Conférence INTERSCULPT 2023 / Fête de la Science / Bar-le-Duc
11 octobre 2023
Y-a-t-il un sens à parler d'une convergence des pratiques scientifiques ?
Pr. Jean-François RIAUX
Professeur en classe préparatoire aux grandes écoles, enseignant-chercheur à la faculté du Collège des Bernardins (Paris).
11 octobre 2023
Y-a-t-il un sens à parler d'une convergence des pratiques scientifiques ?
Pr. Jean-François RIAUX
Professeur en classe préparatoire aux grandes écoles, enseignant-chercheur à la faculté du Collège des Bernardins (Paris).
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00:00 Bon, écoutez, comme on disait avec humour, je suis la voiture ballée.
00:16 J'ai eu la chance de voir quelques personnes qui ont la possibilité de vouloir nous écouter pour terminer.
00:25 C'était quand même une très belle journée. Alors, sous la conclure, évidemment, on m'a demandé de réfléchir.
00:36 Donc, il y a différentes choses et en particulier, je me suis dit que dans la mesure où on a passé énormément d'approches
00:43 avec des spécialistes particulièrement experts dans le travaux,
00:51 est-ce qu'on pourrait pas réfléchir à ce qu'on pourrait nommer...
00:57 Est-ce qu'on peut encore parler de convergence des sciences quand on voit la constellation d'approches qui a été proposée aux uns et aux autres ?
01:06 Est-ce que je peux peut-être te donner un mot parce que j'entends pas trop.
01:10 D'accord.
01:11 Ça va aller ?
01:12 Oui, ça va aller. Voilà.
01:14 Donc, l'idée était de répondre à cette question. Est-ce qu'on peut encore se dire qu'il y a une convergence des itinéraires de la science ou des pratiques scientifiques ?
01:24 C'est ce que je vous ai invité à méditer. Je dois dire que je suis un peu pressé par le temps et vous aussi sans doute.
01:31 On va essayer de faire au mieux tout en ne mutilant pas trop ce que j'avais envie de vous proposer.
01:38 Donc, on ne pouvait pas dire d'abord en philosophie c'est classique ou une problématisation.
01:44 C'est pas si simple. Déterminer donc de quelle manière les itinéraires de la science peuvent être interprétés comme convergents,
01:52 c'est déterminer évidemment quel point d'application on peut leur être commun.
01:58 Et il y a un important obstacle qui m'est venu à l'esprit et qui semble s'opposer à la seule pensée de cette convergence.
02:06 C'est le sentiment d'une différence d'ordre et non pas seulement de degrés entre les nombreuses régions de la science.
02:13 C'est certaines portes, vous le savez, sur le monde physique qu'on vient d'intercevoir ici et là, d'autres sur les organismes qui l'habitent, la biologie s'en occupe,
02:23 d'autres encore sur le sujet psychologique et social, d'autres enfin sur les instruments déductifs de la pensée, la logique et mathématiques.
02:35 Donc nous avons eu à ce propos.
02:38 Donc de fait, chaque science donne le sentiment de régner sur son domaine d'une façon parfois assez farouchement autonome,
02:47 mais les frontières, elles sont telles que l'histoire et nos nations d'ailleurs, ne sont jamais immuables.
02:54 Alors toute science, vous le savez sans doute, est oeuvre de la pensée.
02:59 La pensée c'est concevoir des connexions et bien réunir ce qui se donne comme épargne.
03:05 Chaque science n'a plus qu'un objet X perçu, un concept que l'on mobilise,
03:09 n'échappe à l'empire de l'esprit, à sa puissante enveloppement, à son mouvement de dépassement.
03:19 Donc, qu'en est-il exactement à l'heure contemporaine ?
03:24 Il serait bien prétentieux de laisser croire qu'on peut en quelques minutes, ou en quelques livres, en retenir de tout cela,
03:31 et de tout ce qui dans le foisonnement des sciences de notre temps relèverait une convergence propice à leur interdépendance, à l'établissement de leur puissant.
03:41 Donc, on va cependant après examen de ce qu'on tient pour présupposé par la question quant à sa pertinence épistémologique.
03:51 On devrait bien mettre, on dit, mettre nos pas dans les plus récents sillons de l'histoire des sciences.
03:59 Et lorsqu'ils se rejoignent, on vérifiera que selon le mot de Bachelard, c'est l'humble auscultation du réel qui s'en trouve transformée.
04:10 Alors, dans un peu de temps, je voudrais regarder ce qu'il en est des conditions générales de la possibilité d'une convergence des sciences.
04:17 Quelques mots là-dessus, je pense qu'on pourrait retenir cette idée qu'il convient de parler d'une mise entre parenthèses du sujet singulier.
04:25 Va de soi que, sans l'activité de nombrables corps des savants, fameux ou anonymes, sans l'opiniâtre labeur de nos chercheurs,
04:36 on en a entendu quelques-uns aujourd'hui, il n'y aurait ni expérience ni conceptualisation permettant la bouquette rationnelle de tel ou tel phénomène,
04:47 ni systématisation pour en venir des fruits de cette conceptualisation.
04:52 Donc, on n'ignorera pas effectivement que dans les milieux scientifiques, comme ailleurs, il y a un point d'affect,
05:02 il y a de la vanité à l'occasion, il y a la pression clandestine de préjugés tenaces, parfois, il y a des succès qui élisent l'appétit de gloire, etc.
05:14 Tout ça sont autant de facteurs ordinaires susceptibles de corrompre notre démarche scientifique.
05:20 Aussi, lorsqu'on entend servir la science, doit-on d'abord accepter, comme le suggérait Jean Piaget,
05:27 de réitérer sans cesse le dépassement et la négation de ses propres données subjectives, disait-il.
05:35 Dès lors, un esprit aussi convaincu soit-il de sa pertinence critique ne peut d'un seul coup, d'un seul, éliminer tout ce qui l'incline à n'être qu'un homme parmi les hommes.
05:48 Et sans doute, est-ce pas défiant, d'ailleurs, à l'envoi de ses propres faiblesses,
05:52 que Descartes lui-même, dans sa première méditation métaphysique, conçut la célèbre fiction d'un malin génie prompt à notre impuissance,
06:01 et s'obligeait par là, certains le savent sans doute, non seulement à pas céder aux appels d'une subjectivité modée par six mètres de la flèche,
06:11 mais encore, disait-il, que le site a récusé les apparences sensorielles ou les certitudes intuitives,
06:17 et ceci pour mieux libérer l'objet du sujet.
06:20 Donc, pour prendre quelque peu la mesure des multiples connexions qui ont déjà donné l'histoire contemporaine des sciences,
06:29 il convient donc de négliger les individus, aussi bruyants soient-ils, pour majorer l'examen du travail de l'esprit, de l'esprit scientifique,
06:39 qui part de là les sujets singuliers, préside donc à l'élaboration d'une théorie, d'une loi, d'un concept,
06:47 à l'origine de médiations, d'interfaces, réduisant, voire abolissant des limites qu'on croyait infringibles.
06:54 En d'autres termes, la première condition d'une approche de la convergence des scénarios scientifiques
07:00 consiste en une mise entre parenthèses d'un sujet en tant qu'individu contingent, source de déformation,
07:07 s'opposant à cette démarche vers l'objectivité d'encore faire le piaget, pour ne dégager que le sujet épistémique,
07:14 autre dénomination pour parler de l'esprit, on pourrait dire, objectif à l'œuvre dans la communauté des scientifiques et des penseurs en général.
07:28 Donc, comment parler d'une convergence et donc d'un nouvel horizon épistémologique à partir de ce que j'ai déjà donc un petit peu annoncé ?
07:43 Je crois que la condition d'accession à l'idée de convergence au sein des sciences s'apprécie à l'ombre aussi de leur ambition.
07:49 Et en effet, ces sciences ont conçu comme ce par quoi est atteint non pas une vérité en soi,
07:59 par-delà les mirages du sensible, mais une représentation du monde qui puisse garantir sa propre adéquation.
08:07 Je signale que cette ambition a été remarquablement interrogée par Kant dans sa critique de la résolution,
08:13 ce qui signifie donc désormais qu'elle vise une définition opérative et non intrinsèque du monde.
08:20 Et c'est là notre horizon épistémologique. Pour l'illustrer rapidement, considérons, si vous voulez, un très court exemple pour bien se faire comprendre.
08:29 Dans un véhicule, par exemple, en mouvement, on accumule, comme on dit, de l'énergie cinétique,
08:36 selon l'application d'une formule où masse et vitesse sont mêlées, 1 000 mp2.
08:42 On peut donc quantifier cette énergie, mais cette énergie de nos éléments est bel et dans sa chair.
08:49 Autrement dit, le physicien, en mesurant ce qui est accumulé,
08:54 ne peut pour autant nous dévoiler ce qui est, au sens fort du terme, accumulé.
08:59 Donc la nature concrétude du phénomène se dérogue.
09:03 Donc l'expression que la physique contemporaine donne de l'énergie cinétique, par exemple,
09:07 est l'illustration même de relations répétables, c'est-à-dire pouvant indifféremment servir à l'interprétation d'un phénomène observé,
09:15 tantôt dans un secteur précis des sciences contemporaines, la cinématique, tantôt dans plusieurs,
09:20 l'électrodynamique, la mécanique, le céleste, etc., tantôt dans sa totalité.
09:26 Donc la convergence des sciences est en grande partie suscitée par l'emploi, déjà, de ces relations répétables
09:33 que l'on peut exporter d'un domaine à l'autre.
09:36 Et cela conduit, il me semble-t-il, à une nouvelle définition de ce qu'on pourrait nommer l'objet,
09:42 l'objet scientifique, compliqué d'ailleurs à évoquer, mais je vous en dirai quelques mots,
09:47 dont il faut se refuser à vouloir s'approprier un quelconque objet dans la forme d'une représentation
09:54 entendue comme, on pourrait dire, mimessis, c'est-à-dire comme décalque de sa substance propre.
09:59 On n'entre pas pour parler, comme Merleau-Ponty, dans la prose du monde, on s'efforce de la lire.
10:08 Et quelle stature assigner à un objet comme un flux d'électrons, sinon celui d'un être dont le concept
10:16 désigne moins une nature, une sorte de point d'accroche théorique auquel on réfère à un jeu de relation.
10:24 Donc, ainsi je pourrais dire à titre d'exemple, la masse d'un corps au repos ne manifestait plus sa réalité
10:32 ou sa constance par rapport aux variations sensibles de force affectant le poids de ce corps,
10:37 même figuratif, point de vue de la théorie classique, mais désormais dans des interactions électriques,
10:43 magnétiques, gravitationnelles, chimiques, etc., interprétées d'ailleurs selon des relations exploitables
10:49 d'un champ de la science à l'autre, et déterminant la permanence de la masse comme entité théorique.
10:55 De la sorte, la permanence de cet objet n'acquiert sa nécessité, son universalité, qu'en tant que l'esprit
11:02 lui confère, à partir de la mise en œuvre de ses relations applicables à l'hypothétique donnée microphysique
11:09 et qui s'exprime par le truchement d'une formulation mathématique.
11:13 Donc, on échappe ainsi à la définition, on pourrait dire, tautologique de la force par la masse et de la masse par la force.
11:20 Donc, on voit bien qu'on tient la définition d'un objet dont on évite, pardon, entre guillemets,
11:28 la réalité au profit d'identifications en quelque sorte immatérielles du fait des expériences mathématiques
11:36 qui le donnent à penser. Et tout cela apparaît donc comme le sigle d'un effort d'abstraction accru,
11:42 indice d'une détermination unanime à rejeter ou privoter d'un concret au sens banal du terme.
11:50 Donc, on a un objet qui se trouve défini finalement opératoirement, dans la mesure où il est passé,
11:57 où il est posé, pardon, comme, ça c'est une expression importante, comme corrélatif rationnel exigé
12:04 par le repérage d'un enchaînement régulier et répétable et significatif d'une périodicité.
12:11 Bref, une relation, on va dire, itérative au sein d'un ensemble de phénomènes,
12:16 d'où s'est retiré ce qu'on pourrait nommer le déterminisme banal, l'ablation, enfin, causal,
12:24 qui est un peu frappé d'obsolescence.
12:27 Qu'on songe par exemple à l'heure actuelle à la difficulté de déterminer la position d'un objet
12:33 sans individualité stricte du type particule instable, auquel on prête une probabilité de présence
12:40 au point de devoir parler, comme Heisenberg, d'une relation d'incertitude à son envoi.
12:46 Donc, cette relation s'exprime à travers des paramètres mesurant conventionnellement,
12:51 c'est-à-dire par des méthodes de mesure compatibles avec l'axiomatique dont on se déclare,
12:55 en l'occurrence l'axiomatique quantique, la valeur de l'objet posé comme coréla rationnelle.
13:03 Vous pouvez donner un exemple, une représentation simple de tout cela,
13:08 comme coréla rationnelle exigée par la présence d'une relation itérative,
13:13 en s'interrogeant par exemple sur la nature de ce que l'on nommerait l'objet grand V,
13:18 c'est-à-dire le volume d'un gaz.
13:20 Et bien, nous n'en connaissons pas, l'objet grand V, en tant qu'il est désigné,
13:25 est mesuré par la valeur d'un paramètre F sur T, qui reste constant.
13:32 F, c'est le poids que l'on fait varier sur le piston, de manière à maintenir ce piston fixe,
13:38 au fur et à mesure que l'on chauffe le gaz, et donc que T, la température, augmente.
13:43 Et bien, ce type d'objet est finalement une entité avancée par souci de cohérence qu'on le soit,
13:48 comme ce à quoi doit être assignée la valeur du rapport F sur T,
13:53 c'est-à-dire comme ce qui est exigé par le fait même de la relation répétable qui lie F à T.
14:00 On peut donc soutenir qu'un objet tel que grand V est un objet promu par l'esprit,
14:07 et non pas donné depuis toujours, et que les gouvernements auraient permis de mettre en évidence.
14:11 Donc, nombreux sont les objets de cette sorte, le spin par exemple,
14:15 dans les bombardements corpusculaires, la résistance des flux conducteurs, le potentiel des piles,
14:20 tous ces objets sont des objets de cette sorte, c'est-à-dire corrélatifs d'une détermination rationnelle des phénomènes.
14:28 Donc, on voit bien que ces objets appartiennent à des régions différentes de la science,
14:33 mais ils portent tous la même marque, une parenté, une même destinée,
14:38 sont des supports théoriques permettant d'assurer la cohérence d'un rapport au réel,
14:43 dont la problématisation a connu une radicale mutation au XXe siècle, on va y revenir rapidement,
14:49 et ces objets désormais présents et sollicités aussi bien dans le cadre des sciences de la vie physico-chimique,
14:55 par exemple de la vie locale au sein des sciences de la matière du dîner,
14:58 eh bien, traduisent le rôle actif d'une pensée scientifique en quête d'une rationalité toujours plus poussée.
15:05 Donc, finalement, nombreux sont les savants qui tendent à considérer la connaissance scientifique
15:12 non plus comme ce qui est réductible à une identification de données toujours déjà là, pourrait-on dire,
15:19 porteuses d'un ordre caché, voire théologiquement orienté,
15:22 mais comme ce qui est exigé corrélativement à une opération de l'esprit par une intervention active du sujet.
15:31 Donc aussi, on pourrait peut-être finalement délire de tout cela
15:38 qu'on est bien loin d'une abstraite duplication du réel, une sorte de redoublement du réel,
15:45 mais il est plus qu'on a de dire qu'on tend à se représenter souvent le monde sur le monde,
15:51 que tout se passe comme ici.
15:54 Donc, je pense qu'à partir de ce que je viens de vous dire là,
15:58 on pourrait dire que ce qu'ils font de la convergence des idées réelles de la science contemporaine,
16:02 c'est le refus d'une occulte unité en soi, incommune à tous les phénomènes.
16:09 C'est l'avènement de l'objet compris comme représentation corrélative d'une activité opératoire,
16:15 représentation susceptible de permettre le passage d'une science à l'autre,
16:19 d'espérer une nouvelle synthèse éclairant les phénomènes d'une lumière
16:24 dont les âges qui nous précédaient ne soupçonnaient absolument pas la puissance.
16:29 Donc cette convergence objectivera principalement sous la forme souvent d'une méthodologie commune
16:35 à une grande partie des régions de la science contemporaine.
16:38 Je veux parler par exemple de l'utilisation de modèles à vocation essentiellement opératoire,
16:44 de modèles mathématiques entre autres, et de certains concepts, le concept d'information,
16:49 notamment, susceptible d'être adjoint indifféremment à notre compréhension
16:54 de tel ou tel ensemble de phénomènes afin d'en désigner l'agencement ou la structuration.
17:00 Alors évidemment il y a une source historique d'une convergence des sciences
17:04 sur laquelle je pourrais m'arrêter assez longuement
17:08 avant de m'interroger sur quelque convergence des méthodologies scientifiques
17:12 et donc dans le bon contemporain.
17:16 Je crois qu'il y a une dimension historique et il y a eu un processus
17:20 ayant conduit à une nouvelle exigence de rationalité scientifique
17:23 et je crois qu'on peut chercher entre autres la manifestation d'une telle exigence
17:29 dans un moment historique qui a compté, notamment un moment où on a dépassé
17:35 les oppositions entre deux importants domaines de la science,
17:39 ceux de la physique et de la chimie, et ce moment historique fut celui
17:42 de la naissance de la mécanique de l'entier d'accompagnement modulatoire.
17:46 Je rappelle qu'à la fin, jusqu'à la fin du 19e siècle,
17:51 la chimie est une chimie discontinuiste.
17:55 Le tableau de Mandelayef où on peut lire la discontinuité des pois atomiques,
18:00 c'est-à-dire l'absence de proportion dans les variations des pois atomiques,
18:04 des éléments consécutifs de la matière, tout cela semble justement,
18:09 à ce moment-là, fortement corroborer la doctrine discontinuiste de cette chimie.
18:15 Et aussi le monde, selon elle, est constitué de molécules nettement individuées
18:21 et une représentation atomistique de la matière correspond à une telle conception.
18:26 Cela n'a pas duré tellement. Il y a eu donc, d'abord à cette conception discontinuiste,
18:35 une opposition, c'est-à-dire le point de vue justement continuiste de la physique
18:40 où le monde est, selon elle, à la fin des jettes du 19e siècle,
18:45 un système d'ondes connues ou inconnues déterminant des phénomènes d'interférence,
18:49 de réfraction, de diffraction, de réflexion, etc.
18:52 Donc le monde était vu comme système d'ondes trouvant la garantie de sa continuité
18:58 dans ce qui semble caractériser l'onde elle-même,
19:01 c'est-à-dire la possibilité de variation continue de sa longueur.
19:04 Voilà l'énorme tendance de la découverte des rayons X,
19:08 grâce auxquels les cordes opaques ont pu être photographiées,
19:12 les ondes radioélectriques ont déhanché, les rayonnements cosmiques, etc.
19:16 Tout cela a renforcé l'accueil des physiciens en la continuité de la matière.
19:20 Alors évidemment, vous le savez sans doute, il y a eu un ébranlement de la physique continuiste
19:28 avec des expériences qui ont monté, et notamment,
19:33 on va en rappeler rapidement quelques-uns, mais une position continuiste
19:39 qui est ébranlée par des faits observables tels que l'effet Zeeman,
19:43 physicien hollandais mort en 1943,
19:46 ainsi que le phénomène des rayonnements noirs, c'est facile de les évoquer,
19:49 l'effet Zeeman consiste en un dédoublement d'une radiation de sodium
19:54 passant dans un électro-ément sous l'influence d'un champ magnétique.
19:58 Le phénomène des rayonnements noirs, pour présenter ça simplement,
20:05 on a un corps paro-extrêmement épaisse dans lequel on aménage un orifice très étroit
20:10 qui est chauffé fortement, et en face de l'orifice est placée une plaque
20:14 ayant la propriété de recueillir les traces de dégagement d'énergie produite
20:19 par le chauffement de ce corps, presque hermétiquement clair,
20:22 et d'après l'aspect et la disposition de ces traces,
20:27 il apparaît que l'énergie, au lieu de se propager par une façon continue,
20:32 sort par petites quantités discontinues.
20:37 On va appeler ça "quand a".
20:39 Donc l'énergie, au terme de cette expérience, semble-t-elle composée de grains
20:43 mis irrégulièrement, et l'émission de l'énergie passe ici,
20:49 et selon une évolution telle qu'elle présente un mode de liaison au temps
20:55 tout à fait original.
20:57 L'énergie dans sa liaison au temps relève moins d'une détermination périodique
21:01 statistiquement contrôlable que d'une détermination dynamique
21:04 et tout à fait aléatoire.
21:07 Alors on voit bien que le progrès scientifique porte la contradiction
21:10 au sein même de la représentation du monde matériel,
21:13 et ajoute une nouvelle dimension aux difficultés posées par le paradoxe
21:17 de cheministe continuiste et de physique continuiste.
21:20 Bref, tout cela pousse les hommes de science, et bien justement,
21:23 à élaborer un objet de référence commun à la physique et à la chemie
21:27 afin de faire cesser ce scandale de désaccord entre physiciens et chemistes.
21:31 Donc on va vers un nouveau statut de la matière, peu à peu,
21:36 à l'aube de la science contemporaine, et la matière, à ce moment-là,
21:41 est encore une réalité, on dit localisable, permanente,
21:46 et tout point matériel, on voulait encore qu'il fût repérable
21:50 par rapport à un système de coordonnées exprimables sous la forme
21:54 d'équations différentielles. Et telle conception d'ailleurs reste très proche,
21:58 on le semble-t-il, de celle de Descartes, et matière, ce qui est intelligible
22:02 et mesurable, et ce qui éboule nos sensations.
22:06 Bref, on a une perspective qui reste assez classique,
22:12 globalement, et une telle représentation est vite apparue maintenant,
22:17 je passe sur un certain nombre d'éléments pour ne pas vous lasser,
22:20 mais prétendre que la matière, par exemple, éboule nos sensations,
22:24 c'est prétendre que les qualités objectives sont à la somme de nos dessins subjectifs,
22:28 ce qui implicitement est significatif d'un parti pris, on dirait,
22:32 en philosophie ontologique, et plus précisément relève d'un postulat
22:36 philosophique où la différence entre matière et conscience est peut-être
22:40 arbitrairement réduite à une différence de degrés,
22:44 et enfin, tel que la matière est une structure cachée, c'est peut-être émettre
22:48 une opinion métaphysique obscure, et ça ne tient plus, ça ne passe plus
22:52 dans cette science du début du XXe siècle. Et donc, en bref,
22:57 on voit bien qu'il faut trouver des moyens de contenir les oppositions
23:02 en les rassemblant en un même concept, ce qui n'est pas facile,
23:07 ou en une même théorie, et on voit bien que cette convergence
23:13 ne peut s'avancer que si l'exigence d'un point commun de référence
23:18 est elle-même le fruit d'une forme de pensée qui s'impose dans différents domaines,
23:23 or, à l'aube de la science contemporaine, il y a une forme de pensée
23:27 qui commence à poindre et à s'étendre aussi bien au domaine de la chimie
23:30 qu'à celui de la physique, c'est une pensée athoristique,
23:34 mais en introduction d'ailleurs d'authentique convergence au sein de la science.
23:39 Et là, il y aurait toute une histoire à faire de l'atome et de la science,
23:45 donc qu'est-ce qui s'est passé dans ces premières décennies du XXe siècle ?
23:53 On a beaucoup d'expériences à évoquer, je passe dessus pour ne pas vous assommer,
23:59 on peut se dire que l'atome va devenir une réalité de plus en plus commune
24:07 aux physiciens chimistes, il y a le travail de Niels Bohr,
24:10 qui a su approcher avec une perspectivacité particulièrement frustrateuse tout cela,
24:17 souligner toute l'importance, et on sait qu'il a tiré de ses réflexions
24:23 sur l'atome énormément de choses, et renforce d'ailleurs la tendance
24:27 à converger vers lui comme vers un point de commune sans nation,
24:31 ce sacré atome où chaque phénomène trouverait sa raison,
24:36 alors il s'aide d'un modèle planétaire, et on sait que Niels Bohr a attribué
24:40 aux électrons des mouvements circulaires autour du royaume de l'atome,
24:44 et ces mouvements ne déterminent aucun phénomène à l'extérieur de l'atome,
24:48 d'ailleurs les seuls électrons qui brusquement abandonnent son orbite
24:52 peut déterminer un phénomène, et on va avoir la bonne idée,
24:57 je dois vous dire, de définir ce brusque passage comme un saut quantique,
25:02 en effet par ce saut un quantum d'énergie se trouve tout à coup libéré,
25:07 et ce quantum correspond à celui qu'on décède dans les phénomènes
25:10 de rayonnement infrarouge, ultraviolet, rayon X, par quantum d'énergie
25:15 on entend une certaine quantité d'énergie qu'on ne peut pas fractionner,
25:20 ainsi l'atome va apparaître comme le point privilégié de centration,
25:25 où bon nombre de phénomènes habituellement inconciliables
25:28 dans les différentes sciences vont se concilier et présenter
25:31 comme un élément primordial constitutif des éléments chimiques,
25:34 comme corpuscules intervenant dans certains phénomènes de rayonnement,
25:38 et enfin comme ceux par quoi apparaissait un phénomène énergétique.
25:42 Et qu'est-ce qui va nous changer ?
25:44 Eh bien c'est donc l'émergence de cette fameuse mécanique convulatoire
25:52 avec ébranlement en quasi définitive d'une pensée strictement corpusculaire,
25:58 on voit tout cela à Friedrich, un millier de physiciens allemands
26:02 qui comprennent un peu violent la pensée corpusculaire,
26:05 en réalisant des expériences sur beaucoup de comptes,
26:08 et notamment la première expérience de diffraction de rayons X,
26:13 tout cela a été déjà en partie non évidente par Gœnn en 1895,
26:19 donc on aboutit peu à peu à définir de façon plus précise
26:26 le caractère convulatoire de certains types de rayonnements,
26:30 donc on est revenu sur la compréhension de l'effet photoélectrique,
26:36 bref, je passe pour ne pas multiplier les exemples trop compliqués,
26:41 mais on a donc admis un certain nombre d'explications,
26:49 en tout cas d'hypothèses intéressantes,
26:52 à propos notamment de la sortie d'électrons déterminant un rayonnement,
26:57 tout cela étant possible que si ce rayonnement est formé de corpusculaire ou de photons,
27:03 et donc on doit simplement retenir que l'énergie est repensée,
27:13 et les électrons, par exemple frappés,
27:18 pour donner un exemple qui est quand même obligatoire à évoquer,
27:22 lorsqu'on a un tube montant de la vapeur de néon,
27:25 et qu'on le fait traverser par un courant électrique,
27:28 les électrons possèdent une énergie cinétique égale à 1/2 V2,
27:32 il se produit des chocs entre ces derniers,
27:35 et les atomes du gaz, les électrons périphériques,
27:38 acquièrent une énergie leur permettant de passer à un niveau d'énergie plus élevé,
27:43 ils ne se maintiennent pas et perdent cette énergie d'excitation
27:47 en émettant de la lumière de fréquence plus,
27:50 et cette énergie lumineuse de ce rayonnement est égale,
27:53 dis-t-il, au quantor d'énergie dégagée par le saut quantique de l'électron.
27:58 Ce quantor ne peut être fractionné davantage.
28:03 Donc on avance beaucoup, et on va en gros,
28:08 en ce début de XXe siècle,
28:11 considérer que l'ondulatoire et le corps musculaire sont complémentaires.
28:16 Il ne s'agit plus de chercher à tout tirer au creuset de conception,
28:21 il s'agit plutôt d'admettre, comme nous l'invite Hugo de Broglie,
28:24 dans son célèbre ouvrage "Matière et mémoire",
28:27 que, je le cite, "l'aspect ondulatoire et l'aspect corpusculaire des radiations
28:31 ne sont que deux représentations incomplètes
28:35 et en quelque sorte complémentaires de la même réalité physique".
28:38 À partir du moment où on admet cette complémentarité,
28:41 on trouve déjà les fondements d'une authentique convergence
28:45 de ces théories par une théorie qui les englobera et les dépassera toutes les deux.
28:51 Donc je termine ces quelques rappels en précisant
28:57 que ce que Hugo de Broglie et d'autres vont soutenir,
29:02 c'est que désormais on peut délimiter un champ
29:06 où les anciennes théories, loin d'être infirmées,
29:09 finalement sont regroupées et dépassées par un travail de synthèse sans précédent.
29:14 Là, il n'y a qu'une convergence théorique instituée par la mécanique ondulatoire
29:20 et je le cite d'ailleurs, "solide justification qui se trouve dans le fait
29:29 que les prévisions qu'on lui doit par exemple en physique atomique et optique électronique
29:33 sont bien vérifiées par l'expérience.
29:35 En particulier, on utilise couramment aujourd'hui la diffraction d'infestes d'électrons par un cristal,
29:41 phénomène comparable à la diffraction des rayons X
29:44 et qui se calcule de la même manière à partir de bandes associées aux électrons".
29:48 Donc on a une convergence théorique assurée par cette nouvelle mécanique
29:54 qui, à mon avis, satisfait l'exigence de rationalité de Pantin, vous le savez,
30:00 mais qui reste vulnérable, évidemment.
30:04 Donc, certes, cette théorie de la mécanique ondulatoire réalise un rapprochement,
30:12 une limité entre différentes régions de la science,
30:15 mais elle se heurte évidemment aux limites néanmoins d'une théorie,
30:19 et une théorie d'un système de proposition,
30:22 ayant pour but de présenter aussi simplement et aussi complètement possible
30:26 un ensemble de concepts de lois de dispositifs expérimentaux.
30:29 On en est bien d'accord, mais ces concepts, ces lois, ces dispositifs,
30:33 peuvent rencontrer, donc par leurs limites,
30:36 dès lors d'une nouvelle découverte sur chi,
30:40 et pareil, on pourrait dire inintégrable au processus d'interprétation
30:43 de la théorie en question, en passant à ce que, de fait,
30:46 toute théorie, aussi totalisante soit-elle,
30:49 ne saurait prétendre donner une représentation systématique de quoi que ce soit.
30:54 Donc, il faut chercher aussi, pour illustrer notre propos,
30:58 après ce rappel qui, si vous voulez, vise à vous montrer comment
31:03 il y a eu une convergence dans le monde scientifique
31:07 en ce XXème siècle où l'on a dépassé,
31:11 donc, ces oppositions entre Corpus Huclère
31:16 ou Montes d'Apnoir, ça a été un très heureux succès,
31:20 mais qui a-t-il, alors, par leur corps,
31:24 qui puisse nous faire songer à une convergence des sciences
31:29 qui passe cette fois, par la fiction, sur les méthodologies des sciences.
31:34 Je vais vite en besoin parce que le temps nous est compté,
31:38 et simplement, peut-être, évoquer deux termes importants,
31:42 l'emploi du mot "modèle" et tout ce qui concerne les théories de l'information.
31:48 Je pense qu'on peut se dire qu'il y a une aspiration
31:52 à l'unification des méthodologies, tout de même,
31:56 et qui a suscité, donc, la prééminence, peut-être,
31:59 de ces deux notions en sciences, la notion de modèle et la notion d'information.
32:04 Et ces deux notions appartiennent au Corpus Huclère,
32:08 désormais, l'homme de sciences contemporain,
32:10 pour rendre compte de son travail méthodologique,
32:13 et évoque toujours un type de construction de relations communes
32:16 à tous ceux qui désirent accéder à l'appréhension rationnelle des phénomènes.
32:20 Alors, le modèle, qu'est-ce qu'on peut penser d'un modèle ?
32:24 Il ne saurait être considéré comme une simple copie.
32:27 Il est un moyen qui peut permettre aux physiciens, aux chimistes,
32:31 aux biologistes, aux sociologues, etc.,
32:35 l'assimilation, l'intelligence d'un phénomène
32:38 à partir de systèmes opératoires formés de techniques,
32:41 dont le modèle est l'expression ou l'actualisation.
32:44 En effet, un modèle, c'est quoi ?
32:47 C'est la réalisation d'une structure purement formelle, mathématique.
32:51 Ça peut être une médiation artificielle,
32:54 c'est-à-dire relevant d'une représentation
32:57 issue du monde de l'expérience, pardon,
33:00 mais donnant à penser analogiquement à une structure libre d'une matérialité.
33:05 Tout cela permet d'approcher, voire de contrôler plus ou moins directement
33:09 un phénomène réel donné.
33:11 Par exemple, lorsque le physicien, le chimiste ou le biologiste
33:15 rend compte de telle ou telle expérience en l'interprétant
33:18 comme une mise en évidence d'un modèle sous-bâcle
33:21 ou d'un modèle inducteur-répresseur,
33:24 il cherche à cerner un processus observé
33:27 ou provoqué au sein d'une expérience en désignant une relation
33:30 qui en l'occurrence n'est pas réversible.
33:33 Donc la fonction de ces modèles en science
33:36 qui désignent une opération ou une relation
33:39 est d'exprimer la liaison et le moment d'un phénomène
33:43 à l'aide d'un support non matériel
33:47 et par là de contrôler partiellement le phénomène en question.
33:51 Ce tel modèle n'existe que dans l'esprit
33:54 et pour aider au travail de l'esprit,
33:57 il relève d'une philosophie à nouveau que tout se passe comme si.
34:00 Donc on peut préciser pour terminer
34:04 qu'il y a des médiations formelles ou artificielles
34:08 et c'est cela les modèles.
34:11 Et le modèle constitue un instrument désormais indispensable
34:14 aux biologistes, aux physiciens, aux sociologues
34:16 qui s'efforcent de mieux dominer les faits qu'ils observent.
34:19 Donc prenez un schéma tel que la double hélice de Crick et Watson
34:23 qui, entre guillemets, représente analogiquement un phénomène microbiologique
34:27 indéfiniment étendu et immensement complexe,
34:30 l'autoreproduction de la cytoxie révoluée,
34:33 ça permet de dominer immédiatement un ensemble de faits
34:37 qu'aucune observation directe ne pourrait mettre en évidence.
34:40 Donc un tel modèle fait fonction,
34:43 voire fait fonction d'expédients commodes
34:46 de médiations artificielles entre le champ de la science en question
34:49 et le phénomène donné à ce champ.
34:53 Lorsque, autre point par exemple,
34:55 lorsque le physicien utilise un modèle tel que le graphe
34:58 représentatif d'un circuit électrique tel qu'il est complexe,
35:01 il dispose d'une médiation artificielle, un dessin,
35:04 qui d'une manière simplifiée offre la représentation précise
35:07 d'une composition réelle, c'est-à-dire d'un ensemble d'éléments techniques
35:11 qui, assemblés, forment un tout.
35:14 Par un tel graphe, le physicien saisit une totalité
35:17 qui, dans la réalité concrète, se donne toujours comme fragmentée
35:21 et par là, comme intelligible.
35:23 Là encore, le physicien, grâce au modèle tel que le graphe représentatif,
35:27 peut dominer un ensemble de liaisons qui, par elles-mêmes, sont inexplicables.
35:31 Quant au sociologue, il s'attache à construire des modèles
35:35 susceptibles de mettre en évidence certaines relations
35:38 qui, trop comptement approchées, sont inintelligibles.
35:41 Ainsi, seul l'organigraphe d'une énorme administration
35:44 peut-il rendre compte d'une loi telle que la loi de la distribution d'autorité
35:48 laquelle s'exerce à travers des relations qui, hypocrètement,
35:52 n'en manifestent pas nécessairement la puissance.
35:55 Donc un tel organigraphe constitue l'expression visualisée
35:59 d'un certain type de hiérarchie.
36:01 Dans les sciences africaines elles-mêmes,
36:03 d'autres types de modèles jouent un rôle essentiel.
36:06 Modèles réduits, par exemple, avec des doubles volumes,
36:09 des montages matériaux minutieux dont l'architecture reproduit certains objets.
36:14 Et ce dernier est alors projeté dans ces dimensions réduites,
36:18 cela afin de faciliter telle ou telle expérimentation.
36:21 Donc c'est amusant de penser que c'est plus par sa fonction, d'ailleurs,
36:27 que par sa nature, que le modèle apparaît comme le dénominateur commun
36:31 aux différentes méthodologies scientifiques
36:34 qui satisfairent et le créditent vers notre besoin de compréhension.
36:38 Et un type comme de Broglie, par exemple,
36:41 il parle de modèles à vocation pédagogique non microphysique,
36:47 par exemple une structure atomique figurée à l'aide de boules de couleurs
36:51 et de segments pour les remiers.
36:53 De Broglie écrit "Le retour à ces représentations concrètes
36:56 dans le cadre de l'espace-temps donne l'impression agréable
36:59 que l'on commence à comprendre.
37:01 Et ce besoin de compréhension correspond lui-même aux exigences
37:05 et à l'explication causale que telle ou telle poussée".
37:08 Ce qui fait dire à Jean Piaget ceci, je le cite,
37:11 "L'explication causale ne consiste pas sans plus à déduire les lois formellement,
37:16 mais à les déduire en intrejetant les opérations déduitives
37:20 dans un modèle entre guillemets réels, c'est-à-dire telles que ces opérations
37:24 soient traitées à des objets stations temporelles
37:27 et se traduisent sous la forme de séquences objectives d'action entre les objets".
37:31 Je vais terminer en disant que l'utilisation de modèles
37:35 correspond à un moment essentiel de toute recherche scientifique.
37:39 Il faut souligner que c'est grâce à cette fonction méthodologique
37:43 que des modèles s'ajoutent, une destinée, comme une à la plupart,
37:47 destinée du modèle, autre que le modèle purement formel,
37:51 logico-mathématique, et en général disparaître,
37:54 ceci lorsqu'on a utilisé l'usage, afin de laisser le champ libre,
37:58 à l'expression générale mathématique du phénomène,
38:02 auquel on peut, tôt ou tard, substituer un autre modèle.
38:06 Donc, des choses intéressantes à méditer,
38:10 le modèle qui joue en toute science le rôle d'auxiliaire opératoire,
38:15 commun et nécessaire aux différentes sciences,
38:18 il actualise, il visualise une structure, ou plusieurs,
38:22 pour s'effacer, tôt ou tard, au profit d'une traduction mathématique.
38:27 Cette dernière, d'ailleurs, permet souvent de réintégrer
38:31 ce qui avait été modélisé dans le mouvement général,
38:34 d'un processus déductif, ou même apte à déboucher
38:37 sur de nouvelles hypothèses qu'il faudra modéliser.
38:40 Enfin, je dirais quelques mots de la théorie de l'information,
38:44 pour terminer les conclures.
38:46 La convergence des itinéraires scientifiques contemporains,
38:49 en tant que convergence méthodologique,
38:51 tend à se manifester encore plus explicitement
38:54 dans la référence très fréquente au concept et au mécanisme
38:57 d'une science fort récente, la cybernétique,
39:00 grâce aux outils dont elle est pourvoyeuse.
39:03 On saisit la structure ou l'agencement de certains phénomènes
39:06 tout à fait étrangers à son domaine.
39:08 Il y a une boîte à outils de la cybernétique,
39:11 et sans cette boîte, certains phénomènes
39:13 échapperaient à d'autres représentations.
39:16 On peut noter l'importation, par exemple,
39:18 d'un concept propre à la cybernétique,
39:20 par une science qui l'a cependant longtemps ignorée,
39:23 et qui est particulièrement visible dans le cadre de la biologie.
39:27 Désormais, tout le mécanisme de traduction du génotype en phénomène
39:32 est décrit à l'aide d'une terminologie empreinte à la cybernétique.
39:36 Le gène est un...
39:38 une molécule d'une substance complexe,
39:40 en l'innaison d'un acide nucléique et d'une protéine.
39:43 Cet acide nucléique, qui, donc,
39:45 résulte de l'association de plusieurs nucléotides,
39:47 de même constitué d'un acide phosphorique,
39:49 d'une base adénine, typique de l'adénine cytosine,
39:52 et d'un sucre, servant de lien entre deux.
39:55 Alors, bref, je ne vous dis pas trop les choses,
39:58 mais pour vous dire que derrière tout cela,
40:00 il y a cette idée que l'ADN,
40:03 ou l'ARN d'ailleurs, est une même codée,
40:06 on en peut le mot "codée",
40:08 moyen de l'ordre de succession des bases,
40:11 qui ne peuvent se combiner que selon quatre façons,
40:14 adénine, timine, timine-adénine,
40:16 cytosine-adénine, adénine-cytosine.
40:19 Et il s'agit là, en quelque sorte,
40:21 comme on l'a dit très tôt, d'un message
40:23 écrit en quatre lettres,
40:25 constituant le langage nucléique,
40:27 ainsi le gène, en raison de la séquence des bases adénes,
40:31 et puis le porteur, quittant désormais d'une information.
40:35 Donc, des protéines, qui sont des polymères aminés,
40:39 donc d'acides aminés, par contre,
40:41 unis par des liaisons bactériques,
40:43 eh bien, il y a un enchaînement linéaire
40:46 des acides aminés,
40:48 et qui constitue la structure primaire
40:50 qui sont la protéine, etc.
40:52 Ce repli, cette chaîne sur elle-même.
40:54 En bref, tout ça est assez technique,
40:56 mais je note qu'on aboutit à cette idée
41:00 que les 23 paires de chromosomes humains
41:05 où les gènes sont situés,
41:06 contiennent un nombre prodigieux,
41:08 qu'on dit, d'informations.
41:10 Donc, au cours du développement,
41:13 les éléments se différencient,
41:15 la règle des fonctions très diverses,
41:17 cependant, toutes contiennent le même patrimoine,
41:20 et réunitent la même somme d'informations.
41:23 Comment, par exemple, une cellule hépatique,
41:25 avec cette même somme d'informations,
41:27 peut-elle avoir une activité métabolique différente
41:30 de celle d'une cellule carburée ?
41:32 Voilà, une question qui se pose,
41:34 et que l'idée d'une information vient éclairer.
41:37 Donc, il existe nécessairement,
41:39 soutenu très vite les biologistes,
41:42 des systèmes programmés,
41:44 de façon à ne laisser s'exprimer
41:46 les possibilités biologiques nécessaires
41:48 à la spécialisation de chaque cellule, etc.
41:51 Je remarque, par exemple,
41:53 qu'on parle de systèmes autorégulateurs
41:56 de l'activité génétique,
41:58 car ils sont utilisés par des systèmes à feed-back.
42:01 Donc, tout un langage,
42:03 qui est emprunté à la cybernétique,
42:05 qui montre les parentés,
42:08 avoir une convergence au moins
42:10 dans les vocables employés,
42:13 avec tous ces mécanismes régulateurs.
42:16 Il se trouve par exemple dans la complexe synthèse protéinique,
42:19 au sein de laquelle sont intervenus deux types de gènes,
42:22 les gènes régulateurs ou gènes de contrôle,
42:25 produisant un répresseur,
42:27 lui-même activé par un inducteur,
42:29 qui arrête la synthèse.
42:31 Donc, les gènes de structure,
42:33 en produisant ces enzymes,
42:35 catalysent donc une suite de réactions,
42:37 et constituent une unité opérationnelle,
42:39 désormais appelée opérante.
42:41 Donc, il apparaît que la biologie,
42:43 pour faire simple et terminer,
42:45 ne se contente pas d'emprunter à la théorie de l'information
42:47 sa terminologie,
42:49 mais qu'elle tend à identifier la structure
42:51 des faits qu'elle étudie,
42:53 à celle des faits que la théorie de l'information
42:55 assume pour partie maître en éminence.
42:58 Il semble donc que la matière vivante
43:00 obéisse à des principes de structuration
43:02 capables de jouer indifféremment
43:04 d'un domaine de la science à l'autre.
43:07 Donc, au terme de ce très bref extrait de réflexion,
43:10 un peu précipité du fait de notre manque de temps,
43:13 on retiendra que la science
43:16 tend à réduire
43:18 les principes à partir desquels
43:20 elle déduit les lois,
43:22 construit des objets,
43:24 et explique des phénomènes.
43:26 Un type à la localisation, l'inertie,
43:28 la masse, la mécanique classique,
43:30 pensait pouvoir expliquer
43:32 la majorité des phénomènes du monde physique,
43:34 et à l'heure actuelle,
43:36 il y a un certain type d'éthologie,
43:38 qui cherche à rendre compte du comportement animal
43:40 à partir de deux données,
43:42 l'inné et l'acquis.
43:44 Donc, l'idée d'une convergence,
43:46 ce n'est pas très nouveau,
43:48 mais l'idée d'une convergence des différents itinéraires scientifiques
43:50 en tant que réalisation d'une centration,
43:52 on pourrait dire théorique ou méthodologique,
43:54 commune à tous les itinéraires,
43:56 en accentuant la tendance de la science
43:58 à réduire au minimum
44:00 ses principes opératoires,
44:02 doit vous dire,
44:04 à masquer, il faut en prouvenir,
44:06 une science inévitable, et sans doute à retourner
44:08 parfois une certaine forme de scientiste,
44:10 il faut apprendre peut-être à s'en défendre,
44:12 cependant, le tout danger de cette sorte
44:14 sera écarté si l'on songe
44:16 que cette convergence
44:18 règle au moins un appétit
44:20 réductionniste de la science,
44:22 véhiculant un hôpital
44:24 pas typique, un souci
44:26 de coordination rationnelle
44:28 des phénomènes qu'elle étudie.
44:30 Je vous remercie pour votre attention,
44:32 je vais un peu fatiguer,
44:34 je vais essayer de...
44:36 [applaudissements]
44:38 [applaudissements]
44:40 (...)