France : la guerre civile a-t-elle déjà commencé ? - L'Heure libre

  • l’année dernière
Au programme :

-France : la guerre civile a-t-elle déjà commencé ?
-Samuel Paty : les collégiens et professeurs en accusation

Stéphane Simon avec Victor Lefebvre, journaliste à Factuel, Pierre Gentillet, avocat, et Fergane Azihari, essayiste et consultant en politique publique.

Retrouvez L'Heure libre, en partenariat avec Factuel Média (https://factuel.media/), tous les samedis de 10h à 11h sur les ondes de Sud Radio.
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##L_HEURE_LIBRE-2023-12-02##
Transcript
00:00 Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
00:04 Bonjour à tous, bienvenue dans l'heure libre, une heure d'analyse et de décryptage des
00:09 affaires qui font l'actualité.
00:11 Un rendez-vous hebdomadaire sur Sud Radio avec le monde des faits divers et des faits
00:15 de société.
00:16 Alors au sommaire aujourd'hui nous parlerons du procès de Samuel Paty.
00:20 En ce moment les collégiens sont devant leur juge au tribunal pour enfants de Paris, nous
00:25 y reviendrons.
00:26 Et puis nous nous demanderons après l'assassinat de Thomas à Crépolle et les réactions qui
00:31 ont suivi, faut-il croire ceux qui annoncent que la guerre civile a commencé ?
00:35 Nous serons tout à l'heure avec Pierre Gentillet, avocat au barreau de Paris, pas au bureau
00:39 de Paris, et l'essayiste Fergan Asiari, consultant en politique publique.
00:44 On est ensemble pendant une heure avec Jean-Marie Bordry.
00:46 Bonjour Jean-Marie.
00:47 Bonjour Stéphane.
00:48 Mais pas que, mais pas seulement.
00:50 Nous sommes également dans cette première partie d'émission avec Victor Lefebvre, journaliste
00:54 à Factuel Média.
00:55 Bonjour Victor.
00:56 Bonjour Stéphane.
00:57 Vous avez décidément votre rond de serviette dans cette émission, vous êtes indispensable.
01:00 Victor, aujourd'hui nous allons revenir sur l'affaire Samuel Paty, parce qu'en ce moment
01:04 se tient le procès des collégiens qui ont désigné Samuel Paty au tueur, le vendredi
01:09 16 octobre 2020 pour être exact.
01:11 Ça a lieu devant le tribunal pour enfants de Paris, à huis clos.
01:15 Alors comme c'est à huis clos, on ne peut pas donner les détails du procès, mais c'est
01:19 très intéressant puisque sont examinés les responsabilités de cinq élèves qui
01:24 ont montré du doigt le professeur le jour de l'assassinat.
01:28 Effectivement, donc il y a cinq élèves qui ont montré, qui ont désigné d'abord à
01:31 Samuel Paty physiquement au terroriste Tchétchène, rappelez-vous, Abdoula Kanzerov, qui était
01:35 âgé de 18 ans, qui a été abattu dans la foulée par les policiers de la police nationale.
01:39 Ils l'ont montré physiquement et en échange d'argent, donc on va sûrement l'expliquer
01:44 un peu plus tard, mais effectivement, et il y a aussi une sixième adolescente.
01:48 La fille de Brahim Chnina.
01:50 La fille de Brahim Chnina.
01:51 C'est celle qu'on a appelée la menteuse parce que c'est celle qui a accusé à tort Samuel
01:55 Paty d'avoir forcé les musulmans de la classe à regarder les caricatures de Samuel Paty.
02:00 Elle est mise en examen, elle, pour dénonciation calomnieuse.
02:05 Ce n'est pas la même chose.
02:06 C'est une autre qualification, elle est plus légère, même si elle risque quand même
02:09 deux ans et demi de prison puisque les peines sont divisées par deux devant le tribunal
02:12 pour enfants.
02:13 Et elle, effectivement, ce qui s'est passé, c'est qu'elle a dit, elle a menti à ses
02:18 parents en disant que Samuel Paty avait exclu des élèves en raison de leur confession
02:24 musulmane, ce qui n'est absolument pas le cas.
02:26 Elle a même dit qu'elle s'était sentie stigmatisée.
02:29 Et l'enquête révélera qu'elle n'était même pas présente ce jour-là dans le cours
02:33 donné par Samuel Paty.
02:34 Tout à fait.
02:35 Alors c'est aussi ce moment au tribunal actuellement, c'est aussi un moment d'introspection sur
02:41 la vie au Collège du Bois d'Aulme.
02:43 Les magistrats examinent à la loupe le comportement aussi des professeurs et des collègues de
02:48 Samuel Paty.
02:49 Et vous allez voir que leur rôle n'est pas tout à fait nul dans cette affaire.
02:54 Mais parlons d'abord des élèves, si vous le voulez bien.
02:56 Qui sont ces cinq premiers élèves, adolescents à l'époque, entre 13 et 15 ans, on va dire.
03:03 Entre 14 et 15 ans.
03:05 Entre 14 et 15 ans.
03:06 Qu'est-ce qu'ils font le jour de l'assassinat exactement ?
03:08 Alors en fait, ce qui se passe, on est le vendredi 16 octobre.
03:10 Abdoulakhan Zorof arrive devant le Collège du Bois d'Aulme, donc à Conflans-Saint-Honorin
03:15 dans les Yvelines.
03:16 Il est à peu près 13h40, à peu près en début d'après-midi.
03:18 C'est le dernier jour avant les vacances de la Toussaint.
03:21 On est à la veille des vacances scolaires de la Toussaint.
03:23 Et il est déposé par un de ses amis qui s'appelle Naïm Boudaoud, qui est un ami d'enfance.
03:28 Il le dépose juste à 50 mètres du collège seulement.
03:31 Donc le collège est bien identifié à ce moment-là par le terroriste.
03:34 Il a identifié Samuel Paty.
03:35 Il sait qui il est.
03:36 Mais en revanche, il ne sait pas à quoi il ressemble physiquement.
03:37 En tout cas, il a une cible.
03:38 C'est ça qui est important.
03:39 Il a une cible.
03:40 Il a un nom.
03:41 Et d'ailleurs, le nom a été diffusé, rappelez-vous, par Brahim Hichnillah, qui sera lui jugé
03:45 dans un an.
03:46 Sur des vidéos, sur les réseaux sociaux.
03:48 Sur Facebook, sur YouTube.
03:50 Avec Abdoulakhim Seferi, qui est lui un islamiste notoire pro-Hamas.
03:55 Il arrive devant le collège et donc il est confronté à un problème puisqu'il ne sait
04:00 pas à quoi ressemble ce professeur d'histoire-géo incriminé, qui est déjà au cœur d'une
04:03 polémique depuis plusieurs jours.
04:04 Et donc, ce qu'il va faire, c'est qu'il va démarcher des collégiens de 3e, donc
04:09 des élèves de 3e, qui sont à la sortie du collège à ce moment-là, qui traînent
04:12 un petit peu.
04:13 Lui, il est devant le collège, devant le petit parterre, un petit air plein qui est
04:17 juste devant le collège de Boisdaune.
04:19 Oui, où il y a les autobus qui arrivent.
04:21 Oui, ça y est.
04:22 Une station d'autobus.
04:23 Les jeunes traînent un petit peu.
04:25 Et puis, il remarque qu'il y a un jeune.
04:26 Il lui dit "Bon, est-ce que tu peux me montrer, M. Paty ? J'ai de l'argent, j'ai 300 euros
04:29 à te donner.
04:30 Tu me montres à quoi ressemble Samuel Paty quand il sortira."
04:33 Alors, on a beaucoup écrit, justement, que ces élèves qui vont désigner Samuel Paty
04:37 du doigt, s'étaient laissés acheter pour quelques dizaines d'euros.
04:41 Quand est-il ?
04:42 Alors, la somme exacte, c'est 300 euros.
04:43 Donc, Adboula Kanzourouf arrive avec des billets de 10 euros qu'il distribue au fur
04:47 et à mesure.
04:48 Et ce premier garçon, ce premier adolescent, qui est âgé de 14 ans, il va être aidé
04:52 ensuite par quatre autres de ses amis de 3e, qui sont des élèves qui ont eu Samuel
04:56 Paty dans les années précédentes.
04:57 Donc, ils savent exactement à quoi ressemble Samuel Paty.
04:59 D'ailleurs, c'est un petit collège de banlieue parisienne, donc tout le monde se
05:03 connaît.
05:04 Et effectivement, ce qui va être fait, c'est qu'ils vont faire le guet pendant plusieurs
05:07 heures jusqu'à la sortie de Samuel Paty.
05:09 Pendant plusieurs heures ?
05:10 Pendant plusieurs heures.
05:11 Oui, de 14h00 jusqu'à 16h50.
05:14 Vous vous rendez compte ? Sans être remarqué, d'ailleurs, par la patrouille de la police
05:19 municipale.
05:20 Ça va encore plus loin.
05:21 Ils vont déjouer la patrouille de la police municipale, qui est alertée et qui a un risque
05:24 potentiellement de troubles, puisqu'il y a déjà une polémique qui fait rage au collège
05:29 à ce moment-là.
05:30 Et la patrouille municipale passe et eux, ils vont se cacher avec le terroriste jusqu'à
05:35 la sortie à 16h50 de Samuel Paty.
05:37 Qu'est-ce qu'ils se disent ? Est-ce qu'on sait ce qu'ils se disent à ce moment-là
05:40 de ce qui va arriver à Samuel Paty quand le terroriste le trouvera ?
05:44 Ça, on le sait grâce aux auditions de ces jeunes adolescents qui disent, la plupart
05:49 d'entre eux disent qu'on ne pouvait pas savoir que ce terroriste, Abdoulakondzorov,
05:52 allait tuer Samuel Paty.
05:54 Mais ils savent qu'il va être corrigé.
05:56 Il leur dit "je veux frapper M. Paty parce qu'il a insulté le prophète, donc je veux
06:02 le filmer, l'humilier et le corriger".
06:04 Donc c'est assez explicite quand même.
06:06 Il y a même un de ces adolescents, le premier, le leader du groupe, qui pour le coup reconnaîtra
06:09 lors de son audition qu'il savait que ça allait plus loin que ça, puisqu'il se doutait
06:13 bien que Abdoulakondzorov n'arrivait pas là par hasard.
06:15 Il va se rétracter ensuite.
06:16 Mais en tout cas...
06:17 Qui sont ces jeunes qui ont entre 13 et 15 ans ? Est-ce qu'on peut...
06:21 Alors évidemment on ne va pas donner leurs identités, c'est absolument interdit.
06:24 En revanche, leurs prénoms sont assez usuels, donc je pense qu'on peut donner leurs prénoms.
06:28 Oui, alors leurs prénoms, il y en a un qui s'appelle Mohamed, c'est le leader du groupe.
06:32 Il y en a un qui s'appelle Julien, il y en a un qui s'appelle Hicham.
06:35 Enfin voilà, c'est Elias aussi.
06:37 Ce sont ces prénoms-là.
06:38 D'accord.
06:39 Alors, tous sont accusés d'association de malfaiteurs, mais pas en relation avec une
06:45 entreprise terroriste.
06:47 Est-ce que vous pouvez nous préciser les choses ?
06:49 Oui, en fait ça a été requalifié.
06:50 C'est-à-dire qu'au départ, le parquet national antiterroriste avait considéré qu'il y avait
06:53 peut-être une intention, puis ça a été requalifié.
06:55 Finalement, ils doivent répondre d'association de malfaiteurs en vue de préparer des violences
07:02 aggravées.
07:03 Donc il n'y a pas l'idée de préméditation et de connaissance de l'intention.
07:05 Alors, entendu, qu'est-ce qu'ils risquent concrètement ?
07:07 Deux ans et demi de prison.
07:08 C'est le maximum, puisque les peines sont divisées par deux.
07:11 Donc au maximum, ils pourront écoper de deux ans et demi de prison fermée.
07:14 Alors, précision aussi, ils ont tous évidemment changé d'établissement.
07:17 Ils sont dans d'autres établissements de la région parisienne, sous une identité
07:21 différente.
07:22 Parlons à présent de la fille de Brahim Chinina, cette élève qui a 13 ans à l'époque,
07:26 qui est une mauvaise élève.
07:28 Rappelons qu'elle a 11 inscriptions avec son carnet de correspondance en un peu plus
07:31 d'un mois et qui est à l'origine du mensonge qu'il va faire de Samuel Paty, le professeur
07:36 à abattre, entre guillemets.
07:37 Elle ment à l'époque.
07:39 Elle ment, elle ment.
07:40 Et d'ailleurs, elle ment toujours.
07:42 Alors, maintenant, elle est obligée de reconnaître qu'elle a menti, puisqu'elle n'était même
07:45 pas présente ce jour-là.
07:46 Mais elle a d'abord menti à ses parents, puisqu'elle a été exclue pour des raisons
07:49 disciplinaires.
07:50 Entre le 7 et le 8 octobre, la principale du collège dit "il faut exclure cette élève,
07:55 elle est trop indisciplinée, il y a trop de problèmes répétés, elle a énormément
07:58 de mentions à son carnet de correspondance".
08:00 Et donc, elle l'exclut pendant deux jours.
08:02 Et finalement, cette jeune fille va dire qu'en fait, elle a été exclue de son collège
08:07 parce qu'elle a refusé de sortir de classe au moment où Samuel Paty présentait les
08:11 caricatures de Charlie Hebdo.
08:12 Donc, elle va totalement...
08:13 - Elle a un rôle qui est déterminant dans cette affaire, puisqu'en mentant, en disant
08:18 finalement que Samuel Paty a obligé d'abord les élèves musulmans à lever la main dans
08:24 la classe, puis ensuite qu'il aurait insisté pour qu'ils regardent les caricatures du
08:30 professeur, elle lui donne le mauvais rôle.
08:33 Elle lui donne le rôle d'un professeur douteux, à la limite de l'islamophobie.
08:37 - D'ailleurs, c'est exactement ça.
08:38 C'est les rumeurs qui circulent au sein du collège sur les boucles Snapchat.
08:42 On dit "M.
08:43 Paty est un prof islamophobe", "M.
08:44 Paty est un prof raciste".
08:45 Donc, c'est vraiment le bruit ambiant.
08:46 - Et le point de départ, c'est le mensonge de cette gamine.
08:49 - C'est le mensonge qui sera réitéré par cette jeune fille au téléphone avec le terroriste.
08:53 Elle dit qu'elle ne savait pas que le terroriste était présent au téléphone, puisque quand
08:55 ils organisent leur planque, avec les cinq adolescents qui sont jugés actuellement,
09:00 ils appellent cette jeune fille qui est au téléphone et elle réitère son mensonge,
09:04 sa version tronquée.
09:05 - Alors, curieusement, c'est elle qui risque le moins dans cette affaire.
09:09 - Oui, d'ailleurs, c'est ce qui...
09:10 - Parce qu'elle est inculpée pour dénoncer son calcul.
09:12 - Voilà, c'est une autre qualification.
09:13 Elle risque quand même deux ans et demi de prison, mais effectivement, c'est quelque
09:15 chose qui émeut un peu la famille de Samuel Paty, notamment Mikael Paty, qui, à travers
09:19 son avocat, nous a dit qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle avait une qualification
09:25 aussi légère.
09:26 - Alors, ce qui est terrible dans cette affaire, c'est que c'est son père qui est allé menacer
09:30 donc Madame Fouillard, la principale, et qui a réclamé l'exclusion de Samuel Paty.
09:34 Et ce père, lui, alors, il a rendez-vous avec la justice à l'automne prochain.
09:39 - Oui, c'est ça.
09:40 Donc, ce sera à partir du 20 novembre 2024.
09:41 Donc, pour le coup, ce sera un autre procès, le procès des adultes.
09:44 Il y aura huit adultes qui seront jugés et lui, pour le coup, il devra répondre de complicité
09:47 d'assassinat terroriste, puisqu'il était, l'enquête a montré qu'il était en contact
09:51 avec Abdullah Kanzeroff les jours précédents.
09:52 - Alors, on va revenir sur le climat particulier au collège du Bois d'Aulne, car le grand public
09:58 ne sait pas à quel point les collègues, cette fois-ci, non plus les collégiens, mais les
10:02 collègues de Samuel Paty lui ont manqué de solidarité dans l'épreuve.
10:06 J'ai souvenir que certains collègues ont même accueilli Samuel Paty le vendredi précédant
10:10 l'assassinat, une semaine avant les faits, en disant "Samuel, tu as merdé".
10:14 Et pire, ils ont menacé d'écrire pour se plaindre de lui à l'académie.
10:19 Nous avions vu ça dans le livre que nous avons écrit ensemble, mon cher Victor Lefebvre.
10:24 Mais ça va plus loin.
10:26 On va y revenir parce que vous avez des nouvelles révélations à nous faire.
10:29 Ce factuel les a sortis la semaine dernière.
10:32 Les collègues de Samuel Paty l'ont-ils véritablement lâché avant l'assassinat ? On en parle
10:37 à tout de suite sur Sud Radio.
10:39 Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
10:43 Retour dans l'heure libre, une heure d'analyse et de décryptage des affaires qui font l'actualité.
10:48 Un nouveau rendez-vous hebdomadaire sur Sud Radio.
10:50 Je suis avec Jean-Marie Bordry et Victor Lefebvre, journaliste à Factuel.Média.
10:56 En ce moment, se tient, cher Victor, au tribunal pour enfants de Paris, le premier volet du
11:00 procès de ceux qui ont rendu possible l'assassinat de Samuel Paty.
11:04 Les adolescents qui l'ont désigné au tueur, Abdoulakhan Zorov, on vient d'en parler.
11:08 Et on sait d'ailleurs que plusieurs d'entre eux ont avoué savoir que tout cela allait
11:12 mal finir.
11:14 On l'a vu.
11:15 Mais on parlait du rôle des élèves en première partie de cette émission.
11:17 Mais à présent, on doit vous éclairer d'une lumière assez crue sur le rôle des collègues
11:22 de Samuel Paty, Victor Lefebvre.
11:23 Le moins que l'on puisse dire, c'est que certains ont manqué de solidarité envers
11:27 Samuel Paty.
11:28 Oui, il y en a certains qui ont manqué de solidarité et ils ne sont pas privés de le
11:31 dire puisqu'il y en a même deux qui ont envoyé un mail à Samuel Paty six jours avant
11:35 l'attentat, le 11 octobre.
11:36 Vous allez peut-être nous le lire, ce fameux mail.
11:38 Je peux vous le lire un des deux.
11:39 Donc il y en a deux qui ont été envoyés, une prof de français et un prof d'histoire
11:42 géo, donc un collègue direct de Samuel Paty.
11:44 Tout à fait.
11:45 Je vous lis le mail in extinso.
11:46 "Non seulement notre collègue a desservi la cause de la liberté d'expression, mais
11:50 il a aussi donné des arguments à des islamistes et il a travaillé contre la laïcité en
11:54 lui donnant l'aspect de l'intolérance.
11:56 Mais il a aussi commis un acte de discrimination.
11:58 On ne met pas des élèves dehors, quelle que soit la manière, parce qu'ils pratiquent
12:02 telle ou telle religion ou parce qu'ils ont telles ou telles origines réelles ou supposées.
12:06 Mon éthique m'interdit de me rendre complice de ce genre de choses."
12:09 Ce qui est terrible, c'est qu'à aucun moment, ses collègues ne se sont posés la question
12:13 de savoir si la fameuse petite menteuse mentait, justement.
12:17 Effectivement, ça aurait désamorcé tout le récit.
12:19 Ils ont gobé le mensonge tout cru.
12:21 Pourtant, la principale le savait.
12:23 Elle a fini par apprendre au cours de la semaine que cette élève n'était même pas présente,
12:27 que la polémique était caduque.
12:28 Ce qui signifie qu'ils ne lui ont même pas parlé dans les jours qui ont précédé.
12:31 Ils n'ont même pas pris la peine de lui demander ce qui s'était passé.
12:33 Il y en a certains qui l'ont fait, mais pas tous.
12:36 Il y en a certains qui ont désapprouvé.
12:38 Et eux parlent de désaccord pédagogique.
12:41 Mais le mail que je viens de vous lire, c'est un peu plus qu'un désaccord pédagogique
12:43 ou qu'un désaccord intellectuel.
12:45 C'est un vrai désaccord presque politique.
12:46 "On pourrait faire remarquer quand même à ces messieurs dames que quand on est face
12:50 à une épreuve, face à un péril, on se serre les coudes plutôt qu'on commence à se
12:55 rechercher des poux dans la tête les uns les autres.
12:57 Alors, ce qui est très intéressant, c'est que ce monsieur dont on parle, il a dit carrément
13:05 qu'ils étaient nombreux à dénigrer Samuel Paty.
13:08 C'est ça qui est nouveau dans vos révélations dans Factuel Média.
13:12 Victor Lefebvre, je voudrais que vous nous fassiez écouter ce document sonore que vous
13:18 avez révélé.
13:19 Ah non, mais les deux tiers d'entre eux ne lui parlaient même pas.
13:21 Il n'y avait même pas une qu'ils considéraient comme un sexiste infâme ou je ne sais pas
13:25 quoi.
13:26 Un autre lui avait donné un surnom vraiment négatif.
13:28 Et en fait, il y avait à peu près la moitié de la salle des profs qui pensait comme moi.
13:31 Voilà, une bonne moitié d'entre eux s'est retournée.
13:34 15% d'entre eux ne se sont pas retournés.
13:36 Il y en a même une qui était un peu leur porte parole, qui m'a dit tu as armé le bras
13:41 du terroriste parce que moi, je suis celui par qui le scandale arrive.
13:44 En fait, une bonne moitié de mes collègues, ceux qui se disent aujourd'hui ses amis,
13:49 l'ont en réalité complètement ostracisé.
13:50 Il fallait bien qu'ils évacuent leur culpabilité et qu'ils la mettent sur le dos de quelqu'un
13:54 d'autre.
13:55 C'est moi.
13:56 Alors Samuel Paty était ostracisé.
13:59 Ce sont les termes utilisés par ce professeur.
14:01 Voilà, c'est son témoignage.
14:02 Lui, il considère.
14:03 Alors, c'est peut être aussi un paraigreur, puisqu'en fait, on a fait de lui un peu le
14:06 méchant dans cette histoire.
14:07 Et il dit non, je n'étais pas le seul à penser ça.
14:09 Il y en a d'autres.
14:10 Moi, j'ai fait l'erreur de laisser une trace écrite avec ce fameux mail que je vous ai
14:12 lu.
14:13 Mais effectivement, ce n'est pas le seul.
14:14 C'est l'auteur du mail qu'on vient d'entendre.
14:15 C'est l'auteur du mail.
14:16 Alors, c'est pas sa voix.
14:17 Sa voix a été modifiée, mais en tout cas, effectivement, ce sont ces mots exactement
14:22 qui sont prononcés.
14:23 Donc, il dit voilà, je n'étais pas le seul dans ce cas là.
14:24 Il y avait d'autres professeurs qui se sont opposés à Samuel Paty, mais qui ne l'ont
14:27 pas dit ouvertement.
14:28 Alors, sans faire de comptabilité morbide sur un collège qui comptait, je crois, 60
14:33 professeurs.
14:34 Combien de collègues se sont tenus aux côtés de Samuel Paty?
14:37 Je dirais dignement.
14:38 Alors, de manière avérée, il y en a au moins trois.
14:40 Trois sur 60.
14:42 Trois de manière avérée, ou on le sait grâce à l'enquête.
14:46 Un qui est un professeur d'histoire-géo aussi, d'ailleurs qui est présent au procès,
14:51 puisque vous savez que…
14:52 Son prénom est David.
14:53 Voilà.
14:54 Il y a 13 professeurs qui se sont constitués partie civile.
14:56 Alors, on ne sait pas encore s'il sera accepté par le parquet.
14:58 On le saura à la fin du procès des mineurs.
15:00 En tout cas, il y a ce professeur d'histoire-géo qui a changé de collège depuis.
15:03 Et puis, il y en a deux autres qui vont le raccompagner en voiture, étant donné la
15:06 gravité des menaces.
15:07 D'ailleurs, Samuel Paty, dans son mail de réponse à ce professeur qui le critique,
15:11 dit "Je suis menacé par des islamistes locaux".
15:13 Donc, il sait qu'il est menacé.
15:14 Et donc, il y a deux professeurs, le mardi et le mercredi, qui précèdent l'attentat,
15:17 qui vont se relayer pour le raccompagner en voiture jusqu'à chez lui.
15:20 Donc, eux, ils sont…
15:21 On ne sait pas si Samuel Paty s'ouvre à eux de la polémique qu'ils visent.
15:27 Mais en tout cas, ils le soutiennent puisqu'il le raccompagne en voiture.
15:29 Ce qui veut dire, si j'ai bien compris, que les autres professeurs sont à minima indifférents
15:36 à ce qui lui arrive, voire hostiles à Samuel Paty, qu'ils considèrent comme un fauteur
15:42 de trouble finalement.
15:43 Ils auraient préféré qu'il n'y ait pas…
15:45 Être tranquille à l'école et qu'il n'y ait pas de…
15:48 Quitte à s'aborder ses cours sur la liberté d'expression, Paty, pour eux, c'est des
15:54 problèmes qu'on n'a pas envie de gérer, tout simplement.
15:57 En fait, il y en a certains qui restent en tout cas silencieux, qui ne s'expriment
16:01 pas forcément.
16:02 Mais il y en a d'autres, vous l'avez dit, il y a une professeure d'histoire-géographie
16:04 également qui dit, lors d'une réunion pédagogique de la matière, Samuel Paty arrive quelques
16:09 minutes après, où elle dit "Samuel a merdé, il n'aurait pas dû faire ce cours de cette
16:13 manière-là".
16:14 Donc elle se désolidarise ouvertement et elle va même envisager de faire une lettre
16:17 à l'académie pour dire que tous les autres professeurs ne font pas le cours de cette
16:21 manière-là.
16:22 Rappelons quand même que le cours de Samuel Paty, entre parenthèses, c'est un cours
16:25 sur la liberté d'expression, ce n'est pas un cours sur la laïcité.
16:27 Et c'est un cours surtout qui fait partie du programme de l'éducation nationale d'édu-scole.
16:31 Et c'est un matériau qu'il a puisé dans le réseau canopé de l'éducation nationale.
16:35 Voilà, alors ce que les auditeurs doivent bien comprendre, c'est que Samuel Paty s'appuie
16:38 sur le matériel pédagogique qui est reconnu par l'éducation nationale à travers ce
16:44 fameux réseau canopé.
16:45 Il suffit de cliquer, de double-cliquer sur ce réseau canopé pour accéder à ces caricatures
16:50 qu'il va montrer aux élèves.
16:51 Donc il ne s'est pas éloigné finalement de ce qu'on lui demandait de faire.
16:57 Il est parfaitement dans les cours.
16:58 Il a quelques libertés, il enseigne comme il veut.
17:01 Par ailleurs, je rappelle qu'il fait un cours didactique.
17:03 D'un côté, je suis Charlie, de l'autre côté, je ne suis pas Charlie.
17:06 Donc c'est en fait un professeur qui a à cœur de faire ses travaux.
17:10 Il fait son boulot de manière ordinaire, honnête.
17:13 Qu'est-ce qu'ils disent, ceux qui l'ont lâché, puisqu'il n'y a pas d'autres mots manifestement,
17:17 qui l'ont lâché d'ailleurs presque publiquement et plus ou moins ouvertement ?
17:19 Peut-être ne pouvaient-ils pas savoir ce qui lui arriverait ?
17:22 Ça c'est un fait.
17:23 Qu'est-ce qu'ils en disent aujourd'hui de leur attitude ?
17:27 C'est l'objet de ce témoignage aussi du professeur qui a fait un mail très critique à l'encontre
17:33 de Samuel Paty.
17:34 Il dit maintenant que ces professeurs s'expriment notamment dans les colonnes de libération
17:37 et ils se donnent un peu le beau rôle en expliquant qu'eux ont toujours soutenu Samuel
17:41 Paty jusqu'à la fin.
17:42 Après, on n'était pas dans le secret des lieux à ce moment-là, mais ça n'a pas l'air
17:45 d'être aussi simple que ça.
17:47 Ça n'a pas l'air d'être aussi manichéen en tout cas.
17:49 Pour la petite anecdote, ces professeurs ont demandé à être partie civile dans le premier
17:55 volet qui se déjoue en ce moment au tribunal.
17:58 Donc co-victimes.
17:59 Donc co-victimes.
18:00 Pour l'instant, le statut ne leur a pas été accordé.
18:02 Il sera peut-être accordé.
18:03 Il sera examiné à la fin, c'est-à-dire à la fin de la semaine prochaine.
18:06 Mais en tout état de cause...
18:08 Mais ils ne demandent pas d'argent, petite précision.
18:10 Évidemment, ils se sentent moyennement victimes, on va dire.
18:13 En tout cas, ce sera très intéressant de suivre cette affaire, Victor.
18:18 Je voudrais encore revenir sur l'appréciation qu'a ce collègue de Samuel Paty, qui n'a
18:25 visiblement pas non plus une très bonne opinion de la hiérarchie, qui est la leur, qui est
18:30 la hiérarchie du Collège du Bois-d'Aube et qui remonte jusqu'à l'éducation nationale.
18:34 Écoutons ce qu'il dit.
18:35 En fait, l'institution est tellement en crise, tellement hypocrite, tellement en décalage
18:40 avec le monde réel.
18:41 La hiérarchie, ce sont tous épeignes-culs.
18:44 C'est même pas la peine d'attendre quelque chose de leur part.
18:47 L'institution est en train de s'effondrer.
18:49 La famille de mon ancien collègue a raison de s'en prendre à l'institution, mais pas
18:53 aux flics.
18:54 Les flics, ils ont fait ce qu'ils ont pu.
18:56 Alors, quand même, il ne va pas avec le dos de la cuillère.
18:59 L'institution, c'est peigne-cul.
19:01 Ces mots sont très durs et en même temps, d'une certaine manière, on peut les comprendre
19:04 puisque Samuel Paty aurait dû bénéficier d'une protection fonctionnelle.
19:08 Il aurait dû être exfiltré du collège puisque la polémique faisait rage, les menaces étaient
19:12 très importantes.
19:13 Ces mots viennent de quelqu'un qui a écrit un mail pour dénoncer ce qu'il avait fait,
19:15 si j'ai bien suivi.
19:16 C'est ça qui est vraiment l'ironie de l'histoire.
19:20 On peut rappeler quand même pour les auditeurs qu'il y avait plusieurs manières de protéger
19:24 Samuel Paty.
19:25 Vous le disiez à l'instant, il y avait une manière, on va dire très générale, qui
19:28 était de protéger le collège.
19:30 Ça, c'était la voie numéro un.
19:31 La voie numéro deux aurait consisté à donner une protection rapprochée à Samuel Paty.
19:37 Ça, ça dépend du ministre de l'Intérieur qui, à l'époque, n'a pas jugé utile de
19:42 le faire.
19:43 Ce qui a été fait pour Didier Le Maire quelques mois plus tard après Prat-Trap.
19:46 Absolument.
19:47 En tout cas, à l'époque, ça n'a pas eu lieu.
19:50 Enfin, il y avait une manière très simple qui ne nécessite aucune espèce de procédure.
19:56 C'était tout simplement d'appeler Samuel Paty.
19:58 C'est ce que font les gens du renseignement.
20:00 Ils appellent les cibles menacées et ils leur disent "écoutez, mettez-vous au verre,
20:05 allez chez vos parents, allez chez des amis, etc.
20:08 Prenez des congés".
20:09 Il faut se souvenir, dans cette affaire, l'assassinat a lieu le vendredi 20 octobre
20:14 2020, en état donc la veille des congés de la Toussaint.
20:19 C'était donc très simple de demander à Samuel Paty d'anticiper ses congés.
20:24 Bien sûr, d'autant plus que les renseignements avaient parfaitement ciblé l'état de la
20:28 menace.
20:29 Ils avaient même identifié celui qui deviendra le tueur puisqu'il était déjà extrêmement
20:32 menaçant et qu'il avait lui-même repéré Samuel Paty grâce à une informatrice qui
20:35 sera aussi jugée dans un an lors du procès des adultes.
20:38 D'ailleurs, l'Education nationale s'est également constituée partie civile.
20:42 Gabriel Attal l'a annoncé lors du procès des mineurs.
20:44 C'est ça qui est fabuleux, c'est que tout le monde se constitue partie civile pour accéder
20:47 au maximum d'informations.
20:49 Alors, l'affaire Samuel Paty est examinée en ce moment au tribunal pour enfants.
20:54 Très peu d'informations filtrent.
20:56 Évidemment, nous sommes en mesure, on le voit, d'apporter quelques révélations autour
21:01 de cette table.
21:02 Le procès au tribunal pour enfants sera terminé en fin de semaine prochaine.
21:07 On connaîtra quand le délibéré ?
21:09 Le délibéré, le 8 octobre, normalement à 9 heures.
21:11 Alors, il est possible que ça prenne du retard puisque c'est très long comme procédure.
21:14 Mais théoriquement, ça se termine le 8 octobre et ce sera en audience publique pour le coup.
21:18 D'accord.
21:19 Et en ce qui concerne les adultes, parce que là, pour le coup, il y a aussi les adultes,
21:24 ceux qui ont agi très concrètement pour faciliter le travail du tueur, c'est-à-dire
21:29 Abdoulakantzorov.
21:30 Je rappelle qu'il y a trois complices qui ont été chercher les armes avec lui.
21:34 Deux de ses amis d'enfance.
21:36 Deux de ses amis d'enfance.
21:37 Et puis, il y a aussi deux islamistes locaux qui ont activé les réseaux sociaux, désigné
21:42 Samuel Paty, pointé ce qu'ils ont appelé Samuel Paty, ce voyou.
21:47 Ils vont être jugés quand exactement ?
21:49 Alors, ça commence en novembre 2024.
21:51 Je crois que c'est le 10 novembre 2024 jusqu'au 20 décembre 2024, donc dans pile un an.
21:55 Et là, pour le coup, ce sera un procès très scruté qui sera pour le coup public puisque
21:59 ce sont entièrement des adultes.
22:00 Tous les accusés, il y en a huit en tout.
22:01 Et effectivement, vous l'avez dit, il y a les deux complices d'Abdoulakantzorov,
22:05 Brian Michelinard, Abdelhakim Seyfrioui, Priscilla Mangel qui est l'informatrice présumée
22:09 évidemment, présumée d'Abdoulakantzorov.
22:11 Mais donc, ce sont ces adultes qui seront jugés dans pile un an.
22:15 Ce sera un procès très suivi et très médiatique, évidemment.
22:18 Et bien, vous pouvez compter sur Sud Radio et sur Factuel.Média pour vous tenir au courant.
22:22 On peut vous retrouver évidemment sur Factuel.Média.
22:24 On peut vous revoir aussi sur la chaîne YouTube de Sud Radio.
22:27 Dans un instant, nous allons revenir sur la mort de Thomas Acrépole et les réactions
22:31 en cascade qu'elle a entraînées.
22:33 France, la guerre civile a-t-elle déjà commencé ? C'est tout de suite sur Sud Radio.
22:37 Sud Radio, l'heure libre, 10h11h.
22:41 De retour dans l'heure libre, une heure d'analyse, de décryptage des affaires qui font l'actualité.
22:46 Un nouveau rendez-vous hebdomadaire sur Sud Radio avec le monde des faits divers et des
22:51 faits de société.
22:52 Nous sommes avec l'avocat Pierre Gentillet.
22:55 Bonjour Pierre.
22:56 Bonjour.
22:57 Et Fergan Azihari.
22:58 Bonjour.
22:59 Bonjour.
23:00 Essayiste, reconnu.
23:01 Ensemble, nous allons parler donc de la mort de Thomas Acrépole par la gravité et son
23:08 caractère très particulier, mais aussi parce que cette mort a entraîné de très nombreuses
23:14 réactions.
23:15 La première question que je vais vous poser, est-ce que c'est un fait divers banal ou
23:19 c'est plus que cela, Pierre Gentillet ?
23:21 Je pense que c'est incontestablement.
23:23 On est au-delà du fait divers.
23:25 Je m'explique.
23:26 C'est-à-dire que de quoi est-ce qu'on parle ? Juste rappelons un petit peu les choses.
23:29 On parle de jeunes de banlieue qui viennent attaquer un village, assassinent un enfant
23:36 de 16 ans et blessent au passage plus d'une dizaine d'entre eux à l'occasion d'une fête
23:41 de village.
23:42 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce type de phénomène, il y a deux éléments
23:45 importants pour essayer de comprendre que ce n'est pas qu'un fait divers, mais c'est
23:49 un fait de société.
23:50 Le premier élément, c'est le, je dirais potentiellement le caractère du racisme qui
23:55 plane au-dessus de cet événement.
23:58 Je rappelle qu'il y a à ce stade neuf témoins le jour de l'événement, qui ont déclaré
24:05 avoir entendu des injures anti-blancs.
24:08 Je crois que le terme c'est "gouère".
24:12 Ça veut dire grosso modo "occidentale".
24:15 C'est un vieux terme d'ailleurs qui existait déjà du temps de l'Algérie française.
24:20 J'ai entendu, puisque maintenant du coup on se passionne sur ce terme et on essaie
24:22 de savoir un petit peu ce qu'il en est.
24:23 Bref, le caractère raciste aux meurtres et aux agressions, je parle au pluriel puisque
24:28 il y a des gens qui ont été blessés.
24:29 Et puis effectivement, deuxièmement, et c'est en ça que je pense qu'il ne faut vraiment
24:32 pas mettre, ranger ça du côté d'un fait divers, c'est que les villages, si vous voulez,
24:37 moi j'ai jamais vu une armée de Kevin, de Matteo, comme disait le ministre de l'Intérieur,
24:42 qui viennent de petits villages et qui décident d'aller faire une descente pour aller poignarder
24:46 des jeunes de banlieue.
24:47 Voyez-vous, ce genre de choses là, alors on pouvait retrouver, on nous sort toujours
24:50 les mêmes exemples, les ratonnades des années 50, 60.
24:53 Mais en réalité aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ? C'est qu'on a un mouvement d'ensauvagement
24:58 dans une partie de la société française qui était finalement située en banlieue,
25:02 il faut le dire, il ne faut pas avoir peur de le dire.
25:03 Et qu'est-ce qui s'est passé là ? Comme il s'est passé pour Philippe, ce jardinier
25:07 qui a été tué devant chez lui le soir parce qu'il voulait demander à deux jeunes qui
25:11 n'étaient pas de ce village de Steyr.
25:13 Qu'est-ce qui est arrivé au petit Matteo, ce petit blond de 16 ans, 15 ans, qui a été
25:17 tué pour un mauvais regard dans son village ? C'est la même chose, si vous voulez.
25:21 C'est des gens qui sont victimes d'un ensauvagement d'une civilisation, d'une société plutôt,
25:27 qui leur est étrangère.
25:28 Si vous voulez, ces petits villages-là, ils n'ont pas l'habitude de cette France rurale.
25:31 C'est une France qui vit poliment, qui vit tranquillement, qui vit dans le calme, qui
25:35 vit dans ce qui reste de la France.
25:37 Et elle se prend, toute cette violence aujourd'hui, ça c'est nouveau, ça monte de plus en plus
25:43 et je crains que rien ne change malheureusement avec ce gouvernement.
25:46 Alors Fergan Asihari, est-ce que vous y voyez un peu plus qu'un fait divers ? Comme le
25:51 dit souvent des personnalités de gauche, ils disent "bon, attendez, c'est un fait
25:54 divers banal, ça a existé, j'ai moi-même entendu sur une antenne concurrente que finalement
26:00 c'était un peu la guerre des boutons qui se prolongeait".
26:02 Roméo et Juliette aussi.
26:03 Roméo et Juliette, on y reviendra.
26:04 Effectivement, il y a une tendance à euphémiser un phénomène qui n'est rien d'un fait
26:09 divers, qui en l'occurrence se caractérise quand même par un certain nombre d'éléments
26:12 un peu extraordinaires.
26:14 C'est-à-dire que le fait pour une bande de jeunes d'arriver dans une fête de village
26:17 avec un couteau n'est absolument pas anodin.
26:19 Alors certes, en théorie, on peut dire que ça ne signale pas nécessairement une préméditation,
26:24 ça signale quand même une certaine disponibilité à la violence qui interroge, autant que les
26:29 profits des assaillants n'étaient pas, comment dire, avaient un casier judiciaire
26:33 pour la plupart.
26:34 Certains avaient déjà été condamnés pour selle de vol, pour détention d'armes de
26:37 catégorie D, pour menace à l'encontre de personnes dépositées à de l'autorité
26:41 publique, pour fait de violences aggravées.
26:44 Donc le fait de prendre pour amis des gens qui ont un tel pénigré non plus n'est
26:46 pas un phénomène anodin.
26:47 Il y a aussi la question des origines géographiques de ces personnes-là qui sont issues, on le
26:51 voit, d'un quartier de la Monet, sur Romand-sur-Isère, qui n'est pas un quartier anodin, qui est
26:55 l'une de ces fameuses zones ciblées par les politiques de la ville.
26:58 Et on sait que ces zones-là se singularisent par des caractéristiques sociologiques extraordinaires,
27:03 une surdélinquance par rapport à la moyenne nationale, une surreprésentation des populations
27:07 de culture et d'origine étrangère, un taux de pauvreté plus élevé que de la moyenne,
27:10 un taux de décrochage scolaire plus élevé que de la moyenne.
27:12 Donc toutes ces caractéristiques font en effet que tout ce phénomène renvoie aux
27:16 éternelles préoccupations sur l'échelle de l'intégration et de l'assimilation
27:19 de certaines populations.
27:21 Donc tout ça n'est absolument rien d'anodin et renvoie à des questions existentielles
27:26 pour la société française.
27:27 Alors, derrière, on a vu des réactions extrêmement aussi imprévisibles.
27:34 On a vu des groupuscules faire des descentes dans des quartiers à Romand-sur-Isère, justement
27:42 dans ce quartier de la Monet que vous évoquiez.
27:44 Et on a vu, alors là, une extrême sévérité de la justice.
27:47 On a eu 17 interpellations sur les 80 manifestants.
27:51 Moi, j'ai envie de vous demander avant la réaction sur ces groupuscules, est-ce que
27:56 c'est en germe un ferment de guerre civile tout cela ?
28:01 Est-ce qu'on en est là ?
28:03 On a récemment assisté à la mort d'un ministre de l'Intérieur qui s'appelle Gérard Collomb
28:08 et qui a été ministre de l'Intérieur d'Emmanuel Macron, qui a, sur la base des
28:11 informations accessibles, le premier flic de France, quitté son ministère avec fracas
28:16 en nous parlant d'un risque de guerre civile.
28:18 Je ne sais pas si certains diront que la guerre civile, c'est quand même quelque chose de
28:21 plus structuré avec des centres de commandement, des choses plus institutionnalisées et qu'on
28:25 n'est peut-être pas encore là.
28:27 Mais enfin, il y a quand même effectivement une situation gravissime dans le sens où
28:31 nous sommes face à des communautés qui se regardent en chien de faïence, qui ne se
28:34 reconnaissent plus dans une civilité commune, qui ne désignent plus les mêmes collectifs
28:40 quand ils parlent de nous et quand ils disent "vous".
28:43 Il y a quand même pas mal de signaux faibles qui, en effet, laissent entrevoir ce que certains
28:49 appellent une archipélisation de la société française, pour paraître neutre et diplomatique.
28:53 D'autres parleront de balkanisation, de libanisation.
28:55 Et il est vrai que non, nous ne sommes pas dans une situation tout à fait réjouissante
28:59 pour l'une des pays.
29:01 Pierre Gentillet, vous réagissez comment à l'idée de guerre civile ?
29:05 Alors, je vais être très clair, je pense qu'on n'en est pas là.
29:08 C'est-à-dire qu'on n'est pas dans une guerre civile.
29:09 En revanche, que les ferments d'une guerre civile soient là, oui je le crois.
29:15 Oui je le crois et je le crains.
29:16 Ça c'est clair.
29:17 Si vous me posez la question "est-ce qu'avec cet événement on peut assister à une guerre
29:21 civile ?" Non, évidemment non.
29:22 La guerre civile c'est pas ça.
29:23 Mais en revanche, il faut bien comprendre la guerre civile c'est quoi.
29:26 Ce sont des peuples qui se font la guerre sur le même territoire.
29:30 En tout cas, deux ensembles de groupes de personnes qui ne partagent plus les mêmes
29:35 valeurs, qui ne veulent plus partager le même destin.
29:37 C'est ça la guerre civile.
29:38 On n'en est pas encore à ce stade-là, mais les germes sont là parce que nous avons
29:43 une partie de la population en France qui est élevée dans la haine de la France, qui
29:48 n'a plus les mêmes référents culturels, qui même parfois ne parle plus clairement
29:51 le français.
29:52 Donc on pourrait encore développer là-dessus.
29:54 Donc je pense qu'il y a des ferments qui sont là, mais je ne veux pas parler de guerre
29:58 civile.
29:59 À ce stade-là, aujourd'hui, je pense que ce serait tout à fait prématuré.
30:02 J'aurais quand même vous entendre, Pierre Gentier, vous êtes avocat, sur la réaction
30:06 judiciaire et policière très ferme qui a eu lieu après la descente de cette bande
30:10 de nationalistes qui représente la division Martel, emmenée par un certain gros lardon.
30:17 Alors la police s'est intervenue rapidement, 17 interpellations, je le rappelais, et des
30:21 peines de prison fermes qui ont été prononcées quasiment immédiatement.
30:24 On a appris que des domiciles de plusieurs de ces manifestants ont été perquisitionnés
30:28 et un butin très important ramassé, un drapeau français a été saisi, une bombe lacrymogène,
30:34 un bar de fer.
30:36 Deux observations.
30:37 Première observation, je note que quand il s'agit de l'État, quand il s'agit de la
30:40 police, là, la justice sait faire son travail et sait être sévère.
30:46 Et il est clair que toute atteinte vis-à-vis de la police, toute atteinte vis-à-vis de
30:49 l'État, je ne vais pas vous avancer un discours d'illégalité, ce serait absurde, doit être
30:53 réprimée.
30:54 Ça, c'est une chose.
30:55 En revanche, ce qui est insupportable, c'est le dépôt de mesures.
30:57 Voyez par exemple, on parle beaucoup de ces gens qui ont été condamnés à la prison.
31:00 Accessoirement, j'espère qu'ils seront protégés en prison.
31:02 Parce qu'il y a des messages sur les réseaux sociaux de prisonniers qui disent "on les
31:05 attend".
31:06 Qu'est-ce qui va se passer si ces gens-là ne sont pas mis à l'abri ? Qu'est-ce qui
31:07 va se passer si ces gens-là meurent ou pire encore, en prison ? Donc ça, c'est une chose.
31:12 La deuxième chose.
31:13 Un de ces jeunes, on en a beaucoup parlé et il n'y a pas eu beaucoup de sollicitude vis-à-vis
31:16 de lui parce que peut-être, je ne sais pas s'il a été condamné lui, peut-être qu'il
31:19 a fait quelque chose de mal.
31:20 Mais ce jeune qui a été filmé nu, bastonné, frappé avec une canne de golf, je ne sais
31:28 plus, presque, en tout cas un objet.
31:31 Une arme par destination, on dirait.
31:32 Qui était nu et qui s'est mis nu.
31:34 Pourquoi ? Parce qu'on menaçait de le brûler vif avec un jerrycan d'essence.
31:38 Lui, il n'en a pas parlé.
31:39 Ces agresseurs, ces auteurs, j'attends, j'attends.
31:43 Pour l'instant, il n'y a rien sur ces gens-là.
31:44 Il n'y a rien.
31:45 On a retrouvé ces auteurs, on a retrouvé les agresseurs, enfin les agresseurs, pardon,
31:50 les manifestants d'extrême droite en 48 heures.
31:52 Ils étaient facilement reconnaissables aussi.
31:53 Ça n'a aucun problème.
31:54 Oui, par contre, ceux qui sont reconnaissables sur la vidéo, qui ont filmé leur méfait
32:00 de ce jeune qu'ils auraient pu tuer, qu'ils auraient pu brûler vif, il n'y a pas de
32:03 nouvelles de eux.
32:04 Ce qui est insupportable, en fait, ce n'est pas que la justice fasse son travail.
32:07 Moi, je ne crois pas que la justice fasse son travail.
32:09 C'est le sentiment de deux poids, deux mesures.
32:11 Encore une fois, c'est ça qui est insupportable.
32:12 Est-ce qu'on peut peut-être quand même s'attarder sur ce qui s'est passé ? Parce
32:16 qu'effectivement, on a parlé de ratonnades.
32:17 Concrètement, il n'y en a pas eu.
32:18 Ils sont descendus.
32:19 Il y a eu un coronata.
32:20 Il y a eu une intention de ratonnade.
32:21 En revanche, on a parlé quand même tout à l'heure de jeunes qui étaient venus au
32:27 bal avec des couteaux.
32:29 Là, on a plusieurs dizaines de personnes qui sont venues avec des messages qu'on a
32:32 pu lire.
32:33 Ne tapez pas de bougnoules.
32:34 C'est une insulte raciste.
32:35 Et certains sont venus avec des armes, avec des bâtons, des barres de fer.
32:37 Ils n'étaient pas venus pour jeter des fleurs.
32:40 Là, vous venez de me dire que dans leur message, il y a une insulte.
32:43 Je l'ai entendu.
32:44 Il y avait marqué ne tapez pas.
32:45 Oui, c'est ça.
32:46 Ordre d'Ogro Lardon.
32:47 On a tous vu cette capture d'écran.
32:48 Ne tapez pas de bougnoules.
32:49 C'est très important.
32:50 Sur la question de la ratonnade, il faut quand même caractériser une intention.
32:54 Pourquoi était-il descendu de la ratonnade ?
32:58 Qui qualifie ça de ratonnade ? C'est la France insoumise.
33:02 C'est une partie du spectre politique.
33:03 Tout à fait.
33:04 Pourquoi était-il descendu avec une barre de fer ?
33:06 Peut-être pour se défendre.
33:07 Accessoirement, il y a peut-être aussi ça.
33:09 Puis vu ce qu'il leur est arrivé, je pense que ça ne leur a pas complètement donné
33:12 tort.
33:13 En particulier de celui qui a failli être brûlé vif.
33:15 Je n'approuve pas la violence.
33:16 C'est très clair.
33:17 Entre ce qu'on qualifie ici comme étant une ratonnade et une manifestation non déclarée
33:23 interdite, je pense qu'il faut utiliser les bons mots.
33:25 C'était une manifestation interdite, non déclarée, dont les propos sont sans doute
33:32 évidemment condamnables.
33:33 Ils s'en sont pris aux forces de l'ordre.
33:35 Ils ont été condamnés.
33:36 Mais ce n'est pas une ratonnade.
33:37 Excusez-moi, la vraie ratonnade qui a eu lieu, c'est la Radia qui a eu lieu à Crépole,
33:41 où il y a eu un mort, une dizaine de blessés.
33:43 Combien de poignardés, combien de morts, combien de blessés parmi les jeunes de banlieue
33:47 dans le quartier de la Monnaie suite à la soi-disante ratonnade ?
33:50 Zéro.
33:51 Est-ce qu'on peut se demander, je suis d'accord, on est dans la tension, mais que serait-il
33:54 passé si par exemple les CRS n'avaient pas dispersé ce cortège ?
33:57 D'accord, on est dans l'hypothèse.
33:59 Mais qu'est-ce qui se serait posé ?
34:01 Ne tapez pas de bruit nul.
34:04 Ça implique quand même que…
34:05 On sait que ça peut arriver.
34:07 Pardon, on ne va pas transformer les plusieurs dizaines en petits anges non plus.
34:11 Il ne faut pas exagérer.
34:12 Oui, mais on ne va pas leur prêter des intentions dont on ne sait rien.
34:14 Et puis les intentions sont des intentions.
34:16 Ce n'est pas des réalisations.
34:17 Alors dans un instant, on va revenir et on va se demander quel est le rôle des médias
34:21 dans la façon dont ils rendent compte des événements.
34:24 C'est très important de se poser cette question.
34:26 On en parle dans un instant sur Sud Radio avec nos invités.
34:29 De retour dans l'heure libre avec Jean-Marie Bordry.
34:40 Nous sommes toujours avec l'avocat Pierre Gentillet, l'essayiste Fergan Asihari, consultant
34:45 en politique publique.
34:46 En plus d'être essayiste, nous sommes ravis de vous accueillir tous les deux.
34:49 Alors nous parlons du meurtre de Thomas Acrepole et de ce qui a suivi, c'est-à-dire des
34:53 descentes de groupuscules qui sont allées défiler au cri d'Islam hors d'Europe,
34:59 notamment à Romand-sur-Isère.
35:00 Mais on les a aussi vus, je crois, à Lyon et à Rennes.
35:03 Et nous nous demandons si tout cela ne porte pas en germe les débuts d'une guerre civile.
35:07 Revenons un instant avec vous Pierre Gentillet, après ces interpellations de membres de ces
35:14 groupuscules d'extrême droite, on a l'impression que le ministère de l'Intérieur a voulu
35:17 montrer que la menace venait de toutes parts, qu'elle devait être réprimée avec une
35:21 extrême sévérité.
35:22 Mais je voudrais quand même rappeler un chiffre qui fait froid dans le dos.
35:26 Ce chiffre c'est 44 000 agressions à l'arme blanche, soit 120 victimes par jour déclarées.
35:35 C'est un chiffre qui a explosé ces dernières années.
35:38 Alors la question qu'il faudrait poser en retour de ça et en complément de ce que
35:42 vous dites, c'est parmi ces 44 000 attaques au couteau, c'est-à-dire plus de 120 attaques
35:47 au couteau par jour, si on nous dit que la principale menace c'est l'extrême droite,
35:51 combien d'attaques au couteau de personnes d'extrême droite ?
35:54 Je pense qu'en posant cette question on répond un petit peu à la bêtise de certains propos
36:00 qu'on entend du côté de la gauche, de l'échiquier politique aujourd'hui.
36:05 La menace en France, je le dis, il n'y a pas de menace d'extrême droite.
36:09 Il n'y a pas de risque de coup d'état d'extrême droite.
36:11 Il n'y a pas de risque de guerre civile déclenchée par l'extrême droite.
36:14 Quand certaines personnes ont peur de se promener la nuit dans certains quartiers, dans d'innombrables
36:19 quartiers d'ailleurs en France, c'est pas par peur de se faire agresser par un militant
36:23 néo-nazi, soyons clairs.
36:25 Il faut voir les choses telles qu'elles sont.
36:27 Donc il y a une hiérarchie des priorités et très clairement la menace d'extrême droite,
36:32 c'est ridicule aujourd'hui.
36:33 C'est une manière de relativiser, et on le voit là depuis Crépole, je termine vraiment
36:37 sur un mot, c'est important là ce qui se passe, parce que la gauche est en train de
36:40 sauter là-dessus et s'accroche comme une moule à son rocher sur cette pseudo-menace
36:43 d'extrême droite, sur cette division martelle dont tout le monde a appris l'existence,
36:47 ce groupuscule d'extrême droite qui est arrivé pour faire cette manifestation.
36:50 Le ministre de l'Intérieur a dit que rien que le non faisait peur.
36:54 Oui, on dirait une division du Front de l'Est, c'est un peu à ça qu'on pense.
36:58 Vous vous disiez, Aurantin, et je trouvais ça très drôle, vous disiez "ça ressemble
37:01 plutôt à la 7ème compagnie qu'au Front de l'Est pendant la guerre".
37:05 C'est-à-dire qu'avec le terme en plus "gros lardons", c'est vrai qu'on pense mécanifier
37:09 à quelque chose.
37:10 C'est pas que drôle.
37:11 Mais si vous voulez, je pense qu'il faut quand même prendre la mesure de la menace.
37:15 La menace aujourd'hui, elle n'est pas d'extrême droite, mais c'est commode pour une certaine
37:19 gauche, parce que là on est sortis d'une semaine de découverte de l'horreur de Crépole,
37:24 du caractère raciste, de tous ces jeunes de Montluc qui sont arrivés dans une telle
37:28 sauvagerie pour planter des gens au hasard pour en tuer.
37:31 Et là c'est très pratique pour oublier ce mouvement aubertonien, du nom de Laurent
37:36 St-Aubert, qui avait bien signalé il y a des années avant cet état d'ensauvagement
37:40 et qui s'était fait taper dessus dans la France Orange Mécanique.
37:42 C'est une manière pour eux justement d'allumer un contre-feu pour faire oublier le moment
37:47 horrible que nous traversons.
37:49 Alors Fergan, j'aimerais vous entendre là-dessus.
37:52 Vous pensez que ce relativisme finalement est une manière d'allumer un contre-feu,
38:00 de minorer ce qui s'est passé à Crépole ?
38:02 C'est vrai qu'il y a une tendance, alors moi je ne vais pas dire qu'il n'y a pas de
38:04 risque au niveau des groupuscules d'extrême droite, je veux dire le risque zéro n'existe
38:08 jamais nulle part et c'est vrai que ces mouvements-là existent malgré tout.
38:11 En revanche il est vrai que...
38:12 Oui, surtout qu'ils n'ont pas l'air très fins, ces groupuscules de la droite sur les
38:15 réseaux sociaux, c'est pas des prix Nobel.
38:19 Tout à fait.
38:20 Toutefois il est vrai que dans les médias il y a effectivement une tendance à euphémiser
38:24 aujourd'hui la réalité de la délinquance et ses véritables origines.
38:28 C'est-à-dire que nous sommes dans un pays qui a tendance aujourd'hui effectivement
38:33 à minimiser la délinquance issue de l'immigration en provenance de cultures arabes musulmanes
38:40 alors qu'en effet vous avez une large littérature en sciences sociales et des rapports officiels
38:44 qui montrent que cette population-là est malheureusement surreprésentée dans les
38:47 statistiques de la délinquance.
38:49 Alors juste expliquons ce que cela veut dire pour ne pas faire de confusion.
38:51 Cela ne veut pas dire que tous les Français évidemment d'origine arabe ou africaine sont
38:57 des délinquants avétérés ou sont destinés à embrasser une carrière de délinquant.
39:01 Cela veut dire simplement qu'il y a une anomalie statistique, qu'il y a une disproportion
39:04 entre le poids de ces populations dans la démographie française et leur implication
39:09 dans des activités indésirables.
39:11 Il est vrai que cette réalité, ce fait social, pour parler comme le sociologue Ibn Turkiyem,
39:15 a longtemps été euphémisé par les médias qui n'ont jamais été véritablement à l'aise
39:20 avec l'idée de nommer ce phénomène parfois en vertu de bonnes intentions mais parfois
39:25 aussi en vertu je crois d'une espèce de racisme latent qui consiste à postuler l'existence
39:31 d'une solidarité organique entre tous les immigrés, leurs descendants et les criminels
39:36 qui sont issus de leur rang et donc finalement à penser qu'on indisposerait les immigrés
39:43 et les descendants d'immigration en soulignant la présence hélas parmi eux de gens qui détestent
39:49 ce pays alors que vous avez beaucoup d'immigrés qui sont tout à fait en paix avec la France
39:53 et qui d'ailleurs n'ont pas quitté le bled pour retrouver dans l'hexagone des cas sociaux
39:57 qui sont tentés de fuir, d'éloigner de leurs enfants.
39:59 On est en train de créer un tabou qui est celui de l'examen je dirais des passionnés
40:03 comme vous le faites des causes de la délinquance et c'est dommage évidemment.
40:08 Alors je voudrais vous faire revenir tous les deux sur les déclarations de la maire
40:11 de Roman-sur-Isère Marie-Hélène Thoraval qui est d'ailleurs entre nous juste comptable
40:15 d'avoir donné quelques informations concernant les voyous qui peuplent la cité de la monnaie
40:20 et elle a annoncé vendredi avoir porté plainte pour avoir été visée par des menaces de
40:27 mort et de décapitation.
40:29 Est-ce que c'est normal que la maire-esse d'une ville de 30 000 habitants de Roman-sur-Isère
40:37 se retrouve comme ça menacée de décapitation ?
40:40 Évidemment non et encore une fois ça nous permet aussi de hiérarchiser les priorités
40:46 et elle l'a dit d'ailleurs moi j'ai écouté son interview dans les messages qu'elle recensait
40:51 de menaces de mort il y avait un moment le terme vous réécouterez l'interview "fachos"
40:57 donc ça c'est un peu signé si vous voulez c'est une insulte d'extrême gauche je ne
41:00 dis pas que c'est forcément un militant d'extrême gauche mais il me semble que ça
41:04 vient pas de l'extrême droite ce genre de menaces de décapitation voyez-vous et qu'est-ce
41:08 qu'on reproche à la maire ici ? Deux choses un de nommer le mal c'est-à-dire le quartier
41:13 de la monnaie qui est un quartier effectivement aujourd'hui à très large majorité d'immigration
41:18 et deuxièmement elle en a parlé ça n'a pas été retenu à ce stade le caractère
41:23 raciste du meurtre qui a été perpétré à Crépole effectivement le meurtre de Thomas
41:30 donc je pense que cette maire a beaucoup de courage qu'il faut évidemment il faut saluer
41:35 son courage elle parlait bien aux choses évidemment
41:38 - Que vous soyez d'accord ou pas pour l'instant la justice ne retient pas la motivation raciste
41:42 - Non mais je n'ai pas dit justice j'ai dit qu'on a écarté
41:45 - Non mais il n'y a pas neuf témoignages en papier argentinais qui font état de "on
41:48 est d'accord" - Pardonnez-moi en tant qu'avocat je trouve
41:50 ça très surprenant qu'on ait neuf témoignages qui évoquent le caractère raciste mais parce
41:57 que c'est du racisme anti-blanc donc celui-là il ne faut pas en parler du meurtre de Thomas
42:01 et qu'il n'y ait aucune retenue sur ce terme et pire qu'il n'y ait même pas de communication
42:07 du parquet sur le sujet je trouve ça mais c'est très malaisant c'est vraiment très
42:12 malaisant - Alors je voudrais je vous promettais il y
42:15 a quelques minutes de s'interroger un peu sur la manière dont les médias rendent compte
42:19 de ce que la France vient de traverser et notamment de l'assassinat de Thomas enfin
42:24 en tout cas du meurtre de Thomas je voudrais vous faire écouter un extrait de l'émission
42:28 28 minutes sur Arte où on a pu entendre Isabelle Véron-Masson directrice de recherche au CNRS
42:35 écouter la manière dont elle parle du meurtre de Thomas
42:39 - La ressemblance entre ce fait divers et Romain et Juliette c'est à dire que c'est
42:43 une rixe avec deux femmes - On met Juliette des Montagu et des Capulets
42:46 - Les Montagu et les Capulets on est dans Shakespeare c'est à dire c'est un bal dans
42:49 lequel une famille qui déteste l'autre famille va chercher des filles d'ailleurs il y a l'idée
42:53 qu'il y a parce que maintenant on sait qu'il y avait cette démarche là ils se détestent
42:57 ils se cachent et puis finalement ça devait être au départ un petit truc sympa un peu
43:01 provocateur mais sans plus et ça devient quelque chose de gravissime et il y a des
43:04 combats et bien évidemment on tire l'épée parce qu'on tire toujours l'épée et on tire
43:08 l'épée alors là c'est les couteaux maintenant mais les couteaux existent depuis là aussi
43:15 depuis que les couteaux existent j'imagine c'est au moyen âge d'aujourd'hui oui il
43:17 y a là une configuration et quand même bien évidemment la différence entre les Montagu
43:23 et les Capulets et ce qui s'est passé aujourd'hui c'est d'abord qu'il s'agit d'un enfant
43:27 ça vous ne l'avez pas dit mais il a 16 ans très important il a 16 ans et le fait divers
43:31 qui touche les enfants est toujours un fait divers d'un autre différent c'était vrai
43:34 au 19ème siècle c'est toujours vrai maintenant et en plus il y a une montée en généralisation
43:39 de par le fait que effectivement l'extrême droite va se servir de ce l'univers banal
43:44 dans un contexte politique.
43:46 Alors Fergan Azziari vous avez eu aussi une prise je dirais de position assez ferme contre
43:54 Patrick Cohen qui est un éditorialiste de France 5 vous lui avez rappelé quelques fondements
43:58 du journalisme comment vous réagissez quand vous entendez cette dame parler ainsi du meurtre
44:07 de Thomas ?
44:08 Oui cette désinvolture elle est symptomatique en effet du malaise en réalité de certaines
44:11 élites à la fois médiatiques et universitaires face aux faits sociaux que nous avons devant
44:15 nous effectivement cette tendance à parler de manière désinvolte du fait que des jeunes
44:20 se ramènent avec des coups de couteau, leur casier judiciaire qui n'est pas rappelé,
44:23 l'origine géographique de ces personnes là et là encore le fait est que ces affaires
44:28 là ne prendraient pas la tournure politique qu'elles prennent aujourd'hui si elles ne
44:32 s'inscrivaient pas dans encore une fois ces phénomènes collectifs extraordinaires que
44:36 la statistique peut recenser à savoir la surreprésentation de certaines catégories
44:39 de population dans ces chiffres là de la délinquance.
44:42 Il est vrai en effet que au lieu de discuter et de regarder ce phénomène en face et d'essayer
44:50 de l'interpréter alors certains iront sur le terrain économique d'autres sur le terrain
44:53 anthropologique d'autres sur le terrain religieux ce sont des débats qui sont assez intéressants
44:56 mais avant de discerner sur les causes du phénomène encore faut-il le voir encore
45:00 faut-il l'observer et manifestement là beaucoup de gens ne veulent pas le regarder en face.
45:04 Roméo et Juliette Pierre Gentier j'avais l'impression de vous sentir bouillir intérieurement.
45:08 C'est-à-dire que oui enfin Roméo et Juliette je...
45:11 Franchement les bras m'en sont tombés quand j'ai regardé cette séquence et vous avez
45:15 passé effectivement ici l'extrait ce qu'il faudrait dire à cette dame qui est chercheuse
45:18 au CNRS c'est ça ? C'est très très bien qu'elle lise Roméo et Juliette c'est très
45:22 très bien Shakespeare c'est très bien mais quand elle dit qu'ils ont tiré les couteaux
45:26 il faudrait peut-être lui expliquer que des couteaux il n'y en avait que du côté des
45:31 agresseurs pas du côté des victimes donc c'est pas une rixte comme on a voulu d'ailleurs
45:36 le faire croire au départ dans une certaine presse donc là c'est de la bêtise à l'état
45:41 pur c'est pas seulement de la bêtise c'est aussi c'est vraiment une volonté de...
45:45 Enfin c'est vraiment du déni c'est vraiment du déni du réel c'est du déni des agresseurs
45:49 et d'ailleurs à la fin de son intervention elle dit il faut faire attention à ne pas
45:52 faire monter l'extrait droite.
45:53 J'ai envie de vous dire tout est signé le vrai problème le vrai problème je vais
45:55 vous dire c'est qu'elle a le droit de dire des bêtises elle a le droit de dire des âneries
45:58 c'est pas Patrick Cohen c'est pas la présentatrice c'est pas une journaliste c'est une invitée
46:02 le vrai problème c'est qu'il n'y ait pas une...
46:04 Enfin quelqu'un qui est immédiatement bondi une contradiction et même du présentateur
46:09 et même du présentateur pardon du présentateur lui-même en disant attention c'est indécent
46:12 là on excusez-moi mais on tue une deuxième fois moi je me mets à la place des parents
46:15 de Thomas.
46:16 Oui ils doivent s'arracher les cheveux là.
46:17 C'est insupportable d'entendre ça.
46:19 Je vous remercie tous les deux d'avoir été avec nous je remercie Jean-Marie aussi toujours.
46:24 Merci de quoi ? Vous pouvez retrouver l'émission sur les réseaux sociaux et notamment la
46:28 chaîne YouTube de SUL Radio ainsi que sur Factuel vous pourrez retrouver l'article l'excellent
46:34 article de Victor Lefebvre de cette première partie mais tout de suite c'est On parle
46:38 auto.
46:39 Exactement On parle auto Jean-Luc Moreau, Laurence Perrault juste après les informations
46:42 de 11h jusqu'à 13h 0826 300 300 vous êtes en voiture et bien arrêtez-vous vous n'avez
46:47 pas le droit de téléphoner au volant mais vous avez un problème avec votre voiture
46:50 on est là pour vous répondre.

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