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Antoine de Caunes reçoit les talents des films qui font l'actualité cinéma en salles
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Transcription
00:00Alors Reda, à l'origine de Sur un Fil, il y a une association qui s'appelle Le Rire Médecin
00:05qui forme et qui emploie des clowns hospitaliers.
00:08Est-ce que c'est ça qui a été le point de départ ?
00:11Ouais, en tout cas ça a été pour moi l'étincelle qui m'a fait me dire
00:16que j'avais peut-être envie de réaliser un long métrage.
00:19J'avais fait un court métrage il y a une dizaine d'années, Pitchoun,
00:23qui était une chouette expérience mais qui était plus anecdotique je dirais,
00:27qui était un peu un clin d'œil à une vie que j'avais pu avoir il y a une vingtaine d'années
00:31où j'étais parfois clown de survie dans les anniversaires.
00:36Je sais, c'est pas la première fois qu'on le voit.
00:38Et je disais toujours mais si un jour j'ai un long métrage à faire,
00:42il y aura une évidence qui se fera.
00:43Et ça a commencé avec la lecture de ce livre.
00:46Et c'est ensuite en allant en observation, en immersion avec les clowns du Rire Médecin
00:51dont j'ai découvert que c'était un travail, un métier.
00:54Je pensais au début que c'était des bénévoles comme la plupart des gens.
00:57C'est lorsque j'ai fait ma première journée d'observation à l'hôpital Necker
01:01que je me suis dit le soir, bon, je vais faire un film.
01:05C'était il y a cinq ans.
01:06Oui mais ça n'empêche que quand on fait un premier film,
01:08le choix du premier film c'est toujours quelque chose de très intime,
01:11de très important, on ne prend pas une histoire au hasard.
01:14C'est vrai.
01:15Qu'est-ce qui vous parle particulièrement là-dedans ?
01:17Sûrement plein de choses dont je ne suis pas totalement conscient.
01:21Mais il y a quelque chose de l'ordre de l'enfance, dans le rapport à l'enfance,
01:27qui est un cinéma que j'aime beaucoup.
01:30Moi je suis fan des films de François Truffaut,
01:32des films de Steven Spielberg en rapport à l'enfance.
01:35Et puis j'ai grandi finalement entre les coulisses de théâtre
01:39avec mon père qui était comédien de théâtre qui m'emmenait avec lui en tournée
01:42et les couloirs hospitaliers avec ma mère qui était infirmière
01:46et j'étais au centre de loisirs de l'hôpital.
01:49Donc ça a dû jouer quand même, ça doit participer à quelque chose.
01:53Et puis il y a cette expérience précédente que vous évoquiez là,
01:56quand vous étiez clown d'anniversaire.
01:57Vous étiez d'ailleurs plutôt clown blanc ou auguste ?
02:00J'étais plutôt animateur clown,
02:03c'est-à-dire que je pense que je n'ai jamais trouvé mon clown,
02:06je n'ai jamais fait encore le stage pour devenir clown,
02:09en tout cas pour chercher mon clown.
02:12J'ai plutôt l'intention de le faire un de ces jours
02:14parce que Philippe Rebaud qui joue dans le film m'a dit que
02:17tout le monde devrait faire ça et que ça ferait économiser
02:1920 ans de psychothérapie à beaucoup de gens,
02:22d'aller trouver finalement en soi son minable.
02:26Je trouve qu'on est beaucoup dans une époque où on résume les gens
02:29en termes de réussite et d'échec et que le clown est tout sauf un winner,
02:34mais il ne se résume pas non plus à être un loser.
02:37Il tombe par terre, il se fait mal aux fesses, il nous fait rire
02:40et en même temps il nous glisse de la poésie là-dedans.
02:43Vous êtes d'accord qu'on a tous un clown en nous ?
02:46Oui, absolument et je pense que c'est ce qui nous humanise.
02:49D'ailleurs j'aimerais bien que les hommes politiques,
02:55les personnes qui nous dirigent aillent faire des stages de clown
02:58pour trouver justement autre chose qu'une posture
03:01ou quelque chose qu'on aimerait donner comme image aux autres.
03:05Et le clown finalement, dans un service hospitalier,
03:10c'est le seul qui peut être irrévérent par exemple,
03:13qui peut se moquer du professeur que tout le monde vénère et respecte dans le service,
03:18mais quelque part ça fait du bien à cette machine
03:22tout d'un coup d'être un peu déréglé.
03:24C'est celui qui décale quelque chose et ça j'aime bien.
03:28Oui mais c'est un métier comme vous le rappelez,
03:30ce n'est pas des bénévoles, c'est un vrai métier d'être clown d'hôpital.
03:34Comment est-ce que vous vous êtes renseigné auprès des parties concernées ?
03:37Vous avez fait votre petite tambouille à partir de ce que vous observiez ?
03:40Comment ça s'est passé ?
03:41Oui, j'ai fait Tintin à l'hôpital.
03:44Avec Milou.
03:46J'ai passé à peu près six mois à observer le travail des clowns
03:50dans différents hôpitaux en région parisienne,
03:53mais aussi à l'association.
03:55Je me suis rendu compte de toute la méthodologie,
03:58la structure qu'il y avait à ce métier,
04:00de coaching, de formation continue, d'intervenants différents,
04:04d'auditions, d'interviews que j'ai pu mener aussi de clowns.
04:09J'avais besoin, avant de commencer à écrire une fiction,
04:12parce que mon but n'était pas de faire un documentaire,
04:15de vraiment connaître ce monde et ce sujet.
04:17Justement, quand on fait un film qui s'appelle Sur un fil,
04:21qui est un pur numéro d'équilibrisme,
04:24vous mélangez à la fois des vrais médecins,
04:26vous mélangez des clowns professionnels,
04:28et puis vous mélangez des comédiens plus classiques.
04:31La mayonnaise se fait assez naturellement entre tous ces gens différents ?
04:37Oui, j'avais confiance dans cette mayonnaise.
04:39J'avais confiance dans cette mayonnaise.
04:41Je garde cette phrase.
04:44Même si la veille du premier jour de tournage,
04:47on ne sait jamais si ça va prendre ou pas.
04:50Et c'est là aussi le vertige d'être sur un fil,
04:53de ne pas être en appui comme ça sur ses jambes.
04:59Mais en tout cas, en tant qu'acteur,
05:01et depuis que j'ai commencé à jouer dans des films,
05:04j'ai toujours senti un apport énorme
05:06de jouer avec des gens qui ne sont pas des acteurs professionnels,
05:09mais qui sont considérés par les histoires qu'on raconte.
05:13Que ce soit avec des anciens détenus,
05:16des gens du voyage musiciens manouches,
05:19des sous-mariniers,
05:21enfin bon, il y a plein d'exemples.
05:23Et c'est ce que j'ai voulu aussi recréer dans ce film-là.
05:26Réda, avant de vous libérer,
05:28je voudrais juste vérifier une légende urbaine qui court à votre sujet.
05:31Il paraît que vous auriez au tour du coup
05:33le chewing-gum en argent de Nina Simone.
05:35Ah oui, c'est vrai.
05:36Mais alors du coup, je l'ai retourné pour le micro.
05:39Du coup, il est au tour du…
05:40Il est toujours là ?
05:41Oui, il est toujours là.
05:42D'où ça sort, le chewing-gum de Nina Simone.
05:45Oui, c'est une reproduction du chewing-gum de Nina Simone.
05:49Oui, je voulais… c'est pas le vrai.
05:52C'est une espèce de relique qui compte beaucoup pour moi,
05:55qui est un peu un porte-bonheur, un gris-gris,
05:58et qui m'a été offert par un ami qui s'appelle Warren Ellis,
06:01qui est un grand musicien, qui joue avec Nick Cave,
06:03et qui, il y a des années, jouait dans un club.
06:07C'était vraiment il y a longtemps.
06:08Il jouait derrière Nina Simone,
06:10dont on disait qu'elle n'était pas du tout en forme.
06:12Elle était dans une période assez dépressive,
06:14dans la drogue, l'alcool.
06:16Et il a vu cette femme arriver sur scène toute voûtée,
06:19enlever son chewing-gum, le poser sur le piano,
06:22se redresser et faire un concert magique incroyable.
06:26Lui est passé juste derrière, donc il jouait derrière.
06:28Il a pris le chewing-gum, il l'a mis dans un petit papier
06:31et il l'a fait reproduire à quelques exemplaires
06:33dans ce petit cadeau que j'ai sur moi.
06:36Et donc, ça raconte pour moi, dans cet objet,
06:38il y a la magie de la scène, justement,
06:41et cette chose qui, en un instant,
06:43nous fait passer d'un monde à un autre
06:45et d'un état à un autre.

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