• il y a 10 mois
Chaque semaine, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
Transcription
00:00 [Musique]
00:21 On est pas mal tous les deux quand même, je trouve.
00:24 Et toi ?
00:27 On forme un beau couple, non ?
00:29 Avec Marta aussi vous faisiez un beau couple.
00:34 Salut à tous, vous êtes bien sur Ciné+ Classique et c'est parti pour votre Viva Cinema consacré cette semaine à Jacques Rivette.
00:49 Au sommaire également le Rosebud de Robert Aldrich,
00:52 la mélodie du bonheur de Arthur Gillette,
00:57 et une brève rencontre avec Benoît Chieu, c'est parti.
01:00 En 1969 sortait "L'amour fou", le troisième film de Jacques Rivette.
01:10 Pour revenir sur cette oeuvre hors norme, 4h12, votre Viva a rencontré celui qui, avec Bulle Ogier,
01:17 est le héros de cette histoire d'amour tragique, l'acteur Jean-Pierre Calfon.
01:21 Ainsi que la directrice de la photographie Caroline Champetier,
01:24 qui a collaboré plusieurs fois avec Jacques Rivette et qui a supervisé la magnifique restauration de ce grand classique.
01:31 Devant cette restauration j'avais une certaine appréhension,
01:41 parce que c'est un film de 4h15,
01:44 et quand on passe du temps dans une salle noire avec des images que vous n'avez pas forcément faites,
01:50 et celle-là c'était le cas,
01:53 et en fait ça a été une sorte de jubilation cette restauration,
01:57 et énormément grâce au jeu des acteurs.
02:01 Tu sais pourquoi je t'ai acheté ?
02:03 Non.
02:04 Parce que je trouvais que le chien te ressemblait.
02:06 Ah oui, tout à fait, exactement.
02:08 Il est bien.
02:09 Il a le même nez.
02:10 Il est sympa.
02:11 Les mêmes yeux, tristes, hein ?
02:13 Avec une petite croûte au corps,
02:15 et puis des oreilles.
02:17 J'aimerais bien avoir un chien comme ça.
02:19 C'est vrai ?
02:20 Ouais.
02:21 L'ennui tu vois c'est que quand ça grandit ça devient énorme, comme ça.
02:25 Comme un énorme boudin.
02:27 En fait il y avait un scénario, je crois, c'était pas un scénario, c'était 9 pages d'une continuité.
02:32 Il n'y avait pas de dialogue, il n'y avait rien.
02:34 Chaque matin on arrivait sur le plateau et on nous disait "bon ben voilà où on en est dans l'histoire,
02:39 qu'est-ce que tu dirais, même, dans cette séquence ?"
02:44 Et là on construisait le matin les choses et après on les rejouait,
02:48 et puis d'un seul coup au milieu d'une séquence qu'on était en train de jouer,
02:51 on inventait encore un truc, nouveau,
02:54 on était un peu comme des animaux en liberté quoi, vous voyez.
02:58 Ce qui est intéressant dans le film c'est qu'évidemment il y a deux supports.
03:02 Il y a ce support 35 mm qui est celui de la fiction,
03:06 qui est celui de l'histoire d'amour entre lui et elle,
03:10 entre Bullogier et Jean-Pierre Calfon,
03:13 et puis il y a le 16 mm qui serait le documentaire de Labarthe
03:19 sur une pièce en train de se faire.
03:22 C'est quelque chose de narrateur et Rivette l'a été souvent.
03:27 Dans le film, je me disais "Ah, c'est un film qui est très bien fait,
03:30 c'est un film qui est très bien fait,
03:32 c'est un film qui est très bien fait,
03:34 c'est un film qui est très bien fait,
03:36 c'est un film qui est très bien fait,
03:38 c'est un film qui est très bien fait,
03:40 c'est un film qui est très bien fait,
03:42 c'est un film qui est très bien fait,
03:44 c'est un film qui est très bien fait,
03:46 c'est un film qui est très bien fait,
03:48 c'est un film qui est très bien fait,
03:50 c'est un film qui est très bien fait,
03:52 c'est un film qui est très bien fait,
03:55 Dans le film, je suis un metteur en scène qui monte une pièce
03:59 et pendant que son couple se délite,
04:02 je dois dire que j'ai été étonné quand on me demande à moi de monter un racine,
04:06 vous voyez ce que je veux dire ?
04:08 Parce que je ne suis pas du tout un classique.
04:11 Mais justement, c'est ça qui amusait, je pense, Jacques Rivette.
04:15 En plus, il m'a laissé faire, il m'a laissé choisir les acteurs,
04:18 et il m'a laissé faire la mise en scène que je voulais et tout,
04:22 et la direction d'acteur aussi que je voulais.
04:25 "Peins-toi dans ces horreurs, Andromaque perdu.
04:28 Voilà, ton pyrus vient souffrir à ma vue.
04:31 Voilà par quels exploits il tue ce couronné.
04:34 Enfin voilà les ponts que tu me veux donner."
04:37 Le théâtre, c'est vraiment un sujet de Jacques Rivette.
04:41 C'est en ça qu'il est un enfant de Renoir.
04:45 Renoir disait que le théâtre était le sujet du cinéma
04:50 et Rivette s'en est souvent emparé dans plusieurs de ses films.
04:54 Je trouvais un truc formidable, pour moi et pour les acteurs,
04:58 je crois pour les Alexandras.
05:01 Il faut les dire comme ça, tu vois,
05:04 comme si ça n'existait pas, parler, trouver le rythme de la phrase
05:07 comme si les Alexandras n'existaient pas.
05:10 À ce moment-là, ils se mettent à exister puisqu'ils vivent d'eux-mêmes, tu vois pas ?
05:13 Tu vois pas ? Ils se mettent à sortir comme un rythme comme ça.
05:18 Grosso modo, toutes les douze syllabes, il y a quelque chose qui sonne dans l'oreille.
05:23 Les plans de Rivette sont des plans, comme il a fait jusqu'à la fin de sa vie,
05:29 ou qui ont une certaine ampleur, où il filme les corps.
05:33 Je me souviens de Rivette disant "Moi, ce qui m'intéresse,
05:36 c'est de pouvoir voir les bras des acteurs quand ils jouent."
05:39 Et en ce qui concerne la chorégraphie, c'est un très bon chorégraphe
05:45 comme Jacques Doyon, comme certains autres, comme on peut citer Ophuls.
05:50 C'est quelqu'un qui aime le mouvement de la caméra et des acteurs.
05:54 Et donc c'est souvent des plans-séquences assez longs,
05:57 avec des acteurs qui sont filmés pas forcément en pied, mais de façon assez large,
06:03 je viens de le dire, pour que le corps soit sensible.
06:06 C'est très très agréable de dessiner des plans pour Jacques Rivette.
06:10 Ce qu'il y a de très intéressant, c'est qu'il laisse les scènes se faire,
06:15 il laisse tourner la caméra.
06:17 Il n'y a pas un début, enfin si, il y a un début,
06:20 mais la fin, c'est presque nous qui déterminons quand on n'avait plus rien à dire.
06:26 Vous voyez ce que je veux dire ?
06:28 Le metteur en scène laisse la caméra tourner, au lieu de dire "Stop" à un moment.
06:34 Des fois c'est nous qui lui disons "Stop, ça va, on n'en peut plus".
06:40 Et donc ça permet aux spectateurs de rentrer à l'intérieur des scènes,
06:45 de rentrer dans la tête des personnages.
06:48 [Bruit de la caméra]
07:13 [Bruit de la caméra]
07:19 Il y a le jeu du théâtre, mais il y a aussi leur jeu dans le couple,
07:23 cette espèce de régression magnifique dans laquelle ils s'enferment.
07:28 C'est quelque chose oui de tragicomique.
07:31 Dans un film comme ça, où on vous laisse la liberté, on vous laisse l'abri sur le cou,
07:38 vous faites des choses que vous dites "Oh, ça va tomber au montage, ça va partir à la courbeille".
07:44 Donc vous faites des trucs un peu dans tous les sens.
07:47 [Bruit de la caméra]
08:03 On s'est amusé avec Bulle, avec cette histoire de cul-de-tout, puis après j'ai trouvé ça débile.
08:08 Et puis j'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit "Mais non, pas du tout,
08:11 d'un seul coup il y a beaucoup de poésie là-dedans, dans leur histoire,
08:15 à ce moment-là ça ouvre le truc".
08:17 Bon, je me suis dit "Ça va partir à la courbeille, ça ne va pas rester".
08:24 Et après vous le voyez, dans le film vous le voyez.
08:28 Il y a quelque chose d'innocent dans le jeu des acteurs.
08:32 C'est un don total.
08:34 Il n'y a pas de regard sur soi, il n'y a aucune mesquinerie.
08:40 Il y a quelque chose d'extraordinairement généreux dans le film.
08:43 Il y a un moment, moi je me suis même carrément coupé les veines.
08:48 Enfin pas les veines, mais j'ai encore la cicatrice.
08:52 La cicatrice, parce que c'était...
08:57 Il y a un moment où on dépasse le niveau du jeu.
09:00 C'est un moment où on dépasse le niveau du jeu.
09:04 [Bruit de la porte qui s'ouvre]
09:08 Arrête.
09:32 C'est quand même un alter ego, moi je le trouvais extraordinaire à "La Maman et la Putain".
09:38 C'est-à-dire ces deux films de couple, d'interrogation sur les rapports amoureux, extrêmement différents.
09:46 Mais où les incarnations des personnages, dans leur époque, sont sidérantes.
09:53 On voit des gens vivre devant soi, vivre le théâtre, vivre les rapports qu'ils ont entre eux.
10:01 Il y a quelque chose sur l'époque, sur la façon dont les filles sont habillées.
10:07 J'étais vraiment transportée dans ces années 70, fin des années 68,
10:14 avec une sorte de joie et de tristesse qui m'a tenue tout le long de la restauration.
10:22 Un grand merci à Caroline Champetier et Jean-Pierre Calfon, également musiciens,
10:27 dont le dernier album "Mephisto Félange" est paru très récemment.
10:31 Précipitez-vous sur Ciné+ Classique pour découvrir ou redécouvrir "L'amour fou" de Jacques Rivette,
10:36 lors de la soirée "Bulogier", avec également "La salamandre" d'Alain Tanner, le 29 février prochain.
10:42 "Vos marins, vos... "
11:08 Assistant réalisateur puis producteur, Robert Aldrich avait fait des débuts tonitruants dans la réalisation,
11:14 avec des films comme "Vera Cruz" ou "Kiss Me Deadly",
11:17 qu'il avait installés comme l'un des cinéastes les plus en vue d'Hollywood.
11:21 "Attack" est son sixième long métrage et son premier film de guerre, dix ans avant "Les douze salopards".
11:28 Hiver 44. Les Américains sont en pleine reconquête de la France, mais les Allemands résistent encore.
11:34 Le courageux lieutenant Costa, interprété par Jack Palance, s'oppose à son officier supérieur, le capitaine Cooney,
11:40 qu'il juge pleutre, incompétent et responsable de la mort de plusieurs de ses hommes.
11:45 Lorsque Cooney envoie Costa s'emparer d'un village en ruine, les choses tournent mal.
11:51 5, 4, 3, 2 and go !
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12:48 - So far so good. - If they're in there, now's about the time they'll open up.
12:54 Yeah. Too far out to go back now.
12:58 Let's go !
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13:30 l'armée américaine ayant refusé d'apporter son concours au projet. Pourquoi ? Parce que le
13:35 scénario était jugé anti-militariste. Il est vrai qu'ils remettaient ouvertement en cause la
13:40 compétence des chefs, ce qui, en matière militaire, ne se fait pas trop. Les ennemis
13:45 dans le film ne sont pas seulement les soldats allemands, ce sont aussi les officiers de l'US
13:49 army. Celui qui, paralysé par la peur, envoie ses hommes à l'abattoir, ou celui qui, par calcul
13:55 politique, protège son subordonné incompétent. Pour finir, ce sont les simples soldats qui
14:01 trinquent. "On ne peut rester vivant et intègre en temps de guerre", semble nous dire Aldrich,
14:06 ou, pour le formuler autrement, "la guerre ne peut être gagnée que par des assassins". Malgré son
14:13 propos radical pour l'époque, "Attack" fut un très grand succès commercial et conforta la
14:17 réputation d'Aldrich. Laissons le mot de la fin à André Bazin. Voici donc un film noble, courageux,
14:23 puissant, ce qui fait honneur au cinéma américain et qui témoigne d'un exceptionnel talent de
14:29 metteur en scène. Vérifiez cette affirmation par vous-même en regardant "Attack" de Robert
14:35 Aldrich 1956 avec Jack Palance, Eddie Albert, Ellie Marvin, actuellement sur Ciné+ Classique et à
14:42 tout moment sur My Canal.
14:44 Captain, down where I come from, we dearly love our whiskey.
14:48 We don't drink with another man unless we respect him.
14:52 Guitariste du groupe Moriarty, Arthur Gillette multiplie les projets musicaux, en live, pour le théâtre ou pour le cinéma.
15:08 Il officie en solo sous le pseudonyme Mick Strauss avec un premier EP tout récemment sorti.
15:13 Pour sa mélodie du bonheur, il nous parle d'un coup d'éclat du cinéma fantastique,
15:17 "Le Carnaval des âmes" 1962, réalisé par Eric Harvey.
15:22 C'est une curiosité et c'est une oeuvre atypique qui a été faite en un temps très court, en trois semaines.
15:41 C'est ça que j'aime bien, ça m'attire toujours ces choses fabriquées.
15:45 On sent la fragilité, on sent l'amour aussi et la passion.
15:49 Il y a quelque chose qui est assez singulier, en gros c'est un orgue qui joue toute la partition quasiment du film.
15:56 C'est ça qui est hyper original dans ce film, c'est que la BO du film,
16:09 c'est composé avec l'orgue et le personnage du film joue l'orgue.
16:14 Donc c'est à la fois diégétique, extra-diégétique, on le voit à l'image,
16:18 après on ne le voit plus, on ne comprend plus trop d'ailleurs si c'est le même orgue qui joue ou pas.
16:22 Par exemple, elle est organiste dans une église, c'est son métier.
16:25 Et à un moment, elle va avoir une absence, une vision.
16:29 Dans le montage, on va voir des vitraux avec le diable par exemple.
16:34 Et la musique va glisser vers quelque chose de beaucoup plus fantasmagorique, fantastique.
16:39 [Musique]
16:54 [Musique]
17:14 Quand le réalisateur écrit le film, à mon avis, il a quasiment tout basé sur le concept de l'orgue.
17:20 Puisque l'orgue rassemble à la fois le personnage, c'est une organiste d'église,
17:25 à la fois c'est l'instrument de la fête foraine des années 50, depuis les années 30.
17:31 Et donc effectivement, ça permet de faire tous ces glissements entre musique sacrée,
17:36 musique de fête foraine et ça devient une musique plus sombre et donc d'aura.
17:42 [Musique]
18:11 [Musique]
18:19 L'orgue, c'est l'ancêtre du synthé de toute façon.
18:22 Donc pour moi, c'est ce que feront plus tard Hans Zimmer ou d'autres.
18:27 Ce que fait le compositeur Jean Moore, qui est plutôt inconnu au bataillon.
18:33 Il n'est pas resté dans l'histoire de la musique de film.
18:36 Mais c'est qu'il fait déjà ce que vont faire plus tard plein de compositeurs avec les synthés,
18:42 mais sauf que lui c'est avec un orgue.
18:44 Et c'est la musique et l'orgue qui va permettre de faire le glissement entre le monde imaginaire de cette femme,
18:52 qui en gros, on peut dire qu'il y a des problèmes psychiatriques, en tout cas qui a des visions,
18:57 et le monde réel.
18:59 Et donc ça c'est très subtil au final.
19:03 [Musique]
19:14 En écoutant la musique de Carnival of Souls, donc il n'y a jamais de percussions, il n'y a jamais de rythme,
19:20 c'est juste joué par une personne avec les pieds et les mains sur un orgue.
19:25 Mais je me disais que ce serait intéressant d'essayer d'explorer qu'est-ce qui se passerait
19:30 si basé sur ces mélodies on faisait une sorte de séquence.
19:35 Ça donne ça.
19:37 [Musique]
20:06 Arthur Gillette est à retrouver sur scène avec son projet Mick Strauss,
20:10 dont Viva vous recommande l'EP Southern Waves Nightbirds.
20:14 [Musique]
20:20 Jan Svankmajer est un cinéaste tchèque, auteur d'une oeuvre foisonnante,
20:24 composée d'une vingtaine de cours et de sept longs-métrages,
20:27 à la croisée de l'animation et du surréalisme.
20:30 Alors que son film Alice 1988 ressort en salle,
20:34 votre Viva est allé à la rencontre de Benoit Chieu,
20:37 réalisateur du récent Sirocco et le Royaume des Courants d'Air,
20:40 pour évoquer ce film inclassable.
20:43 [Musique]
20:53 C'est probablement la plus belle idée du film,
20:57 c'est cette scène d'introduction où il dit en quelques mots,
21:00 si vous voulez voir le film, fermez les yeux.
21:03 [Musique]
21:11 Et là où c'est assez fou, c'est qu'il impose un imaginaire
21:15 qui est bien plus grand que celui que nous, on pourrait avoir.
21:18 Donc c'est doublement intéressant.
21:20 [Musique]
21:31 Je ne connais pas parfaitement bien l'œuvre de Lewis Carroll,
21:34 mais c'est vrai qu'il y a eu de nombreuses adaptations.
21:37 Là où je trouve Jean-Claude Meilleur génial,
21:40 c'est qu'il colle vraiment au texte.
21:43 C'est probablement la meilleure adaptation qui existe du texte,
21:47 dans le sens où ce récit qui échappe à une forme de logique,
21:51 dans sa forme cinématographique,
21:54 Jean-Claude Meilleur excelle, il est extraordinaire.
21:57 [Musique]
22:08 Ça c'est très, très étonnant.
22:10 Ce rat qui vient planter un feu de camp
22:14 et qui met le feu aux cheveux d'Alice pour faire cuire sa marmite,
22:18 je trouve ça totalement fou, c'est extraordinaire.
22:22 Mais il y a énormément de scènes que je trouve dingues.
22:26 C'est cette scène où on entend le cri d'un bébé.
22:29 [Cri de bébé]
22:32 Jusqu'au moment où, quand on ouvre la porte,
22:35 à la place du bébé, on voit un cochon sortir.
22:38 C'est tellement fou. C'est un film génial, vraiment génial.
22:41 [Cri de bébé]
22:50 Chez Jean-Claude Meilleur, le décor c'est une boîte.
22:53 On retrouve toujours cette notion de boîte, surtout dans Alice.
22:55 On a des espaces clos comme ça.
22:57 Et donc on est toujours à l'intérieur de quelque chose
23:00 dans lequel on ne peut pas sortir.
23:02 C'est aussi ça qui donne cette notion de rêve.
23:04 On voit les limites du monde qui sont présentées et on ne peut pas en sortir.
23:08 [Bruit de pas]
23:14 Et ensuite, il y a des boîtes dans la boîte.
23:16 On est déjà dans une boîte, mais le personnage va rentrer dans une maison
23:19 pour rentrer dans une deuxième boîte.
23:21 C'est un sentiment d'enfermement qui est quand même assez fort.
23:25 Et ça, ça crée un sentiment qui est vraiment pas rassurant quand même.
23:31 [Bruit de pas]
23:39 Jean-Claude Meilleur, c'est une fascination pour la matière
23:42 qu'on retrouve dans tous ses films.
23:44 Et tout le long d'Alice, ce qu'on perçoit quand même,
23:47 c'est cette texture qui est absolument présente tout le temps.
23:50 [Bruit de pas]
23:52 Il met en scène une marionnette qui est visiblement une marionnette.
23:57 C'est-à-dire qu'on voit qu'elle est faite de cire.
23:59 Donc, il met en évidence chez le spectateur que ce qu'il regarde est faux.
24:04 Et donc, évidemment, c'est là où ça devient intéressant.
24:07 C'est qu'il crée de la vie à partir de marionnettes qui sont visiblement mortes,
24:10 puisque la plupart du temps, elles sont squelettiques.
24:13 On voit des squelettes très souvent.
24:15 [Bruit de pas]
24:17 C'est aussi le monde de la nourriture.
24:20 Tous ces éléments se mangent les uns les autres,
24:23 s'entrecroisent, se mêlent.
24:25 Alors qu'ils ne sont pas faits pour être ensemble,
24:28 ils sont non-missibles.
24:30 Et je vends de Meilleur les mélanges.
24:32 Donc, il met des clous dans du pain.
24:35 Il s'amuse à mélanger tout le temps des choses surprenantes.
24:38 Il met du verre dans du coton.
24:42 C'est tout le temps ces mélanges très extrêmes qui sont très dérangeants aussi,
24:46 parce qu'on ne sait jamais si on va caresser quelque chose de très doux
24:52 ou si on va se piquer.
24:54 [Bruit de pas]
24:56 On ne sait pas très bien où commence la réalité
25:00 et où commence l'animation dans ce film.
25:02 Des fois, on voit des objets qui sont animés vraiment manuellement,
25:07 en prise de vue continuée.
25:08 Et parfois, vraiment, c'est animé image par image.
25:10 Mais le mélange est très subtil.
25:12 Et parfois, dans un plan, il y a les deux.
25:13 C'est un mélange des deux.
25:15 Et on s'amuse avec ces codes-là.
25:17 Et ça fonctionne très, très bien.
25:19 C'est très malin, en fait.
25:20 C'est une animation très, très efficace.
25:22 [Bruit de pas]
25:24 [Bruit d'eau]
25:27 [Bruit de clavier]
25:30 [Bruit de clavier]
25:32 [Bruit d'eau]
25:35 Moi, je trouve qu'on vit dans un monde où on voit que les spectateurs
25:38 ont du mal à aller voir des films qui sortent de ce qu'ils connaissent déjà.
25:43 On voit qu'il y a une normalité qui s'installe de façon durable
25:47 et qui est un peu effrayante.
25:49 Et donc, c'est un antidote.
25:51 Ce film est un antidote à ce cinéma un peu pépère.
25:55 [Bruit de clavier]
25:57 Là, on voit l'œuvre d'un artiste accompli,
26:00 qui a un univers absolument personnel et impossible à reproduire.
26:05 Et donc, il faut absolument aller voir ce genre de film.
26:07 Ce n'est pas un film facile, mais c'est un film absolument nécessaire
26:11 parce qu'il va aller à des endroits où d'autres n'iront jamais.
26:16 Donc, c'est une œuvre majeure.
26:19 [Musique]
26:22 Alice de Jan Svankmajer et de retour en salle à partir du 28 février
26:26 distribuée par les amis de Malavida.
26:28 Votre viva vous le recommande
26:30 et il vous attend sagement sur les réseaux sociaux de Ciné+
26:33 et à tout moment sur My Canal.
26:35 [Musique]