• il y a 10 mois
Chaque semaine, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
Transcription
00:00 *Musique*
00:22 Un vison ! Un !
00:23 Un vison !
00:25 Des émeraudes !
00:26 Quelle gentille compagnie vous faites, Michel !
00:29 Maintenant que vous n'avez plus froid, avez-vous faim ? Soif ?
00:33 J'ai juste envie de baiser.
00:34 Et voilà, on oublie toujours quelque chose.
00:37 Pas de doute, vous êtes bien sur Classique et c'est parti pour votre Viva Cinema
00:40 consacré cette semaine à Claude Miller.
00:43 Au sommaire également, le Rosebud de Édouard Molinaro,
00:47 la mélodie du bonheur de Nicolas Folmer
00:51 et une brève rencontre avec Claude Lelouch.
00:54 Vous êtes prêts ? On y va !
00:56 *Musique*
01:02 Claude Miller, ses 17 films au cours desquels il a tourné avec les plus grands acteurs
01:06 mais aussi avec les plus grandes actrices, toutes générations confondues.
01:10 De Romy Schneider à Isabelle Adjani, en passant par Charlotte Gainsbourg,
01:14 le cinéaste n'a peut-être jamais été aussi émouvant qu'en racontant le féminin.
01:19 Pour en parler, votre Viva a rencontré Ludivine Sagné, actrice dans La Petite Lily et Un Secret,
01:24 ainsi qu'Olivier Curchot, auteur de Claude Miller, Une Vie de Film, un livre somme sur le cinéaste.
01:31 *Musique*
01:40 - Vous allez essayer dans le noir, madame ?
01:42 C'est un très grand peintre féminin, Miller.
01:48 De Juliette, son premier court-métrage, jusqu'à Thérèse Desquireux, son dernier long-métrage,
01:52 ce sont des portraits féminins. Toutes les actrices rêvaient de travailler avec Miller.
01:56 Alors bien sûr, c'est le regard d'un homme sur des figures féminines,
02:01 mais c'est à la fois un regard qui a du mal à percer, qui lui apparaît un peu comme un mystère,
02:09 à différents âges, parce que vous avez des personnages féminins de différents âges,
02:13 le plus jeune à 5 ou 6 ans et le plus âgé à 70 ou 80 ans dans La Chambre des Magiciennes.
02:20 Aller à la rencontre des personnages féminins, c'est aller à la rencontre de quelque chose qui lui apparaît
02:26 comme à la fois très désirable, bien sûr, parce que le désir joue un rôle très important dans tout son cinéma,
02:33 mais aussi dont on ne peut pas faire le tour, donc il essaye d'approcher de ce mystère.
02:47 Brentano Lucy, étudiante, yeux bleus, nez droit, signe particulier, a tué un homme cette nuit.
02:58 La carrière de Miller, ça s'étale sur 50 ans. Au début, il y a toute une période très longue d'assistanat.
03:05 Et il apprend le métier, mais pas auprès de n'importe qui. Il y a Robert Bresson, il y a Jacques Demi,
03:10 il y a Jean-Luc Godard, il y a François Truffaut. Et pendant des années et des années,
03:14 il apprend ce que c'est que le métier du cinéma, et en particulier la question de l'argent.
03:18 Ensuite, il y a la période où il est jeune cinéaste. La meilleure façon de marcher,
03:23 "D'ici que je l'aime", "Garde à vue". Tout le monde, à ce moment-là, a le sentiment qu'on a un des très grands cinéastes de sa génération.
03:31 Entre "Mortal Randonné" et "Les Frontées", il y a une cassure. "Mortal Randonné" est un film qu'il aime beaucoup,
03:36 mais qui se casse la figure, ou du moins qui ne marche pas aussi bien. Donc, il y a la volonté de faire du cinéma
03:42 peut-être un peu autrement. "Mortal Randonné", c'est un grand film baroque, avec énormément d'effets visuels.
03:49 Avec "Les Frontées", c'est de l'épure, c'est vraiment très peu de choses. Et ces petits personnages,
03:55 et cette très belle histoire, centré en plus sur des adolescentes ou des pré-adolescentes.
04:01 Et là, il renouvelle son équipe intégralement, par exemple. Il n'y a plus de studio, il n'y a plus de rien.
04:06 Vraiment, la simplicité est la simplicité.
04:08 *Musique*
04:22 Dans la carrière de Miller, "Les Frontées", c'est fondamental, parce que c'est son plus grand succès populaire de toute sa carrière.
04:29 Des dizaines de gamines ont vu "Les Frontées" à 8 ans, 9 ans, 10 ans, 11 ans, en disant "Je veux faire comme Charlotte, je veux devenir actrice".
04:40 Les premières choses qui m'ont évoqué Claude, c'est Charlotte et Lulu. Les deux personnages principaux de "Les Frontées".
04:49 Enfin, Charlotte Gainsbourg et Julie Glenn, son amie plus jeune, parce que c'était l'âge de ma grande sœur et mon âge,
04:57 et qu'on regardait ce film en boucle, quand on avait l'âge des personnages.
05:03 On était absolument fascinés par la façon dont y est traité l'adolescence, ses rêves, ses secrets, ses incompréhensions, ses contradictions.
05:15 Ce film nous avait complètement traumatisés avec ma sœur, et on jouait à Charlotte et Lulu.
05:22 - C'est quand tu t'en vas ? - Dimanche, après-demain, après son concert.
05:27 - C'est ça, oui. - Parfaitement, elle donne son concert après-demain dimanche.
05:31 Et puis à la fin, je vais la rejoindre, et puis après, bon voyage, messieurs, dames.
05:36 - Et après, je te reverrai ? - Ben ça...
05:40 Mais tu vois pas qu'elle te fait marcher, cette grande seringue ? Tu pourrais pas lui parler d'autre chose ? Non, tu vois pas que tu lui fais de la peine ?
05:46 C'est vrai que tu peux en parler d'autre chose ?
05:48 Il y a une forme de lyrisme, c'est-à-dire que c'est vraiment des émotions qui sont portées à très haute ébullition,
05:56 souvent au-delà du raisonnable, au-delà du vraisemblable.
06:01 Et Billet en disait, "Mais qu'est-ce qui est invraisemblable dans la vie, sinon la vie ?"
06:05 Elle m'emmènera avec elle, et je vous verrai plus vous et mon sale gueule !
06:11 Eh ben voilà, t'as gagné le cocotier !
06:13 Et quand il devient un peu trop cinéaste consacré, ça se passe autour de l'accompagnatrice.
06:24 On considère qu'il a peut-être plus rien à dire, ou bien qu'il est un peu trop rentré dans le rang,
06:28 alors qu'il était peut-être un peu plus boum boum auparavant.
06:32 Eh bien là, c'est le moment où il fait de l'expérimentation.
06:34 Donc, à partir du moment où on croit que c'est un cinéaste installé, il se met à expérimenter de plus en plus.
06:40 Alors, c'était particulier, le tournage de La Petite Lily, parce que Claude était un avant-gardiste d'une certaine manière,
06:50 parce que c'était, je vais vous paraître très vieille, mais c'était les débuts du numérique.
06:55 Et donc, il avait une petite soixantaine, et il avait pourtant cet enthousiasme d'enfant, de découvrir un nouvel outil.
07:06 Il y avait ce truc, cette émulation qu'ils avaient de gosses.
07:10 [Bourdonnement]
07:28 Ils vous rencontraient, ils ne parlaient pas beaucoup.
07:31 Ils vous regardaient, et vous saviez que, ça peut paraître un peu romanesque, mais ce n'est pas loin de ce que je ressens.
07:39 C'est comme s'il avait su percer les mystères de votre âme.
07:43 C'était quelqu'un qui allait sonder vraiment chez les gens, juste en regardant les yeux.
07:51 [Bourdonnement]
08:00 La méthode de Miller au travail, c'est de la grande préparation avant le tournage.
08:06 C'est très écrit, parfois ça peut même aller jusqu'au storyboard pour certaines scènes de Dix-Huit que je l'aime,
08:12 et la totalité de garde à vue.
08:14 C'est très réfléchi, c'est-à-dire qu'il fait partie de ces cinéastes qui, avant d'arriver sur le premier jour du tournage,
08:20 il a déjà le film qu'il voudrait faire en tête.
08:23 Ensuite, il y a l'épreuve du plateau.
08:25 Et le plateau, indépendamment des relations avec la technique, à laquelle il s'accoutume de plus en plus,
08:29 c'est les acteurs, les acteurs, les acteurs.
08:32 Tous les acteurs français d'aujourd'hui vous diront soit "ça a été mon rêve de travailler avec Miller",
08:37 soit "j'aurais adoré travailler avec Miller".
08:40 Sur le plateau, c'était quelqu'un qui savait vraiment où il allait.
08:46 On pouvait avoir toute confiance en lui.
08:49 On pouvait se reposer sur lui, vraiment.
08:52 Ce qui intéressait Claude, et ce qui intéresse Claude d'ailleurs dans tous ses films, même aussi dans La Classe de Neige,
08:58 c'est de filmer ce qui échappe aux acteurs.
09:02 Et ce que j'aimais, c'est que quand il avait ce qu'il voulait, il disait toujours
09:07 "maintenant on va faire la prise du bon Dieu".
09:10 Et donc c'était la prise qui...
09:13 voilà, qui ramènerait le hasard, un accident, quelque chose qu'on n'aurait pas prévu.
09:21 [Bourdonnement]
09:28 Moi...
09:30 [Bourdonnement]
09:35 Moi je pourrais vous redonner l'envie d'être heureux.
09:38 D'aimer, de filmer.
09:41 [Bourdonnement]
09:44 Enfin je sais pas, c'est bête ce que je dis.
09:46 [Bourdonnement]
09:58 Miller a pas tourné énormément de films, il a tourné 17-18 films.
10:02 Mais de La Meilleure Façon de Marcher jusqu'à Terrel d'Esquirou,
10:06 il y a une unité thématique.
10:08 Il y a une unité stylistique,
10:11 qui fait que ça compose un ensemble
10:13 dont il n'y a pas énormément d'équivalents dans ces cinéastes de sa génération,
10:18 c'est-à-dire les cinéastes qui ont commencé à devenir de grands cinéastes dans les années 70 et 80.
10:24 Et ce que j'espère c'est que le livre, la rétrospective,
10:28 ça va permettre de se rendre compte que c'est vraiment un des plus grands.
10:30 [Musique]
10:32 Les films de Claude Miller sont à voir et revoir sur grand écran
10:36 à la Cinémathèque Française du 24 janvier au 9 février.
10:39 La Petite Lily et Un Secret sont disponibles sur MyCanal.
10:43 Et le livre d'Olivier Curchot, Claude Miller,
10:45 une vie de film édité par les Impressions Nouvelles,
10:49 est d'ores et déjà en librairie.
10:51 [Musique]
10:55 Je vais te juger !
10:57 Je te juge !
11:01 [Coup de feu]
11:03 En 1977, Alain Delon est au sommet de sa gloire.
11:07 Depuis 15 ans, Delon est non seulement une star internationale,
11:10 mais également un producteur avisé.
11:13 Sur une idée de Mireille d'Arc, sa compagne d'alors,
11:15 Delon engage Édouard Molinaro pour réaliser L'Homme Pressé,
11:19 une adaptation d'un roman de Paul Morand dont il a acquis les droits.
11:23 Il y joue un marchand d'art 100 fois nidois qui court aux quatre coins de la planète
11:27 pour dénicher des trésors qu'il revend à prix d'or.
11:30 Pour lui, les femmes sont à vendre comme les maisons ou les objets d'art,
11:34 pour peu qu'on sache y mettre le prix.
11:36 Pourquoi vous faites ça ?
11:38 Parce que j'ai envie demain de faire l'amour avec vous.
11:40 Pour 20 millions ?
11:41 Pour 20 millions.
11:42 C'est non.
11:44 Alors épousez-moi.
11:46 C'est oui.
11:48 Un personnage cynique et un brin excessif,
11:51 jusque dans ses relations avec le maire du village,
11:54 lorsque des fouilles mettent à jour une authentique église romane
11:57 dans le jardin de sa propriété provençale.
12:00 Mais dites, vous vous rendez pas compte de la chance que vous avez ?
12:03 Ils vont courir de Cannes, de Marseille, de New York pour voir ça.
12:08 Non.
12:10 Comment non ?
12:11 Non, parce qu'ici c'est chez moi,
12:13 que je n'ai pas envie d'en faire un point de rencontre pour promenade du dimanche.
12:17 Vous voulez tout garder pour vous ?
12:18 Parfaitement.
12:20 Mais dites, ces fouilles, elles appartiennent au patrimoine national.
12:25 Moi le patrimoine national, je l'emmerde, M. le maire.
12:28 Mais les visiteurs, les gens qui viendront, vous les emmerdez aussi ?
12:32 Non, mais je ne les invite pas à ma nuit de noces.
12:35 Mais quel rapport ça ?
12:37 Aucun rapport, mais c'est comme ça.
12:39 Oui, mais dites, vous n'avez pas le choix.
12:42 Le terrain au-dessus, il est à mon frérot.
12:46 Et la source qui alimente cette propriété, elle vient de là.
12:51 Vous comprenez ?
12:53 Compris.
12:58 [Musique]
13:19 Et voilà notre Alain Delon national qui se transforme en conducteur d'engin
13:23 et qui rebouche le trou pour ne pas partager sa découverte avec la populace.
13:27 Pas très fair play.
13:28 Côté mise en scène, le choix d'Edouard Molinaro s'avère plus que judicieux.
13:32 C'est un réalisateur précis avec un sens du rythme impeccable
13:36 acquis auprès des plus grands comiques Louis de Funès en tête.
13:40 L'homme est donc un habitué des stars productrices et de leur saut de l'humeur.
13:44 Pour les besoins d'une scène, Delon doit courir à toute vitesse
13:48 dans le hall de l'aéroport d'Orly.
13:50 A la première prise, il glisse et chute devant les badauds hilares
13:53 qui observent le tournage derrière des barrières.
13:56 Furieux et vexé, Delon quitte le plateau et s'enferme chez lui rue François 1er.
14:01 Grâce à la patience et à la diplomatie de Molinaro,
14:04 les choses finiront par s'arranger.
14:06 Delon refusera la démission de son réalisateur
14:08 et acceptera de reprendre le tournage en grand professionnel qu'il a toujours été.
14:13 Le film fut un échec à sa sortie,
14:16 mais c'est pourtant un excellent Delon à redécouvrir d'urgence.
14:19 Ne manquez pas l'homme pressé de Edouard Molinaro
14:21 actuellement sur Ciné+ Classique et à tout moment sur My Canal.
14:25 J'ai quelque chose que ni vous ni aucun muséum au monde ne possédait
14:29 et qui est irrésistible.
14:31 La passion.
14:32 Nicolas Folmer est un jazzman français.
14:39 Avant tout trompettiste, il est aussi compositeur et arrangeur.
14:43 Après avoir sorti un album autour des standards de Michel Legrand,
14:47 c'est tout naturellement qu'il nous partage une mélodie du bonheur
14:50 consacrée au compositeur, "Yentl", réalisé par Barbara Streisand.
14:55 Papa, can you hear me?
14:59 Papa, can you see me?
15:03 Papa, can you find me in the night?
15:11 Papa, are you near me?
15:14 Papa, can you hear me?
15:16 Papa, can you help me not be frightened?
15:21 J'ai choisi la BO de "Yentl" pour une chanson bien particulière
15:25 qui s'appelle "Papa, can you hear me?"
15:27 qui intervient un peu au début du film.
15:30 Alors que Yentl, dans l'histoire, veut étudier le Talmud,
15:34 mais c'est réservé aux garçons.
15:35 Elle est donc contrainte de partir pour la ville et de se déguiser en garçon.
15:39 C'est un rôle qui est incarné par Barbara Streisand.
15:42 Son papa meurt, c'est un élément déclencheur dans le film.
15:45 Elle se retrouve au milieu de la nuit, sous les étoiles,
15:49 et elle dit "Papa, can you hear me? Papa, can you see me?"
15:52 Elle ne sait plus quoi faire.
15:54 C'est extrêmement touchant de par le contenu du texte,
15:57 mais aussi de l'interprétation de Barbara Streisand,
15:59 de la composition de Michel Legrand et de son orchestration.
16:01 La nuit est tellement plus sombre,
16:05 le vent est tellement plus froid,
16:09 le monde que je vois est tellement plus grand maintenant que je suis seul.
16:14 Dans le film, il y a Barbara Streisand et un orchestre à cordes, c'est tout.
16:18 Après, ça vient de la culture classique, musique française qu'il a,
16:21 d'accompagner des chanteurs, quelle que soit la langue,
16:24 dans les procédés de l'arrangement et l'utilisation des cordes derrière.
16:27 On reconnaît toute l'école classique.
16:29 À l'époque, il a travaillé avec Nadia Boulanger.
16:31 Et puis, il avait vraiment cette culture-là.
16:33 Moi, quand j'étais au conservatoire de Paris,
16:34 j'ai eu une super prof d'écriture qui s'appelait Edith Leger,
16:38 et qui était en classe avec Michel Legrand.
16:40 Et elle me disait, quand ils avaient un devoir sur table,
16:45 qui durait 4 heures, lui, il réfléchissait pendant 3 heures,
16:48 et la dernière heure, il recopiait le devoir qu'il avait fait dans sa tête.
16:50 Donc, il vient vraiment de ce serail-là de l'écriture classique,
16:53 de toute la tradition de l'orchestre, qu'il maîtrise magnifiquement.
16:56 Les couleurs et tout, pour lui, c'est vraiment pas un problème de passer de l'un à l'autre,
16:59 parce qu'on entend vraiment toute cette culture-là,
17:01 toute l'influence notamment de la musique française.
17:03 Papa, can you hear me ?
17:06 Papa, can you see me ?
17:09 Papa, can you find me in the night ?
17:16 Papa, are you near me ?
17:19 Papa, can you see me ?
17:21 Papa, can you help me not be frightened ?
17:27 Dans tout le film, il y a des emprunts qui sont intéressants,
17:30 notamment à cette gamme-là.
17:31 [Musique]
17:37 C'est une couleur qui est utilisée un peu dans la musique yiddish,
17:40 le mode majeur double harmonique.
17:43 Non, c'est le premier degré, le mode majeur double harmonique.
17:46 C'est un mélange de l'écriture de Michel Legrand,
17:48 un peu aussi de tout ce qui est folklore yiddish,
17:52 mais vraiment remis à la sauce de Michel.
17:55 Et puis la mélodie est vraiment très bien construite,
17:57 il y a une première partie qui fait ça.
17:59 [Musique]
18:01 Trois fois, mais tout est dans l'harmonie.
18:03 D'ailleurs, Legrand disait souvent,
18:04 l'émotion de la musique est dans l'harmonie.
18:06 Alors je vous le fais.
18:06 [Musique]
18:13 Et là, on résout.
18:14 [Musique]
18:17 OK, deuxième strophe.
18:18 [Musique]
18:23 Et on va ailleurs.
18:23 [Musique]
18:26 OK.
18:27 En fait, le fait de répéter la même phrase avec les basses qui descendent,
18:30 ça ouvre et ça donne un côté qui est assez, je dirais, solennel,
18:34 le premier moment qui me vient.
18:36 Et ça, c'est vraiment bien vu.
18:37 Et puis, il y a tout un pont.
18:38 La fin du pont,
18:39 on reconnaît vraiment un des procédés de Legrand dans l'écriture.
18:42 [Musique]
18:56 Cette marche harmonique-là, c'est typique du Michel Legrand.
18:58 C'est-à-dire qu'on module par demi-ton et on arrive de la lumière
19:02 et on revient vers le côté vraiment obscur, enfin triste de cette chanson.
19:07 [Musique]
19:14 En tout cas, c'est vraiment une réussite.
19:15 Je trouve que c'est le plus beau morceau du film.
19:17 C'est le troisième Oscar de Michel Legrand pour la musique.
19:20 Et je crois qu'il a eu un Golden Globe aussi.
19:23 Je trouve que c'est mérité.
19:24 Votre viva vous recommande Michel Legrand Stories,
19:26 le dernier album de Nicolas Folmer.
19:29 Et retrouvez sa mélodie du bonheur, "Yentl", actuellement sur My Channel.
19:33 [Musique]
19:39 Au cours d'une décennie où il réalise plus d'un film par an,
19:42 Claude Lelouch signe en 1976 "Le Bon et les Méchants",
19:46 à la fois film de gangsters et comédie pendant l'occupation.
19:50 Le réalisateur nous a donné rendez-vous au Film 13,
19:53 sa société de production, son lieu de travail,
19:55 mais aussi l'antre des souvenirs de sa riche filmographie.
19:59 J'ai toujours fait des films d'humeur.
20:02 Je veux dire que je n'ai jamais adapté de livres, à part "Les Misérables".
20:06 Et donc, j'ai passé ma vie à filmer mes observations.
20:11 J'ai le sentiment d'avoir été un peu le reporter de mon époque.
20:18 Et donc, j'ai toujours fait des films sur des envies, sur des urgences.
20:26 Et puis donc, à un moment donné, j'ai eu envie de parler de cette période de la guerre.
20:32 J'étais enfant à l'époque.
20:34 J'avais 5 ans, 6 ans, sous l'occupation.
20:37 Ma mère me cachait dans les salles de cinéma.
20:40 C'était un des rares endroits où on n'arrêtait pas encore les Juifs.
20:43 "L'avance de cette armée est stupéfiante.
20:45 Le 20 juin, les troupes allemandes ont déjà dépassé Lyon, pointillé Angoulême,
20:49 ayant des antennes jusqu'à Valence, Grenoble, Bordeaux et Brest.
20:52 Pour le maréchal Pétain, l'heure est venue de cesser le combat.
20:54 Un combat qui n'avait pour ainsi dire pas eu lieu."
20:57 Sous l'occupation, il y avait ce qu'on appelait la bande à Hitler.
21:02 Si Hitler a pu faire tout ce qu'il a fait, s'il a pu trouver tout l'argent qu'il a trouvé,
21:07 c'est parce que quelque part, il s'est associé avec les voyous.
21:10 Hitler a sorti de prison des types qui étaient condamnés à perpétue.
21:18 Et ces mecs commettaient des horreurs que les soldats allemands
21:23 n'auraient pas eu le culot de faire ou qui auraient pu gêner.
21:26 "Plus vous serez efficace, plus vous serez libre, riche et impuni.
21:33 Voilà, c'est tout."
21:35 "Tout ça, c'est bien beau, mais financièrement, ça se présente comment ?"
21:38 "M. Bonny va vous expliquer."
21:40 "Tous les 100 juifs, vous aurez droit à un hold-up protégé par la Gestapo et la police française.
21:48 Tous les 100 communistes, même chose.
21:51 Et profitez-en, les guerres de cent ans, c'est terminé.
21:54 Celle-là, il ira très vite, les Allemands ont la frite."
21:57 Donc c'est une période où tous les coups sont permis, surtout les coups bas.
22:01 Voilà, et donc j'ai eu envie de parler de cette période avec Bonny, Lafon,
22:07 tous ces gens qui ont commis des horreurs au nom du fric, au nom de l'argent.
22:13 Et comme dans toutes les périodes troubles et épouvantables,
22:18 il y a de temps en temps un mec un peu mieux que les autres,
22:23 que j'ai symbolisé avec Jacques Dutronc, Villeray et Marlène Schauber,
22:29 qui essaye de surnager dans une époque où effectivement le fric est la grande star.
22:37 "Dis donc mon Jacob, maintenant qu'on a une vraie médaille,
22:45 on ne pourrait pas trouver un vrai boulot nous ?"
22:48 "J'ai essayé, tu sais.
22:50 Mais ça n'impressionne pas beaucoup les gens les médailles."
22:53 [Musique]
23:06 La personne que je connaissais surtout c'était Jacques Villeray.
23:09 Dutronc c'est le premier film que je faisais, et Marlène Schauber aussi.
23:14 Il y a Jean-Pierre Calfon avec qui j'avais déjà tourné "Dans une fille et des fusils".
23:18 Dans tous mes films il y a les anciens et les nouveaux.
23:22 Si on regarde, j'ai eu la chance de faire 51 films.
23:26 A chaque fois il y a les anciens et les nouveaux.
23:29 Et j'adore ça, j'adore mélanger des têtes nouvelles avec des têtes que je connais bien.
23:37 Avec les gens qu'on connaît bien, on peut essayer d'aller un peu plus loin.
23:42 Et avec les nouveaux, il y a des émerveillements.
23:49 [Musique]
23:52 Vous ne trouvez pas que c'est un petit peu ennuyeux ?
24:00 Heureusement que vous êtes là.
24:04 A quelle heure il faut que vous rentriez ?
24:06 Ça n'a pas d'importance, papa a confiance en vous.
24:10 Il me connaît mal.
24:14 Écoutez, pour ne pas rentrer trop tard, on peut partir tout de suite.
24:16 Ah oui, si vous voulez.
24:19 La vie est un mélange de genres, qu'on le veuille ou non.
24:25 Mes films sont des mélanges de genres.
24:29 C'est ce qu'on aime et que d'autres n'aiment pas.
24:31 Mais la vie est un mélange de genres.
24:35 On peut très bien le matin se lever et réfléchir.
24:42 Vous marchez dans la rue, on vous vole votre portefeuille.
24:44 C'est un polar.
24:46 À midi, vous allez déjeuner.
24:48 Il y a une jolie femme au restaurant.
24:50 Une histoire d'amour qui commence.
24:52 La vie est construite de telle façon que, en permanence, on est obligé de s'adapter.
25:01 La seule chose qui nous appartient, c'est le présent.
25:05 Et lui, le présent, il n'a peur de rien.
25:09 La vie, elle, n'a peur de rien.
25:11 Le plus grand scénariste du monde, c'est la vie.
25:15 C'est cette vie que j'essaie modestement de copier, de filmer.
25:20 Le scénariste avec qui je veux le plus travailler, c'est la vie.
25:26 Le Bon et les Méchants, réalisé par Claude Lelouch, est à retrouver sur CINÉ+ Classique et sur MyCanal.
25:32 Et n'oubliez pas, votre viva vous attend à tout moment sur les réseaux sociaux de CINÉ+ et sur MyCanal.
25:38 Tu veux boire un verre ?
25:40 J'ai bien une petite bière, avec de l'eau.
25:44 On boira après la guerre.
25:47 CINÉ + CLASSIQUE
25:50 Abonnez-vous !