Chaque semaine, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
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Court métrageTranscription
00:00 ...
00:20 -Bon, là, tu nous vois.
00:21 Voilà, il y a Rion.
00:23 ...
00:41 Pas de doute, vous êtes bien sûr classique,
00:43 et c'est parti pour votre viva cinema,
00:45 consacré aujourd'hui à Yasujiro Ozu.
00:48 Au sommaire, également, le rosebud de Manicol.
00:51 La mélodie du bonheur de Seiset.
00:54 Et une brève rencontre dans une chambre d'hôtel.
00:57 C'est parti.
00:58 ...
01:00 -Hia !
01:01 ...
01:05 -La carrière de Yasujiro Ozu est souvent divisée en deux parties.
01:08 Les films d'avant-guerre, plus méconnus,
01:11 et ceux d'après, dont les fameux "Bonjour" et "Voyage à Tokyo".
01:14 Mais tout juste après la Seconde Guerre mondiale,
01:17 Ozu signe deux très beaux films injustement oubliés,
01:20 "Récit d'un propriétaire", 1947, avec le studio Shoshiku,
01:24 et "Les sœurs Monakata", 1950, avec le studio Toho.
01:28 Votre viva a rencontré Shion Komatsu, de la Toho,
01:32 et Meriko Yama, de la Shoshiku,
01:34 pour revenir sur ses œuvres rares, mais essentielles.
01:37 ...
01:39 -Voici, tu peux la laisser ici.
01:43 ...
01:55 ...
01:58 -Shoshiku est l'un des studios de cinéma au Japon.
02:02 Notre division a commencé en 1920.
02:05 Donc, il y a trois ans,
02:07 on a célébré notre centenaire anniversaire.
02:10 C'est une très ancienne entreprise.
02:13 On produit, on distribue, on dévoile,
02:16 on fait tout pour les films.
02:18 ...
02:19 Ozu était directeur de Shoshiku,
02:21 c'est un type de studio compulsif
02:24 que vous devez faire si vous travaillez pour Shoshiku.
02:27 Vous devez regarder Ozu.
02:29 ...
02:43 -La plupart des films qu'il a réalisés sont avec Shoshiku.
02:47 Beaucoup sont perdus, donc on ne les voit pas.
02:51 Mais je pense que 37 ou plus
02:56 des titres existants que vous pouvez voir
02:59 sont toujours là.
03:01 La plupart, peut-être 32, sont avec nous.
03:04 ...
03:11 -Au sortir de la Seconde Guerre mondiale,
03:13 Ozu, dont la carrière a commencé à la fin des années 1920,
03:17 signe un nouveau film avec son studio de prédilection,
03:19 la Shoshiku, récit d'un propriétaire.
03:22 -C'est une histoire de relation
03:25 entre une femme qui vit dans un téniment
03:29 et un garçon
03:31 qui est apporté ici.
03:34 D'abord, la femme le déteste,
03:37 elle ne veut pas faire de choses avec lui.
03:40 Mais ils passent une semaine ensemble
03:43 et elle commence à s'y attacher.
03:46 ...
03:47 C'est comme dans "Shoplifters" de Koreda,
03:49 où des étrangers se rassemblent
03:54 pour former une famille.
03:56 Ce film demande aussi
03:58 ce que signifie être une famille.
04:00 Est-ce que l'eau est importante
04:03 ou est-ce que c'est la relation que vous construisez ?
04:07 C'est un type de histoire très humain.
04:10 ...
04:18 -Au revoir, Dio !
04:19 ...
04:30 -Ce film a été réalisé et sorti en 1947.
04:34 C'était la première fois qu'Ozu a réalisé un film
04:38 après la guerre.
04:39 Il montre vraiment la vie au Japon
04:42 après la guerre.
04:44 ...
04:45 Beaucoup de films d'Ozu sont réalisés sur scène,
04:49 sur un stade de son.
04:50 Mais celui-ci a beaucoup de scènes extérieures.
04:53 Beaucoup de films ont été réalisés en Tokyo,
04:56 en Chigasaki, et dans différents endroits.
05:00 C'est intéressant de voir le paysage de Tokyo.
05:03 Il y avait toujours du feu.
05:05 Il y avait des ruines.
05:07 C'est pas le Tokyo d'aujourd'hui.
05:11 On ne voit pas beaucoup de bâtiments.
05:14 C'est juste un paysage très différent.
05:18 C'est très intéressant de voir.
05:22 ...
05:24 -Trois ans après "Récit d'un propriétaire",
05:27 Ozu tourne un film pour le studio concurrent Toho,
05:31 les sœurs Munakata.
05:32 ...
05:37 -Toho was a latecomer in Japanese cinema.
05:43 Nikkatsu and Shochiku were already making films
05:46 when Toho started their company in the 1930s.
05:49 They were very keen on making a lot of modern films
05:53 with the studio system, and became bigger and bigger.
05:57 One of the most famous directors that was part of Toho
06:00 was Akira Kurosawa.
06:02 The company isn't as old,
06:04 it doesn't have much history as Nikkatsu and Shochiku,
06:08 but as a latecomer,
06:11 this company was very successful in the Japanese film industry.
06:15 ...
06:22 -This film was initially released in 1950,
06:27 and was the first film that Ozu ever made
06:30 outside of the Shochiku studio.
06:32 So that's a very important film in the cinema history of Japan.
06:36 Ozu had interest in working with Toho and Shintoho actresses.
06:42 ...
07:06 ...
07:31 ...
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10:23 ...
10:43 ...
11:01 -Retrouver récits d'un propriétaire et les Sœurs Munakata
11:04 distribués par Carlota Films, à partir du 25 octobre en salle,
11:08 à l'occasion des 120 ans de la naissance d'Ozu
11:10 et des 60 ans de sa disparition.
11:13 ...
11:19 L'oeuvre du cinéaste indien Manicol, 1944-2011,
11:24 a mis du temps pour arriver jusqu'à nous,
11:26 mais sa découverte est un véritable choc esthétique et sensoriel.
11:30 En 1990, avec Nazar, Manicol refait à sa manière
11:34 "Une femme douce" de Robert Bresson.
11:37 Chez lui, la diction bressonienne tend vers l'abstraction.
11:40 ...
11:49 Son film est un labyrinthe de mémoire qui rend les souvenirs incertains.
11:53 ...
11:57 Un homme croit posséder une femme sans se rendre compte
12:00 que c'est elle qui le possède.
12:02 On sent, comme chez Bresson, que tout est réfléchi.
12:05 Récoutons Dominique Sanda, "La femme douce et modèle" de Robert Bresson.
12:09 ...
12:10 -Comme je ne savais rien, c'était très simple, au fond,
12:13 donc j'étais dans ses mains, et il me dirigeait,
12:17 au millimètre près, je dirais, c'est une image,
12:20 mais mes pas étaient marqués,
12:24 mon regard était marqué,
12:26 tout était précis, et j'aimais cette précision.
12:30 Et en même temps, je trouvais mon propre espace
12:33 dans cette manière de diriger si précise.
12:39 -Je dis aux acteurs de traiter les mots comme ils traiteraient une chaise
12:43 ou de donner à la chaise autant de signification qu'à un mot,
12:46 disait Manicol, qui filme les visages comme des paysages.
12:50 Il faut se laisser aller devant son cinéma
12:53 dont la beauté plastique prend vite le pas sur la narration.
12:56 Dans "Nazar", il utilise le travelling
12:58 comme une figure récurrente, musicale,
13:00 qui rend le temps aussi incertain que les souvenirs de son personnage.
13:04 L'image nous hypnotise pour mieux nous faire entendre les mots.
13:08 Pourtant, comme chez Antonioni,
13:10 l'incommunicabilité règne, et la mort aussi.
13:14 ...
13:43 ...
13:58 ...
14:14 ...
14:39 -La thématique du couple et du patriarcat est très présente
14:42 dans son oeuvre.
14:44 Pour Manicol, le temps du cinéma correspond à celui de la vie.
14:47 Si ces histoires sont ancrées dans la société indienne,
14:50 elles sont aussi universelles.
14:53 Il suffit d'observer pour comprendre ce couple qui ne se comprend plus.
14:56 Découvrez "Nazar" 1990,
14:58 lors de la soirée originale et remake,
15:00 avec également "Une femme douce" de Robert Bresson, 1969,
15:03 sur Ciné+ Classique et à tout moment sur MyCanal.
15:08 ...
15:13 -Seysset est producteur de musique électronique
15:16 depuis une quinzaine d'années.
15:18 Après 3 albums, il s'ouvre à la musique à l'image,
15:21 avec la bande originale de "Mi Iubita, mon amour"
15:25 de Noemi Merlan, à voir actuellement sur MyCanal.
15:28 Pour Viva, il partage sa mélodie du bonheur, "Solaris" 1972,
15:31 première collaboration du compositeur Édouard Artemieff,
15:34 avec Andréi Tarkovsky.
15:37 -Il y a un traitement de la musique vraiment spécial et à part.
15:40 Par rapport à la façon dont je compose,
15:43 la façon dont j'aime la musique, "Solaris" est assez déroutant,
15:46 car la musique, à la base, on ne l'entend pratiquement pas.
15:49 Au départ, Artemieff se retrouve devant Tarkovsky,
15:52 il dit "Je ne veux pas de musique, j'ai juste besoin d'un compositeur
15:56 pour orchestrer les sons de la nature."
15:58 ...
16:06 Donc, lui, il se dit "Mais qu'est-ce que je vais faire ?"
16:09 En discutant avec lui, il commence à proposer Bach,
16:12 Bach est retenu, forcément, ça allait être retenu,
16:16 puisque pour lui, c'était le génie absolu,
16:19 et que, en gros, le cinéma étant un art neuf,
16:22 il voulait mettre dans l'inconscient des gens
16:25 quelque chose d'intemporel et, finalement, d'ancestral.
16:31 ...
16:45 Dans la chronologie du film, tu commences,
16:48 tu as un générique, tu as Bach, qui pose le thème central,
16:51 l'épine dorsale de ce qu'on va voir,
16:54 tu as 1h, 1h15 de silence, tu n'as pas de musique,
16:58 ça joue sur les ambiances, je ne sais pas si Artémiaf a bossé sur ça,
17:01 tu as toute une séquence d'autoroute au bout d'une vingtaine de minutes,
17:04 où c'est omniprésent, tu as des bruits de voiture,
17:07 il y a vraiment une volonté musicale là-dedans,
17:10 c'est aussi la naissance du sound design contemporain.
17:13 ...
17:23 Artémiaf, lui, a utilisé un synthétiseur,
17:26 c'est un des premiers synthétiseurs qui s'appelle l'ANS,
17:29 qui a été inventé par un Russe qui s'appelle Mursin,
17:32 et moi, j'ai réussi à trouver, en geekant un peu,
17:35 un émulateur de cette ANS.
17:39 On se retrouve comme s'il y avait une plaque optique,
17:42 où on peut dessiner dessus, à la base c'était comme ça qu'on faisait.
17:45 Donc là, on peut faire un...
17:48 Je fais n'importe quoi, hop, voilà.
17:51 Et après, il y a un lecteur qui va venir se poser.
17:55 ...
17:58 Et on a des sonorités qui sont assez proches,
18:01 ...
18:03 de ce qu'on peut avoir dans le film.
18:06 ...
18:16 Par exemple, à la fin, on est plus dans des trucs comme ça.
18:19 Voilà, quoi.
18:22 ...
18:43 En fait, toutes ces sonorités-là nous font penser maintenant
18:46 à quelque chose de spatial, mais à l'époque,
18:50 un son parmi d'autres, d'expérimentation.
18:53 Donc moi, j'entends ça, j'entends de l'orchestre,
18:56 mais de l'orchestre dissimulé, de l'orchestre incontemporain.
18:59 C'est complètement astructuré,
19:02 c'est complètement arythmé, c'est atonal.
19:06 ...
19:18 Et donc après, plus tu avances,
19:21 t'as le deuxième chorale de bac qui arrive,
19:24 et après t'as le troisième, où tu commences à avoir
19:27 de la synthèse et de l'orchestre, et plus tu avances,
19:31 plus la synthèse et l'orchestre se mélangent,
19:34 pour arriver à la fin, sur ce bac, où tu as l'orgue,
19:37 la synthèse qui est toujours là, et l'orchestre cette fois-ci
19:40 qui commence à être de plus en plus lyrique.
19:44 ...
19:50 Et on finit sur un score pratiquement traditionnel,
19:53 où t'as du violon, c'est lyrique,
19:56 alors qu'au début, on est sur un truc très austère.
19:59 ...
20:06 On s'est habitué pendant deux heures à ne pas avoir de sentiment musical,
20:10 il est là sans être là, et d'un coup,
20:13 c'est un peu de l'or du divin, mais c'est dans la ligne pensée de son film.
20:20 -Un grand merci à Seysset et retrouver "Sa mélodie du bonheur",
20:23 "Solaris", d'André Tarkovsky, en ce moment sur My Canal.
20:26 ...
20:34 En 1982, Wim Wenders interrogeait de nombreux cinéastes
20:37 sur la manière dont il voyait l'avenir du cinéma
20:40 dans son film "Chambre 666", tourné pendant le festival de Cannes.
20:44 40 ans plus tard, Lubna Pleiust réitère l'expérience avec "Chambre 999".
20:49 A Cannes toujours, la réalisatrice est revenue pour nous
20:53 sur sa découverte de ce film rare de Wim Wenders.
20:56 -Bon, j'ai un papier que m'a donné Wim Wenders.
20:59 Il a posé une caméra, mis un magnétophone,
21:04 et il me laisse tout seul.
21:09 Moi, j'ai régulièrement consulté le film de Wim Wenders,
21:13 auquel j'aimais retourner régulièrement.
21:17 C'était toujours une petite piqûre aussi de sens
21:20 et de... comme un espèce de petit repère.
21:23 -Alors, une sorte d'enquête sur l'avenir du cinéma, le contexte.
21:28 De plus en plus de films ressemblent à des séries de télévision
21:33 pour ce qui concerne éclairage, cadrage, montage.
21:36 -Le dispositif de Wim Wenders, en 82,
21:39 c'était... On a déjà lu parler d'un trou noir sous le cinéma à l'époque
21:42 à cause de la télévision, du fait qu'il avait l'inquiétude
21:45 que les films de télévision ressemblaient de plus en plus
21:49 aux films de cinéma par rapport au système de diffusion,
21:52 par rapport au financement.
21:54 Enfin, voilà. Et encore, on était en 82, le mur de Berlin
21:57 n'était pas tombé, il n'y avait pas de satellite,
22:00 donc le problème était presque assez binaire.
22:04 -Je suis un grand voyageur.
22:07 Eh bien, à bientôt.
22:09 -Et donc, il avait été venu à Cannes pour son film "Amet"
22:13 et avait décidé, je crois, un peu la dernière minute,
22:16 d'organiser une espèce de tournage
22:20 en trouvant la dernière chambre disponible à Cannes
22:23 et en installant une caméra.
22:25 A l'époque, c'était en film, en 16 mm.
22:29 Une caméra dans un coin de cette pièce
22:33 faisait venir 16 réalisateurs face à la caméra,
22:36 seuls dans la chambre, puisque lui-même,
22:39 personne ne restait de l'équipe avec eux,
22:42 vraiment pour les laisser se livrer
22:45 autour de cette question qui est "Le cinéma, est-il un langage
22:48 en train de se perdre, un art qui va mourir ?"
22:52 ...
23:15 -Ce qu'ils disent est évidemment essentiel,
23:18 mais la manière dont ils ont de le dire,
23:21 ça raconte aussi, et ce soit le cinéma ou aussi,
23:24 ça raconte énormément de comment ils se positionnent
23:27 par rapport à cette question.
23:30 -Oui, je crois que je vais mettre mes chaussures.
23:36 C'est une vraie question, il faut répondre sans chaussures.
23:40 -Et ça, c'était il y a exactement 40 ans,
23:44 symboliquement aussi, pour moi, c'était important,
23:47 parce que c'est exactement l'année de ma naissance, 82,
23:50 et j'avais toujours eu le désir, d'à un moment,
23:53 réinstaller ce dispositif, qui est presque un dispositif artistique.
23:56 Pareil, on a pris la seule chambre qu'on a réussi à trouver
24:00 de disponible, parce qu'on s'est organisés quand même tard,
24:03 et on a installé notre caméra dans un coin de pièce
24:06 en réorganisant le même dispositif,
24:09 en invitant non pas 16, mais 30 réalisateurs
24:12 à venir face caméra, seuls dans cette chambre,
24:16 sans écran de retour, personne qui les surveille,
24:19 à se livrer sur exactement la même question.
24:22 Et donc, c'était vraiment génial de pouvoir, cette fois-ci, lui donner la parole.
24:32 Je pense qu'il fait évidemment la transition du temps,
24:36 et il est comme un passeur d'un temps à un autre temps.
24:39 Quelque part, j'avais aussi envie que les deux images puissent être superposées,
24:48 et l'idée d'ailleurs de reprendre le cadre large,
24:51 et de reprendre quasiment le même cadre que Wim Wenders,
24:54 c'était une manière aussi de pouvoir comparer les...
24:58 jouer un peu aux sept différences, comparer un peu les deux images,
25:01 qu'est-ce qui a évolué, et qu'est-ce que ça raconte du monde dans lequel on est.
25:05 Tentez l'expérience en comparant Chambre 666 et Chambre 999,
25:10 à l'occasion de la sortie d'un coffret rassemblant les deux films,
25:13 disponible dès le 5 décembre chez Carlotta,
25:16 et d'ici là, découvrez Chambre 999 en salle, dès le 25 octobre.
25:20 Quant à Wim Wenders, il a été célébré la semaine dernière au Festival Lumière à Lyon,
25:24 au cours duquel il a reçu le très convoité Prix Lumière.
25:28 Et n'oubliez pas, votre vivat vous attend sur les réseaux sociaux de Ciné +,
25:32 et à tout moment sur My Canal.
25:34 -Je vais me chanter ce matin.
25:36 ...
25:41 ...