La mer, c'est un thème dominant, en fait,
21:26 avant que le cinéma n'apparaisse dans la littérature,
21:29 dans la peinture,
21:30 dans la pensée quotidienne des individus.
21:33 Tout le monde rêve de voyager,
21:35 mais peu de personnes ont la possibilité de parcourir les mers.
21:38 Donc, les individus se réfugient dans l'image ou dans la littérature.
21:43 Le cinématographe a un attrait majeur,
21:45 c'est qu'il offre des photographies animées,
21:48 ce qui était déjà bien en place en France
21:51 par l'intermédiaire d'un scientifique
21:53 qui s'intéressait énormément à la mer,
21:55 qui s'appelait Étienne Jullemaret,
21:57 qui a fait le premier film réalisé sur la mer,
22:00 "La vague".
22:01 Il l'a tourné dans la baie de Naples en 1891,
22:05 quatre ans avant "Les frères Lumière",
22:07 avec une caméra de sa conception.
22:08 Le film est projeté dans l'exposition.
22:11 C'est très émouvant,
22:12 car il s'inspire évidemment de "La vague" de Courbet,
22:16 mais il offre une vision animée d'un tableau
22:18 qui, malgré sa puissance, est resté fixe.
22:22 Musique douce
22:24 ...
22:31 La littérature, notamment au XIXe, avait beaucoup insisté
22:34 sur le caractère mystérieux de ces très fonds sous-marins,
22:38 Jules Verne.
22:39 Effectivement, le cinéma s'engouffre tout de suite
22:42 dans cette veine.
22:43 Et quand je dis "tout de suite", c'est ça,
22:45 puisque les premiers films sous-marins
22:48 tournaient entièrement en studio.
22:50 C'était des films truqués.
22:52 Ceux de Georges Méliès reprennent tous les thèmes de Jules Verne.
22:56 ...
22:58 -En avant, 400 tours, capot 5 ans. -Bien, commandant.
23:01 Coup de sifflet
23:03 -Cousteau a une place énorme dans cette histoire,
23:05 car il va offrir les premiers films en couleur,
23:09 après-guerre, sur les fonds sous-marins.
23:11 Avant lui, il y avait eu beaucoup de cinéastes
23:13 qui avaient fait les premières explorations sous-marines.
23:16 Ça commence très tôt, dès les années 10,
23:19 avec Williamson, qui invente un système hallucinant
23:21 avec une sphère en fonte d'acier
23:24 qui se promène sous la mer, remorquée par un bateau.
23:27 Il y a une paroi vitrée qui lui permet de filmer.
23:30 Et c'est la première fois, dans ces années 10,
23:33 qu'on observe le fonds sous-marin
23:35 et qu'on le projette dans des salles de cinéma.
23:37 C'est un spectacle fabuleux qui fascine les foules.
23:40 Les frères Williamson, Cousteau et autres
23:43 ont des succès internationaux.
23:45 (Musique)
23:47 On est assis dans un fauteuil, mais on voyage sur des mers très lointaines.
23:55 Et évidemment, il se passe toujours des choses dramatiques en mer.
23:59 Donc le spectateur a une sensation très forte
24:01 de participer au drame qui se déroule.
24:03 Et le cinéma va très vite exploiter la veine dramatique de la mer.
24:08 Il y a certes beaucoup de documentaires, au début,
24:11 qui représentent des vues relativement calmes
24:13 de ce qui se passe en mer, mais très vite,
24:15 le public exige, au fond,
24:17 de voir une certaine dramatisation autour de la mer.
24:19 Et au fur et à mesure s'installe une image, on peut le dire,
24:23 pas forcément positive de la mer, des marins,
24:26 de la vie sur un bateau, des grandes expéditions.
24:29 (Musique)
24:31 Alors, il faut relativiser.
24:39 C'est-à-dire que, bien sûr, il y a de l'humour,
24:42 il peut y avoir des films de comédie, etc.,
24:44 mais il y a toujours un fond de névrose,
24:47 un fond de dramaturgie dans ces oeuvres.
24:49 (Musique)
24:51 La catastrophe du Titanic a lieu en avril 1912,
25:06 et c'est une catastrophe que le monde ressent
25:08 avec une stupéfaction absolue,
25:11 parce que c'est peut-être l'une des premières fois
25:13 où la science et la technique échouent.
25:16 Et tout de suite, le cinéma s'est emparé du sujet.
25:19 Mais, gros problème,
25:20 il n'existe aucune image de la catastrophe.
25:23 C'est ce problème qui motive aussi tous les cinéastes
25:26 pour en créer d'eux-mêmes.
25:28 À partir des années 30, 40, 50, ça devient vraiment intéressant,
25:32 parce que les effets spéciaux ont bien évolué.
25:34 On commence à proposer des reconstitutions de la catastrophe.
25:37 Et la plus belle, au fond, c'est peut-être celle de Jean Negulesco,
25:41 au début des années 50, avec Barbara Stanwyck,
25:43 qui est quand même assez bien faite
25:45 et qui va énormément inspirer James Cameron.
25:48 C'est assez étonnant.
25:49 (Bruit de moteur)
25:51 Aujourd'hui, on peut dire qu'on est un peu blasé.
25:56 Mais mettez-vous à la place du spectateur des années 10, 20, 30, 40, 50,
26:00 quand il voit ces images extraordinaires, de plus en plus belles.
26:04 Parce que la technique a beaucoup évolué à toute vitesse,
26:07 avec notamment des plongeurs sous-marins, des caissons sous-marins.
26:10 Ça fait beaucoup avancer la technique.
26:12 -Nous n'avons fait jusqu'ici qu'effleurer la surface de la mer.
26:16 Un jour, nous descendrons beaucoup plus bas.
26:20 -Ne manquez pas la formidable exposition "Objectif mer, l'océan filmé",
26:25 jusqu'au 5 mai prochain, au Musée national de la marine,
26:28 Palais de Chaillot, à Paris.
26:30 Et n'oubliez pas, sur terre comme en mer,
26:32 votre Viva vogue toujours sur les réseaux sociaux de Ciné +
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