• il y a 10 mois
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##L_HEURE_LIBRE-2024-02-24##

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News
Transcription
00:00 Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
00:04 Bonjour à tous, bienvenue dans l'heure libre, une heure de décryptage de l'actualité avec la rédaction de Factuel.Média.
00:11 Une heure en compagnie de Jean-Marie Bordry, aussi bonjour Jean-Marie.
00:15 Bonjour Stéphane.
00:16 Avec nous également Victor Lefèvre.
00:18 Bonjour Stéphane.
00:19 Bonjour Victor, vous êtes enquêteur à Factuel.Média et on est ravi d'accueillir le responsable du puissant syndicat des commissaires de police, Frédéric Clause.
00:27 Bonjour Frédéric Clause.
00:28 Bonjour.
00:29 Vous êtes ce qu'on appelle un grand flic, contrôleur général de la police nationale, vous avez été un monsieur sécurité très écouté,
00:36 vous avez dirigé des départements difficiles comme le Val d'Oise où vous avez réussi l'exploit d'y faire reculer Crimes et Délits,
00:43 vous avez aussi dirigé le commissariat central de Nice et vous avez des idées pour faire avancer la question de la sécurité à un moment où effectivement tout le monde
00:52 semble devoir être remis à plat, tous deux semblent devoir être remis à plat, excusez-moi.
00:57 On va parler des nouvelles délinquances et des sécurités ensemble dans quelques instants mais on va parler également de Mayotte,
01:03 un nouveau préfet vient d'être nommé au moment où l'île est en train de dériver dangereusement.
01:08 Mansour Kamardine député de Mayotte sera avec nous pour en parler dans quelques instants.
01:12 Mais tout de suite Frédéric Clause si vous me permettez, parlons des nouvelles formes de délinquances pour commencer.
01:18 Cette semaine factuelle est revenue sur les agressions aux personnes âgées, une octogénaire qui a été violée après une tentative de cambriolage près de Marseille samedi dernier.
01:27 Les faits divers concernant des violences sur des personnes âgées semblent se multiplier.
01:31 Victor Lefebvre ces derniers mois.
01:34 Oui il y a eu plusieurs cas très médiatiques, on peut en citer plusieurs, effectivement vous l'avez dit le 17 février c'était dans une petite commune qui s'appelle La Pen
01:41 sur Huvonne à côté de Marseille dans les Bouches du Rhône, une femme de 82 ans qui regardait la télévision,
01:45 qui était victime d'une tentative de cambriolage et qui a été violée par un homme de 35 ans.
01:50 L'enquête a révélé qu'il était sous OQTF donc obligation de quitter le territoire français.
01:54 Alors est-ce que c'est vraiment nouveau Frédéric Clause, ces agressions et ces viols qui les accompagnent, des viols d'octogénaire c'est quand même d'une assez rare barbarie.
02:05 Sans dit long sur une forme de délitement moral, de délitement de l'autorité, nouveau non, mais le fait que ça se multiplie, que ça se banalise, ça c'est un phénomène qui est un phénomène inquiétant.
02:19 Alors il y a également ce que l'on appelle les "home jacking", qu'est-ce que c'est que les "home jacking" on en parle de plus en plus, on a l'impression de découvrir quelque chose aussi de très nouveau.
02:29 Non, effectivement c'est un cas qui se propage de plus en plus, qui n'est pas nouveau en tant que tel, mais qui n'est pas encore tout à fait défini pénalement puisqu'il ne se distingue pas du cambriolage, c'est de la violence avec arme.
02:39 Et en fait le "home jacking" tout simplement c'est un cambriolage avec les personnes à domicile qui sont parfois ligotées, parfois torturées, ça va parfois très loin.
02:47 Effectivement il y a eu différents cas médiatiques, il y a plusieurs footballeurs qui ont été victimes de "home jacking".
02:51 Oui, parmi les personnalités séquestrées, cambriolées, on retrouve les chefs Cyril Lignac, Jean-François Piège, la chanteuse Vita, le gardien de but du PSG Alexandre Letelier et il y a même Kirme Kardashian il y a quelques temps.
03:02 Oui, et donc il y en a 482 qui ont été enregistrées en 2022, donc les chiffres sont relativement stables et c'est surtout la région parisienne, l'agglomération parisienne qui concentre l'essentiel des cas, 337.
03:13 Ce qui est intéressant c'est que les méthodes se différencient et se professionnalisent d'une certaine manière.
03:18 Le "home jacking", le nom est nouveau, est-ce que c'est vraiment nouveau ça aussi ou est-ce que c'est simplement l'explosion avec des personnalités médiatiques qui fait qu'on en parle aujourd'hui plus qu'avant ?
03:29 Ce n'est pas nouveau, vous l'avez dit, j'ai été commissaire central de Nice il y a à peu près maintenant 20-25 ans, on avait déjà des "home jacking".
03:39 Aujourd'hui on a des personnalités qui ont une visibilité, notamment avec les réseaux sociaux qui sont plus facilement identifiables, donc la délinquance s'adapte tout simplement à la réalité.
03:55 Aujourd'hui on va chercher de l'argent chez des particuliers parce qu'il est plus difficile d'aller braquer une banque qu'il y a 20 ou 30 ans, ça fait partie malheureusement de cette adaptation de la délinquance qui est de plus en plus violente.
04:10 Par contre ce n'est pas nouveau, ça a toujours existé.
04:13 Ce n'était pas ce qu'on appelait autrefois le "saucissonnage" ?
04:16 Oui ça y ressemble.
04:18 Plus préoccupant encore ce sont les agressions à l'arme blanche, je voudrais qu'on parle de cela, je voudrais qu'on parle aussi du trafic d'estupéfiants qui explose.
04:26 Mais ces agressions à l'arme blanche, ça c'est une forme d'agression qui revient très souvent actuellement, qui fait peur Victor Lefebvre.
04:32 Vous avez consacré plusieurs articles sur le sujet, on a retrouvé ce mode opératoire pour des agressions crapuleuses bien sûr, mais aussi pour des attentats islamistes.
04:40 On se souvient du professeur Dominique Bernard qui a été assassiné à Arras, également de Samuel Paty.
04:45 Mais encore récemment à la gare de Lyon ont été agressés des passants au couteau et au marteau, ou bien encore sur le pont de Biraken où un touriste allemand a été tué.
04:55 Oui effectivement, mais c'est difficile de quantifier le nombre de chiffres.
04:57 On estime qu'il y en a à peu près 120 en moyenne d'attaques à l'arme blanche chaque jour en France.
05:01 Chaque jour 120 d'agressions.
05:02 C'est le chiffre qui circule, mais il n'est pas tout à fait actualisé puisque vous savez que...
05:05 On va demander aux professionnels qu'est Frédéric Thauvin.
05:07 Il a changé maintenant, on a moins d'outils statistiques fiables justement pour quantifier cette...
05:11 Dites-nous Frédéric.
05:13 Effectivement c'est difficile parce qu'il y a plusieurs portes d'entrée en matière de statistiques.
05:20 Je ne crois pas que le plus important soit de rentrer dans le détail des statistiques, mais sur le temps long et en général, oui, on a une multiplication.
05:29 D'abord on a une explosion des coups et blessures volontaires.
05:32 Donc il n'y a rien à dire, c'est malheureusement un gros problème.
05:38 C'est 63% depuis 2017.
05:40 Voilà, 63%, ça fait à peu près 1000 agressions par jour.
05:44 Et une banalisation également dans l'utilisation des armes blanches, en particulier des couteaux, pinels, etc.
05:54 Ça fait partie des choses que l'on déplore et surtout c'est plus simplement dans les cités.
06:00 On le voit, c'est de partout, c'est dans les centres-villes, c'est dans les petites villes, c'est dans le monde rural.
06:06 C'est plutôt ça qui est inquiétant.
06:09 Et le fait que ces voyous, ces personnes, de façon complètement désinhibée le font, parce que malheureusement il y a un sentiment parfois d'impunité.
06:21 Et puis la violence, ce qu'on a appelé parfois l'ensauvagement, est une réalité puisque de plus en plus de gens ont recours à la violence
06:31 pour régler un conflit, pour s'approprier quelque chose.
06:34 La violence gratuite ou de la violence qui en vue de simplement de dépouiller quelqu'un.
06:41 C'est un vrai sujet.
06:43 C'est un vrai sujet, un sujet auquel d'ailleurs le service public en général s'adapte.
06:47 Par exemple, on en a parlé cette semaine dans le Grand Matin Sud Radio de Benjamin Gleize.
06:53 Les pompiers de Leraux vont être équipés de gilets par lame pour se rendre sur le terrain.
06:58 On en est là.
06:59 Parce que c'est plus sûr de venir équipé de gilets par lame.
07:02 Donc c'est comme un gilet par balle mais pour les couteaux.
07:04 D'accord. Il y a aussi autre chose dont vous êtes témoin, Frédéric Clos.
07:08 C'est l'explosion du trafic de stupéfiants.
07:12 On ne s'en rend pas nécessairement compte mais régulièrement à la surface de l'actualité
07:18 remontent des affaires de règlement de compte, des échanges à la Kalachnikov, rien moins que ça.
07:25 Et en fait, vous me disiez hors antenne qu'il y avait véritablement aujourd'hui
07:29 des cartels en France qui se constituent.
07:31 On n'est plus très loin de la série Narcos quelque part.
07:35 Effectivement, il faut, je pense, prendre conscience qu'on a changé d'époque
07:41 et il faut prendre un logiciel complètement différent.
07:47 Le trafic de stupéfiants aujourd'hui, qui est dopé à la fois par la mondialisation,
07:52 le fait qu'on n'a plus vraiment de frontières, en tout cas nationales,
07:56 et que ces frontières sont poreuses, le fait que le produit, l'offre de stupéfiants explose,
08:02 soit en général le hashish ou la cocaïne, les drogues de synthèse qui sont les plus utilisées en France.
08:10 Aujourd'hui, on a la constitution de cartels avec des ramifications, des surclures sales,
08:15 une organisation qui sont en train de cranter leur organisation.
08:20 Ça n'a plus rien à voir avec le banditisme qu'on avait dans les années 60-70,
08:24 la French Connection, avec des règlements de compte qui étaient, je n'ose pas dire le mot propre.
08:29 Aujourd'hui, on a effectivement dans les cités, par exemple à Marseille,
08:32 où on a eu 60 et quelques homicides en 2023, des gens parfois recrutés sur petites annonces,
08:39 des mineurs non accompagnés ou autres, qui viennent à qui on confine Kalachnikov,
08:44 qui vont rafaler quelqu'un pour commettre un règlement de compte.
08:49 Ça veut dire que ce ne sont plus des délinquants ou des gangsters chevronnés
08:52 qui commettent ce genre de règlement de compte ?
08:54 Alors, ce ne sont plus les petites mains des gangsters chevronnés qui commettent ces règlements de compte,
08:59 mais derrière, on a des organisations criminelles qui se constituent, qui sont puissantes,
09:04 qui ont leur siège, c'est la différence par rapport à il y a 30 ans, entre guillemets, à l'étranger,
09:11 qui se servent de l'horizontalité des réseaux sociaux, des messageries cryptées,
09:15 et en même temps, les enjeux sont colossaux.
09:18 Par exemple, des points de deal à Marseille, sur une cité comme la Paternelle,
09:23 ou la cité de Castellane, la cité de Zinedine Zidane,
09:29 ce sont des points de deal où, à un moment donné, on avait calculé que ça générait entre 50 et 80 000 euros par jour.
09:38 Quand ça génère des sommes pareilles, vous multipliez ça pour avoir le chiffre d'affaires de ces points de deal sur une ville comme Marseille,
09:46 c'est une puissance financière, une puissance corruptive qui devient très problématique,
09:52 qui va concurrencer l'État, qui a le monopole de la violence.
09:56 On a des chefs de ces cartels qui continuent leur trafic, parfois depuis la prison,
10:02 à Dubaï, en Thaïlande, mais également au Maroc, en Algérie.
10:06 Une de grosses difficultés sur la coopération policière et la coopération judiciaire pour traquer ce trafic.
10:15 Et l'enjeu est là, et le risque également de corruption, parce qu'avec ces sommes-là...
10:20 On va y revenir dans un instant. La situation d'insécurité à Paris peut-elle être problématique aussi durant les JO ?
10:26 On en parle dans un instant avec notre invité. A tout de suite sur Sud Radio.
10:29 Sud Radio, l'heure libre, 10h-11h.
10:33 De retour dans l'heure libre, une heure pour décrypter l'actualité des faits de société.
10:37 Nous sommes toujours avec Jean-Marie Bordry, avec nous également Victor Lefebvre, journaliste à Factuel Média.
10:42 Et notre invité est Frédéric Lose, contrôleur général de la police nationale, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale.
10:49 Vous aurez compris que nous parlons sécurité ce matin sur notre antenne.
10:53 Alors, on parlait à l'instant de l'explosion du trafic de stupéfiants à Marseille, notamment, mais pas seulement.
11:00 Et on peut parler d'organisations aujourd'hui très puissantes et mafieuses. Vous aviez une question à poser, Jean-Marie ?
11:05 Justement, une de ces organisations qui livre cette guerre des gangs à Marseille, s'appelle, se fait appeler plutôt la DZ mafia.
11:11 DZ pour Algérie, pour le coup, et mafia parce que mafia.
11:14 Est-ce qu'on est dans un phénomène, monsieur Lose, de type mafieux, comme ce qu'on entendait ou ce qu'on découvrait en Sicile dans les années 80, ou alors même en Campanie en ce moment ?
11:26 C'est un phénomène assez hybride, c'est différent.
11:29 Le phénomène type mafia en Italie, qui est né dans le sud de l'Italie, à une époque de paupérisation, où l'État était faiblement implanté, avec des traditions un petit peu tribales et de groupe.
11:42 Unité nationale tardive.
11:44 Voilà, unité nationale tardive, ça c'est lié à l'histoire vers la centralisation d'Italie.
11:48 Mais les mafias se sont ancrés dans des régions particulières avec des solidarités familiales, tribales, etc.
11:55 Alors là, c'est différent.
11:57 On a des mafias qui se, des petites mafias qui se constituent sur la base de solidarité communautaire, avec des gens issus parfois de, très souvent, d'immigration, du Maghreb,
12:09 qui sont à l'abri derrière les cités, même si eux, leur train de vie ne correspond pas à celui des cités.
12:16 Mais ils sont à l'abri derrière les cités, ils prennent en otage la population, qui va servir parfois de nourrice, de guetteur à son corps défendant, ou en étant plus ou moins complice.
12:28 Et ces populations-là font tout pour entraver l'action de la police, de la police nationale.
12:35 Petit à petit, renvoient de l'argent au pays, ce qui fait que les enquêtes sont de plus en plus difficiles.
12:42 Alors qu'avant, quand on avait les phénomènes de type mafias ou de criminalité organisée en France, malgré tout, pour l'essentiel, on avait un point de repère qui était la France, la Corse.
12:54 Aujourd'hui, malheureusement, c'est un phénomène qui est hybride et qui s'est complètement inscrit dans la mondialisation.
13:03 Et c'est donc très difficile à combattre, à entraver.
13:08 Alors, on parle aujourd'hui de sécurité. Nous sommes à près de 150 jours des JO maintenant.
13:13 Donc la situation, évidemment, n'est pas très brillante à Paris.
13:17 Je rappelle quand même qu'une usagère du métro parisien a encore été agressée il y a quelques jours.
13:21 Tous les jours, d'ailleurs, tous les jours, des agressions ont lieu dans les transports. Je dis bien tous les jours.
13:26 Quelles sont les consignes, les plans d'action qui ont été évoqués avec la police, je dirais, en état-major ?
13:34 Alors, je n'ai pas moi le détail à ce stade. Et puis, on est encore à sept mois avant les JO de toutes les consignes.
13:41 Mais la première des choses qu'il faut savoir, c'est que la police nationale, évidemment, est très engagée, ne reste pas les bras ballants.
13:51 Il y a beaucoup de choses, beaucoup d'interpellations qui se font, beaucoup d'opérations.
13:56 Je pense aux opérations Place Net, il y a une occupation du terrain, il y a des enquêtes judiciaires,
14:01 il y a du renseignement criminel qui se met en place, alors que ce soit à l'occasion des JO ou en dehors des JO.
14:09 Mais surtout, évidemment, on a cet événement qui est très important.
14:13 La police nationale sera au rendez-vous, en particulier la préfecture de police, avec des policiers qui sont très engagés,
14:21 un préfet de police qui connaît particulièrement bien Laurent Dunez, les questions de sécurité.
14:25 Et nous avons une expertise en matière de gestion des grands événements.
14:28 Maintenant, on ne peut pas nier qu'on s'est mis en risque avec une cérémonie d'ouverture qui fait qu'on n'est pas la Suisse, on n'est pas un pays...
14:38 - On rappelle qu'elle doit avoir lieu sur la Seine. Et quoi ? On y attend 150 000 personnes sur la berge de Seine.
14:43 Au début, c'était 300 000. - Oui, on n'est pas la Suisse, on n'est pas la Norvège.
14:46 Donc on a pris un gros risque. Et il est regrettable et préjudiciable, certainement, qu'on n'ait pas pris en compte la question sécuritaire
14:54 et le fait qu'en termes d'ordre public, la situation s'est dégradée en France.
14:59 Elle s'est dégradée parce qu'on est menacé par une délinquance qui est désinhibée,
15:04 qu'on est menacé par un terrorisme qui veut mettre à bas notre modèle de société, la liberté de conscience, le terrorisme islamiste, pour ne pas le citer.
15:14 Donc effectivement, il y a un grand risque. Alors après, des mesures vont être prises, des mesures de police administrative, d'interdiction des périmètres...
15:24 - Oui, on entend dire ça beaucoup. On va tout faire pour limiter la circulation. Les transports seront d'ailleurs beaucoup plus chers.
15:31 Certains quartiers vont être carrément bouclés. Néanmoins, est-ce que c'est pas un peu illusoire de penser que ça pourrait suffire ?
15:38 - La sécurité zéro, le... Pardon, le... - La délinquance zéro, oui.
15:45 - La délinquance zéro, c'est pas un lapsus, la délinquance zéro n'existe pas. On n'est pas à Pyongyang, en Corée du Nord.
15:52 Donc forcément, ça n'existe pas. Tout va être mis. Au fur et à mesure qu'on va avancer, vous allez avoir d'abord beaucoup de monde.
16:02 Il faut qu'il y ait de la visibilité, du bleu, beaucoup de renseignements, des moyens, hélicoptères, drones, etc.
16:08 Des enquêtes qui vont être menées. Le service de renseignement, son rôle, c'est l'anticipation, la détection des signaux faibles.
16:15 Et nos services de renseignement ont commencé, puisque va converger des millions de personnes.
16:21 Et puis, on va avoir une fenêtre d'opportunité pour à la fois les voleurs, la petite délinquance, à la fois peut-être les terroristes.
16:30 Mais les policiers seront au rendez-vous. - Oui, j'entends bien. Mais je ne doute pas de leur motivation. Ne le croyez pas un instant.
16:37 Mais par exemple, on voit, on parlait des travaux d'anticipation qui sont faits actuellement.
16:44 On entend dire que, par exemple, dans le 18e arrondissement, il y a un problème avec une grande majorité d'Afghans qui sont en situation irrégulière,
16:54 et fixés dans le 18e arrondissement. Et donc, on commence à faire des opérations coup de filet.
16:58 C'est comme ça que ça va s'organiser pour être très concret pour nos auditeurs ?
17:03 - Ça peut être comme ça. Ça ne va pas viser des individus d'une nationalité en particulier.
17:09 Mais il y a la volonté d'avoir tolérance zéro. C'est à peu près ça. - C'est à peu près ça. Tolérance zéro.
17:18 - On parle d'opérations place nette, tolérance zéro. Mais j'allais dire que tolérance zéro, ce qui serait bien, c'est que ce soit toute l'année.
17:27 - C'est ce que j'allais vous dire, figurez-vous. - À l'occasion des Jeux Olympiques, c'est une très bonne chose.
17:31 Personne ne peut douter de la détermination des pouvoirs publics et de l'engagement du grand professionnalisme des policiers.
17:38 Mais évidemment, ça veut aussi dire que c'est toute l'année qu'il le faut. Tout simplement parce que la sécurité,
17:44 ce n'est pas simplement un mantra et un objectif en soi. On n'est pas des obsédés de la sécurité.
17:50 Mais c'est le prérequis et la condition pour vivre librement, pour l'attractivité économique, pour la qualité de vie, pour l'exercice des libertés.
17:58 - Sans sécurité, pas de commerce, pas de culture, pas d'éducation. - Aujourd'hui, le compte n'y est pas.
18:03 Mais si les Jeux Olympiques peuvent être l'occasion d'une prise de conscience pour dire qu'il faut changer de logiciel et bouger les curseurs
18:10 de façon à retrouver quelque chose de sécure pour l'ensemble des Français, parce que ça ne devrait même pas être un débat binaire, droite, gauche,
18:19 il devrait y avoir un consensus sur ces matières. - Bien sûr. - Il faut dire qu'on avait une forte expérience d'accueil de grandes compétitions sportives internationales.
18:28 Il y en a quand même une qui s'était mal passée, même si elle était ponctuelle. C'était il y a deux ans, la finale de la Ligue des Champions
18:33 entre Liverpool et le Real de Madrid au Stade de France. Un certain nombre de supporters anglais n'ont même pas pu rentrer dans le stade.
18:39 Ils ont été accusés d'avoir causé les débardements par le ministre de l'Intérieur, alors même qu'on a appris après qu'ils étaient souvent agressés,
18:45 raquettés à l'entrée du stade par des jeunes qui venaient des quartiers alentours. Est-ce qu'on a tiré les leçons de ce fiasco de la finale de la Ligue des Champions ?
18:54 - Oui. La police nationale a une pratique qui est de plus en plus ancrée dans son quotidien, c'est le débriefing au niveau national, au niveau local.
19:05 On tire des enseignements stratégiques, tactiques, opérationnels, au niveau des moyens. C'est un métier qui est extrêmement vivant,
19:13 parce que, vous l'avez dit au départ de l'émission, la délinquance bouge sans arrêt. Elle bouge, elle est protéiforme, et la police doit s'adapter avec les moyens qu'elle a.
19:26 Et bien évidemment, ce qui compte, ce n'est pas que les moyens en hommes, en voiture, en armement. À un moment donné, également, se posera les moyens,
19:34 déplacer les curseurs sous les moyens juridiques. - Vous avez ces moyens pour éviter que ça s'en reproduise aujourd'hui ou pas ?
19:40 - Alors, aujourd'hui, on est à 7 mois des Jeux, donc il y a encore pas mal de choses qui peuvent se passer. On a les moyens, parce qu'on a un certain nombre de dispositifs législatifs
19:52 qui nous permettent de prendre des mesures particulières, exorbitantes du droit commun pour un événement de cette ampleur. La vraie question, moi, je suis plutôt confiant
20:06 pour les Jeux, parce que je veux dire, au fur et à mesure qu'on va approcher des buts, la préfecture de police, l'ensemble des policiers, non seulement mettra le paquet,
20:17 mais saura faire. Et on a déjà très bien géré la Coupe du monde de rugby, on a géré des sommets internationaux, on va faire. Après, ce qui va compter, c'est plutôt le...
20:28 - Et le jour d'après, est-ce qu'on garde ces mêmes dispositifs ? Pas liberticides, mais... - Est-ce que le carreau se retransforme ?
20:36 - Est-ce qu'on en profite pour dire "la sécurité, c'est tout le temps, tous les jours", sans mettre en place des mesures liberticides ?
20:45 Mais par contre, et là, c'est à portée de main, il faut le faire. - Il faut le faire, on l'espère. Dans un instant, on va s'interroger sur les réformes souhaitables,
20:54 sur les idées que vous pouvez avoir au syndicat national des commissaires, pour améliorer à la fois la réponse policière, mais aussi la réponse pénale.
21:03 Bref, pour améliorer votre sécurité. A tout de suite sur Sud Radio.
21:07 De retour dans l'heure libre, une heure d'analyse, de décryptage des affaires qui font l'actualité. Avec nous, Jean-Marie Bordry, Victor Lefebvre, journaliste à Factuel Média,
21:20 et notre invité, Frédéric Clos, contrôleur général de la police nationale, et patron du syndicat des commissaires de la police nationale.
21:27 On parle sécurité ce matin. A l'instant, hors antenne, vous disiez, Jean-Marie, que puisqu'on parle des JO, il y a un phénomène aussi préoccupant,
21:35 ce sont les "cardiaquings", c'est-à-dire les voitures qui sont interceptées dans le tunnel de Roissy.
21:40 - L'attaque de la diligence, sauf que c'est dans votre voiture, quand vous revenez de Roissy et que vous allez à Paris, ça se multiplie,
21:45 ce sont des faits divers qui se multiplient, y compris dans un certain tunnel sur l'autoroute.
21:49 Et un syndicat de police, cette semaine, qui était interrogé sur le sujet, disait qu'effectivement, le phénomène était en régression,
21:55 mais que malheureusement, la police n'avait pas les moyens de mettre 50 agents en permanence dans ce tunnel pour empêcher que ça se produise.
22:01 Est-ce qu'on a les moyens d'empêcher ces attaques ?
22:03 - On a les moyens de les empêcher parce qu'il y a des dispositifs techniques, qu'on a...
22:08 - Approchez-vous, je vais te micro.
22:10 - ...des mesures de sécurisation, il y a des mesures de sécurisation, et parce que ce tunnel va être davantage surveillé à l'occasion des Jeux Olympiques,
22:20 c'est la sécurité, et puis il y va d'images de la France, ce sont des touristes qui arrivent et qui, effectivement, se font parfois dépouiller,
22:30 donc je pense qu'on va resserrer les boulons là-dessus.
22:34 Plus globalement, je pense que la solution ne concerne pas que la police, il faut raisonner globalement sur le continuum judiciaire,
22:44 c'est-à-dire faire converger les politiques de sécurité et les politiques pénales.
22:48 La base, c'est la dissuasion. La dissuasion, ça veut dire la visibilité qui empêche le voyou de passer à l'acte, qui le dissuade de passer à l'acte,
22:59 c'est réduire la rentabilité du crime, également, et la dissuasion, ça passe aussi par la certitude et la célérité de la peine.
23:09 Et là, on ne peut pas penser solution policière dans le couloir de nage de la police, la justice dans son couloir de nage,
23:18 il va falloir, à un moment donné, en respectant le principe d'indépendance de la justice, aller davantage vers de la convergence entre ces deux ministères,
23:26 ce qui n'est pas le cas, et c'est comme ça qu'on arrivera à faire reculer la délinquance et à portée de main, dissuasion,
23:33 et puis on a deux parents pauvres qui sont l'exécution des peines et l'application des peines, là ça dépend de la justice,
23:39 et ça a un rôle, ça a un impact énorme sur le travail de la police.
23:44 On parle souvent de déficit d'autorité, justement, est-ce que le problème numéro un, finalement, en France,
23:49 c'est pas que les délinquants n'ont plus peur ni des policiers, ni des juges, et plus peur de la prison, pourrait-on rajouter ?
23:56 C'est tout à fait vrai. Alors, derrière ces mots qu'on ne va pas répéter comme des poncifs ou des mantras, ça veut dire quoi ?
24:06 Ça veut dire que sur l'exécution des peines, on a presque, en termes de flux en permanence, 100 000 peines qui ne sont pas exécutées.
24:14 Donc c'est un déni de justice pour les victimes, c'est un déni...
24:19 Vous avez dit 100 000 peines.
24:20 Oui, voilà, déni pour le travail des policiers et des magistrats qui ont fait leur travail,
24:24 et en même temps on va enhardir et encourager ces délinquants qui vont dire "mais après tout..."
24:28 Quand on dit qu'elles ne sont pas exécutées, ça veut dire quoi ?
24:30 Ça veut dire qu'on les transforme en peines aménagées, ou alors ça veut dire simplement que la peine ne tombe pas ?
24:35 C'est les deux. Ou on les transforme en peines aménagées, ou on ne peut pas les exécuter parce qu'en réalité on n'a pas assez de places de prison
24:42 parce que le parc carcéral est sous-dimensionné, et puis il y a toutes sortes de raisons, on ne retrouve pas l'adresse de la personne...
24:50 Et puis vous avez un problème, ça c'est l'exécution des peines.
24:53 Vous avez un sujet qui est un peu plus technique, ça s'appelle l'application des peines.
24:57 Quand au nom du peuple français vous êtes condamné par exemple à un an de prison ou à 9 mois de prison, ferme.
25:04 Vous dites au nom du peuple français "ah là cette fois il y a de la prison, ferme, pas avec sursis".
25:08 En réalité, 80% ou 90% le lendemain passent devant un juge d'application des peines et ne se retrouveront pas en prison.
25:15 Et là on a un système qui devient, un langage judiciaire, un système qui devient illisible.
25:21 Donc vous voulez qu'on supprime l'aménagement des peines ?
25:23 Je veux qu'on réforme pour ma part l'aménagement des peines, c'est-à-dire quand vous êtes condamné à de la prison avec sursis...
25:29 Que vous ayez la certitude de faire votre peine.
25:31 Voilà, si c'est avec sursis, c'est avec sursis, avec des injonctions, vous devez être suivi, vous avez une épée de Damoclès sur la tête, mais sursis c'est sursis.
25:39 Quand c'est de la prison ferme, vous partez et vous êtes incarcéré, y compris pour une courte peine.
25:44 Parce qu'il faut réfléchir en termes de mécanisme psychologique, de rationalité du délinquant.
25:51 Même le délinquant débile, il est rationnel.
25:53 S'il a l'assurance et la certitude d'aller en prison, d'abord on arrête son parcours criminel, au bénéfice de la société,
26:00 et deuxièmement, le système redevient crédible.
26:03 Mais si on lui dit "vous êtes condamné à de la prison ferme, et que c'est aménagé et qu'il ne va pas en prison",
26:08 mais le système perd complètement sa crédibilité.
26:11 On aurait intérêt à développer l'application des peines davantage en prison, pour ceux qui indemnisent leurs victimes,
26:17 pour ceux qui travaillent, pour ceux qui s'amendent, alors le terme on n'ose plus, il a une connotation morale, mais oui, bien sûr,
26:24 et puis ceux qui font des efforts de réinsertion, mais en tout cas, la certitude de la peine,
26:30 le fait qu'on aille de façon sûre en prison, est absolument indispensable pour établir la dissuasion.
26:36 Sur cette même antenne, on parlait de l'exemple aux Pays-Bas,
26:41 où depuis peu, les délinquants condamnés ont la certitude de faire une peine,
26:47 qui ne soit pas toujours d'ailleurs très lourde, mais en tout cas,
26:50 quand il y a un mois de prison ferme ou six mois de prison ferme, ils sont sûrs.
26:54 Et on a vu les chiffres baisser de façon spectaculaire.
26:59 Donc ce n'est pas idiot ce que vous dites.
27:01 Oui, c'est tous les boulons qu'il faut resserrer.
27:06 Quand il s'agit des mineurs qu'on ne peut pas les mettre en prison, mais qui a des conséquences,
27:10 il faut responsabiliser les parents. Responsabilité civile, responsabilité pénale,
27:14 quand il y a véritablement de grosses lacunes et de carences éducatives,
27:19 et puis responsabilité financière. Il faut se poser à chaque fois la question "qui paye ?"
27:23 Par exemple, on a eu les émeutes, personne ne vous donne le coût de la délinquance,
27:27 le coût des émeutes. C'est un vrai débat ça. Qui paye ?
27:30 On se dit "c'est les assurances". Vous avez aujourd'hui des communes
27:34 qui n'arrivent plus à se faire assurer. Ça c'est un beau sujet.
27:37 On en a parlé sur le Sud-Réduit.
27:38 Alors, qui paye ? On ne connaît pas le coût de la délinquance.
27:41 Moi je suis favorable à ce qu'on sorte chaque année le coût de la délinquance,
27:44 ça permettrait de responsabiliser tout le monde, responsabiliser les parents,
27:47 responsabilité pénale, responsabilité financière, ça c'est très important,
27:51 et surtout qu'on a un système cohérent. C'est-à-dire, sursis, je ne vais pas en prison,
27:56 mais j'ai une épée de Damoclès et je suis obligé de bien me comporter.
27:59 Prisons fermes, j'ai la certitude que dans le quart d'heure je vais en prison,
28:04 et en même temps je rajoute simplement une des solutions, c'est une stratégie globale
28:09 qui va de la prévention de la délinquance au travail de la police et de la gendarmerie
28:13 jusqu'à la réinsertion des délacants. C'est une stratégie qui manque.
28:17 Alors la réinsertion, vous parlez en début d'émission des dizaines de milliers d'euros
28:21 que faisait un seul point de deal à Marseille, 60 000 euros par jour.
28:24 Comment imaginez qu'un jeune trafiquant qui aura gagné des milliers d'euros par jour,
28:29 qui aura fait ensuite de la prison parce qu'il se sera fait prendre,
28:32 pourra accepter de se réinsérer en repartant, en recommençant sa vie au SMIC ?
28:36 Alors, je vais vous donner une réponse qui n'est pas une façon de "passing shop",
28:40 de passer à autre chose. Il ne faut pour moi pas raisonner sur un cas précis.
28:44 Sur le cas précis que vous dites, effectivement, le jeune va être tenté de...
28:47 Bon, maintenant il faut penser à une chose. 90% des délinquants, entre 13 et 25 ans.
28:54 25 ans, c'est d'ailleurs l'âge où se finit la maturation du cerveau au niveau neurologique.
28:59 Mais 90% des délinquants, d'ailleurs quelle que soit leur origine, sortent de la délinquance.
29:06 Ce sera intéressant d'avoir des études là-dessus. On n'a pas ces études, ce n'est pas documenté.
29:10 C'est documenté dans les pays anglo-saxons, ce n'est pas documenté.
29:13 Ça permettrait de mieux cibler les politiques de prévention des délinquants.
29:16 Quand je dis que c'est tous les boulons et pas un cas précis, il faut s'intéresser,
29:19 en termes de prévention, au décrochage scolaire, en termes de détection précoce,
29:24 aux enfants qui sont violents, les parents qui ne sont pas à la hauteur.
29:28 Donc c'est une forme d'aide à la parentalité, mais pas de type "bisounours" ou "ceux qui sont violents".
29:33 Il faut faire payer ce qu'ont fait les Américains à New York.
29:36 La politique qu'on a parfois caractérisée de "tolérance zéro", elle a donné d'excellents résultats.
29:41 Il faut que la police, également, soit davantage visible dans les quartiers.
29:44 La police de proximité, c'était une très bonne chose.
29:47 Nicolas Sarkozy l'a supprimée, on peut le rappeler.
29:50 C'était une erreur de l'avoir supprimée, une erreur stratégique.
29:53 Non seulement il aurait fallu la maintenir, il aurait simplement fallu la doter d'un volet répressif
30:02 avec une répression assurée et assumée.
30:05 Mais bien évidemment qu'on a besoin d'être présent avec des policiers fidélisés dans les quartiers,
30:09 qui connaissent la population, qui soient connus par eux,
30:11 qui établissent une relation à la fois de confiance et de dissuasion dans les quartiers.
30:16 - Alors il y a quelque chose de très rassurant dans vos explications, Frédéric Clouse,
30:21 c'est que vous nous dites que tout n'est pas qu'une question de moyens.
30:24 Parce qu'on entend souvent cette petite chanson "il faudrait que la police ait plus de moyens".
30:28 Moi à vous entendre, j'ai surtout l'impression qu'il faut aussi de la volonté.
30:33 Et que la volonté, alors là pour le coup, ça coûte pas cher.
30:35 - Bien sûr. Moi je pense que tout n'est pas qu'une question de moyens.
30:39 J'en suis même convaincu et persuadé à travers des expériences que j'ai pu voir se mener.
30:44 Je suis à mon 15ème poste.
30:46 Je pense que si on arrive à neutraliser les délinquants multiréitérans,
30:51 5% qui sont à l'origine de 50 à 60% selon les études criminologiques de la délinquance.
30:57 Et en particulier les mineurs, qui sont parfois les plus actifs.
31:01 Si on arrive à les neutraliser au niveau judiciaire par une politique de la prévention de la délinquance,
31:07 une politique de dissuasion ferme, une politique d'application des peines fermes,
31:12 et qui responsabilise tout le monde pénalement, financièrement, les auteurs, les délinquants.
31:17 Qu'est-ce qu'il va se passer ?
31:19 Il va se passer que vous allez neutraliser ces individus, il y aura moins d'actes criminels.
31:24 Vous aurez besoin de moins de police. La police pourra travailler plus en profondeur.
31:28 Ça s'appelle un cercle vertueux.
31:30 Et vous comme contribuable, un jour, vous pourrez consacrer moins de moyens matériels à la police nationale.
31:39 Tout simplement parce qu'on vivra plus librement. Mais c'est faisable.
31:42 Écoutez, c'est très rassurant. Je voudrais remercier Victor Lefebvre d'avoir été avec nous
31:47 et engagé chacun à aller y retrouver vos excellentes enquêtes sur factuel.média.
31:51 Frédéric Clos, vous restez avec nous parce que dans un instant, on va parler de Mayotte.
31:55 Vous savez, ce département français d'outre-mer où la situation ne cesse de s'envenimer.
32:00 Mayotte, une île hors de contrôle. A tout de suite sur Sud Radio.
32:03 De retour dans l'heure libre, l'émission qui décrypte l'actualité, les faits de société.
32:12 Avec nous toujours Jean-Marie Bordry.
32:14 Et nous a rejoint, nous ont rejoint, Alexandre Martinez de factuel.média
32:18 et Mansour Kamardine, député de Mayotte. Un des deux députés de Mayotte.
32:22 Alors, nous sommes ensemble parce que depuis des mois, des années même, pourrait-on dire,
32:27 la situation s'aggrave sur l'île de Mayotte, département d'outre-mer de la France,
32:32 situé parmi les Comores au large de l'Afrique et de Madagascar.
32:36 Au point que l'on peut dire aujourd'hui que la situation est presque en train de devenir hors de contrôle.
32:41 Alors Mansour Kamardine, heureux de vous recevoir.
32:44 Vous demandez, ni plus ni moins, avec votre collègue député Estelle Youssoupha,
32:49 l'application de l'état d'urgence à Mayotte.
32:51 Oui, je crois qu'il y a un mot de trop dans votre bel expos' introductif,
32:59 quand vous dites "l'île va". Non, la situation est hors de contrôle.
33:03 Aujourd'hui, la situation, l'économie est à genoux, on n'a plus la possibilité
33:08 que les forces de sécurité ou les médecins, les pompiers, les forces d'urgence puissent aller chercher les malades.
33:17 L'école est fermée, ainsi de suite.
33:20 Et les agressions partout.
33:22 Il y a deux nuits où on a brûlé une quarantaine de véhicules dans un village, gratuitement.
33:29 Bref, vraiment, je crois qu'on est en pleine guerre civile.
33:34 Et par conséquent, il faut nommer les choses pour que tout le monde nous comprenne.
33:38 Et en nommant les choses, il faut tirer les conséquences de ces nominations.
33:41 Et ça s'appelle "état d'urgence immédiate".
33:43 D'accord. Pour peu que les auditeurs comprennent bien, par exemple, on est hors de contrôle sur le plan démographique.
33:50 On ne sait pas combien, aujourd'hui, d'habitants résident à Mayotte, Alexandre Martinez.
33:55 Oui, tout à fait. C'est une situation hors de contrôle qui attend le tout nouveau préfet qui a été nommé aujourd'hui.
34:00 Donc, samedi 24 février, François-Xavier Bieuville.
34:04 Effectivement, le dernier recensement date de 2017. Alors, on nous disait 250 000 personnes.
34:08 Aujourd'hui, on estime la population au double, entre 450 000 et 500 000.
34:13 C'est une situation dont l'État essaye de pallier un petit peu la situation.
34:19 On a cru entendre qu'il y aurait, par l'INSEE, un recensement exhaustif et non pas exact pour 2025, donc pour les 17 communes.
34:27 Mais bon, vous voyez que ça laisse quand même une marge d'erreur assez considérable.
34:30 Absolument. Ici, déjà, les pompiers ont de la difficulté à se déplacer dans l'île.
34:35 On ne voit pas comment les agents de l'INSEE vont pouvoir faire convenablement leur travail.
34:39 Il y a un véritable problème, en ce moment, de flux migratoire, Mansour Kamardine.
34:43 La suppression du visa territorialisé pourrait-elle pallier au désengorgement de l'île ou pas ?
34:49 En tout cas, c'est une des solutions pour arriver à avoir un semblant de maîtrise des flux migratoires.
35:00 Parce que quand on regarde les uns les autres, quand on les interroge, ils vous disent tous "nous voulons aller là-bas parce que c'est la France, parce que c'est l'Europe.
35:07 Là-bas, nos enfants deviendront français et puis nous aurons des droits sociaux que nous ne pouvons pas avoir chez nous, donc il faut aller là-bas."
35:15 Avec un écart de niveau de vie considérable, c'est presque dix fois l'écart entre le niveau de vie à Mayotte, qui est déjà très pauvre par rapport au reste de la France,
35:22 mais qui est infiniment moins pauvre que Madagascar ou Mozambique, ou que l'Écomort, juste à côté, précisément.
35:27 C'est difficile de dissuader des gens de venir de si près quand l'écart est à ce point énorme ?
35:33 Sans doute. Mais en même temps, c'est difficile quand on a des partenaires qui ne sont pas honnêtes dans les rapports que nous avons avec l'Écomort,
35:41 des autorités qui préfèrent inciter les gens à partir pour avoir la paix chez eux ou chez elles et créer le chaos en face.
35:50 Et c'est facile, effectivement, quand on a un gouvernement, je ne vise pas forcément le gouvernement actuel, mais un gouvernement au sens de la continuité de l'État,
35:58 un gouvernement qui regarde d'ailleurs quand la maison commune brûle à Mayotte.
36:03 Pour vous, le gouvernement comorien pousse les Comoriens à partir par milliers à Mayotte, juste à côté, ne serait-ce que pour avoir la paix ?
36:13 Le gouvernement comorien cherche à acquérir par la force démographique ce qu'ils ont perdu par la force démocratique.
36:22 C'est le vrai sujet. En 1975, déjà, beaucoup de ceux qui parlent de Mayotte s'en connaissent.
36:30 Ils disent que Mayotte était comorienne. En réalité, Mayotte n'a jamais été comorienne.
36:35 D'ailleurs, elle s'est cédée à la France pour se faire protéger contre les invasions et les violences comoriennes.
36:41 Et comme l'histoire se répète toujours, nous sommes en plein dedans. C'était le cas en 1841, c'était le cas en 1975, c'est le cas en 2024.
36:50 Mais après tout ce que vous venez de dire, vous êtes toujours président du groupe d'amitié France-Comore à l'Assemblée nationale. C'est difficile ?
36:56 Non, pas du tout, parce qu'il faut des logiques aussi. Nous n'avons aucune animosité, aucune haine contre les Comoriens.
37:02 Nous savons qu'ils vivent des situations difficiles parce qu'ils ont des autorités et un État qui est quasi inexistant.
37:08 Donc il faut leur apporter l'aide. Il faut savoir prendre la main qui vous est tendue.
37:12 Quand en face, les gens sont en difficulté, et donc je me bats, effectivement, qu'on leur apporte l'aide, et notamment au titre de l'aide au développement.
37:21 Et malheureusement, pour coopérer, encore faut-il qu'on soit deux, et en face on a personne ou quasiment personne pour collaborer.
37:28 Et du coup, la seule facilité qui leur reste, c'est d'inciter les gens d'aller à Mayotte, et c'est le cas, je pose bien mes mots, parce qu'on les voit bien.
37:35 On les voit bien. Quand ils viennent, ils partent sous l'œil des policiers, commissaires et des gendarmes, et qui font rien.
37:44 À la limite, qui les incitent à partir.
37:46 - Vous parlez du doublement de population en si peu de temps, Alexandre Martinez. Je voudrais vous poser une question très franche.
37:54 Est-ce que la nomination d'un nouveau préfet, en l'occurrence François-Xavier Bieuville, l'ancien préfet de Dunkerque, peut changer quelque chose ?
38:02 Est-ce qu'il a les moyens de changer quelque chose ?
38:04 - Permettez-moi au moins déjà de rendre hommage à l'ancien préfet, Thierry Suquet, qui a fait un travail formidable, mais dans des conditions extrêmement difficiles.
38:13 Celui-ci connaîtra malheureusement le même sort si le gouvernement, encore une fois, si les satellites du gouvernement ne s'alignent pas.
38:23 Donc il risque de connaître la même chose. Parce qu'un préfet, finalement, est chargé de mettre en œuvre une politique.
38:29 Quand cette politique ne dit pas ce qu'il faut, on voit bien les forces intérieures à Mayotte souffrent,
38:38 parce qu'on ne leur donne pas les instructions pour interpeller, dans la mesure du possible, les délinquants.
38:44 On leur demande juste de procéder à un maintien de l'ordre et du coup ça pose des gros problèmes.
38:48 Donc le préfet risque de connaître le même sort d'échec et puis après on lui fera imputer ça, parce qu'on le sait bien, en République, le préfet est infusible pour le gouvernement.
38:58 - Alors, quelles sont, vous, les préconisations que vous feriez ?
39:03 Et puis je profite de la présence de Frédéric Lose aussi à la tête du syndicat des commissaires de police.
39:08 Comment on peut améliorer les choses ?
39:11 - D'abord que l'État accepte dans sa tête que Mayotte est française et qu'elle doit défendre sa souveraineté sur le territoire.
39:18 Ce qui veut dire, pour emprunter l'expression de M. Darmanin, dresser entre Mayotte et les communs ce mur de fer,
39:26 pour empêcher et démontrer qu'on avait la capacité d'empêcher les gens de venir.
39:31 Ensuite, de prendre tous ceux qui n'ont pas vocation à être là et à les faire partir.
39:36 Ensuite, de recorriger les politiques publiques qui sont mortifères et qui sont des aimants, des gros aimants à l'immigration, d'y mettre un terme.
39:45 On a par exemple le droit de scolariser tous les enfants mineurs.
39:51 Vous pouvez venir à 20 ans et amener un papier de 10 ans, on va vous scolariser avec des gamins de 10 ans.
39:56 Parce que là aussi, la fraude à l'état civil aux communs est un sport national.
40:01 Et donc il faut qu'on puisse dire sur toutes ces politiques-là qu'on corrige en disant
40:05 que ce sont des politiques qui sont détournées, comme le droit du sol, qui sont détournées.
40:11 Et donc avoir des politiques qui soient plus à même, plus adaptées à la situation de Mayotte,
40:18 qui est une situation particulière, singulière, totalement dérogatoire à ce qu'on vit ici.
40:23 L'immigration à Mayotte, vous le dites souvent à la moitié, c'est deux tiers, un tiers.
40:27 Un tiers des Français, donc des Moréens, et deux tiers des immigrants.
40:30 Imaginez simplement si on vous disait ici...
40:32 - C'est ce qu'on pourrait appeler une véritable submersion migratoire.
40:35 - Bien sûr. Et imaginez qu'on vous dise que sur le plan national, il y avait plus de 42 millions d'étrangers.
40:42 Je pense qu'il y aurait peu qui auraient encore le sourire comme on l'a encore à Mayotte.
40:46 - Dites-moi Frédéric Clos, vous réfléchissez intensément à cette situation.
40:50 Qu'est-ce que cela vous inspire ?
40:52 - Rapprochez-vous du micro.
40:54 - Oui, bien près du micro, parce que là on vous entend, mais alors pas du tout.
40:58 - Non, non, non. C'est suffisant pour moi de parler d'une situation,
41:02 puisque effectivement la problématique n'est pas que policière.
41:07 La problématique n'est pas que policière.
41:10 Vous l'avez très bien résumé.
41:13 Et en même temps, effectivement, même les policiers et les gendarmes qui viennent sur place,
41:20 les conditions d'exercice, les conditions de vie sont aussi redoutables.
41:26 - Oui, est-ce que...
41:28 - Ils n'ont même pas de commissariat physiquement. Ils sont dans des containers.
41:32 - Et puis on peut rappeler d'ailleurs que, indépendamment de toute la crise sécuritaire,
41:35 il y a une crise qui dure à Mayotte qui est la crise de l'eau,
41:38 ce qui fait que pendant trois jours, les Mahorais sont privés d'eau.
41:41 Souvent chez eux, alors ce n'est pas privé de bouteilles de plastique,
41:43 c'est qu'on ne peut pas tirer la chasse, par exemple, pendant trois jours.
41:45 Chez soi, il y a aussi une situation...
41:47 - La situation s'est légèrement améliorée avec les pluies qui sont arrivées.
41:51 Maintenant, on a à peu près de la flotte un jour sur deux.
41:54 C'est déjà exceptionnel.
41:55 - Qu'est-ce que vous pensez de l'idée de supprimer le droit du sol à Mayotte ?
42:01 On en a entendu parler évidemment très récemment.
42:04 Est-ce que ça vous semble tomber sous le...
42:08 C'est une mesure de bon sens à ce stade ?
42:11 - Ça semble tomber sous le coup du bon sens.
42:15 C'est une proposition qui est sur la table du gouvernement depuis 2005.
42:18 C'est François Baroin qui a été le premier à porter cette proposition.
42:21 Ensuite, en 2007, il y a eu François Baroin,
42:24 et puis moi-même en 2018 avec la loi Collomb,
42:27 et puis récemment avec la dernière loi qui a été largement censurée par le Conseil constitutionnel.
42:31 Nous considérons que c'est une des mesures phares pour arriver à canaliser l'immigration.
42:36 Parce qu'encore une fois, les gens viennent pour accoucher.
42:40 Il naissent chaque année 12 000 gamins à l'hôpital de Mamoudzou.
42:43 Sur les 12 000, vous avez entre 75 et 80%
42:47 qui sont des gamins d'enfants, des parents comoriens, des parents étrangers.
42:51 Et ces enfants, ils sont...
42:54 - Je vous rappelle que les frais médicaux sont gratuits.
42:57 Ce sont des comoriens clandestins qui viennent accoucher à l'hôpital français
43:05 pour que leurs enfants deviennent français.
43:07 Et donc de facto, par les voies du regroupement,
43:10 deviennent aussi alors tout le monde français.
43:13 - Vous donnez naissance à un enfant étranger,
43:17 au bout de quelques années, il devient français,
43:20 il régularise les parents.
43:22 Une fois qu'il a régularisé les parents,
43:23 les parents eux-mêmes, au nom du regroupement familial, peuvent venir.
43:26 Si bien que j'ai été amené à l'occasion de la dernière loi sur l'immigration,
43:31 proposer un recadrage du droit au regroupement familial.
43:36 - Je vous remercie Mansour Kamardine de ses explications extrêmement claires.
43:40 Merci Alexandre Martinez.
43:41 On peut retrouver vos articles sur la situation de Mariotte,
43:44 de Mayotte, non pas de Mariotte, sur le site de factuel.média.
43:49 Je voudrais vous dire qu'on peut retrouver également l'émission
43:53 sur la chaîne YouTube de Sud Radio et sur sudradio.fr.
43:56 Dans quelques instants, il est 11h et on parle auto avec Jean-Luc Moreau et Laurence Perrault.
44:01 - Tout l'actualité de l'automobile de 11h à 13h.
44:03 Une voiture sur cinq n'a pas passé le contrôle technique en 2023.
44:07 C'est un chiffre qui vient de tomber.
44:08 Pourquoi le parc vieillit ?
44:09 On va en parler avec Jean-Luc Moreau juste après les infos.
44:12 - Merci beaucoup.
44:13 Merci à vous Frédéric Loss d'avoir été avec nous.
44:15 A tout de suite sur Sud Radio.

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